Un diptyque que je connais depuis son origine et pour lequel je garde beaucoup de sympathie, même si ma récente relecture est plus modérée que mon souvenir.
Je pense (et je suis même certain) que sans ce dessinateur aux manettes, le plaisir de lecture serait bien moindre. L’auteur s’est depuis amélioré sur sa narration mais on trouve déjà son trait si caractéristique, lisible entre réalisme et humour. Les nombreux personnages sont tous bien campés et on suit avec sympathie cette grande troupe.
Le scénario n’est pas en reste même si j’ai des choses à redire, il est à l’image du foutoir orchestré dans les bayous de la Nouvelle-Orléans. Heureusement que l’œuvre jouit d’une belle fluidité sinon on aurait vite fait d’être perdu avec les x factions qui se courent après.
Donc voilà il y a plein de bonnes idées, les personnages sont attachants mais trop esquissés pour s’émouvoir de leurs trajectoires, ça va trop vite et si j’ai aimé la fin, elle me paraît précipitée (comme si d’autres tomes étaient prévus mais qu’il a fallu écourter la série).
La farce perd un peu en force et finalement je m’interroge toujours comme d’autres sur le rôle du chat.
Pas un indispensable de l’auteur, mais un album sur lequel on peut s’attarder pour peu qu’on soit amateur d’absurde.
C’est juste plus inégal en terme d’humour que d’autres de sa bibliographie.
Certains gags ou répliques valent vraiment leur pesant de cacahuètes (comme souligner par mes prédécesseurs, la plupart sont ceux en dehors de la conversation familiale). Cependant on ressent bien aussi quelques longueurs en cours de lecture, notamment dans le dernier acte.
Reste que respect à l’auteur pour tenir son histoire avec une idée si « maigre », à savoir les sujets de discussion lors du repas dominical. Ce n’est pas aussi hilarant qu’espéré (nota : je pense qu’on met tous la barre très haute avec cet auteur maintenant) mais je me suis suffisamment marré pour recommander.
Un album dont je ne sais trop quoi penser. Je n’ai pas détesté mais ça m’est passé un peu au dessus, en tout cas j’en suis sorti moins enthousiaste que Noirdésir.
Le moins que l’on puisse dire c’est que c’est assez spécial. Je reconnais l’audace des auteurs mais sans y avoir vraiment succombé.
Déjà pas bien fan du format une image par page et le dessin un peu stylisé ne m’a pas attrapé.
Cependant je trouve que les auteurs exploitent bien leur idée, même si c’est bien foutraque et décalé comme univers, il y a quelques détails incongrus (Barthélémy de Philémon …) et la fin est plutôt belle.
Donc voilà, pas totalement hermétique à ce cocktail faussement érotique un peu onirique, à la fois trash et tout en pudeur. Ça reste bien pour public averti, mais pour le coup plus celui de Télérama que de Tabou ou Dynamite.
Ce n’est pas vraiment le même propos mais ça m’a nettement plus emballé comme exercice que La Nouvelle pornographie de Trondheim.
Amoureuse de la mer, je suis plus attirée par l’état méditatif dans lequel peut plonger un voyage en voilier qu’à la performance. Ceci-étant, je suis de plus ou moins loin les courses autour du monde, le nom de Clarisse Crémer ne m’était donc pas étranger, et c’est naturellement que j’ai été attirée par cet album qui suit son parcours lors de l’édition du Vendée Globe 2020.
Au-delà de la compétition, l’album aborde les détails sur l’organisation de la vie à bord durant les 3 mois où elle a navigué en solitaire, mais également d’autres aspects, comme son émerveillement face au monde maritime, ses réflexions sur l’impact environnemental d’une telle course, ainsi que la place des femmes dans un univers historiquement très masculin.
Sa perception de la course, ses doutes et réflexions sont peut-être communs à tous les marins, mais je n’ai pas pu m’empêcher d’y voir un point de vue assez féminin, à commencer par le titre : un marin homme aurait-il avoué aussi ouvertement ses peurs (parfaitement légitimes par ailleurs) ? Je me suis retrouvée dans une certaine mesure dans le portrait qu’elle dresse d’elle-même (le syndrome de l’imposteur, les doutes, la sensibilité), c’est sans doute pour cela que c’est l’aspect de l’ouvrage qui m’a le plus parlé.
J'ai apprécié le dessin et la narration efficaces de Maud Bénézit, ainsi que le regard plein d'auto-dérision de Clarisse Cremer sur son parcours.
Un joli voyage en BD qui séduira sans doute surtout les amateurs de voile sportive ou de plaisance.
Il y a des jours où j'ai envie d'une lecture agréable et légère, et Rabaté y a déjà bien répondu avec Les Petits Ruisseaux ou Vive la marée ! que j'ai beaucoup aimés.
On est ici sur l’histoire d’un type qui galère dans une campagne où l’amour se fait rare. Didier, c’est un gars ordinaire, un peu paumé, qui vit avec sa sœur Soazig dans une ferme bretonne. Il n’a jamais vraiment trouvé sa place, que ce soit en amour ou dans la vie en général. Rabaté nous plonge dans une ambiance rurale, bien loin des clichés idylliques, avec des personnages qui ont des vraies gueules et des vrais problèmes.
Le récit est simple, sans prétention, mais bien orchestré. Didier, en quête d’amour, finit par s’inscrire sur un site de rencontres. On sent l’influence d"une certaine émission télévisuelle, mais Rabaté ne se contente pas de la parodier. Il explore avec un humour doux-amer la solitude, les petits espoirs, et les désillusions de ces gens coincés dans un coin de France souvent oublié. Il y a une vraie tendresse pour ces personnages, même si l’histoire reste légère, sans grande profondeur. Et c'est franchement ce que j'aime avec Pascal Rabaté.
Le dessin de François Ravard colle parfaitement à l’ambiance. Avec ses traits simples et ses couleurs un peu passées, il rend bien l’atmosphère de cette campagne où rien n’est glamour. Les personnages sont attachants, même si on pourrait reprocher au récit de rester un peu en surface. Il manque peut-être ce petit quelque chose qui ferait que l’histoire reste en mémoire plus longtemps, un peu plus de développement sur le passé des personnages, par exemple. C'est peut être le principal reproche que j'aurais à faire cette fois au même Pascal Rabaté, j'ai l'impression de lire des demi histoires.
Malgré tout il sait raconter les petites vies sans jamais sombrer dans le mélodrame. C’est une lecture agréable, qui se lit vite, avec le sourire, mais qui ne cherche pas à être plus que ce qu’elle est : une chronique simple et humaine, avec une touche d’humour et de mélancolie. Un album sympathique, sans révolutionner le genre, mais qui fait passer un bon moment.
Avec ce « Journal de 1985 », Xavier Coste, conforté par l’accueil critique et public de son « 1984 », ne s’est pas reposé sur ses lauriers. Admirateur d’Orwell, il remet les couverts en reprenant de nouveau l’univers de l’écrivain, univers qu’il s’est si bien approprié dans son adaptation qu’on pourrait y voir ici une suite logique. Un projet qui requérait tout de même un minimum d’audace, « 1984 » faisant office aujourd’hui de monument de science-fiction. Coste a donc extrapolé l’œuvre du maître en concevant un nouveau scénario et de nouveaux personnages.
Pour ce projet très ambitieux, on devine parfaitement la somme de travail qu’il a fallu à l’auteur. Celui-ci a su construire, en collaboration avec Philip Börgn, un scénario plutôt fluide, qui nous emmène dans les pas de Lloyd, un jeune homme rentré en résistance à travers un réseau clandestin. L’action se déroule dans un Londres fantomatique, gangréné par la misère et menacé par la ruine. Les caméras de Big Brother sont omniprésentes et le contrôle des citoyens implacable. Lloyd a décidé de raconter son quotidien qu’il ne consignera pas sur papier, le danger étant beaucoup trop grand de se faire repérer par la Police de la pensée. Ce journal sera « mental », et les phrases iront « se cacher dans un recoin obscur de [son] cerveau ». Il importe de ne laisser aucune trace, aucun écrit. Par la suite, Lloyd sera abordé par un inconnu qui lui ressemble comme deux gouttes d’eau, débouchant sur un twist intéressant dans la narration. Il s’agit de son frère jumeau, Gordon, qu’il n’avait pas revu depuis des années, ce frère qui avait dénoncé ses parents en possession d’un livre de poésie…
A travers ce récit, de la même façon qu’il l’avait fait avec « 1984 », Coste exprime une fois encore sa crainte viscérale de voir une société fascisante utiliser la technologie de surveillance pour neutraliser toute opposition citoyenne. Cela reste puissant et convaincant dans le propos. Néanmoins, s’il y a du bon dans ce « Journal de 1985 », il y a aussi du moins bon, qui aurait plus à voir avec la narration, où on peut relever ça et là quelques légères incohérences, que les lecteurs relèveront peut-être par eux-mêmes (impossible de le dire ici sans spolier), même si globalement le récit reste lisible. Pour ma part, j’ai noté une contradiction flagrante entre la page 66 et la page 121 : dans un premier temps, Lloyd repense à son frère qui dénonça ses parents en possession du livre, mais ensuite, c’est lui-même qui procède à cette dénonciation, avec un sentiment de culpabilité qui le poursuivra.
Quant au dessin, il demeure toujours d’une grande qualité artistique pour dépeindre cette glaçante dystopie. Toujours au bord de l’esquisse, dans une bichromie changeante aux couleurs maladives, le trait de Xavier Coste reste acéré, volontairement ingrat, froid et coupant, mais totalement en phase avec l’univers lugubre d’Orwell.
Sans atteindre le niveau du livre original et de son adaptation, « Journal de 1985 » s’avère une lecture honnête mais qui ne se détache pas suffisamment de l’œuvre parente pour se placer en incontournable. Le propos est aussi pessimiste, avec une mince lueur d’espoir à la fin, et le personnage de Lloyd reste finalement assez similaire à celui de Winston pour créer vraiment la surprise.
Un bel album.
Je suis limite peiné de ne mettre que 3* tant il n’y a pas de vrais défauts.
Depuis un certain diptyque, l’auteur n’est plus un inconnu, un plaisir de le retrouver. On connait son trait d’une belle finesse mais c’est la première fois que je le découvre au scénario.
Ses courts récits, qui mettent à l’honneur différents personnages féminins, sont à l’image de son dessin. J’ai trouvé l’ensemble d’une belle élégance, l’auteur propose un beau panel de portraits, le ton m’a paru juste et intelligent.
Franchement rien à dire de méchant, une lecture fluide et sympathique. J’ai bien aimé mais (le fameux mais) ça ne m’a transporté/touché plus que ça. Il m’a manqué un truc pour me convaincre totalement, là ça me semble trop anecdotique.
Je me suis arrêté sur cet album pour le trait de Vincent Bailly que j’avais redécouvert avec Partitions irlandaises et bien sûr pour le prix des lecteurs bdtheque.
Même si je ne mets que 3*, je vous encourage à découvrir ce tome si vous en avez l’occasion. A titre personnel, je ne le relirai jamais mais je suis content de l’avoir lu.
La partie graphique m’a finalement un peu déçu, un rendu trop esquissé, je lui ai trouvé beaucoup moins de charme que dans la série citée plus haut. Avec les nombreuses conversations qui jonchent l’album, la lecture m’a paru un peu lourde.
Par contre, rien a dire sur la remise en lumière de ce fameux rapport, même s’ils ne m’ont qu’à moitié surpris, les faits m’étaient inconnus. D’un côté, je suis heureux de découvrir des personnalités comme celle de Brazza (surtout pour l’époque), d’un autre ça fait froid dans le dos. Ce n’est pas cet album qui va vous (re)donner confiance envers les politiques, industriels & co.
Autre époque mais la finalité reste la même.
C'est avec cette adaptation du roman éponyme de Franck Bouysse que je découvre le travail de Borris. Et franchement, ça vaut le détour !
L'histoire nous emmène dans les Cévennes profondes où vit solitairement Gus. Son chien Mars et son voisin Abel sont les rares âmes à proximité qui viennent rompre cette solitude quotidienne. Mais cette routine bien huilée va prendre du plomb dans l'aile quand d'étranges visiteurs viennent trainer dans le coin et que Gus retrouve des traces de sang près de chez son ami Abel...
C'est avant tout le savant équilibre graphique que Borris distille au fil du récit qui donne toute sa singularité à cette adaptation. J'ai beaucoup apprécié ce trait qui oscille entre réalisme et caricature et sa gestion des couleurs. Borris en joue de façon intelligente, insérant dans ses planches de camaïeu de gris des bleus ou des rouges sanglants ; certains flashbacks donnent lieu à des pages entièrement colorisées ou à des noir et blanc tranchants. C'est plutôt bien vu et pertinent, renforçant les ambiances déjà pesantes qui forgent la narration.
Ma seule réserve tient plus au scénario... ou à son adaptation, je ne sais lequel blâmer. J'ai trouvé que les révélations finales arrivaient un peu abruptement. Alors certes, cela remet en perspective la vie et le comportement de certains des protagonistes, mais j'aime avoir une chance de "deviner" le pourquoi du comment dans ce genre de récit noir, là, ça parait impossible.
Sorti de cette remarque, c'est une très bel album, très réussi sur ses ambiances, qui donne envie d'aller suivre le travail de Boris.
(3.5/5)
On a là la biographie d’un de ces anonymes qui ont eu une vie plus que rempli, et dont l’Histoire n’a jamais reconnu le rôle, le courage dont ils ont souvent fait preuve. Il faut dire qu’être anarchiste n’aide pas pour une reconnaissance médiatique ou institutionnelle !
En tout cas Marret est un homme attachant qui, malgré les nombreuses « bifurcations » de sa vie, n’a jamais trahi les idéaux de sa jeunesse. Engagé dans la guerre d’Espagne, espion et résistant durant la guerre, participant à des voyages d’exploration antarctiques, puis documentariste autour des luttes anticoloniales et des luttes sociales dans les usines, pour finir embourgeoisé, psychanalyste (pour le coup pas la période la plus passionnante – d’ailleurs cette partie est rapidement expédiée), voilà un bonhomme qui n’a eu le temps ni de s’ennuyer, ni de fonder une famille (mais ça n’a jamais été son projet, et il a très tôt pris une décision radicale pour ne pas avoir d'enfant) – ni de s’ancrer en un lieu, d’ailleurs.
Un personnage un peu taiseux, très attachant quand même, avec une vie remplie. Mais je trouve que la narration est trop froide, et des ellipses plus ou moins longues entre chaque période/occupation de Marret sont bizarres, les transitions manquent – et auraient pu être intéressantes pour comprendre l’évolution de la personnalité et de la vie de Marret.
Le dessin est très lisible, avec un trait gras. Mais le rendu est un peu bizarre (sans être gênant), donnant quelque chose comme insolé, comme un négatif (la couleur n’apparait que sur de très rares cases).
Une lecture intéressante en tout cas.
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Kochka
Un diptyque que je connais depuis son origine et pour lequel je garde beaucoup de sympathie, même si ma récente relecture est plus modérée que mon souvenir. Je pense (et je suis même certain) que sans ce dessinateur aux manettes, le plaisir de lecture serait bien moindre. L’auteur s’est depuis amélioré sur sa narration mais on trouve déjà son trait si caractéristique, lisible entre réalisme et humour. Les nombreux personnages sont tous bien campés et on suit avec sympathie cette grande troupe. Le scénario n’est pas en reste même si j’ai des choses à redire, il est à l’image du foutoir orchestré dans les bayous de la Nouvelle-Orléans. Heureusement que l’œuvre jouit d’une belle fluidité sinon on aurait vite fait d’être perdu avec les x factions qui se courent après. Donc voilà il y a plein de bonnes idées, les personnages sont attachants mais trop esquissés pour s’émouvoir de leurs trajectoires, ça va trop vite et si j’ai aimé la fin, elle me paraît précipitée (comme si d’autres tomes étaient prévus mais qu’il a fallu écourter la série). La farce perd un peu en force et finalement je m’interroge toujours comme d’autres sur le rôle du chat.
Formica - Une tragédie en trois actes
Pas un indispensable de l’auteur, mais un album sur lequel on peut s’attarder pour peu qu’on soit amateur d’absurde. C’est juste plus inégal en terme d’humour que d’autres de sa bibliographie. Certains gags ou répliques valent vraiment leur pesant de cacahuètes (comme souligner par mes prédécesseurs, la plupart sont ceux en dehors de la conversation familiale). Cependant on ressent bien aussi quelques longueurs en cours de lecture, notamment dans le dernier acte. Reste que respect à l’auteur pour tenir son histoire avec une idée si « maigre », à savoir les sujets de discussion lors du repas dominical. Ce n’est pas aussi hilarant qu’espéré (nota : je pense qu’on met tous la barre très haute avec cet auteur maintenant) mais je me suis suffisamment marré pour recommander.
Q
Un album dont je ne sais trop quoi penser. Je n’ai pas détesté mais ça m’est passé un peu au dessus, en tout cas j’en suis sorti moins enthousiaste que Noirdésir. Le moins que l’on puisse dire c’est que c’est assez spécial. Je reconnais l’audace des auteurs mais sans y avoir vraiment succombé. Déjà pas bien fan du format une image par page et le dessin un peu stylisé ne m’a pas attrapé. Cependant je trouve que les auteurs exploitent bien leur idée, même si c’est bien foutraque et décalé comme univers, il y a quelques détails incongrus (Barthélémy de Philémon …) et la fin est plutôt belle. Donc voilà, pas totalement hermétique à ce cocktail faussement érotique un peu onirique, à la fois trash et tout en pudeur. Ça reste bien pour public averti, mais pour le coup plus celui de Télérama que de Tabou ou Dynamite. Ce n’est pas vraiment le même propos mais ça m’a nettement plus emballé comme exercice que La Nouvelle pornographie de Trondheim.
J'y vais mais j'ai peur
Amoureuse de la mer, je suis plus attirée par l’état méditatif dans lequel peut plonger un voyage en voilier qu’à la performance. Ceci-étant, je suis de plus ou moins loin les courses autour du monde, le nom de Clarisse Crémer ne m’était donc pas étranger, et c’est naturellement que j’ai été attirée par cet album qui suit son parcours lors de l’édition du Vendée Globe 2020. Au-delà de la compétition, l’album aborde les détails sur l’organisation de la vie à bord durant les 3 mois où elle a navigué en solitaire, mais également d’autres aspects, comme son émerveillement face au monde maritime, ses réflexions sur l’impact environnemental d’une telle course, ainsi que la place des femmes dans un univers historiquement très masculin. Sa perception de la course, ses doutes et réflexions sont peut-être communs à tous les marins, mais je n’ai pas pu m’empêcher d’y voir un point de vue assez féminin, à commencer par le titre : un marin homme aurait-il avoué aussi ouvertement ses peurs (parfaitement légitimes par ailleurs) ? Je me suis retrouvée dans une certaine mesure dans le portrait qu’elle dresse d’elle-même (le syndrome de l’imposteur, les doutes, la sensibilité), c’est sans doute pour cela que c’est l’aspect de l’ouvrage qui m’a le plus parlé. J'ai apprécié le dessin et la narration efficaces de Maud Bénézit, ainsi que le regard plein d'auto-dérision de Clarisse Cremer sur son parcours. Un joli voyage en BD qui séduira sans doute surtout les amateurs de voile sportive ou de plaisance.
Didier, la 5e roue du tracteur
Il y a des jours où j'ai envie d'une lecture agréable et légère, et Rabaté y a déjà bien répondu avec Les Petits Ruisseaux ou Vive la marée ! que j'ai beaucoup aimés. On est ici sur l’histoire d’un type qui galère dans une campagne où l’amour se fait rare. Didier, c’est un gars ordinaire, un peu paumé, qui vit avec sa sœur Soazig dans une ferme bretonne. Il n’a jamais vraiment trouvé sa place, que ce soit en amour ou dans la vie en général. Rabaté nous plonge dans une ambiance rurale, bien loin des clichés idylliques, avec des personnages qui ont des vraies gueules et des vrais problèmes. Le récit est simple, sans prétention, mais bien orchestré. Didier, en quête d’amour, finit par s’inscrire sur un site de rencontres. On sent l’influence d"une certaine émission télévisuelle, mais Rabaté ne se contente pas de la parodier. Il explore avec un humour doux-amer la solitude, les petits espoirs, et les désillusions de ces gens coincés dans un coin de France souvent oublié. Il y a une vraie tendresse pour ces personnages, même si l’histoire reste légère, sans grande profondeur. Et c'est franchement ce que j'aime avec Pascal Rabaté. Le dessin de François Ravard colle parfaitement à l’ambiance. Avec ses traits simples et ses couleurs un peu passées, il rend bien l’atmosphère de cette campagne où rien n’est glamour. Les personnages sont attachants, même si on pourrait reprocher au récit de rester un peu en surface. Il manque peut-être ce petit quelque chose qui ferait que l’histoire reste en mémoire plus longtemps, un peu plus de développement sur le passé des personnages, par exemple. C'est peut être le principal reproche que j'aurais à faire cette fois au même Pascal Rabaté, j'ai l'impression de lire des demi histoires. Malgré tout il sait raconter les petites vies sans jamais sombrer dans le mélodrame. C’est une lecture agréable, qui se lit vite, avec le sourire, mais qui ne cherche pas à être plus que ce qu’elle est : une chronique simple et humaine, avec une touche d’humour et de mélancolie. Un album sympathique, sans révolutionner le genre, mais qui fait passer un bon moment.
Journal de 1985
Avec ce « Journal de 1985 », Xavier Coste, conforté par l’accueil critique et public de son « 1984 », ne s’est pas reposé sur ses lauriers. Admirateur d’Orwell, il remet les couverts en reprenant de nouveau l’univers de l’écrivain, univers qu’il s’est si bien approprié dans son adaptation qu’on pourrait y voir ici une suite logique. Un projet qui requérait tout de même un minimum d’audace, « 1984 » faisant office aujourd’hui de monument de science-fiction. Coste a donc extrapolé l’œuvre du maître en concevant un nouveau scénario et de nouveaux personnages. Pour ce projet très ambitieux, on devine parfaitement la somme de travail qu’il a fallu à l’auteur. Celui-ci a su construire, en collaboration avec Philip Börgn, un scénario plutôt fluide, qui nous emmène dans les pas de Lloyd, un jeune homme rentré en résistance à travers un réseau clandestin. L’action se déroule dans un Londres fantomatique, gangréné par la misère et menacé par la ruine. Les caméras de Big Brother sont omniprésentes et le contrôle des citoyens implacable. Lloyd a décidé de raconter son quotidien qu’il ne consignera pas sur papier, le danger étant beaucoup trop grand de se faire repérer par la Police de la pensée. Ce journal sera « mental », et les phrases iront « se cacher dans un recoin obscur de [son] cerveau ». Il importe de ne laisser aucune trace, aucun écrit. Par la suite, Lloyd sera abordé par un inconnu qui lui ressemble comme deux gouttes d’eau, débouchant sur un twist intéressant dans la narration. Il s’agit de son frère jumeau, Gordon, qu’il n’avait pas revu depuis des années, ce frère qui avait dénoncé ses parents en possession d’un livre de poésie… A travers ce récit, de la même façon qu’il l’avait fait avec « 1984 », Coste exprime une fois encore sa crainte viscérale de voir une société fascisante utiliser la technologie de surveillance pour neutraliser toute opposition citoyenne. Cela reste puissant et convaincant dans le propos. Néanmoins, s’il y a du bon dans ce « Journal de 1985 », il y a aussi du moins bon, qui aurait plus à voir avec la narration, où on peut relever ça et là quelques légères incohérences, que les lecteurs relèveront peut-être par eux-mêmes (impossible de le dire ici sans spolier), même si globalement le récit reste lisible. Pour ma part, j’ai noté une contradiction flagrante entre la page 66 et la page 121 : dans un premier temps, Lloyd repense à son frère qui dénonça ses parents en possession du livre, mais ensuite, c’est lui-même qui procède à cette dénonciation, avec un sentiment de culpabilité qui le poursuivra. Quant au dessin, il demeure toujours d’une grande qualité artistique pour dépeindre cette glaçante dystopie. Toujours au bord de l’esquisse, dans une bichromie changeante aux couleurs maladives, le trait de Xavier Coste reste acéré, volontairement ingrat, froid et coupant, mais totalement en phase avec l’univers lugubre d’Orwell. Sans atteindre le niveau du livre original et de son adaptation, « Journal de 1985 » s’avère une lecture honnête mais qui ne se détache pas suffisamment de l’œuvre parente pour se placer en incontournable. Le propos est aussi pessimiste, avec une mince lueur d’espoir à la fin, et le personnage de Lloyd reste finalement assez similaire à celui de Winston pour créer vraiment la surprise.
DesSeins
Un bel album. Je suis limite peiné de ne mettre que 3* tant il n’y a pas de vrais défauts. Depuis un certain diptyque, l’auteur n’est plus un inconnu, un plaisir de le retrouver. On connait son trait d’une belle finesse mais c’est la première fois que je le découvre au scénario. Ses courts récits, qui mettent à l’honneur différents personnages féminins, sont à l’image de son dessin. J’ai trouvé l’ensemble d’une belle élégance, l’auteur propose un beau panel de portraits, le ton m’a paru juste et intelligent. Franchement rien à dire de méchant, une lecture fluide et sympathique. J’ai bien aimé mais (le fameux mais) ça ne m’a transporté/touché plus que ça. Il m’a manqué un truc pour me convaincre totalement, là ça me semble trop anecdotique.
Congo 1905 - Le Rapport Brazza
Je me suis arrêté sur cet album pour le trait de Vincent Bailly que j’avais redécouvert avec Partitions irlandaises et bien sûr pour le prix des lecteurs bdtheque. Même si je ne mets que 3*, je vous encourage à découvrir ce tome si vous en avez l’occasion. A titre personnel, je ne le relirai jamais mais je suis content de l’avoir lu. La partie graphique m’a finalement un peu déçu, un rendu trop esquissé, je lui ai trouvé beaucoup moins de charme que dans la série citée plus haut. Avec les nombreuses conversations qui jonchent l’album, la lecture m’a paru un peu lourde. Par contre, rien a dire sur la remise en lumière de ce fameux rapport, même s’ils ne m’ont qu’à moitié surpris, les faits m’étaient inconnus. D’un côté, je suis heureux de découvrir des personnalités comme celle de Brazza (surtout pour l’époque), d’un autre ça fait froid dans le dos. Ce n’est pas cet album qui va vous (re)donner confiance envers les politiques, industriels & co. Autre époque mais la finalité reste la même.
Grossir le ciel
C'est avec cette adaptation du roman éponyme de Franck Bouysse que je découvre le travail de Borris. Et franchement, ça vaut le détour ! L'histoire nous emmène dans les Cévennes profondes où vit solitairement Gus. Son chien Mars et son voisin Abel sont les rares âmes à proximité qui viennent rompre cette solitude quotidienne. Mais cette routine bien huilée va prendre du plomb dans l'aile quand d'étranges visiteurs viennent trainer dans le coin et que Gus retrouve des traces de sang près de chez son ami Abel... C'est avant tout le savant équilibre graphique que Borris distille au fil du récit qui donne toute sa singularité à cette adaptation. J'ai beaucoup apprécié ce trait qui oscille entre réalisme et caricature et sa gestion des couleurs. Borris en joue de façon intelligente, insérant dans ses planches de camaïeu de gris des bleus ou des rouges sanglants ; certains flashbacks donnent lieu à des pages entièrement colorisées ou à des noir et blanc tranchants. C'est plutôt bien vu et pertinent, renforçant les ambiances déjà pesantes qui forgent la narration. Ma seule réserve tient plus au scénario... ou à son adaptation, je ne sais lequel blâmer. J'ai trouvé que les révélations finales arrivaient un peu abruptement. Alors certes, cela remet en perspective la vie et le comportement de certains des protagonistes, mais j'aime avoir une chance de "deviner" le pourquoi du comment dans ce genre de récit noir, là, ça parait impossible. Sorti de cette remarque, c'est une très bel album, très réussi sur ses ambiances, qui donne envie d'aller suivre le travail de Boris. (3.5/5)
Quatre vies de Mario Marret
On a là la biographie d’un de ces anonymes qui ont eu une vie plus que rempli, et dont l’Histoire n’a jamais reconnu le rôle, le courage dont ils ont souvent fait preuve. Il faut dire qu’être anarchiste n’aide pas pour une reconnaissance médiatique ou institutionnelle ! En tout cas Marret est un homme attachant qui, malgré les nombreuses « bifurcations » de sa vie, n’a jamais trahi les idéaux de sa jeunesse. Engagé dans la guerre d’Espagne, espion et résistant durant la guerre, participant à des voyages d’exploration antarctiques, puis documentariste autour des luttes anticoloniales et des luttes sociales dans les usines, pour finir embourgeoisé, psychanalyste (pour le coup pas la période la plus passionnante – d’ailleurs cette partie est rapidement expédiée), voilà un bonhomme qui n’a eu le temps ni de s’ennuyer, ni de fonder une famille (mais ça n’a jamais été son projet, et il a très tôt pris une décision radicale pour ne pas avoir d'enfant) – ni de s’ancrer en un lieu, d’ailleurs. Un personnage un peu taiseux, très attachant quand même, avec une vie remplie. Mais je trouve que la narration est trop froide, et des ellipses plus ou moins longues entre chaque période/occupation de Marret sont bizarres, les transitions manquent – et auraient pu être intéressantes pour comprendre l’évolution de la personnalité et de la vie de Marret. Le dessin est très lisible, avec un trait gras. Mais le rendu est un peu bizarre (sans être gênant), donnant quelque chose comme insolé, comme un négatif (la couleur n’apparait que sur de très rares cases). Une lecture intéressante en tout cas.