Les éditions Ici Même ont comme à leur habitude pris quelques risques avec cet album, et réalisé un très beau travail éditorial pour nous le proposer en lecture.
Quelques risques disais-je, car c’est un petit pavé (plus de 500 pages), et un pur roman graphique, où on peut tout à fait avoir le sentiment qu’il ne se passe pas grand-chose.
Et c’est vrai que c’est davantage contemplatif que bourré d’action. Mais pas au sens poétique. Non, ce serait plutôt rêvasser, suivre le temps qui passe, observer les changements de lumière, ramasser les bestioles qui croisent notre regard : nous suivons un court laps de temps de l’enfance de l’auteur. Les nombreuses conneries faites (souvent sous l’influence du même camarade d’ailleurs !), les expériences, les découvertes. La plupart du temps autour de chez soi, dans « la friche » où les gosses se retrouvent pour jouer, bricoler, se perdre ou s’embourber, ou ailleurs.
Le jeune Lapp sort d’autant plus facilement retrouver ses copains que ses parents forment un couple assez froid (mention spéciale à son père, quasi muet, et peu attachant – alors même qu’il fait partie des personnes remerciées en fin d’album pour avoir partagé des souvenirs, c’est donc que tout n’a pas été rompu).
C’est un pavé, mais qui est en fait assez vite lu, car il n’y a pas beaucoup de texte. C’est globalement plaisant, fluide et plein de vie. Mais c’est aussi parfois un peu long, ces longueurs auraient sans doute pu être limitées, pour donner plus de force à ce récit d’enfance.
Le dessin est assez simple, presque minimaliste, mais il est aussi très lisible. Il participe de la fluidité de la lecture – mais aussi, il faut le reconnaître, d’une certaine lassitude parfois.
Cela faisait plus de trente ans que je n'avais pas lu une histoire de Superman, un personnage trop lisse à mes yeux et un côté boy-scout qui m'agace.
Dans un monde parallèle la capsule de notre super-héros ne s'écrase pas aux États-Unis mais dans une plaine ukrainienne. Il sera donc élevé sous la doctrine communiste, il deviendra le bras droit de Staline et la nouvelle arme de dissuasion pendant la guerre froide.
Je dois reconnaître que Mark Millar a souvent d'excellentes idées de départ, mais comme à son habitude elles seraont mal exploitées.
Le début de ma lecture fut très difficile avec ce superman flanqué du marteau et de la faucille sur son costume, j'ai trouvé le scénario puéril. En effet, notre super-soldat avec sa formidable ouïe va empêcher un nombre incalculable de catastrophes, même chez son plus grand rival. Depuis quand l'URSS vient en aide à l'oncle Sam ? Par contre, il sera incapable d'entendre ce qui se trame derrière son dos...
J'aurais aussi aimé découvrir un superman plus sombre et véritablement endoctriné par la pensée soviétique, à la place, je retrouve un surhomme avec un bon fond qui veut créer un monde parfait, une utopie qui sera sa raison de vivre. Millar distille quelques thèmes pour en faire un récit adulte (principalement sur les moyens utilisés pour arriver à ses fins) mais ça reste trop basique. Il n'y a pas que du négatif, j'ai aimé la narration avec la voix off de Superman et la conclusion, même si les dernières planches défilent à vitesse grand V temporellement.
Graphiquement rien d'extraordinaire, Killian Plunkett nous propose du très classique dans le genre comics. Un trait grossier qui ne met pas les personnages en valeur, Wonder Woman est vraiment horrible. Et tout aussi sans saveur colorisaton et mise en page.
Une lecture qui ne me restera pas en mémoire.
Un petit 3 étoiles.
Je ressors avec un avis plutôt mitigé de cette lecture.
Il y a des choses sympas, comme le dessin. Plusieurs styles se côtoient, et il n’est pas forcément très fouillé. Mais globalement, j’ai bien aimé le rendu, le travail en Noir et Blanc avec hachures. Ce travail et le fait que les personnages soient des chats m’a fait penser à certaines histoires de Matticchio.
Pour le reste, il y a aussi des choses intéressantes, avec des sujets intemporels, autour des relations entre individus : entre enfants et parents, au sein d’un couple (un personnage est particulièrement odieux avec sa « copine », qui ne parvient pourtant pas à se détacher de celui qui l’humilie sans cesse), etc.
Les rêves que l’on fait enfant, pour transcender la réalité, la rendre acceptable, le deuil (d’une grand-mère ici) sont d’autres thèmes abordés.
Le principal problème selon moi vient de la construction du récit, beaucoup trop éclatée, beaucoup trop confuse, au point qu’on a l’impression de suivre plusieurs histoires et de ne jamais connaitre leur fin. Les fausses pubs qui s’immiscent dans le récit, si elles sont parfois intéressantes et amusantes (celles pour les clopes en particulier, qui rappellent une triste réalité en fait), accentue le caractère décousu de l’ensemble, avec de courts chapitres mêlant rêve et réalité, histoires de robots et histoires de chats humanoïdes. C’est un peu dur à suivre en fait.
A noter quand même pour finir que, comme d’habitude pour cet éditeur, le travail éditorial est très beau, avec papier et couverture épais, dos toilé, etc.
Trif s’est fait une spécialité de la réinterprétation des contes célèbres, en leur donnant une tonalité résolument érotique. Ce « Cendrillon » était je crois sa première tentative du genre.
Ça se sent surtout au niveau du dessin. Si les scènes de sexes sont plutôt bien rendues, et si le dessin est globalement bon et très lisible, il est aussi peu détaillé parfois, et il s’améliorera clairement dans ses séries suivantes.
L’histoire d’origine est bien sûr ici fortement pervertie, puisque la maltraitance subie par Cendrillon de la part de sa marâtre tourne franchement au harcèlement et à la torture physique, flagellations, humiliations sadiques (avec les deux filles de la marâtre et quelques serviteurs comme partenaires) écrasant une Cendrillon un peu nunuche et peu combative.
Mais en fait tous les personnages sont plus ou moins neuneus – seuls leurs degrés de cynisme et/ou de méchanceté les distinguant parfois. Certes, la fée, marraine de Cendrillon, lui veut a priori du bien. Mais, surtout intéressée par le sexe, elle l’oublie bien volontiers.
L’histoire est sympathique, sans être exceptionnelle, et les scènes de sexe s’enchainent, comme les expositions de sexes féminins, sans que la sensualité ne soit trop présente.
Reste un humour bon enfant et quelques réactions de personnages un peu perdus, qui rendent la lecture agréable.
Mouais. Disons que ça se laisse lire, et que c’est rythmé. Ça l’est même de plus en plus – et on sent bien en amont que ça va dérailler, et même comment ça va finir.
Bec nous pond là un scénario classique et sans trop de surprise donc, une BD « de genre », qui peut faire penser à certains films de Carpenter, où l’on ne s’encombre pas trop de psychologie, ni de scénarios trop alambiqués (je pense par exemple à « Assaut »). C’est donc une lecture détente, un emprunt éventuel (comme ce fut le cas pour moi) pouvant se justifier.
Mais c’est clair que ça n’est pas une histoire marquante. Je suis même resté sur ma faim concernant le flic infiltré, n’ayant pas vraiment compris quelle était réellement sa mission, ni ce qui s’était passé à la fin avec le footballer et la fille (même en faisant quelques retours en arrière).
De la même façon, beaucoup de personnages se ressemblent, parmi les divers gangs sévissant dans cette prison de fous – et d’ailleurs la plupart des personnages finissent par s’entretuer sauvagement (quand ils ne sont pas massacrés par la police, sans qu’on ait pu suivre vraiment qui était qui parmi les victimes, la boucherie/défouloir l’emportant sur la complexité du scénario).
Deux dessinateurs se partagent le travail (chacun sa moitié d’album). Je ne suis pas fan de ce genre de changement en cours d’une série – encore moins en cours d’album, mais leurs styles se ressemblent : efficace, mais là aussi manquant de détails parfois.
Note réelle 2,5/5.
Vous ferai-je l’affront d’évoquer la cultissime série des « Trinita » comme référence principale à ce « On les appelle Junior & Senior » ?… Bien plus qu’un simple hommage, cette nouvelle série signée Robin Recht, au scénario cette fois, et Jean-Baptiste Hostache au dessin, est une véritable déclaration d’amour au duo mythique Bud Spencer – Terrence Hill : la castagne à coup de bourre-pif, les fayots, les engueulades à répétition entre les deux frangins, une intrigue enfantine, il y a là tous les éléments clés qui ont fait le succès des deux compères.
Me concernant je ne garde pas un grand souvenir des Trinita. Plus spécifiquement sur la carrière du duo, j’ai en mémoire « Les Super-flics de Miami », « Pair et Impair », ou encore « Salut l’ami, adieu le trésor ». Mais bon, leur carrière respectif ou ensemble fût tellement riche… En tout cas ce Junior & Senior est truffé de références, même si je suis loin de les avoir toutes captées on les perçoit en seconde lecture. Par exemple il y a Eli Wallach qui fait une apparition et il a tendance à trop parler au lieu de tirer (si vous voyez ce que j’veux dire). Ou encore Mlle Bismarck dont s’amourache Junior, et dont on peut penser qu’elle fait référence à la femme de Terrence Hill, une américaine d’origine allemande. Les experts pourront s’amuser à essayer de tout repérer.
Sinon, pour rentrer dans le vif du sujet, j’ai trouvé ça sympathique, à l’image de ce vieux duo de notre enfance. Je n’irai pas jusqu’à dire que c’est un incontournable et que ça vaut son pesant de cacahuète, mais on passe honnêtement un bon moment, ça se laisse lire, sans aucune surprise. Je me demande même si ce n’est pas une bd à mettre davantage entre les mains d’un enfant. Après tout, moi ça touche à mes souvenirs d’enfant, je n’ai revu aucun de leurs films depuis cette époque. Il y a comme un charme suranné là-dedans, qui n’est pas désagréable en soi, mais je ne ressent pas particulièrement l’envie de m’y replonger.
Le dessin de Hostache est approprié, tout en rondeur, rigolo, avec des couleurs qui donne un aspect un peu vieilli évoquant nos Lucky Luke de jeunesse. Donc c’est cool, mission remplie pour lui aussi.
Je ne sais pas si je serai du rendez-vous, mais je souhaite le meilleur pour les épisodes suivants et un franc-succès dans les ventes.
Clo et sa chouette Couette sont détectives. Depuis leur cabane, ils attendent les appels téléphoniques pour partir résoudre de drôles d'enquêtes. Cette fois, c'est le directeur du musée qui les appelle : on a volé... son incroyable sandwich.
C'est une série jeunesse d'enquête policière sur un ton farfelu et plein d'humour.
Le dessin, très épuré, repose sur une ligne claire et géométrique. S'il ne brille pas par sa technique, il s'avère efficace et attachant. L'expressivité des visages, notamment, apporte beaucoup au comique des situations. C'est cette expressivité, par exemple, qui m'a fait rire à la scène où la réceptionniste fait la tête parce que le directeur arrive avant même qu'elle ait fini de l'appeler.
Le ton et la simplicité de l'intrigue destinent clairement la série aux jeunes lecteurs, autour de huit ans je dirais, mais l'humour fonctionne aussi souvent très bien pour un adulte. On y trouve une galerie de personnages loufoques et des péripéties qui oscillent entre réalisme et absurde. Le rythme est excellent : aucun temps mort, et malgré un scénario minimaliste, on ne s'ennuie pas.
Une sympathique découverte, vive et pleine d'esprit. Dommage qu'elle soit passée si inaperçue : son ton espiègle méritait sans doute mieux, mais je soupçonne son graphisme singulier d'avoir rebuté certains lecteurs.
Les trois albums se laissent lire (les deux premiers forment une sorte de cycle), et plairont sans doute aux amateurs du genre ne cherchant pas trop à sortir de leur zone de confort.
Le premier album est assez classique, joue sur les personnages et ressorts habituels de l’Héroïc fantasy à la Tolkien, avec une histoire centrée sur un Nain et ses relations tendues avec des Hommes. Dans les tomes suivants, le fantastique est bien plus présent – parfois trop à mon goût – et Peru met plutôt en avant la mythologie scandinave.
L’ensemble se laisse lire, mais l’intrigue n’est finalement pas si fouillée que ça, et le fantastique et les bastons prennent au bout d’un moment trop le pas sur le reste je trouve. Ce côté baston dominant accentue le manque de profondeur de l’intrigue à mon avis, alors que le texte est parfois trop présent et pesant.
Le dessin est globalement agréable. Très bon pour les personnages, en tout cas pour les visages et gros plans, il est toutefois moins précis et détaillé pour les décors et les plans larges.
A emprunter à l’occasion.
Dans cet univers, une trêve fragile unit les anciens dieux et les hommes : les premiers ont accepté de ne plus se nourrir des âmes humaines qu'après leur mort. Depuis, deux ordres magiques veillent à préserver cet équilibre : les shamans et les sorciers. Duam, jeune apprentie shaman, rompt cet ordre établi lorsqu'elle entreprend de ramener à la vie son animal disparu en puisant dans les âmes des morts pour leur offrir de nouveaux corps.
Duam s'inscrit dans une veine de fantasy un peu rétro, avec des réminiscences de Métal Hurlant dans son esthétique et la construction de son monde. Son univers mystique, où les dieux dialoguent avec les hommes dans une tension permanente entre sacré et nature, évoque aussi Princesse Mononoke, que ce soit dans la figure des divinités, leur rapport ambigu aux humains ou certaines scènes visuellement proches du film.
Le dessin est soigné et coloré, parfois un peu kitsch, ce qui contribue autant à son charme qu'à une certaine distance émotionnelle. L'héroïne reste froide, la narration en voix-off (toujours au présent) accentue ce détachement, et l'intrigue, finalement assez simple, manque d'envergure. On peine à sentir l'ampleur de ce monde où n'évoluent qu'une poignée de personnages, et le récit se conclut sur une impression d'inachèvement, comme si d'autres tomes avaient été envisagés.
Malgré ces limites, la série reste plaisante à parcourir. C'est une lecture imparfaite, mais dépaysante et singulière.
Franquin est un génie du dessin d’humour, caricatural, et ici son talent graphique porte à lui seul cet album, que l’on pourrait situer à mi-chemin entre Idées Noires et Un monstre par semaine.
On y voit même apparaitre Gaston, dans une version Idées Noires, puisque torturé, condamné à être pendu.
Quelques histoires courtes, beaucoup de strips et surtout de crobars, comme si étaient regroupés ici des pages d’un carnet personnel, des fonds de tiroir gardés « au cas où ». C’est du coup inégal et très vite lu.
Mais le génie de Franquin (comme pour Gaston Lagaffe, Franquin est parfois aidé de potes, comme Delporte) éclate : quel coup de crayon ! Et quelle noirceur aussi chez ce Franquin – qui se dessine parfois regardant ses monstres/cauchemars.
Note réelle 3,5
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La Friche
Les éditions Ici Même ont comme à leur habitude pris quelques risques avec cet album, et réalisé un très beau travail éditorial pour nous le proposer en lecture. Quelques risques disais-je, car c’est un petit pavé (plus de 500 pages), et un pur roman graphique, où on peut tout à fait avoir le sentiment qu’il ne se passe pas grand-chose. Et c’est vrai que c’est davantage contemplatif que bourré d’action. Mais pas au sens poétique. Non, ce serait plutôt rêvasser, suivre le temps qui passe, observer les changements de lumière, ramasser les bestioles qui croisent notre regard : nous suivons un court laps de temps de l’enfance de l’auteur. Les nombreuses conneries faites (souvent sous l’influence du même camarade d’ailleurs !), les expériences, les découvertes. La plupart du temps autour de chez soi, dans « la friche » où les gosses se retrouvent pour jouer, bricoler, se perdre ou s’embourber, ou ailleurs. Le jeune Lapp sort d’autant plus facilement retrouver ses copains que ses parents forment un couple assez froid (mention spéciale à son père, quasi muet, et peu attachant – alors même qu’il fait partie des personnes remerciées en fin d’album pour avoir partagé des souvenirs, c’est donc que tout n’a pas été rompu). C’est un pavé, mais qui est en fait assez vite lu, car il n’y a pas beaucoup de texte. C’est globalement plaisant, fluide et plein de vie. Mais c’est aussi parfois un peu long, ces longueurs auraient sans doute pu être limitées, pour donner plus de force à ce récit d’enfance. Le dessin est assez simple, presque minimaliste, mais il est aussi très lisible. Il participe de la fluidité de la lecture – mais aussi, il faut le reconnaître, d’une certaine lassitude parfois.
Superman - Red Son
Cela faisait plus de trente ans que je n'avais pas lu une histoire de Superman, un personnage trop lisse à mes yeux et un côté boy-scout qui m'agace. Dans un monde parallèle la capsule de notre super-héros ne s'écrase pas aux États-Unis mais dans une plaine ukrainienne. Il sera donc élevé sous la doctrine communiste, il deviendra le bras droit de Staline et la nouvelle arme de dissuasion pendant la guerre froide. Je dois reconnaître que Mark Millar a souvent d'excellentes idées de départ, mais comme à son habitude elles seraont mal exploitées. Le début de ma lecture fut très difficile avec ce superman flanqué du marteau et de la faucille sur son costume, j'ai trouvé le scénario puéril. En effet, notre super-soldat avec sa formidable ouïe va empêcher un nombre incalculable de catastrophes, même chez son plus grand rival. Depuis quand l'URSS vient en aide à l'oncle Sam ? Par contre, il sera incapable d'entendre ce qui se trame derrière son dos... J'aurais aussi aimé découvrir un superman plus sombre et véritablement endoctriné par la pensée soviétique, à la place, je retrouve un surhomme avec un bon fond qui veut créer un monde parfait, une utopie qui sera sa raison de vivre. Millar distille quelques thèmes pour en faire un récit adulte (principalement sur les moyens utilisés pour arriver à ses fins) mais ça reste trop basique. Il n'y a pas que du négatif, j'ai aimé la narration avec la voix off de Superman et la conclusion, même si les dernières planches défilent à vitesse grand V temporellement. Graphiquement rien d'extraordinaire, Killian Plunkett nous propose du très classique dans le genre comics. Un trait grossier qui ne met pas les personnages en valeur, Wonder Woman est vraiment horrible. Et tout aussi sans saveur colorisaton et mise en page. Une lecture qui ne me restera pas en mémoire. Un petit 3 étoiles.
Les Gratte-Ciel du Midwest
Je ressors avec un avis plutôt mitigé de cette lecture. Il y a des choses sympas, comme le dessin. Plusieurs styles se côtoient, et il n’est pas forcément très fouillé. Mais globalement, j’ai bien aimé le rendu, le travail en Noir et Blanc avec hachures. Ce travail et le fait que les personnages soient des chats m’a fait penser à certaines histoires de Matticchio. Pour le reste, il y a aussi des choses intéressantes, avec des sujets intemporels, autour des relations entre individus : entre enfants et parents, au sein d’un couple (un personnage est particulièrement odieux avec sa « copine », qui ne parvient pourtant pas à se détacher de celui qui l’humilie sans cesse), etc. Les rêves que l’on fait enfant, pour transcender la réalité, la rendre acceptable, le deuil (d’une grand-mère ici) sont d’autres thèmes abordés. Le principal problème selon moi vient de la construction du récit, beaucoup trop éclatée, beaucoup trop confuse, au point qu’on a l’impression de suivre plusieurs histoires et de ne jamais connaitre leur fin. Les fausses pubs qui s’immiscent dans le récit, si elles sont parfois intéressantes et amusantes (celles pour les clopes en particulier, qui rappellent une triste réalité en fait), accentue le caractère décousu de l’ensemble, avec de courts chapitres mêlant rêve et réalité, histoires de robots et histoires de chats humanoïdes. C’est un peu dur à suivre en fait. A noter quand même pour finir que, comme d’habitude pour cet éditeur, le travail éditorial est très beau, avec papier et couverture épais, dos toilé, etc.
Cendrillon (Tabou)
Trif s’est fait une spécialité de la réinterprétation des contes célèbres, en leur donnant une tonalité résolument érotique. Ce « Cendrillon » était je crois sa première tentative du genre. Ça se sent surtout au niveau du dessin. Si les scènes de sexes sont plutôt bien rendues, et si le dessin est globalement bon et très lisible, il est aussi peu détaillé parfois, et il s’améliorera clairement dans ses séries suivantes. L’histoire d’origine est bien sûr ici fortement pervertie, puisque la maltraitance subie par Cendrillon de la part de sa marâtre tourne franchement au harcèlement et à la torture physique, flagellations, humiliations sadiques (avec les deux filles de la marâtre et quelques serviteurs comme partenaires) écrasant une Cendrillon un peu nunuche et peu combative. Mais en fait tous les personnages sont plus ou moins neuneus – seuls leurs degrés de cynisme et/ou de méchanceté les distinguant parfois. Certes, la fée, marraine de Cendrillon, lui veut a priori du bien. Mais, surtout intéressée par le sexe, elle l’oublie bien volontiers. L’histoire est sympathique, sans être exceptionnelle, et les scènes de sexe s’enchainent, comme les expositions de sexes féminins, sans que la sensualité ne soit trop présente. Reste un humour bon enfant et quelques réactions de personnages un peu perdus, qui rendent la lecture agréable.
Survival - Aparecida Prison
Mouais. Disons que ça se laisse lire, et que c’est rythmé. Ça l’est même de plus en plus – et on sent bien en amont que ça va dérailler, et même comment ça va finir. Bec nous pond là un scénario classique et sans trop de surprise donc, une BD « de genre », qui peut faire penser à certains films de Carpenter, où l’on ne s’encombre pas trop de psychologie, ni de scénarios trop alambiqués (je pense par exemple à « Assaut »). C’est donc une lecture détente, un emprunt éventuel (comme ce fut le cas pour moi) pouvant se justifier. Mais c’est clair que ça n’est pas une histoire marquante. Je suis même resté sur ma faim concernant le flic infiltré, n’ayant pas vraiment compris quelle était réellement sa mission, ni ce qui s’était passé à la fin avec le footballer et la fille (même en faisant quelques retours en arrière). De la même façon, beaucoup de personnages se ressemblent, parmi les divers gangs sévissant dans cette prison de fous – et d’ailleurs la plupart des personnages finissent par s’entretuer sauvagement (quand ils ne sont pas massacrés par la police, sans qu’on ait pu suivre vraiment qui était qui parmi les victimes, la boucherie/défouloir l’emportant sur la complexité du scénario). Deux dessinateurs se partagent le travail (chacun sa moitié d’album). Je ne suis pas fan de ce genre de changement en cours d’une série – encore moins en cours d’album, mais leurs styles se ressemblent : efficace, mais là aussi manquant de détails parfois. Note réelle 2,5/5.
On les appelle Junior & Senior
Vous ferai-je l’affront d’évoquer la cultissime série des « Trinita » comme référence principale à ce « On les appelle Junior & Senior » ?… Bien plus qu’un simple hommage, cette nouvelle série signée Robin Recht, au scénario cette fois, et Jean-Baptiste Hostache au dessin, est une véritable déclaration d’amour au duo mythique Bud Spencer – Terrence Hill : la castagne à coup de bourre-pif, les fayots, les engueulades à répétition entre les deux frangins, une intrigue enfantine, il y a là tous les éléments clés qui ont fait le succès des deux compères. Me concernant je ne garde pas un grand souvenir des Trinita. Plus spécifiquement sur la carrière du duo, j’ai en mémoire « Les Super-flics de Miami », « Pair et Impair », ou encore « Salut l’ami, adieu le trésor ». Mais bon, leur carrière respectif ou ensemble fût tellement riche… En tout cas ce Junior & Senior est truffé de références, même si je suis loin de les avoir toutes captées on les perçoit en seconde lecture. Par exemple il y a Eli Wallach qui fait une apparition et il a tendance à trop parler au lieu de tirer (si vous voyez ce que j’veux dire). Ou encore Mlle Bismarck dont s’amourache Junior, et dont on peut penser qu’elle fait référence à la femme de Terrence Hill, une américaine d’origine allemande. Les experts pourront s’amuser à essayer de tout repérer. Sinon, pour rentrer dans le vif du sujet, j’ai trouvé ça sympathique, à l’image de ce vieux duo de notre enfance. Je n’irai pas jusqu’à dire que c’est un incontournable et que ça vaut son pesant de cacahuète, mais on passe honnêtement un bon moment, ça se laisse lire, sans aucune surprise. Je me demande même si ce n’est pas une bd à mettre davantage entre les mains d’un enfant. Après tout, moi ça touche à mes souvenirs d’enfant, je n’ai revu aucun de leurs films depuis cette époque. Il y a comme un charme suranné là-dedans, qui n’est pas désagréable en soi, mais je ne ressent pas particulièrement l’envie de m’y replonger. Le dessin de Hostache est approprié, tout en rondeur, rigolo, avec des couleurs qui donne un aspect un peu vieilli évoquant nos Lucky Luke de jeunesse. Donc c’est cool, mission remplie pour lui aussi. Je ne sais pas si je serai du rendez-vous, mais je souhaite le meilleur pour les épisodes suivants et un franc-succès dans les ventes.
L'Agence Clo & Couette
Clo et sa chouette Couette sont détectives. Depuis leur cabane, ils attendent les appels téléphoniques pour partir résoudre de drôles d'enquêtes. Cette fois, c'est le directeur du musée qui les appelle : on a volé... son incroyable sandwich. C'est une série jeunesse d'enquête policière sur un ton farfelu et plein d'humour. Le dessin, très épuré, repose sur une ligne claire et géométrique. S'il ne brille pas par sa technique, il s'avère efficace et attachant. L'expressivité des visages, notamment, apporte beaucoup au comique des situations. C'est cette expressivité, par exemple, qui m'a fait rire à la scène où la réceptionniste fait la tête parce que le directeur arrive avant même qu'elle ait fini de l'appeler. Le ton et la simplicité de l'intrigue destinent clairement la série aux jeunes lecteurs, autour de huit ans je dirais, mais l'humour fonctionne aussi souvent très bien pour un adulte. On y trouve une galerie de personnages loufoques et des péripéties qui oscillent entre réalisme et absurde. Le rythme est excellent : aucun temps mort, et malgré un scénario minimaliste, on ne s'ennuie pas. Une sympathique découverte, vive et pleine d'esprit. Dommage qu'elle soit passée si inaperçue : son ton espiègle méritait sans doute mieux, mais je soupçonne son graphisme singulier d'avoir rebuté certains lecteurs.
Mjöllnir
Les trois albums se laissent lire (les deux premiers forment une sorte de cycle), et plairont sans doute aux amateurs du genre ne cherchant pas trop à sortir de leur zone de confort. Le premier album est assez classique, joue sur les personnages et ressorts habituels de l’Héroïc fantasy à la Tolkien, avec une histoire centrée sur un Nain et ses relations tendues avec des Hommes. Dans les tomes suivants, le fantastique est bien plus présent – parfois trop à mon goût – et Peru met plutôt en avant la mythologie scandinave. L’ensemble se laisse lire, mais l’intrigue n’est finalement pas si fouillée que ça, et le fantastique et les bastons prennent au bout d’un moment trop le pas sur le reste je trouve. Ce côté baston dominant accentue le manque de profondeur de l’intrigue à mon avis, alors que le texte est parfois trop présent et pesant. Le dessin est globalement agréable. Très bon pour les personnages, en tout cas pour les visages et gros plans, il est toutefois moins précis et détaillé pour les décors et les plans larges. A emprunter à l’occasion.
Duam
Dans cet univers, une trêve fragile unit les anciens dieux et les hommes : les premiers ont accepté de ne plus se nourrir des âmes humaines qu'après leur mort. Depuis, deux ordres magiques veillent à préserver cet équilibre : les shamans et les sorciers. Duam, jeune apprentie shaman, rompt cet ordre établi lorsqu'elle entreprend de ramener à la vie son animal disparu en puisant dans les âmes des morts pour leur offrir de nouveaux corps. Duam s'inscrit dans une veine de fantasy un peu rétro, avec des réminiscences de Métal Hurlant dans son esthétique et la construction de son monde. Son univers mystique, où les dieux dialoguent avec les hommes dans une tension permanente entre sacré et nature, évoque aussi Princesse Mononoke, que ce soit dans la figure des divinités, leur rapport ambigu aux humains ou certaines scènes visuellement proches du film. Le dessin est soigné et coloré, parfois un peu kitsch, ce qui contribue autant à son charme qu'à une certaine distance émotionnelle. L'héroïne reste froide, la narration en voix-off (toujours au présent) accentue ce détachement, et l'intrigue, finalement assez simple, manque d'envergure. On peine à sentir l'ampleur de ce monde où n'évoluent qu'une poignée de personnages, et le récit se conclut sur une impression d'inachèvement, comme si d'autres tomes avaient été envisagés. Malgré ces limites, la série reste plaisante à parcourir. C'est une lecture imparfaite, mais dépaysante et singulière.
Cauchemarrant
Franquin est un génie du dessin d’humour, caricatural, et ici son talent graphique porte à lui seul cet album, que l’on pourrait situer à mi-chemin entre Idées Noires et Un monstre par semaine. On y voit même apparaitre Gaston, dans une version Idées Noires, puisque torturé, condamné à être pendu. Quelques histoires courtes, beaucoup de strips et surtout de crobars, comme si étaient regroupés ici des pages d’un carnet personnel, des fonds de tiroir gardés « au cas où ». C’est du coup inégal et très vite lu. Mais le génie de Franquin (comme pour Gaston Lagaffe, Franquin est parfois aidé de potes, comme Delporte) éclate : quel coup de crayon ! Et quelle noirceur aussi chez ce Franquin – qui se dessine parfois regardant ses monstres/cauchemars. Note réelle 3,5