Ma Famille Imaginaire a la particularité de pouvoir rentrer doublement dans le thème Secrets de Famille. En effet, c'est en découvrant de manière assez originale un premier secret que l'héroïne va s'en voir révéler un second tout aussi touchant.
Toutefois, elle m’a laissé une impression partagée.
J’ai apprécié l'originalité du concept de l'autrice, qui présente son autobiographie comme une forme de psychanalyse, racontant à la fois les faits de ce qu'il lui est arrivé tout en y mêlant récit de ses rêves, mise en scène de ses doutes, réflexion sur la famille et les relations humaines. Malgré ses angoisses et son train de vie d'urbaine célibataire façon artiste New Yorkaise qui n'arrive pas à se poser et envisage de suivre une thérapie, elle se révèle plutôt attachante et avec un univers intérieur touchant.
Le style graphique est coloré et attirant, mais il a cet aspect un peu amateur, tant dans le trait volontairement simple que dans la colorisation au feutre, qui me rebute un peu. Sans parler de la représentation visuelle de la mère de l'autrice qui m'horripile.
Cependant, j’ai trouvé que la narration manquait de rythme. Certains passages m’ont semblé un peu lourds, voire répétitifs, ce qui a ralenti ma lecture. L’intrigue, bien que porteuse d'au moins deux sujets forts et intéressants, m’a semblé se perdre dans ses propres détours, et le message n'apparait pas aussi clair que souhaité. De plus, l’humour, qui fonctionne par moments, peut parfois être un peu forcé, ce qui en diminue l'impact.
En résumé, bien que l’univers de Ma Famille Imaginaire soit intéressant et qu'elle offre une réflexion assez profonde, je n’ai pas totalement adhéré à l’ensemble du fait de son graphisme trop lâché, de son ton entre deux chaises et de sa structure narrative décousue.
Et si nous repartions d'une page blanche ?
C'est le nom d'Emma Rios qui a attiré mon attention, j'avais adoré son dessin sur Pretty Deadly. Cette BD lui aura demandée 3 ans de travail.
404 éditions nous gratifie encore d'un superbe album au grand format.
Il va mettre difficile de vous parler de ce comics pour une simple et bonne raison : je n'ai pas tout compris.
Une immense vague va submerger notre monde et tout anéantir, trois survivants à ce cataclysme, des gamins. Ils se trouvent sur une plage et vont devoir survivre (Jusqu'ici ça va).
J'ai eu du mal à entrer dans ce conte fantastique où des monstres (les chagrines) sortent de la mer pour nourrir nos trois adolescents, ils seront d'ailleurs rejoins par d'autres jeunes gens assez rapidement. Un rapport avec mère nature et le vivant est évident, nos protagonistes vont muter (apparition de branchies, transformation en cormoran...), mais la narration qui passe d'un personnage à l'autre - et pas toujours identifiables au premier coup d'œil - est difficile à suivre, leurs questions existentielles m'ont moyennement intéressé. De nombreuses planches sans texte, elles m'ont le plus souvent laissé sur le carreau. Bref, un récit qui ne m'a pas hameçonné.
Par contre, Emma Rios a réalisé un travail titanesque graphiquement. Des aquarelles magnifiques où la palette de couleurs est hynotisante. Des peintures qui donnent une atmosphère onirique et poétique. Des planches à couper le souffle. Un petit bémol pour les personnages, j'ai parfois eu du mal à les reconnaître.
Une BD déroutante par son scénario, mais cela reste avant tout une BD contemplative
Christian De Metter ne se lasse pas d'adapter des romans de Pierre Lemaitre. Avec ce grand monde, il nous emmène de Beyrouth à Paris, en passant par Saigon . Le récit se situe juste après la seconde guerre mondiale, dans un monde fortement marqué par le conflit et ses conséquences. On suit les 4 enfants de la famille Pelletier qui quittent la maison familiale pour des destinées différentes.
Le début est rapidement prenant : tout commence par l'arrestation de 3 des enfants. On ne sait pas de quoi ils sont accusés, mais le récit démarre tambour battant. La suite est développée sous forme de flashbacks, alternant la vie de l'un ou l'autre. Et le moins que l'on puisse dire c'est que c'est mouvementé pour chacun d'un. Entre une enquête sur du trafic de monnaie d'un coté, des soupçons de meurtre de l'autre, ou encore des braquages de pharmacie, il se passe beaucoup de choses autour de cette famille.
C'est rythmé et efficace. Le tout est en plus ancré dans un contexte historique fort, bien présent et utilisé à bon escient. Cela contribue à donner de l'intérêt à notre histoire. Les personnages sont eux bien développés, toutes leurs histoires respectives sont interessantes et contiennent leur lot de mystères.
Dans le dernier tiers, le rythme retombe un peu, il y a moins de surprises et quelques longueurs, du coté de Saigon notamment. On attend toujours avec impatience le dénouement. Celui-ci est assez malin car le motif de l'arrestation initiale prend complètement le lecteur à contre pied. Mais en contre partie, on a une fin un peu trop ouverte qui ne conclut pas vraiment toutes les sous intrigues du récit.
De Metter fait une nouvelle fois du bon et beau travail.
Près de 300 pages qui n'ont pas été totalement une partie de plaisir il faut bien l'avouer. Lire du Brecht Evens demande une certaine exigence. Déjà sur le plan graphique c'est beau, un travail incroyable même, mais il faut parfois décrypter les enchevêtrements de couleurs de certaines planches.
L'histoire est centrée sur un père et son fils, et en quelque sorte eux contre le reste du monde. Un certain relent de complotisme se fait sentir. J'ai pensé en effet au film Captain Fantastic avec Viggo Mortensen. Ça manque parfois de rythme, on ne sait pas trop où l'auteur veut en venir.
Pour autant je pense que je me laisserai tenter un jour par le tome 2.
Voici un recueil de plusieurs histoires courtes de Sébastien Lumineau aussi connu en tant qu'Imius, signature qu'on voit sur certaines planches. C'est une époque fanzinat de la fin des années 1990 dont je ne suis pas spécialiste. Pour ma part je n'avais jamais entendu parler du Journal de Judith et Marinette, qui semble orienté au jeune public vu la tonalité de certaines histoires.
Par exemple on a des histoires sur une fratrie de jeunes et pauvres bûcherons dans la montagne qui n'obéissent pas à leurs parents, puis les frères se liguent contre l'un d'eux, le chouchou des parents. On a aussi des pages plus courtes et muettes façon strips avec un chien qui se prend des lampadaires, prémices de Fido face à son destin. Je ne suis pas forcément fan de ce chien mais sur l'ensemble et avec un graphisme noir et blanc pouvant varier de style et faisant montre d'une belle maitrise, cela se laisse lire.
Aucune indication de lieu ou de date pour cette série, qui semble toutefois vouloir se situer dans une région d’Europe longtemps indéfinie (on devine dans le troisième tome que c’est censé se trouver dans le sud-ouest de la France), durant le moyen-âge « classique » (XIIème/XIIIème siècles). Mais du coup, à cette époque, les autorités ecclésiastiques et politiques/militaires étaient bien installées, et j’ai eu du mal à croire/accepter certains détails de l’intrigue, comme cette « armée » privée pillant et dépouillant les cadavres, sans que cela ne soit problématique.
C’est du médiéval fantastique qui amène dans une intrigue plus classique des personnages jouant de la magie/sorcellerie. Pourquoi pas ? Mais ici ça ne m’a pas emballé plus que ça.
Si le début de l’histoire est dramatique et rythmé, il y a pas mal de passages moins dynamiques, un peu trop longs. Et, comme souvent, je n’ai pas toujours été convaincu par l’apport du fantastique.
Mais, ceci étant dit, les trois tomes se laissent lire. C’est aussi que le dessin et la colorisation font plutôt bien le boulot. C’est lisible et assez agréable (peut-être des visages un peu trop « carrés » - mais moins souvent que ceux d’Hermann).
Une série mignonne sur l'adolescence et la découverte d'une culture, mais sans grande envolée. C'est une BD ni honteuse ni géniale, qui plaira sans doute plus aux jeunes.
En lisant la BD, j'ai eu l'impression de relire une sorte de La Saveur du Printemps, tant au niveau de l'histoire que du dessin. C'est plutôt rond et mignon, avec des grandes bouches ouvertes (trope qui m'énerve un peu), mais ça fait le café. Je note une chouette utilisation des couleurs, mais niveau dessin ça reste assez léger à mon goût.
Pour l'histoire, c'est simple, presque trop. On a une jeune ado qui a la tête bien sur les épaules (contrairement à sa mère) et qui va passer trois mois avec son père Guatémaltèque qu'elle ne connait pas. L'histoire se déroule assez classiquement, avec des réactions d'une ado face à un père inconnu, la découverte de sa langue (l'espagnol qu'elle ne connait pas du tout) et différentes choses autour. Je suis juste très content qu'il n'y ai pas eu de romance casée au milieu, ce qui est agréable.
Mais malheureusement je trouve qu'on reste en surface. Il n'y a que peu de réelles interrogations sur la communication avec la barrière de la langue, malgré une touchante idée finale, on manque de précision sur le Guatémala et ce qu'a connu ce pays (il n'a pas émigré par hasard), sur la gentrification évoquée mais sans réel développement, sur des questions de racisme structurel du pays (seulement évoqué). Je comprends les intentions de l'auteur sur le lien entre le père et la fille, mais j'avoue qu'au-delà des bons sentiments et des moments de joie, ça manque de corps. J'aurais aimé que certains sujets soient abordés frontalement et franchement, pas juste évoqué et ensuite résolu aussi vite.
J'ai conscience que la BD s'adresse à des plus jeunes et peut amener à des réflexions nombreuses (gentrification, homosexualité, migration, liens familiaux ...) et plusieurs fois amenées intelligemment. C'est pas bête ni facile dans les sujets, c'est juste parfois un peu trop survolé. L'adulte que je suis y trouve bien moins son compte, tout simplement.
Prince Valiant est un monument à l'ancienne, celles des années 1930 et 1940, même si sa parution s'est étalée jusqu'aux années 70. Elle mélange épopée médiévale, mythologie et aventure héroïque avec un héros à la fois noble et humain, en quête de justice et d’honneur dans des royaumes lointains.
L'atout majeur de Prince Valiant réside dans son dessin magistral. Dans la lignée des Alex Raymond (Flash Gordon) autres autres Burne Hogarth (Tarzan), Hal Foste présente de planches virtuoses aux héros parfaits et aux décors à grand spectacle. A travers des planches d’une grande richesse visuelle, il capture l'esprit chevaleresque à l'ancienne avec des décors somptueux et des personnages expressifs. L’utilisation du format de page entière permet une immersion totale, et les illustrations demeurent impressionnantes même après plusieurs décennies.
Les intrigues elles-mêmes, toutefois, ont nettement plus vieilli et il est difficile de passer outre leur aspect désuet, avec des stéréotypes de genre ou des dialogues un peu lourds. Si l'on y arrive, on peut tout demême profiter de leur côté épique, de leur rythme soutenu et de quelques personnages secoindaires bien développés, comme Sir Gawain ou la princesse Aleta. Malheureusement, même si je n'ai pas eu le courage de lire toute la série, j'en ai lu suffisamment pour retrouver quelques trames répétitives.
Et surtout, c'est la narration textuelle qui est dure à surmonter pour un lecteur moderne. C'est cette narration à l'ancienne avec le texte qui accompagne l'image en se plaçant à ses côtés plutôt que de s'insérer dedans, et sans bulle même quand les personnages parlent. Ce type denarration est trop proche du livre illustré pour moi et m'empêche de profiter d'une lecture fluide.
En somme, Prince Valiant est un grand classique de l'âge d'or des comic strips d'aventure à l'ancienne qui, même s’il a vieilli pour ce qui est des intrigues et de la narration, reste superbe visuellement.
Curieuse lecture.
Je suis assez mitigée, entre d'un côté mon appréciation de l'idée et du sous-texte de l'histoire et de l'autre le rythme et la narration souvent un peu mous.
Commençons par le positif : l'histoire.
Dans Fish Girl, nous suivons... Fish Girl. Oui, la malheureuse sirène enfermée dans cette étrange maison aquarium n'a pas de nom (du moins au début). Elle n'existe pas vraiment en dehors de sa relation avec la pieuvre, son amie de toujours, et Neptune, dieu des mers et père de la jeune fille. Son existence jusque là se résume à répéter inlassablement la même journée, à se cacher du regard des visiteur-euse-s et à récolter des pièces pour son père.
Sauf que tout change lorsque Livia, une jeune fille venue visiter avec sa mère, décide de sortir du chemin de la visite et rencontre la sirène. Les deux décident de devenirs amies, chacune étant fascinée par l'autre. Livia lui donne un nom, l'envie de voir le monde au delà de l'aquarium et lui fait réaliser que son monde n'est peut-être pas vraiment celui qu'elle croyait jusqu'à présent.
Voilà, une bonne petite histoire sur la liberté, l'équilibre et le lien avec la nature, sur la conscience de l'être aussi, le tout avec des allures de La Petite Sirène. Vraiment, l'histoire est sympathique.
Malheureusement, comme dit en introduction, le découpage de l'action, de la narration, est assez lent et étrangement saccadé. Il y a plusieurs passages contemplatifs bienvenus, mais certains m'ont surtout semblés plomber l'ambiance, casser le rythme et la narration entretenus jusqu'à présent.
Le récit reste beau et intéressant, encore une fois, mais son rythme étrange gâche un peu la forme selon moi.
Suite au succès de leur album précédent, Le Royal Fondement, Philippe Charlot et Eric Hübsch renouvellent l'expérience avec un nouveau roi, cette fois Henri IV, et une nouvelle affliction médicale que ce dernier subit, tout aussi intime et honteuse que celle de Louis XIV. Du fait de ses multiples frasques sexuelles, le bon roy Henri souffrait en effet de problèmes d'urètre et d'un rétrécissement d’origine blennorragique qui l'empêchait de... pisser sereinement. Pour le dire plus crûment, il n'arrivait à pisser quelques gouttes par-ci par-là et devait être en permanence suivi d'un porte-pot pour se soulager en toute occasion. Et cette BD nous raconte comment son médecin a fini par trouver une solution, non sans aide extérieure.
Si la recette est la même, il y a quelque chose qui marche un peu moins bien dans cet album que dans Le Royal Fondement.
Ça ne tient pas au dessin qui est toujours très bon. La mise en scène est bonne et claire, les décors sont soignés, les personnages sont vivants et agréables, et j'ai même trouvé que le roi Henri IV affichait ici et là une bouille qui n'est pas sans rappeler certains personnages de Gotlib.
L'histoire pour sa part est bien rythmée et plutôt amusante, tout en donnant le ton de l'ambiance qui pouvait régner à Paris sous Henri IV.
Mais voilà, elle n'est que gentiment amusante.
Le Royal Fondement avait un aspect instructif sur la médecine de l'époque et sur l'affliction de Louis XIV qui est ici un peu plus léger avec Henri IV. J'ai notamment été embrouillé par cette histoire de chandelle qui est en réalité une canule. Quant à l'histoire d'hypnose qui vient s'y ajouter, j'ai bien l'impression qu'on est en pleine fiction et ça rend plus burlesque et moins crédible le sujet historique. De même, le complot de l'abbé ainsi que la romance entre la jolie campagnarde et le romantique hypnotiseur sont assez cousus de fil blanc.
Rien n'est mauvais dans cet album qui se lit avec plaisir et un certain intérêt, mais il marque moins la mémoire que son prédécesseur des mêmes auteurs. Le souci vient peut-être de la comparaison ou de la perte de l'effet de surprise, car il est très possible que si j'avais lu cet album là seulement je l'aurais trouvé très bien.
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Ma famille imaginaire
Ma Famille Imaginaire a la particularité de pouvoir rentrer doublement dans le thème Secrets de Famille. En effet, c'est en découvrant de manière assez originale un premier secret que l'héroïne va s'en voir révéler un second tout aussi touchant. Toutefois, elle m’a laissé une impression partagée. J’ai apprécié l'originalité du concept de l'autrice, qui présente son autobiographie comme une forme de psychanalyse, racontant à la fois les faits de ce qu'il lui est arrivé tout en y mêlant récit de ses rêves, mise en scène de ses doutes, réflexion sur la famille et les relations humaines. Malgré ses angoisses et son train de vie d'urbaine célibataire façon artiste New Yorkaise qui n'arrive pas à se poser et envisage de suivre une thérapie, elle se révèle plutôt attachante et avec un univers intérieur touchant. Le style graphique est coloré et attirant, mais il a cet aspect un peu amateur, tant dans le trait volontairement simple que dans la colorisation au feutre, qui me rebute un peu. Sans parler de la représentation visuelle de la mère de l'autrice qui m'horripile. Cependant, j’ai trouvé que la narration manquait de rythme. Certains passages m’ont semblé un peu lourds, voire répétitifs, ce qui a ralenti ma lecture. L’intrigue, bien que porteuse d'au moins deux sujets forts et intéressants, m’a semblé se perdre dans ses propres détours, et le message n'apparait pas aussi clair que souhaité. De plus, l’humour, qui fonctionne par moments, peut parfois être un peu forcé, ce qui en diminue l'impact. En résumé, bien que l’univers de Ma Famille Imaginaire soit intéressant et qu'elle offre une réflexion assez profonde, je n’ai pas totalement adhéré à l’ensemble du fait de son graphisme trop lâché, de son ton entre deux chaises et de sa structure narrative décousue.
Anzuelo
Et si nous repartions d'une page blanche ? C'est le nom d'Emma Rios qui a attiré mon attention, j'avais adoré son dessin sur Pretty Deadly. Cette BD lui aura demandée 3 ans de travail. 404 éditions nous gratifie encore d'un superbe album au grand format. Il va mettre difficile de vous parler de ce comics pour une simple et bonne raison : je n'ai pas tout compris. Une immense vague va submerger notre monde et tout anéantir, trois survivants à ce cataclysme, des gamins. Ils se trouvent sur une plage et vont devoir survivre (Jusqu'ici ça va). J'ai eu du mal à entrer dans ce conte fantastique où des monstres (les chagrines) sortent de la mer pour nourrir nos trois adolescents, ils seront d'ailleurs rejoins par d'autres jeunes gens assez rapidement. Un rapport avec mère nature et le vivant est évident, nos protagonistes vont muter (apparition de branchies, transformation en cormoran...), mais la narration qui passe d'un personnage à l'autre - et pas toujours identifiables au premier coup d'œil - est difficile à suivre, leurs questions existentielles m'ont moyennement intéressé. De nombreuses planches sans texte, elles m'ont le plus souvent laissé sur le carreau. Bref, un récit qui ne m'a pas hameçonné. Par contre, Emma Rios a réalisé un travail titanesque graphiquement. Des aquarelles magnifiques où la palette de couleurs est hynotisante. Des peintures qui donnent une atmosphère onirique et poétique. Des planches à couper le souffle. Un petit bémol pour les personnages, j'ai parfois eu du mal à les reconnaître. Une BD déroutante par son scénario, mais cela reste avant tout une BD contemplative
Le Grand Monde
Christian De Metter ne se lasse pas d'adapter des romans de Pierre Lemaitre. Avec ce grand monde, il nous emmène de Beyrouth à Paris, en passant par Saigon . Le récit se situe juste après la seconde guerre mondiale, dans un monde fortement marqué par le conflit et ses conséquences. On suit les 4 enfants de la famille Pelletier qui quittent la maison familiale pour des destinées différentes. Le début est rapidement prenant : tout commence par l'arrestation de 3 des enfants. On ne sait pas de quoi ils sont accusés, mais le récit démarre tambour battant. La suite est développée sous forme de flashbacks, alternant la vie de l'un ou l'autre. Et le moins que l'on puisse dire c'est que c'est mouvementé pour chacun d'un. Entre une enquête sur du trafic de monnaie d'un coté, des soupçons de meurtre de l'autre, ou encore des braquages de pharmacie, il se passe beaucoup de choses autour de cette famille. C'est rythmé et efficace. Le tout est en plus ancré dans un contexte historique fort, bien présent et utilisé à bon escient. Cela contribue à donner de l'intérêt à notre histoire. Les personnages sont eux bien développés, toutes leurs histoires respectives sont interessantes et contiennent leur lot de mystères. Dans le dernier tiers, le rythme retombe un peu, il y a moins de surprises et quelques longueurs, du coté de Saigon notamment. On attend toujours avec impatience le dénouement. Celui-ci est assez malin car le motif de l'arrestation initiale prend complètement le lecteur à contre pied. Mais en contre partie, on a une fin un peu trop ouverte qui ne conclut pas vraiment toutes les sous intrigues du récit. De Metter fait une nouvelle fois du bon et beau travail.
Le Roi Méduse
Près de 300 pages qui n'ont pas été totalement une partie de plaisir il faut bien l'avouer. Lire du Brecht Evens demande une certaine exigence. Déjà sur le plan graphique c'est beau, un travail incroyable même, mais il faut parfois décrypter les enchevêtrements de couleurs de certaines planches. L'histoire est centrée sur un père et son fils, et en quelque sorte eux contre le reste du monde. Un certain relent de complotisme se fait sentir. J'ai pensé en effet au film Captain Fantastic avec Viggo Mortensen. Ça manque parfois de rythme, on ne sait pas trop où l'auteur veut en venir. Pour autant je pense que je me laisserai tenter un jour par le tome 2.
Une vingtaine
Voici un recueil de plusieurs histoires courtes de Sébastien Lumineau aussi connu en tant qu'Imius, signature qu'on voit sur certaines planches. C'est une époque fanzinat de la fin des années 1990 dont je ne suis pas spécialiste. Pour ma part je n'avais jamais entendu parler du Journal de Judith et Marinette, qui semble orienté au jeune public vu la tonalité de certaines histoires. Par exemple on a des histoires sur une fratrie de jeunes et pauvres bûcherons dans la montagne qui n'obéissent pas à leurs parents, puis les frères se liguent contre l'un d'eux, le chouchou des parents. On a aussi des pages plus courtes et muettes façon strips avec un chien qui se prend des lampadaires, prémices de Fido face à son destin. Je ne suis pas forcément fan de ce chien mais sur l'ensemble et avec un graphisme noir et blanc pouvant varier de style et faisant montre d'une belle maitrise, cela se laisse lire.
Magus
Aucune indication de lieu ou de date pour cette série, qui semble toutefois vouloir se situer dans une région d’Europe longtemps indéfinie (on devine dans le troisième tome que c’est censé se trouver dans le sud-ouest de la France), durant le moyen-âge « classique » (XIIème/XIIIème siècles). Mais du coup, à cette époque, les autorités ecclésiastiques et politiques/militaires étaient bien installées, et j’ai eu du mal à croire/accepter certains détails de l’intrigue, comme cette « armée » privée pillant et dépouillant les cadavres, sans que cela ne soit problématique. C’est du médiéval fantastique qui amène dans une intrigue plus classique des personnages jouant de la magie/sorcellerie. Pourquoi pas ? Mais ici ça ne m’a pas emballé plus que ça. Si le début de l’histoire est dramatique et rythmé, il y a pas mal de passages moins dynamiques, un peu trop longs. Et, comme souvent, je n’ai pas toujours été convaincu par l’apport du fantastique. Mais, ceci étant dit, les trois tomes se laissent lire. C’est aussi que le dessin et la colorisation font plutôt bien le boulot. C’est lisible et assez agréable (peut-être des visages un peu trop « carrés » - mais moins souvent que ceux d’Hermann).
Almudena - Le Temps d'un été
Une série mignonne sur l'adolescence et la découverte d'une culture, mais sans grande envolée. C'est une BD ni honteuse ni géniale, qui plaira sans doute plus aux jeunes. En lisant la BD, j'ai eu l'impression de relire une sorte de La Saveur du Printemps, tant au niveau de l'histoire que du dessin. C'est plutôt rond et mignon, avec des grandes bouches ouvertes (trope qui m'énerve un peu), mais ça fait le café. Je note une chouette utilisation des couleurs, mais niveau dessin ça reste assez léger à mon goût. Pour l'histoire, c'est simple, presque trop. On a une jeune ado qui a la tête bien sur les épaules (contrairement à sa mère) et qui va passer trois mois avec son père Guatémaltèque qu'elle ne connait pas. L'histoire se déroule assez classiquement, avec des réactions d'une ado face à un père inconnu, la découverte de sa langue (l'espagnol qu'elle ne connait pas du tout) et différentes choses autour. Je suis juste très content qu'il n'y ai pas eu de romance casée au milieu, ce qui est agréable. Mais malheureusement je trouve qu'on reste en surface. Il n'y a que peu de réelles interrogations sur la communication avec la barrière de la langue, malgré une touchante idée finale, on manque de précision sur le Guatémala et ce qu'a connu ce pays (il n'a pas émigré par hasard), sur la gentrification évoquée mais sans réel développement, sur des questions de racisme structurel du pays (seulement évoqué). Je comprends les intentions de l'auteur sur le lien entre le père et la fille, mais j'avoue qu'au-delà des bons sentiments et des moments de joie, ça manque de corps. J'aurais aimé que certains sujets soient abordés frontalement et franchement, pas juste évoqué et ensuite résolu aussi vite. J'ai conscience que la BD s'adresse à des plus jeunes et peut amener à des réflexions nombreuses (gentrification, homosexualité, migration, liens familiaux ...) et plusieurs fois amenées intelligemment. C'est pas bête ni facile dans les sujets, c'est juste parfois un peu trop survolé. L'adulte que je suis y trouve bien moins son compte, tout simplement.
Prince Valiant
Prince Valiant est un monument à l'ancienne, celles des années 1930 et 1940, même si sa parution s'est étalée jusqu'aux années 70. Elle mélange épopée médiévale, mythologie et aventure héroïque avec un héros à la fois noble et humain, en quête de justice et d’honneur dans des royaumes lointains. L'atout majeur de Prince Valiant réside dans son dessin magistral. Dans la lignée des Alex Raymond (Flash Gordon) autres autres Burne Hogarth (Tarzan), Hal Foste présente de planches virtuoses aux héros parfaits et aux décors à grand spectacle. A travers des planches d’une grande richesse visuelle, il capture l'esprit chevaleresque à l'ancienne avec des décors somptueux et des personnages expressifs. L’utilisation du format de page entière permet une immersion totale, et les illustrations demeurent impressionnantes même après plusieurs décennies. Les intrigues elles-mêmes, toutefois, ont nettement plus vieilli et il est difficile de passer outre leur aspect désuet, avec des stéréotypes de genre ou des dialogues un peu lourds. Si l'on y arrive, on peut tout demême profiter de leur côté épique, de leur rythme soutenu et de quelques personnages secoindaires bien développés, comme Sir Gawain ou la princesse Aleta. Malheureusement, même si je n'ai pas eu le courage de lire toute la série, j'en ai lu suffisamment pour retrouver quelques trames répétitives. Et surtout, c'est la narration textuelle qui est dure à surmonter pour un lecteur moderne. C'est cette narration à l'ancienne avec le texte qui accompagne l'image en se plaçant à ses côtés plutôt que de s'insérer dedans, et sans bulle même quand les personnages parlent. Ce type denarration est trop proche du livre illustré pour moi et m'empêche de profiter d'une lecture fluide. En somme, Prince Valiant est un grand classique de l'âge d'or des comic strips d'aventure à l'ancienne qui, même s’il a vieilli pour ce qui est des intrigues et de la narration, reste superbe visuellement.
Fish girl
Curieuse lecture. Je suis assez mitigée, entre d'un côté mon appréciation de l'idée et du sous-texte de l'histoire et de l'autre le rythme et la narration souvent un peu mous. Commençons par le positif : l'histoire. Dans Fish Girl, nous suivons... Fish Girl. Oui, la malheureuse sirène enfermée dans cette étrange maison aquarium n'a pas de nom (du moins au début). Elle n'existe pas vraiment en dehors de sa relation avec la pieuvre, son amie de toujours, et Neptune, dieu des mers et père de la jeune fille. Son existence jusque là se résume à répéter inlassablement la même journée, à se cacher du regard des visiteur-euse-s et à récolter des pièces pour son père. Sauf que tout change lorsque Livia, une jeune fille venue visiter avec sa mère, décide de sortir du chemin de la visite et rencontre la sirène. Les deux décident de devenirs amies, chacune étant fascinée par l'autre. Livia lui donne un nom, l'envie de voir le monde au delà de l'aquarium et lui fait réaliser que son monde n'est peut-être pas vraiment celui qu'elle croyait jusqu'à présent. Voilà, une bonne petite histoire sur la liberté, l'équilibre et le lien avec la nature, sur la conscience de l'être aussi, le tout avec des allures de La Petite Sirène. Vraiment, l'histoire est sympathique. Malheureusement, comme dit en introduction, le découpage de l'action, de la narration, est assez lent et étrangement saccadé. Il y a plusieurs passages contemplatifs bienvenus, mais certains m'ont surtout semblés plomber l'ambiance, casser le rythme et la narration entretenus jusqu'à présent. Le récit reste beau et intéressant, encore une fois, mais son rythme étrange gâche un peu la forme selon moi.
La Chandelle du bon roy Henri
Suite au succès de leur album précédent, Le Royal Fondement, Philippe Charlot et Eric Hübsch renouvellent l'expérience avec un nouveau roi, cette fois Henri IV, et une nouvelle affliction médicale que ce dernier subit, tout aussi intime et honteuse que celle de Louis XIV. Du fait de ses multiples frasques sexuelles, le bon roy Henri souffrait en effet de problèmes d'urètre et d'un rétrécissement d’origine blennorragique qui l'empêchait de... pisser sereinement. Pour le dire plus crûment, il n'arrivait à pisser quelques gouttes par-ci par-là et devait être en permanence suivi d'un porte-pot pour se soulager en toute occasion. Et cette BD nous raconte comment son médecin a fini par trouver une solution, non sans aide extérieure. Si la recette est la même, il y a quelque chose qui marche un peu moins bien dans cet album que dans Le Royal Fondement. Ça ne tient pas au dessin qui est toujours très bon. La mise en scène est bonne et claire, les décors sont soignés, les personnages sont vivants et agréables, et j'ai même trouvé que le roi Henri IV affichait ici et là une bouille qui n'est pas sans rappeler certains personnages de Gotlib. L'histoire pour sa part est bien rythmée et plutôt amusante, tout en donnant le ton de l'ambiance qui pouvait régner à Paris sous Henri IV. Mais voilà, elle n'est que gentiment amusante. Le Royal Fondement avait un aspect instructif sur la médecine de l'époque et sur l'affliction de Louis XIV qui est ici un peu plus léger avec Henri IV. J'ai notamment été embrouillé par cette histoire de chandelle qui est en réalité une canule. Quant à l'histoire d'hypnose qui vient s'y ajouter, j'ai bien l'impression qu'on est en pleine fiction et ça rend plus burlesque et moins crédible le sujet historique. De même, le complot de l'abbé ainsi que la romance entre la jolie campagnarde et le romantique hypnotiseur sont assez cousus de fil blanc. Rien n'est mauvais dans cet album qui se lit avec plaisir et un certain intérêt, mais il marque moins la mémoire que son prédécesseur des mêmes auteurs. Le souci vient peut-être de la comparaison ou de la perte de l'effet de surprise, car il est très possible que si j'avais lu cet album là seulement je l'aurais trouvé très bien.