C'est plutôt bon, alors que le début me faisait craindre une histoire qui glisserait dans le voyeurisme visuel (avec son personnage féminin qui viendrait montrer ses charmes à chaque page) tandis que l'histoire basculerait dans un côté sombre avec du sang pour compenser. Et en fait ... pas vraiment.
S'il y a bien une femme qui se balade principalement nue (mais sans verser complètement dans le voyeurisme) et que le sang est présent en abondance, c'est une histoire qui privilégie le récit quand même. Nous avons une reprise de la légende de la Vouivre jurassienne, développée dans une intrigue qui finit par une pirouette scénaristique que j'ai bien aimée. Elle boucle le récit d'une façon que je n'ai pas vu venir et qui incite à relire pour en voir toutes les conséquences.
L'histoire parle surtout de relations entre humains, avec la quête de pouvoir éternellement perdante pour l'humanité, l'immortalité comme une malédiction. Les thèmes sont bien trouvés et j'ai apprécié le fait que l'histoire évolue dans le temps jusqu'à prendre des tours assez inattendu. C'est agréable de pouvoir être surpris par un récit.
Si je dois émettre une critique, je dirais juste que parfois le dessin m'a semblé léger dans ses proportions. Le personnage de Layla notamment, est parfois affublé de caractéristiques peu naturelles, mais qui semblent vouloir la mettre en avant. C'est le seul point qui m'a fait baisser la note, mais en terme de plaisir de lecture, ça reste une lecture agréable et surprenante. Je pense qu'il aurait fallu un tout petit plus notamment dans son final pour que je fasse décoller la note, mais je trouve que la lecture reste recommandée.
Ce comics a tout d'un mémoire.
M.S. Harkness est une jeune autrice, elle en est déjà à son troisième roman graphique après Tinderella et Desperate Pleasures, mais ce Time Under Tension est sa première BD publiée en France.
Une autobiographie qui nous fait découvrir ses blessures, ses conneries, ses espoirs, mais surtout son envie de trouver la future M.S. Harkness. Elle n'occultera rien de son passé torturé.
En effet, elle a été abusé sexuellement dans son enfance par son père. Elle a une relation compliquée avec sa mère. Elle vend de la drogue à un gars qui rêve de devenir professionnel de MMA, elle en est amoureuse et baise régulièrement avec lui, il a pourtant une copine. Elle se prostitue pour se payer des petits plaisirs. Bref, sa vie n'est pas simple.
A travers ce roman graphique elle va exorciser ses démons. Un récit sincère où elle met ses tripes sur chaque planche, mais un récit qui ne m'a complètement touché, les émotions ne sont pas passées. Une narration crue, souvent en mode SMS, avec un zeste d'humour et forcément nombriliste. Mais un récit qui interpelle.
La bande dessinée et le sport seront ses bouées de sauvetage.
Un beau noir et blanc lisible et proche de la caricature. Quelques cases seront dans un style charbonneux pour souligner des faits particuliers. Quelques magnifiques planches urbaines, très réalistes.
Une mise en page classique avec le plus souvent 6/9 vignettes par planche.
Une couverture qui résume très bien ce comics, chaque vignette n'est là au hasard.
Pour les amateurs du genre.
Lénaïc Vilain, qui parle souvent de luttes sociales et de l'absurdité de notre monde d'aujourd'hui, sort (un peu) de son cadre pour nous parler de son autre passion, le football. Ou plutôt le Red Star FC.
C'est un club de la banlieue nord de Paris, qui a connu ses heures de gloire dans l'après-guerre, et qui est depuis retombé dans l'anonymat des divisions amateur, avant de remonter petit à petit jusqu'à acquérir un statut professionnel il y a quelques saisons. Vilain a découvert le club d'abord par l'intermédiaire du stade Bauer où il évolue, depuis la chambre de l'appart d'un copain chez lequel il s'est rendu un soir de match. L'ambiance lui a plu, il a voulu aller y goûter de plus près, et le virus l'attrapé pour ne plus le lâcher. Il nous parle donc de son rapport à l'enceinte, à l'industrie du foot, au groupe de supporters dont il fait partie. Et qui se trouve, heureux hasard, un brin politisé à gauche, correspondant aux convictions de Lénaïc Vilain.
Nous avons donc des tranches de vie autour du stade et du club, des moments humains, touchants, drôles aussi, mais graves par périodes. L'ensemble est très sympathique, ça respire l'authenticité. J'ai bien aimé, ayant moi-même assisté à un match dans ce stade désormais disparu sous sa configuration d'origine. Et puis aussi parce que sans avoir fait partie d'un groupe de supporters, j'ai moi-même vécu des instants comparables dans mon adolescence, dans un vieux stade, l'ancien plus grand de l'agglomération bordelaise. Séquence nostalgie...
Je suis un peu perplexe à la suite de ma lecture de cette série. J'ai pourtant beaucoup aimé l'introduction avec ce duel entre les deux psychiatres plein d'humour et d'excellentes réparties.
La première partie m'a séduit avec cette construction astucieuse à la fois sur le déroulé passé de la semaine, l'immiscion des trois âmes défuntes et les questions de l'expérimenté Llull.
Cette superposition des deux enquêtes, celle de Llull et celle d'Eva, donne un récit tonique et méticuleusement imbriqué sans que l'auteur ne se prenne les pieds dans le tapis. C'est vraiment bien fait malgré quelques longueurs.
La narration est bien soutenue par un graphisme très lumineux dans un style semi réaliste classique et humoristique. Cela manque toutefois pour moi un peu de travail sur les extérieurs de la ville de Barcelone. A part quelque plans discrets, l'ambiance manque de caractère et on pourrait situer l'action dans beaucoup de régions viticoles.
Toutefois ce n'est pas ma principale réserve. En effet j'ai trouvé le personnage d'Eva assez lassant à la longue. J'ai eu du mal à adhérer à la version Madame Je sais tout qui joue à 007. Cela devient un poil cliché manichéen et moralisateur par moment dans l'imagerie de la famille Monturos. De plus mon empathie pour Eva a faibli au fil des pages à force de la voir une cigarette à la bouche ou un verre de vin à la main.
Si on y ajoute une alimentation aléatoire et un manque de sommeil chronique on ne peut pas dire que le modèle d'hygiène de vie proposé soit à mon goût.
Un beau travail de construction mais un final assez décevant. Pas mal mais mon intérêt a baissé au fil de ma lecture.
Un album original, qui avait un potentiel certain, mais qui au final m’a laissé sur ma faim.
Je l’avais repéré lorsqu’il avait été dans la sélection d’Angoulême il y a peu, et le pitch – mais aussi cette couverture aux couleurs éclatantes – m’avaient intrigué.
Nous sommes dans une sorte d’univers post-apocalypse, une catastrophe a entrainé d’énormes bouleversements, et le développement d’une « maladie » (catastrophe nucléaire ?).
L’originalité vient du fait que les personnages que nous suivons sont des humains à taille minuscule – dans des décors qui eux sont à « notre taille ». Ils vivent ainsi dans des glands, un caddie renversé a des allures de ruine de gratte-ciel. Et serpent et surtout mantes religieuses sont des menaces géantes.
La menace principale est toutefois constituée par cette « maladie » contagieuse, qui recommence à se répandre : certains partent donc à la recherche de mystérieux antidotes.
Les « hommes » ordinaires sont évoqués, on ne sait pas grand-chose d’eux, de l’éventuelle cohabitation qui avaient lieu ou pas entre les deux « espèces », ni de la catastrophe qui a eu lieu. Pourquoi pas ? Le problème vient surtout qu’on n’en sait pas beaucoup plus sur la société lilliputienne des héros. Je pense que Starace aurait pu prendre le temps de mieux présenter cet aspect de l’univers qu’il nous propose, faute de quoi on peine à comprendre et à s’attacher à ces petits hommes.
Quant à l’aspect graphique, là aussi je suis partagé. Pour faire simple, j’ai davantage apprécié la colorisation que le dessin lui-même. Celui-ci n’est pas laid, mais il est inégal, et le rendu un peu brouillon – des visages, de certains décors – n’est pas toujours heureux. Par contre cette aventure au ras du sol, avec tous les détails qui nous sont familiers comme regardées au microscope, est intéressante. Et la colorisation chatoyante – y compris dans les scènes nocturnes – est assez chouette.
Étrange histoire que celle-ci. Avec un homme ivre de vengeance, ange exterminateur. Une sorte de Fantômas en bien plus cynique et pervers, plus sanguinaire. Tellement ressemblant et tellement différent qu’on peut lire cette histoire comme une parodie (et pas seulement des catcheurs masqués !), une exagération du mythe, à la fois plus noir et plus grotesque que l’original.
Le sang gicle, les scènes de torture ou SM se succèdent, le mal nargue les autorités avec morgue et suffisance. Les gros plans sur les carnages, parfois en pleine page (massacre de la famille du héros au début, d’un des deux gamins sélectionnés par notre génie du mal au milieu de l’album) accentuent un côté trash et violent gratuit.
La complaisance avec laquelle Baker étale hémoglobine signe la parodie, le défouloir (avec un peu d’humour très noir, comme ce gros plan sur les steaks hachés bouffés par les gamins de l’orphelinat alimenté par notre noir héros – je ne spoile pas mais les lecteurs comprendront). Exit la réflexion donc, on mise tout sur le rythme. Je regrette juste un manque de dialogues aussi pétaradant que l’histoire, et un rythme certes élevé (on ne s’ennuie pas), mais trop monocorde (on n’est finalement pas trop surpris).
Un défouloir à lire à l’occasion.
Note réelle 3,5/5.
Je découvre l’auteure avec cet album, et je dois dire que c’est une lecture plutôt sympathique. Il y a un peu de facilités, on frôle parfois – sans l’atteindre – une certaine mièvrerie – une « gentillesse des bons sentiments » qui, un temps, m’a gêné. Mais en fait ça passe et l’histoire est agréable à lire.
Nous suivons Billie Scott, une jeune artiste marginale et une personne un peu asociale. Après pas mal de galères, et au moment où elle ne s’y attendait plus, elle décroche la timbale, peut exposer dans une grande galerie, charge à elle de peindre 10 tableaux d’ici là. Hélas, suite à un concours de circonstances (c’est une facilité scénaristique un peu « heureuse »), elle perd peu à peu la vue. Il ne lui reste plus qu’une dizaine de jours pour peindre ses tableaux. Elle va partir dans une errance, rencontrer quelques personnes atypiques, marginales, qui vont inspirer ses tableaux, et devenir ses amis.
Au travers de l’histoire de Billie, l’auteure nous entraine dans quelques réflexions sur l’art, et aussi nous donne à voir l’envers du décor des grandes villes, un univers dur mais très vivant, ce qui dynamise le récit.
Le dessin est simple, sans trop de fioritures ou de décors. Un trait fin (proche parfois du travail de Lemire), usant d’un Noir et Blanc dominant, alors que quelques couleurs s’invitent parfois dans une bichromie pas désagréable.
Une lecture intéressante en tout cas.
Je poursuis ma lecture de la série concept "La grande évasion" avec ce cinquième one-shot.
S'il a le mérite de traiter d'un sujet que j'ai peu lu en bande dessinée - La guerre d'Indochine et la bataille de Diên Biên Phu de 1954 qui précipita le retrait des troupes françaises -, cet ouvrage reste d'un trop grand classicisme pour susciter un quelconque sentiment chez le lecteur. Ainsi, la multiplicité des personnages (je m'y suis parfois un peu perdu...) et le traitement de l'histoire en un seul tome d'une soixantaine de pages ne nous permet pas de nous attacher aux différents héros. On parcourt donc l'ensemble de la BD sans trop s'inquiéter pour le devenir de ces soldats. [SPOILER] Par ailleurs, j'ai trouvé un peu cliché l'histoire de la prostituée Viet qui s'éprend et tente de sauver un soldat étranger... [SPOILER]
C'est dommage car l'idée de traiter le thème de l'évasion dans le cadre de la guerre et d'un univers ouvert telle que la Région de Diên Biên Phu était plutôt une bonne idée.
Restent un dessin correct et une très belle colorisation de Johann Corgié.
Un ouvrage qui n'est pas désagréable à lire mais qui ne restera pas pour autant dans les annales.
SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 5/10
GRAPHISME (Dessin, colorisation) : 6/10
NOTE GLOBALE : 11/20
Je partage l'avis précédent d'Agecanonix, il y a du bon et du moins bon dans ce quatrième tome de la série concept "La grande évasion".
J'ai beaucoup aimé les personnages hauts en couleurs dans un style qui s'approche d'un Welcome to Hope ou d'un Snatch si on se réfère à une œuvre cinématographique. Le héros, Carl Douglas, est vraiment bien croqué tout comme les hommes de main (un peu crétins) du parrain Di Mauro. Le scénario est également plutôt bien ficelé avec cette évasion à double enjeu, d'un côté ses anciens partenaires qui souhaitent supprimer Angelo Di Mauro de peur qu'il parle et de l'autre son fils qui souhaite le sauver. La chute finale est également intéressante et surprendra sans aucun doute le lecteur.
J'ai en revanche moins aimé le personnage de Diane dont les délires mentaux deviennent trop répétitifs à la longue. On a ainsi l'impression que le scénariste avait besoin de remplir des pages pour tenir dans le format final. La fin m'a paru également peu crédible [SPOILER] avec un héros qui rentre tranquillement chez lui (alors même que les hommes de main du mafieux viennent le chercher à ce même endroit en début de tome...) [SPOILER] Après cet excellent coup, il aurait été ainsi plus crédible que le héros se planque ailleurs, en sachant que le frère Di Mauro est encore en liberté.
Au niveau du dessin, c'est plutôt agréable à l’œil et la colorisation à la GTA colle bien avec l'univers.
Un tome qui restera dans le haut du panier de la série très inégale "La grande évasion".
SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 6,5/10
GRAPHISME (Dessin, colorisation) : 6,5/10
NOTE GLOBALE : 13/20
Le dessin dynamique de la couverture a attiré mon attention à la bibliothèque et je ne regrette pas mon emprunt.
Le dessin est dans le pur style qu'on retrouve dans la bande dessinée italienne comiques pour les jeunes. Le trait rappel les dessins animées et j'imagine facilement cette bd en format long-métrage d'animation. Le scénario est efficace. Les personnages sont stéréotypés, mais le scénario est assez original pour ne pas ennuyer un lecteur adulte. Ça va à 100 à l'heure et je ne savais jamais ce qui allait se passer ensuite.
Je pense que j'aurais vraiment aimé lire cet album lorsque j'étais jeune.
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Layla - Conte des Marais Ecarlates
C'est plutôt bon, alors que le début me faisait craindre une histoire qui glisserait dans le voyeurisme visuel (avec son personnage féminin qui viendrait montrer ses charmes à chaque page) tandis que l'histoire basculerait dans un côté sombre avec du sang pour compenser. Et en fait ... pas vraiment. S'il y a bien une femme qui se balade principalement nue (mais sans verser complètement dans le voyeurisme) et que le sang est présent en abondance, c'est une histoire qui privilégie le récit quand même. Nous avons une reprise de la légende de la Vouivre jurassienne, développée dans une intrigue qui finit par une pirouette scénaristique que j'ai bien aimée. Elle boucle le récit d'une façon que je n'ai pas vu venir et qui incite à relire pour en voir toutes les conséquences. L'histoire parle surtout de relations entre humains, avec la quête de pouvoir éternellement perdante pour l'humanité, l'immortalité comme une malédiction. Les thèmes sont bien trouvés et j'ai apprécié le fait que l'histoire évolue dans le temps jusqu'à prendre des tours assez inattendu. C'est agréable de pouvoir être surpris par un récit. Si je dois émettre une critique, je dirais juste que parfois le dessin m'a semblé léger dans ses proportions. Le personnage de Layla notamment, est parfois affublé de caractéristiques peu naturelles, mais qui semblent vouloir la mettre en avant. C'est le seul point qui m'a fait baisser la note, mais en terme de plaisir de lecture, ça reste une lecture agréable et surprenante. Je pense qu'il aurait fallu un tout petit plus notamment dans son final pour que je fasse décoller la note, mais je trouve que la lecture reste recommandée.
Time Under Tension
Ce comics a tout d'un mémoire. M.S. Harkness est une jeune autrice, elle en est déjà à son troisième roman graphique après Tinderella et Desperate Pleasures, mais ce Time Under Tension est sa première BD publiée en France. Une autobiographie qui nous fait découvrir ses blessures, ses conneries, ses espoirs, mais surtout son envie de trouver la future M.S. Harkness. Elle n'occultera rien de son passé torturé. En effet, elle a été abusé sexuellement dans son enfance par son père. Elle a une relation compliquée avec sa mère. Elle vend de la drogue à un gars qui rêve de devenir professionnel de MMA, elle en est amoureuse et baise régulièrement avec lui, il a pourtant une copine. Elle se prostitue pour se payer des petits plaisirs. Bref, sa vie n'est pas simple. A travers ce roman graphique elle va exorciser ses démons. Un récit sincère où elle met ses tripes sur chaque planche, mais un récit qui ne m'a complètement touché, les émotions ne sont pas passées. Une narration crue, souvent en mode SMS, avec un zeste d'humour et forcément nombriliste. Mais un récit qui interpelle. La bande dessinée et le sport seront ses bouées de sauvetage. Un beau noir et blanc lisible et proche de la caricature. Quelques cases seront dans un style charbonneux pour souligner des faits particuliers. Quelques magnifiques planches urbaines, très réalistes. Une mise en page classique avec le plus souvent 6/9 vignettes par planche. Une couverture qui résume très bien ce comics, chaque vignette n'est là au hasard. Pour les amateurs du genre.
Tribune(s) - Chroniques de gradins
Lénaïc Vilain, qui parle souvent de luttes sociales et de l'absurdité de notre monde d'aujourd'hui, sort (un peu) de son cadre pour nous parler de son autre passion, le football. Ou plutôt le Red Star FC. C'est un club de la banlieue nord de Paris, qui a connu ses heures de gloire dans l'après-guerre, et qui est depuis retombé dans l'anonymat des divisions amateur, avant de remonter petit à petit jusqu'à acquérir un statut professionnel il y a quelques saisons. Vilain a découvert le club d'abord par l'intermédiaire du stade Bauer où il évolue, depuis la chambre de l'appart d'un copain chez lequel il s'est rendu un soir de match. L'ambiance lui a plu, il a voulu aller y goûter de plus près, et le virus l'attrapé pour ne plus le lâcher. Il nous parle donc de son rapport à l'enceinte, à l'industrie du foot, au groupe de supporters dont il fait partie. Et qui se trouve, heureux hasard, un brin politisé à gauche, correspondant aux convictions de Lénaïc Vilain. Nous avons donc des tranches de vie autour du stade et du club, des moments humains, touchants, drôles aussi, mais graves par périodes. L'ensemble est très sympathique, ça respire l'authenticité. J'ai bien aimé, ayant moi-même assisté à un match dans ce stade désormais disparu sous sa configuration d'origine. Et puis aussi parce que sans avoir fait partie d'un groupe de supporters, j'ai moi-même vécu des instants comparables dans mon adolescence, dans un vieux stade, l'ancien plus grand de l'agglomération bordelaise. Séquence nostalgie...
Je suis leur silence
Je suis un peu perplexe à la suite de ma lecture de cette série. J'ai pourtant beaucoup aimé l'introduction avec ce duel entre les deux psychiatres plein d'humour et d'excellentes réparties. La première partie m'a séduit avec cette construction astucieuse à la fois sur le déroulé passé de la semaine, l'immiscion des trois âmes défuntes et les questions de l'expérimenté Llull. Cette superposition des deux enquêtes, celle de Llull et celle d'Eva, donne un récit tonique et méticuleusement imbriqué sans que l'auteur ne se prenne les pieds dans le tapis. C'est vraiment bien fait malgré quelques longueurs. La narration est bien soutenue par un graphisme très lumineux dans un style semi réaliste classique et humoristique. Cela manque toutefois pour moi un peu de travail sur les extérieurs de la ville de Barcelone. A part quelque plans discrets, l'ambiance manque de caractère et on pourrait situer l'action dans beaucoup de régions viticoles. Toutefois ce n'est pas ma principale réserve. En effet j'ai trouvé le personnage d'Eva assez lassant à la longue. J'ai eu du mal à adhérer à la version Madame Je sais tout qui joue à 007. Cela devient un poil cliché manichéen et moralisateur par moment dans l'imagerie de la famille Monturos. De plus mon empathie pour Eva a faibli au fil des pages à force de la voir une cigarette à la bouche ou un verre de vin à la main. Si on y ajoute une alimentation aléatoire et un manque de sommeil chronique on ne peut pas dire que le modèle d'hygiène de vie proposé soit à mon goût. Un beau travail de construction mais un final assez décevant. Pas mal mais mon intérêt a baissé au fil de ma lecture.
Être montagne
Un album original, qui avait un potentiel certain, mais qui au final m’a laissé sur ma faim. Je l’avais repéré lorsqu’il avait été dans la sélection d’Angoulême il y a peu, et le pitch – mais aussi cette couverture aux couleurs éclatantes – m’avaient intrigué. Nous sommes dans une sorte d’univers post-apocalypse, une catastrophe a entrainé d’énormes bouleversements, et le développement d’une « maladie » (catastrophe nucléaire ?). L’originalité vient du fait que les personnages que nous suivons sont des humains à taille minuscule – dans des décors qui eux sont à « notre taille ». Ils vivent ainsi dans des glands, un caddie renversé a des allures de ruine de gratte-ciel. Et serpent et surtout mantes religieuses sont des menaces géantes. La menace principale est toutefois constituée par cette « maladie » contagieuse, qui recommence à se répandre : certains partent donc à la recherche de mystérieux antidotes. Les « hommes » ordinaires sont évoqués, on ne sait pas grand-chose d’eux, de l’éventuelle cohabitation qui avaient lieu ou pas entre les deux « espèces », ni de la catastrophe qui a eu lieu. Pourquoi pas ? Le problème vient surtout qu’on n’en sait pas beaucoup plus sur la société lilliputienne des héros. Je pense que Starace aurait pu prendre le temps de mieux présenter cet aspect de l’univers qu’il nous propose, faute de quoi on peine à comprendre et à s’attacher à ces petits hommes. Quant à l’aspect graphique, là aussi je suis partagé. Pour faire simple, j’ai davantage apprécié la colorisation que le dessin lui-même. Celui-ci n’est pas laid, mais il est inégal, et le rendu un peu brouillon – des visages, de certains décors – n’est pas toujours heureux. Par contre cette aventure au ras du sol, avec tous les détails qui nous sont familiers comme regardées au microscope, est intéressante. Et la colorisation chatoyante – y compris dans les scènes nocturnes – est assez chouette.
Baron Samedi
Étrange histoire que celle-ci. Avec un homme ivre de vengeance, ange exterminateur. Une sorte de Fantômas en bien plus cynique et pervers, plus sanguinaire. Tellement ressemblant et tellement différent qu’on peut lire cette histoire comme une parodie (et pas seulement des catcheurs masqués !), une exagération du mythe, à la fois plus noir et plus grotesque que l’original. Le sang gicle, les scènes de torture ou SM se succèdent, le mal nargue les autorités avec morgue et suffisance. Les gros plans sur les carnages, parfois en pleine page (massacre de la famille du héros au début, d’un des deux gamins sélectionnés par notre génie du mal au milieu de l’album) accentuent un côté trash et violent gratuit. La complaisance avec laquelle Baker étale hémoglobine signe la parodie, le défouloir (avec un peu d’humour très noir, comme ce gros plan sur les steaks hachés bouffés par les gamins de l’orphelinat alimenté par notre noir héros – je ne spoile pas mais les lecteurs comprendront). Exit la réflexion donc, on mise tout sur le rythme. Je regrette juste un manque de dialogues aussi pétaradant que l’histoire, et un rythme certes élevé (on ne s’ennuie pas), mais trop monocorde (on n’est finalement pas trop surpris). Un défouloir à lire à l’occasion. Note réelle 3,5/5.
Dans les yeux de Billie Scott
Je découvre l’auteure avec cet album, et je dois dire que c’est une lecture plutôt sympathique. Il y a un peu de facilités, on frôle parfois – sans l’atteindre – une certaine mièvrerie – une « gentillesse des bons sentiments » qui, un temps, m’a gêné. Mais en fait ça passe et l’histoire est agréable à lire. Nous suivons Billie Scott, une jeune artiste marginale et une personne un peu asociale. Après pas mal de galères, et au moment où elle ne s’y attendait plus, elle décroche la timbale, peut exposer dans une grande galerie, charge à elle de peindre 10 tableaux d’ici là. Hélas, suite à un concours de circonstances (c’est une facilité scénaristique un peu « heureuse »), elle perd peu à peu la vue. Il ne lui reste plus qu’une dizaine de jours pour peindre ses tableaux. Elle va partir dans une errance, rencontrer quelques personnes atypiques, marginales, qui vont inspirer ses tableaux, et devenir ses amis. Au travers de l’histoire de Billie, l’auteure nous entraine dans quelques réflexions sur l’art, et aussi nous donne à voir l’envers du décor des grandes villes, un univers dur mais très vivant, ce qui dynamise le récit. Le dessin est simple, sans trop de fioritures ou de décors. Un trait fin (proche parfois du travail de Lemire), usant d’un Noir et Blanc dominant, alors que quelques couleurs s’invitent parfois dans une bichromie pas désagréable. Une lecture intéressante en tout cas.
La Grande évasion - Diên Biên Phu
Je poursuis ma lecture de la série concept "La grande évasion" avec ce cinquième one-shot. S'il a le mérite de traiter d'un sujet que j'ai peu lu en bande dessinée - La guerre d'Indochine et la bataille de Diên Biên Phu de 1954 qui précipita le retrait des troupes françaises -, cet ouvrage reste d'un trop grand classicisme pour susciter un quelconque sentiment chez le lecteur. Ainsi, la multiplicité des personnages (je m'y suis parfois un peu perdu...) et le traitement de l'histoire en un seul tome d'une soixantaine de pages ne nous permet pas de nous attacher aux différents héros. On parcourt donc l'ensemble de la BD sans trop s'inquiéter pour le devenir de ces soldats. [SPOILER] Par ailleurs, j'ai trouvé un peu cliché l'histoire de la prostituée Viet qui s'éprend et tente de sauver un soldat étranger... [SPOILER] C'est dommage car l'idée de traiter le thème de l'évasion dans le cadre de la guerre et d'un univers ouvert telle que la Région de Diên Biên Phu était plutôt une bonne idée. Restent un dessin correct et une très belle colorisation de Johann Corgié. Un ouvrage qui n'est pas désagréable à lire mais qui ne restera pas pour autant dans les annales. SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 5/10 GRAPHISME (Dessin, colorisation) : 6/10 NOTE GLOBALE : 11/20
La Grande évasion - Fatman
Je partage l'avis précédent d'Agecanonix, il y a du bon et du moins bon dans ce quatrième tome de la série concept "La grande évasion". J'ai beaucoup aimé les personnages hauts en couleurs dans un style qui s'approche d'un Welcome to Hope ou d'un Snatch si on se réfère à une œuvre cinématographique. Le héros, Carl Douglas, est vraiment bien croqué tout comme les hommes de main (un peu crétins) du parrain Di Mauro. Le scénario est également plutôt bien ficelé avec cette évasion à double enjeu, d'un côté ses anciens partenaires qui souhaitent supprimer Angelo Di Mauro de peur qu'il parle et de l'autre son fils qui souhaite le sauver. La chute finale est également intéressante et surprendra sans aucun doute le lecteur. J'ai en revanche moins aimé le personnage de Diane dont les délires mentaux deviennent trop répétitifs à la longue. On a ainsi l'impression que le scénariste avait besoin de remplir des pages pour tenir dans le format final. La fin m'a paru également peu crédible [SPOILER] avec un héros qui rentre tranquillement chez lui (alors même que les hommes de main du mafieux viennent le chercher à ce même endroit en début de tome...) [SPOILER] Après cet excellent coup, il aurait été ainsi plus crédible que le héros se planque ailleurs, en sachant que le frère Di Mauro est encore en liberté. Au niveau du dessin, c'est plutôt agréable à l’œil et la colorisation à la GTA colle bien avec l'univers. Un tome qui restera dans le haut du panier de la série très inégale "La grande évasion". SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 6,5/10 GRAPHISME (Dessin, colorisation) : 6,5/10 NOTE GLOBALE : 13/20
Bobby Sombrero - Holy Flamingo !
Le dessin dynamique de la couverture a attiré mon attention à la bibliothèque et je ne regrette pas mon emprunt. Le dessin est dans le pur style qu'on retrouve dans la bande dessinée italienne comiques pour les jeunes. Le trait rappel les dessins animées et j'imagine facilement cette bd en format long-métrage d'animation. Le scénario est efficace. Les personnages sont stéréotypés, mais le scénario est assez original pour ne pas ennuyer un lecteur adulte. Ça va à 100 à l'heure et je ne savais jamais ce qui allait se passer ensuite. Je pense que j'aurais vraiment aimé lire cet album lorsque j'étais jeune.