Avec cet album très épais, Yslaire rend un hommage appuyé à Baudelaire, son œuvre. Mais aussi à ce qui a pu l’inspirer, à commencer par sa muse, Jeanne Duval, évoquée dans certains poèmes, et mise en lumière ici (c’est à elle en tout cas qu’Yslaire veut donner la priorité, c’est aussi là que sa "marge de manœuvre" d’auteur est plus grande, étant données les zones d’ombre concernant Jeanne). C’est aussi un hommage à une sorte de bohème littéraire et artistique – on croise nombre de contemporains, amis ou collègues de Baudelaire dans cet album.
Si l’album se laisse lire, j’ai trouvé que ça s’étirait un peu trop, que certaines longueurs auraient pu être évitées.
Esthétiquement, c’est plutôt agréable. Yslaire réussit très bien à rendre l’époque, dessin et colorisation sont à la fois plaisant et raccord avec le sujet.
Un peu longuet parfois, mais un sujet plaisant et globalement une bonne restitution de l’esprit de l’époque, même si le Baudelaire aigri de la fin (celui des « Fusées » ou de « Mon cœur mis à nu ») est évacué.
Je ne connais pas trop l'œuvre de Mittei même si je l'ai rencontré au détours de séries des années 70 pour lesquelles il collaborait.
Comme on est de son enfance ce style graphique me convient parfaitement surtout avec cette mise en couleur. Sans être un grand nostalgique, j'aime bien retrouvé ces sensations de lectures enfantines et paisibles. Ce côté lumineux, pétillant où la bonne humeur est toujours présente correspond bien aux récits d'Alphonse Daudet. Bien que Nîmois, Daudet a surtout vécu à Paris. Cela ne l'a pas empêché de saisir l'esprit du Sud de la France lors de ses voyages . Peut être à cause de son état de santé défaillant ses récits débordent de chaleur humaine, d'aspiration à la vie à travers la bonne chère, la liberté, la lumière. C'est exactement ce que réussit à transmettre Mittei sans prise de tête et pour le plaisir de tous. On retrouve une foule de ses petits personnages habituels au banquet de Noël, Mittei n'oubliant pas de faire des apparitions pour célébrer cette poésie de la vie.
Une lecture pour tous bien rafraichissante.
Max est un enfant très renfermé, si timide qu'il évite toute discussion en dehors de celles avec son oncle. Il se réfugie dans son imaginaire où il se rêve héros vivant dans un château protecteur. Ce château, c'est en réalité le musée où son oncle travaille comme gardien. Max y grandit entouré d'œuvres antiques, dont le portrait terrifiant d'un pirate sanguinaire qui hante ses cauchemars. Pourtant, ce tableau attire l'intérêt de cambrioleurs, et dans le feu de l'action, Max découvre que sa présence réveille le pirate Cornélius, prisonnier de la toile.
Cette BD jeunesse mêle aventure et fantastique : un garçon timide y croise un pirate finalement moins cruel qu'il n'y paraît, et une jeune fille débrouillarde. Ensemble, ils se lancent dans une quête pour empêcher le vol du trésor du pirate et tenter de briser la malédiction du tableau.
Graphiquement, l'ensemble est inégal. Certains personnages paraissent lourds et maladroits, tandis que les enfants sont plutôt réussis. Les décors, très simples, rappellent parfois les univers des jeux Nintendo 64, et la mise en scène souffre de perspectives bancales et d'actions confuses. Ce n'est pas mauvais, mais ces maladresses se remarquent.
Le public ciblé n'est pas toujours clair : si le héros a 10 ans et sa camarade 12, certains éléments semblent pensés pour un public plus jeune encore. Le récit souffre d'un manque de maturité : les comportements paraissent forcés, les protagonistes jouent des rôles qui manquent de naturel, les péripéties sont souvent convenues ou incohérentes, ce qui passe pour de très jeunes lecteurs mais font davantage tiquer les plus âgés. On sent malgré tout la sincérité et l'envie de bien faire. Les auteurs sont généreux dans leur offre, l'album est assez dense et occupe bien ses 72 pages et on sent qu'ils y mettent du cœur et veulent faire plaisir à leurs lecteurs quelque soit leur âge.
En définitive, cela se lit comme une première œuvre : imparfaite mais attachante, sincère et pleine de bonne volonté. Et si, adulte, je reste attentif à ses défauts, je suis convaincu qu'à 10 ans ou moins, je n'y aurais vu que l'essentiel : une aventure amusante aux côtés de personnages sympathiques.
Parmi toutes les bandes dessinées que j’ai lues au fil des ans, qu’il s’agisse de BD, de manga ou de Comics, Escale à Yokohama occupe une place à part : il m’est impossible de comprendre pourquoi je l’ai appréciée. Car, pour être honnête, il ne s’y passe rien, les petits points nébuleux ne reçoivent aucune réponse et la fin ne débouche sur rien de neuf.
Pourtant, cette lecture m’aura procuré un sentiment d’apaisement, de douce sérénité, qui est exactement le but recherché par le genre « iyashikei », genre né à la fin des années 1990 au Japon, qui traduisait le besoin pour la population locale de rêver sereinement à un avenir radieux alors même que l’actualité ne s’y prêtait pas vraiment (tremblement de terre à Kobe, attaque au gaz sarin dans le métro à Tokyo, éclatement de la bulle économique, auxquels vont encore s’ajouter un tsunami et ses conséquences (Fukushima)).
Dans son genre, ce manga est donc une pleine réussite. Il ressemble à un jardin japonais dont le dépouillement et la simplicité des formes provoquent une forme de léthargie méditative chez le promeneur. Et c’est ce que j’ai été durant une bonne part de la série : un promeneur méditatif et serein.
La série se compose de courts chapitres chronologiques dans lesquels on va de plus en plus découvrir Alpha, son café, ses voisins, ce monde post-apocalyptique « apaisé », la résilience qui anime chacun des acteurs. Notre curiosité est titillée, mais sur un mode contemplatif, lent, dépourvu de toute tension dramatique. Et d’ailleurs, lorsqu’un drame survient (le café d’Alpha sera détruit par une tempête), la série perd de son charme.
Vraiment séduit sur une bonne première moitié des tomes, j’avoue m’être quelque peu lassé du concept sur la seconde moitié. Il était temps que ça se termine… mais j’aurais aimé quelques explications supplémentaires concernant certains personnages mystérieux. Ceci dit, ce mystère persistant, cette absence d’explications force le lecteur à mettre en pratique ce que la série montre tout au long de son fil : apprendre à accepter avec sérénité. Je n’ai juste pas encore atteint le niveau de sagesse nécessaire…
Au niveau du dessin, le style de Hitoshi Ashinano est très dépouillé. Ses filiformes personnages féminins ne manquent pas de charme et ses décors créent l’ambiance post-apocalyptique souhaitée : la nature efface sans agression les traces de l’homme, à l’image de vagues qui lentement effaceraient des dessins tracés sur le sable. Certains chapitres en couleur font preuve d’une belle luminosité, accentuant encore cette impression d’apaisement, de sérénité que le scénario cherche à créer.
On peut rapprocher cette série de « Les Promeneuses de l'Apocalypse » mais je trouve qu’ « Escale à Yokohama » atteint mieux son but et parvient à mieux créer une bulle autour du lecteur. Un peu plus courte et avec deux ou trois petites explications supplémentaires, elle se serait vue attribuer la note de 4/5. En l’était, c’est un 3/5 qui me vient en tête.
… Et pourtant, dieu sait qu’il ne se passe rien dans ces 14 tomes !
C'est le type de lecture que je trouve sympa mais assez facilement oubliable. Jean Cremers nous propose un récit qui hésite entre la comédie familiale et le carnet de voyage rédempteur. Cela donne un scénario linéaire très classique avec un zest de mythologie nordique pour épaissir le personnage de Martin. Toutefois c'est cette partie du personnage que j'ai eu du mal à m'approprier. Entre la sentimentalité due au drame et le côté viking amplifié par le physique, j'ai eu du mal à superposer les deux stéréotypes. Ainsi le final m'a glissé dessus sans provoquer en moi l'émotion que cela aurait du.
Le graphisme s'appuie beaucoup sur les très beaux croquis de la nature norvégienne dans cette montée vers le Preikestolen. Le côté taiseux de Martin permet de limiter les dialogues et de profiter du l'aspect contemplatif de la narration visuelle.
Une lecture plaisante malgré un scénario assez convenu à mes yeux.
C'est avec la parution de l'intégrale sortie cette année que je découvre cette série qui souffle (déjà !) ses 12 bougies cette année. J'appréhendais un peu ma lecture, ayant peur de tomber sur une de ces "vieilles" séries de fantasy sortie chez Soleil au scénario pompeux et à la colorisation outrancière... Et bien non !
Bonne surprise que ce triptyque qui revisite les légendes et la mythologie nordique de façon efficace.
Le duo Péru/Goux installe un univers centré sur les nains. Les créatures fantastiques et mythiques s'effacent petit à petit sous le joug et les coups de boutoir des humains. Jusqu'ici, c'est plutôt classique, mais l'un des nains, Thor (le bien nommé), va hérité des pouvoirs de son homonyme divin et retourner le cours de l'histoire.
Si certaines facilités scénaristiques sont bien présentes, elles permettent une narration efficace qui nous propose un bon divertissement fantastique et épique en 3 tomes. Le fond sombre et violent qui tisse la trame du récit est aussi un atout intéressant là où d'autres séries sont trop édulcorées à mon goût.
Une belle découverte.
Note réelle 3.5/5
2.5
Hunter S. Thompson est un journaliste mythique aux États-Unis qui a lancé un nouveau style de journalisme. Pour avoir lu des articles de ce dernier, j'ai trouvé ça correct sans plus et je ne fais pas parti de ceux qui l'idolâtre contrairement à l'auteur.
On apprend que les grandes lignes de la vie de Thompson vu que dans le pure style gonzo, le centre d'intérêt est l'auteur lui-même. Je ne suis pas trop sur si le voyage décrit dans l'album est vraie vu que certains passages me semblent un peu gros (la rencontre avec Johnny Depp). En tout cas, je suis comme Mac Arthur, j'ai eu un problème à trouver intéressant le voyage de deux hommes de 40-50 ans immature qui agissent encore comme s'ils avaient 18-20 ans. Je ne partage pas du tout leur centre intérêt. Il y a des passages qui sortent du lot comme la prise de conscience de l'auteur et certains détails sur l'Amérique comme l'amour de la propriété privée qui tourne en paranoïa. Le point fort de l’album est que l’auteur est sincère, notamment en montrant les moins bons cotés de Thompson et son style de vie.
Ça se laisse lire, sans plus et le dessin fait le boulot sans être extraordinaire.
Un premier tome extrêmement sympathique. Il y a une vibe qui évoque clairement Buck Danny, l'aspect militaire en moins, c'est assez agréable de retrouver cette atmosphère assez typique de la grande BD classique des années 60.
Le dessin de Damien Andrieu est magnifique, et joliment colorisé, ce qui donne des pages très agréables à regarder. On y est vraiment plongé, et la rigueur du trait flatte l'œil de la plus belle des manières, même si quelques cases d'action sont trop statiques ou muettes. J'ai trouvé le scénario de Buendia un poil trop expédié, lui. Le scénario semble plutôt bon - même s'il faudra lire le deuxième tome pour en juger pleinement -, mais la narration est trop rapide. Peut-être manque-t-il quelques cases par pages pour prendre le temps de développer un peu plus les dialogues, et donc les personnages.
Malgré cela, ça se lit très agréablement, le mystère instauré est intéressant, et on a hâte de connaître la suite, pour savoir si ce diptyque mérite de monter au-delà de 3 étoiles.
Derniers jours de vacances avant la rentrée pour une petite famille restée tout l'été dans son pavillon de banlieue. Chacun des quatre membres a ses propres tourments : le père, trop absent, envisage de se séparer de sa femme ; celle-ci, mère au foyer, s'inquiète autant pour ses enfants que pour son mariage qui se délite ; l'adolescente fréquente en secret un jeune majeur et songe à franchir le pas ; enfin, le plus jeune joue à la princesse, se maquille et rêve d'embrasser son camarade.
Ces thématiques intimes s'entrelacent dans un récit juste, raconté avec finesse et tendresse. La lecture est fluide, le dessin simple mais efficace, les couleurs douces et aérées. J'ai apprécié la pudeur de la narration, la justesse des dialogues et la façon dont l'auteur aborde des sujets délicats comme la découverte de son homosexualité sans pathos.
Malgré cela, je suis resté un peu en retrait. Si certains personnages (surtout le frère et la sœur) m'ont semblé attachants, je n'ai pas réussi à m'identifier vraiment à eux, ce qui est gênant dans un roman graphique centré sur l'intime et les émotions. Le caractère très personnel de cette chronique familiale lui confère une sincérité évidente, mais elle reste peut-être trop intimiste et pas assez universelle pour m'emporter pleinement. Et même si cela participe de la subtilité du récit, j'ai trouvé la fin un peu en queue de poisson, avec une impression d'inachevé, même si je me doute qu'il n'y avait finalement rien de plus à ajouter.
Il en ressort un portrait de famille sensible et crédible, qui saura sans doute toucher davantage les amateurs du genre que moi. Pour ma part, j'y ai trouvé un beau travail et une certaine nostalgie teintée de tristesse, mais sans être vraiment emporté au point d'y plonger complètement.
L’émotion du premier baiser… Des premiers émois… Des papillons dans le ventre…
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Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Son édition originale date de 2025. Elle a été réalisée par Irene G. pour le scénario, et par Manolo Carot pour le scénario, les dessins et les couleurs. Il comprend soixante-deux pages de bande dessinée. Il se termine par une galerie de cinq pages comprenant quatre illustrations en pleine page, et deux en demi-page.
Un soir de la saint Sylvestre, huit amis se sont regroupés dans la maison d’un des couples. Les enfants sont couchés et dorment, la nuit est bien avancée. Les fêtards clament : Du vin ! Du vin ! L’un d’eux énonce qu’aucun verre ne doit rester vide. C’est le jour de l’an, toutes les bouteilles doivent être finies ce soir ! Il affirme qu’il a confiance en eux, ses amis, ils peuvent le faire. Il trinque : À leur vie ! Parce qu’ils ont tout ce dont ils peuvent rêver. Un autre ajoute : Eh ouais, comme les travelos ! Pam tance David en le traitant de relou. Max ne comprend pas pourquoi elle dit ça. David explique : ils ont une paire de seins, de belles fesses, et un membre entre les jambes, techniquement ils ont tout pour eux. Un autre conteste : il dit ça comme ça, mais on sait qu’ils sont tous obsédés de la chatte, un trou est un trou. Un autre demande si l’un des convives l’a déjà fait, et lui il l’ajoute sur sa liste de résolutions de l’année. On verra bien qui aura le courage de le faire. Le mari de Cassy indique que lui l’a déjà fait. Un autre lui demande de raconter, de ne pas s’arrêter là. Le dessinateur continue : il va leur raconter cette histoire. Mais pour que ce soit plus drôle, il leur propose de faire un jeu. Ce jeu s’appellera : Petites confessions entre amis. Une convive répond qu’elle adore les jeux. Pam estime que ça sent la grosse bêtise, mais qu’il explique.
Le dessinateur explique : C’est très simple. Chacun devra raconter dans le moindre détail son expérience sexuelle la plus obscure, secrète et inavouable. Un des convives indique que ce sera sans lui, un autre qu’il ne sait pas s’il va oser. David trinque à leurs petites confessions ! Avec leur permission, il leur montre la voie avec l’histoire la plus incroyable qu’ils aient jamais entendue. Pour ça, il faut remplir les verres à ras bord ! C’était une nuit d’été pendant un repas d’affaires. Il était crevé, il avait passé la soirée avec des personnes et des conversations ennuyeuses à mourir. Après s’être laissé remplir son verre à ras bord, il entame son anecdote. Dans le restaurant en bord de mer, tout le monde parlait budget, courbe de croissance, chute des prix de l’immobilier, etc. Soudain l’attention de David est attirée par une personne qui passe. Il tourne la tête et il voit une femme superbe sortir du restaurant et marcher sur la plage, jusqu’au bord de l’eau. David la voit se jeter dans la mer. Il sort en courant du restaurant, et plonge à son tour dans l’eau. Il parvient à rattraper la jeune femme et à la tirer sur la plage. Il commence à lui faire du bouche-à-bouche. Elle revient à elle et elle lui passe les bras autour du cou pour transformer le geste de sauvetage en une étreinte passionnée.
En prenant un peu son temps pour détailler l’illustration de couverture, le lecteur distingue sept ou huit corps nus dans une étreinte sensuelle. Il est vraisemblable qu’il ait choisi cette bande dessinée en toute connaissance de cause, puisqu’il s’agit d’un éditeur spécialisé dans les bandes dessinées pour public averti. Il s’agit bel et bien d’un ouvrage pornographique, très explicite, avec des gros plans. Sept des convives vont raconter à tour de rôle leur expérience sexuelle qu’ils jugent la plus obscure, secrète et inavouable. David avec une prostituée sur une plage, quatre pages. Pam avec deux sportifs dans une salle de sport, cinq pages. Max avec la mère de sa copine, six pages. Lara avec un de ses professeurs marié, quatre pages. Cassy se masturbant devant un dessin, quatre pages. Le dessinateur avec un transsexuel, huit pages. Fred à l’occasion d’une méditation spirituelle, sept pages. Soit un total de trente-huit pages explicites et graphiques. Chacune de ces séquences est dépeinte de manière très graphique, dépourvue de tout mot, avec parfois de rares phylactères comprenant juste une icône pour expliciter une intention. Les auteurs alternent donc les échanges entre les convives, la présentation rapide de la scène qui va suivre par l’invité qui livre sa confession, et les expériences proprement dites. L’artiste utilise deux modes de dessins différents : des traits épurés pour les discussions, des traits plus appuyés et des corps beaucoup plus incarnés pour les scènes chaudes.
Un ouvrage qui ne fait pas semblant : tout commence avec une couverture où des corps dénudés se mélangent. Puis l’illustration de la page de titre est totalement explicite avec sexe en érection, fellation et éjaculation. La première séquence de rapport, sur la plage, montre des gros plans pour un cunnilingus, avec sexe offert, et une solide érection pour le narrateur. Madame dispose d’une poitrine opulente. Le pénis de monsieur semble de taille normale, fortement innervé. Lors de la deuxième séquence, le dessinateur montre à nouveau les sexes en gros plan, avec double pénétration dont le lecteur n’ignore aucun détail, et éjaculation simultanée. La suivante commence par un instant de fétichisme sur une petite culotte en dentelle dans la chambre de la mère. Il s’en suit un rapport rapide et intense, avec à nouveau des gros plans, même si les deux partenaires restent habillés tout du long. Le suivant comprend une belle fellation, suivie par une position un peu acrobatique. Et les autres sont tout aussi dépourvus d’hypocrisie dans leur représentation, avec une attention particulière pour le rendu de la chair, l’artiste privilégiant des formes pleines d’adulte, plutôt que des corps fluets ou graciles qui pourraient faire penser à des adolescents à peine adultes.
Dans les brefs remerciements, Irene G. exprime sa reconnaissance au dessinateur, son compagnon, pour lui avoir permis d’être sa complice dans cette grande aventure faite d’amour, de passion et de créativité. Elle ajoute que chaque ligne de cette bande dessinée s’inspire de la complicité, des rires, des secrets et de l’intimité qu’ils partagent. Elle conclut que c’est un vrai privilège de pouvoir explorer ensemble les moindres recoins de leur imagination et de transformer tous ces moments en art. En effet le lecteur peut apprécier la variété des situations proposées, qui restent classiques, la vitalité des partenaires, l’intensité des étreintes, et à chaque fois quelques détails qui les rendent spécifiques. Chaque séquence de relation physique étant dépourvue de mots, ce sont les images qui apportent toutes les informations. Dès la première, le lecteur sourit en découvrant les icones dans les phylactères, au total de huit, venant comme un commentaire visuel sur les envies de l’homme ou les ressentis de la femme. Il constate également que les auteurs montrent la forme un peu courbée du pénis, et la coupe particulière des poils du pubis de la femme. Ainsi chaque séquence comporte des particularités qui en font plus qu’une simple collection d’images pornographiques génériques : la musculature des sportifs à la salle, ainsi que celle de Pam, le comportement énervée de la mère avec le copain de sa fille, le décalage de réaction de l’étudiante, l’intensité de la concentration de la jeune femme sur ses ressentis en se masturbant, la délicatesse et la prévenance de l’exploration entre l’homme et la personne trans (ainsi que ses piercings au téton), et la séquence onirique aux magnifiques couleurs de l’accouplement avec la déesse hindoue (des visuels de toute beauté).
Le lecteur ressent que les auteurs ont travaillé sur une forme de scénario plus étoffé que ceux de circonstance dans ce genre de bande dessinée. Certes la situation de départ sert de cadre pour que chacun raconte son expérience qui sort le plus de l’ordinaire, la plus mémorable comparée à la vie quotidienne. Cela permet de mettre en place chacune des scénettes à intervalle régulier, et entretemps chaque convive peut exposer le contexte de ce qu’il va narrer. Cela offre aussi l’occasion à chacun de réagir sur le comportement de l’un ou de l’autre. En fonction de son état d’esprit, le lecteur peut y voir des échanges banals de circonstance pour meubler entre deux scènes d’action, ou bien des interrogations, des constats des deux auteurs, à l’occasion de la réalisation de ce projet. En une ou deux phrases, les convives évoquent les professionnelles du sexe et leur choix de faire ce qu’elles veulent de leur corps, la volonté propre des femmes dans la recherche de relations sexuelles, le choix de dévoiler ses secrets et les conséquences émotionnelles, l’hypocrisie des relations extraconjugales des hommes mariés et pères de famille, la recherche de nouvelles premières fois (pour les premiers émois, les papillons dans le ventre…), le questionnement honnête sur le dégoût éprouvé pour la chair d’une personne du même sexe, le temps qui passe et l’impression de ressembler de plus en plus à son père (ce pauvre mec que personne n’aime, que personne n’admire, qui est de plus en plus triste et qui a baissé les bras depuis longtemps. Finalement ses souvenirs d’activité sexuelle agissent comme un révélateur de malaises personnels, un récit de genre qui va bien au-delà de sa condition.
La bande dessinée pour adultes est un genre en soi, très codifié, et dont les conventions priment généralement sur tout le reste, ne laissant aucune place pour autre chose. Les auteurs réalisent un récit de genre on ne peut plus explicite, avec des séquences graphiques et pleines de vitalité, sans aucune hypocrisie par rapport à ce genre. Progressivement, le lecteur se rend compte que les scènes de transition entre deux rapports font apparaître des doutes et des interrogations qui relèvent de l’intime psychologique et émotionnel. Une œuvre de genre plus sophistiquée que le tout-venant.
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Mademoiselle Baudelaire
Avec cet album très épais, Yslaire rend un hommage appuyé à Baudelaire, son œuvre. Mais aussi à ce qui a pu l’inspirer, à commencer par sa muse, Jeanne Duval, évoquée dans certains poèmes, et mise en lumière ici (c’est à elle en tout cas qu’Yslaire veut donner la priorité, c’est aussi là que sa "marge de manœuvre" d’auteur est plus grande, étant données les zones d’ombre concernant Jeanne). C’est aussi un hommage à une sorte de bohème littéraire et artistique – on croise nombre de contemporains, amis ou collègues de Baudelaire dans cet album. Si l’album se laisse lire, j’ai trouvé que ça s’étirait un peu trop, que certaines longueurs auraient pu être évitées. Esthétiquement, c’est plutôt agréable. Yslaire réussit très bien à rendre l’époque, dessin et colorisation sont à la fois plaisant et raccord avec le sujet. Un peu longuet parfois, mais un sujet plaisant et globalement une bonne restitution de l’esprit de l’époque, même si le Baudelaire aigri de la fin (celui des « Fusées » ou de « Mon cœur mis à nu ») est évacué.
Les Lettres de mon Moulin
Je ne connais pas trop l'œuvre de Mittei même si je l'ai rencontré au détours de séries des années 70 pour lesquelles il collaborait. Comme on est de son enfance ce style graphique me convient parfaitement surtout avec cette mise en couleur. Sans être un grand nostalgique, j'aime bien retrouvé ces sensations de lectures enfantines et paisibles. Ce côté lumineux, pétillant où la bonne humeur est toujours présente correspond bien aux récits d'Alphonse Daudet. Bien que Nîmois, Daudet a surtout vécu à Paris. Cela ne l'a pas empêché de saisir l'esprit du Sud de la France lors de ses voyages . Peut être à cause de son état de santé défaillant ses récits débordent de chaleur humaine, d'aspiration à la vie à travers la bonne chère, la liberté, la lumière. C'est exactement ce que réussit à transmettre Mittei sans prise de tête et pour le plaisir de tous. On retrouve une foule de ses petits personnages habituels au banquet de Noël, Mittei n'oubliant pas de faire des apparitions pour célébrer cette poésie de la vie. Une lecture pour tous bien rafraichissante.
Max & Cornélius
Max est un enfant très renfermé, si timide qu'il évite toute discussion en dehors de celles avec son oncle. Il se réfugie dans son imaginaire où il se rêve héros vivant dans un château protecteur. Ce château, c'est en réalité le musée où son oncle travaille comme gardien. Max y grandit entouré d'œuvres antiques, dont le portrait terrifiant d'un pirate sanguinaire qui hante ses cauchemars. Pourtant, ce tableau attire l'intérêt de cambrioleurs, et dans le feu de l'action, Max découvre que sa présence réveille le pirate Cornélius, prisonnier de la toile. Cette BD jeunesse mêle aventure et fantastique : un garçon timide y croise un pirate finalement moins cruel qu'il n'y paraît, et une jeune fille débrouillarde. Ensemble, ils se lancent dans une quête pour empêcher le vol du trésor du pirate et tenter de briser la malédiction du tableau. Graphiquement, l'ensemble est inégal. Certains personnages paraissent lourds et maladroits, tandis que les enfants sont plutôt réussis. Les décors, très simples, rappellent parfois les univers des jeux Nintendo 64, et la mise en scène souffre de perspectives bancales et d'actions confuses. Ce n'est pas mauvais, mais ces maladresses se remarquent. Le public ciblé n'est pas toujours clair : si le héros a 10 ans et sa camarade 12, certains éléments semblent pensés pour un public plus jeune encore. Le récit souffre d'un manque de maturité : les comportements paraissent forcés, les protagonistes jouent des rôles qui manquent de naturel, les péripéties sont souvent convenues ou incohérentes, ce qui passe pour de très jeunes lecteurs mais font davantage tiquer les plus âgés. On sent malgré tout la sincérité et l'envie de bien faire. Les auteurs sont généreux dans leur offre, l'album est assez dense et occupe bien ses 72 pages et on sent qu'ils y mettent du cœur et veulent faire plaisir à leurs lecteurs quelque soit leur âge. En définitive, cela se lit comme une première œuvre : imparfaite mais attachante, sincère et pleine de bonne volonté. Et si, adulte, je reste attentif à ses défauts, je suis convaincu qu'à 10 ans ou moins, je n'y aurais vu que l'essentiel : une aventure amusante aux côtés de personnages sympathiques.
Escale à Yokohama
Parmi toutes les bandes dessinées que j’ai lues au fil des ans, qu’il s’agisse de BD, de manga ou de Comics, Escale à Yokohama occupe une place à part : il m’est impossible de comprendre pourquoi je l’ai appréciée. Car, pour être honnête, il ne s’y passe rien, les petits points nébuleux ne reçoivent aucune réponse et la fin ne débouche sur rien de neuf. Pourtant, cette lecture m’aura procuré un sentiment d’apaisement, de douce sérénité, qui est exactement le but recherché par le genre « iyashikei », genre né à la fin des années 1990 au Japon, qui traduisait le besoin pour la population locale de rêver sereinement à un avenir radieux alors même que l’actualité ne s’y prêtait pas vraiment (tremblement de terre à Kobe, attaque au gaz sarin dans le métro à Tokyo, éclatement de la bulle économique, auxquels vont encore s’ajouter un tsunami et ses conséquences (Fukushima)). Dans son genre, ce manga est donc une pleine réussite. Il ressemble à un jardin japonais dont le dépouillement et la simplicité des formes provoquent une forme de léthargie méditative chez le promeneur. Et c’est ce que j’ai été durant une bonne part de la série : un promeneur méditatif et serein. La série se compose de courts chapitres chronologiques dans lesquels on va de plus en plus découvrir Alpha, son café, ses voisins, ce monde post-apocalyptique « apaisé », la résilience qui anime chacun des acteurs. Notre curiosité est titillée, mais sur un mode contemplatif, lent, dépourvu de toute tension dramatique. Et d’ailleurs, lorsqu’un drame survient (le café d’Alpha sera détruit par une tempête), la série perd de son charme. Vraiment séduit sur une bonne première moitié des tomes, j’avoue m’être quelque peu lassé du concept sur la seconde moitié. Il était temps que ça se termine… mais j’aurais aimé quelques explications supplémentaires concernant certains personnages mystérieux. Ceci dit, ce mystère persistant, cette absence d’explications force le lecteur à mettre en pratique ce que la série montre tout au long de son fil : apprendre à accepter avec sérénité. Je n’ai juste pas encore atteint le niveau de sagesse nécessaire… Au niveau du dessin, le style de Hitoshi Ashinano est très dépouillé. Ses filiformes personnages féminins ne manquent pas de charme et ses décors créent l’ambiance post-apocalyptique souhaitée : la nature efface sans agression les traces de l’homme, à l’image de vagues qui lentement effaceraient des dessins tracés sur le sable. Certains chapitres en couleur font preuve d’une belle luminosité, accentuant encore cette impression d’apaisement, de sérénité que le scénario cherche à créer. On peut rapprocher cette série de « Les Promeneuses de l'Apocalypse » mais je trouve qu’ « Escale à Yokohama » atteint mieux son but et parvient à mieux créer une bulle autour du lecteur. Un peu plus courte et avec deux ou trois petites explications supplémentaires, elle se serait vue attribuer la note de 4/5. En l’était, c’est un 3/5 qui me vient en tête. … Et pourtant, dieu sait qu’il ne se passe rien dans ces 14 tomes !
Vague de froid
C'est le type de lecture que je trouve sympa mais assez facilement oubliable. Jean Cremers nous propose un récit qui hésite entre la comédie familiale et le carnet de voyage rédempteur. Cela donne un scénario linéaire très classique avec un zest de mythologie nordique pour épaissir le personnage de Martin. Toutefois c'est cette partie du personnage que j'ai eu du mal à m'approprier. Entre la sentimentalité due au drame et le côté viking amplifié par le physique, j'ai eu du mal à superposer les deux stéréotypes. Ainsi le final m'a glissé dessus sans provoquer en moi l'émotion que cela aurait du. Le graphisme s'appuie beaucoup sur les très beaux croquis de la nature norvégienne dans cette montée vers le Preikestolen. Le côté taiseux de Martin permet de limiter les dialogues et de profiter du l'aspect contemplatif de la narration visuelle. Une lecture plaisante malgré un scénario assez convenu à mes yeux.
Mjöllnir
C'est avec la parution de l'intégrale sortie cette année que je découvre cette série qui souffle (déjà !) ses 12 bougies cette année. J'appréhendais un peu ma lecture, ayant peur de tomber sur une de ces "vieilles" séries de fantasy sortie chez Soleil au scénario pompeux et à la colorisation outrancière... Et bien non ! Bonne surprise que ce triptyque qui revisite les légendes et la mythologie nordique de façon efficace. Le duo Péru/Goux installe un univers centré sur les nains. Les créatures fantastiques et mythiques s'effacent petit à petit sous le joug et les coups de boutoir des humains. Jusqu'ici, c'est plutôt classique, mais l'un des nains, Thor (le bien nommé), va hérité des pouvoirs de son homonyme divin et retourner le cours de l'histoire. Si certaines facilités scénaristiques sont bien présentes, elles permettent une narration efficace qui nous propose un bon divertissement fantastique et épique en 3 tomes. Le fond sombre et violent qui tisse la trame du récit est aussi un atout intéressant là où d'autres séries sont trop édulcorées à mon goût. Une belle découverte. Note réelle 3.5/5
Gonzo - Voyage dans l'Amérique de Las Vegas Parano
2.5 Hunter S. Thompson est un journaliste mythique aux États-Unis qui a lancé un nouveau style de journalisme. Pour avoir lu des articles de ce dernier, j'ai trouvé ça correct sans plus et je ne fais pas parti de ceux qui l'idolâtre contrairement à l'auteur. On apprend que les grandes lignes de la vie de Thompson vu que dans le pure style gonzo, le centre d'intérêt est l'auteur lui-même. Je ne suis pas trop sur si le voyage décrit dans l'album est vraie vu que certains passages me semblent un peu gros (la rencontre avec Johnny Depp). En tout cas, je suis comme Mac Arthur, j'ai eu un problème à trouver intéressant le voyage de deux hommes de 40-50 ans immature qui agissent encore comme s'ils avaient 18-20 ans. Je ne partage pas du tout leur centre intérêt. Il y a des passages qui sortent du lot comme la prise de conscience de l'auteur et certains détails sur l'Amérique comme l'amour de la propriété privée qui tourne en paranoïa. Le point fort de l’album est que l’auteur est sincère, notamment en montrant les moins bons cotés de Thompson et son style de vie. Ça se laisse lire, sans plus et le dessin fait le boulot sans être extraordinaire.
Ghost Squadron
Un premier tome extrêmement sympathique. Il y a une vibe qui évoque clairement Buck Danny, l'aspect militaire en moins, c'est assez agréable de retrouver cette atmosphère assez typique de la grande BD classique des années 60. Le dessin de Damien Andrieu est magnifique, et joliment colorisé, ce qui donne des pages très agréables à regarder. On y est vraiment plongé, et la rigueur du trait flatte l'œil de la plus belle des manières, même si quelques cases d'action sont trop statiques ou muettes. J'ai trouvé le scénario de Buendia un poil trop expédié, lui. Le scénario semble plutôt bon - même s'il faudra lire le deuxième tome pour en juger pleinement -, mais la narration est trop rapide. Peut-être manque-t-il quelques cases par pages pour prendre le temps de développer un peu plus les dialogues, et donc les personnages. Malgré cela, ça se lit très agréablement, le mystère instauré est intéressant, et on a hâte de connaître la suite, pour savoir si ce diptyque mérite de monter au-delà de 3 étoiles.
Toutes les princesses meurent après minuit
Derniers jours de vacances avant la rentrée pour une petite famille restée tout l'été dans son pavillon de banlieue. Chacun des quatre membres a ses propres tourments : le père, trop absent, envisage de se séparer de sa femme ; celle-ci, mère au foyer, s'inquiète autant pour ses enfants que pour son mariage qui se délite ; l'adolescente fréquente en secret un jeune majeur et songe à franchir le pas ; enfin, le plus jeune joue à la princesse, se maquille et rêve d'embrasser son camarade. Ces thématiques intimes s'entrelacent dans un récit juste, raconté avec finesse et tendresse. La lecture est fluide, le dessin simple mais efficace, les couleurs douces et aérées. J'ai apprécié la pudeur de la narration, la justesse des dialogues et la façon dont l'auteur aborde des sujets délicats comme la découverte de son homosexualité sans pathos. Malgré cela, je suis resté un peu en retrait. Si certains personnages (surtout le frère et la sœur) m'ont semblé attachants, je n'ai pas réussi à m'identifier vraiment à eux, ce qui est gênant dans un roman graphique centré sur l'intime et les émotions. Le caractère très personnel de cette chronique familiale lui confère une sincérité évidente, mais elle reste peut-être trop intimiste et pas assez universelle pour m'emporter pleinement. Et même si cela participe de la subtilité du récit, j'ai trouvé la fin un peu en queue de poisson, avec une impression d'inachevé, même si je me doute qu'il n'y avait finalement rien de plus à ajouter. Il en ressort un portrait de famille sensible et crédible, qui saura sans doute toucher davantage les amateurs du genre que moi. Pour ma part, j'y ai trouvé un beau travail et une certaine nostalgie teintée de tristesse, mais sans être vraiment emporté au point d'y plonger complètement.
In Vino Veritas (Dynamite)
L’émotion du premier baiser… Des premiers émois… Des papillons dans le ventre… - Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Son édition originale date de 2025. Elle a été réalisée par Irene G. pour le scénario, et par Manolo Carot pour le scénario, les dessins et les couleurs. Il comprend soixante-deux pages de bande dessinée. Il se termine par une galerie de cinq pages comprenant quatre illustrations en pleine page, et deux en demi-page. Un soir de la saint Sylvestre, huit amis se sont regroupés dans la maison d’un des couples. Les enfants sont couchés et dorment, la nuit est bien avancée. Les fêtards clament : Du vin ! Du vin ! L’un d’eux énonce qu’aucun verre ne doit rester vide. C’est le jour de l’an, toutes les bouteilles doivent être finies ce soir ! Il affirme qu’il a confiance en eux, ses amis, ils peuvent le faire. Il trinque : À leur vie ! Parce qu’ils ont tout ce dont ils peuvent rêver. Un autre ajoute : Eh ouais, comme les travelos ! Pam tance David en le traitant de relou. Max ne comprend pas pourquoi elle dit ça. David explique : ils ont une paire de seins, de belles fesses, et un membre entre les jambes, techniquement ils ont tout pour eux. Un autre conteste : il dit ça comme ça, mais on sait qu’ils sont tous obsédés de la chatte, un trou est un trou. Un autre demande si l’un des convives l’a déjà fait, et lui il l’ajoute sur sa liste de résolutions de l’année. On verra bien qui aura le courage de le faire. Le mari de Cassy indique que lui l’a déjà fait. Un autre lui demande de raconter, de ne pas s’arrêter là. Le dessinateur continue : il va leur raconter cette histoire. Mais pour que ce soit plus drôle, il leur propose de faire un jeu. Ce jeu s’appellera : Petites confessions entre amis. Une convive répond qu’elle adore les jeux. Pam estime que ça sent la grosse bêtise, mais qu’il explique. Le dessinateur explique : C’est très simple. Chacun devra raconter dans le moindre détail son expérience sexuelle la plus obscure, secrète et inavouable. Un des convives indique que ce sera sans lui, un autre qu’il ne sait pas s’il va oser. David trinque à leurs petites confessions ! Avec leur permission, il leur montre la voie avec l’histoire la plus incroyable qu’ils aient jamais entendue. Pour ça, il faut remplir les verres à ras bord ! C’était une nuit d’été pendant un repas d’affaires. Il était crevé, il avait passé la soirée avec des personnes et des conversations ennuyeuses à mourir. Après s’être laissé remplir son verre à ras bord, il entame son anecdote. Dans le restaurant en bord de mer, tout le monde parlait budget, courbe de croissance, chute des prix de l’immobilier, etc. Soudain l’attention de David est attirée par une personne qui passe. Il tourne la tête et il voit une femme superbe sortir du restaurant et marcher sur la plage, jusqu’au bord de l’eau. David la voit se jeter dans la mer. Il sort en courant du restaurant, et plonge à son tour dans l’eau. Il parvient à rattraper la jeune femme et à la tirer sur la plage. Il commence à lui faire du bouche-à-bouche. Elle revient à elle et elle lui passe les bras autour du cou pour transformer le geste de sauvetage en une étreinte passionnée. En prenant un peu son temps pour détailler l’illustration de couverture, le lecteur distingue sept ou huit corps nus dans une étreinte sensuelle. Il est vraisemblable qu’il ait choisi cette bande dessinée en toute connaissance de cause, puisqu’il s’agit d’un éditeur spécialisé dans les bandes dessinées pour public averti. Il s’agit bel et bien d’un ouvrage pornographique, très explicite, avec des gros plans. Sept des convives vont raconter à tour de rôle leur expérience sexuelle qu’ils jugent la plus obscure, secrète et inavouable. David avec une prostituée sur une plage, quatre pages. Pam avec deux sportifs dans une salle de sport, cinq pages. Max avec la mère de sa copine, six pages. Lara avec un de ses professeurs marié, quatre pages. Cassy se masturbant devant un dessin, quatre pages. Le dessinateur avec un transsexuel, huit pages. Fred à l’occasion d’une méditation spirituelle, sept pages. Soit un total de trente-huit pages explicites et graphiques. Chacune de ces séquences est dépeinte de manière très graphique, dépourvue de tout mot, avec parfois de rares phylactères comprenant juste une icône pour expliciter une intention. Les auteurs alternent donc les échanges entre les convives, la présentation rapide de la scène qui va suivre par l’invité qui livre sa confession, et les expériences proprement dites. L’artiste utilise deux modes de dessins différents : des traits épurés pour les discussions, des traits plus appuyés et des corps beaucoup plus incarnés pour les scènes chaudes. Un ouvrage qui ne fait pas semblant : tout commence avec une couverture où des corps dénudés se mélangent. Puis l’illustration de la page de titre est totalement explicite avec sexe en érection, fellation et éjaculation. La première séquence de rapport, sur la plage, montre des gros plans pour un cunnilingus, avec sexe offert, et une solide érection pour le narrateur. Madame dispose d’une poitrine opulente. Le pénis de monsieur semble de taille normale, fortement innervé. Lors de la deuxième séquence, le dessinateur montre à nouveau les sexes en gros plan, avec double pénétration dont le lecteur n’ignore aucun détail, et éjaculation simultanée. La suivante commence par un instant de fétichisme sur une petite culotte en dentelle dans la chambre de la mère. Il s’en suit un rapport rapide et intense, avec à nouveau des gros plans, même si les deux partenaires restent habillés tout du long. Le suivant comprend une belle fellation, suivie par une position un peu acrobatique. Et les autres sont tout aussi dépourvus d’hypocrisie dans leur représentation, avec une attention particulière pour le rendu de la chair, l’artiste privilégiant des formes pleines d’adulte, plutôt que des corps fluets ou graciles qui pourraient faire penser à des adolescents à peine adultes. Dans les brefs remerciements, Irene G. exprime sa reconnaissance au dessinateur, son compagnon, pour lui avoir permis d’être sa complice dans cette grande aventure faite d’amour, de passion et de créativité. Elle ajoute que chaque ligne de cette bande dessinée s’inspire de la complicité, des rires, des secrets et de l’intimité qu’ils partagent. Elle conclut que c’est un vrai privilège de pouvoir explorer ensemble les moindres recoins de leur imagination et de transformer tous ces moments en art. En effet le lecteur peut apprécier la variété des situations proposées, qui restent classiques, la vitalité des partenaires, l’intensité des étreintes, et à chaque fois quelques détails qui les rendent spécifiques. Chaque séquence de relation physique étant dépourvue de mots, ce sont les images qui apportent toutes les informations. Dès la première, le lecteur sourit en découvrant les icones dans les phylactères, au total de huit, venant comme un commentaire visuel sur les envies de l’homme ou les ressentis de la femme. Il constate également que les auteurs montrent la forme un peu courbée du pénis, et la coupe particulière des poils du pubis de la femme. Ainsi chaque séquence comporte des particularités qui en font plus qu’une simple collection d’images pornographiques génériques : la musculature des sportifs à la salle, ainsi que celle de Pam, le comportement énervée de la mère avec le copain de sa fille, le décalage de réaction de l’étudiante, l’intensité de la concentration de la jeune femme sur ses ressentis en se masturbant, la délicatesse et la prévenance de l’exploration entre l’homme et la personne trans (ainsi que ses piercings au téton), et la séquence onirique aux magnifiques couleurs de l’accouplement avec la déesse hindoue (des visuels de toute beauté). Le lecteur ressent que les auteurs ont travaillé sur une forme de scénario plus étoffé que ceux de circonstance dans ce genre de bande dessinée. Certes la situation de départ sert de cadre pour que chacun raconte son expérience qui sort le plus de l’ordinaire, la plus mémorable comparée à la vie quotidienne. Cela permet de mettre en place chacune des scénettes à intervalle régulier, et entretemps chaque convive peut exposer le contexte de ce qu’il va narrer. Cela offre aussi l’occasion à chacun de réagir sur le comportement de l’un ou de l’autre. En fonction de son état d’esprit, le lecteur peut y voir des échanges banals de circonstance pour meubler entre deux scènes d’action, ou bien des interrogations, des constats des deux auteurs, à l’occasion de la réalisation de ce projet. En une ou deux phrases, les convives évoquent les professionnelles du sexe et leur choix de faire ce qu’elles veulent de leur corps, la volonté propre des femmes dans la recherche de relations sexuelles, le choix de dévoiler ses secrets et les conséquences émotionnelles, l’hypocrisie des relations extraconjugales des hommes mariés et pères de famille, la recherche de nouvelles premières fois (pour les premiers émois, les papillons dans le ventre…), le questionnement honnête sur le dégoût éprouvé pour la chair d’une personne du même sexe, le temps qui passe et l’impression de ressembler de plus en plus à son père (ce pauvre mec que personne n’aime, que personne n’admire, qui est de plus en plus triste et qui a baissé les bras depuis longtemps. Finalement ses souvenirs d’activité sexuelle agissent comme un révélateur de malaises personnels, un récit de genre qui va bien au-delà de sa condition. La bande dessinée pour adultes est un genre en soi, très codifié, et dont les conventions priment généralement sur tout le reste, ne laissant aucune place pour autre chose. Les auteurs réalisent un récit de genre on ne peut plus explicite, avec des séquences graphiques et pleines de vitalité, sans aucune hypocrisie par rapport à ce genre. Progressivement, le lecteur se rend compte que les scènes de transition entre deux rapports font apparaître des doutes et des interrogations qui relèvent de l’intime psychologique et émotionnel. Une œuvre de genre plus sophistiquée que le tout-venant.