J'avoue que j'ai toujours été impressionné par le personnage de Pepe Mujica, qui a su garder une vie extrêment simple quand il était président de l'Uruguay. Cet album suit son parcours, du militant révolutionnaire à la présidence de l’Uruguay. On y découvre ses débuts modestes, son engagement armé avec les Tupamaros, et ses années de détention avant son passage à la politique. La structure narrative est inhabituelle, avec les auteurs qui se mettent en scène dans l’histoire, alternant entre leur enquête sur Mujica et des scènes de sa vie.
L’idée de montrer les coulisses de la création de l’album pourrait être intéressante, pourquoi pas, mais cela rend parfois le récit difficile à suivre. Le mélange entre le passé et les réflexions des auteurs peut créer un effet morcelé, et l’intrigue perd en fluidité. Pourtant, certains passages sont bien menés, notamment ceux liés aux moments clés de la vie de Mujica et aux événements politiques en Uruguay.
Le dessin est simple, presque cartoonesque, et les couleurs jouent un rôle important pour marquer les différentes périodes. Cela fonctionne bien visuellement, même si l’ensemble reste assez classique. Le fond de l’histoire est intéressant, mais la structure narrative, avec ses allers-retours constants, demande de l’attention pour ne pas se perdre.
Une lecture qui vaut le détour pour découvrir un personnage unique, malgré quelques faiblesses dans la construction du récit.
Je vais être moins enthousiaste que Jetjet, malgré les qualités et la force visuelle de cet univers. Mes réserves sont essentiellement affaires de goût (je ne suis pas le cœur de cible de ce type de fantastique virant au récit d’horreur, même si Ito a su m’intéresser, dans un registre visuellement un peu différent), mais pas que.
Le scénario de Tobin est assez original. Il traite globalement de la folie – furieuse en l’occurrence – en faisant se juxtaposer le monde réel et celui où la folie donnerait libre cours à ses excès, ici uniquement vus sous l’angle malfaisant. C’est une folie noire qui domine ce monde parallèle, dans une vision influencée par l’enfer médiéval, ou l’imagination des créateurs d’Alien.
Tobin arrive plutôt bien à nous faire passer d’un univers à l’autre. Le dessin de Ferreyra et la différence de colorisation permettant de s’y retrouver facilement.
Le dessin justement, je l’ai trouvé puissant, mais pas exempt de défauts. La couverture (celle de l’édition ordinaire – que je préfère à l’autre) est déjà scotchante. Beaucoup de scènes sont impressionnantes.
Pour le reste, sur le dessin est dynamique et très lisible, j’ai trouvé que c’était inégal au niveau du rendu des personnages, en particulier des visages, pas toujours réussis.
Ferreyra a aussi du mal lorsqu’il cherche à donner des angles de vue originaux, et il rate systématiquement les personnages montant un escalier.
Pour revenir à l’histoire, le personnage hystérique et déjanté de Nimble Jack – qui se nourrit (dans tous les sens du terme) – de tous ceux qui sont à des degrés divers atteints de folie – et celui de Declan (le héros, qui lui peut « guérir de la folie, chaque effort faisant baisser sa température corporelle – d’où le titre) proposent un affrontement intéressant. Au fil des pages -et des cycles, puisque cet album regroupe en fait trois histoires qui se suivent – le personnage de Declan prend de l’ampleur, et un mystère quasi polar l’entoure.
Au milieu de cette folie infernale, entre ces deux hommes, une oie blanche, Reece, une jeune femme qui a un temps recueilli Colder, puis en est tombée amoureuse : victime désignée de Nimble, princesse à protéger pour Declan, candide témoin d’une réalité parallèle atroce, Reece sert de révélateur et joue le rôle dévolu à pas mal de femmes dans les séries B.
Et c’est je trouve vers ce « genre » que lorgne cette série ; une série B originale, qui ne cherche pas à être réaliste, mais qui use du scénario et des acteurs comme d’un jouet. Ce qui ne rend pas toujours très clair le déroulé de l’histoire.
Sinon, parmi tous les déjantés que nous croisons, outre Nimble, sorte de clown machiavélique et pervers, j’ai été intéressé par le personnage aux faux airs de pasteur mormon qui découpe les doigts, en sème (dans le deuxième cycle, « Mauvaise graine ») : il y a là un humour très noir au cœur d’un défouloir horrifique qui peut être plaisant.
Pas toujours clair, un dessin inégal malgré de réelles fulgurances, et un genre qui n’est pas de mes préférés, voilà pour mes réserves. Mais ça n’en reste pas moins une série qui trouvera sans problème son public, au vu de ses qualités et de son originalité.
L’auteur est Turc, et son récit se déroule justement dans cette région, l’une des premières où les hommes se sont sédentarisés, ont construit des embryons de villes. C’est à cette époque, il y a une douzaine de milliers d’années, que ce situe le récit.
L’album est épais, mais se laisse lire rapidement – et globalement agréablement.
Il faut dire que le dessin, simple au demeurant, nous montre de très belles cases, que ce soit pour la savane et ses habitants, ou pour les paysages célestes.
Nous sommes au moment où les mythes se structurent, où les cosmogonies se précisent, où les hommes font encore corps avec la nature sauvage. Au moment aussi où la sédentarisation change les choses, crée une rupture - ici le personnage principal résiste à cette rupture, cohabite avec une gazelle face aux hommes.
C’est de cette rupture que semble s’inspirer l’auteur, avec un récit qui tient autant du roman graphique préhistorique que du récit onirique, faisant souvent fi du réalisme, pour nous plonger dans une épopée pleine de poésie et de violence.
Une chouette lecture.
Note réelle 3,5/5.
Emprunté au hasard et pour rentrer la série dans la base du site, cet album s’est révélé globalement bien fichu, sans doute plus intéressant que ce que je craignais au départ.
C’est un peu inclassable. Un peu de documentaire, d’histoire (du sport et du foot essentiellement, même si le contexte historique est souvent présent), et pas mal de souvenirs personnels et d’affects de l’auteur, Sylvain Venayre.
Ce mélange permet de dépasser le simple recueil de souvenirs et d’anecdotes d’un fan de Platini. Surtout que l’auteur va regrouper plusieurs personnages pour commenter, se chamailler : lui-même tout jeune, et son double contemporain, mais aussi Platini lui-même (contemporain), Thierry Rolland, et Sigmund Freud ! Ces deux derniers s’exprimant à des niveaux intellectuels assez différents !
Ces choix narratifs et de personnages rendent vivant les événements que beaucoup connaissent (je suis de la même génération évoquée ici, et j’ai effectivement un souvenir précis de ce fameux match de 1982 – même si je ne suis pas fan de foot, et même si l’album s’étend bien plus en amont et en aval, avec des regards de fan énamouré, de sociologue, d’historien, etc.
Rien d’extraordinaire, et sans doute les lecteurs plus jeunes seront peu sensibles à l’évocation d’une époque lointaine (les années 1980). Mais c’est quand même une lecture agréable.
Cette bd raconte l'histoire de Malou, une fille qui s'ennuie un peu dans sa vie, aux prises avec un mec pas franchement à l'écoute, une famille pas franchement aux petits soins, et une vie pas franchement épanouissante. Elle va découvrir le club de rugby féminin du coin et par là se trouver une passion, quelque chose qui la motive et qui va lui remettre le pied à l'étrier.
Le propos de la bd est sympa, le côté sororité au sein du club et la force que cela donne à l'héroïne est aussi très bien relaté, ça donne envie de faire du sport en groupe, et dans ce groupe en particulier, tant on voit Malou s'épanouir au fur et à mesure des matchs et des entrainements. J'ai aussi bien aimé le dessin, qui est parfois un peu disproportionné, inégal, mais chaleureux malgré la colorisation toute blanche des personnages. C'est simple mais efficace.
Reste que le tout est quand même un peu simpliste à mon gout, on identifie vite les "méchants", qui ne sont que méchants et pas du tout en nuance. Après tout pourquoi pas, ça représente assez bien la réalité pour plein de gens, et je pense que le petit copain de la bd (qui est quand même un énorme connard) n'est facilement qu'une version light de ce qui peut se trouver dans la réalité. Mais reste qu'en bd, ça rend l'ensemble un peu convenu. Et niveau narration, j'ai aussi parfois trouvé que ça manquait un peu de spontanéité, de naturel, notamment les moments où Malou se parle à elle-même, où les surnoms des joueuses du club. J'ai fait du rugby et effectivement il y avait quelques surnoms mais quand même pas à ce point-là, et autant ça marche pour une bd comme Les Rugbymen qui est 100% humoristique, autant là pour une bd qui est moins, voire pas du tout dans ce ton, cela m'a plus dérangé. Pareil, la pseudo histoire entre Malou et son coach me semble un raccourci scénaristique un peu facile dont on aurait pu se passer.
Reste que j'ai quand même apprécié ma lecture, et que c'est une bd sympa, à la morale gentillette mais qui donne le sourire.
Vraiment bien sympa cette série, une de mes préférées dans la collection pour l’instant. Elle coche toutes les bonnes cases.
Déjà le cadre est plus que dépaysant (pour moi du moins), j’ai vraiment apprécié cette excursion dans l’Inde de la moitié du XIXème siècle. Nous y découvrirons Rani Lakshmi Bai, une inconnue pour ma part, mais qui a toute sa place dans la collection. Son histoire n’est pas encore finie mais je n’ai pu m’empêcher d’aller zieuter sur Wikipedia son parcours (et sa véracité ).
Bon j’ai pas trouvé grand chose de consistant si ce n’est les grandes lignes. Du coup, j’ai trouvé que les auteurs s’en sortaient vachement bien, la narration m’a paru bien plus fluide que chez ses consœurs, ils comblent les blancs de belle façon, en s’attardant sur le caractère et les motivations de notre héroïne. Il y a un petit côté romanesque fort agréable et qui s’allie bien au pays. Une reine qui porte bien son nom puisqu’elle combattra pour l’indépendance face à la toute puissante compagnie des Indes (et pas comme Gandhi).
Un sujet intéressant donc mais également une très bonne réalisation, j’ai trouvé que l’on était dans le haut du panier au regard de la collection. Il faut dire que les auteurs sont rodés à l’exercice après avoir déjà œuvré sur Alienor et Catherine de Médicis.
C’est parfaitement séquencé, les dialogues font naturels et la partie graphique achève l’immersion.
Bref un voyage exotique bien sympathique.
3,5
Si je connais assez bien l’œuvre de Marat, c’était moins le cas de la vie de Charlotte Corday avant l’acte qui allait la rendre célèbre. Je ne sais pas jusqu’où Bollée a suivi la vérité pour nous la présenter, mais son parcours parait crédible.
J’ai trouvé agréable cette lecture, même si tout ne m’a pas convaincu.
Le dessin de Martin est bon, sobre et efficace, il fait très bien le travail.
L’idée de faire se rencontrer Marat et Corday après leur mort, dans une sorte de Limbes/purgatoire est intéressante, leur confrontation, et l’irréductibilité de leurs idées donne un peu de tension, et l’occasion pour chacun de se présenter à l’autre – et donc aux lecteurs par là même.
Reste que le contexte – essentiel pour comprendre la tension ambiante, l’acte de Corday, et le rôle joué par Marat à l’époque est insuffisamment présenté. Même si ça n’est pas le cœur de l’album, c’est dommage.
Disons que du coup l’agitation révolutionnaire (agitation des idées autant que des actes) ne défile que comme un lointain décor. Ne reste finalement que l’affrontement entre une meurtrière et sa victime, chacun jouant un procès où il serait son propre avocat.
Une lecture pas désagréable, mais pas inoubliable non plus.
Victor L. Pinel joue ici assez habilement sur la métaphore du jeu d’échecs pour explorer les trajectoires de vie. Si l’idée de comparer les choix humains à ceux d’une partie d’échecs est intéressante, le traitement m’a laissé un peu mitigé.
L’histoire principale, centrée sur Samir, un bénévole dans un EHPAD, et sa relation avec Madame Dubois, une résidente au caractère bien trempé, fonctionne dans l’ensemble. Leur dynamique, basée sur l’apprentissage des échecs, sert de fil conducteur. Toutefois, le parallèle entre les coups sur l’échiquier et les décisions de vie, bien qu’astucieux, paraît parfois forcé. La symbolique est un peu trop surlignée à mon goût.
Le principe du récit choral où chaque protagoniste incarne une pièce du jeu est assez bien vu, mais certains personnages sont esquissés trop rapidement, et malgré l’intention de montrer les interconnexions entre leurs vies, on reste sur sa faim, tant les histoires personnelles manquent parfois de développement.
Sur le plan visuel, le dessin est efficace même si je ne serai jamais le plus grand fan de ce style. Quelques belles planches se détachent, notamment celles illustrant l’échiquier de la vie, mais globalement, le rendu graphique reste assez conventionnel.
Au final, une lecture plaisante, mais pas plus. Le concept est bon, mais son exécution manque parfois de subtilité et d’ampleur.
Un autre comics de guerre par Garth Ennis. L'originalité est que l'on parle de l'histoire vraie de femmes soldates russes durant la seconde guerre mondiale. Disons que ça change des histoires à bases de résistances françaises ou de G.I. combattant l'empire japonais.
Le résultat est pas mal même si encore une fois je ne suis pas fan du dessin très réaliste que je trouve froid. Il ne s'en dégage aucune émotion ! Je ne suis pas non plus un gros fan des récits de guerres, mais l'avantage lorsque c'est scénarisé par Ennis c'est qu'au moins on a droit à de bons dialogues et c'est le cas ici. La narration est fluide ce qui fait que ça se lit bien. Il y a des scènes qui sortent du lot, en particulier dans le dernier chapitre, mais globalement la lecture de cet album ne m'a pas trop marqué.
Un comics a emprunté si on fan des récits de guerres.
Un recueil inégal, on sent que Backderf tâtonne encore dans ses premières années de publication, que ce soit dans la narration ou le dessin. Mais certaines anecdotes ont réussi à me surprendre et me faire rire. Je connais bien les Etats Unis pour y avoir vécu, y compris en milieu rural, et il faut bien reconnaitre que ces anecdotes prises sur le vif sont sociologiquement très intéressantes :)
Elles sont très hétérogènes, mais c’est cette diversité qui fait la force du recueil. On retrouve cette critique acide de la société américaine, avec des personnages souvent grotesques, exagérés, comme si Backderf amplifiait les travers de ses contemporains pour mieux en exposer la bêtise ou la misère intellectuelle.
Les strips, généralement en quatre cases, offrent des instants fugaces, des scènes de vie capturées à vif, sans forcément chercher à approfondir. Certains passages m’ont fait sourire, d’autres m’ont laissé plus indifférent. Ce que j’ai trouvé intéressant, c’est la façon dont Backderf explore l’absurdité du quotidien avec ce regard à la fois critique et décalé. Derrière chaque portrait, il y a une forme de désenchantement, comme s’il montrait un miroir déformé de l’Amérique.
Le dessin évolue au fil des pages, hésitant parfois, mais on sent déjà les prémices du style qui deviendra si reconnaissable dans ses œuvres suivantes. Ce qui ressort de True Stories, c’est un mélange de cynisme et de désillusion, un regard à la fois amusé et inquiet sur la société. Ce n’est pas son meilleur travail, mais c’est un témoignage intéressant des débuts de Backderf, un aperçu de ce qui allait devenir son style unique.
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Les Fleurs de la guerilla
J'avoue que j'ai toujours été impressionné par le personnage de Pepe Mujica, qui a su garder une vie extrêment simple quand il était président de l'Uruguay. Cet album suit son parcours, du militant révolutionnaire à la présidence de l’Uruguay. On y découvre ses débuts modestes, son engagement armé avec les Tupamaros, et ses années de détention avant son passage à la politique. La structure narrative est inhabituelle, avec les auteurs qui se mettent en scène dans l’histoire, alternant entre leur enquête sur Mujica et des scènes de sa vie. L’idée de montrer les coulisses de la création de l’album pourrait être intéressante, pourquoi pas, mais cela rend parfois le récit difficile à suivre. Le mélange entre le passé et les réflexions des auteurs peut créer un effet morcelé, et l’intrigue perd en fluidité. Pourtant, certains passages sont bien menés, notamment ceux liés aux moments clés de la vie de Mujica et aux événements politiques en Uruguay. Le dessin est simple, presque cartoonesque, et les couleurs jouent un rôle important pour marquer les différentes périodes. Cela fonctionne bien visuellement, même si l’ensemble reste assez classique. Le fond de l’histoire est intéressant, mais la structure narrative, avec ses allers-retours constants, demande de l’attention pour ne pas se perdre. Une lecture qui vaut le détour pour découvrir un personnage unique, malgré quelques faiblesses dans la construction du récit.
Colder
Je vais être moins enthousiaste que Jetjet, malgré les qualités et la force visuelle de cet univers. Mes réserves sont essentiellement affaires de goût (je ne suis pas le cœur de cible de ce type de fantastique virant au récit d’horreur, même si Ito a su m’intéresser, dans un registre visuellement un peu différent), mais pas que. Le scénario de Tobin est assez original. Il traite globalement de la folie – furieuse en l’occurrence – en faisant se juxtaposer le monde réel et celui où la folie donnerait libre cours à ses excès, ici uniquement vus sous l’angle malfaisant. C’est une folie noire qui domine ce monde parallèle, dans une vision influencée par l’enfer médiéval, ou l’imagination des créateurs d’Alien. Tobin arrive plutôt bien à nous faire passer d’un univers à l’autre. Le dessin de Ferreyra et la différence de colorisation permettant de s’y retrouver facilement. Le dessin justement, je l’ai trouvé puissant, mais pas exempt de défauts. La couverture (celle de l’édition ordinaire – que je préfère à l’autre) est déjà scotchante. Beaucoup de scènes sont impressionnantes. Pour le reste, sur le dessin est dynamique et très lisible, j’ai trouvé que c’était inégal au niveau du rendu des personnages, en particulier des visages, pas toujours réussis. Ferreyra a aussi du mal lorsqu’il cherche à donner des angles de vue originaux, et il rate systématiquement les personnages montant un escalier. Pour revenir à l’histoire, le personnage hystérique et déjanté de Nimble Jack – qui se nourrit (dans tous les sens du terme) – de tous ceux qui sont à des degrés divers atteints de folie – et celui de Declan (le héros, qui lui peut « guérir de la folie, chaque effort faisant baisser sa température corporelle – d’où le titre) proposent un affrontement intéressant. Au fil des pages -et des cycles, puisque cet album regroupe en fait trois histoires qui se suivent – le personnage de Declan prend de l’ampleur, et un mystère quasi polar l’entoure. Au milieu de cette folie infernale, entre ces deux hommes, une oie blanche, Reece, une jeune femme qui a un temps recueilli Colder, puis en est tombée amoureuse : victime désignée de Nimble, princesse à protéger pour Declan, candide témoin d’une réalité parallèle atroce, Reece sert de révélateur et joue le rôle dévolu à pas mal de femmes dans les séries B. Et c’est je trouve vers ce « genre » que lorgne cette série ; une série B originale, qui ne cherche pas à être réaliste, mais qui use du scénario et des acteurs comme d’un jouet. Ce qui ne rend pas toujours très clair le déroulé de l’histoire. Sinon, parmi tous les déjantés que nous croisons, outre Nimble, sorte de clown machiavélique et pervers, j’ai été intéressé par le personnage aux faux airs de pasteur mormon qui découpe les doigts, en sème (dans le deuxième cycle, « Mauvaise graine ») : il y a là un humour très noir au cœur d’un défouloir horrifique qui peut être plaisant. Pas toujours clair, un dessin inégal malgré de réelles fulgurances, et un genre qui n’est pas de mes préférés, voilà pour mes réserves. Mais ça n’en reste pas moins une série qui trouvera sans problème son public, au vu de ses qualités et de son originalité.
Tepe - La Colline
L’auteur est Turc, et son récit se déroule justement dans cette région, l’une des premières où les hommes se sont sédentarisés, ont construit des embryons de villes. C’est à cette époque, il y a une douzaine de milliers d’années, que ce situe le récit. L’album est épais, mais se laisse lire rapidement – et globalement agréablement. Il faut dire que le dessin, simple au demeurant, nous montre de très belles cases, que ce soit pour la savane et ses habitants, ou pour les paysages célestes. Nous sommes au moment où les mythes se structurent, où les cosmogonies se précisent, où les hommes font encore corps avec la nature sauvage. Au moment aussi où la sédentarisation change les choses, crée une rupture - ici le personnage principal résiste à cette rupture, cohabite avec une gazelle face aux hommes. C’est de cette rupture que semble s’inspirer l’auteur, avec un récit qui tient autant du roman graphique préhistorique que du récit onirique, faisant souvent fi du réalisme, pour nous plonger dans une épopée pleine de poésie et de violence. Une chouette lecture. Note réelle 3,5/5.
Mon album Platini - Génération Séville 82
Emprunté au hasard et pour rentrer la série dans la base du site, cet album s’est révélé globalement bien fichu, sans doute plus intéressant que ce que je craignais au départ. C’est un peu inclassable. Un peu de documentaire, d’histoire (du sport et du foot essentiellement, même si le contexte historique est souvent présent), et pas mal de souvenirs personnels et d’affects de l’auteur, Sylvain Venayre. Ce mélange permet de dépasser le simple recueil de souvenirs et d’anecdotes d’un fan de Platini. Surtout que l’auteur va regrouper plusieurs personnages pour commenter, se chamailler : lui-même tout jeune, et son double contemporain, mais aussi Platini lui-même (contemporain), Thierry Rolland, et Sigmund Freud ! Ces deux derniers s’exprimant à des niveaux intellectuels assez différents ! Ces choix narratifs et de personnages rendent vivant les événements que beaucoup connaissent (je suis de la même génération évoquée ici, et j’ai effectivement un souvenir précis de ce fameux match de 1982 – même si je ne suis pas fan de foot, et même si l’album s’étend bien plus en amont et en aval, avec des regards de fan énamouré, de sociologue, d’historien, etc. Rien d’extraordinaire, et sans doute les lecteurs plus jeunes seront peu sensibles à l’évocation d’une époque lointaine (les années 1980). Mais c’est quand même une lecture agréable.
Protocole Commotion
Cette bd raconte l'histoire de Malou, une fille qui s'ennuie un peu dans sa vie, aux prises avec un mec pas franchement à l'écoute, une famille pas franchement aux petits soins, et une vie pas franchement épanouissante. Elle va découvrir le club de rugby féminin du coin et par là se trouver une passion, quelque chose qui la motive et qui va lui remettre le pied à l'étrier. Le propos de la bd est sympa, le côté sororité au sein du club et la force que cela donne à l'héroïne est aussi très bien relaté, ça donne envie de faire du sport en groupe, et dans ce groupe en particulier, tant on voit Malou s'épanouir au fur et à mesure des matchs et des entrainements. J'ai aussi bien aimé le dessin, qui est parfois un peu disproportionné, inégal, mais chaleureux malgré la colorisation toute blanche des personnages. C'est simple mais efficace. Reste que le tout est quand même un peu simpliste à mon gout, on identifie vite les "méchants", qui ne sont que méchants et pas du tout en nuance. Après tout pourquoi pas, ça représente assez bien la réalité pour plein de gens, et je pense que le petit copain de la bd (qui est quand même un énorme connard) n'est facilement qu'une version light de ce qui peut se trouver dans la réalité. Mais reste qu'en bd, ça rend l'ensemble un peu convenu. Et niveau narration, j'ai aussi parfois trouvé que ça manquait un peu de spontanéité, de naturel, notamment les moments où Malou se parle à elle-même, où les surnoms des joueuses du club. J'ai fait du rugby et effectivement il y avait quelques surnoms mais quand même pas à ce point-là, et autant ça marche pour une bd comme Les Rugbymen qui est 100% humoristique, autant là pour une bd qui est moins, voire pas du tout dans ce ton, cela m'a plus dérangé. Pareil, la pseudo histoire entre Malou et son coach me semble un raccourci scénaristique un peu facile dont on aurait pu se passer. Reste que j'ai quand même apprécié ma lecture, et que c'est une bd sympa, à la morale gentillette mais qui donne le sourire.
Rani Lakshmi Bai - La Séditieuse
Vraiment bien sympa cette série, une de mes préférées dans la collection pour l’instant. Elle coche toutes les bonnes cases. Déjà le cadre est plus que dépaysant (pour moi du moins), j’ai vraiment apprécié cette excursion dans l’Inde de la moitié du XIXème siècle. Nous y découvrirons Rani Lakshmi Bai, une inconnue pour ma part, mais qui a toute sa place dans la collection. Son histoire n’est pas encore finie mais je n’ai pu m’empêcher d’aller zieuter sur Wikipedia son parcours (et sa véracité ). Bon j’ai pas trouvé grand chose de consistant si ce n’est les grandes lignes. Du coup, j’ai trouvé que les auteurs s’en sortaient vachement bien, la narration m’a paru bien plus fluide que chez ses consœurs, ils comblent les blancs de belle façon, en s’attardant sur le caractère et les motivations de notre héroïne. Il y a un petit côté romanesque fort agréable et qui s’allie bien au pays. Une reine qui porte bien son nom puisqu’elle combattra pour l’indépendance face à la toute puissante compagnie des Indes (et pas comme Gandhi). Un sujet intéressant donc mais également une très bonne réalisation, j’ai trouvé que l’on était dans le haut du panier au regard de la collection. Il faut dire que les auteurs sont rodés à l’exercice après avoir déjà œuvré sur Alienor et Catherine de Médicis. C’est parfaitement séquencé, les dialogues font naturels et la partie graphique achève l’immersion. Bref un voyage exotique bien sympathique. 3,5
J'ai tué Marat
Si je connais assez bien l’œuvre de Marat, c’était moins le cas de la vie de Charlotte Corday avant l’acte qui allait la rendre célèbre. Je ne sais pas jusqu’où Bollée a suivi la vérité pour nous la présenter, mais son parcours parait crédible. J’ai trouvé agréable cette lecture, même si tout ne m’a pas convaincu. Le dessin de Martin est bon, sobre et efficace, il fait très bien le travail. L’idée de faire se rencontrer Marat et Corday après leur mort, dans une sorte de Limbes/purgatoire est intéressante, leur confrontation, et l’irréductibilité de leurs idées donne un peu de tension, et l’occasion pour chacun de se présenter à l’autre – et donc aux lecteurs par là même. Reste que le contexte – essentiel pour comprendre la tension ambiante, l’acte de Corday, et le rôle joué par Marat à l’époque est insuffisamment présenté. Même si ça n’est pas le cœur de l’album, c’est dommage. Disons que du coup l’agitation révolutionnaire (agitation des idées autant que des actes) ne défile que comme un lointain décor. Ne reste finalement que l’affrontement entre une meurtrière et sa victime, chacun jouant un procès où il serait son propre avocat. Une lecture pas désagréable, mais pas inoubliable non plus.
Échecs
Victor L. Pinel joue ici assez habilement sur la métaphore du jeu d’échecs pour explorer les trajectoires de vie. Si l’idée de comparer les choix humains à ceux d’une partie d’échecs est intéressante, le traitement m’a laissé un peu mitigé. L’histoire principale, centrée sur Samir, un bénévole dans un EHPAD, et sa relation avec Madame Dubois, une résidente au caractère bien trempé, fonctionne dans l’ensemble. Leur dynamique, basée sur l’apprentissage des échecs, sert de fil conducteur. Toutefois, le parallèle entre les coups sur l’échiquier et les décisions de vie, bien qu’astucieux, paraît parfois forcé. La symbolique est un peu trop surlignée à mon goût. Le principe du récit choral où chaque protagoniste incarne une pièce du jeu est assez bien vu, mais certains personnages sont esquissés trop rapidement, et malgré l’intention de montrer les interconnexions entre leurs vies, on reste sur sa faim, tant les histoires personnelles manquent parfois de développement. Sur le plan visuel, le dessin est efficace même si je ne serai jamais le plus grand fan de ce style. Quelques belles planches se détachent, notamment celles illustrant l’échiquier de la vie, mais globalement, le rendu graphique reste assez conventionnel. Au final, une lecture plaisante, mais pas plus. Le concept est bon, mais son exécution manque parfois de subtilité et d’ampleur.
Sara (Ennis/Epting)
Un autre comics de guerre par Garth Ennis. L'originalité est que l'on parle de l'histoire vraie de femmes soldates russes durant la seconde guerre mondiale. Disons que ça change des histoires à bases de résistances françaises ou de G.I. combattant l'empire japonais. Le résultat est pas mal même si encore une fois je ne suis pas fan du dessin très réaliste que je trouve froid. Il ne s'en dégage aucune émotion ! Je ne suis pas non plus un gros fan des récits de guerres, mais l'avantage lorsque c'est scénarisé par Ennis c'est qu'au moins on a droit à de bons dialogues et c'est le cas ici. La narration est fluide ce qui fait que ça se lit bien. Il y a des scènes qui sortent du lot, en particulier dans le dernier chapitre, mais globalement la lecture de cet album ne m'a pas trop marqué. Un comics a emprunté si on fan des récits de guerres.
True Stories
Un recueil inégal, on sent que Backderf tâtonne encore dans ses premières années de publication, que ce soit dans la narration ou le dessin. Mais certaines anecdotes ont réussi à me surprendre et me faire rire. Je connais bien les Etats Unis pour y avoir vécu, y compris en milieu rural, et il faut bien reconnaitre que ces anecdotes prises sur le vif sont sociologiquement très intéressantes :) Elles sont très hétérogènes, mais c’est cette diversité qui fait la force du recueil. On retrouve cette critique acide de la société américaine, avec des personnages souvent grotesques, exagérés, comme si Backderf amplifiait les travers de ses contemporains pour mieux en exposer la bêtise ou la misère intellectuelle. Les strips, généralement en quatre cases, offrent des instants fugaces, des scènes de vie capturées à vif, sans forcément chercher à approfondir. Certains passages m’ont fait sourire, d’autres m’ont laissé plus indifférent. Ce que j’ai trouvé intéressant, c’est la façon dont Backderf explore l’absurdité du quotidien avec ce regard à la fois critique et décalé. Derrière chaque portrait, il y a une forme de désenchantement, comme s’il montrait un miroir déformé de l’Amérique. Le dessin évolue au fil des pages, hésitant parfois, mais on sent déjà les prémices du style qui deviendra si reconnaissable dans ses œuvres suivantes. Ce qui ressort de True Stories, c’est un mélange de cynisme et de désillusion, un regard à la fois amusé et inquiet sur la société. Ce n’est pas son meilleur travail, mais c’est un témoignage intéressant des débuts de Backderf, un aperçu de ce qui allait devenir son style unique.