Les derniers avis (48041 avis)

Par Ro
Note: 3/5
Couverture de la série Rojava
Rojava

Rojava est une jeune tireuse d'élite kurde qui s'est engagée dans les brigades féminines YPJ pour lutter contre Daesh. Bien malgré elle, son talent et sa beauté attirent l'attention des médias, la propulsant au rang d'icône sur les réseaux sociaux alors qu'elle n'aspire qu'à combattre aux côtés des siennes pour défendre son pays et son peuple. Envoyée sur le front au sein d'une petite escouade, elle découvre la dure réalité du terrain : l'affrontement direct avec l'ennemi, mais aussi une lutte intérieure pour canaliser son ardeur juvénile et affirmer son engagement en faveur de l'émancipation des femmes. Malgré la gravité de son sujet, cette BD séduit par son graphisme et par la vitalité de ses personnages. Le dessin de Sébastien Morice est chaleureux, porté par un trait souple et dynamique, avec des visages expressifs qui rappellent parfois le comics ou l'animation. Les décors, qu'ils soient désertiques ou faits de villes en ruine, sont sublimés par un travail sur la lumière et la couleur qui leur donne vie, tout autant qu'aux personnages. Seule une certaine ressemblance entre les protagonistes, forcément toutes femmes kurdes brunes en uniforme, peut parfois nuire à la clarté du visuel. L'intrigue repose sur la rencontre d'un petit groupe de combattantes aux personnalités marquées : l'héroïne douée mais encore immature, la commandante autoritaire mais bienveillante, la blagueuse, la figure maternelle et cuisinière, ou encore la fillette rebelle et souriante qui déborde d'énergie. Leurs interactions et leur coordination au combat constituent le cœur du récit, tout en mettant en avant la thématique incontournable de l'émancipation des femmes, entre un ennemi qui les réduit en esclavage et des traditions kurdes encore fortement conservatrices. La dimension militaire est également prenante, entre exploration du terrain et description des affrontements. Sur ce point, difficile cependant de juger de la crédibilité : voir trois ou quatre combattantes tenir tête à des dizaines de djihadistes fait parfois penser à un film hollywoodien où seules les balles des héros atteignent leur cible. C'est presque une ode au combat, comme des enfants qui jouent à la guerre des gentils contre les méchants. Et d'ailleurs la présence de la fillette, aussi attachante soit-elle, surprend dans ce contexte violent... mais je n'en dirai pas plus sur la conclusion du premier tome. En définitive, ce mélange entre volonté de réalisme sur la condition des femmes et mise en scène spectaculaire d'une guerre où une poignée de justes triomphent d'une horde de méchants laisse une impression mitigée même si globalement positive. J'ai beaucoup apprécié le graphisme et les personnages, et l'action m'a happé, mais je reste dubitatif quant au réalisme global et au message de fond. Il me faudra lire le second tome pour affiner mon jugement.

25/08/2025 (modifier)
Couverture de la série Filandreux
Filandreux

Simon Hureau est un auteur qui m’intéresse et a déjà produit pas mal d’albums qui m’ont plu, assez originaux, tout en restant finalement assez simples. Cet album, qui reprend des choses que l’auteur avait publié en auto-édition. C’est donc quelque chose de relativement ancien. C’est un recueil d’histoire courtes, sans gaufrier, avec un personnage qui monopolise quasiment toutes les images, et dont les monologues – rares sont les échanges avec d’autres protagonistes – envahissent l’espace. C’est en effet parfois très bavard, comme notre vieillard, qui semble avoir encore une petite réserve d’énergie à dépenser. Il le fait en vociférant, en râlant, en invectivant passants ou même l’humanité. Notre vieillard peut s’avérer retors, faisant un croque-en-jambe à un passant, mais aussi attendrissant. Mais c’est quand même sa misanthropie qui domine. Le dessin est simple, mais agréable. Sans prétention, cet album est sympathique, même si Hureau a fait plus captivant ailleurs.

25/08/2025 (modifier)
Couverture de la série Carnage
Carnage

Du Ito classique, dans sa bonne moyenne, ce qui devrait plaire à ses lecteurs habituels. La récente rééditions – chez Mangetsu, mais pas seulement – de l’œuvre de ce mangaka permet aussi à de nouveaux lecteurs de découvrir cet auteur, dont pas mal d’albums étaient épuisés, même si parfois certaines histoires sont reprises d’un recueil à l’autre suivant les éditeurs. On retrouve donc ici quelques fondamentaux d’Ito. D’abord son dessin, avec un trait fin et précis, qui pourrait être sensuel, mais qu’il utilise essentiellement pour créer un contraste entre des personnages parfois presque « mignons » et des situations qui le sont nettement moins. Car c’est avant tout ça Ito, un créateur d’ambiances où le malaise s’immisce progressivement, où l’étrange s’invite et sature peu à peu l’espace, avec du fantastique plus ou moins noir et dérangeant. Qui vire même parfois au gore, au glauque. Je pense ici à l’histoire intitulée « Lipidémie », avec cette graisse et ces pustules qui éclatent, mais d’autres histoires dans ce recueil – dont la dernière, la plus récente, « Stratophobie » – relèvent d’une horreur gore. Si Ito arrive très bien à faire monter le malaise et l’horreur, il peine toutefois à l’entretenir sur la durée, et ses histoires, malgré leur taille relativement réduite (même si pas tant que ça finalement) souffrent parfois de longueurs, et les chutes sont aussi parfois brutales, comme si Ito se débarrassait d’un sujet pour en attaquer un autre. Je commence maintenant à avoir lu beaucoup d’histoires d’Ito, et je suis quand même admiratif de son imagination. Car, s’il reste dans un style reconnaissable, il renouvèle quand même ses sujets.

25/08/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
Couverture de la série La Valse des Montagnes
La Valse des Montagnes

Passionnée d'accordéon depuis son enfance, Amandine est devenue une musicienne célèbre, mais elle ressent un vide, comme si ses concerts s'enchaînaient sans plus de magie. Invitée à jouer bénévolement dans un petit village de montagne, elle y trouvera peut-être l'occasion de redonner du sens à sa musique et à sa magie, au sens propre comme au figuré. C'est un joli conte intemporel. Une jeune musicienne arrive dans un village mystérieux, coupé du monde, où les habitants l'accueillent chaleureusement et lui font bien comprendre qu'ils comptent sur elle pour quelque chose en particulier mais sans en dire davantage. Comme souvent dans ce type de récits, une chape de mystère se cache derrière les sourires affables des villageois, tandis que l'héroïne se laisse doucement porter par l'atmosphère du lieu. Elle est happée par la beauté de la montagne, par la nature, par ce retour aux sources qui réveille les émotions de sa jeunesse et les origines de son amour pour la musique. Malgré l'évocation d'un mystérieux danger si elle échoue, il n'y a jamais de réelle impression d'antagonisme. C'est une histoire douce, à l'ambiance légèrement onirique, en harmonie avec ses personnages souriants et son graphisme tout en charme et fluidité. Lorsque la révélation survient sur la véritable raison du comportement des villageois, on constate le motif classique pan-européen de la cité perdue, qu’on retrouve de la Bretagne à la Baltique. Cela mène à une conclusion satisfaisante, mais un peu prévisible et sans réel approfondissement. Cela peut laisser une légère impression de frustration, mais ce n'est pas là l'essentiel de cette histoire en bande dessinée qui aborde plutôt la thématique du retour aux sources de son être et de son art, tout en offrant un agréable séjour dans la nature montagnarde.

25/08/2025 (modifier)
Couverture de la série Junk
Junk

Un western qui sort des sentiers battus, intéressant, haletant & captivant. C'est globalement bien foutu, les dialogues et les personnages sont convaincants, on y croit et on s'immerge aisément dans ce qui va être une chasse au trésor. Le dessin de Brüno est particulier mais admirablement maitrisé et ne vous fiez pas à ses traits, ils n'empêchent nullement de retrouver les vices si caractéristiques de l'ouest. Il y a de la bagarre, des dépravés, des meurtres, du sang, de la misère, de la traîtrise, etc... Petit bémol, la fin. Il manque d'un twist, d'un dénouement, d'une surprise (cohérente) mais à la place rien de tel. Nous avons droit à un personnage mystère, qui agit aléatoirement pour conclure l'album… mais quelle frustration. C'est incompréhensible, comment peut-on pondre un si bon diptyque pour terminer sur une fin qui n'a aucun sens ? C'est comme si le scénariste avait volontairement décidé de maltraiter son lectorat, de le frustrer, de ne pas le satisfaire… une expérience dont je me serrai volontiers passé.

25/08/2025 (modifier)
Par Canarde
Note: 3/5
Couverture de la série Albertine a disparu
Albertine a disparu

Moins séduite que mon prédécesseur mais c'est pas mal. Ce qui m'a plu, c'est le dessin avec des personnages bien campés aidés par des dialogues sympathiques. Les décors de la ruralité sont aussi bien décrits, depuis le beau patrimoine et sa belle église vide, les intérieurs désuets et les jardins abandonnés des mamies jusqu'à la France moche avec ses gendarmeries, ses petits commerces, ses ehpad et ses laboratoires d'analyse, ses intérieurs de bureaux ou de salles des fêtes, les clôtures de maisonnettes et les portails opaques... Bref tout cela est bien observé mais le scénario est un peu court. Le fils qui ne déclare pas la mort de sa mère et continue à lui apporter ses courses pendant des années... et meurt du covid. Pourquoi pas mais on voudrait un peu plus de grain à moudre, des liens entre ces personnages, une vieille histoire, je ne sais pas. Cela m'a semblé gratuit et n'a pas beaucoup résonné avec ce que je connais. L'histoire est racontée du point de vue du maire et on reste à l'extérieur, à fleur des articles du journal local. On n'a pas vraiment envie de connaître ce petit monde et finalement on n'en connaît rien que la surface. Le côté enquête policière n'est pas non plus poussé, on abandonne vite comme si tout cela était normal : on ne cherche pas vraiment à qui aurait pu profiter le crime s'il y en avait eu. On ne connait les tenants et aboutissants financiers que par des suppositions avinées au bistro. La disparition du corps ne trouve pas d'explication : Circulez, il n'y a rien à voir. L'idée de l'éditeur de le sortir en grand format avec une couverture grenue ne me semble pas adaptée, ça donne une sorte de grandiloquence inutile. Bref des qualités, mais l'album vire plutôt à mettre en valeur les difficultés du travail des maires ruraux qu'à nous tenir en haleine !

23/08/2025 (modifier)
Couverture de la série Richard
Richard

Bien qu'il soit théoriquement possible de donner mon avis individuel sur chacun des cinq albums, je préfère donner mon avis sur la série dans sa totalité, les albums étant trop courts pour pleinement en parler sans se répéter toutes les trois lignes. Richard, ce sont les aventures d'un type un peu con, extrêmement chiant aussi, qui cherche continuellement la petite bête chez les gens. Il ne peut pas s'en empêcher : dès qu'il croise quelqu'un il faut qu'il le titille, qu'il l'emmerde, qu'il lui sorte toutes les âneries qui lui passent par la tête pour être sûr d'énerver les gens. Ce qui marche dans cette série, surtout, ce sont les dialogues, toujours vifs et amusants. "Richard au cimetière" et "Richard et les quasars" m'ont tout particulièrement fait rire avec leur montée progressive de l'énervement et la surenchère de phrases débiles. C'est très drôle ou a minima divertissant. Bon, un petit point a tout de même entaché ma lecture cependant, à savoir la simplification de la pensée et un raccourcis dans l'un des albums, "Richard et les enfants d'Abraham". Je ne sais pas si c'est parce qu'en ce moment-même le conflit israélo-palestinien et les atrocités de l'état d'Israël sont de nouveau sous le feu des projecteurs et comme jamais auparavant présent dans le débat publique, mais j'ai l'impression d'y trouver une formulation maladroite faisant un raccourcis entre juif et pro-Israël. Je m'explique : dans cet album Richard se fait alpaguer pour une association récoltant des signatures pour soutenir le peuple palestinien et faire cesser les massacres et, comme à son habitude, Richard agit comme un con et énerve progressivement la militante qui lui a adressé la parole. Que Richard disent des conneries, voire même des propos antisémites dans le cas présent, ça me parait cohérent avec le personnage tel qu'il nous a été présenté jusque là. Par contre, que la militante fasse à deux reprises le raccourcis de désigner comme juive toute personne cherchant à nuire à son action et parte du principe que tous-tes les juifs-ves sont de-facto en soutien à Israël ça me gène déjà un peu plus. Je ne dis pas que ce genre de raisonnement n'existe pas, dès lors qu'il y a un soulèvement pour dénoncer les pratiques barbares d'un groupe d'individus vous trouverez toujours des couillons pour rejoindre la lutte dans le simple but de taper sur les innocents qui auraient malheureusement des points communs avec elleux (fussent-ils même prétendus). Ce qui me gène c'est que si Richard dit des conneries antisémites et que la militante en dit aussi, sans distinction ni nuance, qu'en retire-t-on ? Bon, pour venir contredire tout ça l'album se termine par une personne juive venant justement dénoncer Israël et exprimer ouvertement son souhait de voir l'état en question disparaître, mais pourtant je garde tout de même un goût étrange dans la bouche. Vois-je le mal partout ? Est-ce que je cherche constamment la petite bête ? Peut-être. Je ne sais pas. En tout cas ça m'a parasité la lecture du reste de la mini-série. Je laisse cet album de côté dans la considération de cette série, je ne sais toujours pas quoi en penser et il est indéniable que les concerné-e-s et les personnes mieux informé-e-s que moi en sauront bien plus sur la question. Cet album mis à part la série est très divertissante et même amusante.

23/08/2025 (modifier)
Par Canarde
Note: 3/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Une issue
Une issue

Une description juste d'un épisode très incofortable de la vie : tomber enceinte et ne pas se sentir en situation de mener ce potentiel enfant à terme. Avec une particularité : cela se passe en Pologne dans un pays très religieux où l'avortement est une intervention médicale très rare, aux mains d'une phallocratie catholique. Aucune précision ou réflexion n'est donnée sur qui est le partenaire sexuel. Là n'est pas le sujet de l'album. Rien de psychologique. Le titre est en ce sens tout-à-fait bien choisi. Le but est de trouver une issue, et d'abord quelqu'un à qui en parler. Le flou de la succession des démarches à accomplir est d'autant plus perturbant dans la solitude. Magda est institutrice dans une école Montessori mais cela ne l'aide en rien ! L'autrice vient de Jérusalem et habite au Pays-Bas. Une issue est sa première BD traduite en français. Le dessin des personnages ressemble un peu à celui de Davodeau avec une couleur plus audacieuse : les traits peuvent être colorés et l'aquarelle plutôt proche de Barru (vive et un peu baveuse !) La mise en page et le jeu des cases sont variés et adaptés au propos. C'est une BD à mettre dans toutes les bibliothèques, elle ne s'appuie pas sur un discours militant pendant le parcours de Magda qui reste très factuel. Le rôle des enfants donne à l'histoire un humour appréciable et contextualise aussi très bien les contradictions qui traversent la vie des femmes. Seules les dernières pages mettent en scène les manifestations pour l'avortement qui ont eu lieu en Pologne pendant la pandémie de Covid. Une double-page en fin de publication présente l'association danoise ANA qui a permis à 125000 personnes d'avorter à ce jour dont 90% venaient de Pologne. Je ne mets pas 4 étoiles parce que ce point de vue qui occulte les raisons d'avorter est très juste d'un point de vue politique, mais du point de vue de la narration, cela reste un manque.

23/08/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
Couverture de la série Eilin du fond de l'eau (Naïade)
Eilin du fond de l'eau (Naïade)

Initialement publiée comme une histoire de 62 pages chez Makaka Éditions sous le titre Naïade, cette œuvre a ensuite été complétée par deux grands chapitres se déroulant dix ans plus tard, pour atteindre 208 pages dans la réédition augmentée chez Aventuriers d'ailleurs. L'histoire de Naïade reprend un schéma classique des contes et légendes : la rencontre entre un jeune aventurier et une mystérieuse femme magique au cœur de la forêt, et l'amour complexe qui naît lorsque le monde féérique croise celui, plus cruel, des humains. L'ambiance des légendes d'Europe de l'Est se ressent à travers plusieurs éléments : le héros, meneur rusé d'un duo d'aventuriers, la belle qui est une sorcière de l'eau capable de se transformer en loutre, et surtout l'opposition entre inventions humaines et ordre naturel et magique. J'avais déjà noté cette thématique de l'industrie contre la nature dans Au cœur des terres ensorcelées de la même scénariste. Avec ces deux premiers chapitres, on obtient un récit complet, joliment dessiné, qui repose sur une base certes classique du conte de fées mais solide et satisfaisante. Seule la fin, un peu abrupte et convenue, pouvait décevoir. C'est sans doute pour cette raison que, quelques années plus tard, les mêmes autrices ont proposé deux chapitres supplémentaires, encore plus longs. Se déroulant dix ans après, ils reprennent les mêmes personnages et les développent davantage. Le récit prend alors une ampleur nouvelle, intégrant de nombreux éléments issus des légendes slaves, comme L'Oiseau de feu, ainsi que des références croisées déjà entrevues dans Au cœur des terres ensorcelées. Les enfants adolescents des héros jouent un rôle central, ce qui modernise le ton et transforme le conte classique en aventure de fantasy nourrie par les mythes traditionnels. Mais cette évolution s'accompagne d'une rupture, à la fois narrative et graphique. Si ce sont a priori les mêmes dessinatrices, le style change : moins solennel, plus souple, avec des couleurs plus vives. La technique reste présente, mais la mise en scène devient plus confuse, parfois trop échevelée, et certaines séquences sont difficiles à suivre. Le rythme narratif se fait haché et les intentions des personnages paraissent moins claires. Le charme des deux premiers chapitres se dilue ainsi un peu dans les suivants. J'ai néanmoins apprécié cette plongée dans l'imaginaire des légendes slaves, pour un récit dense et ambitieux qui dépasse les codes du conte classique et propose une aventure plus moderne et fouillée, portée par un dessin très agréable et énergique.

23/08/2025 (modifier)
Couverture de la série Là où gisait le corps
Là où gisait le corps

Une nouvelle collaboration du duo Brubaker/Phillips (trio d’ailleurs avec le fils Phillips à la colorisation), les auteurs sont rodés, fonctionnent bien ensemble, et ont l’habitude d’installer ambiance et personnages dans un univers polar. Même si ici c’est un peu plus original dans la construction du récit – et plutôt décevant me concernant d’ailleurs. C’est une sorte de récit choral, centré autour d’un quartier et d’une dizaine de personnages. Chacun nous livre à tour de rôle sa vision, parlant de lui avant, pendant et après les « événements » ayant amené au « cadavre » gisant sur le sol (donnant le titre et occupant la couverture). L’intrigue se déroule durant les années 1980, plutôt bien retranscrites, et Brubaker parvient à donner de la profondeur à la plupart des protagonistes (à part la commère, qui au final se révèle transparente). Au fil des chapitres, les relations unissant les personnages sont précisées, chacun ayant un petit quelque chose dans sa personnalité ou son histoire d’intriguant (à part le docteur Melville, lui aussi en retrait dans le récit). La construction titille la curiosité, mais si je suis sorti quelque peu déçu de cette lecture, c’est que le côté polar n’est finalement pas très important. Les précédentes collaborations des auteurs, le titre et la couverture faisaient quand même penser à autre chose. Brubaker en joue d’ailleurs en présentant à la fin la clé de l’énigme, prenant à partie la curiosité et l’éventuelle frustration du lecteur. Mais du coup, je me suis dit « tout ça pour ça ? ». Le dessin de Phillips et la colorisation du fiston sont habituels pour eux, du travail efficace et lisible. Et l’album se laisse lire sans problème. Mais j’en attendais sans doute autre chose et du coup j’en suis sorti un peu sur ma faim.

23/08/2025 (modifier)