Les derniers avis (46095 avis)

Par Yann135
Note: 3/5
Couverture de la série Nocturnes (Clarke)
Nocturnes (Clarke)

L album Nocturnes de Clarke est édité chez Le Lombard dans la collection Signé – une référence ! - est une bande dessinée qui se distingue par son atmosphère unique et son intrigue assez captivante je dois l’avouer même si sur les premières pages j’ai eu l’impression de patauger dans un marécage. Accrochez-vous cela vaut le coup ! Bon cette BD n est pas révolutionnaire mais ce one-shot se lit bien. L’histoire tourne autour de Léo, un écrivain dont les personnages semblent prendre vie et interagir avec lui de manière troublante. Clarke réussit à créer une tension palpable entre le créateur et ses créatures. Cette interaction entre l’auteur et ses personnages peut lasser sur le début de l’album, mais cette dimension métaphysique rend la lecture à la fois intrigante et réflexive. Et cela ne peut pas vous faire du mal ! Le dessin de Clarke, bien que différent de son style habituel, est parfaitement adapté à l’histoire. Chaque page est un régal visuel, avec des détails soignés qui ne peuvent qu’enrichir l’expérience de lecture. Bon moi en tout cas j’ai aimé ! L’intrigue reste complexe et il faut s’accrocher un minima pour comprendre. Clarke privilégie la clarté narrative, ce qui m’a permis de plonger pleinement dans l’histoire sans trop me perdre dans des méandres inutiles. Les personnages sont bien développés, chacun avec ses propres motivations et secrets, ce qui ajoute de la profondeur à l’ensemble. Un des points forts de Nocturnes est sa capacité à mélanger le fantastique et le quotidien de manière subtile. Les éléments surnaturels sont intégrés de façon à renforcer le sentiment de malaise sans jamais tomber dans l’excès. Cette approche douce du fantastique permet de maintenir une certaine crédibilité tout en laissant libre cours à son imagination. La conclusion de l’histoire, bien que simple, est très correcte. Perso je ne l’ai pas vu venir. La BD est bien ficelée et se laisse lire avec plaisir.

16/09/2024 (modifier)
Couverture de la série Supergirl  - Being Super
Supergirl - Being Super

Je ne connaissais pas trop le personnage de Supergirl, et si cet album ne m’a pas foncièrement déplu, il ne m’a pas non plus subjugué. L’histoire retrace la genèse de notre héroïne, je ne sais pas si c’est la version officielle mais c’est pas bien surprenant et ça lorgne méchamment vers Smallville (la ferme, le bahut, le sport …), reste qu’à défaut d’originalité ce n’est pas non plus déplaisant. En gros, c’est juste l’alternative féminine de notre héros en slip rouge. La réalisation, bien qu’un peu lisse, est constante et pas trop mal. Au regard de la collection, le public se veut plutôt jeune et féminin mais j’y ai trouvé relativement mon compte. Un bon tome pour Urban Link.

15/09/2024 (modifier)
Couverture de la série Les Dinosaures du paradis - Naissance d'une aventure paléontologique
Les Dinosaures du paradis - Naissance d'une aventure paléontologique

Un album qui ne m’a pas tout le temps passionné mais que j’ai trouvé bien réalisé, sincère et didactique. J’ai beaucoup de sympathie pour Mazan, je m’interrogeais d’ailleurs sur sa carrière puisque ça fait un sacré bout de temps qu’il n’avait pas réalisé d’album … Et pour cause en 2010 avec les bonnes opportunités, l’auteur s’est permis une pause pour renouer/assouvir son rêve d’enfant, la paléontologie. Cet album retrace toute cette expérience, l’auteur accompagnera une équipe lors de fouilles, l’aventure démarrera proche d’Angoulême pour se terminer au Laos en 2012. J’avoue que l’album peut paraître un peu lourd, voir rébarbatif par moment. Il faut aimer le sujet (à moitié mon cas). A travers les nombreux personnages croisés, on ressent bien les passionnés. Malgré la fluidité et simplicité dont fait preuve l’auteur, il y a une sacré quantité d’infos pas si simple à digérer. Je confesse avoir survolé certains passages, tout ne m’a pas absorbé, préférant à la longue le côté carnet de voyages que les fouilles proprement dites. Par contre, j’ai trouvé la réalisation plus que correcte. Le trait et couleurs de l’auteur sont toujours agréables à l’œil, c’est bien chapitré et l’utilisation/intégration de nombreuses photos de son périple est judicieuse. Du bon boulot qui satisfera davantage ceux qui ont un réel intérêt pour le sujet.

15/09/2024 (modifier)
Couverture de la série Dwarf
Dwarf

De la fantasy très classique, qui transpire le Tolkien. Dans ce cadre aux airs de déjà-vu, je trouve que Shovel – que je découvre avec cette série – s’en sort plutôt bien. Auteur complet, il développe une esthétique très léchée. J’ai vraiment bien aimé son dessin (et la colorisation de Fogolin). Le trait est fin et précis, gros plans et plans larges réussis, personnage (et leurs mouvements) et décors itou, un visuel agréable pour accompagner l’histoire. Quelques réserves sur certains visages parfois, étonnamment manquant de détails, et sur certaines cases dans la seconde moitié du dernier tome, plus inégales – et ce d’autant plus que sur plusieurs cases le texte use d’une police trop petite !). C’est étonnant cette baisse de qualité. Sur un canevas classique, l’histoire est centrée sur Nains et Sylves, avec des Orcs et, ce qui fait la relative originalité, des animaux (ours, loups surtout) agissant comme des tribus (un crapaud joue le rôle d’un Jiminy Cricket, avec parfois des mimiques comiques, comme dans le dernier tome). A part un griffon, pas de bestiaire fantastique. L’intrigue est riche. Très riche. Parfois trop, ça part un peu dans tous les sens, et plusieurs groupes de personnages mènent une quête parallèle qui disperse un peu l’attention. Shovel introduit aussi trop de choses, parfois sans vraiment les exploiter, ce qui embrouille le lecteur (la tension autour de la gemme, l’apparition de la fille d’un prince nain rebelle, et d’autres choses que je ne veux pas spoiler. En tout cas on ne s’ennuie pas, l’action est très présente, les complots s’enchaînent et s’emmêlent (chez les Nains et chez les Sylves), dans des trames là aussi classiques. Shovel introduit peu à peu de l’humour dans les deux derniers tomes, avec le personnage du crapaud Albin de Morteflaque (plutôt sérieux jusqu’ici) et celui de Siliane, une générale naine nymphomane (personnage hautement improbable tant on peut s’étonner qu’une générale agisse comme un simple soudard). Au final, malgré un scénario qui se disperse un peu trop, et quelques facilités (et une baisse de qualité dans le dernier tome), j’ai globalement apprécié cette lecture, qui développe une histoire solide avec un bon visuel. Ma dernière réserve vient des textes. Comme pour l’histoire en général, c’est bien construit, les dialogues sont bien écrits, mais trop abondants ! La lecture de ces quatre tomes prend du temps !

15/09/2024 (modifier)
Par Blue boy
Note: 3/5
Couverture de la série Elon Musk - Enquête sur un nouveau maître du monde
Elon Musk - Enquête sur un nouveau maître du monde

Alors qu’Elon Musk est devenu une personnalité publique de premier plan, non seulement par sa fortune qui en fait « the richest man on Earth ever » mais par ses prises de position politiques, cet ouvrage arrive à point nommé, alors même qu’il vient d’annoncer son intention de déplacer les sièges californiens de SpaceX et X vers le Texas, en raison d’une loi visant à protéger les élèves transgenres en Californie. De plus en plus enclin à soutenir les positions d’extrême-droite, l’homme d’affaires a annoncé également soutenir la campagne de Donald Trump à hauteur de 45 millions de dollars. La lecture d’« Elon Musk – Enquête sur un nouveau maître du monde » semble donc essentielle pour mieux faire connaissance avec cet homme qui passe aux yeux de beaucoup pour un visionnaire audacieux et conquérant. En cela, l’ouvrage de Darryl Cunningham est à la hauteur de nos attentes. Extrêmement bien documenté, il décortique de façon factuelle l’enfance et le parcours de celui qui se situe à mi-chemin entre l’inventeur fou et l’homme d’affaires cynique, accusé de fraudes boursières à maintes reprises. Tout son succès semble s’être construit sur des coups d’éclat pour des projets extrêmement aventureux dont beaucoup ont échoué ou n’ont abouti que partiellement, en deçà des promesses faites. Mais les fanfaronnades de cet as de la com lui auront suffi pour bâtir sa fortune, selon un parcours où les déboires ont pourtant été nombreux. Si l’on excepte Tesla et SpaceX, qui ont atteint un certain niveau de pérennité, on pourra citer les exemples de l’Hyperloop (qui depuis a été remisé dans les cartons) ou de The Boring Company, un réseau de transport souterrain au sein des villes dont un seul a vu le jour à Las Vegas. On daignera volontiers oublier les crashs à répétition des fusées Falcon, mais pour ce qui est de Tesla en revanche, la voiture autonome promise il y a dix ans semble accuser quelque retard… Bref, on l’a bien compris, Musk est à la base un entrepreneur hors normes, comme ont pu l’être Bill Gates ou Steve Jobs en leur temps. Et toute l’histoire pourrait s’arrêter là, s’il n’y avait les autres facettes moins réjouissantes de ce touche-à-tout milliardaire… Il n’est pas question de dévoiler ici en détail le contenu du livre, mais lorsqu’il est question de politique ou de vie privée, on peut sincèrement s’interroger sur l’équilibre mental d’un homme aux actions souvent dictées par l’impulsion et un autoritarisme congénital. Si l’on sait que ses méthodes managériales peuvent s’avérer brutales (ce dont on a eu confirmation lors du rachat de Twitter où la moitié des effectifs ont été supprimés), le documentaire nous explique aussi comment l’acquisition du réseau social à « l’oiseau bleu » (devenu X depuis) a été principalement pour Musk un outil de communication politique, tandis qu’il se sentait de plus en plus proche de l’idéologie des extrémistes de droite aux États-Unis. Celui-ci ressentait le besoin de libérer la parole qu’il s’indignait de voir « réprimée » sur Twitter, alors que ses modérateurs ne faisaient qu’endiguer les discours les plus haineux. Il faut dire que l’homme, qui durant son enfance faisait pourtant figure de geek à l’esprit scientifique, est loin d’être hostile aux théories complotistes, s’étant même dressé vent debout contre la fermeture de son usine Tesla à l’époque du Covid. Depuis, une enquête a montré que les infox et contenus insultants, racistes ou antisémites, généralement influencés par les thèses des nationalistes et suprémacistes blancs, ont augmenté de façon significative. On découvrira aussi que sa notion de la liberté d’expression est à géométrie variable, et s’établit en fonction de ses intérêts économiques et des dictateurs en place, qu’il s’agisse de la Chine ou de la Turquie, où les accès à des contenus protestataires ont été filtrés. Sa vie privée n’est pas non forcément plus le modèle à suivre pour ce caractériel sous kétamine qui sait afficher une certaine bonhommie lorsqu’il est sous les feux de la rampe. Une de ses anciennes épouses, Justine Musk, a révélé le comportement toxique, autoritaire et machiste, de celui qui a enchaîné les divorces aussi sûrement que les crashs de ses fusées. Quant à ses enfants, certains ont de très mauvaises relations avec lui, notamment Vivian Jenna Wilson, sa fille transgenre qui a même opté pour un changement de patronyme. Ce qui, on est en droit de le supposer, pourrait avoir joué en faveur de ses récentes prises de position anti-woke. Bien sûr, on peut concevoir que le personnage suscite le rêve avec son ambition d’emmener dans des délais courts l’humanité vers les étoiles, mais il possède une face sombre qui peut s’avérer inquiétante dans une même proportion. Même s’il serait risqué d’en tirer des conclusions hâtives, on peut toutefois mettre en perspective son côté dominateur avec son enfance dans l’Afrique du sud de l’Apartheid, aux côtés d’un père violent qui fit vivre l’enfer à sa mère Maye. Quoi qu’on en pense, l’exhaustivité documentaire du livre est telle qu’elle permettra à chacun de faire sa propre analyse. Ses aficionados pourront objecter que le style de l’homme, brillant quoi qu’on en dise, dérange, lequel se résumerait en fait à « faire de grandes déclarations ambitieuses, définir des échéances irréalistes, puis pousser ses employés à accomplir des miracles ». Mais de là à voir un génie doué d’intelligence visionnaire, il ne faudrait tout de même pas pousser mémé dans les orties ! Car Cunningham nous avertit sur sa vision « long-termiste » discutable voire extrêmement dangereuse du monde, laquelle consiste à se détourner des crises mondiales actuelles pour privilégier l’avenir de l’humanité… Dans cette perspective, « les besoins d’à peine huit milliards d’humains ne pèsent rien face à ceux des trilliards appelés à vivre après eux ». De quoi nous rassurer quand on met un enfant au monde aujourd’hui… Grâce à un dessin certes sommaire mais accompagnant ce documentaire avec une pertinence à la coloration légèrement ironique, l’auteur réussit à nous intéresser en braquant le projecteur sur cet hyper mégalo qui préfèrerait sûrement choisir le projectionniste. Cunningham nous livre un portrait à charge, certes — et comment aurait-il pu faire autrement ? —, mais surtout un travail journalistique indispensable afin d’avoir un meilleur aperçu de ce qui se cache derrière le masque de ce « nouveau maître du monde », qui pourrait bien briguer un jour, de façon peu surprenante, la présidence des Etats-Unis.

15/09/2024 (modifier)
Couverture de la série Pastorius Grant
Pastorius Grant

Une BD surprenante de part son esthétisme mais relativement classique dans son déroulé. Si j’ai bien aimé ma lecture, je n’y ai pas non plus succombé totalement. Le graphisme m’a fait un peu peur au début mais plus j’avançais, plus je lui trouvais des qualités. L’auteur maîtrise bien sa narration et ses ambiances. Des couleurs osées mais qui font tout le charme de l’album. L’histoire n’est pas déplaisante mais j’en attendais plus, ça se lit relativement rapidement. J’ai bien aimé certaines planches mais pas non plus au point de trop m’y attarder. Les séquences s’enchaînent bien mais je suis arrivé au bout avec un sentiment de petit oui. En fait j’espérais être davantage surpris (ou alors j’ai peut être pas bien tout saisi), le trait donne un aspect étrange à cette aventure mais la frontière n’est jamais franchie dans le fond. Toujours sur le fil, je regrette qu’il n’ai pas un petit côté fantastique ou à la David Lynch plus prononcé. En tout cas, je salue l’audace graphique, la couverture pète la classe. Une œuvre qui divisera, à la fois classique et original, mais à essayer. Ça m’a fait penser à Hiram Lowatt & Placido par bien des aspects (avec une préférence pour le présent tome).

15/09/2024 (modifier)
Couverture de la série La Grande évasion - Tunnel 57
La Grande évasion - Tunnel 57

6ème opus de la série concept "La grande évasion" dont chaque tome est élaboré par un duo ou un trio différent. Après la lecture des 6 premiers tomes, force est de constater que la qualité de chaque ouvrage est très inégale, le premier tome La Grande évasion - Biribi restant pour l'instant mon préféré. Ici, les auteurs traitent d'un événement qui a marqué l'histoire du mur de Berlin. En effet, le tunnel 57 est un tunnel creusé par des étudiants ouest-allemands sous le Mur de Berlin, et par lequel s'évaderont cinquante-sept Est-Allemands durant les nuits des 3 et 4 octobre 1964. L'événement a été décrit comme la fuite la plus spectaculaire de l’histoire du Mur de Berlin. L'histoire est efficace, sans fioriture, et rentre rapidement dans le vif du sujet. J'ai pour ma part trouvé cette bande d'amis étudiants plutôt attachante et on se prend à rapidement stresser au fil des pages sur l'issue de leur entreprise. L'ensemble est réaliste et agréable à lire. Mais comme pour beaucoup de tomes de cette série, on regrette que cela ne tienne que dans un tome de 56 pages, ne permettant pas, selon moi, de traiter de manière idéale cet événement que je ne connaissais pas. Au niveau du dessin, si j'ai apprécié la colorisation un peu "old schood" collant bien avec le thème, j'ai trouvé les personnages un peu figés et les décors trop dépouillés à mon goût. Le dessin permet toutefois de conférer cette ambiance angoissante qui monte crescendo au fil des pages. Une lecture agréable. SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 7/10 GRAPHISME (Dessin, colorisation) : 6/10 NOTE GLOBALE : 13/20

15/09/2024 (modifier)
Couverture de la série Boulard
Boulard

C'est plutôt une bonne surprise, ce spin off de la série Profs. Bien sûr c'est de l'humour gentillet typique de la maison Bamboo humour. C'est très lisse sans aucune épine sociale ou sociétale. Le sieur Thierry ne brulera aucune poubelle et ne caillassera aucune voiture de police/pompier/ambulance. Il est même assez transparent si son carnet de notes (désastreuses) et la figure populaire de Kev Adams ne lui donnait pas quelque consistance. Pour autant les gags essayent de se renouveler, le rythme est sympa et cela donne plus le sourire bienveillant qu'un éclat de rire libérateur. C'est à lire au compte gouttes un jour morose. Le graphisme de Mauricet rentre bien dans les standards du genre. Cela aurait pu être dessiné par une dizaine d'autres sans que l'on remarque la différence mais c'est conforme à l'esprit de la série. Une lecture de gags soft et récréatifs plutôt bien réalisée. Une fois n'est pas coutume monsieur Boulard sans sort avec la moyenne.

14/09/2024 (modifier)
Par Présence
Note: 3/5
Couverture de la série Spider-Woman - Agent du S.W.O.R.D.
Spider-Woman - Agent du S.W.O.R.D.

Chasse aux Skrulls à Madripoor - Ce tome comprend les 7 épisodes de la série de 2009/2010 qui a connu une fin prématurée. L'action se passe après Secret Invasion . Cette histoire avait révélé au monde entier que Spider Woman était la reine des Skrulls. Du coup, la pauvre Jessica Drew se promène avec une image de marque quelque peu écornée. Pire encore, elle doit assumer son passé peu glorieux d'agent double, voire triple pour des organisations pas toujours recommandables. Après une petite séance de planage dans la nuit, Jessica Drew se morfond sur son lit dans une chambre minable, s'interrogeant sur la suite d'événements qui a fait d'elle la personne la plus maltraitée du monde. Or voilà que quelqu'un glisse un papier plié sous sa porte pour lui proposer un rendez-vous en face de l'hôtel. Jessica y retrouve Abigail Brand, responsable de l'organisation S.W.O.R.D. (Sentient World Observation and Response Department), qui lui propose un poste de chasseuse de skrulls (les criminels de guerre qui sont restés cachés sur terre). La première mission de Jessica se déroule à Madripoor, petite nation insulaire située au sud-ouest de Singapour. Ce tome présente plusieurs particularités qui le font sortir des productions Marvel. Tout d'abord il fut accompagné lors de sa première édition VO d'un motion comics (animation basique en flash du comics) sur support DVD, tentative peu convaincante de distribuer les comics sur des supports numériques tels que les téléphones portables. Deuxième particularité, il fut l'occasion pour Brian Michael Bendis de revenir sur un personnage qui lui est cher : il l'avait déjà intégré et développé dans la série des New Avengers et il avait coécrit une minisérie sur son origine dessinée par les frères Jonathan & Joshua Luna. Enfin cette série réunit à nouveau les créateurs d'épisodes mythiques de Daredevil. Coté scénario, Bendis concocte une histoire un peu décompressée pour que Maleev ait la place de s'exprimer pleinement. Jessica se retrouve au milieu de la fripouille de Madripoor où tout le monde est pourri d'une manière ou d'une autre, à lutter contre beaucoup de monde, même la frappadingue qui se croit sa mère s'invite dans l'histoire, ainsi que les Thunderbolts. Le récit navigue entre organisations secrètes et bonnes vieilles bastons contre les extraterrestres verts. La raison de l'arrêt rapide de la série est qu'Alex Maleev a été dépassé par l'ampleur du travail nécessité pour illustrer les histoires et participer au motion comics. Ses illustrations sont magnifiques. Comme pour la série Daredevil, il utilise de nombreuses références photographiques qu'il retravaille à l'infographie. Pour commencer, il remercie Jolynn Carpenter qui lui a servi de modèle pour Jessica Drew. Cette dernière apparaît comme une jeune femme athlétique, sans être bodybuildée avec une très forte présence sur la page. En particulier, il est impossible de ne pas succomber à son charme sur chacune des 6 couvertures où elle apparaît. Ensuite la perversité de Viper irradie littéralement de sa personne. Pour les décors le choix de l'infographie permet d'inscrire les personnages dans des lieux très réalistes, avec un tel travail de transformation qu'il n'y a aucune solution de continuité entre les personnages et les endroits où ils évoluent. Enfin les scènes d'action coulent d'elles mêmes, sans à coup. À mes yeux, la principale évolution de Maleev par rapport à ses planches de Daredevil réside dans la diminution du recours à la granulosité, au profit d'un travail plus sophistiqué sur les couleurs. La scène d'ouverture montre Spider Woman baignant dans une lumière bleue-grise d'un ciel de pleine de lune. Puis le lecteur pénètre dans la chambre d'hôtel qui irradie une chaude lumière verte et jaune lors de la manifestation de la bio-énergie de Jessica. Puis le rouge orangé est à l'honneur lors d'une ballade en sampan à Madripoor. Chacune de ses compositions de couleurs semble transporter le lecteur dans un autre monde. Les talents de ses créateurs apparaissent sur chaque page (plus celui de Maleev que celui de Bendis) et l'héroïne est très attachante. Mais Bendis déploie encore plus de rouerie que d'habitude pour dérouler un scénario qui joue sur l'affect (le retour du pouvoir d'influence de Jessica, la dureté de l'héroïne fragile à l'intérieur) tout en restant assez creux.

14/09/2024 (modifier)
Par Présence
Note: 3/5
Couverture de la série Batman Universe
Batman Universe

Aventure sympathique dans l'univers partagé DC - Ce tome comprend une histoire complète et indépendante de toute autre, qui ne nécessite pas de connaissance préalable de Batman ou de l'univers partagé DC. Il comprend les 14 épisodes initialement parus en 2018/2019 dans des magazines vendus dans les magasins Walmart, puis réédités en comics 1 à 6 en 2019/2020, écrits par Brian Michael Bendis, dessinés et encrés par Nick Derrington, et mis en couleurs par Dave Stewart, avec des couvertures de Derrington. Batman est au volant de sa Batmobile, en contact avec Alfred Pennyworth : il est à la poursuite de Riddler (Edward Nigma). Alors qu'Alfred se montre sarcastique tout en monitorant les signaux en provenance de la Batmobile, Batman s'est arrêté et a sorti son pistolet grappin : il s'élance de gratte-ciel en gratte-ciel. Il arrive dans une grande salle de réception où des dizaines d'acteurs sont en costume de Riddler, ayant répondu à une petite annonce. Batman fonce dans le tas, Alfred lui indique dans l'oreillette que la police sera là dans quatre minutes. Batman finit par repérer le vrai Riddler et il s'élance à sa poursuite, tout en continuant à distribuer des mandales. Riddler se tourne vers lui avec un pistolet à la main prêt à tirer, mais il n'en a pas le temps car son poursuivant s'est jeté sur lui, le faisant traverser une vitrine. Riddler est à terre, Batman se tenant au-dessus de lui, avec le précieux objet qu'il a volé : un œuf de Fabergé. Mission accomplie… sauf qu'une lumière intense est projetée sur les deux hommes et Batman est touché de plein fouet par un rayon : il perd connaissance. Lorsqu'il reprend connaissance, Batman est entouré de 3 policiers dont un s'apprête à lui retirer sa cagoule : Il lui demande d'arrêter son geste et de lui dire où se trouve l'œuf. Le policier ne comprend pas, Batman demande alors où se trouve Riddler : ils ont tous été emmenés au poste. Ils racontent tous la même chose : ils ont répondu à une annonce pour interpréter Riddler et ils ne savaient pas que le vrai était dans la salle. Batman comprend qu'il n'y a aucune information à tirer d'eux et rejoint James Gordon sur le toit. Ce dernier l'informe qu'Edward Nigma a disparu sans laisser de trace. Batman est persuadé que ce vol était un travail de commande, et que Riddler était terrifié par le commanditaire. Avant que Batman ne parte en catimini comme il sait si bien le faire, James Gordon lui remet un papier avec le nom du propriétaire originel de l'œuf qui a été volé : Jonah Hex. Batman se rend donc une petite ville de campagne pour rencontrer Jinny et en apprendre plus la provenance de cet objet précieux. Il découvre une jeune femme qui tient un garage auto et qui lui explique qu'elle a donné l'œuf à un musée parce qu'elle ne connaissait aucun acheteur susceptible de lui faire un prix. À une de ses questions, elle lui répond qu'elle sait très bien qui était son arrière-arrière-grand-père qui lui a laissé cet œuf, elle a même un portrait de Jonah Hex dans un médaillon qu'elle porte autour du cou. Une fois Batman reparti, elle rentre dans son garage et va ouvrir une malle dans le bazar qui encombre la pièce de stockage. En 2018, Brian Michael Bendis décide de quitter Marvel Comics pour qui il travaillait depuis 2000, pour passer à la concurrence. Les responsables éditoriaux de DC Comics décident de lui confier le personnage de Superman, dans deux séries mensuelles Superman et Action Comics, ainsi que des projets parallèles. Pendant ce temps-là, la série principale de Batman est confiée à Tom King. Spécifiquement pour le contrat avec Walmart, les deux scénaristes échangent de personnages, King étant le scénariste de Superman : Up In The Sky dessiné par Andy Kubert. Le lecteur comprend rapidement que le scénariste a construit son histoire sur la base d'un McGuffin (un objet prétexte) qu'il faut retrouver, avec une dynamique de course-poursuite : Batman doit retrouver l'œuf et le commanditaire du vol. Dès la fin du premier chapitre, c’est-à-dire à la moitié du premier épisode), le nom d'un autre héros de l'univers partagé DC est prononcé : Jonah Hex, personnage de western créé par John Albano et Tony DeZuniga en 1972. Au fil de cette aventure, Batman va faire équipe avec d'autres superhéros DC, certains de premier plan (mais il n'y a ni Wonder Woman, ni Superman, sauf dans 1 case), d'autres moins célèbres. Bendis met ainsi à profit la richesse de l'univers partagé DC, sans trop en faire. De même, il choisit deux ou trois lieux emblématiques de cet univers partagé comme Gorilla City, là encore sans transformer son histoire en prétexte pour aligner le plus jouets possible. Il s'agit donc d'une aventure, sans autre ambition que de divertir. Nick Derington a réalisé peu de comics, le plus récent étant une itération de la Doom Patrol, écrite par Gerard Way, dans le label Young Animals de DC Comics. Ses dessins s'inscrivent dans un registre descriptif et réaliste, avec un bon niveau de détails. Il réalise des cases soignées, avec une bonne densité d'informations visuelles, des décors représentés en arrière-plan dans la quasi-totalité des cases. Le lecteur se rend vite compte que Derington prend un réel plaisir à illustrer cette série de péripéties hautes en couleurs. Le scénariste privilégie les rebondissements et les actions spectaculaires, avec un Batman plein d'entrain (sans aller jusqu'à être enjoué quand même). La narration de la séquence d'ouverture est très rigoureuse : Batman en train de conduire (ou piloter) la Batmobile en vie subjective. L'artiste prend le temps de représenter le tableau futuriste, de montrer les mouvements des mains sur le volant, et même le reflet du conducteur dans le parebrise, sans oublier les façades d'immeubles ainsi visibles à travers le parebrise. Dave Stewart effectue un travail très méticuleux de mise en couleurs d'une grande précision, sans être ostentatoire. La troisième page montre Batman dans un dessin en pleine page se laissant tomber vers le lecteur entouré de gratte-ciels : une image très superhéros, mettant en valeur sa prouesse physique. Le spectacle est magnifique. Il est visible que Derington a à cœur de mettre en valeur les éléments superhéroïques : belle progression case par case de Batman se frayant un chemin au milieu des Riddler, combat soigneusement mis en scène contre Deathstroke avec un enchaînement de coups et de déplacements logique et plausible, formidables projections informatiques autour de Batman assis dans son fauteuil dans la Batcave, extraordinaire vision des toits de Gorilla City, superbe dinosaure agressif à souhait, étonnante manifestation des constructions d'un anneau de pouvoir, etc. Le dessinateur varie également ses constructions de page pour donner plus de mouvement aux séquences qui le justifient, sans les systématiser non plus. Au fil des séquences, le lecteur savoure plusieurs caractéristiques visuelles : l'incongruité de la Batmobile dans la rue centrale d'une petite bourgade de campagne, l'assurance de Batman devant un commando de gorilles dotés de conscience et armés, Batman disposant d'un harnais antigravitationnel pour voler (et quelqu'un qui se moque de lui parce qu'il a une cape qui ne lui sert à rien), la splendide vue d'une crique de l'Île aux Dinosaures, la chevauchée dans une zone désertique de l'Ouest américain, l'aménagement de la Batcave, la vingtaine de Green Lantern, la plupart étant identifiables pour le lecteur chevronné en Green Lantern. Vraiment, l'artiste sait faire partager son plaisir de raconter une histoire sympathique, entraînante et inventive. Pour cette première incursion dans le monde de Batman, Brian Michael Bendis choisit de revenir à une version en mode aventure, plutôt que de plonger dans un roman noir, avec un individu polarisé dans sa guerre contre le crime jusqu'à en devenir obsessionnel. Pour autant, il ne trahit en rien la nature du personnage, il ne s'en sert pas comme d'un personnage générique. Il s'amuse à peu avec ses gadgets, sans tomber dans le systématisme ou la surenchère. Il met en scène ses talents de détective, sans en faire un super Sherlock Holmes, et il met en valeur ses aptitudes de combattant chevronné. Il n'en fait pas non plus un individu hautain ou défiant vis-à-vis de tout le monde, puisqu'il arrive à collaborer avec d'autres superhéros sans les prendre de haut. Le lecteur se laisse donc bien volontiers embarquer ans cette balade qui lui permet de rencontrer d'autres superhéros, et de visiter des lieux exotiques. Il prend ces aventures au premier degré, comme un divertissement bien tourné. En commençant cette histoire, le lecteur a conscience qu'elle est à part de la continuité et qu'elle n'a pas d'incidence dessus, que l'enjeu n'est pas de raconter un récit qui fera date dans l'histoire du personnage. Il constate dès la première séquence que Nick Derington est fortement investi dans la mise en images, avec un entrain communicatif qui rend la lecture aussi immersive qu'agréable. Brian Michael Bendis fait preuve d'une bonne inventivité sur une trame basique et efficace. Le lecteur ne boude aucunement son plaisir et s'amuse bien avec ces aventures sans prétention.

14/09/2024 (modifier)