Je suis un peu ennuyé pour ma note, j’ai vraiment beaucoup aimé mais d’un autre côté les personnages ne m’ont pas parlé et je n’ai pas été bien surpris par l’histoire à la vue du titre.
Je vous laisse à votre propre imagination sur ce point, reste que c’est bien plaisant à suivre. A aucun moment je ne me suis ennuyé, c’est bien séquencé et ça se lit très facilement.
Plus que l’histoire, c’est vraiment le dessin et couleurs qui m’ont accroché. J’ai trouvé cette partie sans faute, fluide et lisible. Ça ajoute pas mal de charme à l’ensemble.
Je ne mets que 3* mais qui tire bien vers le haut, ne boudez pas la lecture si vous en avez l’occasion.
On reste dans le même gros délire que pour Valhalla Hotel, avec des personnages bien allumés, une intrigue improbable, des gros flingues et des grosses caisses. Le second degré est de mise et l’humour lourdingue omniprésent.
Pour ceux qui n’auraient pas lu Valhalla Hotel, il vaut vraiment mieux commencer par là car ce second cycle est construit sur les bases du premier, et si les personnages ont évolué (10 ans se sont écoulé entre Valhalla Hotel et Valhalla Bunker) savoir d’où ils viennent et ce qui leur est arrivé précédemment est presqu’indispensable pour comprendre cette nouvelle intrigue.
Au niveau du dessin, Fabien Bedouel nous offre un travail conforme à nos espérances. C’est caricatural, expressif, coloré, explosif, dynamique, joyeux.
Pas de mauvaise surprise pour ce premier tome mais rien d’exceptionnel non plus. On est en pays de connaissance. Ceux qui ont kiffé Valhalla Hotel devraient apprécier ce nouvel opus. Les autres resteront à quai.
Pour ma part, j’aime bien… même si parfois c’est quand même bien lourdingue.
Joe Sacco a déjà réalisé deux BD reportages sur la situation dans les territoires occupés : Palestine et Gaza 1956 - En marge de l'histoire. Il a donc souhaité réagir aux horreurs actuelles et apporter son soutien vocal aux palestiniens. Le résultat ? Une série d’histoires courtes (parfois une planche, parfois 3 ou 4) publiées périodiquement en ligne du 26 janvier 2024 au 2 juillet 2024, que Futuropolis propose ici en album.
Le format est donc particulier, on ne retrouve pas le travail de reportage sur le terrain, les témoignages récoltés et recoupés… il s’agit plutôt satire politique, telle qu’on en trouve dans les journaux ou les magazines. Joe Sacco exprime son désespoir, et critique acerbement les USA et l’hypocrisie de l’administration de Biden, qui fournit des armes à Israël et de l’aide humanitaire aux palestiniens, mais aussi le gouvernement Israélien qui étouffe le peu d’opposants à la guerre.
On retrouve bien le style graphique de l’auteur, même si le style est plus caricatural que dans ses reportages plus sérieux.
Le coup de gueule est important, et relativement intéressant, mais le contenu est quand même léger, on est loin des deux BD citées en début d’avis… surtout que si l’anglais ne vous fait pas peur, les planches sont lisibles en ligne - les commentaires sont par ailleurs intéressants tout en restant civilisés (j’imagine qu’ils doivent être modérés).
Troubles de conduite alimentaire
-
Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre, parue d'un seul tenant sans prépublication, en 2020. Elle a été écrite et dessinée par Sweeney Boo, avec une mise en couleurs réalisée par Joana Lafuente.
Mindy est une jeune femme en surcharge pondérale. Elle se trouve présentement dans un bar, le soir, en train de siroter sa consommation. Elle vient de réaliser qu'elle n'est pas la personne qu'elle imaginait être. Sa copine Shaé revient de la piste de danse avec deux verres vides, pour faire le plein. Elle remarque le visage peu réjoui de Mindy et lui dit qu'elle tue l'ambiance. Finalement elle parvient à lui faire laisser son Coca sur le comptoir et à rejoindre la piste de danse. Le cœur n'y est pas et elle heurte sans faire exprès un autre danseur : Tom. Shaé s'adresse à lui pour lui indiquer que Mindy est déjà occupée. Celle-ci recommence à danser tout en se disant qu'elle ne se sent pas elle-même. Finalement, Mindy raccompagne Shaé qui est entre deux états, et qui s'arrête pour vomir au pied d'un arbre. Shaé s'affale allongée dans le canapé de l'appartement de Mindy, celle-ci s'occupant de son chat Jabba. Constatant qu'il n'y a plus rien à manger dans le frigo, Mindy ressort et se rend à l'épicerie du coin de la rue. Elle prend du lait, des céréales, des chips. Au comptoir, elle papote un peu avec le vendeur, lui demandant des nouvelles de sa femme Cindy. Elle remarque des barres de chocolat dont elle ne connaît par la marque : Eat and love yourself. Elle décide d'en prendre une.
Mindy rentre chez elle, s'installe sur son lit, et regarde la télévision en mangeant des chips et en buvant un soda à la bouteille. Puis elle se sent un peu écœurée et elle va vomir aux toilettes. Après quoi, elle prend une douche, se lave les dents, se pèse, se touche un bourrelet, et va se coucher, s'endormant rapidement. Dans son sac, la barre de Eat est intacte. Le lendemain, Shaé se réveille la première. Elle ramasse le sac de chips vide et le jette à la poubelle. Elle prend une aspirine et regarde avec curiosité la barre chocolatée qui dépasse du sac de Mindy. Quand cette dernière se lève, Shaé est déjà partie et elle a laissé une note indiquant qu'elle devait se rendre en cours. Mindy va ouvrir sa porte pour répondre à la sonnette et prend la grande enveloppe qui lui tend le jeune facteur. Elle se lave, passe aux toilettes, se pèse et se rend au café pour commencer sa journée de barista.
Boom Studios est un éditeur de comics indépendant, ayant la particularité de publier des comics pour des tranches d'âge allant des enfants aux jeunes adultes. Ici, le lecteur comprend rapidement qu'il s'agit d'une histoire ciblée vers les adolescentes, ou très jeunes adultes, sur la question du surpoids, et des désordres de l'alimentation. La lectrice (ou le lecteur) s'attache immédiatement à cette jeune dame, sympathique, simple et tranquille. Elle travaille dans un café le jour, sort de temps en temps le soir avec sa copine, et mange pour compenser sa solitude. Au départ, l'autrice montre Mindy manger quasiment machinalement, sans s'empiffrer, plus par habitude, comme une occupation automatique, une façon de contenter un besoin de satisfaction immédiate, par la sensation de satiété. Effectivement, cela s'accompagne d'une mauvaise image de soi, d'un manque d'estime pour elle-même, mais plus une forme de résignation devant sa morphologie qui est comme ça, qu'une déprime, encore moins une dépression. Elle mène une vie banale, sans donner l'impression qui lui manque quelque chose, sans souffrir d'une ambition insatiable, contente dans son quotidien tranquille. Elle communique facilement avec les autres, sans éprouver de besoin particulier d'établir des relations plus développées, ou plus nombreuses.
Les dessins de Sweeney Boo sont très agréables à l'œil, doux, rendus encore plus doux par la mise en couleurs, dans des teintes pastel, sans chercher à faire girly, reprenant de temps à autre la couleur de fond pour instaurer une continuité d'une case à l'autre dans une même scène. Le lecteur ne sait pas s'il doit prendre les cheveux verts de Mindy au premier degré. Cela peut aussi bien être une coquetterie de sa part, qu'un choix purement fonctionnel de Lafuente pour la rendre plus reconnaissable. En tout cas, il n'y a pas de scène au cours de laquelle elle se teinte les cheveux. L'artiste réalise des dessins simplifiés, dans une veine réaliste, il est peut-être parfois possible d'y distinguer une influence manga, mais discrète et complètement assimilée, à l'opposé d'une utilisation primaire et artificielle, sans sensibilité shojo. Il est visible que le récit se déroule dans l'Amérique du Nord, vraisemblablement au Canada (Mindy se rend dans la commune de Sherbrooke), puisque que c'est dans ce pays que vit l'autrice, mais cela pourrait également être les États-Unis. Le lecteur constate de temps à autre que Mindy porte une épaisse doudoune, signe d'un climat bien froid, même s'il n'y a de la neige que dans le dernier quart du récit. Le lecteur se rend alors compte qu'il y avait des feuilles mortes au début du récit, situant déjà la saison à laquelle se déroule l'histoire. Même si les dessins donnent l'impression d'être simplifiés pour rendre la lecture plus immédiate et s'adresser à un public assez jeune, cela n'empêche pas Boo de s'investir dans la représentation des décors. Au fil des séquences, le lecteur peut ainsi observer la foule des clients dans la boîte de nuit, la façade des maisons de la rue où loge Mindy, avec leur entresol, les escaliers à l'extérieur pour accéder au rez-de-chaussée et au premier étage, l'aménagement de son appartement, les rayonnages bien alignés de la supérette, les feuilles mortes sur les trottoirs, l'aménagement purement fonctionnel du café où elle travaille, les couloirs animés de la fac de Shaé, la salle de bains standard de l'appartement de Mindy, les gradins d'un stade, le pavillon des parents de Mindy à Sherbrooke. De temps à autre, l'artiste s'intéresse moins à un décor qui est vite représenté comme les gradins du stade.
L'artiste rend Mindy très sympathique avec ses grandes lunettes rondes (trop grandes pour être réalistes), et ses rondeurs, en particulier ses hanches et son postérieur. Elle n'affiche pas une mine triste, mais plutôt résignée quant à sa surcharge pondérale, et ce que cela induit sur sa vie sociale, ce qui ne l'empêche pas de sourire régulièrement à ses interlocuteurs, et pas uniquement quand elle sert un client au café. Les autres personnages sont tout aussi avenants : la copine, le facteur, le gérant de l'épicerie, les collègues de travail, ses parents. Boo a pris le parti de représenter tous les personnages avec des visages épurés, ce qui leur donne une apparence jeune, quel que soit leur âge, mais les tenues vestimentaires reflètent leur âge. Les expressions de visage permettent au lecteur de ressentir de l'empathie en saisissant bien l'état d'esprit du personnage. La direction d'acteur est de type naturaliste, sans exagération des mouvements ou des postures, avec une justesse qui les fait exister. Le lecteur côtoie donc des personnages ordinaires dans leur vie quotidienne, bien développés et étoffés, ce qui les rend uniques et attachants.
Le lecteur ressent que Mindy s'est donc résignée à être grosse. Ce n'est pas ce qu'elle souhaite, elle ne parvient pas à l'accepter, mais elle peut vivre comme ça, sachant que sa vie sentimentale en est diminuée d'autant. Cette résignation la conduit à se déconsidérer quant à sa valeur personnelle, à faire le deuil de toute ambition, au point d'estimer ne pas en avoir. Puis, elle finit par goûter cette barre chocolatée et il se produit un phénomène surnaturel chaque fois qu'elle en prend un carré. Son esprit sort de son corps et elle devient le témoin d'une scène de son passé : avec ses parents, seule dans sa chambre, en train de se faire vomir dans les toilettes d'un restaurant, en cours d'éducation physique face au professeur. L'autrice n'émet aucun jugement de valeur lors de ces séquences : Mindy adulte est juste une observatrice mais qui ne se fait aucune réflexion ni pendant qu'elle revoit ce moment, ni après. Le lecteur est laissé seul juge de ce qu'il vient de voir, entièrement maître de l'interprétation qu'il veut en faire. Ainsi, en fonction de sa sensibilité, il y mettra plus une carence affective, un manque d'éducation quant à la manière de s'alimenter, une déprime systémique faute de savoir comment gérer ses émotions et son ressenti affectif. Il est donc un peu pris au dépourvu dans le dernier quart du récit quand l'autrice oriente l'analyse vers les troubles de conduites alimentaires, laissant de côté d'autres possibilités comme la dimension psychologique, ou le bagage génétique.
L'éditeur a inscrit cette bande dessinée dans une gamme qui cible les adolescentes. Néanmoins, la couverture sympathique et la nature du récit (tranche de vie) font qu'il est susceptible d'attirer tout type de lecteurs. Effectivement, la narration visuelle douce sans être mièvre et la gentillesse de l'autrice vis-à-vis de ses personnages font que tout lecteur s'attache à Mindy et s'immerge dans son quotidien, banal mais unique. Le dispositif qui permet à Mindy de revoir des scènes de son passé apparaît comme évident : en comblant une envie irrépressible de confortement par la nourriture, elle revient à des moments ayant généré des ressentis qui se sont durablement inscrits en elle. Arrivée à la fin, le lecteur regrette de quitter Mindy, et ressent une pointe de frustration (sans pour autant aller se jeter sur une tablette de chocolat) lorsque le récit s'arrête sur un pré-diagnostic qui n'est qu'embryonnaire.
- Le Rêveur _ 46 planches.
Dans cette première histoire Will Eisner revient sur ses débuts dans le milieu de la BD à la fin des années 30.
Un récit éclairant sur le milieu des comics avec cette biographie partielle, elle permet d'y découvrir d'autres grands dessinateurs à leur début. Mais surtout, Eisner dépeint avec réalisme l'industrie du comics à cette période.
Une lecture enrichissante.
Le dessin de Will Eisner est toujours aussi précis, il sait croquer les scènes du quotidien, dans un beau noir et blanc. Son dessin ne fait pas partie de ceux qui me régal la rétine, mais il est d'une remarquable efficacité.
3,5 étoiles.
- Le jour où je suis devenu un pro _ 4 planches.
Pour la première fois une maison d'édition refuse le travail de Will Eisner.
Trop court pour entrer dans l'histoire même si c'est efficace.
Graphiquement, du Eisner tout craché.
2 étoiles.
- Crépuscule à Sunshine City _ 28 planches.
Une satire sur la fin de vie.
Tout sonne juste dans ce récit, les interactions des personnages, les situations de la vie de tous les jours et la conclusion, même si on voit arriver de loin cette dernière.
Pour le dessin, toujours ce beau noir et blanc très efficace.
3 étoiles.
Pour terminer une postface de Scott McCloud et des notes de Denis Kitchen sur Le Rêveur.
Pour les curieux et les inconditionnels de Will Eisner.
Alerté par l’avis de Mac Arthur, étant avide d’histoire de pirates, je me suis procuré cet album, et je ressors satisfait de ma lecture.
L’histoire n’innove pas vraiment, et colle vraiment aux poncifs du genre, mais elle est prenante et propose un protagoniste intéressant. La narration est réussie, même si j’ai trouvé le dénouement de la grosse bataille un peu confus – j’ai dû le relire 2 fois. J’étais peut-être fatigué, je ne sais pas.
La mise en image est magistrale, il s’agit d’un premier album pour Alessandro Corbettini, et ce jeune italien d’à peine 24 ans a clairement un bel avenir dans la BD. J’ai particulièrement apprécié les pleines pages, et la couleur au lavis.
Voila, un one shot (très) classique mais efficace. Il manque juste un petit quelque chose au récit pour que je pousse ma note à 4/5.
Je suis d’accord avec le ressenti d’Alix, et en particulier avec sa conclusion. En effet, c’est un chouette témoignage, d’où se dégagent émotion et humanité.
Les deux auteurs (deux sœurs) se sont partagées le travail : l’une d’elle, Anaële (au dessin) est parti quelques mois dans les territoires occupés palestiniens, sa sœur Delphine (à l’écriture) restant en Belgique.
L’album est un peu construit comme une correspondance entre les deux, même si la participation de Delphine se limite à des cartes postales (où elle ne fait que succinctement décrire sa vie quotidienne et « ordinaire » en Belgique), tandis que la partie réservée à Anaële est beaucoup plus développée et illustrée.
Cette construction est intéressante, parce que les pages cartes postales/Belgique, par leur relative banalité/normalité, font cruellement ressortir par un violent contraste l’absence totale d’une vie normale et apaisée pour les Palestiniens, en bute aux vexations, aux violences des colons, de l’armée (mention spéciale au gamin abattu par un soldat lorsqu’il est venu chercher son ballon hors d’un sentier proche d’une colonie !) et de l’État israélien (déjà, tous les efforts déployés par Anaële pour pouvoir entrer en Palestine – où elle est censé travailler pour une association humanitaire montrent bien que c’est dans une prison à ciel ouvert qu’elle pénètre).
On voit aussi le contraste avec la vie en Israël (Anaële rencontre des Israéliens à Tel-Aviv). Publié en 2011, l’album relate une « aventure » ayant eu lieu en 2008. Vu les crimes actuels en Cisjordanie (on ne parle même pas de Gaza) et la politique des gouvernements extrémistes de Netanyahou actuelle, on mesure quel enfer cela doit être pour la population palestinienne en 2024 !
Rien de nouveau hélas dans ce témoignage, mais il complète les autres (ceux de Sacco pour le médium BD par exemple), d’une façon peut-être plus intimiste et discrète. Ça n’est reste pas moins une lecture intéressante et recommandée (j’aurais bien aimé dire qu’elle était dépassée et qu’heureusement tout s’était arrangé !).
Un roman graphique qui use de l’Histoire pour raconter les bribes d’une vie de femme et d’une famille. L’histoire d’une femme tombée amoureuse d’un G.I. à la fin de la guerre et qui est partie vivre avec lui aux États-Unis.
La narration est agréable, comme le dessin : tous les deux sont fluide, ça se laisse lire très facilement.
Je regrette juste que la vie de cette femme ne soit finalement évoquée qu’en partie, il y avait peut-être matière à densifier l’histoire, pour parler de l’adaptation au mode de vie américain, je ne sais pas. C’est ce qui me laisse un peu sur ma faim.
J’ai quand même appris des choses sur la « formation » accélérer à la vie/culture américaine sur le navire qui transporte les war bride aux États-Unis (formation qui montre aussi le mépris pour la vie/culture européenne au passage), avec des passages amusants.
Encore une BD que j'avais envie d'aimer. Ca partait plutôt bien, mais au final, il manque un petit quelque chose d'indéfinissable. Peut-être l'absence d'éléments graphiques a-t-elle joué. Ou le manque de profondeur qui fait qu'on peine à entrer dans la tête du personnage principal, à comprendre ses motivations. Ou cette fin, certes intrigante puisqu'elle nous laisse sur notre fin, précisément, mais que j'ai trouvée assez déprimante, manquant de lumière alors qu'il m'a semblé, tout au long de ma lecture, que le déroulé appelait justement cette lumière... Un peu de tout cela, sans doute.
Graphiquement, c'est chouette. Le trait d'Eric Lambé m'a plu. Outre les personnages eux-mêmes, il y a peu d'éléments graphiques. Quelques cases se chargent de fixer le cadre (forêt, village, forteresse...), mais l'essentiel se focalise sur les personnages; Ca ne choque pas du tout, au début du moins. mais à la longue, un petit vide graphique se fait sentir dans la seconde partie du récit, alors même que celui-ci erre un peu entre deux eaux, peinant à parvenir à la conclusion. Conclusion qu'en prime, on peine à interpréter. En effet, qu'ont voulu dire les auteurs ? Qu'on ne pouvait pas devenir autre chose que ce qu'on nait ?... Je ne suis pas certain de mon interprétation, ce qui n'est pas grave en soit, une œuvre ouverte (comme c'est le cas ici) étant essentiellement polysémique. Mais si tel est le cas, je ne suis absolument pas d'accord avec ça.
Mais ce n'est pas tant le problème de cette conclusion hésitante, car cela en générale ne me pose pas de problème (l'excellent film Anatomie d'une chute, où chacun a vu quelque chose de différent est un bon exemple à cet égard). J'ai beau essayer de trouver ce qui cloche, de chercher le caillou dans la chaussure, rien n'est immédiatement identifiable. J'ai aimé Antipodes mais je m'y suis un peu emmerdé par moments. J'aime le trait, mais je trouve les cases cruellement vides sur la longueur. J'aime le ton, mais l'ensemble manque de sérieux aux moments où il en aurait fallu une once. Voilà, c'est un peu tout ça. Je sort d'Antipodes assailli de sentiments tout à fait contradictoires. Je mets 3/5, mais si ça se trouve, d'ici quelques jours ou semaines, il est possible que je relève la note parce que les choses se seront décantées. On verra bien...
No.love.lost est un manga à la française mélangeant les influences. Son cadre est de la science-fiction, proche de la Planet Fantasy avec ce couple de héros qui s'écrase sur une planète dont ils vont devoir découvrir les mystères et la complexité géopolitique. Il comporte également des éléments proches des univers de Ghibli, notamment Nausicaä de la vallée du vent et Le Château dans le Ciel, ou encore une scène de combats entre véhicules roulants rappelant les pirates de Miyazaki mais aussi un peu Mortal engines. Son graphisme se rapproche du manga à l'européenne, type Lastman ou Banana sioule : principalement orienté sur le dynamisme et l'efficacité, avec une économie de traits et de décors.
C'est une histoire dédiée au divertissement dans un cadre exotique. L'auteur veut emmener ses lecteurs sur la planète Abadon, auprès de ses deux héros, un couple de guerriers amoureux qui veut se retrouver. Le cas de ces derniers est d'ailleurs un peu particulier car on les présente d'emblée comme des guerriers d'élites de la Terre, capable de combattre à mains nues et avec des armes incroyables des robots surpuissants, tandis qu'une fois naufragés sur la planète on ne dirait plus que des adolescents inoffensifs tout au plus capable de donner un coup de pied qui ne fait pas grand chose. Difficile de les appréhender en tant que héros dans ces conditions, leur rôle pour ce qui est du tome 1 est assez passif.
C'est une lecture plutôt agréable mais j'ai trouvé qu'elle manquait de rythme. Une fois les héros débarqués sur la planète Abadon, il y a un temps de mise en place qui traine en longueur et frôle les limites de l'ennui. L'auteur fait durer son intrigue puisqu'au bout de 250 pages, les deux héros s'éparpillent dans des directions différentes, on ne voit pas encore comment ils vont pouvoir se retrouver et le cœur de l'action en tant que telle semble encore loin. Je reste donc un peu circonspect. La planète où ils ont atterri ne fait pour le moment pas suffisamment preuve d'originalité pour capter ma curiosité et j'attends encore que la mayonnaise prenne pour me donner pour de bon envie de lire la suite.
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Une histoire corse
Je suis un peu ennuyé pour ma note, j’ai vraiment beaucoup aimé mais d’un autre côté les personnages ne m’ont pas parlé et je n’ai pas été bien surpris par l’histoire à la vue du titre. Je vous laisse à votre propre imagination sur ce point, reste que c’est bien plaisant à suivre. A aucun moment je ne me suis ennuyé, c’est bien séquencé et ça se lit très facilement. Plus que l’histoire, c’est vraiment le dessin et couleurs qui m’ont accroché. J’ai trouvé cette partie sans faute, fluide et lisible. Ça ajoute pas mal de charme à l’ensemble. Je ne mets que 3* mais qui tire bien vers le haut, ne boudez pas la lecture si vous en avez l’occasion.
Valhalla Bunker
On reste dans le même gros délire que pour Valhalla Hotel, avec des personnages bien allumés, une intrigue improbable, des gros flingues et des grosses caisses. Le second degré est de mise et l’humour lourdingue omniprésent. Pour ceux qui n’auraient pas lu Valhalla Hotel, il vaut vraiment mieux commencer par là car ce second cycle est construit sur les bases du premier, et si les personnages ont évolué (10 ans se sont écoulé entre Valhalla Hotel et Valhalla Bunker) savoir d’où ils viennent et ce qui leur est arrivé précédemment est presqu’indispensable pour comprendre cette nouvelle intrigue. Au niveau du dessin, Fabien Bedouel nous offre un travail conforme à nos espérances. C’est caricatural, expressif, coloré, explosif, dynamique, joyeux. Pas de mauvaise surprise pour ce premier tome mais rien d’exceptionnel non plus. On est en pays de connaissance. Ceux qui ont kiffé Valhalla Hotel devraient apprécier ce nouvel opus. Les autres resteront à quai. Pour ma part, j’aime bien… même si parfois c’est quand même bien lourdingue.
Guerre à Gaza
Joe Sacco a déjà réalisé deux BD reportages sur la situation dans les territoires occupés : Palestine et Gaza 1956 - En marge de l'histoire. Il a donc souhaité réagir aux horreurs actuelles et apporter son soutien vocal aux palestiniens. Le résultat ? Une série d’histoires courtes (parfois une planche, parfois 3 ou 4) publiées périodiquement en ligne du 26 janvier 2024 au 2 juillet 2024, que Futuropolis propose ici en album. Le format est donc particulier, on ne retrouve pas le travail de reportage sur le terrain, les témoignages récoltés et recoupés… il s’agit plutôt satire politique, telle qu’on en trouve dans les journaux ou les magazines. Joe Sacco exprime son désespoir, et critique acerbement les USA et l’hypocrisie de l’administration de Biden, qui fournit des armes à Israël et de l’aide humanitaire aux palestiniens, mais aussi le gouvernement Israélien qui étouffe le peu d’opposants à la guerre. On retrouve bien le style graphique de l’auteur, même si le style est plus caricatural que dans ses reportages plus sérieux. Le coup de gueule est important, et relativement intéressant, mais le contenu est quand même léger, on est loin des deux BD citées en début d’avis… surtout que si l’anglais ne vous fait pas peur, les planches sont lisibles en ligne - les commentaires sont par ailleurs intéressants tout en restant civilisés (j’imagine qu’ils doivent être modérés).
Eat, and Love Yourself
Troubles de conduite alimentaire - Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre, parue d'un seul tenant sans prépublication, en 2020. Elle a été écrite et dessinée par Sweeney Boo, avec une mise en couleurs réalisée par Joana Lafuente. Mindy est une jeune femme en surcharge pondérale. Elle se trouve présentement dans un bar, le soir, en train de siroter sa consommation. Elle vient de réaliser qu'elle n'est pas la personne qu'elle imaginait être. Sa copine Shaé revient de la piste de danse avec deux verres vides, pour faire le plein. Elle remarque le visage peu réjoui de Mindy et lui dit qu'elle tue l'ambiance. Finalement elle parvient à lui faire laisser son Coca sur le comptoir et à rejoindre la piste de danse. Le cœur n'y est pas et elle heurte sans faire exprès un autre danseur : Tom. Shaé s'adresse à lui pour lui indiquer que Mindy est déjà occupée. Celle-ci recommence à danser tout en se disant qu'elle ne se sent pas elle-même. Finalement, Mindy raccompagne Shaé qui est entre deux états, et qui s'arrête pour vomir au pied d'un arbre. Shaé s'affale allongée dans le canapé de l'appartement de Mindy, celle-ci s'occupant de son chat Jabba. Constatant qu'il n'y a plus rien à manger dans le frigo, Mindy ressort et se rend à l'épicerie du coin de la rue. Elle prend du lait, des céréales, des chips. Au comptoir, elle papote un peu avec le vendeur, lui demandant des nouvelles de sa femme Cindy. Elle remarque des barres de chocolat dont elle ne connaît par la marque : Eat and love yourself. Elle décide d'en prendre une. Mindy rentre chez elle, s'installe sur son lit, et regarde la télévision en mangeant des chips et en buvant un soda à la bouteille. Puis elle se sent un peu écœurée et elle va vomir aux toilettes. Après quoi, elle prend une douche, se lave les dents, se pèse, se touche un bourrelet, et va se coucher, s'endormant rapidement. Dans son sac, la barre de Eat est intacte. Le lendemain, Shaé se réveille la première. Elle ramasse le sac de chips vide et le jette à la poubelle. Elle prend une aspirine et regarde avec curiosité la barre chocolatée qui dépasse du sac de Mindy. Quand cette dernière se lève, Shaé est déjà partie et elle a laissé une note indiquant qu'elle devait se rendre en cours. Mindy va ouvrir sa porte pour répondre à la sonnette et prend la grande enveloppe qui lui tend le jeune facteur. Elle se lave, passe aux toilettes, se pèse et se rend au café pour commencer sa journée de barista. Boom Studios est un éditeur de comics indépendant, ayant la particularité de publier des comics pour des tranches d'âge allant des enfants aux jeunes adultes. Ici, le lecteur comprend rapidement qu'il s'agit d'une histoire ciblée vers les adolescentes, ou très jeunes adultes, sur la question du surpoids, et des désordres de l'alimentation. La lectrice (ou le lecteur) s'attache immédiatement à cette jeune dame, sympathique, simple et tranquille. Elle travaille dans un café le jour, sort de temps en temps le soir avec sa copine, et mange pour compenser sa solitude. Au départ, l'autrice montre Mindy manger quasiment machinalement, sans s'empiffrer, plus par habitude, comme une occupation automatique, une façon de contenter un besoin de satisfaction immédiate, par la sensation de satiété. Effectivement, cela s'accompagne d'une mauvaise image de soi, d'un manque d'estime pour elle-même, mais plus une forme de résignation devant sa morphologie qui est comme ça, qu'une déprime, encore moins une dépression. Elle mène une vie banale, sans donner l'impression qui lui manque quelque chose, sans souffrir d'une ambition insatiable, contente dans son quotidien tranquille. Elle communique facilement avec les autres, sans éprouver de besoin particulier d'établir des relations plus développées, ou plus nombreuses. Les dessins de Sweeney Boo sont très agréables à l'œil, doux, rendus encore plus doux par la mise en couleurs, dans des teintes pastel, sans chercher à faire girly, reprenant de temps à autre la couleur de fond pour instaurer une continuité d'une case à l'autre dans une même scène. Le lecteur ne sait pas s'il doit prendre les cheveux verts de Mindy au premier degré. Cela peut aussi bien être une coquetterie de sa part, qu'un choix purement fonctionnel de Lafuente pour la rendre plus reconnaissable. En tout cas, il n'y a pas de scène au cours de laquelle elle se teinte les cheveux. L'artiste réalise des dessins simplifiés, dans une veine réaliste, il est peut-être parfois possible d'y distinguer une influence manga, mais discrète et complètement assimilée, à l'opposé d'une utilisation primaire et artificielle, sans sensibilité shojo. Il est visible que le récit se déroule dans l'Amérique du Nord, vraisemblablement au Canada (Mindy se rend dans la commune de Sherbrooke), puisque que c'est dans ce pays que vit l'autrice, mais cela pourrait également être les États-Unis. Le lecteur constate de temps à autre que Mindy porte une épaisse doudoune, signe d'un climat bien froid, même s'il n'y a de la neige que dans le dernier quart du récit. Le lecteur se rend alors compte qu'il y avait des feuilles mortes au début du récit, situant déjà la saison à laquelle se déroule l'histoire. Même si les dessins donnent l'impression d'être simplifiés pour rendre la lecture plus immédiate et s'adresser à un public assez jeune, cela n'empêche pas Boo de s'investir dans la représentation des décors. Au fil des séquences, le lecteur peut ainsi observer la foule des clients dans la boîte de nuit, la façade des maisons de la rue où loge Mindy, avec leur entresol, les escaliers à l'extérieur pour accéder au rez-de-chaussée et au premier étage, l'aménagement de son appartement, les rayonnages bien alignés de la supérette, les feuilles mortes sur les trottoirs, l'aménagement purement fonctionnel du café où elle travaille, les couloirs animés de la fac de Shaé, la salle de bains standard de l'appartement de Mindy, les gradins d'un stade, le pavillon des parents de Mindy à Sherbrooke. De temps à autre, l'artiste s'intéresse moins à un décor qui est vite représenté comme les gradins du stade. L'artiste rend Mindy très sympathique avec ses grandes lunettes rondes (trop grandes pour être réalistes), et ses rondeurs, en particulier ses hanches et son postérieur. Elle n'affiche pas une mine triste, mais plutôt résignée quant à sa surcharge pondérale, et ce que cela induit sur sa vie sociale, ce qui ne l'empêche pas de sourire régulièrement à ses interlocuteurs, et pas uniquement quand elle sert un client au café. Les autres personnages sont tout aussi avenants : la copine, le facteur, le gérant de l'épicerie, les collègues de travail, ses parents. Boo a pris le parti de représenter tous les personnages avec des visages épurés, ce qui leur donne une apparence jeune, quel que soit leur âge, mais les tenues vestimentaires reflètent leur âge. Les expressions de visage permettent au lecteur de ressentir de l'empathie en saisissant bien l'état d'esprit du personnage. La direction d'acteur est de type naturaliste, sans exagération des mouvements ou des postures, avec une justesse qui les fait exister. Le lecteur côtoie donc des personnages ordinaires dans leur vie quotidienne, bien développés et étoffés, ce qui les rend uniques et attachants. Le lecteur ressent que Mindy s'est donc résignée à être grosse. Ce n'est pas ce qu'elle souhaite, elle ne parvient pas à l'accepter, mais elle peut vivre comme ça, sachant que sa vie sentimentale en est diminuée d'autant. Cette résignation la conduit à se déconsidérer quant à sa valeur personnelle, à faire le deuil de toute ambition, au point d'estimer ne pas en avoir. Puis, elle finit par goûter cette barre chocolatée et il se produit un phénomène surnaturel chaque fois qu'elle en prend un carré. Son esprit sort de son corps et elle devient le témoin d'une scène de son passé : avec ses parents, seule dans sa chambre, en train de se faire vomir dans les toilettes d'un restaurant, en cours d'éducation physique face au professeur. L'autrice n'émet aucun jugement de valeur lors de ces séquences : Mindy adulte est juste une observatrice mais qui ne se fait aucune réflexion ni pendant qu'elle revoit ce moment, ni après. Le lecteur est laissé seul juge de ce qu'il vient de voir, entièrement maître de l'interprétation qu'il veut en faire. Ainsi, en fonction de sa sensibilité, il y mettra plus une carence affective, un manque d'éducation quant à la manière de s'alimenter, une déprime systémique faute de savoir comment gérer ses émotions et son ressenti affectif. Il est donc un peu pris au dépourvu dans le dernier quart du récit quand l'autrice oriente l'analyse vers les troubles de conduites alimentaires, laissant de côté d'autres possibilités comme la dimension psychologique, ou le bagage génétique. L'éditeur a inscrit cette bande dessinée dans une gamme qui cible les adolescentes. Néanmoins, la couverture sympathique et la nature du récit (tranche de vie) font qu'il est susceptible d'attirer tout type de lecteurs. Effectivement, la narration visuelle douce sans être mièvre et la gentillesse de l'autrice vis-à-vis de ses personnages font que tout lecteur s'attache à Mindy et s'immerge dans son quotidien, banal mais unique. Le dispositif qui permet à Mindy de revoir des scènes de son passé apparaît comme évident : en comblant une envie irrépressible de confortement par la nourriture, elle revient à des moments ayant généré des ressentis qui se sont durablement inscrits en elle. Arrivée à la fin, le lecteur regrette de quitter Mindy, et ressent une pointe de frustration (sans pour autant aller se jeter sur une tablette de chocolat) lorsque le récit s'arrête sur un pré-diagnostic qui n'est qu'embryonnaire.
Itinéraires d'un rêveur (Le Rêveur / Soleil d'automne à Sunshine City)
- Le Rêveur _ 46 planches. Dans cette première histoire Will Eisner revient sur ses débuts dans le milieu de la BD à la fin des années 30. Un récit éclairant sur le milieu des comics avec cette biographie partielle, elle permet d'y découvrir d'autres grands dessinateurs à leur début. Mais surtout, Eisner dépeint avec réalisme l'industrie du comics à cette période. Une lecture enrichissante. Le dessin de Will Eisner est toujours aussi précis, il sait croquer les scènes du quotidien, dans un beau noir et blanc. Son dessin ne fait pas partie de ceux qui me régal la rétine, mais il est d'une remarquable efficacité. 3,5 étoiles. - Le jour où je suis devenu un pro _ 4 planches. Pour la première fois une maison d'édition refuse le travail de Will Eisner. Trop court pour entrer dans l'histoire même si c'est efficace. Graphiquement, du Eisner tout craché. 2 étoiles. - Crépuscule à Sunshine City _ 28 planches. Une satire sur la fin de vie. Tout sonne juste dans ce récit, les interactions des personnages, les situations de la vie de tous les jours et la conclusion, même si on voit arriver de loin cette dernière. Pour le dessin, toujours ce beau noir et blanc très efficace. 3 étoiles. Pour terminer une postface de Scott McCloud et des notes de Denis Kitchen sur Le Rêveur. Pour les curieux et les inconditionnels de Will Eisner.
Kernok le pirate
Alerté par l’avis de Mac Arthur, étant avide d’histoire de pirates, je me suis procuré cet album, et je ressors satisfait de ma lecture. L’histoire n’innove pas vraiment, et colle vraiment aux poncifs du genre, mais elle est prenante et propose un protagoniste intéressant. La narration est réussie, même si j’ai trouvé le dénouement de la grosse bataille un peu confus – j’ai dû le relire 2 fois. J’étais peut-être fatigué, je ne sais pas. La mise en image est magistrale, il s’agit d’un premier album pour Alessandro Corbettini, et ce jeune italien d’à peine 24 ans a clairement un bel avenir dans la BD. J’ai particulièrement apprécié les pleines pages, et la couleur au lavis. Voila, un one shot (très) classique mais efficace. Il manque juste un petit quelque chose au récit pour que je pousse ma note à 4/5.
Les Amandes vertes
Je suis d’accord avec le ressenti d’Alix, et en particulier avec sa conclusion. En effet, c’est un chouette témoignage, d’où se dégagent émotion et humanité. Les deux auteurs (deux sœurs) se sont partagées le travail : l’une d’elle, Anaële (au dessin) est parti quelques mois dans les territoires occupés palestiniens, sa sœur Delphine (à l’écriture) restant en Belgique. L’album est un peu construit comme une correspondance entre les deux, même si la participation de Delphine se limite à des cartes postales (où elle ne fait que succinctement décrire sa vie quotidienne et « ordinaire » en Belgique), tandis que la partie réservée à Anaële est beaucoup plus développée et illustrée. Cette construction est intéressante, parce que les pages cartes postales/Belgique, par leur relative banalité/normalité, font cruellement ressortir par un violent contraste l’absence totale d’une vie normale et apaisée pour les Palestiniens, en bute aux vexations, aux violences des colons, de l’armée (mention spéciale au gamin abattu par un soldat lorsqu’il est venu chercher son ballon hors d’un sentier proche d’une colonie !) et de l’État israélien (déjà, tous les efforts déployés par Anaële pour pouvoir entrer en Palestine – où elle est censé travailler pour une association humanitaire montrent bien que c’est dans une prison à ciel ouvert qu’elle pénètre). On voit aussi le contraste avec la vie en Israël (Anaële rencontre des Israéliens à Tel-Aviv). Publié en 2011, l’album relate une « aventure » ayant eu lieu en 2008. Vu les crimes actuels en Cisjordanie (on ne parle même pas de Gaza) et la politique des gouvernements extrémistes de Netanyahou actuelle, on mesure quel enfer cela doit être pour la population palestinienne en 2024 ! Rien de nouveau hélas dans ce témoignage, mais il complète les autres (ceux de Sacco pour le médium BD par exemple), d’une façon peut-être plus intimiste et discrète. Ça n’est reste pas moins une lecture intéressante et recommandée (j’aurais bien aimé dire qu’elle était dépassée et qu’heureusement tout s’était arrangé !).
Michigan - Sur la route d'une War Bride
Un roman graphique qui use de l’Histoire pour raconter les bribes d’une vie de femme et d’une famille. L’histoire d’une femme tombée amoureuse d’un G.I. à la fin de la guerre et qui est partie vivre avec lui aux États-Unis. La narration est agréable, comme le dessin : tous les deux sont fluide, ça se laisse lire très facilement. Je regrette juste que la vie de cette femme ne soit finalement évoquée qu’en partie, il y avait peut-être matière à densifier l’histoire, pour parler de l’adaptation au mode de vie américain, je ne sais pas. C’est ce qui me laisse un peu sur ma faim. J’ai quand même appris des choses sur la « formation » accélérer à la vie/culture américaine sur le navire qui transporte les war bride aux États-Unis (formation qui montre aussi le mépris pour la vie/culture européenne au passage), avec des passages amusants.
Antipodes
Encore une BD que j'avais envie d'aimer. Ca partait plutôt bien, mais au final, il manque un petit quelque chose d'indéfinissable. Peut-être l'absence d'éléments graphiques a-t-elle joué. Ou le manque de profondeur qui fait qu'on peine à entrer dans la tête du personnage principal, à comprendre ses motivations. Ou cette fin, certes intrigante puisqu'elle nous laisse sur notre fin, précisément, mais que j'ai trouvée assez déprimante, manquant de lumière alors qu'il m'a semblé, tout au long de ma lecture, que le déroulé appelait justement cette lumière... Un peu de tout cela, sans doute. Graphiquement, c'est chouette. Le trait d'Eric Lambé m'a plu. Outre les personnages eux-mêmes, il y a peu d'éléments graphiques. Quelques cases se chargent de fixer le cadre (forêt, village, forteresse...), mais l'essentiel se focalise sur les personnages; Ca ne choque pas du tout, au début du moins. mais à la longue, un petit vide graphique se fait sentir dans la seconde partie du récit, alors même que celui-ci erre un peu entre deux eaux, peinant à parvenir à la conclusion. Conclusion qu'en prime, on peine à interpréter. En effet, qu'ont voulu dire les auteurs ? Qu'on ne pouvait pas devenir autre chose que ce qu'on nait ?... Je ne suis pas certain de mon interprétation, ce qui n'est pas grave en soit, une œuvre ouverte (comme c'est le cas ici) étant essentiellement polysémique. Mais si tel est le cas, je ne suis absolument pas d'accord avec ça. Mais ce n'est pas tant le problème de cette conclusion hésitante, car cela en générale ne me pose pas de problème (l'excellent film Anatomie d'une chute, où chacun a vu quelque chose de différent est un bon exemple à cet égard). J'ai beau essayer de trouver ce qui cloche, de chercher le caillou dans la chaussure, rien n'est immédiatement identifiable. J'ai aimé Antipodes mais je m'y suis un peu emmerdé par moments. J'aime le trait, mais je trouve les cases cruellement vides sur la longueur. J'aime le ton, mais l'ensemble manque de sérieux aux moments où il en aurait fallu une once. Voilà, c'est un peu tout ça. Je sort d'Antipodes assailli de sentiments tout à fait contradictoires. Je mets 3/5, mais si ça se trouve, d'ici quelques jours ou semaines, il est possible que je relève la note parce que les choses se seront décantées. On verra bien...
No.love.lost
No.love.lost est un manga à la française mélangeant les influences. Son cadre est de la science-fiction, proche de la Planet Fantasy avec ce couple de héros qui s'écrase sur une planète dont ils vont devoir découvrir les mystères et la complexité géopolitique. Il comporte également des éléments proches des univers de Ghibli, notamment Nausicaä de la vallée du vent et Le Château dans le Ciel, ou encore une scène de combats entre véhicules roulants rappelant les pirates de Miyazaki mais aussi un peu Mortal engines. Son graphisme se rapproche du manga à l'européenne, type Lastman ou Banana sioule : principalement orienté sur le dynamisme et l'efficacité, avec une économie de traits et de décors. C'est une histoire dédiée au divertissement dans un cadre exotique. L'auteur veut emmener ses lecteurs sur la planète Abadon, auprès de ses deux héros, un couple de guerriers amoureux qui veut se retrouver. Le cas de ces derniers est d'ailleurs un peu particulier car on les présente d'emblée comme des guerriers d'élites de la Terre, capable de combattre à mains nues et avec des armes incroyables des robots surpuissants, tandis qu'une fois naufragés sur la planète on ne dirait plus que des adolescents inoffensifs tout au plus capable de donner un coup de pied qui ne fait pas grand chose. Difficile de les appréhender en tant que héros dans ces conditions, leur rôle pour ce qui est du tome 1 est assez passif. C'est une lecture plutôt agréable mais j'ai trouvé qu'elle manquait de rythme. Une fois les héros débarqués sur la planète Abadon, il y a un temps de mise en place qui traine en longueur et frôle les limites de l'ennui. L'auteur fait durer son intrigue puisqu'au bout de 250 pages, les deux héros s'éparpillent dans des directions différentes, on ne voit pas encore comment ils vont pouvoir se retrouver et le cœur de l'action en tant que telle semble encore loin. Je reste donc un peu circonspect. La planète où ils ont atterri ne fait pour le moment pas suffisamment preuve d'originalité pour capter ma curiosité et j'attends encore que la mayonnaise prenne pour me donner pour de bon envie de lire la suite.