Beni est une lycéenne issue d’une riche famille, héritière blasée qui se fait régulièrement kidnapper et n’a aucune peur de mourir, tant que la responsabilité en revient à son père qu’elle déteste. Tout change lorsqu’un ninja, projeté depuis le Japon médiéval, atterrit sur elle par accident. La confondant avec son ancêtre, la princesse Beni, il jure de la protéger au péril de sa vie, mettant au service de la jeune fille aussi bien ses talents de shinobi que son charme.
Ce manga avait été pensé à l’origine comme un one-shot, et cela se ressent fortement. Le premier tome, à lui seul, est une réussite : mélange de voyage temporel, de ninjas, d’humour et de romance, il est à la fois vif et attachant. En un seul volume, il se passe beaucoup de choses, entre le Japon contemporain et médiéval. Malgré des facilités scénaristiques, une romance et un graphisme typiquement shojo, et quelques exagérations, l’intrigue reste cohérente, amusante et se conclut de façon un peu abrupte mais satisfaisante.
Seulement voilà : le succès aidant, l’éditeur a proposé à l’autrice d’en faire une série. Et si les tomes qui suivent immédiatement tiennent encore la route, développant les personnages et leur relation, on sent vite que la formule s’essouffle. La romance prend d’abord plus de place, avec des thématiques intéressantes (différences de statut social, fierté blessée de se faire protéger par une femme, ou encore confusion des sentiments face à une ressemblance avec une ancêtre). Mais l’intrigue finit par se diluer : le rythme ralentit, les péripéties se raréfient.
Pire encore, par la suite les deux protagonistes sont séparés pendant plusieurs tomes, l’héroïne retournant dans le passé tandis que le héros tente de la retrouver. Résultat : la romance stagne, remplacée par une guerre de ninjas assez convenue et peu palpitante, avant des retrouvailles évidemment attendues.
Bref, si vous cherchez une lecture courte et plaisante, le premier tome suffit largement. Pris comme un one-shot, il fonctionne bien et évite les longueurs qui plombent la suite.
Note : 3/5 pour le premier tome, et 2/5 pour la suite.
Il faut saluer cette sympathique mise en images du combat des femmes du Kurdistan : il n'y a pas que des barbus au Moyen-Orient.
La rentrée littéraire c'est aussi des albums BD : voici Rojava avec Aurélien Ducoudray au scénario et Sébastien Morice au dessin.
Sa formation d'architecte permet à S. Morice de se montrer très réaliste dans les scènes de guérilla urbaine au cœur des ruines syriennes et A. Ducoudray a réalisé de son côté un gros travail de documentation pour décrire cet épisode de la guerre civile syrienne.
Un second épisode est programmé : on a déjà hâte !
L'héroïne, Rojava, est une très jeune femme kurde (16 ans !) qui s'engage comme sniper (snipeuse ?) dans les YPJ, la déclinaison féminine (depuis 2013) des YPG (Yekîneyên Parastina Gel : Unités de Protection du Peuple), la branche armée de la lutte pour l'indépendance du Kurdistan au Moyen-Orient.
La nouveauté peut-être, c'est que les dirigeants des unités YPJ sont des dirigeantes, leurs chefs sont des cheffes, et ça c'est un peu nouveau dans l'histoire du combat au féminin.
Leur cri de ralliement : « La vie ! La femme ! La liberté ! »
L'ironie de la chose (si ironie il y a ici), c'est qu'elles sont devenues les bêtes noires de Daesh : aux yeux des barbus intégristes, se faire tuer par une femme est déshonorant et ferme la porte du paradis ...
Rojava c'est aussi le nom de la région du nord de la Syrie, c'est donc la partie sud-ouest du Kurdistan.
Lorsque la snipeuse Rojava débarque dans l'album, elle tient le rôle principal dans un reportage Youtube filmé par des journalistes occidentaux, ce qui ne plait pas forcément à la commandante de la section, Rukan.
Pour la petite histoire, A. Ducoudray a eu cette idée en lisant (chez son dentiste !) un reportage-photo de Paris-Match sur des combattantes kurdes vêtues de propre, maquillées, baskets neuves aux pieds, comme à la fashion-week : sans doute un peu d'habile propagande de la part du PKK !
Au premier abord, on pourrait croire à une BD pour ados, mièvre et éducative : l'héroïne est moitié snipeuse moitié youtubeuse et il y a même dans l'équipe une gamine qui collectionne les photos de martyrs !?
De plus, A. Ducoudray parsème son récit de blagues anti-Daesh histoire de détendre un peu une atmosphère de guérilla pour le moins tendue.
Mais ce n'est qu'une amusante façade, et le propos, très documenté, va s'avérer bien plus sérieux que cela.
« [...] Après mon premier affrontement, j'ai décidé de ne plus avoir mes règles ... À partir de là, j'étais dans un monde où il n'y avait plus que la mort, donc continuer chaque mois d'avoir un rappel que je pouvais donner la vie, ça ne coïncidait pas avec ce que je vivais ... »
Ou bien encore :
« [...] - Tiens, mets ce caillou dans ton slip. Chaque fois que tu seras couchée pour tirer, ça te griffera le ventre et tu t'endormiras pas ... Le confort c'est l'ennemi du sniper. »
Pour cette dernière anecdote, A. Ducoudray s'est sans doute inspiré du livre de Azad Cudi, célèbre sniper kurde iranien ("Sniper - Ma guerre contre Daech" éditions Nouveau Monde).
On sait que les guerres changent les pays et les frontières, mais aussi les habitants et les mœurs. Les américains l'ont découvert à la fin de la Seconde Guerre Mondiale quand les noirs sont revenus au pays après avoir servi dans les armes et été acclamés en libérateurs en Europe, ... tout comme les blancs, ou bien encore quand les GI sont rentrés chez eux et ont retrouvé des femmes qui avaient pris les affaires en main ... en leur absence.
Les femmes des brigades YPJ espèrent qu'il en sera de même au Kurdistan, si du moins ces guerres prennent fin un jour.
« [...] Contre Daesh, on est tous égaux, mais après ?
Ils me respectent parce que j'ai un fusil et un uniforme. Change le costume, le respect part avec.
Notre plus grand combat après Daesh, sera celui d'une société mixte vraiment égalitaire. »
Les dessins de S. Morice sont ceux d'une belle ligne claire et laissent toute la place à l'intrigue et aux personnages, dessinés et typés avec soin. On a déjà évoqué son passé d'architecte et la colorisation comme les éclairages font ressortir les différentes ambiances : le bleu pour la nuit sur la terrasse, le rouge au fond des tunnels creusés sous la ville, les ocres du désert, ...
Le récit ne révolutionne sans doute rien, et je peux lui reprocher d’être parfois un peu trop « léger », de manquer d’une certaine densité (malgré une pagination très importante). Certains passages m’ont aussi paru un chouia obscurs, et la conclusion, un peu ouverte, n’est, elle aussi pas assez claire.
Mais, malgré ces remarques, c’est une lecture que j’ai trouvé sympathique, agréable.
D’abord, les plus de 500 pages se dévorent rapidement. Il y a peu de texte, de cases. On est d’emblée plongé dans cet univers carcéral horrible, cette immense prison en grande partie souterraine, où des détenus – pour de longues peines, voire des peines infinies – vivent et travaillent quasiment en vase clos, survivent plutôt.
Au milieu de cette masse de réprouvés, l’auteur nous propose de suivre quelques personnages, qui cherchent à s’en sortir, voire à sortir de ce mouroir implacable, où on fouille les bas-fonds pour en retrouver des objets, des restes de la société « ordinaire », artefacts vendus plus ou moins cher, seuls les plus riches, les plus forts pouvant agrémenter leur séjour d’un petit confort.
Le jeu sur les couleurs est intéressant. Il y en a peu, c’est tranché, du Noir et Blanc avec nuances de gris, un peu de bichromies. Là aussi c’est simple et volontairement pauvre.
L’univers créé par Chris Gooch est oppressant, franchement noir. Et prenant. On s’attache aussi aux personnages qui se débattent pour s’échapper, en lisant des livres pour l’un d’entre eux, ou physiquement pour d’autres.
Comme à leur habitude, les éditions Huber nous proposent un auteur indé intéressant et original, avec un beau travail éditorial.
Note réelle 3,5/5.
J’avais découvert – plutôt avec plaisir – Amaury Bündgen, comme auteur complet sur Le Rite et Ion Mud. En plus d’univers très différents, j’avais beaucoup aimé le dessin. Et déjà sur Ion Mud Bündgen s’en donnait à cœur-joie avec les immensités intérieures et vides.
Et on retrouve ici son très beau dessin, une belle utilisation du Noir et Blanc. Les décors et les personnages sont vraiment chouettes. C’est clairement le point fort du cet album, et ce dessin entretient bien le relatif mystère angoissant qui prédomine.
Mais, si l’histoire se laisse lire plutôt agréablement, il lui manque un peu de tension. Et surtout, lorsque éclate la bulle mystérieuse, sur la fin, j’ai été déçu. C’est un peu trop abrupt, trop vite expédié. D’autre part l’explication finale est trop facile et caricaturale, au point au dernier moment de faire perdre une bonne partie de la critique induite par le récit, dans lequel les simples ouvriers sont sacrifiés à la réussite d’une construction obscure, obéissant à des ordres impitoyables et quasi absurdes au profit de nantis se donnant bonne conscience.
Le scénario de Chéry aurait pu peaufiner les nuances et la fin, pour mieux exploiter l’univers créé, et bien mis en images par Bündgen.
Une lecture plaisante. Probablement à réserver à un jeune lectorat, mais Aurel a réussi quelque chose d’intéressant.
Il nous présente une très jeune Agatha Christie, vive, espiègle, qui donne libre cours à son imagination, et ne s’en laisse jamais conter.
Pour ajouter au dynamisme de la gamine, et captiver davantage les jeunes lecteurs, de petites énigmes s’invitent régulièrement dans les histoires courtes (solutions en fin de volume).
Album sympathique pour les futurs lecteurs de la reine du polar british !
Ce monde est scindé en deux royaumes : celui des humains et de leurs héros, et celui des démons, ennemis par essence sans véritable autre raison que leur opposition naturelle. À la tête des démons se trouve un jeune roi surpuissant, doté d’un mana quasi illimité lui permettant de réaliser toutes les magies qu'il désire. Pourtant, malgré cette toute-puissance, il s'ennuie ferme dans son rôle. Fasciné par une héroïne encore adolescente mais animée d’un sens du devoir inébranlable, il en tombe presque amoureux. Il passe son temps à l'observer à distance grâce à sa vision magique, l'encourageant en secret et cherchant à la motiver pour qu'elle revienne l'affronter.
Le dessin est maîtrisé et agréable, même s'il reste très classique pour le genre. On est clairement plus proche du registre shonen que du seinen. Côté scénario, le point de départ surprend et intrigue, mais laisse d’abord perplexe : la narration s'avère très aérée et les premiers chapitres paraissent assez creux. Le ton penche parfois vers le nunuche, entre la passion exagérée du roi démon pour sa jeune héroïne et l'attitude de celle-ci, romantique et un brin immature malgré son statut de guerrière.
L’intrigue, au final, reste simple mais tient la route. Elle occupe bien ses cinq tomes quoiqu'il n'en aurait pas fallu davantage car le concept n’aurait guère permis davantage de développements. Au fil de la lecture, on finit tout de même par s’attacher à ce roi démon fleur bleue, à son assistante rigide et mystérieuse, ainsi qu'à cette héroïne au cœur pur, naïve mais touchante. Le rythme est bon, l’histoire se lit sans ennui malgré quelques répétitions, et la conclusion se révèle étonnamment réussie : elle trouve une idée convaincante et un peu inattendue, et offre une grande scène finale à la fois drôle et efficace.
En bref, ce n’est pas un grand manga, mais une série courte, plaisante et divertissante.
Un ex-mafieux minable et fraîchement sorti de prison se retrouve par hasard dans une ferme où la fermière vient de poignarder son mari. Il l'aide à faire disparaître le corps, avant de découvrir que la victime était en réalité le comptable de son ancienne mafia. Très vite, ses anciens comparses, persuadés qu'il a réglé un vieux compte, se lancent à ses trousses…
Le ton oscille entre polar et comédie noire. Aldo, mafieux un peu balourd mais attachant, Lou, fermière imprévisible au couteau facile, un jeune policier bienveillant mais pas très futé et une galerie de mafieux obstinés composent un casting volontairement caricatural. L'intrigue repose davantage sur les quiproquos, les excès et les situations absurdes que sur la vraisemblance. On est presque dans le vaudeville criminel, où l'on enchaîne les cadavres et les malentendus sans jamais trop se soucier du réalisme.
Le dessin, relâché et orienté humour, reste basique mais lisible. Il manque parfois de rigueur dans les enchaînements de cases, mais l’ensemble garde une fluidité agréable, renforcée par une mise en page aérée. Rien de spectaculaire, mais cela soutient bien le rythme et les dialogues.
C'est une lecture légère, plaisante et sans prétention. Une histoire improbable mais amusante, qui arrache plus de sourires que de rires, et qui s'avère un peu anecdotique mais sympathique.
Une lecture plutôt agréable, et un album que je me serais bien vu mieux noter. Certains détails m’ont toutefois un chouia laissé sur ma faim.
Le récit est intéressant, la narration est assez vive, et on s’attache aux personnages. Au travers des citation introduisant les chapitres, mais aussi des dialogues et de l’intrigue elle-même, Corbeyran ne fait pas mystère de ses intentions de dénoncer certaines tares de nos sociétés actuelles.
En effet, le productivisme déshumanisant des ouvriers interchangeables, la surconsommation d’objets standardisés, la surveillance omniprésente via des caméras sont ici présentés de façon presque ubuesque tant c’est outrancier. L’ultralibéralisme actuel est à l’évidence singé par Corbeyran.
Et, au milieu de cette société froide et dystopique, quelques inévitables grains de sable pour gripper la machine, vont dynamiser l’intrigue.
C’est donc dynamique, parfois amusant, en particulier ce qui tourne autour d’Anatole, le meilleur « surveillant », qui tombe amoureux d’une voleuse à la tire, et qui va se retrouver au milieu de tous ceux qui luttent contre ce système implacable et mortifère.
Même si la plupart des femmes ont tendance à trop se ressembler, j’ai bien aimé le dessin. Il est surprenant dans son rendu (idem pour la colorisation), mais j’ai trouvé sympa ce côté un peu rétro, un peu loufoque et ressemblant à certains vieux dessins animés.
Par contre, j’ai trouvé décevante la fin, trop facile et sucrée, trop rapide. La violence physique reste trop symbolique, la violence sociale un peu trop « lointaine », et surtout le château de cartes tombe trop aisément.
Mais cela reste néanmoins une lecture agréable.
C’est un énième album traitant de la guerre d’Espagne et de ses conséquences, mais qui le fait de façon intéressante, avec un flash-back plutôt bien amené : une femme découvre par hasard que sa vieille mère, commence à perdre la tête, en tout cas à parler espagnol dans la maison de retraite où elle se trouve, ce qui la surprend, puisqu’elle ne l’a jamais fait et ne lui a jamais parlé de l’Espagne. C’est l’occasion de mener une enquête pour comprendre cela, et donc de retourner en Espagne, là où s’est déroulée la « Retirada » à la fin de la guerre d’Espagne, lorsque les familles de Républicains fuyaient désespérément la répression franquiste.
Sur un sujet déjà pas mal traité donc, et relativement sensible, Bruno Loth parvient à tenir un récit au ton équilibré, presque dépassionné (le moment où la gamine se retrouve seule en mer alors que sa mère se noie est prenant, mais vite évacué.
Surtout, Loth inscrit son récit dans l’actualité contemporaine de l’Espagne, alors que de grosses manifestations se déroulent, et que les élections portent au pouvoir des élus du mouvement contestataire Podemos, contre la corruption et la mainmise des partis traditionnels (Parti populaire en tête). Sans y toucher, Loth relève certains points communs entre les luttes contemporaines et celles qui étaient menées par les Républicains.
Le récit est en tout cas agréable à lire.
J'avais beaucoup aimé Les Innocents coupables qui travaillait sur la même thématique de l'univers pénitentiaire pour enfants/adolescents, il y a plus d'un siècle. Autour de documents d'archives, Julien Hillion construit une fiction sur le personnage de Mathurin Réto envoyé à 14 ans dans le "bagne pour enfants" de Belle-Île. Je suis resté un peu sur ma faim à cause d'un déroulé du récit trop rapide à mes yeux. En voulant dramatiser à l'excès son récit l'auteur fait de son héros un personnage auquel j'ai eu du mal à m'attacher. De plus la construction du récit m'a donné l'impression que les brutalités se concentraient uniquement sur Mathurin et son ami Ernest. J'aurais aimé une vision plus large de la vie de la prison. Le personnage du gardien narrateur aurait eu plus de poids si dans le récit on avait noté un vrai lien entre les personnages.
Même si le graphisme de René Coquin n'est pas mon style préféré, son trait pointu avec des visages taillés à la serpe correspond bien à la dureté de l'ambiance. Le final, historiquement avéré, arrive un peu abruptement à mon goût car tout le début du récit donne l'impression d'un Mathurin indestructible.
Une lecture plaisante mais un peu superficielle sur certain points à mes yeux.
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Shinobi Life
Beni est une lycéenne issue d’une riche famille, héritière blasée qui se fait régulièrement kidnapper et n’a aucune peur de mourir, tant que la responsabilité en revient à son père qu’elle déteste. Tout change lorsqu’un ninja, projeté depuis le Japon médiéval, atterrit sur elle par accident. La confondant avec son ancêtre, la princesse Beni, il jure de la protéger au péril de sa vie, mettant au service de la jeune fille aussi bien ses talents de shinobi que son charme. Ce manga avait été pensé à l’origine comme un one-shot, et cela se ressent fortement. Le premier tome, à lui seul, est une réussite : mélange de voyage temporel, de ninjas, d’humour et de romance, il est à la fois vif et attachant. En un seul volume, il se passe beaucoup de choses, entre le Japon contemporain et médiéval. Malgré des facilités scénaristiques, une romance et un graphisme typiquement shojo, et quelques exagérations, l’intrigue reste cohérente, amusante et se conclut de façon un peu abrupte mais satisfaisante. Seulement voilà : le succès aidant, l’éditeur a proposé à l’autrice d’en faire une série. Et si les tomes qui suivent immédiatement tiennent encore la route, développant les personnages et leur relation, on sent vite que la formule s’essouffle. La romance prend d’abord plus de place, avec des thématiques intéressantes (différences de statut social, fierté blessée de se faire protéger par une femme, ou encore confusion des sentiments face à une ressemblance avec une ancêtre). Mais l’intrigue finit par se diluer : le rythme ralentit, les péripéties se raréfient. Pire encore, par la suite les deux protagonistes sont séparés pendant plusieurs tomes, l’héroïne retournant dans le passé tandis que le héros tente de la retrouver. Résultat : la romance stagne, remplacée par une guerre de ninjas assez convenue et peu palpitante, avant des retrouvailles évidemment attendues. Bref, si vous cherchez une lecture courte et plaisante, le premier tome suffit largement. Pris comme un one-shot, il fonctionne bien et évite les longueurs qui plombent la suite. Note : 3/5 pour le premier tome, et 2/5 pour la suite.
Rojava
Il faut saluer cette sympathique mise en images du combat des femmes du Kurdistan : il n'y a pas que des barbus au Moyen-Orient. La rentrée littéraire c'est aussi des albums BD : voici Rojava avec Aurélien Ducoudray au scénario et Sébastien Morice au dessin. Sa formation d'architecte permet à S. Morice de se montrer très réaliste dans les scènes de guérilla urbaine au cœur des ruines syriennes et A. Ducoudray a réalisé de son côté un gros travail de documentation pour décrire cet épisode de la guerre civile syrienne. Un second épisode est programmé : on a déjà hâte ! L'héroïne, Rojava, est une très jeune femme kurde (16 ans !) qui s'engage comme sniper (snipeuse ?) dans les YPJ, la déclinaison féminine (depuis 2013) des YPG (Yekîneyên Parastina Gel : Unités de Protection du Peuple), la branche armée de la lutte pour l'indépendance du Kurdistan au Moyen-Orient. La nouveauté peut-être, c'est que les dirigeants des unités YPJ sont des dirigeantes, leurs chefs sont des cheffes, et ça c'est un peu nouveau dans l'histoire du combat au féminin. Leur cri de ralliement : « La vie ! La femme ! La liberté ! » L'ironie de la chose (si ironie il y a ici), c'est qu'elles sont devenues les bêtes noires de Daesh : aux yeux des barbus intégristes, se faire tuer par une femme est déshonorant et ferme la porte du paradis ... Rojava c'est aussi le nom de la région du nord de la Syrie, c'est donc la partie sud-ouest du Kurdistan. Lorsque la snipeuse Rojava débarque dans l'album, elle tient le rôle principal dans un reportage Youtube filmé par des journalistes occidentaux, ce qui ne plait pas forcément à la commandante de la section, Rukan. Pour la petite histoire, A. Ducoudray a eu cette idée en lisant (chez son dentiste !) un reportage-photo de Paris-Match sur des combattantes kurdes vêtues de propre, maquillées, baskets neuves aux pieds, comme à la fashion-week : sans doute un peu d'habile propagande de la part du PKK ! Au premier abord, on pourrait croire à une BD pour ados, mièvre et éducative : l'héroïne est moitié snipeuse moitié youtubeuse et il y a même dans l'équipe une gamine qui collectionne les photos de martyrs !? De plus, A. Ducoudray parsème son récit de blagues anti-Daesh histoire de détendre un peu une atmosphère de guérilla pour le moins tendue. Mais ce n'est qu'une amusante façade, et le propos, très documenté, va s'avérer bien plus sérieux que cela. « [...] Après mon premier affrontement, j'ai décidé de ne plus avoir mes règles ... À partir de là, j'étais dans un monde où il n'y avait plus que la mort, donc continuer chaque mois d'avoir un rappel que je pouvais donner la vie, ça ne coïncidait pas avec ce que je vivais ... » Ou bien encore : « [...] - Tiens, mets ce caillou dans ton slip. Chaque fois que tu seras couchée pour tirer, ça te griffera le ventre et tu t'endormiras pas ... Le confort c'est l'ennemi du sniper. » Pour cette dernière anecdote, A. Ducoudray s'est sans doute inspiré du livre de Azad Cudi, célèbre sniper kurde iranien ("Sniper - Ma guerre contre Daech" éditions Nouveau Monde). On sait que les guerres changent les pays et les frontières, mais aussi les habitants et les mœurs. Les américains l'ont découvert à la fin de la Seconde Guerre Mondiale quand les noirs sont revenus au pays après avoir servi dans les armes et été acclamés en libérateurs en Europe, ... tout comme les blancs, ou bien encore quand les GI sont rentrés chez eux et ont retrouvé des femmes qui avaient pris les affaires en main ... en leur absence. Les femmes des brigades YPJ espèrent qu'il en sera de même au Kurdistan, si du moins ces guerres prennent fin un jour. « [...] Contre Daesh, on est tous égaux, mais après ? Ils me respectent parce que j'ai un fusil et un uniforme. Change le costume, le respect part avec. Notre plus grand combat après Daesh, sera celui d'une société mixte vraiment égalitaire. » Les dessins de S. Morice sont ceux d'une belle ligne claire et laissent toute la place à l'intrigue et aux personnages, dessinés et typés avec soin. On a déjà évoqué son passé d'architecte et la colorisation comme les éclairages font ressortir les différentes ambiances : le bleu pour la nuit sur la terrasse, le rouge au fond des tunnels creusés sous la ville, les ocres du désert, ...
Under Earth
Le récit ne révolutionne sans doute rien, et je peux lui reprocher d’être parfois un peu trop « léger », de manquer d’une certaine densité (malgré une pagination très importante). Certains passages m’ont aussi paru un chouia obscurs, et la conclusion, un peu ouverte, n’est, elle aussi pas assez claire. Mais, malgré ces remarques, c’est une lecture que j’ai trouvé sympathique, agréable. D’abord, les plus de 500 pages se dévorent rapidement. Il y a peu de texte, de cases. On est d’emblée plongé dans cet univers carcéral horrible, cette immense prison en grande partie souterraine, où des détenus – pour de longues peines, voire des peines infinies – vivent et travaillent quasiment en vase clos, survivent plutôt. Au milieu de cette masse de réprouvés, l’auteur nous propose de suivre quelques personnages, qui cherchent à s’en sortir, voire à sortir de ce mouroir implacable, où on fouille les bas-fonds pour en retrouver des objets, des restes de la société « ordinaire », artefacts vendus plus ou moins cher, seuls les plus riches, les plus forts pouvant agrémenter leur séjour d’un petit confort. Le jeu sur les couleurs est intéressant. Il y en a peu, c’est tranché, du Noir et Blanc avec nuances de gris, un peu de bichromies. Là aussi c’est simple et volontairement pauvre. L’univers créé par Chris Gooch est oppressant, franchement noir. Et prenant. On s’attache aussi aux personnages qui se débattent pour s’échapper, en lisant des livres pour l’un d’entre eux, ou physiquement pour d’autres. Comme à leur habitude, les éditions Huber nous proposent un auteur indé intéressant et original, avec un beau travail éditorial. Note réelle 3,5/5.
Vertigéo
J’avais découvert – plutôt avec plaisir – Amaury Bündgen, comme auteur complet sur Le Rite et Ion Mud. En plus d’univers très différents, j’avais beaucoup aimé le dessin. Et déjà sur Ion Mud Bündgen s’en donnait à cœur-joie avec les immensités intérieures et vides. Et on retrouve ici son très beau dessin, une belle utilisation du Noir et Blanc. Les décors et les personnages sont vraiment chouettes. C’est clairement le point fort du cet album, et ce dessin entretient bien le relatif mystère angoissant qui prédomine. Mais, si l’histoire se laisse lire plutôt agréablement, il lui manque un peu de tension. Et surtout, lorsque éclate la bulle mystérieuse, sur la fin, j’ai été déçu. C’est un peu trop abrupt, trop vite expédié. D’autre part l’explication finale est trop facile et caricaturale, au point au dernier moment de faire perdre une bonne partie de la critique induite par le récit, dans lequel les simples ouvriers sont sacrifiés à la réussite d’une construction obscure, obéissant à des ordres impitoyables et quasi absurdes au profit de nantis se donnant bonne conscience. Le scénario de Chéry aurait pu peaufiner les nuances et la fin, pour mieux exploiter l’univers créé, et bien mis en images par Bündgen.
Les Petits Génies - Little Agatha Christie
Une lecture plaisante. Probablement à réserver à un jeune lectorat, mais Aurel a réussi quelque chose d’intéressant. Il nous présente une très jeune Agatha Christie, vive, espiègle, qui donne libre cours à son imagination, et ne s’en laisse jamais conter. Pour ajouter au dynamisme de la gamine, et captiver davantage les jeunes lecteurs, de petites énigmes s’invitent régulièrement dans les histoires courtes (solutions en fin de volume). Album sympathique pour les futurs lecteurs de la reine du polar british !
Lord of the fans
Ce monde est scindé en deux royaumes : celui des humains et de leurs héros, et celui des démons, ennemis par essence sans véritable autre raison que leur opposition naturelle. À la tête des démons se trouve un jeune roi surpuissant, doté d’un mana quasi illimité lui permettant de réaliser toutes les magies qu'il désire. Pourtant, malgré cette toute-puissance, il s'ennuie ferme dans son rôle. Fasciné par une héroïne encore adolescente mais animée d’un sens du devoir inébranlable, il en tombe presque amoureux. Il passe son temps à l'observer à distance grâce à sa vision magique, l'encourageant en secret et cherchant à la motiver pour qu'elle revienne l'affronter. Le dessin est maîtrisé et agréable, même s'il reste très classique pour le genre. On est clairement plus proche du registre shonen que du seinen. Côté scénario, le point de départ surprend et intrigue, mais laisse d’abord perplexe : la narration s'avère très aérée et les premiers chapitres paraissent assez creux. Le ton penche parfois vers le nunuche, entre la passion exagérée du roi démon pour sa jeune héroïne et l'attitude de celle-ci, romantique et un brin immature malgré son statut de guerrière. L’intrigue, au final, reste simple mais tient la route. Elle occupe bien ses cinq tomes quoiqu'il n'en aurait pas fallu davantage car le concept n’aurait guère permis davantage de développements. Au fil de la lecture, on finit tout de même par s’attacher à ce roi démon fleur bleue, à son assistante rigide et mystérieuse, ainsi qu'à cette héroïne au cœur pur, naïve mais touchante. Le rythme est bon, l’histoire se lit sans ennui malgré quelques répétitions, et la conclusion se révèle étonnamment réussie : elle trouve une idée convaincante et un peu inattendue, et offre une grande scène finale à la fois drôle et efficace. En bref, ce n’est pas un grand manga, mais une série courte, plaisante et divertissante.
Le Goût du sang
Un ex-mafieux minable et fraîchement sorti de prison se retrouve par hasard dans une ferme où la fermière vient de poignarder son mari. Il l'aide à faire disparaître le corps, avant de découvrir que la victime était en réalité le comptable de son ancienne mafia. Très vite, ses anciens comparses, persuadés qu'il a réglé un vieux compte, se lancent à ses trousses… Le ton oscille entre polar et comédie noire. Aldo, mafieux un peu balourd mais attachant, Lou, fermière imprévisible au couteau facile, un jeune policier bienveillant mais pas très futé et une galerie de mafieux obstinés composent un casting volontairement caricatural. L'intrigue repose davantage sur les quiproquos, les excès et les situations absurdes que sur la vraisemblance. On est presque dans le vaudeville criminel, où l'on enchaîne les cadavres et les malentendus sans jamais trop se soucier du réalisme. Le dessin, relâché et orienté humour, reste basique mais lisible. Il manque parfois de rigueur dans les enchaînements de cases, mais l’ensemble garde une fluidité agréable, renforcée par une mise en page aérée. Rien de spectaculaire, mais cela soutient bien le rythme et les dialogues. C'est une lecture légère, plaisante et sans prétention. Une histoire improbable mais amusante, qui arrache plus de sourires que de rires, et qui s'avère un peu anecdotique mais sympathique.
Les Yeux doux
Une lecture plutôt agréable, et un album que je me serais bien vu mieux noter. Certains détails m’ont toutefois un chouia laissé sur ma faim. Le récit est intéressant, la narration est assez vive, et on s’attache aux personnages. Au travers des citation introduisant les chapitres, mais aussi des dialogues et de l’intrigue elle-même, Corbeyran ne fait pas mystère de ses intentions de dénoncer certaines tares de nos sociétés actuelles. En effet, le productivisme déshumanisant des ouvriers interchangeables, la surconsommation d’objets standardisés, la surveillance omniprésente via des caméras sont ici présentés de façon presque ubuesque tant c’est outrancier. L’ultralibéralisme actuel est à l’évidence singé par Corbeyran. Et, au milieu de cette société froide et dystopique, quelques inévitables grains de sable pour gripper la machine, vont dynamiser l’intrigue. C’est donc dynamique, parfois amusant, en particulier ce qui tourne autour d’Anatole, le meilleur « surveillant », qui tombe amoureux d’une voleuse à la tire, et qui va se retrouver au milieu de tous ceux qui luttent contre ce système implacable et mortifère. Même si la plupart des femmes ont tendance à trop se ressembler, j’ai bien aimé le dessin. Il est surprenant dans son rendu (idem pour la colorisation), mais j’ai trouvé sympa ce côté un peu rétro, un peu loufoque et ressemblant à certains vieux dessins animés. Par contre, j’ai trouvé décevante la fin, trop facile et sucrée, trop rapide. La violence physique reste trop symbolique, la violence sociale un peu trop « lointaine », et surtout le château de cartes tombe trop aisément. Mais cela reste néanmoins une lecture agréable.
Dolorès (Loth)
C’est un énième album traitant de la guerre d’Espagne et de ses conséquences, mais qui le fait de façon intéressante, avec un flash-back plutôt bien amené : une femme découvre par hasard que sa vieille mère, commence à perdre la tête, en tout cas à parler espagnol dans la maison de retraite où elle se trouve, ce qui la surprend, puisqu’elle ne l’a jamais fait et ne lui a jamais parlé de l’Espagne. C’est l’occasion de mener une enquête pour comprendre cela, et donc de retourner en Espagne, là où s’est déroulée la « Retirada » à la fin de la guerre d’Espagne, lorsque les familles de Républicains fuyaient désespérément la répression franquiste. Sur un sujet déjà pas mal traité donc, et relativement sensible, Bruno Loth parvient à tenir un récit au ton équilibré, presque dépassionné (le moment où la gamine se retrouve seule en mer alors que sa mère se noie est prenant, mais vite évacué. Surtout, Loth inscrit son récit dans l’actualité contemporaine de l’Espagne, alors que de grosses manifestations se déroulent, et que les élections portent au pouvoir des élus du mouvement contestataire Podemos, contre la corruption et la mainmise des partis traditionnels (Parti populaire en tête). Sans y toucher, Loth relève certains points communs entre les luttes contemporaines et celles qui étaient menées par les Républicains. Le récit est en tout cas agréable à lire.
Enfermé - Mathurin Reto, pupille à Belle-Ile
J'avais beaucoup aimé Les Innocents coupables qui travaillait sur la même thématique de l'univers pénitentiaire pour enfants/adolescents, il y a plus d'un siècle. Autour de documents d'archives, Julien Hillion construit une fiction sur le personnage de Mathurin Réto envoyé à 14 ans dans le "bagne pour enfants" de Belle-Île. Je suis resté un peu sur ma faim à cause d'un déroulé du récit trop rapide à mes yeux. En voulant dramatiser à l'excès son récit l'auteur fait de son héros un personnage auquel j'ai eu du mal à m'attacher. De plus la construction du récit m'a donné l'impression que les brutalités se concentraient uniquement sur Mathurin et son ami Ernest. J'aurais aimé une vision plus large de la vie de la prison. Le personnage du gardien narrateur aurait eu plus de poids si dans le récit on avait noté un vrai lien entre les personnages. Même si le graphisme de René Coquin n'est pas mon style préféré, son trait pointu avec des visages taillés à la serpe correspond bien à la dureté de l'ambiance. Le final, historiquement avéré, arrive un peu abruptement à mon goût car tout le début du récit donne l'impression d'un Mathurin indestructible. Une lecture plaisante mais un peu superficielle sur certain points à mes yeux.