En fait de love stories, c’est le plus souvent de « tue l’amour » qu’il est question, tant est forte la pression que le régime des mollahs – et la frange la plus rétrograde de la société iranienne – fait peser sur la population, les jeunes en particulier.
Avoir des relations sexuelles, ou tout simplement flirter, voire choisir celui ou celle avec qui l’on veut construire un couple, voilà des choses qui sont compliquées, et même dangereuses. L’album est un reportage réalisé par les auteurs il y a une dizaine d’années, et on peut hélas craindre que la situation n’ait pas évolué dans le bon sens si l’on en croit les différentes révoltes de la jeunesse (suite à la mort d’une jeune femme arrêtée parce que ses cheveux étaient trop visibles).
Un documentaire triste – même s’il révèle quelques différences dans les désirs des jeunes iraniens, et nuance à partir de quelques témoignage la vision que l’on pourrait avoir d’Iraniens obnubilés par la culture américaine/occidentale.
Une lecture intéressante.
Note réelle 3,5/5.
Fan de leur première série Monstress, j'étais curieux de découvrir leur nouvelle production. On retrouve indéniablement leur patte talentueuse... mais aussi les défauts qui apparaissaient déjà par moment dans Monstress, et je sors un peu perplexe de ce premier tome.
L'idée du scénario est pourtant bonne, oscillant entre le loufoque et le gore. Car oui, cette petite famille "pas comme les autres" qui va apprendre à se découvrir passe sans prévenir de burlesques scènes de familles au fantastique sanguinolent d'un chapitre à l'autre. Ce n'est pas tant ça que les passages parfois un peu confus et les quelques longueurs qui entachent la narration.
Côté dessin, heureusement que la colorisation de Sana Takeda est toujours aussi bonne car son dessin passe de l'excellence à la case brouillonne sans prévenir, ce que je trouve un brin frustrant et énervant quand on voit son potentiel et son savoir faire.
Bref, un début de série intéressant mais inégal ; je poursuivrais quand même ma découverte par curiosité.
J’avais découvert ce duo brésilien avec Daytripper (au jour le jour), une lecture que j’avais trouvé plaisante, même si ce style de roman graphique n’est a priori pas ma tasse de thé.
L’histoire développée ici est une adaptation (d’un auteur et d’un roman que je ne connais pas), mais mes réserves sont un peu du même ordre.
La principale surprise vient du dessin, là encore réalisé à quatre mains, mais qui est très différent de ce que j’avais vu sur "Daytripper". Ici, c’est un Noir et Blanc gras et très tranché, proche de ce que peuvent faire des auteurs comme l’argentin Risso – il est vrai dans des univers plus noirs et glauques le plus souvent. Un travail graphique que j’ai bien aimé en tout cas, malgré certaines difficultés parfois pour reconnaitre quelques personnages.
L’histoire est assez classique, nous suivons l’évolution d’une famille sur une bonne partie du XXème siècle, avec ses hauts et ses bas, la fin étant quand même une lente déchéance, morale et financière – autant que physique. Une chronique familiale avec ses petits secrets – relativement vite éventés – et qui tourne autour de deux jumeaux, dont la trajectoire est très différente, et qui vont entrainer l’écartèlement de la cellule familiale.
Le rythme est assez lent, comme si la chronique familiale, aux faux airs de tragédie grecque, s’était engourdie sous le climat chaud et humide de l’Amazonie : l’intrigue se déroule à Manaus, et les changements de la ville (urbains et sociaux), du pays (la dictature fait son entrée vers la fin) accompagnent l’histoire familiale.
Une lecture plaisante, mais que je n’ai pas trouvé aussi emballante que certains de mes prédécesseurs.
Mes principales réserves concernent l’intérêt de publier cet album. En effet, extirper ces cases du "Nid du Marsupilami", dans un format à l’italienne, n’apporte rien selon moi, et cela sent trop l’opération commerciale- comme si on ne voulait conserver que ce qu’il y a de plus « bankable » avec cette bestiole inventée par Franquin.
Mais bon, force est de reconnaître que Franquin dessine bien (j’euphémise !) et qu’il a un sens incroyable du gag et du timing – voire du running gag, avec cette panthère progressivement détruite par l’action du Marsupilami, de ses petits et des piranhas. Voir le perroquet plumé, le serpent hypnotisé et assommé et cette panthère qui essaye désespérément de becqueter les petits Marsupilamis et qui s’en prend plein la gueule (et qui perd progressivement sa queue), c’est à chaque fois marrant – même si je connais par cœur ces enchainements.
Les passages avec madame Marsupilami sont eux trop longs et un peu inutiles – et beaucoup moins marrants, même si c’est toujours très expressif.
Amusant à lire, mais dans l’album Spirou c’était très bien, et cela ne nécessitait selon moi pas d’édition à part.
Délicate BD intimiste s'appuyant sur de belles illustrations crayonnées essentiellement en noir et blanc.
L'autobiographie nous mène dans un Limousin campagnard puis urbain, nous y suivons les jeunes années de l'auteur, où sans misérabilisme apparaissent des souvenirs de jeux, mais aussi une tendre solitude.
Cette BD échappe-t-elle à l'habituel défaut de ces récits intimistes, de se restreindre au seul fait divers, au seul souvenir, pour avec une ampleur désirable porter un regard, un point de vue plus général sur une situation vécue ? Pas vraiment, le regard sociologique sur la société campagnarde d'alors est bien effacé, et l'adulte retranscrit avec une seule affectueuse nostalgie le curieux épisode de l'école buissonnière. Il faut alors espérer que le lecteur soit emporté par l'anecdotique, sensibilisé, touché par le récit. Sur ce dernier point, Frédéric Bihel a tout bon : son style graphique pertinent et le choc final bouleversant retiennent notre attention.
Une jolie lecture, agréable de tendresse, touchant juste et échappant à l'anecdotique grâce à une révélation finale donnant a posteriori davantage de sens à l'ensemble. Certes en jouant sur la seule corde sensible, mais avec une délicatesse touchante, tristement sympathique.
Le deuxième cycle de Léo commence déjà à montrer les failles dont j'ai entendu parler vis-à-vis de l'auteur. Et c'est franchement dommage au vu du potentiel qu'avait le premier cycle et les interrogations que tout cet univers offre !
La première chose qui m'a sauté aux yeux, c'est que dans cette série commence à débarquer quelques détails qui agacent à la lecture. Déjà tout les hommes s'intéressent à Kim, de façon assez marqué d'ailleurs. On notera que les romances et le sexe sont présents, avec une tendance assez agaçante à déshabiller massivement ses personnages féminins. Ça fait plus tiquer aujourd'hui, sans doute.
D'autre part le schéma est assez répétitif, ce qu'on constate déjà au deuxième cycle. Des personnages se ressemblent dans leurs fonctions, il y a la découverte de la planète et la question de survivre lorsque les colons sont coupés de la Terre, mais aussi les liens entre eux (notamment l'opposition militaire et scientifique). Je sais que c'était un trope assez courant pendant une période, mais je dois avouer qu'à la relecture ça pique un peu. D'autant que j'ai des doutes sur le fait que les femmes scientifiques se plient aussi vite (moins de 6 ans) à une règle les reléguant au statut de poules pondeuses...
C'est dommage, parce que les pinaillages d'amourettes façon adolescent lassent vite et gâchent le ton du récit.
Mais en dehors de ça, oui, c'est agréable à lire. Il y a des messages sympas sur l'homme colonisateur, sur la question de l'intelligence des espèces, sur la symbiose ou sur le vivant en général, avec un bestiaire toujours aussi agréable à regarder. L'histoire est moins manichéenne que dans Aldébaran, même si ces nuances ne changent pas fondamentalement la trame. Léo veut investir son récit d'humanité, notamment des femmes, et c'est tout à son honneur. Je ne dirais pas que c'est impeccable, mais ça a le mérite de déjà proposer.
En fait, je pense que la série Bételgeuse se prend comme un divertissement avec quelques questionnements pas dégeu sur l'humain et son rapport au monde qui l'entoure. C'est simple, parfois un peu trop, mais ça passe. Les questions qu'on peut avoir (Pourquoi la Mantrisse donne une gélule à Maï Lan ? Pourquoi l'une veut s'en prendre spécifiquement à Kim et pas aux autres ? Pourquoi les Iums sont proches de Maï Lan ?) ne doivent pas à tout prix chercher une réponse. Faut se laisser porter par le récit et ça reste une lecture agréable.
Et rien que pour ne pas relancer le débat, je ne dirais pas un mot sur le dessin de Léo !
Gruizzli résume bien mon ressenti donc je vais faire court. Un roman graphique sans gros défauts, sympathique à suivre mais qui ne transporte pas plus.
Personnellement j’ai préféré le 1er tome (Les Gens heureux lisent et boivent du café) qui m’a plus touché dans son histoire (l’acceptation du deuil) et surtout graphiquement.
Le présent tome en est la suite logique, l’héroïne cherche à se reconstruire et aller de l’avant. (Nota Avant de se lancer dans l’aventure, mieux vaut d’ailleurs avoir lu le précédent). J’avoue que le fond m’a moins passionné, l’impression parfois d’être trop dans une comédie romantique avec Alexandra Lamy.
Par ailleurs, le style graphique est moins constant, j’aime beaucoup les pleines pages, moins les autres ou le trait est plus grossier et parfois un trop poil gras.
Rien de honteux et bien fait dans l’ensemble, une BD qui saura trouvé son public.
Pas forcément le cœur de cible de ce type de récit, je dois admettre que la lecture s’est globalement révélée agréable. C’est gentiment amusant – plus dans l’ambiance générale d’ailleurs que pour tel ou tel gag.
Alors, certes, ce genre de récit a depuis été pas mal publié, mais Leslie Plée s’en sort assez bien. C’est assez frais et surtout très crédible, autour des questions (les mecs, les règles, les voyages scolaires, les devoirs, etc.) et autres chamailleries d’une bande de copines de collège (elles sont élèves en quatrième).
Le dessin est plutôt minimaliste, mais il fait le boulot et il est lisible et raccord avec le ton léger de l’ensemble.
Dans la famille vulgarisation en BD/Comics du monde complexe je demande la psychologie. 220 pages qui concentrent les concepts modernes de la psychologie présentés suivants une table qui s'apparente à un cours de fac.
C'est assez touffu malgré un graphisme humoristique qui essaye de rendre le sujet abordable. J'admire le travail du docteur Oppenheimer qui a presque réussit à rendre le propos complet et attirant. Toutefois le nombre de concept est tel que je serais incapable d'en faire un résumé cohérent.
Il reste quelques points qui nous touchent particulièrement et quelques expériences spectaculaires pour illustrer certains chapitres. C'est évident que des chapitres comme le langage, la pensée, la mémoires et d'autres méritent mieux que la petite vingtaine de pages proposées. Il y a d'ailleurs de nombreux passages où je ne me suis pas retrouvé.
De plus je suis assez réticent vis à vis d'un discours qui nous envoie dans des cases préétablies.
Le graphisme de Grady Klein est suffisamment dynamique et humoristique pour que la lecture ne tourne pas au cours universitaire ennuyeux et fastidieux.
Malheureusement le manque de couleur rend l'ouvrage assez terne.
Je reconnais l'énorme travail de mise en scène pour être suffisamment exhaustif mais c'est une lecture inégale.
Ce manga est un isekai d'un type particulier. On y retrouve la trame classique d'un japonais qui se réincarne dans un monde de fantasy, mais celui-ci le fait sous la forme d'un distributeur automatique de boissons et de nourriture. Ce n'est pas pour lui déplaire puisqu'il était passionné de ces machines dans sa vie précédente. Et sa nouvelle incarnation ne lui permet certes pas de bouger ni de dire autre chose que des phrases préenregistrées mais il est capable d'adapter son offre de marchandises aux besoins de son entourage et il peut aussi exceptionnellement bénéficier de pouvoirs magiques comme notamment une barrière de protection lui permettant de venir en aide à ses amis. Il se liera d'amitié avec une jeune guerrière dotée d'une force suffisante pour le porter sur son dos et grâce à un choix judicieux de boissons et de nourriture japonaise en conserve, il va devenir la coqueluche des habitants de ce monde et aussi un fidèle allié contre les monstres qu'ils combattent.
Tous les fanatiques de distributeurs automatiques seront ravis de pouvoir enfin lire ce manga ! Sont-ils nombreux ?... J'en doute...
Toujours est-il que l'idée loufoque à la base de l'intrigue de cette série a de quoi attirer et faire sourire. Et c'est bien ce qui m'a poussé vers lui, tout en étant perplexe sur comment un tel concept allait pouvoir être exploité et s'il y avait vraiment matière à trouver suffisamment d'idées pour en faire une grande histoire.
Et pour le moment, je reste sur ma perplexité...
Pour ce qui est du début de cette histoire (qui n'en est qu'à 2 tomes au Japon), on a droit à un manga bien dessiné, à la narration claire et qui n'est pas désagréable malgré quelques petits passages mous. Mais on reste quand même dubitatif quant à la manière dont il va pouvoir se développer.
Ce sujet des distributeurs automatiques parait très nippo-centré. On parle en effet d'un distributeur typiquement japonais, délivrant des soupes de maïs et autres oden, ainsi que différents types de thé au lait ou au citron : pas tellement la culture occidentale. Et de voir des personnages d'heroic-fantasy se délecter de toutes ces denrées si typiques dès la première fois qu'il les goûte, cela laisse un peu dubitatif.
Les possibilités de développement de l'histoire autour d'un personnage de distributeur paraissent aussi très limitées. D'emblée le scénariste joue la carte de la facilité en lui octroyant un pouvoir magique idéal pour les circonstances du moment, et on sent bien qu'il va faire de même plus tard dès qu'il voudra aider son histoire et sortir ses personnages de passages difficiles. Et du coup, on ne voit pas trop ce que le fait d'intégrer un distributeur dans son scénario va vraiment apporter, si ce n'est juste une source de nourriture réconfortante. Si c'est pour résoudre les vraies difficultés avec de la magie, alors ça aurait pu aussi bien être un caillou pensant ou n'importe quel autre objet.
Et à côté de ça, aussi loufoque que soit l'idée de base, il n'y a pas vraiment d'humour ou alors trop discret, donc on ne peut pas vraiment lire ça pour la rigolade.
Donc oui, ça se laisse lire, c'est bien fait, mais j'attends de voir la suite pour me forger une opinion plus définitive.
Note : 2,5/5
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Love story à l'iranienne
En fait de love stories, c’est le plus souvent de « tue l’amour » qu’il est question, tant est forte la pression que le régime des mollahs – et la frange la plus rétrograde de la société iranienne – fait peser sur la population, les jeunes en particulier. Avoir des relations sexuelles, ou tout simplement flirter, voire choisir celui ou celle avec qui l’on veut construire un couple, voilà des choses qui sont compliquées, et même dangereuses. L’album est un reportage réalisé par les auteurs il y a une dizaine d’années, et on peut hélas craindre que la situation n’ait pas évolué dans le bon sens si l’on en croit les différentes révoltes de la jeunesse (suite à la mort d’une jeune femme arrêtée parce que ses cheveux étaient trop visibles). Un documentaire triste – même s’il révèle quelques différences dans les désirs des jeunes iraniens, et nuance à partir de quelques témoignage la vision que l’on pourrait avoir d’Iraniens obnubilés par la culture américaine/occidentale. Une lecture intéressante. Note réelle 3,5/5.
Night Eaters
Fan de leur première série Monstress, j'étais curieux de découvrir leur nouvelle production. On retrouve indéniablement leur patte talentueuse... mais aussi les défauts qui apparaissaient déjà par moment dans Monstress, et je sors un peu perplexe de ce premier tome. L'idée du scénario est pourtant bonne, oscillant entre le loufoque et le gore. Car oui, cette petite famille "pas comme les autres" qui va apprendre à se découvrir passe sans prévenir de burlesques scènes de familles au fantastique sanguinolent d'un chapitre à l'autre. Ce n'est pas tant ça que les passages parfois un peu confus et les quelques longueurs qui entachent la narration. Côté dessin, heureusement que la colorisation de Sana Takeda est toujours aussi bonne car son dessin passe de l'excellence à la case brouillonne sans prévenir, ce que je trouve un brin frustrant et énervant quand on voit son potentiel et son savoir faire. Bref, un début de série intéressant mais inégal ; je poursuivrais quand même ma découverte par curiosité.
Deux Frères
J’avais découvert ce duo brésilien avec Daytripper (au jour le jour), une lecture que j’avais trouvé plaisante, même si ce style de roman graphique n’est a priori pas ma tasse de thé. L’histoire développée ici est une adaptation (d’un auteur et d’un roman que je ne connais pas), mais mes réserves sont un peu du même ordre. La principale surprise vient du dessin, là encore réalisé à quatre mains, mais qui est très différent de ce que j’avais vu sur "Daytripper". Ici, c’est un Noir et Blanc gras et très tranché, proche de ce que peuvent faire des auteurs comme l’argentin Risso – il est vrai dans des univers plus noirs et glauques le plus souvent. Un travail graphique que j’ai bien aimé en tout cas, malgré certaines difficultés parfois pour reconnaitre quelques personnages. L’histoire est assez classique, nous suivons l’évolution d’une famille sur une bonne partie du XXème siècle, avec ses hauts et ses bas, la fin étant quand même une lente déchéance, morale et financière – autant que physique. Une chronique familiale avec ses petits secrets – relativement vite éventés – et qui tourne autour de deux jumeaux, dont la trajectoire est très différente, et qui vont entrainer l’écartèlement de la cellule familiale. Le rythme est assez lent, comme si la chronique familiale, aux faux airs de tragédie grecque, s’était engourdie sous le climat chaud et humide de l’Amazonie : l’intrigue se déroule à Manaus, et les changements de la ville (urbains et sociaux), du pays (la dictature fait son entrée vers la fin) accompagnent l’histoire familiale. Une lecture plaisante, mais que je n’ai pas trouvé aussi emballante que certains de mes prédécesseurs.
Marsupilami - Houba ! une histoire d'amour
Mes principales réserves concernent l’intérêt de publier cet album. En effet, extirper ces cases du "Nid du Marsupilami", dans un format à l’italienne, n’apporte rien selon moi, et cela sent trop l’opération commerciale- comme si on ne voulait conserver que ce qu’il y a de plus « bankable » avec cette bestiole inventée par Franquin. Mais bon, force est de reconnaître que Franquin dessine bien (j’euphémise !) et qu’il a un sens incroyable du gag et du timing – voire du running gag, avec cette panthère progressivement détruite par l’action du Marsupilami, de ses petits et des piranhas. Voir le perroquet plumé, le serpent hypnotisé et assommé et cette panthère qui essaye désespérément de becqueter les petits Marsupilamis et qui s’en prend plein la gueule (et qui perd progressivement sa queue), c’est à chaque fois marrant – même si je connais par cœur ces enchainements. Les passages avec madame Marsupilami sont eux trop longs et un peu inutiles – et beaucoup moins marrants, même si c’est toujours très expressif. Amusant à lire, mais dans l’album Spirou c’était très bien, et cela ne nécessitait selon moi pas d’édition à part.
Les Crayons
Délicate BD intimiste s'appuyant sur de belles illustrations crayonnées essentiellement en noir et blanc. L'autobiographie nous mène dans un Limousin campagnard puis urbain, nous y suivons les jeunes années de l'auteur, où sans misérabilisme apparaissent des souvenirs de jeux, mais aussi une tendre solitude. Cette BD échappe-t-elle à l'habituel défaut de ces récits intimistes, de se restreindre au seul fait divers, au seul souvenir, pour avec une ampleur désirable porter un regard, un point de vue plus général sur une situation vécue ? Pas vraiment, le regard sociologique sur la société campagnarde d'alors est bien effacé, et l'adulte retranscrit avec une seule affectueuse nostalgie le curieux épisode de l'école buissonnière. Il faut alors espérer que le lecteur soit emporté par l'anecdotique, sensibilisé, touché par le récit. Sur ce dernier point, Frédéric Bihel a tout bon : son style graphique pertinent et le choc final bouleversant retiennent notre attention. Une jolie lecture, agréable de tendresse, touchant juste et échappant à l'anecdotique grâce à une révélation finale donnant a posteriori davantage de sens à l'ensemble. Certes en jouant sur la seule corde sensible, mais avec une délicatesse touchante, tristement sympathique.
Bételgeuse
Le deuxième cycle de Léo commence déjà à montrer les failles dont j'ai entendu parler vis-à-vis de l'auteur. Et c'est franchement dommage au vu du potentiel qu'avait le premier cycle et les interrogations que tout cet univers offre ! La première chose qui m'a sauté aux yeux, c'est que dans cette série commence à débarquer quelques détails qui agacent à la lecture. Déjà tout les hommes s'intéressent à Kim, de façon assez marqué d'ailleurs. On notera que les romances et le sexe sont présents, avec une tendance assez agaçante à déshabiller massivement ses personnages féminins. Ça fait plus tiquer aujourd'hui, sans doute. D'autre part le schéma est assez répétitif, ce qu'on constate déjà au deuxième cycle. Des personnages se ressemblent dans leurs fonctions, il y a la découverte de la planète et la question de survivre lorsque les colons sont coupés de la Terre, mais aussi les liens entre eux (notamment l'opposition militaire et scientifique). Je sais que c'était un trope assez courant pendant une période, mais je dois avouer qu'à la relecture ça pique un peu. D'autant que j'ai des doutes sur le fait que les femmes scientifiques se plient aussi vite (moins de 6 ans) à une règle les reléguant au statut de poules pondeuses... C'est dommage, parce que les pinaillages d'amourettes façon adolescent lassent vite et gâchent le ton du récit. Mais en dehors de ça, oui, c'est agréable à lire. Il y a des messages sympas sur l'homme colonisateur, sur la question de l'intelligence des espèces, sur la symbiose ou sur le vivant en général, avec un bestiaire toujours aussi agréable à regarder. L'histoire est moins manichéenne que dans Aldébaran, même si ces nuances ne changent pas fondamentalement la trame. Léo veut investir son récit d'humanité, notamment des femmes, et c'est tout à son honneur. Je ne dirais pas que c'est impeccable, mais ça a le mérite de déjà proposer. En fait, je pense que la série Bételgeuse se prend comme un divertissement avec quelques questionnements pas dégeu sur l'humain et son rapport au monde qui l'entoure. C'est simple, parfois un peu trop, mais ça passe. Les questions qu'on peut avoir (Pourquoi la Mantrisse donne une gélule à Maï Lan ? Pourquoi l'une veut s'en prendre spécifiquement à Kim et pas aux autres ? Pourquoi les Iums sont proches de Maï Lan ?) ne doivent pas à tout prix chercher une réponse. Faut se laisser porter par le récit et ça reste une lecture agréable. Et rien que pour ne pas relancer le débat, je ne dirais pas un mot sur le dessin de Léo !
La Vie est facile, ne t'inquiète pas
Gruizzli résume bien mon ressenti donc je vais faire court. Un roman graphique sans gros défauts, sympathique à suivre mais qui ne transporte pas plus. Personnellement j’ai préféré le 1er tome (Les Gens heureux lisent et boivent du café) qui m’a plus touché dans son histoire (l’acceptation du deuil) et surtout graphiquement. Le présent tome en est la suite logique, l’héroïne cherche à se reconstruire et aller de l’avant. (Nota Avant de se lancer dans l’aventure, mieux vaut d’ailleurs avoir lu le précédent). J’avoue que le fond m’a moins passionné, l’impression parfois d’être trop dans une comédie romantique avec Alexandra Lamy. Par ailleurs, le style graphique est moins constant, j’aime beaucoup les pleines pages, moins les autres ou le trait est plus grossier et parfois un trop poil gras. Rien de honteux et bien fait dans l’ensemble, une BD qui saura trouvé son public.
Points noirs & sac à dos
Pas forcément le cœur de cible de ce type de récit, je dois admettre que la lecture s’est globalement révélée agréable. C’est gentiment amusant – plus dans l’ambiance générale d’ailleurs que pour tel ou tel gag. Alors, certes, ce genre de récit a depuis été pas mal publié, mais Leslie Plée s’en sort assez bien. C’est assez frais et surtout très crédible, autour des questions (les mecs, les règles, les voyages scolaires, les devoirs, etc.) et autres chamailleries d’une bande de copines de collège (elles sont élèves en quatrième). Le dessin est plutôt minimaliste, mais il fait le boulot et il est lisible et raccord avec le ton léger de l’ensemble.
Psychologix
Dans la famille vulgarisation en BD/Comics du monde complexe je demande la psychologie. 220 pages qui concentrent les concepts modernes de la psychologie présentés suivants une table qui s'apparente à un cours de fac. C'est assez touffu malgré un graphisme humoristique qui essaye de rendre le sujet abordable. J'admire le travail du docteur Oppenheimer qui a presque réussit à rendre le propos complet et attirant. Toutefois le nombre de concept est tel que je serais incapable d'en faire un résumé cohérent. Il reste quelques points qui nous touchent particulièrement et quelques expériences spectaculaires pour illustrer certains chapitres. C'est évident que des chapitres comme le langage, la pensée, la mémoires et d'autres méritent mieux que la petite vingtaine de pages proposées. Il y a d'ailleurs de nombreux passages où je ne me suis pas retrouvé. De plus je suis assez réticent vis à vis d'un discours qui nous envoie dans des cases préétablies. Le graphisme de Grady Klein est suffisamment dynamique et humoristique pour que la lecture ne tourne pas au cours universitaire ennuyeux et fastidieux. Malheureusement le manque de couleur rend l'ouvrage assez terne. Je reconnais l'énorme travail de mise en scène pour être suffisamment exhaustif mais c'est une lecture inégale.
Reborn as a vending machine
Ce manga est un isekai d'un type particulier. On y retrouve la trame classique d'un japonais qui se réincarne dans un monde de fantasy, mais celui-ci le fait sous la forme d'un distributeur automatique de boissons et de nourriture. Ce n'est pas pour lui déplaire puisqu'il était passionné de ces machines dans sa vie précédente. Et sa nouvelle incarnation ne lui permet certes pas de bouger ni de dire autre chose que des phrases préenregistrées mais il est capable d'adapter son offre de marchandises aux besoins de son entourage et il peut aussi exceptionnellement bénéficier de pouvoirs magiques comme notamment une barrière de protection lui permettant de venir en aide à ses amis. Il se liera d'amitié avec une jeune guerrière dotée d'une force suffisante pour le porter sur son dos et grâce à un choix judicieux de boissons et de nourriture japonaise en conserve, il va devenir la coqueluche des habitants de ce monde et aussi un fidèle allié contre les monstres qu'ils combattent. Tous les fanatiques de distributeurs automatiques seront ravis de pouvoir enfin lire ce manga ! Sont-ils nombreux ?... J'en doute... Toujours est-il que l'idée loufoque à la base de l'intrigue de cette série a de quoi attirer et faire sourire. Et c'est bien ce qui m'a poussé vers lui, tout en étant perplexe sur comment un tel concept allait pouvoir être exploité et s'il y avait vraiment matière à trouver suffisamment d'idées pour en faire une grande histoire. Et pour le moment, je reste sur ma perplexité... Pour ce qui est du début de cette histoire (qui n'en est qu'à 2 tomes au Japon), on a droit à un manga bien dessiné, à la narration claire et qui n'est pas désagréable malgré quelques petits passages mous. Mais on reste quand même dubitatif quant à la manière dont il va pouvoir se développer. Ce sujet des distributeurs automatiques parait très nippo-centré. On parle en effet d'un distributeur typiquement japonais, délivrant des soupes de maïs et autres oden, ainsi que différents types de thé au lait ou au citron : pas tellement la culture occidentale. Et de voir des personnages d'heroic-fantasy se délecter de toutes ces denrées si typiques dès la première fois qu'il les goûte, cela laisse un peu dubitatif. Les possibilités de développement de l'histoire autour d'un personnage de distributeur paraissent aussi très limitées. D'emblée le scénariste joue la carte de la facilité en lui octroyant un pouvoir magique idéal pour les circonstances du moment, et on sent bien qu'il va faire de même plus tard dès qu'il voudra aider son histoire et sortir ses personnages de passages difficiles. Et du coup, on ne voit pas trop ce que le fait d'intégrer un distributeur dans son scénario va vraiment apporter, si ce n'est juste une source de nourriture réconfortante. Si c'est pour résoudre les vraies difficultés avec de la magie, alors ça aurait pu aussi bien être un caillou pensant ou n'importe quel autre objet. Et à côté de ça, aussi loufoque que soit l'idée de base, il n'y a pas vraiment d'humour ou alors trop discret, donc on ne peut pas vraiment lire ça pour la rigolade. Donc oui, ça se laisse lire, c'est bien fait, mais j'attends de voir la suite pour me forger une opinion plus définitive. Note : 2,5/5