Pour le 10ème anniversaire des attentats de Charlie Hebdo, le rédacteur en chef du Monde, Michel Guerrin écrivait : « Les attentats à “Charlie Hebdo”, c’est aussi une censure radicale, aux conséquences lourdes pour la culture ».
Dans cette œuvre de Tetsuya Tsutsui traitant du système de censure des mangas au Japon, point d'armes à feu pour faire taire les mangakas mais une commission d'experts chargée de désigner les "ouvrages nocifs" pour les jeunes générations sur la base de critères empiriques. Autant l'annoncer directement, la désignation d'un manga en tant qu'ouvrage nocif signe quasiment l'arrêt de mort de la série.
Basée sur une histoire vraie qui est arrivée à l'auteur pour sa série Manhole déclarée nocive dans une région du Japon sans qui l'en soit averti, cet ouvrage très détaillé et documenté, s'est avéré particulièrement instructif pour moi, qui ne connaissait pas cette problématique et ce système de classification des mangas dans certaines parties du Japon ni l'histoire de la censure des comics aux Etats-Unis relancée en 1954 par Frederic Wertham.
Pour expliquer sa mésaventure, l'auteur détaille le parcours d'un jeune mangaka, créateur d'une série horrifique "Dark Walker". Le lecteur suit ainsi le parcours du héros depuis la sélection de son œuvre par une maison d'édition jusqu'à sa déconvenue une fois la série ciblée par la commission de détection des ouvrages nocifs. Tetsuya Tsutsui en profite pour décrire la vie des mangakas et le long chemin semé d'embûches pour qu'une œuvre soit éditée puis obtienne la reconnaissance des lecteurs.
Si le thème de la censure reste central tout au long des 2 tomes, comme certains avis précédents, j'ai toutefois eu l'impression que l'histoire commençait à ronronner et tournait un peu en rond à compter du second tome. Ainsi, j'ai été un peu frustré que l'auteur n'aille pas plus loin dans son plaidoyer pour la liberté d'expression et n'analyse pas davantage l'impact que pourrait avoir la violence présente dans certaines catégories de mangas sur les jeunes lecteurs. J'aurais aimé que l'auteur, au travers de cet ouvrage, amène le lecteur à réfléchir jusqu'où peut aller la liberté d'expression plutôt que simplement tenter de démontrer que les mangas, quand bien même ils traitent de sujets subversifs (inceste, cannibalisme, etc.), font partie d'une œuvre imaginée par un mangaka et ont par conséquent le droit d'être publiés en vertu de la liberté d'expression.
La fin, que je ne divulguerai pas ici afin de laisser aux prochains lecteurs la surprise de la découvrir, est plutôt habile et relève un peu mon analyse du second tome, bien que le sort infligé à notre héros semble peu crédible à l'époque actuelle.
Concernant le dessin, j'ai particulièrement apprécié le trait de Tetsuya, très fin et précis avec des ombrages faisant parfois oublier qu'on lit un manga en noir et blanc. Un petit bémol concernant certaines expressions de visage que je trouve exagérées (notamment les réactions de surprise) mais qui restent, il est vrai, cohérentes avec l'univers du manga.
En résumé un manga au thème original et instructif mais qui ne me donnera pas forcément envie de m'y replonger.
SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 6,5/10
GRAPHISME (Dessin, colorisation) : 7/10
NOTE GLOBALE : 13,5/20
Deuxième publication après Sur le front de Corée du projet éditorial de Dupuis dédié à l'adaptation en bande dessinée de reportages de grands journalistes ayant gagné le célèbre Prix Albert Londres, cet album adapte un reportage effectué par Annick Cojean au milieu des années 1990 sur le thème de la Shoah. A cette époque, la diffusion des témoignages de victimes de la Shoah était relativement peu répandue mais Annick Cojean ne s'était pas contentée d'interroger des victimes et enfants de victimes des camps de concentration, elle avait pris également l'initiative d'aller interroger en Allemagne les enfants des nazis et des gardiens des camps pour avoir leur vision des faits, pour réaliser que beaucoup de ces enfants étaient eux aussi traumatisés par ce terrible passé. Et non contente de s'arrêter là, elle ira également jusqu'à relater le résultat de rencontres organisées entre enfants de victimes et enfants de tortionnaires.
L'album se compose plus ou moins de quatre parties, chacune mettant en scène la journaliste qui se rend vers ses différentes rencontres.
La première partie relate des témoignages des victimes et enfants de victimes. Si ceux-ci n'apprendront pas grand chose à ceux qui ont déjà beaucoup lu sur la Shoah, ils toucheront de manière quasi certaine les parents comme moi face à la cruauté de certaines scènes. La seconde partie aborde son séjour en Allemagne et ses entretiens avec les enfants de nazis. La troisième porte sur la rencontre entre enfants de deux bords. Et la dernière sa présentation de certains organismes dédiés à la communication sur la Shoah et à l'éducation des jeunes générations.
C'est Tamia Baudouin qui réalise le dessin de cette adaptation. Elle s'éloigne du trait légèrement naïf et esthétique de ses précédents albums pour adopter un style plus réaliste... et je crains que ça ne fonctionne pas. Je trouve certaines planches et certains détails vraiment laids, à tel point qu'il m'a fallu me forcer pour démarrer pour de bon ma lecture. D'autant plus que la mise en scène est régulièrement basique, avec parfois juste la journaliste qui parle à une personne, ou d'autre fois le dessin qui se contente d'accompagner le texte des témoignages sans vraie narration graphique.
Pour ce qui est du contenu, nous sommes dans le domaine du devoir de mémoire. Comme indiqué plus haut, certains témoignages sont poignants, et il est intéressant d'avoir leur contre-point avec le témoignage des enfants de nazis, de découvrir que certains d'entre eux avaient l'audace de soutenir la mémoire des crimes de leur père tandis que d'autres étaient ravagés par eux et cherchaient la repentance pour quelque chose qu'eux-mêmes n'avaient pas commis. J'attendais ensuite beaucoup de la découverte des rencontres entre enfants de chaque camp mais celles-ci se sont révélées un peu plus plates que ce que j'espérais : forcément, ceux qui avaient accepté de se rencontrer étaient déjà ouverts au dialogue et à la réconciliation donc la conclusion de celui-ci ne pouvait être que logique. Quant à l'exposé des différents travaux d'experts et d'organismes de soutien aux victimes et d'éducation des jeunes, il est rendu assez ennuyeux par l'énoncé de textes un peu barbants et là encore sans guère de surprise pour qui a déjà beaucoup lu sur le sujet.
En définitive, cet album remplit son rôle de devoir de mémoire et instruit sur le ressenti des enfants des représentants des deux camps de la Shoah, mais il le fait avec une narration peu palpitante et un graphisme assez rebutant à mon goût. Ce n'est donc pas forcément un album que je conseillerais en priorité sur le sujet.
Note : 2,5/5
Voici un Yaoi (boy's love) plutôt original.
Une épidémie mondiale a réduit nos sociétés à l'état de souvenir et la misère règne. Tak est un jeune homme plutôt sensible qui a réussi à intégrer une école un peu spéciale où l'on étudie et développe les talents particuliers de ceux qui possèdent le Noyau. Ce pouvoir octroie à ses détenteurs des pouvoirs plus ou moins puissants et intéressants ; celui de Tak semble ridicule, je vous laisserai le découvrir :P
Mais une nouvelle épidémie mortelle et contagieuse fait son apparition et vient frapper jusqu'au sein de son école. Sur les conseils d'un vieil ami, il décide de partir à la recherche de son "Appelant", un partenaire inconnu qui lui permettrait de décupler ses pouvoirs. Voici donc notre jeune novice largué en pleine nature pour retrouver cet Appelant... Et le choc des contraires va bien sûr avoir lieu.
Si la rencontre de ces deux personnages que tout oppose n'est pas des plus originales, c'est plus le background et cet univers oscillant entre SF et post-apo qui contraste avec le caractère de notre protagoniste. Je ne partais pas spécialement conquis, mais je me suis laissé prendre par le fil du récit. La narration est bonne, le dessin efficace, même s'il pêche un peu côté décors (c'est souvent vide) ; on finit par se surprendre à attendre la suite, ce qui est plutôt bon signe.
La météo n’est pas clémente en ce moment ! ben c’est l’hiver, c’est un peu normal. Pour vous réchauffer je vous propose de plonger dans cet album de saison ! Quelque chose de froid de Philippe Pelaez et Hugues Labiano est une bande dessinée bien gluante qui va vous vous entrainer dans une noirceur palpable et envoûtante.
L’ambiance est sombre. L’atmosphère est oppressante rappelant les vieux films noirs américains du siècle dernier en noir et blanc. Les illustrations de Hugues Labiano utilisent des tons sombres et des jeux d’ombre pour créer cette ambiance étouffante et mystérieuse. Une réussite.
L’histoire n’est pas très originale. Le protagoniste principal, Ethan Hedgeway, est un ancien mafieux hanté par ses erreurs passées.
Ethan est un homme brisé, qui cherche à se racheter dans un monde impitoyable. La femme fatale, Victoria, ajoute une couche supplémentaire de mystère et de danger.
Ce cocktail, femme fatale, hôtels miteux, pègre et violence fonctionne plutôt bien.
Dans cet album, nous retrouvons les thèmes tels que la trahison, la vengeance et la rédemption. Je me suis régalé.
C’est violent bien évidemment. Les balles fusent dans un décor urbain décrépit … la ville de Cleveland en 1936 ! Ca claque graphiquement !
Pas mal cette ambiance sombre et immersive. Je recommande pour ceux / celles qui souhaitent des histoires noires et intenses. A lire cependant bien calé dans un canapé, dans la pénombre avec en arrière fond un peu de jazz
J'avoue avoir été surprise, car au début de ma lecture je pensais qu'il s'agissait simplement d'une série de petites histoires sans réel lien, si ce n'est la prémisse filée de la quête de nos deux héroïnes. En effet, à part dans la toute première petite histoire (installant nos protagonistes et nous expliquant leur objectif), chaque histoire se soldait systématiquement de la même façon : Cendre et Hazel échouaient dans leur quête et devaient continuer leur route.
Quelle quête ? Eh bien, Cendre, jeune sorcière en herbe (et légèrement impétueuse sur les bords), a un jour décidé de faire ses preuves auprès de ses pairs mais a malheureusement lancé un sort extrêmement puissant qui a transformé tout son village en chèvres. Cendre a donc décidé de partir à la recherche d'un moyen de réparer son erreur, accompagnée de sa grande sœur Hazel elle aussi transformée en chèvre.
Comme dit précédemment, donc, au début cela se contente juste de très courtes histoires (6 à 8 pages en moyenne) visant juste à raconter les déboires et péripéties que vivent les deux sœurs.
Et puis, progressivement, l'intrigue pointe de nouveau le bout de son nez. Des personnages deviennent récurrents, certaines histoires se suivent plus clairement, nos héroïnes reviennent quelques fois à leur village, on apprend des choses sur leur famille (notamment leur mère), il y a des histoires de malédictions, le statu quo évolue à plusieurs reprises, ... Bah j'avoue que j'ai été assez surprise à ma lecture. En bien, hein. Je ne m'attendais pas à ce que cette série en apparence purement gagesque essaye de créer un scénario plus poussé que le minimum syndical. Bon, même avec le scénario, le but premier reste tout de même le gags et les histoires continuent pour la plupart d'être des petites anecdotes de route, mais tout de même, j'ai été surprise. Pas que je pense qu'il soit nécessaire d'avoir une intrigue filée pour être bon, mais j'avoue que je ne m'y attendais pas dans le cas présent.
Forcément, d'un regard adulte la série ne parait sans doute pas très divertissante, mais elle reste très mignonne (et je peux attester que les jeunes enfants de ma bibliothèque l'empruntent souvent).
C’est le troisième album d’Alfred que je lis se déroulant dans une Italie ensoleillée. Je viens juste de lire Senso, et je dois dire que ce « Maltempo » m’a un peu moins captivé. Même si au final j’ai trouvé cette lecture agréable.
Le dessin en moins, l’histoire m’a fait songer à du Gipi (Le Local par exemple, où là aussi de jeunes italiens cherchent à monter un groupe de rock). Alfred parvient à développer une intrigue sur quelques petits riens, développant quelques personnalités par pointillisme.
Sur les deux premiers tiers, j’ai trouvé l’ensemble un peu trop léger. Même si quelques touches poétiques (le vieux traversant les rues avec son cheval de gamin en chantant je ne sais quoi) ou les interventions du gamin plein de vie à la coiffure afro, pimentaient le récit.
Mais finalement je ressors avec un bon ressenti. Sans esbroufe et avec une économie de moyen, Alfred réussit quand même à nous proposer une histoire fluide, sympathique. Tous les personnages et toutes les péripéties sont crédibles. On accepte même aisément le relatif happy-end final, alors qu’au milieu des écroulements le vent semble tourner à l’avantage du jeune personnage principal.
2.5
Dur de mettre une note à cette série jeunesse qui est peut-être fait pour durer comme la série Lost dont elle s'est bien inspirée.
Les personnages sont très clichés mais d'autres devraient apparaître, voyons s'ils prendront de l'épaisseur comme l'a su faire Seuls qui semble être une grosse influence. Mais si les personnages sont croqués de la même manière, les décors sont beaucoup moins convaincants, bourrés d'incohérences de proportion par exemple. A moins que ce soit voulu pour donner une impression de fantastique de déformation de la réalité. A voir... attention à ne pas surinterpréter pour l'instant.
Donc un généreux 3 pour l'instant qui sera réévalué au prochain tome.
Un grand 4 pour le tome 1 et la moitié du tome 2, puis 2 pour le reste. Pour l'ensemble je ne saurai jamais vraiment car le dernier tome ne sera apparemment pas édité en français.
Pourtant j'aime ce croisement entre Toy Story, le magicien d'Oz et quelques films fantastique tendance Clive Barker ou Burton m'ayant hypnotisé ado. Et le tout dans des tons sépia, c'était osé et donc forcément alléchant.
Pourtant l'imagination explosive du début laisse place à une routine et des personnages qui évoluent finalement peu. Percy le cochon est détestable, le peu de réaction du reste du groupe est incompréhensible. Certains personnages sont profonds tels le maire de Marelle alors que les trouffions sont fades au possible.
Donc un pitch accrocheur, un graphisme courageux et maîtrisé (même si parfois un peu plus croqué que finalisé) pour un résultat qui m'a laissé sur ma faim, dommage.
On passe là à côté d'une grande oeuvre: un graphisme de haute volée qui ose des angles et colorisations risquées, un personnage principal charimatique en diable à la Corto Maltese et une ambiance mystique immersive qui fleure bon le XIXème siècle.
Mais lorsque le mystique prend définitvement le pas sur l'aventure et que l'on se rend compte du manque d'épaisseur des personnages secondaire, le ryhtme est complètement cassé et le soufflé retombe et du côté j'ai refermé l'album frustré.
Même si cette série scénarisée par le grand Goscinny ne crée pas un enthousiasme général, il faut lui reconnaître sa renommée.
Surtout pour le fameux Iznogoud avec sa tête de fouine et ruminant sans cesse le même crédo.
C'est là le gros point fort, un personnage qui en fait des caisses et échoue sans cesse tel Coyote rêvant de bouffer Bip-Bip. Et puis, ce dessin si cartoonesque et coloré fait de Bagdad un personnage à part entière, je pense souvent à la Rome dépeinte dans Astérix avec ses hordes de touristes et ses petites échoppes. Et enfin ces tonnes de calembours parfois bien foireux que Goscinny s'amuse à mitrailler.
En revanche, la redondance des gags gâche la lecture sur le long terme alors que chacun offre au moins un détail rigolo. Et l'ambiance est particulière, je trouvais enfant un paquet de personnages vraiment antipathiques et le calife trop à la ramasse. Adulte, je pouffe à certains jeux de mot pas piqués des hannetons, il y a du Bobby Lapointe dans l'air. Un peu comme Léonard en fait (à part que là tous les personnages sont sympas).
Bref, une série sur le long cours mais incontournable à découvrir.
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Poison City
Pour le 10ème anniversaire des attentats de Charlie Hebdo, le rédacteur en chef du Monde, Michel Guerrin écrivait : « Les attentats à “Charlie Hebdo”, c’est aussi une censure radicale, aux conséquences lourdes pour la culture ». Dans cette œuvre de Tetsuya Tsutsui traitant du système de censure des mangas au Japon, point d'armes à feu pour faire taire les mangakas mais une commission d'experts chargée de désigner les "ouvrages nocifs" pour les jeunes générations sur la base de critères empiriques. Autant l'annoncer directement, la désignation d'un manga en tant qu'ouvrage nocif signe quasiment l'arrêt de mort de la série. Basée sur une histoire vraie qui est arrivée à l'auteur pour sa série Manhole déclarée nocive dans une région du Japon sans qui l'en soit averti, cet ouvrage très détaillé et documenté, s'est avéré particulièrement instructif pour moi, qui ne connaissait pas cette problématique et ce système de classification des mangas dans certaines parties du Japon ni l'histoire de la censure des comics aux Etats-Unis relancée en 1954 par Frederic Wertham. Pour expliquer sa mésaventure, l'auteur détaille le parcours d'un jeune mangaka, créateur d'une série horrifique "Dark Walker". Le lecteur suit ainsi le parcours du héros depuis la sélection de son œuvre par une maison d'édition jusqu'à sa déconvenue une fois la série ciblée par la commission de détection des ouvrages nocifs. Tetsuya Tsutsui en profite pour décrire la vie des mangakas et le long chemin semé d'embûches pour qu'une œuvre soit éditée puis obtienne la reconnaissance des lecteurs. Si le thème de la censure reste central tout au long des 2 tomes, comme certains avis précédents, j'ai toutefois eu l'impression que l'histoire commençait à ronronner et tournait un peu en rond à compter du second tome. Ainsi, j'ai été un peu frustré que l'auteur n'aille pas plus loin dans son plaidoyer pour la liberté d'expression et n'analyse pas davantage l'impact que pourrait avoir la violence présente dans certaines catégories de mangas sur les jeunes lecteurs. J'aurais aimé que l'auteur, au travers de cet ouvrage, amène le lecteur à réfléchir jusqu'où peut aller la liberté d'expression plutôt que simplement tenter de démontrer que les mangas, quand bien même ils traitent de sujets subversifs (inceste, cannibalisme, etc.), font partie d'une œuvre imaginée par un mangaka et ont par conséquent le droit d'être publiés en vertu de la liberté d'expression. La fin, que je ne divulguerai pas ici afin de laisser aux prochains lecteurs la surprise de la découvrir, est plutôt habile et relève un peu mon analyse du second tome, bien que le sort infligé à notre héros semble peu crédible à l'époque actuelle. Concernant le dessin, j'ai particulièrement apprécié le trait de Tetsuya, très fin et précis avec des ombrages faisant parfois oublier qu'on lit un manga en noir et blanc. Un petit bémol concernant certaines expressions de visage que je trouve exagérées (notamment les réactions de surprise) mais qui restent, il est vrai, cohérentes avec l'univers du manga. En résumé un manga au thème original et instructif mais qui ne me donnera pas forcément envie de m'y replonger. SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 6,5/10 GRAPHISME (Dessin, colorisation) : 7/10 NOTE GLOBALE : 13,5/20
Les Mémoires de la Shoah
Deuxième publication après Sur le front de Corée du projet éditorial de Dupuis dédié à l'adaptation en bande dessinée de reportages de grands journalistes ayant gagné le célèbre Prix Albert Londres, cet album adapte un reportage effectué par Annick Cojean au milieu des années 1990 sur le thème de la Shoah. A cette époque, la diffusion des témoignages de victimes de la Shoah était relativement peu répandue mais Annick Cojean ne s'était pas contentée d'interroger des victimes et enfants de victimes des camps de concentration, elle avait pris également l'initiative d'aller interroger en Allemagne les enfants des nazis et des gardiens des camps pour avoir leur vision des faits, pour réaliser que beaucoup de ces enfants étaient eux aussi traumatisés par ce terrible passé. Et non contente de s'arrêter là, elle ira également jusqu'à relater le résultat de rencontres organisées entre enfants de victimes et enfants de tortionnaires. L'album se compose plus ou moins de quatre parties, chacune mettant en scène la journaliste qui se rend vers ses différentes rencontres. La première partie relate des témoignages des victimes et enfants de victimes. Si ceux-ci n'apprendront pas grand chose à ceux qui ont déjà beaucoup lu sur la Shoah, ils toucheront de manière quasi certaine les parents comme moi face à la cruauté de certaines scènes. La seconde partie aborde son séjour en Allemagne et ses entretiens avec les enfants de nazis. La troisième porte sur la rencontre entre enfants de deux bords. Et la dernière sa présentation de certains organismes dédiés à la communication sur la Shoah et à l'éducation des jeunes générations. C'est Tamia Baudouin qui réalise le dessin de cette adaptation. Elle s'éloigne du trait légèrement naïf et esthétique de ses précédents albums pour adopter un style plus réaliste... et je crains que ça ne fonctionne pas. Je trouve certaines planches et certains détails vraiment laids, à tel point qu'il m'a fallu me forcer pour démarrer pour de bon ma lecture. D'autant plus que la mise en scène est régulièrement basique, avec parfois juste la journaliste qui parle à une personne, ou d'autre fois le dessin qui se contente d'accompagner le texte des témoignages sans vraie narration graphique. Pour ce qui est du contenu, nous sommes dans le domaine du devoir de mémoire. Comme indiqué plus haut, certains témoignages sont poignants, et il est intéressant d'avoir leur contre-point avec le témoignage des enfants de nazis, de découvrir que certains d'entre eux avaient l'audace de soutenir la mémoire des crimes de leur père tandis que d'autres étaient ravagés par eux et cherchaient la repentance pour quelque chose qu'eux-mêmes n'avaient pas commis. J'attendais ensuite beaucoup de la découverte des rencontres entre enfants de chaque camp mais celles-ci se sont révélées un peu plus plates que ce que j'espérais : forcément, ceux qui avaient accepté de se rencontrer étaient déjà ouverts au dialogue et à la réconciliation donc la conclusion de celui-ci ne pouvait être que logique. Quant à l'exposé des différents travaux d'experts et d'organismes de soutien aux victimes et d'éducation des jeunes, il est rendu assez ennuyeux par l'énoncé de textes un peu barbants et là encore sans guère de surprise pour qui a déjà beaucoup lu sur le sujet. En définitive, cet album remplit son rôle de devoir de mémoire et instruit sur le ressenti des enfants des représentants des deux camps de la Shoah, mais il le fait avec une narration peu palpitante et un graphisme assez rebutant à mon goût. Ce n'est donc pas forcément un album que je conseillerais en priorité sur le sujet. Note : 2,5/5
Radio Storm
Voici un Yaoi (boy's love) plutôt original. Une épidémie mondiale a réduit nos sociétés à l'état de souvenir et la misère règne. Tak est un jeune homme plutôt sensible qui a réussi à intégrer une école un peu spéciale où l'on étudie et développe les talents particuliers de ceux qui possèdent le Noyau. Ce pouvoir octroie à ses détenteurs des pouvoirs plus ou moins puissants et intéressants ; celui de Tak semble ridicule, je vous laisserai le découvrir :P Mais une nouvelle épidémie mortelle et contagieuse fait son apparition et vient frapper jusqu'au sein de son école. Sur les conseils d'un vieil ami, il décide de partir à la recherche de son "Appelant", un partenaire inconnu qui lui permettrait de décupler ses pouvoirs. Voici donc notre jeune novice largué en pleine nature pour retrouver cet Appelant... Et le choc des contraires va bien sûr avoir lieu. Si la rencontre de ces deux personnages que tout oppose n'est pas des plus originales, c'est plus le background et cet univers oscillant entre SF et post-apo qui contraste avec le caractère de notre protagoniste. Je ne partais pas spécialement conquis, mais je me suis laissé prendre par le fil du récit. La narration est bonne, le dessin efficace, même s'il pêche un peu côté décors (c'est souvent vide) ; on finit par se surprendre à attendre la suite, ce qui est plutôt bon signe.
Quelque chose de froid
La météo n’est pas clémente en ce moment ! ben c’est l’hiver, c’est un peu normal. Pour vous réchauffer je vous propose de plonger dans cet album de saison ! Quelque chose de froid de Philippe Pelaez et Hugues Labiano est une bande dessinée bien gluante qui va vous vous entrainer dans une noirceur palpable et envoûtante. L’ambiance est sombre. L’atmosphère est oppressante rappelant les vieux films noirs américains du siècle dernier en noir et blanc. Les illustrations de Hugues Labiano utilisent des tons sombres et des jeux d’ombre pour créer cette ambiance étouffante et mystérieuse. Une réussite. L’histoire n’est pas très originale. Le protagoniste principal, Ethan Hedgeway, est un ancien mafieux hanté par ses erreurs passées. Ethan est un homme brisé, qui cherche à se racheter dans un monde impitoyable. La femme fatale, Victoria, ajoute une couche supplémentaire de mystère et de danger. Ce cocktail, femme fatale, hôtels miteux, pègre et violence fonctionne plutôt bien. Dans cet album, nous retrouvons les thèmes tels que la trahison, la vengeance et la rédemption. Je me suis régalé. C’est violent bien évidemment. Les balles fusent dans un décor urbain décrépit … la ville de Cleveland en 1936 ! Ca claque graphiquement ! Pas mal cette ambiance sombre et immersive. Je recommande pour ceux / celles qui souhaitent des histoires noires et intenses. A lire cependant bien calé dans un canapé, dans la pénombre avec en arrière fond un peu de jazz
Cendre et Hazel
J'avoue avoir été surprise, car au début de ma lecture je pensais qu'il s'agissait simplement d'une série de petites histoires sans réel lien, si ce n'est la prémisse filée de la quête de nos deux héroïnes. En effet, à part dans la toute première petite histoire (installant nos protagonistes et nous expliquant leur objectif), chaque histoire se soldait systématiquement de la même façon : Cendre et Hazel échouaient dans leur quête et devaient continuer leur route. Quelle quête ? Eh bien, Cendre, jeune sorcière en herbe (et légèrement impétueuse sur les bords), a un jour décidé de faire ses preuves auprès de ses pairs mais a malheureusement lancé un sort extrêmement puissant qui a transformé tout son village en chèvres. Cendre a donc décidé de partir à la recherche d'un moyen de réparer son erreur, accompagnée de sa grande sœur Hazel elle aussi transformée en chèvre. Comme dit précédemment, donc, au début cela se contente juste de très courtes histoires (6 à 8 pages en moyenne) visant juste à raconter les déboires et péripéties que vivent les deux sœurs. Et puis, progressivement, l'intrigue pointe de nouveau le bout de son nez. Des personnages deviennent récurrents, certaines histoires se suivent plus clairement, nos héroïnes reviennent quelques fois à leur village, on apprend des choses sur leur famille (notamment leur mère), il y a des histoires de malédictions, le statu quo évolue à plusieurs reprises, ... Bah j'avoue que j'ai été assez surprise à ma lecture. En bien, hein. Je ne m'attendais pas à ce que cette série en apparence purement gagesque essaye de créer un scénario plus poussé que le minimum syndical. Bon, même avec le scénario, le but premier reste tout de même le gags et les histoires continuent pour la plupart d'être des petites anecdotes de route, mais tout de même, j'ai été surprise. Pas que je pense qu'il soit nécessaire d'avoir une intrigue filée pour être bon, mais j'avoue que je ne m'y attendais pas dans le cas présent. Forcément, d'un regard adulte la série ne parait sans doute pas très divertissante, mais elle reste très mignonne (et je peux attester que les jeunes enfants de ma bibliothèque l'empruntent souvent).
Maltempo
C’est le troisième album d’Alfred que je lis se déroulant dans une Italie ensoleillée. Je viens juste de lire Senso, et je dois dire que ce « Maltempo » m’a un peu moins captivé. Même si au final j’ai trouvé cette lecture agréable. Le dessin en moins, l’histoire m’a fait songer à du Gipi (Le Local par exemple, où là aussi de jeunes italiens cherchent à monter un groupe de rock). Alfred parvient à développer une intrigue sur quelques petits riens, développant quelques personnalités par pointillisme. Sur les deux premiers tiers, j’ai trouvé l’ensemble un peu trop léger. Même si quelques touches poétiques (le vieux traversant les rues avec son cheval de gamin en chantant je ne sais quoi) ou les interventions du gamin plein de vie à la coiffure afro, pimentaient le récit. Mais finalement je ressors avec un bon ressenti. Sans esbroufe et avec une économie de moyen, Alfred réussit quand même à nous proposer une histoire fluide, sympathique. Tous les personnages et toutes les péripéties sont crédibles. On accepte même aisément le relatif happy-end final, alors qu’au milieu des écroulements le vent semble tourner à l’avantage du jeune personnage principal.
L'Île de Minuit
2.5 Dur de mettre une note à cette série jeunesse qui est peut-être fait pour durer comme la série Lost dont elle s'est bien inspirée. Les personnages sont très clichés mais d'autres devraient apparaître, voyons s'ils prendront de l'épaisseur comme l'a su faire Seuls qui semble être une grosse influence. Mais si les personnages sont croqués de la même manière, les décors sont beaucoup moins convaincants, bourrés d'incohérences de proportion par exemple. A moins que ce soit voulu pour donner une impression de fantastique de déformation de la réalité. A voir... attention à ne pas surinterpréter pour l'instant. Donc un généreux 3 pour l'instant qui sera réévalué au prochain tome.
L'Etoffe des Légendes
Un grand 4 pour le tome 1 et la moitié du tome 2, puis 2 pour le reste. Pour l'ensemble je ne saurai jamais vraiment car le dernier tome ne sera apparemment pas édité en français. Pourtant j'aime ce croisement entre Toy Story, le magicien d'Oz et quelques films fantastique tendance Clive Barker ou Burton m'ayant hypnotisé ado. Et le tout dans des tons sépia, c'était osé et donc forcément alléchant. Pourtant l'imagination explosive du début laisse place à une routine et des personnages qui évoluent finalement peu. Percy le cochon est détestable, le peu de réaction du reste du groupe est incompréhensible. Certains personnages sont profonds tels le maire de Marelle alors que les trouffions sont fades au possible. Donc un pitch accrocheur, un graphisme courageux et maîtrisé (même si parfois un peu plus croqué que finalisé) pour un résultat qui m'a laissé sur ma faim, dommage.
Adlivun
On passe là à côté d'une grande oeuvre: un graphisme de haute volée qui ose des angles et colorisations risquées, un personnage principal charimatique en diable à la Corto Maltese et une ambiance mystique immersive qui fleure bon le XIXème siècle. Mais lorsque le mystique prend définitvement le pas sur l'aventure et que l'on se rend compte du manque d'épaisseur des personnages secondaire, le ryhtme est complètement cassé et le soufflé retombe et du côté j'ai refermé l'album frustré.
Iznogoud
Même si cette série scénarisée par le grand Goscinny ne crée pas un enthousiasme général, il faut lui reconnaître sa renommée. Surtout pour le fameux Iznogoud avec sa tête de fouine et ruminant sans cesse le même crédo. C'est là le gros point fort, un personnage qui en fait des caisses et échoue sans cesse tel Coyote rêvant de bouffer Bip-Bip. Et puis, ce dessin si cartoonesque et coloré fait de Bagdad un personnage à part entière, je pense souvent à la Rome dépeinte dans Astérix avec ses hordes de touristes et ses petites échoppes. Et enfin ces tonnes de calembours parfois bien foireux que Goscinny s'amuse à mitrailler. En revanche, la redondance des gags gâche la lecture sur le long terme alors que chacun offre au moins un détail rigolo. Et l'ambiance est particulière, je trouvais enfant un paquet de personnages vraiment antipathiques et le calife trop à la ramasse. Adulte, je pouffe à certains jeux de mot pas piqués des hannetons, il y a du Bobby Lapointe dans l'air. Un peu comme Léonard en fait (à part que là tous les personnages sont sympas). Bref, une série sur le long cours mais incontournable à découvrir.