A l’image d’un Marco Polo à la cour du Khan (comme lui il a d’ailleurs suivi son père pour ses affaires à l’autre bout du monde) ou d’un Ibn Battuta sur toute l’étendue du monde musulman, Carletti a effectué un véritable périple, traversant quasiment tout le monde connu et dominé par les Espagnols et Portugais vers la fin du XVIème et le début du XVIIème siècles, allant même au-delà aux extrêmes de l’Orient, après avoir traversé l’Amérique.
Le personnage est intéressant à plus d’un titre. D’abord parce que son voyage se déroule en un temps où les colonisateurs n’avaient sans doute pas encore complètement « fermé » leurs espaces coloniaux (Carletti est italien, et non Ibérique). Ensuite parce que Carletti développe un sens de l’observation assez fin. Et surtout il se permet des observations et critiques (sur l’esclavagisme en train de se mettre en place – et auquel il participe un temps – par exemple) qui donnent à ce récit de voyage un éclairage original.
L’auteur s’est inspiré du récit de Carletti, et ce qu’il en a ajouté – pour le peu que je puisse en juger (je n’ai pas lu le récit d’origine, et ne connaissais pas ce voyageur) – est crédible et donne juste plus de vie à ce périple. Un voyage se déroulant au moment où une première « mondialisation » (très bien étudiée par Gruzinski) se met en place.
Le dessin moderne est agréable et accompagne très bien le récit, où l’on ne s’ennuie jamais, pour le peu que l’on soit curieux.
Une lecture plaisante et intéressante.
Une BD sur les sorcières par une sorcière.
En effet, la scénariste Lindsay Squire est une tarologue professionnelle, conseillère spirituelle et l'égérie du compte Instagram à succès The Witch of the Forest, dédié à aider et à responsabiliser ceux qui débutent leur parcours de sorcellerie pour forger leur propre chemin. Elle est aussi une autrice, elle a écrit de nombreux livres sur ces différents sujets. Et là, sa première incursion dans le neuvième art.
Une BD qui met en lumière Biddy Early, une sorcière irlandaise ayant vécu de 1798 à 1874, et Lindsay Squire nous offre une biographie romancée de cette femme. Romancée, puisque la jeune fille qui sera son apprentie dans ce comics n'est autre que Lindsay Squire elle-même.
Je suis mitigé après ma lecture, l'histoire de Biddy Early ne m'a pas passionné plus que ça, c'est trop gentillet. Une œuvre qui se veut un plaidoyer pour la sorcellerie, ici pas de magie noire, que des bons sentiments. Une lecture sans surprises, on a un étalage des connaissances de l'autrice sur le monde de la sorcellerie, elle met en avant la connexion avec la nature et le pouvoir des plantes. Mais cet étalage de connaissances manque de fluidité.
Le dessin de Lisa Salsi dans une ligne claire, un peu figé, est plaisant à regarder. De jolies couleurs. Une mise en page classique.
Un 3 étoiles généreux pour ma part, mais une BD qui devrait satisfaire un jeune public.
Je découvre l’auteur avec cet album et j’explorerai sa bibliographie de bon cœur.
Sous le Paradis est un recueil d’histoires courtes coquines. Si les récits ne se valent pas tous, ils m’ont tout de même semblé au dessus de la moyenne du genre. L’auteur essaie de développer autre chose que du tac tac badaboum primaire.
La partie graphique accompagne de bien belle manière le fond. J’étais persuadé d’avoir affaire à l’école espagnole mais l’auteur est italien. Son trait m’a vraiment plu, comme la construction de ses planches, Di Caro arrive à se démarquer, il fait preuve d’une belle élégance et finesse dans la production. La couverture est réussie.
Alors c’est sûr, le résultat est loin d’être indispensable mais reste tout à fait recommandable. Malgré le côté anecdotique ou trivial, j’ai trouvé qu’il s’en dégageait un certain charme voir de la sensualité.
Un album sympathique.
BD policière proposant de littéralement suivre le cheminement de la pensée logique du célèbre Sherlock Holmes.
Visuellement, le parti-pris est spectaculaire, intéressant, intrigant, ludique aussi, avec cette linéarité bousculée, ce fil rouge de la pensée, ces transparences occasionnelles, cette découpe sur la couverture, ces cases enchevêtrées dans le décor ou en épousant la forme pour visualiser la réflexion, etc.
Mais la réussite est bien moindre côté intrigue policière. Comme l'annonce sans le moindre ombrage le titre de la série, celle-ci est secondaire et la BD se présente avant tout comme formaliste, ce qui pour une œuvre quasi à destination des ados, est étonnant sinon osé. Mais cela n'empêchait pas de la traiter finement ou tout du moins d'en distiller suffisamment de sel pour la rendre spectaculaire et attrayante. En l'état, on s'étonne qu'elle intéresse de prime abord notre célèbre détective ; le machiavélisme et l'ampleur arrivent ensuite, mais sans engendrer le moindre vertige, le moindre suspense, la moindre passion : l'absence initiale de peps ne fut jamais compensée (délicat sans doute du fait de cette primauté visuelle). Pas de stimulation possible non plus via les personnages, ceux-ci demeurant par nécessité plutôt antipathiques, respectant en cela le cahier des charges et leur description par Conan Doyle. Et puis, même s'il est délicat de critiquer l'alléchant formalisme, certaines idées apparaissent moins bonnes que d'autres, et ces numérotations d'indices notamment ont un côté froidement scolaire.
Une BD amusante, indispensable d'une certaine manière tant sa construction formelle est originale et pertinente, mais qui aurait mérité bien davantage de dynamisme et de puissance du côté de son intrigue policière.
J'encourage rarement les séries à se prolonger, mais resservir le couvert pour un diptyque véritablement prenant, serait dans le cas présent une fort belle idée.
Derrière ce titre provocateur et aguicheur, se cache une jolie série d'aventure de Loisel et Pont très moderne dans ses personnages et illustrations/couleurs.
Les rebondissements sont incessants, le rythme élevé, l'humour présent, la mise en page dynamique et aérée, les couleurs chatoyantes, les illustrations rondes et sympathiquement caricaturales, les thématiques conviées nombreuses et intéressantes, les personnages travaillés sur le long terme. Tout est fait pour séduire le lecteur et le pari est en partie tenu.
En partie seulement, parce qu'en permanence, flotte l'idée d'un trop, de celui qui fait gentiment déborder le vase. Ainsi, l'humour et les situations peuvent ici être légèrement grivoises ou se lover là trop grassement dans la comédie romantique, les incessants rebondissements de l'intrigue mettent en difficulté la narration, faisant passer au second plan certains personnages ou intrigues trop longtemps, oublier des motivations des uns et rendre improbables des situations futures, au point qu'une inattendue lassitude s'invite peu à peu en nous.
L'ensemble est outrageusement sympathique, non dénué de finesse, mais trop fabriqué pour convaincre totalement.
Il s'agit incontestablement d'une BD importante de par son souhait d'aborder frontalement la thématique du genre, de développer via le conte toute une intrigue dessus. Pour autant, l'indéfectible amour de Bianca/Lorenzo pour le plat et fat Giovanni sonne telle une résurgence réactionnaire à la fois inattendue, contre-productive et idéologiquement détestable, quand bien même elle demeure logique au regard de l'époque évoquée.
L'intrigue elle-même manque de rythme, évolue peu à mi-parcours. Pourtant, l'ajout d'une thématique religieuse est pertinent, l'idée de départ (cette peau) incontestablement merveilleuse.
Quant aux illustrations, la ligne claire de Zanzim est élégante, les décors soignés, ses mises en page à l'occasion originales, mais les couleurs et quelques cases benoîtement vidées d'arrière-plan donnent l'impression que ce plat est un peu fade, sans épices.
Bref, c'est à lire, mais c'est surtout un bel acte manqué et une involontaire invitation à relire l'excellent Mauvais genre de Cruchaudet.
BD humoristique très inégale qui parvient dans ses sommets à conjuguer une géniale et irrévérencieuse outrance ironique, à une tranche de vie sur les bassesses humaines les plus désolantes. Le personnage principal, un célèbre caricaturiste de l'entre deux guerres, est un Achille Talon aux idées aussi arriérées qu'un OSS 117.
Cette parodie est merveilleuse quand, via son scénario, elle parvient à mettre en perspective certains discours réactionnaires encore très audibles aujourd'hui (anti-communisme primaire, appointements avec le fascisme...), quand elle se gausse d'un conservatisme sociétal en regain ces dernières années (misogynie, grivoiserie, racisme, paternalisme...), quand elle caricature fort a propos les toujours d'actualité bassesses humaines en milieu professionnel (flatterie, arrivisme, arrogance...). Malheureusement, le rythme de parution de ces gags a contraint l'auteur à se satisfaire parfois de banales et peu pertinentes tranches de vie, à tomber dans la facilité du running gag, faisant sonner creux et tourner en rond cette parodie. Dans ces moments faibles, ne restent alors pour le lecteur que des gags réchauffés décrivant d'iconoclastes personnages inventés ; les sourires s'effacent alors et laissent place aux regrets.
Côté illustrations, le trait est gras et vigoureux à souhait, mais va souvent à l'essentiel. Le contre-point avec la ligne claire et très épurée des caricatures citées est une fort belle idée dynamisant la mise en page.
Les envolées sont malheureusement minoritaires, mais que celles-ci sont belles !
Pas grand chose à ajouter à l’avis de Paco, BRZRKR se révèle bien agréable à lire, une bonne surprise dans le genre bourrin.
Pourtant je ne partais pas conquis, je me demandais dans quoi Matt Kindt s’était embarqué, plein d’appréhension sur la présence de Keanu Reeves au casting et un dessin que je trouve assez grossier au premier abord.
L’entame de lecture s’est avéré efficace et donne d’entrée le ton, un cocktail d’action bien violente et sanglante, notre héros ne fera pas dans la finesse. Sympa mais un peu vide.
Heureusement la suite s’étoffe tranquillement et accroche, la lecture passe gentiment au dessus du pas mal. Sur une idée assez basique (de l’acteur), le scénariste trouve la juste construction pour captiver.
Il en est de même pour le graphisme, il s’appréhende finalement facilement et se révèle en parfaite adéquation avec le propos.
De la bonne réalisation pour du bon divertissement typé action, ça reste cependant pour public averti, la violence y est vraiment décomplexée, si ça vous rebute inutile de jeter un œil, les amateurs se régaleront par contre. J’ai découvert peu de temps après Skybourne qui joue un peu dans le même registre mais niveau poussin.
MàJ tomes 2 et 3 :
Je baisse ma note finalement.
Si le début de l’aventure m’avait intrigué, j’avais trouvé la mise place relativement astucieuse … je n’ai pas retrouvé cette magie dans la suite. Pire même, les péripéties ont commencé à me sembler lourdes et la tournure des événement ne m’a vraiment pas plu.
Bref je ne cache pas ma déception à l’issue de la trilogie. De mon côté, on est passé d’un état petit plaisir coupable à un truc un peu vain, voir chiant.
2,5
Ça m’a bien refroidi pour découvrir d’autres aventures de notre héros.
Lorsque je finis le 1er tome d'Aldébaran, je me demandais bien ce qui pouvait lui valoir autant d'éloges.
En effet je n'étais pas du tout entré dans l'histoire et avais bien du mal à voir où Léo voulait nous emporter.
Les caractères de Marc et Kim m'horripilaient et je trouvais les dessins bigrement mauvais car beaucoup trop figés. Par moment je n'arrivais même pas à savoir si Kim pleurait ou riait alors que l'histoire était assez claire sur ce point.
Bref il n'était vraiment pas sûr que je continue ma lecture…
Je décidais toutefois de poursuivre l'expérience, pour voir si l'histoire arriverait à prendre le dessus sur ma réticence visuelle.
Bien m'en a pris car dès le 2ème tome l'histoire devient beaucoup plus claire et bien plus intéressante. Aldébaran se dévoile et on comprend la lutte se dessinant. Par la force des choses Kim et Marc évoluent et sont beaucoup moins centrés sur eux même. Ils deviennent plus sympathiques et on les suit avec plus de plaisir.
Oui mais voilà le dessin lui n'évolue pas. Et si le bestiaire d'Aldébaran est bien fait, le dessin des personnages demeure un frein, certaines émotions étant franchement très mal retranscrites.
Malgré ces critiques, je vais quand même me laisser tenter par la suite, Bételgeuse, histoire de découvrir un peu plus le monde imaginaire de Léo
Pas grand choses à ajouter aux avis de mes prédécesseurs, un gentil album à destination des plus jeunes.
Le récit va s’attacher à la jeunesse de Diana (future Wonder Woman) sur l’île des Amazones. Le cadre est bien rendu et l’aventure s’avère honnête (et peu donner l’envie d’approfondir la mythologie pour découvrir le personnage de Circé etc).
On n’échappe pas aux bons sentiments mais le tout est plutôt maîtrisé. C’est accompagné d’un dessin fluide, lisible et coloré qui convient parfaitement au lectorat.
Si j’ai bien noté quelques perspectives parfois hasardeuses, ça ne nuit en rien à la lecture.
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Carletti - Un voyageur moderne
A l’image d’un Marco Polo à la cour du Khan (comme lui il a d’ailleurs suivi son père pour ses affaires à l’autre bout du monde) ou d’un Ibn Battuta sur toute l’étendue du monde musulman, Carletti a effectué un véritable périple, traversant quasiment tout le monde connu et dominé par les Espagnols et Portugais vers la fin du XVIème et le début du XVIIème siècles, allant même au-delà aux extrêmes de l’Orient, après avoir traversé l’Amérique. Le personnage est intéressant à plus d’un titre. D’abord parce que son voyage se déroule en un temps où les colonisateurs n’avaient sans doute pas encore complètement « fermé » leurs espaces coloniaux (Carletti est italien, et non Ibérique). Ensuite parce que Carletti développe un sens de l’observation assez fin. Et surtout il se permet des observations et critiques (sur l’esclavagisme en train de se mettre en place – et auquel il participe un temps – par exemple) qui donnent à ce récit de voyage un éclairage original. L’auteur s’est inspiré du récit de Carletti, et ce qu’il en a ajouté – pour le peu que je puisse en juger (je n’ai pas lu le récit d’origine, et ne connaissais pas ce voyageur) – est crédible et donne juste plus de vie à ce périple. Un voyage se déroulant au moment où une première « mondialisation » (très bien étudiée par Gruzinski) se met en place. Le dessin moderne est agréable et accompagne très bien le récit, où l’on ne s’ennuie jamais, pour le peu que l’on soit curieux. Une lecture plaisante et intéressante.
Sorcières - Une histoire de femmes guérisseuses et de magie
Une BD sur les sorcières par une sorcière. En effet, la scénariste Lindsay Squire est une tarologue professionnelle, conseillère spirituelle et l'égérie du compte Instagram à succès The Witch of the Forest, dédié à aider et à responsabiliser ceux qui débutent leur parcours de sorcellerie pour forger leur propre chemin. Elle est aussi une autrice, elle a écrit de nombreux livres sur ces différents sujets. Et là, sa première incursion dans le neuvième art. Une BD qui met en lumière Biddy Early, une sorcière irlandaise ayant vécu de 1798 à 1874, et Lindsay Squire nous offre une biographie romancée de cette femme. Romancée, puisque la jeune fille qui sera son apprentie dans ce comics n'est autre que Lindsay Squire elle-même. Je suis mitigé après ma lecture, l'histoire de Biddy Early ne m'a pas passionné plus que ça, c'est trop gentillet. Une œuvre qui se veut un plaidoyer pour la sorcellerie, ici pas de magie noire, que des bons sentiments. Une lecture sans surprises, on a un étalage des connaissances de l'autrice sur le monde de la sorcellerie, elle met en avant la connexion avec la nature et le pouvoir des plantes. Mais cet étalage de connaissances manque de fluidité. Le dessin de Lisa Salsi dans une ligne claire, un peu figé, est plaisant à regarder. De jolies couleurs. Une mise en page classique. Un 3 étoiles généreux pour ma part, mais une BD qui devrait satisfaire un jeune public.
Sous le Paradis
Je découvre l’auteur avec cet album et j’explorerai sa bibliographie de bon cœur. Sous le Paradis est un recueil d’histoires courtes coquines. Si les récits ne se valent pas tous, ils m’ont tout de même semblé au dessus de la moyenne du genre. L’auteur essaie de développer autre chose que du tac tac badaboum primaire. La partie graphique accompagne de bien belle manière le fond. J’étais persuadé d’avoir affaire à l’école espagnole mais l’auteur est italien. Son trait m’a vraiment plu, comme la construction de ses planches, Di Caro arrive à se démarquer, il fait preuve d’une belle élégance et finesse dans la production. La couverture est réussie. Alors c’est sûr, le résultat est loin d’être indispensable mais reste tout à fait recommandable. Malgré le côté anecdotique ou trivial, j’ai trouvé qu’il s’en dégageait un certain charme voir de la sensualité. Un album sympathique.
Dans la tête de Sherlock Holmes
BD policière proposant de littéralement suivre le cheminement de la pensée logique du célèbre Sherlock Holmes. Visuellement, le parti-pris est spectaculaire, intéressant, intrigant, ludique aussi, avec cette linéarité bousculée, ce fil rouge de la pensée, ces transparences occasionnelles, cette découpe sur la couverture, ces cases enchevêtrées dans le décor ou en épousant la forme pour visualiser la réflexion, etc. Mais la réussite est bien moindre côté intrigue policière. Comme l'annonce sans le moindre ombrage le titre de la série, celle-ci est secondaire et la BD se présente avant tout comme formaliste, ce qui pour une œuvre quasi à destination des ados, est étonnant sinon osé. Mais cela n'empêchait pas de la traiter finement ou tout du moins d'en distiller suffisamment de sel pour la rendre spectaculaire et attrayante. En l'état, on s'étonne qu'elle intéresse de prime abord notre célèbre détective ; le machiavélisme et l'ampleur arrivent ensuite, mais sans engendrer le moindre vertige, le moindre suspense, la moindre passion : l'absence initiale de peps ne fut jamais compensée (délicat sans doute du fait de cette primauté visuelle). Pas de stimulation possible non plus via les personnages, ceux-ci demeurant par nécessité plutôt antipathiques, respectant en cela le cahier des charges et leur description par Conan Doyle. Et puis, même s'il est délicat de critiquer l'alléchant formalisme, certaines idées apparaissent moins bonnes que d'autres, et ces numérotations d'indices notamment ont un côté froidement scolaire. Une BD amusante, indispensable d'une certaine manière tant sa construction formelle est originale et pertinente, mais qui aurait mérité bien davantage de dynamisme et de puissance du côté de son intrigue policière. J'encourage rarement les séries à se prolonger, mais resservir le couvert pour un diptyque véritablement prenant, serait dans le cas présent une fort belle idée.
Un putain de salopard
Derrière ce titre provocateur et aguicheur, se cache une jolie série d'aventure de Loisel et Pont très moderne dans ses personnages et illustrations/couleurs. Les rebondissements sont incessants, le rythme élevé, l'humour présent, la mise en page dynamique et aérée, les couleurs chatoyantes, les illustrations rondes et sympathiquement caricaturales, les thématiques conviées nombreuses et intéressantes, les personnages travaillés sur le long terme. Tout est fait pour séduire le lecteur et le pari est en partie tenu. En partie seulement, parce qu'en permanence, flotte l'idée d'un trop, de celui qui fait gentiment déborder le vase. Ainsi, l'humour et les situations peuvent ici être légèrement grivoises ou se lover là trop grassement dans la comédie romantique, les incessants rebondissements de l'intrigue mettent en difficulté la narration, faisant passer au second plan certains personnages ou intrigues trop longtemps, oublier des motivations des uns et rendre improbables des situations futures, au point qu'une inattendue lassitude s'invite peu à peu en nous. L'ensemble est outrageusement sympathique, non dénué de finesse, mais trop fabriqué pour convaincre totalement.
Peau d'Homme
Il s'agit incontestablement d'une BD importante de par son souhait d'aborder frontalement la thématique du genre, de développer via le conte toute une intrigue dessus. Pour autant, l'indéfectible amour de Bianca/Lorenzo pour le plat et fat Giovanni sonne telle une résurgence réactionnaire à la fois inattendue, contre-productive et idéologiquement détestable, quand bien même elle demeure logique au regard de l'époque évoquée. L'intrigue elle-même manque de rythme, évolue peu à mi-parcours. Pourtant, l'ajout d'une thématique religieuse est pertinent, l'idée de départ (cette peau) incontestablement merveilleuse. Quant aux illustrations, la ligne claire de Zanzim est élégante, les décors soignés, ses mises en page à l'occasion originales, mais les couleurs et quelques cases benoîtement vidées d'arrière-plan donnent l'impression que ce plat est un peu fade, sans épices. Bref, c'est à lire, mais c'est surtout un bel acte manqué et une involontaire invitation à relire l'excellent Mauvais genre de Cruchaudet.
Blotch
BD humoristique très inégale qui parvient dans ses sommets à conjuguer une géniale et irrévérencieuse outrance ironique, à une tranche de vie sur les bassesses humaines les plus désolantes. Le personnage principal, un célèbre caricaturiste de l'entre deux guerres, est un Achille Talon aux idées aussi arriérées qu'un OSS 117. Cette parodie est merveilleuse quand, via son scénario, elle parvient à mettre en perspective certains discours réactionnaires encore très audibles aujourd'hui (anti-communisme primaire, appointements avec le fascisme...), quand elle se gausse d'un conservatisme sociétal en regain ces dernières années (misogynie, grivoiserie, racisme, paternalisme...), quand elle caricature fort a propos les toujours d'actualité bassesses humaines en milieu professionnel (flatterie, arrivisme, arrogance...). Malheureusement, le rythme de parution de ces gags a contraint l'auteur à se satisfaire parfois de banales et peu pertinentes tranches de vie, à tomber dans la facilité du running gag, faisant sonner creux et tourner en rond cette parodie. Dans ces moments faibles, ne restent alors pour le lecteur que des gags réchauffés décrivant d'iconoclastes personnages inventés ; les sourires s'effacent alors et laissent place aux regrets. Côté illustrations, le trait est gras et vigoureux à souhait, mais va souvent à l'essentiel. Le contre-point avec la ligne claire et très épurée des caricatures citées est une fort belle idée dynamisant la mise en page. Les envolées sont malheureusement minoritaires, mais que celles-ci sont belles !
BRZRKR
Pas grand chose à ajouter à l’avis de Paco, BRZRKR se révèle bien agréable à lire, une bonne surprise dans le genre bourrin. Pourtant je ne partais pas conquis, je me demandais dans quoi Matt Kindt s’était embarqué, plein d’appréhension sur la présence de Keanu Reeves au casting et un dessin que je trouve assez grossier au premier abord. L’entame de lecture s’est avéré efficace et donne d’entrée le ton, un cocktail d’action bien violente et sanglante, notre héros ne fera pas dans la finesse. Sympa mais un peu vide. Heureusement la suite s’étoffe tranquillement et accroche, la lecture passe gentiment au dessus du pas mal. Sur une idée assez basique (de l’acteur), le scénariste trouve la juste construction pour captiver. Il en est de même pour le graphisme, il s’appréhende finalement facilement et se révèle en parfaite adéquation avec le propos. De la bonne réalisation pour du bon divertissement typé action, ça reste cependant pour public averti, la violence y est vraiment décomplexée, si ça vous rebute inutile de jeter un œil, les amateurs se régaleront par contre. J’ai découvert peu de temps après Skybourne qui joue un peu dans le même registre mais niveau poussin. MàJ tomes 2 et 3 : Je baisse ma note finalement. Si le début de l’aventure m’avait intrigué, j’avais trouvé la mise place relativement astucieuse … je n’ai pas retrouvé cette magie dans la suite. Pire même, les péripéties ont commencé à me sembler lourdes et la tournure des événement ne m’a vraiment pas plu. Bref je ne cache pas ma déception à l’issue de la trilogie. De mon côté, on est passé d’un état petit plaisir coupable à un truc un peu vain, voir chiant. 2,5 Ça m’a bien refroidi pour découvrir d’autres aventures de notre héros.
Aldébaran
Lorsque je finis le 1er tome d'Aldébaran, je me demandais bien ce qui pouvait lui valoir autant d'éloges. En effet je n'étais pas du tout entré dans l'histoire et avais bien du mal à voir où Léo voulait nous emporter. Les caractères de Marc et Kim m'horripilaient et je trouvais les dessins bigrement mauvais car beaucoup trop figés. Par moment je n'arrivais même pas à savoir si Kim pleurait ou riait alors que l'histoire était assez claire sur ce point. Bref il n'était vraiment pas sûr que je continue ma lecture… Je décidais toutefois de poursuivre l'expérience, pour voir si l'histoire arriverait à prendre le dessus sur ma réticence visuelle. Bien m'en a pris car dès le 2ème tome l'histoire devient beaucoup plus claire et bien plus intéressante. Aldébaran se dévoile et on comprend la lutte se dessinant. Par la force des choses Kim et Marc évoluent et sont beaucoup moins centrés sur eux même. Ils deviennent plus sympathiques et on les suit avec plus de plaisir. Oui mais voilà le dessin lui n'évolue pas. Et si le bestiaire d'Aldébaran est bien fait, le dessin des personnages demeure un frein, certaines émotions étant franchement très mal retranscrites. Malgré ces critiques, je vais quand même me laisser tenter par la suite, Bételgeuse, histoire de découvrir un peu plus le monde imaginaire de Léo
Diana princesse des amazones
Pas grand choses à ajouter aux avis de mes prédécesseurs, un gentil album à destination des plus jeunes. Le récit va s’attacher à la jeunesse de Diana (future Wonder Woman) sur l’île des Amazones. Le cadre est bien rendu et l’aventure s’avère honnête (et peu donner l’envie d’approfondir la mythologie pour découvrir le personnage de Circé etc). On n’échappe pas aux bons sentiments mais le tout est plutôt maîtrisé. C’est accompagné d’un dessin fluide, lisible et coloré qui convient parfaitement au lectorat. Si j’ai bien noté quelques perspectives parfois hasardeuses, ça ne nuit en rien à la lecture.