2.5
Un autre album de Baudoin qui regroupe les défauts que je retrouve dans ses albums.
Ce n'est pas totalement inintéressant parce qu'ici Baudoin raconte sa vie entière et pas seulement un voyage ou un truc du genre. J'aime bien l'autobiographie en BD et il y a des bons passages. L'auteur n'a pas peur de parler de trucs très privés et il est cru sur sa sexualité et son rapport avec les femmes.
Malgré un propos intéressant, j'ai quand même eu de la difficulté à lire cet album parce qu'encore une fois Baudoin semble improviser au fil des pages en mettant ce qui lui passe par la tête. Ainsi le récit n'est pas linéaire, on peut donc avoir sur une page la mention d'un voyage à Beyrouth dans les années 80 et la page suivante il nous parle du covid.
La mise en scène part aussi dans tous les sens. On peut avoir des pages avec du texte et juste de l'illustration qui donne l'impression qu'on est en train de lire le journal intime de l'auteur et ensuite on tombe dans de la BD avec plusieurs cases qui forment un récit. Des lecteurs peuvent aimer ça, mais moi je trouve que cela donne un album décousu et pas du tout agréable à lire.
C'est simple, c'est encore un album que vont surtout apprécier les lecteurs qui sont fans de l'auteur et sont sensibles à son style si particulier. Ceux qui trouvent que ses albums sont hermétiques vont encore une fois s'ennuyer.
Très joli diptyque qui permet de mettre en lumière une anecdote peu connue de la Première Guerre Mondiale tout en mettant en lumière les problématiques que l'époque a soulevée.
C'est simple comme récit, avec une trame de polar au centre qui sert de prétexte à l'exposition des personnages et du récit, tandis que le vrai contexte est surtout celui de la Première Guerre Mondiale où l'Allemagne et la France vont se déchirer, entrainant des conséquences sur la petite vie des habitants de l'île. Quelques personnages parsèment l'histoire, avec des comportements et caractères très typés qui permettent de comprendre rapidement les enjeux et les personnages. C'est une facilité scénaristique pour pouvoir rentrer dans l'histoire rapidement, puisqu'elle est assez brève au final. C'est mieux de ne pas trainer !
L'histoire est surtout servie par le dessin, qui est franchement excellent. Il met en lumière les îles et surtout la lumière, avec ces jeux de couleurs qui parsèment les pages. C'est très beau, aucun doute là-dessus et je dois dire que c'est une grande qualité du livre. C'est juste dommage que l'histoire reste assez "légère" dans l'ensemble, même si elle exploite son contexte d'une bonne manière (la résolution de l'enquête notamment). La lecture reste plaisante et très belle, donnant envie de voir ces îles mais en même temps il n'oublie pas de se placer dans l'époque pour en faire ressortir de nombreuses aspects. Un bon moment de lecture !
Je ne connais pas l'œuvre d'origine, mais cette adaptation procure une lecture rapide et globalement agréable.
C'est en fait surtout le côté graphique qui m'a séduit. En effet, j'ai bien aimé ce travail, qui use d'un Noir et Blanc très tranché, proche parfois des ombres chinoises ou de papiers découpés. C'est parfois un peu stylisé, souvent minimaliste, mais toujours plaisant et très lisible.
L'histoire elle-même se laisse lire, mais elle manque un peu de densité. Le texte d'origine devait être court (short story ou petite nouvelle ?).
Ça fait drame antique dans sa construction, avec le héros qui, un voyant lui ayant prédit un drame, ne peut échapper à son accomplissement, devenant lui-même le bras armé de l'oracle. Avec en sus une chute finale à la fois noire et quelque peu moralisatrice : on ne peut trouver son bonheur dans le crime.
Très agréable à voir, pas désagréable à lire, mais pas inoubliable, voilà une petite lecture détente que je ne regrette pas.
Je comprends que cet album déroute certains de ses lecteurs, que ce soit pour le dessin ou pour le texte.
En effet, le dessin est très sombre. Et la narration peut paraître presque aussi obscure. On est souvent plus proche du récit illustré que de la BD classique. Qui plus est avec un texte très littéraire, poétique.
Ce sont justement ces ingrédients qui m'ont plu. J'admets n'avoir pas tout saisi. Et je regrette aussi un peu que la question de l'immigration, du déracinement, ne soit pas plus frontalement traitée (ou alors ça m'a en parti échappé).
Mais, même si cet album m'a laissé un peu sur ma faim, j'ai suffisamment apprécié l'ambiance générale, la poésie langoureuse qui s'en dégage, pour venir améliorer un peu sa notation.
Note réelle 2,5/5.
Je n'ai pas totalement accroché à ce diptyque. Je passe sur le tome 2 qui me semble être une exploitation du succès du tome 1.
Ainsi cette suite incongrue dans le monde du cinéma m'a paru lourde et inadaptée. Le tome 1 part sur un concept original qui joue sur la fratrie des Van Gogh. En attribuant le génie créatif au chat j'ai craint un manque de respect à l'œuvre du maître. Heureusement il n'en est rien. Smudja profite donc de son postulat pour nous proposer un jeu de piste à travers l'œuvre de Van Gogh et d'autres génies de la peinture de cette époque . Certaines planches sont magnifiques dans la reproduction des ambiances crées par ces grands peintres. Smudja y ajoute un humour loufoque revendiqué qui fonctionne bien dans les premières pages mais qui tourne vite en rond à mon goût. Ainsi j'ai trouvé que la narration manquait souvent de fluidité quand le chat fait ceci puis cela puis passe à autre chose avec un Vincent très passif.
J'ai trouvé le tome 1 assez long ainsi que le tome 2 qui en plus m'a ennuyé. Je reste à 3 pour le graphisme, l'idée de départ et une certaine invitation à redécouvrir l'œuvre de ces génies.
Ciudad Juarez est tristement célèbre pour la violence qui s'y déploie. Violence des cartels de la drogue et nombreux féminicides impunis. Douze ans après la parution de cet album, la situation ne s'est pas améliorée, les "pouvoirs publics " corrompus ne protégeant pas les victimes, issues des populations pauvres.
L'arrière-plan est donc à la base très riche pour y développer ce polar. Mais ça ne reste qu'un arrière-plan hélas, au service d'un polar classique, avec une vengeance comme fil rouge.
Tout est très classique ici d'ailleurs. Le dessin, fluide et plutôt agréable. Avec tous les clichés du genre, les femmes sont des bombasses et les hommes sont des barraques au visage carré et burins.
C'est rythmé et violent, on est prié d'accepter quelques facilités scénaristiques (autour d'Erika et de sa vengeance personnelle par exemple).
Rien de transcendant ou de révolutionnaire. Mais ça se laisse lire, on ne s'ennuie pas. Et le retournement final - un peu gros à avaler - pimente un peu le récit.
Une lecture d'emprunt, pour amateurs de polars classiques et violents ne cherchant pas l'originalité.
Note réelle 2,5/5.
Je reconnais des qualités à cette adaptation de Lizano. En particulier son séquençage en courts chapitres qui reprend le rythme des feuilletons chers à Leblanc - mais aussi à l'adaptation télévisée (que je n'ai pas vue, bien qu'étant d'une génération contemporaine à sa diffusion).
Conclusions et introductions des chapitres mélangent résumé et cliffhanger, publicités, détails biographiques sur Leblanc ou information sur le feuilleton télé. Ce sont presque ces passages qui m'ont le plus intéressé.
Car pour le reste, si ça se laisse lire, ça ne m'a pas réellement captivité. Dialogues et narration n'ont pas su me faire passer le mystère du récit d'origine. Et le dessin de Lizano, très lisible au demeurant, n'est pas non plus le plus adapté à ce type de récit (selon moi en tout cas).
Note réelle 2,5/5.
C'est avec Monstres que j'avais découvert le talent de Barry Windsor-Smith ; j'avais même pris une grosse claque ! J'étais donc curieux de découvrir cet album réédité par Delcourt qui n'avait jamais été traduit en France.
La couverture est classieuse, et le trait de Barry Windsor-Smith toujours aussi magistral. C'est plus du côté scénario que l'auteur peine à nous convaincre. Il avait d'ailleurs essuyé un refus de Marvel quand il avait voulu publier cette histoire qui devait être le troisième volet de Lifedeath ; qu'à cela ne tienne, on transforme le personnage principal en cette majestueuse divinité qu'est Adastra, et le tour est joué !
Toute la première partie en voix off est assez pompeuse, limite mystique, ce qui n'aide pas à embarquer le lecteur. Heureusement, quand les dialogues s'installent, la narration devient plus fluide, impliquant plus le lecteur qui n'était jusqu'ici qu'un lointain spectateur.
Mais la grande qualité de ce court récit tient au dessin de Barry Windsor-Smith. Toujours aussi puissant et racé, ses planches sont de véritables pépites qu'on admire pendant de longues minutes. Si certaines sont parfois il est vrai chargées, cela n'enlève en rien à son talent.
Une oeuvre qui ravira les fans de l'auteur et séduira ceux qui le découvrent, plus pour son trait que pour l'histoire en elle même.
Sous cette couverture qui ne paie pas de mine se cache un grand récit grec, celui de la vie du vaniteux qui a brûlé le Temple d'Artemis à Ephèse dans le simple but de devenir célèbre. Si le personnage et son acte sont authentiques, sa vraie histoire n'est pas connue et c'est donc une vie imaginaire que Martin Veyron nous dépeint, un moyen pour lui de rassembler et mettre en image de nombreux autres mythes et anecdotes historiques de la Grèce Antique.
On sent que l'auteur a une grande affection pour ce monde, sa mythologie et son esprit. Ce qu'il nous raconte prouve une belle érudition en la matière puisqu'il ne s'agit pas des mythes les plus célèbres et que c'est aussi pour lui toute une manière de redonner vie au monde antique ainsi qu'à quelques dialogues dignes du Banquet de Platon.
J'aime aussi grandement la Grèce Antique et j'ai aimé la vie que Martin Veyron a su lui insuffler. On sent un monde qui vit, des personnages qui ont une vraie histoire, une vie intime et qui ne sont pas là que pour poser comme des acteurs sur une scène de théâtre. J'ai aimé le respect dont il fait preuve pour leurs us et coutumes. On s'y perd entre réalisme historique, mythologie et simple folklore, comme on peut l'être dans une société imprégénée de ses histoires et de ses dieux. A travers le parcours d'Erostrate, j'ai aimé retrouvé ces lieux et cet esprit, ainsi que redécouvrir quelques légendes que je connaissais mal ou que j'ignorais.
Toutefois, il faut pour cela endurer le caractère de ce fameux Erostrate et son insupportable vanité. Doué d'une beauté théoriquement digne d'Apollon, même si le dessin ne lui rend que peu hommage, tout lui sourit trop facilement malgré ses idées égoïstes et narcissiques. Jusqu'à ce que finalement il attire sur lui la jalousie et l'opprobre mais qu'il s'en fiche car il reste obnubilé par son idée de célèbrité. Du coup, autant les légendes, personnages et anecdotes historiques d'époque sont intéressantes, autant il faut supporter l'état d'esprit de ce personnage pénible et de ceux qui le côtoient. Et cela rend la lecture un peu laborieuse, d'autant qu'on a aussi parfois l'impression d'une succession de digressions et de mythes racontés qui tombent parfois comme des cheveux sur la soupe dans une narration globale qui manque de rythme.
J'ai donc à la fois aimé cette plongée dans la Grèce Antique et son esprit, et moins aimé ses personnages et leur parcours, mais je reste sur une bonne impression d'ensemble. Ce qui me fait de nouveau regretter cette couverture qui ne met pas en valeur une BD qui mériterait qu'on y porte davantage attention.
Nelson Lobster met en scène les aventures d'un vieux marin qui fuit la mort (littéralement), incarnée ici par une jolie jeune femme: en effet, tant qu'il n'a pas fini d'écrire ses mémoires, la mort ne pourra pas venir le chercher. Mais cette dernière se considère trompée, et tente de revenir sur leur marché.
On suit donc deux histoires parallèles mais séparées dans chacun des trois tomes: d'un côté une aventure passée de Lobster, tirée de ses mémoires, et racontée sous forme de flash-backs, et de l'autre une aventure contemporaine où Lobster tente d'échapper aux assassins de la grande faucheuse.
Les histoires sont assez sympathiques, tant elles rappellent, par leur esprit enjoué, le baron de Münchausen ou bien le vaillant petit tailleur des frères Grimm.
Car notre héro, bien que courageux, l'emporte avant tout par sa malignité et sa compassion.
Le tout avec une "origin story" assez touchante. A la fois pour lui, mais aussi pour un ancien agent de la mort qui est passée de son côté, également par compassion.
Hélas, le passé des deux protagonistes reste parcouru de plusieurs zones d'ombres qui resteront à jamais sans réponse, la série ayant été plus que probablement arrêtée avant la fin, même si la conclusion peut se suffire à elle-même.
Certes, les dessins ne sont pas des plus beaux. Mais ils restent de mon point de vue limite plus réussis que Antarès, Bellatrix et autres mochetés pourtant appréciées.
Pour moi le scénario apporte une belle bouffée d'optimisme qui compense les faiblesses graphiques indéniables. J'ai passé un bon moment à lire le triptyque.
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Les Fleurs de cimetière
2.5 Un autre album de Baudoin qui regroupe les défauts que je retrouve dans ses albums. Ce n'est pas totalement inintéressant parce qu'ici Baudoin raconte sa vie entière et pas seulement un voyage ou un truc du genre. J'aime bien l'autobiographie en BD et il y a des bons passages. L'auteur n'a pas peur de parler de trucs très privés et il est cru sur sa sexualité et son rapport avec les femmes. Malgré un propos intéressant, j'ai quand même eu de la difficulté à lire cet album parce qu'encore une fois Baudoin semble improviser au fil des pages en mettant ce qui lui passe par la tête. Ainsi le récit n'est pas linéaire, on peut donc avoir sur une page la mention d'un voyage à Beyrouth dans les années 80 et la page suivante il nous parle du covid. La mise en scène part aussi dans tous les sens. On peut avoir des pages avec du texte et juste de l'illustration qui donne l'impression qu'on est en train de lire le journal intime de l'auteur et ensuite on tombe dans de la BD avec plusieurs cases qui forment un récit. Des lecteurs peuvent aimer ça, mais moi je trouve que cela donne un album décousu et pas du tout agréable à lire. C'est simple, c'est encore un album que vont surtout apprécier les lecteurs qui sont fans de l'auteur et sont sensibles à son style si particulier. Ceux qui trouvent que ses albums sont hermétiques vont encore une fois s'ennuyer.
Papeete 1914
Très joli diptyque qui permet de mettre en lumière une anecdote peu connue de la Première Guerre Mondiale tout en mettant en lumière les problématiques que l'époque a soulevée. C'est simple comme récit, avec une trame de polar au centre qui sert de prétexte à l'exposition des personnages et du récit, tandis que le vrai contexte est surtout celui de la Première Guerre Mondiale où l'Allemagne et la France vont se déchirer, entrainant des conséquences sur la petite vie des habitants de l'île. Quelques personnages parsèment l'histoire, avec des comportements et caractères très typés qui permettent de comprendre rapidement les enjeux et les personnages. C'est une facilité scénaristique pour pouvoir rentrer dans l'histoire rapidement, puisqu'elle est assez brève au final. C'est mieux de ne pas trainer ! L'histoire est surtout servie par le dessin, qui est franchement excellent. Il met en lumière les îles et surtout la lumière, avec ces jeux de couleurs qui parsèment les pages. C'est très beau, aucun doute là-dessus et je dois dire que c'est une grande qualité du livre. C'est juste dommage que l'histoire reste assez "légère" dans l'ensemble, même si elle exploite son contexte d'une bonne manière (la résolution de l'enquête notamment). La lecture reste plaisante et très belle, donnant envie de voir ces îles mais en même temps il n'oublie pas de se placer dans l'époque pour en faire ressortir de nombreuses aspects. Un bon moment de lecture !
Le Crime de Lord Arthur Savile
Je ne connais pas l'œuvre d'origine, mais cette adaptation procure une lecture rapide et globalement agréable. C'est en fait surtout le côté graphique qui m'a séduit. En effet, j'ai bien aimé ce travail, qui use d'un Noir et Blanc très tranché, proche parfois des ombres chinoises ou de papiers découpés. C'est parfois un peu stylisé, souvent minimaliste, mais toujours plaisant et très lisible. L'histoire elle-même se laisse lire, mais elle manque un peu de densité. Le texte d'origine devait être court (short story ou petite nouvelle ?). Ça fait drame antique dans sa construction, avec le héros qui, un voyant lui ayant prédit un drame, ne peut échapper à son accomplissement, devenant lui-même le bras armé de l'oracle. Avec en sus une chute finale à la fois noire et quelque peu moralisatrice : on ne peut trouver son bonheur dans le crime. Très agréable à voir, pas désagréable à lire, mais pas inoubliable, voilà une petite lecture détente que je ne regrette pas.
Les Exilées, histoires
Je comprends que cet album déroute certains de ses lecteurs, que ce soit pour le dessin ou pour le texte. En effet, le dessin est très sombre. Et la narration peut paraître presque aussi obscure. On est souvent plus proche du récit illustré que de la BD classique. Qui plus est avec un texte très littéraire, poétique. Ce sont justement ces ingrédients qui m'ont plu. J'admets n'avoir pas tout saisi. Et je regrette aussi un peu que la question de l'immigration, du déracinement, ne soit pas plus frontalement traitée (ou alors ça m'a en parti échappé). Mais, même si cet album m'a laissé un peu sur ma faim, j'ai suffisamment apprécié l'ambiance générale, la poésie langoureuse qui s'en dégage, pour venir améliorer un peu sa notation. Note réelle 2,5/5.
Vincent et Van Gogh
Je n'ai pas totalement accroché à ce diptyque. Je passe sur le tome 2 qui me semble être une exploitation du succès du tome 1. Ainsi cette suite incongrue dans le monde du cinéma m'a paru lourde et inadaptée. Le tome 1 part sur un concept original qui joue sur la fratrie des Van Gogh. En attribuant le génie créatif au chat j'ai craint un manque de respect à l'œuvre du maître. Heureusement il n'en est rien. Smudja profite donc de son postulat pour nous proposer un jeu de piste à travers l'œuvre de Van Gogh et d'autres génies de la peinture de cette époque . Certaines planches sont magnifiques dans la reproduction des ambiances crées par ces grands peintres. Smudja y ajoute un humour loufoque revendiqué qui fonctionne bien dans les premières pages mais qui tourne vite en rond à mon goût. Ainsi j'ai trouvé que la narration manquait souvent de fluidité quand le chat fait ceci puis cela puis passe à autre chose avec un Vincent très passif. J'ai trouvé le tome 1 assez long ainsi que le tome 2 qui en plus m'a ennuyé. Je reste à 3 pour le graphisme, l'idée de départ et une certaine invitation à redécouvrir l'œuvre de ces génies.
Juarez
Ciudad Juarez est tristement célèbre pour la violence qui s'y déploie. Violence des cartels de la drogue et nombreux féminicides impunis. Douze ans après la parution de cet album, la situation ne s'est pas améliorée, les "pouvoirs publics " corrompus ne protégeant pas les victimes, issues des populations pauvres. L'arrière-plan est donc à la base très riche pour y développer ce polar. Mais ça ne reste qu'un arrière-plan hélas, au service d'un polar classique, avec une vengeance comme fil rouge. Tout est très classique ici d'ailleurs. Le dessin, fluide et plutôt agréable. Avec tous les clichés du genre, les femmes sont des bombasses et les hommes sont des barraques au visage carré et burins. C'est rythmé et violent, on est prié d'accepter quelques facilités scénaristiques (autour d'Erika et de sa vengeance personnelle par exemple). Rien de transcendant ou de révolutionnaire. Mais ça se laisse lire, on ne s'ennuie pas. Et le retournement final - un peu gros à avaler - pimente un peu le récit. Une lecture d'emprunt, pour amateurs de polars classiques et violents ne cherchant pas l'originalité. Note réelle 2,5/5.
L'île aux 30 cercueils
Je reconnais des qualités à cette adaptation de Lizano. En particulier son séquençage en courts chapitres qui reprend le rythme des feuilletons chers à Leblanc - mais aussi à l'adaptation télévisée (que je n'ai pas vue, bien qu'étant d'une génération contemporaine à sa diffusion). Conclusions et introductions des chapitres mélangent résumé et cliffhanger, publicités, détails biographiques sur Leblanc ou information sur le feuilleton télé. Ce sont presque ces passages qui m'ont le plus intéressé. Car pour le reste, si ça se laisse lire, ça ne m'a pas réellement captivité. Dialogues et narration n'ont pas su me faire passer le mystère du récit d'origine. Et le dessin de Lizano, très lisible au demeurant, n'est pas non plus le plus adapté à ce type de récit (selon moi en tout cas). Note réelle 2,5/5.
Adastra in Africa
C'est avec Monstres que j'avais découvert le talent de Barry Windsor-Smith ; j'avais même pris une grosse claque ! J'étais donc curieux de découvrir cet album réédité par Delcourt qui n'avait jamais été traduit en France. La couverture est classieuse, et le trait de Barry Windsor-Smith toujours aussi magistral. C'est plus du côté scénario que l'auteur peine à nous convaincre. Il avait d'ailleurs essuyé un refus de Marvel quand il avait voulu publier cette histoire qui devait être le troisième volet de Lifedeath ; qu'à cela ne tienne, on transforme le personnage principal en cette majestueuse divinité qu'est Adastra, et le tour est joué ! Toute la première partie en voix off est assez pompeuse, limite mystique, ce qui n'aide pas à embarquer le lecteur. Heureusement, quand les dialogues s'installent, la narration devient plus fluide, impliquant plus le lecteur qui n'était jusqu'ici qu'un lointain spectateur. Mais la grande qualité de ce court récit tient au dessin de Barry Windsor-Smith. Toujours aussi puissant et racé, ses planches sont de véritables pépites qu'on admire pendant de longues minutes. Si certaines sont parfois il est vrai chargées, cela n'enlève en rien à son talent. Une oeuvre qui ravira les fans de l'auteur et séduira ceux qui le découvrent, plus pour son trait que pour l'histoire en elle même.
Erostrate
Sous cette couverture qui ne paie pas de mine se cache un grand récit grec, celui de la vie du vaniteux qui a brûlé le Temple d'Artemis à Ephèse dans le simple but de devenir célèbre. Si le personnage et son acte sont authentiques, sa vraie histoire n'est pas connue et c'est donc une vie imaginaire que Martin Veyron nous dépeint, un moyen pour lui de rassembler et mettre en image de nombreux autres mythes et anecdotes historiques de la Grèce Antique. On sent que l'auteur a une grande affection pour ce monde, sa mythologie et son esprit. Ce qu'il nous raconte prouve une belle érudition en la matière puisqu'il ne s'agit pas des mythes les plus célèbres et que c'est aussi pour lui toute une manière de redonner vie au monde antique ainsi qu'à quelques dialogues dignes du Banquet de Platon. J'aime aussi grandement la Grèce Antique et j'ai aimé la vie que Martin Veyron a su lui insuffler. On sent un monde qui vit, des personnages qui ont une vraie histoire, une vie intime et qui ne sont pas là que pour poser comme des acteurs sur une scène de théâtre. J'ai aimé le respect dont il fait preuve pour leurs us et coutumes. On s'y perd entre réalisme historique, mythologie et simple folklore, comme on peut l'être dans une société imprégénée de ses histoires et de ses dieux. A travers le parcours d'Erostrate, j'ai aimé retrouvé ces lieux et cet esprit, ainsi que redécouvrir quelques légendes que je connaissais mal ou que j'ignorais. Toutefois, il faut pour cela endurer le caractère de ce fameux Erostrate et son insupportable vanité. Doué d'une beauté théoriquement digne d'Apollon, même si le dessin ne lui rend que peu hommage, tout lui sourit trop facilement malgré ses idées égoïstes et narcissiques. Jusqu'à ce que finalement il attire sur lui la jalousie et l'opprobre mais qu'il s'en fiche car il reste obnubilé par son idée de célèbrité. Du coup, autant les légendes, personnages et anecdotes historiques d'époque sont intéressantes, autant il faut supporter l'état d'esprit de ce personnage pénible et de ceux qui le côtoient. Et cela rend la lecture un peu laborieuse, d'autant qu'on a aussi parfois l'impression d'une succession de digressions et de mythes racontés qui tombent parfois comme des cheveux sur la soupe dans une narration globale qui manque de rythme. J'ai donc à la fois aimé cette plongée dans la Grèce Antique et son esprit, et moins aimé ses personnages et leur parcours, mais je reste sur une bonne impression d'ensemble. Ce qui me fait de nouveau regretter cette couverture qui ne met pas en valeur une BD qui mériterait qu'on y porte davantage attention.
Nelson Lobster
Nelson Lobster met en scène les aventures d'un vieux marin qui fuit la mort (littéralement), incarnée ici par une jolie jeune femme: en effet, tant qu'il n'a pas fini d'écrire ses mémoires, la mort ne pourra pas venir le chercher. Mais cette dernière se considère trompée, et tente de revenir sur leur marché. On suit donc deux histoires parallèles mais séparées dans chacun des trois tomes: d'un côté une aventure passée de Lobster, tirée de ses mémoires, et racontée sous forme de flash-backs, et de l'autre une aventure contemporaine où Lobster tente d'échapper aux assassins de la grande faucheuse. Les histoires sont assez sympathiques, tant elles rappellent, par leur esprit enjoué, le baron de Münchausen ou bien le vaillant petit tailleur des frères Grimm. Car notre héro, bien que courageux, l'emporte avant tout par sa malignité et sa compassion. Le tout avec une "origin story" assez touchante. A la fois pour lui, mais aussi pour un ancien agent de la mort qui est passée de son côté, également par compassion. Hélas, le passé des deux protagonistes reste parcouru de plusieurs zones d'ombres qui resteront à jamais sans réponse, la série ayant été plus que probablement arrêtée avant la fin, même si la conclusion peut se suffire à elle-même. Certes, les dessins ne sont pas des plus beaux. Mais ils restent de mon point de vue limite plus réussis que Antarès, Bellatrix et autres mochetés pourtant appréciées. Pour moi le scénario apporte une belle bouffée d'optimisme qui compense les faiblesses graphiques indéniables. J'ai passé un bon moment à lire le triptyque.