Delcourt poursuit sur sa lancée en exploitant le catalogue des webtoon coréen pour sa collection KBooks. Avec ce titre, c'est encore un isekai qui s'annonce, adapté d'un roman, mais quelques originalités pointent...
Lee Hyun est un jeune adulte qui pour sauver sa soeur et sa grand-mère de la misère vend son personne de jeu virtuel une véritable fortune ; malheureusement, il va devoir la verser aussi sic à la mafia locale, auprès de qui son père avait contracté une dette toute aussi colossale. Pour s'en sortir, il décide donc de se relancer dans le tout nouveau jeu de réalité virtuelle : Royal Road.
Nous voilà donc parti à suivre les traces et l'évolution de Lee Hyun qui repart de zéro après avoir été un personnage de légende... Mais son expérience lui est plutôt profitable et il va éviter toutes les pertes de temps et autres tracas des noobs dans ce genre de jeu. et surtout faire les bonnes rencontre qui vont l'aider dans ses quêtes.
Alors oui, la trame est des plus convenue pour le moment, mais c'est le graphisme de cette série qui m'a séduit. Pour du manga/manhua, le trait légèrement maladroit colorisé de façon inhabituelle m'a plutôt plu.
J'attends donc la suite avec curiosité, en espérant que le récit nous mènera sur des sentiers un peu moins rebattus.
Très intéressé par les primates, Aurel a décidé de se documenter encore plus et d'aller interviewer plusieurs spécialistes de ces animaux, de leurs comportements et de ce que leur étude peut apprendre aux humains. Il le présente en se mettant en scène face à ces experts qui lui parlent, dans de courts chapitres entrecoupés d'extraits d'articles de presse ou scientifiques qu'il illustre de quelques images.
Je ne suis pas un grand adorateur de singes. Je n'ai rien contre eux évidemment, et j'ai une grande affection pour les orangs-outans (Oook !) et les chimpanzés, mais je ne vais pas naturellement vers eux. Toutefois, comme beaucoup, je suis curieux de leur ressemblance avec les humains, de ce qu'ils peuvent nous apprendre et d'à quel point ils font le lien entre l'humanité et les autres animaux (et Aurel revient justement plusieurs fois sur ce sujet, le fait que depuis la Bible, beaucoup d'hommes ne se considèrent pas comme des animaux).
Donc, j'ai été intéressé par les informations qui sont transmises par ces différents entretiens, mais en même temps... ce n'est pas passionnant. La faute à une structure en chapitres presque indépendants, comme des notes de blog regroupées dans un même album mais sans réel fil rouge ni architecture narrative qui accroche le lecteur. Certes, il semble que ce soit organisé de manière chronologique mais il y manque un travail de synthèse global permettant d'en faire un vrai one-shot plutôt qu'une sorte de recueil de courts chapitres. En outre, certains de ces dialogues usent de termes et tournures de phrase très scientifiques qui assomment un peu le lecteur et empêchent de lire l'album d'une traite sans avoir des moments de fatigue qui sortent de la lecture.
En définitive, c'est un album documentaire intéressant mais il lui manque une structure lui permettant d'être plus prenant pour le lecteur.
On a là un travail autobiographique, où l’auteur se met pas mal à nu – ce qu’ont fait d’autres auteurs indé américains. Mais il présente aussi sa relation avec un homme et surtout le combat de celui-ci contre le Sida.
Le dessin de Winick – qui fait l’économie des décors, est plutôt agréable, avec des têtes un peu grosses, mais ça passe très bien.
L’auteur s’implique à fond dans son sujet, et fait preuve d’une grande sincérité. C’est aussi ce qui m’a parfois rebuté. En effet, il y a des passages un peu naïfs, et vers la fin, ça amène le lecteur vers quelque chose de larmoyant. Je comprends que la situation l’ait touché, mais pour un lecteur extérieur, les banalités de Clinton, la longue procession des proches vers le lit d’un Pedro mourant, les considérations sur les sentiments des amis, etc., sont un peu trop accompagnées de violons.
C’est par contre intéressant de voir ce qu’a pu être la lutte pour informer à propos du Sida dans les années 1980-90.
Note réelle 2,5/5.
Un album sobre sur la forme, mais qui délivre un message oppressant : justement, l’oppression ressentie par les Palestiniens, et en particulier l’auteur, enfermé dans une prison, et qui s’échappe virtuellement en dialoguant avec un oiseau.
Le travail en linogravure donne un résultat agréable. Le Noir et Blanc tranché, anguleux, convient bien à ce récit très noir, qui donne à voir, de façon à la fois réaliste et allégorique, la violence subie par le peuple palestinien. On n’ose imaginer ce que c’est devenu depuis quelques mois.
Un album salué par Joe Sacco, à découvrir en tout cas.
Les nouvelles aventures d'Harley Quinn. Ce que j'aime bien avec ce personnage c'est qu'avec elle les auteurs n'ont pas peur de faire des aventures amusantes à lire et qui ne se prennent pas trop au sérieux.
Pour cette nouvelle série, il y a à boire et à manger. Je n'ai pas été très convaincu par le nouveau copain d'Harley et je pense qu'il y a de bonnes chances pour qu'on ne le revoit plus après le départ de la scénariste sur la série. J'ai mieux aimé le méchant loser qui passe son temps à copier d'autres super-méchants, mais je trouve qu'on passe un peu trop de temps avec lui. Et comme je ne connais pas trop ce qui se passe dans l'univers de DC en ce moment, il y a quelques allusions que je n'ai pas trop comprises.
Cela reste globalement agréable à lire même si l'humour ne fonctionne pas toujours. En gros, si vous êtres un fan d'Harley Quinn en anti-héroïne, c'est une série pour vous. Je ne pense pas que ça soit une série à lire pour découvrir le personnage ou si on n'a pas aimé les précédentes séries la mettant en vedette.
Vincent Wagner a publié pas mal d’albums usant d’ombres chinoises. Si certains peuvent toucher un large public, ça n’est pas le cas ici. En effet, c’est clairement à réserver aux très jeunes lecteurs.
La lecture est fluide, très rapide, mais elle m’a laissé sur ma faim. Certes, je ne suis pas le cœur de cible, et les valeurs de tolérance développées ici sont plaisantes. Mais ça reste quand même un peu léger. Ça ne passe en tout cas pas la barrière de l’âge.
J’ai découvert Vincent Wagner sur des séries plus récentes, plus réalistes et davantage tournées vers un public bien plus adulte. Mais j’avais repéré depuis longtemps ses albums jeunesse, muettes, et usant uniquement d’ombres chinoises.
Si cet album convient très bien à un très jeune public, il est tout à fait lisible par des lecteurs plus âgés. En tout cas j’ai trouvé très réussi cet album d’histoires courtes, se déroulant le plus souvent dans une préhistoire minimaliste (malgré quelques petits anachronismes).
C’est très frais, parfois drôle, c’est une lecture plaisante en tout cas.
Note réelle 3,5/5.
Bizarre cette histoire. On y retrouve un peu les jeux verbaux dont de Groodt (qui signe ici sa première BD) s’est fait le spécialiste dans les médias. Il y a ainsi à plusieurs reprises un petit ping-pong entre plusieurs protagonistes, les malentendus et autres confusions entrainant le lecteur dans une sarabande des mots. C’est un peu forcé parfois par contre.
L’histoire est plaisante, mais aussi un peu légère et déroutante. Un côté artificiel de la construction, au service de jeux de mots, je ne sais pas. La fin est surprenante, et certains aspects loufoques, absurdes donnent un peu de saveur à une histoire qui manque un peu de coffre.
Mais c’est suffisamment plaisant pour que j’en sois sorti satisfait.
Pour amateur du style atome ! En effet, le dessin est le point fort de l’album. Laurent Zimny a parfaitement intégré les codes de ce style, sans trop en faire. Un trait léger, très agréable ; idéal pour une intrigue située dans les années 1950.
Intrigue qui se laisse lire. C’est une sorte d’uchronie mêlant histoire et Science-Fiction, en pleine guerre froide, mais les Nazis sont aussi de la partie. Si Jarry et Otto T. les avaient envoyés sur Mars (avec La Conquête de Mars), Lainé les envoie lui sur la Lune.
Une histoire qui se laisse lire, mais j’aurais quand même apprécié que soient un peu plus creusées les personnalités des protagonistes, et l’histoire elle-même. Disons qu’ici tout est misé sur le rythme, presque cartoonesque (certains aspects, comme l’accent lourdingue du savant nazi, certains décors, font aussi penser à un cartoon). Un rythme endiablé qui nous fait traverser l’histoire sans trop réfléchir.
On en sort satisfait (dessin oblige, déjà), mais je pense qu’elle va être oubliée rapidement.
La Terre est surpeuplée, les humains y survivent péniblement dans une ambiance désespérée faite de vols et de violence. Un espoir fait toutefois figure de rêve : celui de pouvoir embarquer à bord de ces vaisseaux spatiaux qui mènent des millions de colons vers Eden, une planète habitable : une nouvelle Terre pour une nouvelle vie indique le message publicitaire à la manière de Blade Runner. Inaccessible pour le tout venant, des familles régulièrement tirées au hasard peuvent toutefois profiter de cette opportunité. Gabe, sa femme et sa fille n'ont pas eu cette chance mais ils vont la provoquer en prenant par la force la place des trois gagnants du prochain voyage. Sauf qu'une fois le périple entamé, les choses ne vont pas du tout se passer comme espéré...
Nous sommes face à un one-shot de science-fiction et d'action destiné au divertissement. Il faut accepter une grande suspension d'incrédulité pour ne pas se faire sortir du récit par la très grande quantité d'invraisemblances et de facilités scénaristiques qu'il contient. Dire qu'ils se sont mis à trois pour écrire cela : un premier scénario sans doute destiné à un film, puis un second cinéaste qui l'a réécrit, avant que Christopher Sebela ne l'adapte finalement en BD.
Mais il aligne les clichés, à commencer par cette famille digne d'Espions de famille où les deux parents sont des super cambrioleurs combattants et la jeune fille un génie de l'informatique et de l'électronique, ou encore l'antagoniste qui a tout de la blonde nazie.
Toutes les péripéties sont résolues à coup de grosses ficelles : nos héros qui se font passer si facilement pour une autre famille, même avec l'analyse génétique qui lance l'alarme pour indiquer que ce ne sont pas les bons, puis qui échappent de justesse à la mort car réveillés pile poil au bon moment, ceux chargés de les éliminer qui discutent d'abord avant d'envisager de tirer, ceux aux commandes qui ignorent complètement la possibilité de dépressuriser leurs locaux alors qu'une fois les gentils à l'abri ils proposent sans hésiter de le faire contre d'autres personnes, et évidemment surtout la petite fille qui fabrique de super armes en démontant des drones sans aucun outil ou qui pirate la sécurité du navire en quelques clics... à ce niveau là, puisqu'elle peut toute faire, il n'y a plus aucun enjeu... à part celui de supporter les geignements de son père dont le rôle récurrent semble être de la brider et de l'empêcher de tout résoudre en quelques pages.
Et surtout toute la machination autour de ça ne tient pas debout du tout ; dans le genre pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué et surtout ultra onéreux ? Le concept des méchants est particulièrement foireux quand on y réfléchit. De même que ces longues et inutiles négociations entre le héros et l'antagoniste. Pourquoi l'une négocie quand elle aurait pu éliminer d'une simple commande (avant qu'il soit trop tard) ? Et comment les autres peuvent-ils croire à la moindre vérité dans ce qu'on pourrait éventuellement leur promettre ?
Sans parler de la conclusion de l'histoire qui est risible sur le plan technologique et logistique, mais je ne peux pas la dévoiler ici.
Voilà, j'ai fini de râler et de faire des reproches au scénario. Mais j'admets qu'il m'a été possible par le passé de me laisser porter par de telles histoires de pur divertissement SF sans me poser trop de questions sur leur cohérence et leur crédibilité (je pense par exemple à Cryozone ou Le Traque Mémoire auxquels cet album m'a fait penser). Et comme ici le dessin est de bon niveau, que la narration graphique est fluide et que le rythme est plutôt bon, j'imagine qu'il y a matière à passer un moment plutôt sympa sans prise de tête.
Note : 2,5/5
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The Legendary Moonlight sculptor
Delcourt poursuit sur sa lancée en exploitant le catalogue des webtoon coréen pour sa collection KBooks. Avec ce titre, c'est encore un isekai qui s'annonce, adapté d'un roman, mais quelques originalités pointent... Lee Hyun est un jeune adulte qui pour sauver sa soeur et sa grand-mère de la misère vend son personne de jeu virtuel une véritable fortune ; malheureusement, il va devoir la verser aussi sic à la mafia locale, auprès de qui son père avait contracté une dette toute aussi colossale. Pour s'en sortir, il décide donc de se relancer dans le tout nouveau jeu de réalité virtuelle : Royal Road. Nous voilà donc parti à suivre les traces et l'évolution de Lee Hyun qui repart de zéro après avoir été un personnage de légende... Mais son expérience lui est plutôt profitable et il va éviter toutes les pertes de temps et autres tracas des noobs dans ce genre de jeu. et surtout faire les bonnes rencontre qui vont l'aider dans ses quêtes. Alors oui, la trame est des plus convenue pour le moment, mais c'est le graphisme de cette série qui m'a séduit. Pour du manga/manhua, le trait légèrement maladroit colorisé de façon inhabituelle m'a plutôt plu. J'attends donc la suite avec curiosité, en espérant que le récit nous mènera sur des sentiers un peu moins rebattus.
Singes - Quel genre d’animaux sommes-nous ?
Très intéressé par les primates, Aurel a décidé de se documenter encore plus et d'aller interviewer plusieurs spécialistes de ces animaux, de leurs comportements et de ce que leur étude peut apprendre aux humains. Il le présente en se mettant en scène face à ces experts qui lui parlent, dans de courts chapitres entrecoupés d'extraits d'articles de presse ou scientifiques qu'il illustre de quelques images. Je ne suis pas un grand adorateur de singes. Je n'ai rien contre eux évidemment, et j'ai une grande affection pour les orangs-outans (Oook !) et les chimpanzés, mais je ne vais pas naturellement vers eux. Toutefois, comme beaucoup, je suis curieux de leur ressemblance avec les humains, de ce qu'ils peuvent nous apprendre et d'à quel point ils font le lien entre l'humanité et les autres animaux (et Aurel revient justement plusieurs fois sur ce sujet, le fait que depuis la Bible, beaucoup d'hommes ne se considèrent pas comme des animaux). Donc, j'ai été intéressé par les informations qui sont transmises par ces différents entretiens, mais en même temps... ce n'est pas passionnant. La faute à une structure en chapitres presque indépendants, comme des notes de blog regroupées dans un même album mais sans réel fil rouge ni architecture narrative qui accroche le lecteur. Certes, il semble que ce soit organisé de manière chronologique mais il y manque un travail de synthèse global permettant d'en faire un vrai one-shot plutôt qu'une sorte de recueil de courts chapitres. En outre, certains de ces dialogues usent de termes et tournures de phrase très scientifiques qui assomment un peu le lecteur et empêchent de lire l'album d'une traite sans avoir des moments de fatigue qui sortent de la lecture. En définitive, c'est un album documentaire intéressant mais il lui manque une structure lui permettant d'être plus prenant pour le lecteur.
Pedro et moi
On a là un travail autobiographique, où l’auteur se met pas mal à nu – ce qu’ont fait d’autres auteurs indé américains. Mais il présente aussi sa relation avec un homme et surtout le combat de celui-ci contre le Sida. Le dessin de Winick – qui fait l’économie des décors, est plutôt agréable, avec des têtes un peu grosses, mais ça passe très bien. L’auteur s’implique à fond dans son sujet, et fait preuve d’une grande sincérité. C’est aussi ce qui m’a parfois rebuté. En effet, il y a des passages un peu naïfs, et vers la fin, ça amène le lecteur vers quelque chose de larmoyant. Je comprends que la situation l’ait touché, mais pour un lecteur extérieur, les banalités de Clinton, la longue procession des proches vers le lit d’un Pedro mourant, les considérations sur les sentiments des amis, etc., sont un peu trop accompagnées de violons. C’est par contre intéressant de voir ce qu’a pu être la lutte pour informer à propos du Sida dans les années 1980-90. Note réelle 2,5/5.
Je ne partirai pas - Mon histoire est celle de la Palestine
Un album sobre sur la forme, mais qui délivre un message oppressant : justement, l’oppression ressentie par les Palestiniens, et en particulier l’auteur, enfermé dans une prison, et qui s’échappe virtuellement en dialoguant avec un oiseau. Le travail en linogravure donne un résultat agréable. Le Noir et Blanc tranché, anguleux, convient bien à ce récit très noir, qui donne à voir, de façon à la fois réaliste et allégorique, la violence subie par le peuple palestinien. On n’ose imaginer ce que c’est devenu depuis quelques mois. Un album salué par Joe Sacco, à découvrir en tout cas.
Harley Quinn Infinite
Les nouvelles aventures d'Harley Quinn. Ce que j'aime bien avec ce personnage c'est qu'avec elle les auteurs n'ont pas peur de faire des aventures amusantes à lire et qui ne se prennent pas trop au sérieux. Pour cette nouvelle série, il y a à boire et à manger. Je n'ai pas été très convaincu par le nouveau copain d'Harley et je pense qu'il y a de bonnes chances pour qu'on ne le revoit plus après le départ de la scénariste sur la série. J'ai mieux aimé le méchant loser qui passe son temps à copier d'autres super-méchants, mais je trouve qu'on passe un peu trop de temps avec lui. Et comme je ne connais pas trop ce qui se passe dans l'univers de DC en ce moment, il y a quelques allusions que je n'ai pas trop comprises. Cela reste globalement agréable à lire même si l'humour ne fonctionne pas toujours. En gros, si vous êtres un fan d'Harley Quinn en anti-héroïne, c'est une série pour vous. Je ne pense pas que ça soit une série à lire pour découvrir le personnage ou si on n'a pas aimé les précédentes séries la mettant en vedette.
La sorcière a le blues
Vincent Wagner a publié pas mal d’albums usant d’ombres chinoises. Si certains peuvent toucher un large public, ça n’est pas le cas ici. En effet, c’est clairement à réserver aux très jeunes lecteurs. La lecture est fluide, très rapide, mais elle m’a laissé sur ma faim. Certes, je ne suis pas le cœur de cible, et les valeurs de tolérance développées ici sont plaisantes. Mais ça reste quand même un peu léger. Ça ne passe en tout cas pas la barrière de l’âge.
Cromalin et Cromignonne
J’ai découvert Vincent Wagner sur des séries plus récentes, plus réalistes et davantage tournées vers un public bien plus adulte. Mais j’avais repéré depuis longtemps ses albums jeunesse, muettes, et usant uniquement d’ombres chinoises. Si cet album convient très bien à un très jeune public, il est tout à fait lisible par des lecteurs plus âgés. En tout cas j’ai trouvé très réussi cet album d’histoires courtes, se déroulant le plus souvent dans une préhistoire minimaliste (malgré quelques petits anachronismes). C’est très frais, parfois drôle, c’est une lecture plaisante en tout cas. Note réelle 3,5/5.
Qui ne dit mot
Bizarre cette histoire. On y retrouve un peu les jeux verbaux dont de Groodt (qui signe ici sa première BD) s’est fait le spécialiste dans les médias. Il y a ainsi à plusieurs reprises un petit ping-pong entre plusieurs protagonistes, les malentendus et autres confusions entrainant le lecteur dans une sarabande des mots. C’est un peu forcé parfois par contre. L’histoire est plaisante, mais aussi un peu légère et déroutante. Un côté artificiel de la construction, au service de jeux de mots, je ne sais pas. La fin est surprenante, et certains aspects loufoques, absurdes donnent un peu de saveur à une histoire qui manque un peu de coffre. Mais c’est suffisamment plaisant pour que j’en sois sorti satisfait.
Webster & Jones
Pour amateur du style atome ! En effet, le dessin est le point fort de l’album. Laurent Zimny a parfaitement intégré les codes de ce style, sans trop en faire. Un trait léger, très agréable ; idéal pour une intrigue située dans les années 1950. Intrigue qui se laisse lire. C’est une sorte d’uchronie mêlant histoire et Science-Fiction, en pleine guerre froide, mais les Nazis sont aussi de la partie. Si Jarry et Otto T. les avaient envoyés sur Mars (avec La Conquête de Mars), Lainé les envoie lui sur la Lune. Une histoire qui se laisse lire, mais j’aurais quand même apprécié que soient un peu plus creusées les personnalités des protagonistes, et l’histoire elle-même. Disons qu’ici tout est misé sur le rythme, presque cartoonesque (certains aspects, comme l’accent lourdingue du savant nazi, certains décors, font aussi penser à un cartoon). Un rythme endiablé qui nous fait traverser l’histoire sans trop réfléchir. On en sort satisfait (dessin oblige, déjà), mais je pense qu’elle va être oubliée rapidement.
Eden Corp
La Terre est surpeuplée, les humains y survivent péniblement dans une ambiance désespérée faite de vols et de violence. Un espoir fait toutefois figure de rêve : celui de pouvoir embarquer à bord de ces vaisseaux spatiaux qui mènent des millions de colons vers Eden, une planète habitable : une nouvelle Terre pour une nouvelle vie indique le message publicitaire à la manière de Blade Runner. Inaccessible pour le tout venant, des familles régulièrement tirées au hasard peuvent toutefois profiter de cette opportunité. Gabe, sa femme et sa fille n'ont pas eu cette chance mais ils vont la provoquer en prenant par la force la place des trois gagnants du prochain voyage. Sauf qu'une fois le périple entamé, les choses ne vont pas du tout se passer comme espéré... Nous sommes face à un one-shot de science-fiction et d'action destiné au divertissement. Il faut accepter une grande suspension d'incrédulité pour ne pas se faire sortir du récit par la très grande quantité d'invraisemblances et de facilités scénaristiques qu'il contient. Dire qu'ils se sont mis à trois pour écrire cela : un premier scénario sans doute destiné à un film, puis un second cinéaste qui l'a réécrit, avant que Christopher Sebela ne l'adapte finalement en BD. Mais il aligne les clichés, à commencer par cette famille digne d'Espions de famille où les deux parents sont des super cambrioleurs combattants et la jeune fille un génie de l'informatique et de l'électronique, ou encore l'antagoniste qui a tout de la blonde nazie. Toutes les péripéties sont résolues à coup de grosses ficelles : nos héros qui se font passer si facilement pour une autre famille, même avec l'analyse génétique qui lance l'alarme pour indiquer que ce ne sont pas les bons, puis qui échappent de justesse à la mort car réveillés pile poil au bon moment, ceux chargés de les éliminer qui discutent d'abord avant d'envisager de tirer, ceux aux commandes qui ignorent complètement la possibilité de dépressuriser leurs locaux alors qu'une fois les gentils à l'abri ils proposent sans hésiter de le faire contre d'autres personnes, et évidemment surtout la petite fille qui fabrique de super armes en démontant des drones sans aucun outil ou qui pirate la sécurité du navire en quelques clics... à ce niveau là, puisqu'elle peut toute faire, il n'y a plus aucun enjeu... à part celui de supporter les geignements de son père dont le rôle récurrent semble être de la brider et de l'empêcher de tout résoudre en quelques pages. Et surtout toute la machination autour de ça ne tient pas debout du tout ; dans le genre pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué et surtout ultra onéreux ? Le concept des méchants est particulièrement foireux quand on y réfléchit. De même que ces longues et inutiles négociations entre le héros et l'antagoniste. Pourquoi l'une négocie quand elle aurait pu éliminer d'une simple commande (avant qu'il soit trop tard) ? Et comment les autres peuvent-ils croire à la moindre vérité dans ce qu'on pourrait éventuellement leur promettre ? Sans parler de la conclusion de l'histoire qui est risible sur le plan technologique et logistique, mais je ne peux pas la dévoiler ici. Voilà, j'ai fini de râler et de faire des reproches au scénario. Mais j'admets qu'il m'a été possible par le passé de me laisser porter par de telles histoires de pur divertissement SF sans me poser trop de questions sur leur cohérence et leur crédibilité (je pense par exemple à Cryozone ou Le Traque Mémoire auxquels cet album m'a fait penser). Et comme ici le dessin est de bon niveau, que la narration graphique est fluide et que le rythme est plutôt bon, j'imagine qu'il y a matière à passer un moment plutôt sympa sans prise de tête. Note : 2,5/5