Les derniers avis (46804 avis)

Par pol
Note: 3/5
Couverture de la série Randolph Carter
Randolph Carter

Cette série se déroule dans l'univers de Lovecraft et met en scène Randolph Carter. Notre homme est un légionnaire de la première guerre mondiale, blessé au front, et soigné dans un hôpital de Marseille. Le cadre est fixé d'entrée puisque son régiment est décimé, non pas pas par l'armée allemande, mais par une hordes de créatures fantastiques identifiées comme des goules. A partir de ce postulat de départ notre héros va découvrir et se livrer sur son passé et celui de ses ancêtres. Au fil de ses rencontres et ses confessions, l'intrigue se met en place et se dévoile peu à peu. La construction est efficace car le début est un peu calme, un peu lent dans son rythme, mais progresse en intensité et en intérêt de pages en pages. Et à la fin de ce premier tome la curiosité du lecteur est attisée juste ce qu'il faut pour avoir envie de connaitre la suite de l'histoire. Visuellement c'est également réussi, le trait est propre et maitrisé que ce soit les personnages, les décors ou les créatures fantastiques. Au final c'est un premier tome agréable. Peut être ne se sort-il pas spécialement du lot par une originalité particulière ? Mais ce n'est pas grave, l'histoire est plutôt efficace et c'est déjà très bien. Tome 2 Le second tome poursuit cette exploration de l'univers Lovecraftien. Coté ambiance, on retrouve encore plus de goules et de créatures fantastiques à tête de serpents ou à tentacules. Coté récit, le rythme s'accélère, les péripéties s'enchainent rapidement, presque un peu trop vite même. Il y a en toile de fond un complot contre Carter. On cherche à l'attirer quelque part, il y a des traitres autour de lui. Malheureusement ce n'est pas assez exploité et la fin ouverte, et un peu vite expédiée, ne délivre pas toutes les réponses. On a un peu l'impression qu'il fallait aller vite pour conclure en 2 tomes. Certains aspects auraient mérité d'être un peu plus développés et approfondis. Notamment la partie fantastique autour des créatures. La plupart sont un accessoire qui agrémente l'histoire. On les croise au détour d'une grotte, d'un rêve ou d'une nuit tragique. Mais on ne les revoit plus, on explique rien autour de ces bestioles : ni leurs origines, ni leurs intentions, ni leurs liens entre elle, avec Carter ou ces ancêtres. Il manque un petit quelque chose autour de tout ça.

08/06/2024 (MAJ le 02/01/2025) (modifier)
Couverture de la série Air - Sous un ciel moins gris
Air - Sous un ciel moins gris

J’ai bien aimé l’univers créé par Pelaez, dans lequel je suis d’emblée entré avec plaisir. On peut y retrouver des points communs avec d’autres séries (Horologiom, L'Homme sans sourire), mais elle se démarque et crée quelque chose d’original et intéressant. Surtout que les auteurs apportent un visuel lui aussi intéressant, mêlant éléments du passé et du futur pour ce qui est de l’architecture et surtout des engins. Engins qui ont souvent la particularité de voler et de se déplacer sous les flots : c’est d’ailleurs amusant de voir ces gros avions à hélice, se déplacer comme de vulgaires sous-marins. Improbable, mais ici la magie opère, on accepte aisément tout ça. Et je pense que les auteurs auraient franchement eu matière à développer davantage cet univers – sur au moins un tome de plus – pour lui donner encore plus de corps (et expliquer les villes recouvertes par les mers, cette catastrophe ayant eu lieu suite à la tombée de quelques météorites, ou alors la présence de ces crabes mutants géants au fond des mers). Ma remarque est aussi valable pour l’intrigue elle-même. En effet, j’ai trouvé le second tome un peu bâclé sur la fin, comme si celle-ci avait été expédiée, dans une série de happy-end maladroits. Dans le détail, les personnalités de Troy Denen (le vrai faux traitre), de Shanice Abendale (la cheffe des rebelles) auraient mérité d’être étoffées (et leur relation fluctuante connait des sautes un peu brutales). De la même façon, Urban Yeiger, le méchant de l’histoire, parait parfois un peu trop loufoque et, là aussi, Pelaez airait pu nuancer personnalité et actions. Je ressors globalement satisfait de ma lecture, mais avec l’impression qu’un matériau n’a pas été utilisé comme ou autant qu’il aurait dû l’être. Une petite frustration finale donc.

02/01/2025 (modifier)
Couverture de la série Mes meilleurs Jésus
Mes meilleurs Jésus

Un recueil de dessins jouant sur plusieurs registres. De l’humour noir, parfois absurde, de petites réflexions philosophiques. Le dessin est épuré, minimaliste, l’auteur va à l’essentiel. On est ici dans la veine de ce que Jean Jacques Pauvert pouvait publier dans sa revue Bizarre dans les années 1960 avec des auteurs comme Chazal, Siné, Topor, etc. Il y a aussi parfois quelques accointances avec l’excellent « Catalogue d’objets introuvables » de Carelman. Un peu de surréalisme donc. C’est un album pas très courant, mais qui, sans jamais réellement déclencher l’hilarité, se révèle sympathique à lire, le sourire aux lèvres.

01/01/2025 (modifier)
Couverture de la série Corps sonores
Corps sonores

Étrange album, assez décousu dans sa construction, qui ressemble à un assemblage de « moments », dans lesquelles l’auteure explore les diverses possibilités de la rencontre amoureuse. Si parfois des personnages reviennent, il n’y a pas ici d’histoire traversant l’album, ce sont bien des « exemples » différents, indépendants les uns des autres, même si pour l’auteure ils semblent former par leur diversité et le panel assez large de protagonistes, une sorte d’étude exhaustive de la relation amoureuse. Hétérosexuels, homosexuels, bisexuels, adeptes du polyamour ou triolisme, tous les personnages que Julie Maroh nous présentent explorent un aspect de l’amour. Surtout saisi à ses débuts, qu’ils soient « ratés », manqués ou pas, que le coup de foudre ait pétrifié les amoureux, que des maladresses aient gêné son épanouissement, que la routine ait sclérosé les sentiments. Ni étude sociologique ni roman graphique débridé, ni même témoignage autobiographique semble-t-il, cet album se laisse lire. Agréablement, même s’il m’a manqué un je ne sais quoi pour davantage l’apprécier.

01/01/2025 (modifier)
Par Blue boy
Note: 3/5
Couverture de la série Deux amis sur mes épaules
Deux amis sur mes épaules

Avant d’entamer la lecture de « Deux amis sur mes épaules », on n’est pas trop sûr de ce à quoi on a affaire. Il s’agit d’un objet assez indécis, entre la bande dessinée et le livre illustré pour enfants, plus sûrement une fable pour « young adults » et grands adolescents, capables d’appréhender le traumatisme que peut représenter l’abandon d’une mère. L’illustratrice sud-coréenne Lee Suyeon, dont c’est le premier ouvrage en tant que bédéiste, nous offre un récit plein de douceur qui puise dans l’enfance le remède pour tenter de soulager les maux adultes. Il y a beaucoup de poésie dans « Deux amis sur mes épaules », avec cette jolie trouvaille de mettre en confrontation passé et présent, par le biais de deux personnages imaginaires. Le premier d’entre eux, la panthère noire, symbolise le poids obsédant d’une enfance blessée, et le second, la perruche exotique, représente l’ouverture et la voie vers la guérison. On ne sait vraiment s’il s’agit d’une autofiction, mais on peut imaginer le fardeau douloureux que représente la « fuite » d’une mère, une souffrance qui isole et que les rares proches, même bienveillants – ici en l’occurrence l’amie d’enfance Ourselette et le jeune mari Loutrot — ne suffisent pas forcément à consoler, comme l’autrice en fait la démonstration. Le livre, qui fait près de 200 pages, n’est pas exempt de quelques longueurs mais c’est sans doute le format qu’il fallait à l’autrice pour exposer avec subtilité la douleur d’une telle absence et évoquer l’espoir qui renaît progressivement, notamment avec l’oiseau exotique qui fait son apparition en seconde partie. Graphiquement parlant, on est plus dans le registre de l’illustration que de la bande dessinée, avec les textes et les dialogues en surimpression sur les images. Le trait est fragile et enfantin, mais le jeu des couleurs, très agréable, compense habilement ces maladresses, et certaines planches pleine page sont très réussies. Reflétant les états d’âmes de la jeune Toki, elles sont un peu sombres et grisâtres au début pour évoluer vers des tonalités plus chatoyantes ensuite. « Deux amis sur mes épaules » nous réserve une fin touchante et inattendue, assortie d’une suggestion salutaire pour tous ceux qui, à l’évidence comme ce fut le cas avec elle, « rencontrent la panthère chaque fois qu’ils ferment les yeux et rêvent ». Et son propos pourrait bien concerner les victimes de traumatismes d’une manière générale, des traumatismes avec lesquels il faut bien continuer à vivre.

31/12/2024 (modifier)
Couverture de la série Le Fils de l'Ursari
Le Fils de l'Ursari

C’est un récit « gentil », mais ici dans le bon sens du terme, les aspects un peu guimauve de l’intrigue passent plutôt bien, dans une histoire tout public qui plaira à de jeunes adolescents je pense. L’intrigue tourne autour d’une famille de roms méprisés et rejetés – dans leur région d’Europe centrale d’origine comme dans les bidonvilles de la région parisienne où ils ont atterri, tombant sous la coupe de passeurs peu scrupuleux. Et parmi eux, nous suivons en particulier un jeune gamin, Ciprian, qui va se révéler surdoué lorsqu’il va être en contact avec l’école, et surtout lorsqu’il va par hasard découvrir le jeu d’échecs en observant des joueurs dans le jardin du Luxembourg. Pomès réussit à faire passer des facilités scénaristiques (observer deux ou trois jours des joueurs moyens ne permet pas de devenir un crack aux échecs, au point d’être sélectionné en équipe de France de sa catégorie dans les semaines qui suivent !), la narration est fluide, et le lecteur est emporté par la candeur, la volonté de Ciprian, sa façon à lui de prononcer les mots français aussi (et les lapsus qui en découlent). Et la façon dont il va se sortir de l'engrenage mortifère dans lequel lui et sa famille étaient engagés. Du feel good plutôt bien fait, agréable, que je réserverait personnellement à un lectorat adolescent.

31/12/2024 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
Couverture de la série Guerre à Gaza
Guerre à Gaza

Un album salutaire sur la situation à la Gaza qui a malheureusement sans doute empiré depuis. Bon, c'est quand même une BD assez courte et qui se lit assez vite. Je pense qu'on peut facilement la lire au complet en poivrant un peu chez notre libraire habituel, mais ce que dit Sacco reste gravé dans la mémoire pendant longtemps. C'est un beau cri du cœur contre une certaine hypocrisie occidentale et l'impunité du gouvernement de Netanyahou. Malheureusement, le cynique en moi se dit qu'au final Sacco ne va prêcher qu'à des lecteurs convertis, les autres ne vont juste pas lire l'album ou alors juste rejeter en bloc tout ce qu'il dit. Attention une lecture que je ne conseil pas à tout le monde parce que c'est une lecture brutale qui fait mal au cœur et ce n'est pas à lire si on est déjà trop sensible rien qu'en regardant les actualités à la télé. Moi-même je suis très sensible et j'avais vraiment envie de pleurer toute les larmes de mon corps. Je ne suis pas un grand fan du dessin de Sacco, mais son style va bien lorsqu'il s'agit de faire de la satire.

30/12/2024 (modifier)
Couverture de la série The Nice House on the lake
The Nice House on the lake

J'ai ouvert ce diptyque plein d'entrain, alléché par les nombreux prix glanés par cette série : prix de la série 2024 d'Angoulême, Will Eisner Award 2022, prix lecteurs BDTheque 2023, rien que ça, n'en jetez plus ! Tout commençait parfaitement bien avec cette mise en page originale, mixant les différents supports et périodes de l'histoire (extraits de mails et SMS, compte-rendus de dialogues entre personnages, flashbacks, flashforwards, etc.) et variant les sens de lecture, tantôt sur double page, tantôt plus classique. Malgré une certaine irrégularité dans les graphismes (certains visages sont parfois tout juste esquissés), l'ensemble était également plutôt de belle tenue avec une mention spéciale aux magnifiques pages d'entête annonçant chaque nouveau chapitre de manière plutôt angoissante. S'agissant de l'histoire, un premier bémol arrivait très vite tout de même, avec la présentation quasiment en même temps d'une dizaine de personnages que j'ai eu du mal à parfaitement identifier, et ce, malgré les différences physiques notables. Ainsi, j'ai eu beaucoup besoin de revenir en arrière pour être sûr que Ryan était la fille au cheveux bleus ou que l'autrice était bien Norah. Bref, si cela est rendu nécessaire par le récit qui traite d'un huis-clos entre une dizaine de personnages dans une villa huppée surplombant un lac, cela s'avère tout de même assez fastidieux à la longue. Malgré ce petit bémol, l'intrigue jouait plutôt bien son rôle et j'avais envie de connaître le fin mot de l'histoire : pourquoi ces personnes ont-elles été conviées par Walter dans cette villa mystérieuse ? Que représentent ces signes attribués à chacun des personnages ? Enfin, que signifient ces sortes de totems présents à l'extérieur de la villa ? J'ai ainsi dévoré les 182 pages du tome 1 sans trop m'en rendre compte mais en gardant quand même une certaine appréhension de la chute finale, ayant peur d'être au final déçu. C'est au milieu du tome 2 que j'ai commencé à être un peu lassé par ces discussions entre Walter et ses différents amis ayant l'impression que l'intrigue tournait en rond et ce malgré la fin surprenante du tome 1 ouvrant de nouvelles perspectives (je n'en dirai pas plus ici pour ne pas gâcher le plaisir des lecteurs). Au final, si la chute du tome 2 offre encore une petite surprise (que j'ai tout de même vu venir), j'ai tout de même été un peu déçu par les explications aux questions que je vous ai listées un peu avant. Mais peut-être que j'en attendais trop au vu de l'important mystère présent au début de l'intrigue, un peu à la manière d'une série telle que Lost. l'ensemble se tient tout de même et reste cohérent. Comme certains ont pu le dire avant moi, j'ai été aussi un peu dérouté par l'amour que portent tous les personnages à Walter, héros quelque peu transparent et ventripotent qui ne dégage pas grand chose tout au long de l'ouvrage... Ainsi, vous l'aurez compris, j'avoue être un peu hésitant au moment de noter ce diptyque. Autant j'ai été emballé par le premier tome auquel j'attribuerais sans problème la note de 4/5, autant le second tome m'a paru long est verbeux, ressassant sans cesse le même thème et m'a laissé un goût de déception. Venant d'apprendre qu'une suite était prévue, je choisis donc de rester sur un 3/5 dans l'attente de voir si l'univers s'étoffera et si on comprendra contre quoi nos 10 protagonistes doivent se défendre dans les flashforwards aux airs de scènes de guerre post-apocalyptiques et parsemant les deux tomes. Je me laisse également le temps de la relire dans quelques mois pour voir si mon appréciation évoluera. SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 6,5/10 GRAPHISME (Dessin, colorisation) : 6,5/10 NOTE GLOBALE : 13/20 N.B. : Je viens d'apprendre que la suite, prévue en 2025, s’intitulera à priori "The nice houce by the sea" et reprendra le concept initial, à savoir 10 personnes enfermées dans une maison. Sans constituer forcément une suite à l’œuvre initiale ? [SPOILER] S'agira-t-il d'une autre maison expérimentale destinée à faire renaître l'humanité?[SPOILER]

30/12/2024 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
Couverture de la série Le Jour du Caillou
Le Jour du Caillou

Mona et Eko sont amis depuis l'enfance. Ils se sont promis de ne jamais se laisser tomber. Mais il y a un an et demi, ils se sont séparés et Mona en veut profondément à Eko. Tous deux artistes acrobates, ils appartiennent tous deux à des troupes différentes et ne se voient plus. Jusqu'au jour où Eko revient subitement dans la vie de Mona avant de... disparaitre littéralement quand elle lance un caillou dans une rivière. Et voilà que le lendemain, le même jour se répète et qu'Eko revient, essayant d'empêcher Mona de jeter ce fameux caillou. Elle ne s'en rend pas compte, mais ils sont coincés dans une boucle temporelle et Eko va faire tout ce qu'il peut pour essayer d'arrêter ce cycle infini. Héros acrobates et artistes, graphisme doux et aérien, trait épuré, teintes bleues et grises, sujet sentimental et intrigue à base d'effets temporels, cet album fait indéniablement penser à Ces jours qui disparaissent de Timothé Le Boucher. Et c'est vrai que le dessin est ici aussi très agréable, dès la couverture qui attire immanquablement l'attention et l'envie de découvrir le contenu. C'est un graphisme vivant et esthétique, dont le trait légèrement manga et la mise en page inspirée rappelle avec plaisir le style de Boulet. L'histoire, elle, part sur le même concept que le film "un jour sans fin" avec un cycle temporel dont le héros ne sait pas comment s'échapper. Il se doute bien toutefois qu'il doit pour cela se rabibocher avec son ancienne meilleure amie puisque c'est le caillou qu'elle jette dans une rivière qui le téléporte sans arrêt au même endroit chaque jour. C'est une histoire sur une amitié si forte qu'elle aurait pu tourner à l'amour, si forte qu'elle a mené à une rupture tant les sentiments étaient intenses. Aussi originaux que soient les protagonistes et le contexte de leur mésentente, la répétition temporelle rend l'intrigue légèrement lassante. Elle est d'autant plus frustrante que l'héroïne est fermée au dialogue ; et comme chaque matin elle ne se souvient de rien, elle n'évolue pas au fil du temps, rendant difficile de s'attacher à elle car son entêtement à s'énerver devient vite agaçant. Il en découle qu'au-delà de l'excellent dessin et d'une ambiance de départ charmante, l'intrigue s'enlise un peu et ne parvient pas à toucher comme elle l'aurait pu. C'est dommage car c'est typiquement le genre de BD qui donne envie d'être lue.

30/12/2024 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
Couverture de la série Dani Futuro
Dani Futuro

J'étais passé complètement à côté de cette BD dans ma jeunesse, n'en ayant entendu parler que des années plus tard. Mais comme j'aime beaucoup Carlos Giménez et que j'aime la science-fiction, j'avais très envie de la découvrir. Et coup de chance, je suis tombé cette semaine sur un bouquiniste qui avait tous les albums sauf un. Je dois me ranger aux avis des lecteurs précédents : c'est une série sympathique mais emplie de trop de défauts pour ne pas décevoir un peu un lecteur adulte. Elle a tout de même une grande qualité à mes yeux : le graphisme de Gimenez que j'aime beaucoup. Un peu raide et influencé par d'autres auteurs pour les premières histoires, il me plait pourtant déjà, et il gagne ensuite en assurance et en autonomie pour les derniers tomes. J'aime son mélange entre des personnages semi réalistes et certains personnages secondaires, robots et IA, aux traits plus cartoons et humoristiques. Quant aux décors et véhicules, ils sont très inspirés des BD de science-fiction de l'époque, en particulier de Valérian, série dont on voit très vite que les deux auteurs espagnols ont essayé de se rapprocher quitte à parfois ressembler à un ersatz maladroit. On notera rapidement que les éditeurs français n'ont pas publié les histoires dans leur ordre chronologique. C'est en effet le tome 2 français, "Le Cimetière de l'Espace", qui contient les vrais premiers épisodes de la série et en particulier l'explication de comment Daniel Blancor, adolescent des années 1970, s'est retrouvé projeté dans le futur et renommé Dani Futuro. Après cela, nous avons droit à des histoires courtes de taille variable, en moyenne une douzaine de pages, avant de devenir des histoires en un tome sur la fin de la série. D'abord limitées à un futur proche avec juste quelques planètes du système solaire colonisées par les humains, elles tourneront à du Space Opera sans limite avec des civilisations humaines partout dans l'univers et un gros gloubi-boulga sans cohérence scientifique qui mélange les galaxies, les nébuleuses et autres objets interstellaires comme on pouvait en trouver dans les pulps de science-fiction aventureuse. Comme les ingrédients sont très proches de ceux de la série Valérian, on aurait pu obtenir des intrigues aussi bonnes et variées, mais celles de Dani Futuro sont bien plus basiques et convenues, bien plus enfantines aussi. La majorité reprennent une trame similaire de la découverte d'un nouveau lieu/nouvelle planète, d'un peuple en danger ou asservi, d'un méchant à combattre, et du gentil ado et de sa copine qui triomphent du mal et tout le monde est content à la fin. Certaines histoires sortent un peu de ce carcan stéréotypé, comme notamment "Une Planète en Héritage" qui a l'originalité de ne pas avoir Dani pour héros mais seulement sa copine Iris et d'autres protagonistes. Mais pour le reste, les intrigues sont trop désuètes et immatures pour satisfaire un lecteur moderne et adulte. Seul demeure le dessin que je trouve toujours excellent et que j'aurais aimé voir mis au service d'un scénario de SF plus abouti et plus original.

30/12/2024 (modifier)