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Couverture de la série Tramp
Tramp

Cette série avait bien des atouts pour me séduire: de l'aventure, de l'exotisme, un zest de sensualité et des scénarii bien élaborés autour d'une époque (les années 50) qui traine encore les scories des années noires. Malheureusement je n'ai pas accroché plus que cela. Probablement à cause de Calec personnage trop marqué par les codes du genre à mes yeux. Le beau capitaine, d'une blancheur immaculée quelque soit la situation, toujours rasé au plus près , qui attire les embrouilles les plus sordides mais il possède un ange gardien pour le sortir des situations les plus improbables. Kraehn ne fait pas dans la dentelle, ex nazis, collabos, pervers pédophiles ou violeurs, le beau chevalier blanc est à rude épreuve et se retrouve souvent à faire justice lui-même. Ainsi je ne partage pas la vision de l'auteur qui donne à Floss, le meurtrier violeur, une sorte de fin héroïque en queue de poisson. C'est ce final un peu style "tout est bien qui finit bien" qui me gène au sortir des deux premiers cycles. Le graphisme de Jusseaume est agréable surtout pour ces extérieurs. Les scènes de bateaux sont très détaillées avec une belle ambiance; Les paysages sud américains ou africains sont bien travaillés avec une belle précision, les jeunes femmes sont séduisantes et sexy. Le seul bémol se trouve selon moi dans l'aspect des marins trop lisses et figés surtout pour Caldec. Une lecture aventure pas désagréable mais j'ai eu du mal avec le héros.

02/09/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
Couverture de la série Face de Lune
Face de Lune

Quand l'univers singulier de Jodorowsky rencontre le talent graphique de Boucq, cela donne Face de Lune, une série que je considère en demi-teinte. Comme souvent avec Jodorowsky, l'imaginaire est foisonnant, excessif, parfois grotesque, et Boucq se révèle un compagnon idéal pour donner chair à cet univers délirant et malsain, peuplé de dictateurs obsédés par les œufs, de vagues cataclysmiques, de religieux fanatiques et de marginaux monstrueux. On retrouve les thèmes récurrents de l'auteur : pouvoir, religion et mysticisme, mais, ici, ils demeurent plus mesurés et ne saturent pas complètement le récit. Au centre de ce chaos évolue Face de Lune, un simplet joyeux doté de pouvoirs mystérieux, qui traverse les événements avec une innocence désarmante. Je ne suis pas particulièrement amateur de ce type de personnages, mais il fonctionne ici comme un contrepoids bienvenu au côté malsain de l'univers de Jodorowsky. Il insuffle une poésie absurde, une naïveté fragile au milieu d'une humanité laide, cruelle et désespérée. Le dessin, lui, est splendide : puissant, inspiré, même si les couleurs paraissent parfois un peu datées. J'ai surtout apprécié les décors et les cadrages, qui ont donné lieu à de nombreuses couvertures alternatives selon les éditions, toutes visuellement marquantes. La série regorge de passages mémorables, oscillant entre hallucination, dégoût et fulgurance. C'est une lecture exigeante, parfois éprouvante, qui ne plaira pas à tous, mais qui ne laisse jamais indifférent. Pour ma part, l'expérience m'a intéressé malgré ses excès et ses longueurs. Le rythme manquant d'accroche m'avait d'ailleurs fait abandonner la lecture lors de sa première parution, avant d'y revenir quelques années plus tard. En définitive, Face de Lune est une œuvre originale, extrême et déroutante : un Jodorowsky correct mais dont je retiens surtout la beauté du dessin de Boucq, bien plus que le scénario.

02/09/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
Couverture de la série Troubles fêtes
Troubles fêtes

Je suis assez partagé sur Troubles fêtes qui est un album pour qui j'ai une certaine affection vu à quel point j'aime le graphisme de Loisel mais que je n'aurais pas envie d'acheter. D'un côté, il faut reconnaître que les textes de Rose Le Guirec sont de belle facture : crus mais jamais vulgaires, parfois même poétiques, avec une vraie qualité d'écriture dans le registre érotique. Graphiquement, Loisel a toujours ce talent pour dessiner des femmes sensuelles et pleines de vie, et certaines planches, surtout dans les deux premières histoires, dégagent une vraie chaleur et une poésie campagnarde assez séduisante. En revanche, la formule texte/illustration m'a paru bancale. On est plus proche d'un livre illustré que d'une vraie BD, et le rapport texte/image manque souvent de cohérence. Les histoires sont très inégales : la première est vite oubliée, la deuxième fonctionne bien et est sans doute la plus réussie, la troisième, vénitienne, m'a semblé confuse et parfois même un peu rebutante. Au final, ce n'est ni un ratage total ni un chef-d’œuvre. Il y a de belles pages, de bons textes et quelques scènes émoustillantes, mais aussi de la redondance, un rythme inégal et une impression générale d'album bancal. Si c'est un ouvrage à lire par curiosité, c'est essentiellement pour savourer le dessin de Loisel et le voir se lâcher dans le domaine de l'érotique voire du pornographique, mais pour ce qui est des histoires elles-mêmes, elles s'oublient vite.

02/09/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
Couverture de la série Valérian - Là où naissent les histoires
Valérian - Là où naissent les histoires

Comme mes prédécesseurs l'ont indiqué, ce one-shot scénarisé par Christin lui-même s'apparente fortement à une suite de la série officielle Valérian, après le dernier tome où nos deux héros revenaient en enfance au XXIe siècle. Accompagnés de M. Albert, devenu leur tuteur, ils prennent part à une mission dans une région des bords de la mer Noire, où se croisent des émissaires du futur et d'autres personnages venus négocier d'étranges pierres découvertes dans le sol. L'ensemble ressemble donc à un album supplémentaire de Valérian et je dois avouer que, sur le plan scénaristique, il m'a paru assez moyen : pas mauvais, mais un peu ennuyeux, avec des enjeux peu clairs, peu d'action et des héros enfants qui peinent à captiver. Jusqu'au bout, j'ai eu du mal à comprendre les motivations des différentes parties, ainsi que leurs actes souvent confus et difficiles à appréhender. Heureusement, il y a le dessin de Virginie Augustin, que j'apprécie depuis Alim le tanneur. Il colle parfaitement à l'ambiance du récit et réussit à la fois à se rapprocher du style de Mézières (dont les personnages sont immédiatement reconnaissables) tout en affirmant une patte propre. En définitive, j'ai pris plaisir à retrouver l'univers et les éléments familiers d'une série que j'aime beaucoup, mais du point de vue de l'intrigue, cet album reste loin des meilleurs de Valérian.

02/09/2025 (modifier)
Couverture de la série Zozo le clown
Zozo le clown

Besseron commence à avoir publié pas mal d’albums, dont je pense avoir lu la très grande majorité. Sa production est inégale, mais je trouve que cet album se situe dans sa bonne moyenne. En tout cas on y retrouve ce que je recherche chez lui. A savoir un humour un peu con, virant franchement vers l’humour noir à tendance – parfois assez marquée – trashouille. Les éditions Rouquemoute ont fait un beau travail éditorial, avec une couverture épaisse et un format à l’italienne très adapté à ce genre de strips/histoires courtes. C’est en tout cas un format que j’aime bien. Pour revenir sur l’album lui-même, j’ai bien aimé ce clown irrévérencieux, qui cherche surtout – voir uniquement – à se faire rire, le plus souvent au détriment du public. Car il ne respecte rien, détroussant les vieilles, introduisant son long nez là où de plus jeunes ne l’attendent pas, sabotant le travail des autres, les emmerdant par plaisir (voir leur vomissant dessus dans les manèges !), toujours avec ce sourire et cet accoutrement qui contrastent fortement avec son attitude pénible. Cela renforce bien sûr la force des gags, et Zozo mérite le détour pour ceux qui comme moi sont amateurs de ce type d’humour. Rien de fin, le pipi caca prout et l’humour bêta et trash dominent, mais ça fait du bien. En tout cas j’en redemande. Et si vous voulez en plus aider les éditions Rouquemoute en difficulté, n’hésitez pas à acheter ce défouloir sympathique.

01/09/2025 (modifier)
Couverture de la série Le Carnet de voyage intergalactique de Robert Thomas'Tomate
Le Carnet de voyage intergalactique de Robert Thomas'Tomate

L’album s’adresse à un public assez large, même si le public cible est plutôt jeune (jeunes ados je pense), plus jeune en tout cas que la majorité des séries de Pixel Vengeur, habitué de l’humour graveleux – alors qu’ici c’est beaucoup plus sage, car publié dans une collection jeunesse des éditions Rouquemoute. L’album tourne autour d’un seul personnage, un explorateur de planètes inconnues – il en visite six successivement, puis les « note » dans son carnet de bord. A chaque fois ses visites son courtes, et peu concluantes. Un lecteur adulte trouvera peut-être légères – et très courtes – les histoires. Mais les plus jeunes apprécieront davantage je pense, l’humour bon enfant, légèrement couillon. Ainsi que le dessin fluide et agréable de Pixel Vengeur (par ailleurs auteur très sympathique, que j’avais rencontré au dernier festival Quai des Bulles).

01/09/2025 (modifier)
Par Josq
Note: 3/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Spirou et Fantasio Classique - Le Trésor de San Inferno
Spirou et Fantasio Classique - Le Trésor de San Inferno

Fabrice Tarrin et Lewis Trondheim ont déjà touché à l'univers de Spirou, mais c'est la première fois qu'ils se réunissent. Je dois bien avouer que je n'avais pas trop aimé leurs premières incursions dans cet univers, même si Tarrin au dessin m'a toujours satisfait. Ici, le résultat est à mon avis bien plus plaisant ! Nouveau tome de la série Spirou et Fantasio Classique, ce Trésor de San Inferno en est à mon avis clairement le meilleur tome (en considérant Spirou chez les Soviets comme un Classique, ce que Dupuis n'a plus l'air de faire... Ils sont durs à suivre, parfois !). Le dessin de Tarrin s'affine peu à peu et, plus épuré que dans Spirou chez les Soviets, il est ici d'une impressionnante efficacité. Il hisse en tous cas Tarrin au rang des meilleurs repreneurs de la saga, sur le plan graphique, sans aucun doute. Côté scénaristique, je suis un peu plus partagé. L'introduction du récit est proprement géniale. En quelques pages, Trondheim renoue avec le génie de Franquin en posant efficacement le décor, et en introduisant les personnages avec un art consommé. Les joutes oratoires habituelles entre les personnages sont très drôles, et l'arrivée de Seccotine dans l'histoire est parfaite en tous points. A la lecture de cette introduction, j'ai vraiment cru que je lisais le meilleur Spirou depuis Franquin. Mais la suite du scénario est un peu plus discutable. Je ne saurais que trop conseiller à ceux qui me lisent de ne surtout pas se fier au synopsis officiel. Il est certes fidèle au premier tiers de l'album, mais ensuite, le récit part dans une toute autre direction. D'un côté, j'aime cet aspect inattendu, que les aficionados de Trondheim connaissent bien. D'un autre côté, la direction choisie ramène le récit dans quelque chose de beaucoup plus anecdotique que les promesses initiales du synopsis, notamment par rapport aux antagonistes. Je n'en dirais pas plus, mais j'ai eu un moment l'impression que l'intrigue tournait un peu en rond. Je reconnais malgré tout qu'arrivé à la conclusion du récit, j'étais tout de même très satisfait de cette lecture, qui renoue avec la simplicité et l'art épuré de l'âge d'or de la bande dessinée, dans les années 60. Et tout anecdotique que soit l'histoire, je ne peux qu'en être content ! Bref, j'aimerais bien que ce duo Trondheim/Tarrin reste sur la saga, et nous propose de nouveaux albums, mais peut-être en musclant un peu plus leur jeu d'ici là ! Mais vu comme il semble avoir été compliqué de convaincre Tarrin de revenir sur la saga, pas sûr que ce soit de si tôt... (même s'il a annoncé qu'il ferait les crayonnés du prochain tome de Spirou chez les soviets, alors tout est possible !)

01/09/2025 (modifier)
Couverture de la série Today's Special
Today's Special

Une histoire d'amour. D'amour romantique, d'amour culinaire, d'amour flamboyant, de petits plats alléchants, d'amour qui s'étiole, de petits plats moins appétissants, d'amour mélancolique, de cuisine sans effort, d'amour propre et d'amour retrouvé. Vous l'avez sans doute compris à ce petit résumé, ici on parle d'une histoire d'amour sous métaphore culinaire, dans une forme cryptique, poétique, intéressante mais néanmoins légèrement hermétique. Le texte est beau mais m'est apparu pompeux, le dessin audacieux mais m'a tout de même semblé fainéant, … Bref, au tout début je n'ai pas trop su quoi en penser. Mélanger romance et cuisine est une recette qui me plait (il n'y a qu'à voir mon avis sur L'Amour est au menu) mais ici j'ai eu un petit peu de mal à rentrer dedans. C'est après quelques relectures que je me suis enfin laissée toucher par l'œuvre, que j'ai enfin pu pleinement comprendre et apprécier la métaphore culinaire (en quoi tel plat équivaut à telle chose). Ce n'est pas parfait pour autant, la forme ne me parle pas énormément, j'ai du mal avec le côté "film d'auteur à la narration flottante et éclatée pour se donner un style", mais pourtant je reconnais avoir ressenti une sincérité derrière la démarche. Une sincérité qui a su me toucher après mes relectures. Alors, malgré mes réticences premières, je dois bien avouer que l'album reste bon. Il est court, la lecture est sincèrement rapide, donc je ne vais pas rentrer plus que cela dans les détails. L'album mérite la lecture, mais en même temps je me dis que ce n'est pas le genre de créations qui parviendra à trouver un large public.

01/09/2025 (modifier)
Couverture de la série Gender flou
Gender flou

J'avais découvert Tamos avec l'album Le Chevalier Imberbe, un album qui m'avait permise de découvrir les éditions Exemplaire que j'apprécie énormément aujourd'hui. Le dessin d'apparence simple et enfantin, les dialogues se prenant seulement à moitié au sérieux et glissant régulièrement des apartés/digressions comiques, le sujet du genre et du poids des conventions sociales qui semble cher à l'auteur-ice, ... Sans être parfait l'album m'avait agréablement surprise et m'avait fait ajouté Tamos à la liste des auteur-ice-s dont je souhaitais voir la suite des travaux. Alors, quand en explorant une librairie, je suis tombée sur la première création dudit Tamos aux éditions Exemplaire, une autobiographie parlant des questionnements de genre de l'auteur-ice justement, je me suis sans soucis laissée tentée par la lecture. (Tamos s'exprimant justement dans cet album sur le fait qu'il reste encore en questionnement quant aux pronoms à utiliser à son égard je vais essayer de me cantonner au masculin et à l'écriture inclusive qu'il privilégie et alterner entre les deux usages - même si je vais sans doute plus utiliser l'écriture inclusive par sécurité). Comme toute autobiographie, Tamos nous raconte sa vie, des débuts jusqu'à l'époque de rédaction (choquant, je sais). Comme souvent dans les biographie, la vie de l'auteur-ice nous est racontée sous un angle bien particulier : ici, les questionnements de genre. Depuis ses déboires d'enfance avec son apparence masculine jusqu'à sa recherche d'identité une fois adulte en passant par les innombrables questionnements entre les deux (et même après), Tamos nous raconte mine de rien une expérience assez universelle chez toutes les personnes transgenres (binaires comme non-binaires). Bon, ici surtout les personnes non-binaires, car bien que de nombreux points communs lient les deux expériences, elles restent mine de rien différentes. Au delà des questionnements sur les codes et attentes de la société, de la peur de la perception des autres sur notre corps, des montagnes russes émotionnelles que peuvent être les euphories et dysphories de genres, les personnes non-binaires affrontent tout de même un ennemi de taille bien particulier : une sortie totale et absolue des carcans sociaux préétablis et une incompatibilité avec les petites cases bien rangées dans lesquelles on catégorise si souvent les gens. Mon genre se plaçant (en tout cas pour l'instant) dans la binarité je ne connais pas personnellement ce genre d'expérience si particulière et la lecture de témoignages comme ceux de Tamos sont on ne peut plus intéressants. Les doutes que l'on vit, le sentiment d'avoir ouvert la boîte de pandore lorsque le déclic vient, le traitement ostracisant (parfois même involontaire) que certaines personnes peuvent avoir, les petits riens qui apportent tout de même du soutien, la complication des relations sociales (en particulier amoureuses ; en particulier lorsque l'on est non-binaire), l'étrange fascination qu'ont les autres pour savoir si oui ou non la personne en face est un homme ou une femme, le sentiment d'avoir besoin d'être à tout heure prêt-e à défendre bec et ongle et avec grands talents oratoires notre droit à exister (ou tout simplement d'avoir à expliquer ce que nous sommes), ... Oui, je pense que cet album est on ne peut plus intéressant à lire, surtout pour les personnes non-directement concernées. Le dessin de Tamos est ici un peu plus épuré que dans ses précédents travaux que j'avais lus. Presque pas de décors, des personnages qui font parfois "griffonnés", ... Ce n'est pas fainéant, l'album met surtout en avant ses dialogues et sa pensée, mais j'avoue que, moi qui aime bien le style de Tamos, je n'aurais pas dit non à retrouver les jolies couleurs qu'iel utilise souvent. Pas mauvais, remplit son office, mais je regrette tout de même de ne pas retrouver un dessin aussi travaillé que dans Le Chevalier Imberbe par exemple. Une lecture on ne peut plus intéressante, très personnelle. On sent que l'auteur-ice s'est aussi servi de cette œuvre pour extérioriser ses doutes, ses réflexions, ses pensées, ses peurs, ses joies et ses bons souvenirs. L’œuvre est un petit exutoire, oui, mais plein de positivité (en tout cas je l'ai trouvé joyeux). J'ai l'impression de m'être surtout arrêtée sur les complications liés aux genres dans mon avis, mais l'album aborde également le pan joyeux et libérateur de l'exploration de l'identité et je dois dire que l'optimisme qui semble transcender au final est contagieux. Si Tamos passe par là (sait-on jamais), j'espère que les doutes et les questionnements se sont adoucis depuis (même s'ils sont sans doute toujours là) et j'espère aussi que le sourire que tu sembles arborer si souvent dans la vie est toujours bien là !

01/09/2025 (modifier)
Par Blue boy
Note: 3/5
Couverture de la série Les Sanctuaires (Le Cycle d'Inari)
Les Sanctuaires (Le Cycle d'Inari)

Impossible de ne pas être intrigué par ce lourd pavé à la couverture un brin mystique évoquant un univers heroïc-fantasy. C’est à partir de l’expérience personnelle de l’auteur qu’est née l’idée de ce récit, assez étonnant il faut l’avouer. Démarrant sur une accroche spectaculaire, où l’on voit Sébastien s’effondrer sur le sol avant de se tordre de douleur, le récit va ensuite adopter une tonalité plus intimiste et pour le moins délicate d’un point de vue graphique. On ne sera pas surpris puisque l’auteur a vécu quelques années au Pays du soleil levant, et son dessin traduit plus que clairement une influence manga. Son style, assez sobre, évoque peu ou prou le travail de Jiro Taniguchi, en moins réaliste cependant. On va d’abord le suivre dans son parcours médical qui s’apparentera davantage à un chemin de croix, narré de façon très elliptique et se terminant sur le constat d’impuissance des docteurs. Ce qui mènera le jeune homme à se tourner vers les médecines « alternatives », inspirées des pratiques ancestrales asiatiques, souvent récupérées de façon mercantile en Occident, sous l’appellation « développement personnel » ou « New Age ». Et dans un passage plus orienté « cartoon », lorsque ses genoux lui suggèrent cette option, la première réaction de Sébastien est la dérision, lui qui s’avoue athée. Mais quand on a tout essayé et que rien ne marche, pourquoi ne pas tenter le coup ? Au pire, rien ne changera… Ainsi, le processus va commencer par la quête intérieure de ce fameux sanctuaire. Et contre toute attente, les premiers effets se font sentir, la douleur semble reculer ! Le pouvoir de la pensée, ce n’était donc pas juste du blabla de charlatan ? Certes, ça ne sera pas miraculeux et pour l’instant, ça ne fait que le soulager. Et pour peu qu’il décide de persévérer dans cette voie, il y aura encore du chemin à faire… en outre, Sébastien se trouve alors face à un dilemme : alors qu’on l’invite au Japon pour un job dans l’animation, il craint de ne pas être à la hauteur et de ne pas supporter la pression. Son genou risquerait alors de ne pas le remercier… Qu’on se rassure, « Les Sanctuaires » ne cherche pas à convaincre les sceptiques ou à faire du prosélytisme à trois balles sur des techniques ancestrales qui d’ailleurs sont plus spirituelles (ou mentales) que religieuses. Ceux qui n’y croient pas camperont sur leur position, tout comme ceux qui y croient seront renforcés dans leurs convictions. Le livre raconte juste une histoire, celle de l’auteur, qui s’est fait explorateur pour trouver le graal qui soignerait ses douleurs… A ce titre, il va entamer une quête introspective par des exercices de relaxation, quête qu’il illustre de façon métaphorique par un voyage dans les profondeurs terrestres, associé à diverses méthodes d’autosuggestion inspirées entre autres par le bouddhisme, où il est question de reconnecter le corps et l’esprit… Son dessin très imagé oscille entre le raffinement et le spectaculaire. Les scènes du quotidien distillent une certaine sérénité (malgré la douleur), avec un travail admirable sur l’aquarelle et ces représentations nocturnes de la ville sous la pluie. Pour les passages plus oniriques, Sébastien Pons adopte un style proche du manga d’action, teinté d’humour et parfois légèrement grand-guignolesque, où interviennent des personnages haut en couleurs, notamment un vieux barbu, porteur d’une sagesse bouddhique, dont le but est d’aider Sébastien à dompter ces monstres symbolisant son « ennemi intérieur ». Et le lecteur d’être immergé dans les grottes de la Moria… Découpée en chapitres, chacun étant introduit par un haiku, la narration est assez captivante. Avec « Les Sanctuaires », Sébastien Pons nous offre un récit très personnel où il détaille le long parcours qui lui a permis de se reconstruire et de puiser en lui des forces insoupçonnées pour renforcer la confiance qui lui faisait défaut. Un ouvrage qui pourra livrer quelques clés de sagesse pour comprendre que sans l’esprit, le corps n’est rien…

01/09/2025 (modifier)