Je serais moins enthousiaste que l'avis précédant.
Le récit utilise comme co-vedette le personnage historique de Yasuke qui était un samouraï noir dont on sait peu de choses. Les auteurs imaginent sa vie après qu'on perd sa trace et qu'il commence à être vieux. Le résultat est à mes yeux correct sans plus. Oui, l dessin est très beau, mais le scénario m'a semblé moyen.
À la décharge des auteurs, je ne suis pas un gros fan d'histoires de samouraïs alors peut-être que ça va plus plaire aux fans du genre vu qu'on retrouve plusieurs éléments récurrents de ce type de récit avec notamment l'honneur des samouraïs et de la vengeance. Le scénario possède des bons moments, mais ce n'est pas assez pour rendre la lecture passionnante et de plus le comportement des personnages, en particulier l'héroïne qui donne son nom au titre est un peu difficile à comprendre.
À emprunter à la bibliothèque.
Tome 2 sorti 05/09. Je n'ai pas été déçu. La série prend son allure de croisière et le résultat est correct. Reste maintenant à confirmer avec le tome 3, déjà annoncé en fin de l'album. Pourvu que les ventes suivent, car cette série pourrait devenir une bonne surprise annuelle.
Bon, avec cette nouvelle série, Corbeyran avance en terrain connu, avec des chevaliers Ténèbres ressemblant visuellement aux Nazgüls du « Seigneur des anneaux » (la page 4 s’inspire directement de leur première apparition dans l’adaptation de Peter Jackson !).
Pour le moment, c’est assez rythmé, mais l’intrigue est quasiment aussi obscure que l’ambiance et la colorisation. Les quatre chevaliers ténèbres ravagent, massacrent à tour de bras, sans que leur fièvre exterminatrice ne soit pour le moment expliquée.
J’ai parlé d’un dessin et d’une colorisation très sombres. Mais globalement, le travail de Carvalho est vraiment puissant, très bon pour ce type de récit (une version en Noir et Blanc existe et, au vu des quelques pages vues sur le net, elle confirme le talent du bonhomme). La version classique est colorisée par Priori, et son travail est lui aussi réussi, l’ensemble donne une touche très sombre, volontairement à la limite du discernable parfois.
Pour revenir sur l’histoire de Corbeyran, il n’y a là rien de renversant, cela manque à la fois d’originalité et surtout de clarté pour le moment. Mais l’exposition est intrigante et dynamique, avec un fantastique qui s’invite fortement sur la fin. A voir ce que ça va donner pour la suite…
Je m’inquiétais du temps écoulé depuis la parution du premier tome, mais apparemment le financement sur Ulule est acquis et le suivant devrait bientôt arriver dans les bacs.
Pour le moment, il y a pas mal de zones d’ombre, et certains détails m’échappent totalement (en particulier l’extrême violence de la bande de Mexicains, tueurs sadiques aux motivations obscures – le vol de chevaux me semblant quand même insuffisant pour expliquer les deux carnages auxquels nous assistons). De la même manière, le personnage de Bill laisse entrevoir beaucoup de mystères (et la dernière case en forme de gros cliffhanger nous fait penser qu’il va jouer un rôle central par la suite). Quant au personnage d’Emma, dont la métamorphose en pistolero m’est apparue un chouia trop rapide et peu crédible, elle a déjà commencé à livrer ses secrets et sa quête de vengeance et de ses filles.
Beaucoup de questions donc, et un scénario pour le moment pas mal alambiqué. Mais cet album inaugural se laisse lire agréablement.
D’abord c’est très rythmé. Ensuite, comme je l’ai dit, les questions en suspens attise la curiosité.
Ensuite le dessin de Des Dorides est plutôt bon et agréable. En particulier pour les dames – mais pas que, les décors sont bien rendus, et c’est fluide et plaisant.
Bref, pour le moment, c’est une série qui donne envie de lire la suite.
Ah mince, je voulais beaucoup plus aimer que ça... Rah, c'est presque frustrant !
L'idée de base de la BD m'a vite intéressé et je me suis plongé dans cette histoire servie par une pagination importante et une mise en scène bien campée sur des cases qui se répondent, jouant sur la mise en scène et les sens de lecture pour rendre compte du gigantisme de la station spatiale tout autant que de actions simultanées ou des scènes nerveuses notamment les courses poursuites. Je m'attarde sur ce point puisqu'en fait j'ai une petite frustration : la BD profite de son grand format pour en mettre visuellement plein les yeux, mais en même temps l'histoire ne profite pas souvent à mon goût de cette page immense pour son format. Il y a quelques utilisations sur la verticale (notamment lors des ascenseurs) mais ça manque de pleine page qui fait ressentir le gigantisme de tout ça. C'est dommage, mais le dessin est vraiment un point fort de par son utilisation qui joue des codes de la BD pour étaler des poursuites sur plusieurs cases, faisant ressentir le temps qui passe ou percevoir l'espace comme fouillis. Un très bon point, donc.
Niveau histoire, c'est plus discutable. L'intention est louable et je ne dirais pas qu'elle est mauvaise en soi. Il y a de bonnes idées, notamment dans les caractérisations qui veulent chacune retranscrire un personnage de riche caricaturale mais dénonciateur de personnes réelles (masculinisme/virilisme à outrance, milliardaire touchant à la génétique, chanteur plagiant des œuvres...). Ces tendances exacerbées dans la caractérisation les rendent tout de suite détestables mais également réalistes. J'ai l'impression que l'auteur s'est inspiré de certaines têtes réelles, même si je ne suis pas certain desquelles.
Par contre, l'histoire a beau avoir sa base intéressante, elle est devenue très - trop- vite prévisible. Après le premier quart de l'histoire j'avais déjà une idée des grandes lignes du récit et effectivement je n'ai pratiquement pas vu de déviation dans celui-ci. Il faut dire que certaines choses sont amenées trop vite et qu'il manquerait la rétention d'information pour que j'eusse été pleinement investi dedans.
En fin de compte, pratiquement toutes les révélations ont été éventées au préalable par une petite phrase que j'ai compris trop vite, me dévoilant ainsi les coulisses de chaque retournement de situation. Ce qui est dommage, puisque ces révélations avaient un réel intérêt et le scénario aurait vraiment gagné à rester plus cryptique pour le lecteur. D'autre part certains détails semblent parfois mal intégrés ou pas assez développés. Son copain qui atterrit à l'hosto semble surtout là pour dénoncer la violence des jeux qu'on donne pour calmer la plèbe mais n'intervient plus ensuite, de même que son goût pour la lecture a sans doute façonné son envie de révolte, mais sans jamais nous expliquer son cheminement intellectuel. L'histoire semble parfois grosse aussi, notamment autour de la gamine qui semble accepter bien trop vite de faire des choses illégales, malgré un endoctrinement depuis l'enfance.
Ce qui est dommage, c'est que j'ai fermé la BD en ayant plus le ressenti négatif alors que l'ensemble contient beaucoup de positif. Mais trop de petites choses auraient mérité plus de développement, comme cette société qui s'est figée dans le temps et ne fait que ressasser de vieilles œuvres d'art (musicales et littéraires) sans jamais en créer de nouvelles. Cette façon de recycler toujours tout aurait été une piste très intéressante à développer, sans doute à mettre en parallèle de nos industries du loisir actuelles.
Il serait dommage de limiter les qualités de la BD à mon simple ressenti final, négligeant le réel travail visuel, l'histoire fouillée et l'envie de traiter de sujets importants sur notre société. Donc je finirais plutôt par une recommandation de lecture en précisant que ce n'est clairement pas la BD de l'année.
Ça fait des années que je voulais relire cette BD et c'est enfin chose faite. Je n'avais conservé que quelques bribes de ma première lecture et la relecture a permis de remettre tout ça au clair. Et finalement, je dirais que c'est mieux que Shenzhen, mais que je ne suis pas comblé non plus.
La BD a des limites imputables au genre du carnet de voyage : on se limite à l'avis et la vision de l'auteur. Aucune informations étayée ne vient s'ajouter à l'ensemble, pas de regard documentaire ajouté ni d'explications historiques, de moment où l'on sort du rapport purement personnel que l'auteur a eu dans son voyage. D'autant que dans un tel pays, il est difficile de dire que l'on voit grand chose, tant le pays reste fermé y compris à l'intérieur de ses frontières. De fait, à la fin de la lecture, je trouve qu'on a un réel manque d'informations, de faits qui permettraient d'éclairer un peu plus la lanterne de cette contrée si mystérieuse.
Si je dis ça, c'est que cette BD a quelques années dans les dents aujourd'hui et ça se sent. Je suis sorti de la BD amusé, avec quelques anecdotes qui m'ont marqué et qui sont intéressantes, mais globalement l'histoire centrale est assez pauvre (Delisle va là-bas superviser des dessins animés et reste trois mois), les dialogues ne sont pas percutants et je reste sur ma faim. Rien que le fait de produire en sous-main les dessins animés français dans un pays clairement dictatorial et exploitant ses habitants aurait mérité un développement. La façon dont la France peut cautionner un système par l'industrie vidéo-ludique est assez glaçant mais passé complètement à la trappe.
Guy Delisle a amélioré son dessin par rapport à Shenzhen et la fluidité de lecture ainsi que sa narration. C'est beaucoup plus lisible et il y a moins de temps morts qui parsèment l'ouvrage. Cette évolution ne suffit cependant pas à mes yeux pour la trouver indispensable ou réussie, notamment lorsque je compare à d'autres ouvrages documentaires. Par rapport à ceux de Lou Lubie, Kobane Calling ou les ouvrages de Lepage et Joe Sacco, il manque vraiment quelque chose aux témoignages de Delisle pour que je les apprécie pleinement. Peut-être qu'au début des années 2000, avant l'internet massif et la communication rapide, un tel témoignage était déjà une excellente chose, mais à l'heure actuelle je le trouve malheureusement trop léger.
L’album se laisse lire, relativement rapidement et agréablement. Mais, au final, me reste quand même une impression de superficialité, qui dérange un peu vu le cadre où se déroule l’histoire (la guerre civile au Liban).
Les deux auteurs se sont rendus à Beyrouth au début des années 1990, initialement pour apporter quelques matériels (comme un fauteuil roulant) à une parente travaillant dans l’humanitaire près de Beyrouth. Arrivés sur place, ils proposent leurs services, pour aider de quelque manière que ce soit (dans les hôpitaux en particulier), mais peinent à trouver des interlocuteurs convaincus de leur trouver une tâche utile (si ce n’est du terrassement à un moment).
Du coup, leur déception et leur désœuvrement vampirisent le récit, au point que l’on perd presque de vue la guerre elle-même – quelques explosions sonnent quand même le rappel, et en conclusion, l’annonce de la mort d’un jeune homme croisé durant le séjour des frères Ricard vient elle aussi rappeler cette guerre.
As désagréable en soi, le récit m’a au final laissé sur ma faim. Il lui manque des à-côtés qui auraient permis de faire oublier le manque de force et de fond.
Quant au dessin de Gaultier, simple et brouillon, un peu nerveux, jouant souvent sur des hachures, il passe bien, son trait moderne parvient bien à croquer personnages et décors.
Note réelle 2,5/5.
C’est étonnant que cet album, publié en 1951 aux Etats-Unis, ait attendu aussi longtemps pour l’être en France. En effet, si la critique/satire de la société qu’il met en avant est ancrée – du moins visuellement – dans les années 1950, cette critique et l’humour qui la sous-tend est intemporelle, et fait encore mouche aujourd’hui.
S’il a aussi publié deux livres pour la jeunesse, l’auteur était avant tout un scénariste et réalisateur, mais aussi un cartooniste. C’est ce dernier aspect qui influence cet album. En effet, on a au vu du dessin l’impression d’être plongé dans les cartoons des années cinquante. Avec une influence du dessin de presse, pour croquer en vitesse expressions des personnages et décors (extrêmement minimalistes, avec un rendu proche de Sempé parfois).
Il n’y a pas de phylactère ou de dialogues, tout le texte est placé au milieu ou en bas des pages, avec une narration au style indirecte.
Tashlin nous propose une critique amusante et caustique de la société occidentale, de la société de consommation surtout (mais on trouve quelques allusions à la guerre froide, une dénonciation du sensationnalisme de la presse). Mais il le fait de façon plutôt originale.
C’est une sorte d’histoire mondiale à rebours, où le texte suit bien l’ordre chronologique – en tout cas globalement – de la préhistoire au monde contemporain, tandis que les images semblent aller dans le sens inverse. Cela crée un décalage amusant, renforcé par le fait que peu importe le commentaire ou l’époque évoquée, tout est situé dans les années cinquante au niveau visuel. Un double décalage donc, alors que le texte est sec, vaguement sérieux. Il en ressort une critique insidieuse et efficace de nos sociétés, jouant sur une ironie plus ou moins mordante.
L’album est très vite lu, mais j’ai trouvé plaisante
J’ai lu le premier des deux tomes, qui rassemble deux histoires. C’est clairement destiné à un très jeune lectorat, mais celui-ci y trouvera sans doute son compte.
En effet, le dessin très simple et tout en rondeurs, le format carré avec de grandes cases permettent une bonne prise en main et une lecture aisée.
Il y a très peu de personnages – essentiellement le jeune chevalier « Tête ronde » et son cheval Édouard, avec quelques seconds rôles. Édouard est très présent, semble plus réfléchi que son maître, mais c’est le jeune chevalier qui occupe l’essentiel des cases et de l’action, hyper actif, parlant, s’agitant dans tous les sens, expérimentant à tout va, Édouard jouant souvent le rôle de frein, ou de sauveur, lorsque « Tête ronde » a perdu son nounours ou qu’il a suivi un griffon trop loin.
C’est très rythmé, tout en n’étant pas compliqué à suivre, donc très bien pour les plus jeunes.
Je ne suis probablement pas le lecteur idéal pour aviser cette série de trois épisodes regroupés en une intégrale. Dans un univers de SF d'un futur proche, Jessica Abel propose une histoire assez complexe qui parlera surement plus à un public US. En effet l'autrice construit son récit autour d'une histoire sportive basée sur le Roller Derby. Ce sport est très mal connu en France ce qui rend l'accès au vocabulaire et aux subtilités tactiques peu aisé. Toutefois l'autrice réussit à rendre son récit vivant grâce à une belle galerie de personnages, des relations entre équipières bien travaillées et des rebondissements intéressants. Mais derrière le parcours sportif de l'attachante Trish, l'autrice propose une message écologique, social et sociétal qui se complexifie au fil du récit.
Ainsi, si les dialogues du T1 sont assez simples cela devient une lecture bien plus complexe au T3.
Le message en direction d'un lectorat ado est assez soft mais bien ciblé. C'est la note écologique qui est tout de suite présente avec une eau rare qui est l'objet de tous les efforts et de toutes les convoitises. Cela permet à l'autrice de rappeler à son lectorat la thématique des Natives et d'une colonisation féroce. Enfin le récit se concentre sur une thématique sociale soulignant les dangers de la puissance des grands Trust.
C'est le graphisme qui m'a le moins séduit. Même si les personnages sont attachants , j'ai trouvé le trait de Jessica Abel peu fluide et trop figé. Cela manque de fluidité dans les mouvements avec certains personnages pas suffisamment travaillés.
C'est toutefois une bonne lecture pour les ados et plus. Un bon 3
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Hitomi
Je serais moins enthousiaste que l'avis précédant. Le récit utilise comme co-vedette le personnage historique de Yasuke qui était un samouraï noir dont on sait peu de choses. Les auteurs imaginent sa vie après qu'on perd sa trace et qu'il commence à être vieux. Le résultat est à mes yeux correct sans plus. Oui, l dessin est très beau, mais le scénario m'a semblé moyen. À la décharge des auteurs, je ne suis pas un gros fan d'histoires de samouraïs alors peut-être que ça va plus plaire aux fans du genre vu qu'on retrouve plusieurs éléments récurrents de ce type de récit avec notamment l'honneur des samouraïs et de la vengeance. Le scénario possède des bons moments, mais ce n'est pas assez pour rendre la lecture passionnante et de plus le comportement des personnages, en particulier l'héroïne qui donne son nom au titre est un peu difficile à comprendre. À emprunter à la bibliothèque.
Le Grizzli
Tome 2 sorti 05/09. Je n'ai pas été déçu. La série prend son allure de croisière et le résultat est correct. Reste maintenant à confirmer avec le tome 3, déjà annoncé en fin de l'album. Pourvu que les ventes suivent, car cette série pourrait devenir une bonne surprise annuelle.
Les Chevaliers Ténèbres
Bon, avec cette nouvelle série, Corbeyran avance en terrain connu, avec des chevaliers Ténèbres ressemblant visuellement aux Nazgüls du « Seigneur des anneaux » (la page 4 s’inspire directement de leur première apparition dans l’adaptation de Peter Jackson !). Pour le moment, c’est assez rythmé, mais l’intrigue est quasiment aussi obscure que l’ambiance et la colorisation. Les quatre chevaliers ténèbres ravagent, massacrent à tour de bras, sans que leur fièvre exterminatrice ne soit pour le moment expliquée. J’ai parlé d’un dessin et d’une colorisation très sombres. Mais globalement, le travail de Carvalho est vraiment puissant, très bon pour ce type de récit (une version en Noir et Blanc existe et, au vu des quelques pages vues sur le net, elle confirme le talent du bonhomme). La version classique est colorisée par Priori, et son travail est lui aussi réussi, l’ensemble donne une touche très sombre, volontairement à la limite du discernable parfois. Pour revenir sur l’histoire de Corbeyran, il n’y a là rien de renversant, cela manque à la fois d’originalité et surtout de clarté pour le moment. Mais l’exposition est intrigante et dynamique, avec un fantastique qui s’invite fortement sur la fin. A voir ce que ça va donner pour la suite… Je m’inquiétais du temps écoulé depuis la parution du premier tome, mais apparemment le financement sur Ulule est acquis et le suivant devrait bientôt arriver dans les bacs.
Wyoming, 1863
Pour le moment, il y a pas mal de zones d’ombre, et certains détails m’échappent totalement (en particulier l’extrême violence de la bande de Mexicains, tueurs sadiques aux motivations obscures – le vol de chevaux me semblant quand même insuffisant pour expliquer les deux carnages auxquels nous assistons). De la même manière, le personnage de Bill laisse entrevoir beaucoup de mystères (et la dernière case en forme de gros cliffhanger nous fait penser qu’il va jouer un rôle central par la suite). Quant au personnage d’Emma, dont la métamorphose en pistolero m’est apparue un chouia trop rapide et peu crédible, elle a déjà commencé à livrer ses secrets et sa quête de vengeance et de ses filles. Beaucoup de questions donc, et un scénario pour le moment pas mal alambiqué. Mais cet album inaugural se laisse lire agréablement. D’abord c’est très rythmé. Ensuite, comme je l’ai dit, les questions en suspens attise la curiosité. Ensuite le dessin de Des Dorides est plutôt bon et agréable. En particulier pour les dames – mais pas que, les décors sont bien rendus, et c’est fluide et plaisant. Bref, pour le moment, c’est une série qui donne envie de lire la suite.
Arca ou la nouvelle Eden
Ah mince, je voulais beaucoup plus aimer que ça... Rah, c'est presque frustrant ! L'idée de base de la BD m'a vite intéressé et je me suis plongé dans cette histoire servie par une pagination importante et une mise en scène bien campée sur des cases qui se répondent, jouant sur la mise en scène et les sens de lecture pour rendre compte du gigantisme de la station spatiale tout autant que de actions simultanées ou des scènes nerveuses notamment les courses poursuites. Je m'attarde sur ce point puisqu'en fait j'ai une petite frustration : la BD profite de son grand format pour en mettre visuellement plein les yeux, mais en même temps l'histoire ne profite pas souvent à mon goût de cette page immense pour son format. Il y a quelques utilisations sur la verticale (notamment lors des ascenseurs) mais ça manque de pleine page qui fait ressentir le gigantisme de tout ça. C'est dommage, mais le dessin est vraiment un point fort de par son utilisation qui joue des codes de la BD pour étaler des poursuites sur plusieurs cases, faisant ressentir le temps qui passe ou percevoir l'espace comme fouillis. Un très bon point, donc. Niveau histoire, c'est plus discutable. L'intention est louable et je ne dirais pas qu'elle est mauvaise en soi. Il y a de bonnes idées, notamment dans les caractérisations qui veulent chacune retranscrire un personnage de riche caricaturale mais dénonciateur de personnes réelles (masculinisme/virilisme à outrance, milliardaire touchant à la génétique, chanteur plagiant des œuvres...). Ces tendances exacerbées dans la caractérisation les rendent tout de suite détestables mais également réalistes. J'ai l'impression que l'auteur s'est inspiré de certaines têtes réelles, même si je ne suis pas certain desquelles. Par contre, l'histoire a beau avoir sa base intéressante, elle est devenue très - trop- vite prévisible. Après le premier quart de l'histoire j'avais déjà une idée des grandes lignes du récit et effectivement je n'ai pratiquement pas vu de déviation dans celui-ci. Il faut dire que certaines choses sont amenées trop vite et qu'il manquerait la rétention d'information pour que j'eusse été pleinement investi dedans. En fin de compte, pratiquement toutes les révélations ont été éventées au préalable par une petite phrase que j'ai compris trop vite, me dévoilant ainsi les coulisses de chaque retournement de situation. Ce qui est dommage, puisque ces révélations avaient un réel intérêt et le scénario aurait vraiment gagné à rester plus cryptique pour le lecteur. D'autre part certains détails semblent parfois mal intégrés ou pas assez développés. Son copain qui atterrit à l'hosto semble surtout là pour dénoncer la violence des jeux qu'on donne pour calmer la plèbe mais n'intervient plus ensuite, de même que son goût pour la lecture a sans doute façonné son envie de révolte, mais sans jamais nous expliquer son cheminement intellectuel. L'histoire semble parfois grosse aussi, notamment autour de la gamine qui semble accepter bien trop vite de faire des choses illégales, malgré un endoctrinement depuis l'enfance. Ce qui est dommage, c'est que j'ai fermé la BD en ayant plus le ressenti négatif alors que l'ensemble contient beaucoup de positif. Mais trop de petites choses auraient mérité plus de développement, comme cette société qui s'est figée dans le temps et ne fait que ressasser de vieilles œuvres d'art (musicales et littéraires) sans jamais en créer de nouvelles. Cette façon de recycler toujours tout aurait été une piste très intéressante à développer, sans doute à mettre en parallèle de nos industries du loisir actuelles. Il serait dommage de limiter les qualités de la BD à mon simple ressenti final, négligeant le réel travail visuel, l'histoire fouillée et l'envie de traiter de sujets importants sur notre société. Donc je finirais plutôt par une recommandation de lecture en précisant que ce n'est clairement pas la BD de l'année.
Pyongyang
Ça fait des années que je voulais relire cette BD et c'est enfin chose faite. Je n'avais conservé que quelques bribes de ma première lecture et la relecture a permis de remettre tout ça au clair. Et finalement, je dirais que c'est mieux que Shenzhen, mais que je ne suis pas comblé non plus. La BD a des limites imputables au genre du carnet de voyage : on se limite à l'avis et la vision de l'auteur. Aucune informations étayée ne vient s'ajouter à l'ensemble, pas de regard documentaire ajouté ni d'explications historiques, de moment où l'on sort du rapport purement personnel que l'auteur a eu dans son voyage. D'autant que dans un tel pays, il est difficile de dire que l'on voit grand chose, tant le pays reste fermé y compris à l'intérieur de ses frontières. De fait, à la fin de la lecture, je trouve qu'on a un réel manque d'informations, de faits qui permettraient d'éclairer un peu plus la lanterne de cette contrée si mystérieuse. Si je dis ça, c'est que cette BD a quelques années dans les dents aujourd'hui et ça se sent. Je suis sorti de la BD amusé, avec quelques anecdotes qui m'ont marqué et qui sont intéressantes, mais globalement l'histoire centrale est assez pauvre (Delisle va là-bas superviser des dessins animés et reste trois mois), les dialogues ne sont pas percutants et je reste sur ma faim. Rien que le fait de produire en sous-main les dessins animés français dans un pays clairement dictatorial et exploitant ses habitants aurait mérité un développement. La façon dont la France peut cautionner un système par l'industrie vidéo-ludique est assez glaçant mais passé complètement à la trappe. Guy Delisle a amélioré son dessin par rapport à Shenzhen et la fluidité de lecture ainsi que sa narration. C'est beaucoup plus lisible et il y a moins de temps morts qui parsèment l'ouvrage. Cette évolution ne suffit cependant pas à mes yeux pour la trouver indispensable ou réussie, notamment lorsque je compare à d'autres ouvrages documentaires. Par rapport à ceux de Lou Lubie, Kobane Calling ou les ouvrages de Lepage et Joe Sacco, il manque vraiment quelque chose aux témoignages de Delisle pour que je les apprécie pleinement. Peut-être qu'au début des années 2000, avant l'internet massif et la communication rapide, un tel témoignage était déjà une excellente chose, mais à l'heure actuelle je le trouve malheureusement trop léger.
Clichés Beyrouth 1990
L’album se laisse lire, relativement rapidement et agréablement. Mais, au final, me reste quand même une impression de superficialité, qui dérange un peu vu le cadre où se déroule l’histoire (la guerre civile au Liban). Les deux auteurs se sont rendus à Beyrouth au début des années 1990, initialement pour apporter quelques matériels (comme un fauteuil roulant) à une parente travaillant dans l’humanitaire près de Beyrouth. Arrivés sur place, ils proposent leurs services, pour aider de quelque manière que ce soit (dans les hôpitaux en particulier), mais peinent à trouver des interlocuteurs convaincus de leur trouver une tâche utile (si ce n’est du terrassement à un moment). Du coup, leur déception et leur désœuvrement vampirisent le récit, au point que l’on perd presque de vue la guerre elle-même – quelques explosions sonnent quand même le rappel, et en conclusion, l’annonce de la mort d’un jeune homme croisé durant le séjour des frères Ricard vient elle aussi rappeler cette guerre. As désagréable en soi, le récit m’a au final laissé sur ma faim. Il lui manque des à-côtés qui auraient permis de faire oublier le manque de force et de fond. Quant au dessin de Gaultier, simple et brouillon, un peu nerveux, jouant souvent sur des hachures, il passe bien, son trait moderne parvient bien à croquer personnages et décors. Note réelle 2,5/5.
Le Monde qui n'est pas
C’est étonnant que cet album, publié en 1951 aux Etats-Unis, ait attendu aussi longtemps pour l’être en France. En effet, si la critique/satire de la société qu’il met en avant est ancrée – du moins visuellement – dans les années 1950, cette critique et l’humour qui la sous-tend est intemporelle, et fait encore mouche aujourd’hui. S’il a aussi publié deux livres pour la jeunesse, l’auteur était avant tout un scénariste et réalisateur, mais aussi un cartooniste. C’est ce dernier aspect qui influence cet album. En effet, on a au vu du dessin l’impression d’être plongé dans les cartoons des années cinquante. Avec une influence du dessin de presse, pour croquer en vitesse expressions des personnages et décors (extrêmement minimalistes, avec un rendu proche de Sempé parfois). Il n’y a pas de phylactère ou de dialogues, tout le texte est placé au milieu ou en bas des pages, avec une narration au style indirecte. Tashlin nous propose une critique amusante et caustique de la société occidentale, de la société de consommation surtout (mais on trouve quelques allusions à la guerre froide, une dénonciation du sensationnalisme de la presse). Mais il le fait de façon plutôt originale. C’est une sorte d’histoire mondiale à rebours, où le texte suit bien l’ordre chronologique – en tout cas globalement – de la préhistoire au monde contemporain, tandis que les images semblent aller dans le sens inverse. Cela crée un décalage amusant, renforcé par le fait que peu importe le commentaire ou l’époque évoquée, tout est situé dans les années cinquante au niveau visuel. Un double décalage donc, alors que le texte est sec, vaguement sérieux. Il en ressort une critique insidieuse et efficace de nos sociétés, jouant sur une ironie plus ou moins mordante. L’album est très vite lu, mais j’ai trouvé plaisante
Les Aventures d'Edouard et son chevalier Tête-Ronde
J’ai lu le premier des deux tomes, qui rassemble deux histoires. C’est clairement destiné à un très jeune lectorat, mais celui-ci y trouvera sans doute son compte. En effet, le dessin très simple et tout en rondeurs, le format carré avec de grandes cases permettent une bonne prise en main et une lecture aisée. Il y a très peu de personnages – essentiellement le jeune chevalier « Tête ronde » et son cheval Édouard, avec quelques seconds rôles. Édouard est très présent, semble plus réfléchi que son maître, mais c’est le jeune chevalier qui occupe l’essentiel des cases et de l’action, hyper actif, parlant, s’agitant dans tous les sens, expérimentant à tout va, Édouard jouant souvent le rôle de frein, ou de sauveur, lorsque « Tête ronde » a perdu son nounours ou qu’il a suivi un griffon trop loin. C’est très rythmé, tout en n’étant pas compliqué à suivre, donc très bien pour les plus jeunes.
Rollergirl sur Mars
Je ne suis probablement pas le lecteur idéal pour aviser cette série de trois épisodes regroupés en une intégrale. Dans un univers de SF d'un futur proche, Jessica Abel propose une histoire assez complexe qui parlera surement plus à un public US. En effet l'autrice construit son récit autour d'une histoire sportive basée sur le Roller Derby. Ce sport est très mal connu en France ce qui rend l'accès au vocabulaire et aux subtilités tactiques peu aisé. Toutefois l'autrice réussit à rendre son récit vivant grâce à une belle galerie de personnages, des relations entre équipières bien travaillées et des rebondissements intéressants. Mais derrière le parcours sportif de l'attachante Trish, l'autrice propose une message écologique, social et sociétal qui se complexifie au fil du récit. Ainsi, si les dialogues du T1 sont assez simples cela devient une lecture bien plus complexe au T3. Le message en direction d'un lectorat ado est assez soft mais bien ciblé. C'est la note écologique qui est tout de suite présente avec une eau rare qui est l'objet de tous les efforts et de toutes les convoitises. Cela permet à l'autrice de rappeler à son lectorat la thématique des Natives et d'une colonisation féroce. Enfin le récit se concentre sur une thématique sociale soulignant les dangers de la puissance des grands Trust. C'est le graphisme qui m'a le moins séduit. Même si les personnages sont attachants , j'ai trouvé le trait de Jessica Abel peu fluide et trop figé. Cela manque de fluidité dans les mouvements avec certains personnages pas suffisamment travaillés. C'est toutefois une bonne lecture pour les ados et plus. Un bon 3