Un documentaire parlant de deux psychiatres qui ont eu une influence sur les comics. Le premier, Fredric Wertham, en écrivant un livre sur le danger supposé des comics, et le second, William Moulton Marston, en créant la plus célèbre des super-héroïnes, à savoir Wonder Woman.
Lire la vie de ses deux hommes est intéressant car ils ont tous deux une vie bien riche qui ne se résume pas qu'à leur travail sur les comics books ou dans l'industrie elle-même. Les auteurs évitent de faire dans du manichéisme en montrant que les deux hommes avaient leurs bons et leurs mauvais points. En fait, Wertham aurait pu finir avec une réputation d'homme en avance sur son temps s'il avait continué à s'occuper des vétérans de l'armée et à combattre la ségrégation raciale et qu'il avait laissé les comics tranquilles.
On n'échappe pas aux problèmes récurrents des biographiques en BD, à savoir que l'on survole une suite d'anecdotes et que des éléments auraient pu être plus approfondis. Le dessin est correct, mais je trouve que le lettrage est parfois un peu trop petit.
Pas mal comme BD, mais j'avoue avoir été légèrement déçu au sortir de ma lecture. Le début annonce vite la couleur, avec ce travailleur qui se fait retirer le permis et perd ainsi son emploi, lui qui se sent incapable de faire autre chose. Mais en tant qu'habitant des quartiers, et serbe de surcroit, il côtoie beaucoup de monde. Et pas du beau ...
C'est un récit qui sent le béton des cités, il n'y a pas à dire. Je n'ai aucune connaissance de ces lieux dans lesquels je n'ai jamais vécu et où je ne suis jamais allé, mais on sent ici la misère sociale et les combines de partout. Je ne sais pas si c'est représentatif, mais ça donne très peu envie d'y aller. Surtout que le récit va dévoiler tout les trafics qui peuvent s'opérer sur place, c'est assez édifiant.
Le récit commence donc avec ce type qui devient indic contre sa volonté, harponné par un flic qui ne fait pas trop dans les règles et veut avoir des coups d'éclats. Puis Gost se rend compte qu'il peut se prendre au jeu pour se faire de l'argent, petit à petit, jouant un jeu bien dangereux. Le tout entraine rapidement dans les arcanes des indics de la police, des trafics en tout genre, avec les différences d'ethnies et de nationalités qui les fédèrent.
Le récit est centré sur ses personnages, explorant d'une part le fonctionnement de la Police (et les soucis qui vont avec) tandis que l'autre partie présente les cités, les trafics et les différentes strates du banditisme (des simples exécutants au têtes pensantes). L'ensemble prend aussi le temps de présenter la vie de famille d'un gars simple et ordinaire, notamment la question de sa famille et de sa fille. C'est un ensemble assez dense qui est présenté.
Et pourtant, au sortir de ma lecture je dois dire que j'ai trouvé l'ensemble curieusement "léger". L'histoire suit un déroulé pas franchement riche en rebondissement et si plusieurs passages sont plus orientés polar, ça reste assez souvent basique dans l'exécution. Il n'y a pas de surprises, je trouve, notamment dans les caractères des personnages qui évoluent peu. Le mutisme de Goran joue également contre lui, rendant le personnage assez peu intéressant. C'est surtout les scènes familiales qui m'ont semblé rajouter de l'épaisseur.
En somme, une BD sur un sujet intéressant, pas excessivement traité dans le domaine, mais dont l'ensemble manque de quelque chose qui le rende réellement marquant. En l'état, ça m'a paru bon mais pas indispensable comme lecture.
Après avoir lu le décevant Sunlight, je reviens à la collection Flesh & Bones de Glénat, et c'est un peu meilleur. D'une part, le scénario de Sylvain Runberg, sans être d'une originalité folle, se révèle d'une belle efficacité, et surtout, le dessin de Chee Yang Ong est vraiment magnifique ! Son trait extrêmement réaliste nous offre une élégance qui fait plaisir à contempler.
Au niveau du scénario, malgré des personnages assez interchangeables (j'ai parfois eu du mal à bien en distinguer certains), le récit plonge à fond dans le mystère, dans une première moitié particulièrement convaincante. Puis, comme c'est souvent le cas, quand la nature de la menace commence à se préciser, le récit a tendance à retomber un peu. Il ne tombe clairement pas assez bas, et reste de qualité jusqu'à la fin, mais on revient sur un terrain un peu plus connu, je trouve ça légèrement dommage.
Malgré ça, ça se laisse lire avec un vrai plaisir. L'atmosphère est prenante, et on tourne les pages sans jamais se forcer, en basculant peu à peu dans une horreur de plus en plus sanglante, bien aidé en cela par le somptueux dessin. Donc même si ça ne me restera sans doute pas des mois en mémoire, ça reste une bande dessinée très belle et agréable à lire. On prend toujours.
Tiens, voilà un album d’Andreas qui ne joue pas sur son fantastique habituel, et qui se révèle aussi bien plus sage et « classique » qu’à l’habitude en ce qui concerne l’élaboration des planches. Rien de déstructuré ici – en tout cas on y trouve moins sa marque.
Il nous donne une vision de la guerre d’Espagne – mais aussi par ricochet de la guerre tout simplement – assez noire, triste, désespérée.
L’intrigue est assez linéaire. Durant la guerre d’Espagne, en 1937, nous suivons une dizaine de « volontaires » des brigades internationales, qui cherchent à rejoindre un village tenu par des Républicains. Du début jusqu’à la fin tout se passe mal, et ils meurent les uns après les autres, leur triste périple illustrant l’absurdité de la guerre.
Leur petite équipe est aussi gangrénée par les différences de personnalité. En effet, du révolutionnaire exalté et « pur » à l’Américain qui n’y voit qu’une opportunité de carrière, en passant par la catholique qui se cherche, et quelques déçus de la vie cherchant une rédemption ou un idéal à défendre, les degrés d’engagement, les convictions politiques divergent singulièrement : la cohésion manque.
Une vision pathétique. Andreas ne juge pas, aucun camp n’est stigmatisé ou mis en avant. C’est bien sa vision pessimiste qui domine ici.
Un récit intéressant, mais qui manque quand même un peu de profondeur.
C'est une BD que je classerais personnellement entre le "Pas mal" et le "Bof, sans plus". C'est assez dommage, j'aime beaucoup la couverture et ce qu'elle propose, mais l'intérieur m'a assez vite déçu.
Je n'ai pas grand chose à reprocher au dessin, quoique je trouve certaines façons de représenter les physiques un peu en décalage avec le reste. C'est assez réaliste dans le traitement global et certains détails font du coup assez tâche (les trainées noires sous les yeux par exemple). Mais globalement, c'est un très bon dessin.
J'ai eu plus de soucis avec l'histoire. Déjà, elle se déroule à la fois très lentement et très vite. Le temps s'étire dans le récit, faisant défiler des mois (ou des années, je n'ai pas trouvé ça très clair), tandis que le récit se déroule très lentement. Il ne se passe pas grand chose dans la première moitié de l'histoire qui est une mise en place pour la seconde partie du récit qui n'a pas le temps de bien se développer avant le final. Et c'est dommage, parce que certaines choses présentées ici aurait été intéressantes une fois plus développées.
Le récit s'ouvre sur le cliché bien éculé des jeunes femmes traitées de sorcières et envoyées au bucher par une église méchante (cliché qui m'énerve de plus en plus, mais admettons), puis se poursuivant avec cet ostracisme d'un garçon albinos. Le récit est assez clair dans son traitement, opposant des méchants intolérants et des sorcières représentant clairement la diversité (sexuelle notamment). On est pas dans de la construction très fine, et l'opposition entre homme et femme vient renforcer ces images très tranchées. Je sais que le récit s'adresse avant tout aux plus jeunes, mais je trouve que le traitement est tellement peu fin qu'il en devient caricatural. Et l'excuse de la jeunesse n'est pas obligatoire, des récits jeunesses peuvent se construire plus finement aussi (je repense ici à Bergères Guerrières sur des thématiques similaires).
Bref, je suis assez peu intéressé par le récit. Je trouve le message simpliste, trop même, et bien que la BD propose d'aborder des sujets que je trouve très pertinent, c'est assez léger dans le traitement. La question de l'opposition entre méchante église et gentilles sorcières n'a aucun fondement et la question du genre n'est même pas spécialement évoqué. C'est juste en filigrane et sans réelles interrogations de fond. Ça manque de corps, et lorsque je compare à d'autres lectures jeunesses que j'ai adoré, je trouve que "Rebis" est sympathique, sans grand plus. Pour plus jeune, sans doute.
Un polar très (trop ?) classique.
L'adaptation d'un roman de Franck Bouysse.
Dans la campagne profonde des Cévennes, deux fermes isolées. Gus vit seul avec son chien dans l'une d'elle depuis la mort de sa mère. Sa vie va basculer après la découverte de traces de sang non loin de la ferme voisine, celle où vit le vieil Abel.
Nous sommes en 2007, le journal télévisé annonce la mort de l'abbé Pierre. Il apparaîtra d'ailleurs à plusieurs reprises dans le récit, toujours dans les programmes télévisuels, il fera même une apparition dans le film "Les Cheyennnes" de John Ford. Des interventions qui ne font plus l'effet escompté depuis les révélations recentes d'agressions sexuelles (le roman date de 2014).
Un polar sombre qui va faire resurgir des secrets de famille, le rythme est lent et l'ambiance façon bout du monde est bien rendue. Par contre les personnages ne m'ont pas convaincu, ils manquent de profondeur et le huis clos ne fait pas grimper la tension au fil des pages.
Une lecture qui m'a moyennement captivé.
La partie visuelle est très agréable à regarder. Un beau noir et blanc au trait crasseux agrémenté de gris pour le présent, il laissera la place sur quelques planches à un noir et blanc tranché au trait fin et anguleux pour nous dévoiler les secrets de famille. La couleur n'est pas absente, le rouge fera son apparition pour le sang et la violence, ainsi qu'un fond bleu pour les passages télévisuelles/imaginaires. Mais aussi quatre planches en couleurs pour les seuls bons moments de la jeunesse de Gus.
Le point fort de cet album.
Un polar recommandable.
Une histoire étrange, intrigante, qui possède de réelles qualités. Mais aussi un gros défaut : l’album inaugural plante le lecteur, le laisse en plan, alors même que rien n’est expliqué. Quid de la pierre ? Des Stigmates qu’elle laisse sur les mains qui l’ont touchée ? Qui est ce personnage énigmatique qui suit nos héros ? Et qui est vraiment Mr Deeds, bricoleur de génie, sorte de nain à chapeau énorme ?
Une histoire atrophiée, frustrante donc. Car l’ambiance mystérieuse est intéressante, et dessin et colorisation, simples mais eux-aussi emplis d’étrangeté, sont plutôt agréables.
Du coup, cet album se révèle un peu vain, malgré ses qualités. Et les deux albums qui auraient dû compléter et clore l’histoire manquent cruellement pour apprécier cette lecture. On reste sur du fantastique bancal faute de « chute », et on ne comprend pas où cela allait nous mener. Mais, au vu de cet album, j’aurais bien aimé savoir ce que la fine équipe (Deeds au look improbable, Gary, voleur d’objets rares et Tani, la fille de la libraire, espiègle, forte tête, passionnée d’astronomie et de météorites) allait devenir. Des questions sans réponse.
Note réelle 2,5/5.
C’est une histoire intéressante, et relativement originale, mais qui m’a au final un peu laissé sur ma faim.
Si le personnage de Casanova est bien au centre du récit – la série s’inspire d’ailleurs d’un de ses récits – on n’y retrouve pas ce qui a fait sa célébrité. Le côté séducteur flamboyant n’apparait qu’en filigrane (lorsqu’une ou deux anciennes maitresses essayent de plaider sa cause pour lui sauver la mise). En fait, mises à part l’introduction et les dernières cases, le récit est presque un huis-clos dans lequel nous suivons Casanova dans les geôles vénitiennes – geôles surnommées « Les Plombs donc (un dialogue nous en donne l’étymologie).
Ce parti-pris est quelque peu original, mais un brin frustrant. Car, s’il permet de mettre en lumière -tout en restant tout le temps dans l’obscurité du cachot – certaines facettes de la personnalité de Casanova, mais aussi des aspects que je ne connaissais pas de la justice vénitienne, j’ai trouvé qu’il y avait des longueurs, que le récit peinait à renouveler l’intérêt du lecteur.
Je suis quand même arrivé au bout sans vraiment m’ennuyer, et j’ai apprécié le dessin moderne et très lisible, y compris dans les cases les plus sombres (j’ai lu les trois tomes originaux, et ne sais pas ce qui a été modifié dans l’intégrale). Mais je n’y reviendrai pas, car il m’a manqué quelques petits à côtés, qui auraient pu dynamiser le récit, et donner plus de coffre au personnage de Casanova, dont on ne peut que deviner la force ici, sans vraiment la voir.
C’est le premier tome de ce qui est annoncé comme un triptyque. Si le récit est essentiellement historique et militaire, les auteurs ont choisi d’y mêler une enquête policière – qui pour le moment reste quand même accessoire.
En 1947 un homme a été tué à Paris, et deux inspecteurs de police recherchent son meurtrier. Pour cela ils interrogent deux de ses proches, comme lui anciens membres d’un régiment de tirailleurs marocains durant la seconde guerre mondiale.
C’est ainsi que, sous couvert de répondre aux questions des enquêteurs, nos deux soldats racontent leur guerre, en commençant dans ce tome inaugural par la période qui va du débarquement américain en Afrique du nord de novembre 1942 à celui en Corse quelques mois plus tard.
L’enquête policière fait vraiment prétexte pour le moment, uniquement là pour relancer les témoignages/flash-backs sur la guerre, l’amitié, etc.
Un récit classique, sans surprise, que j’ai trouvé un peu mou pour le moment. Quant au dessin, il est lisible et fait le boulot, mais la colorisation manque de nuance.
Un dossier historique complète le récit, ce qui relève un peu un plat qui pour l’heure manque un peu de saveur. A voir pour la suite…
Note réelle 2,5/5.
Histoire bien sympathique d’un jeune homme en qui personne (ou presque) ne croit et qui décide de partir dans une épopée à travers les États-Unis pour vendre mille dindes.
C’est une œuvre pleine de bons sentiments (à tel point que j’y ai trouvé une légère forme de manichéisme, mais pas forcément assez pour que j’en fasse un défaut notable).
Les personnages sont simples mais fonctionnent bien, on s’attache à elleux et on veut les voir réussir dans leur entreprise. Entreprise commune puisque chacune des personnes accompagnant Simon partage son désir de faire ses preuves et surtout de (re)trouver sa place dans ce monde.
C’est l’adaptation d’un livre jeunesse (que je n’ai pas lu donc je ne pourrais pas m’étendre sur la qualité de ladite adaptation). Un-e lecteur-ice adulte pourra facilement trouver la lecture plaisante mais c’est avant tout une œuvre qui s’adresse à la jeunesse (le message positif, lui, reste universel).
C’est du bon, donc, mais j’avoue que je m’attendais à quelque chose d’un peu mieux (sans doute à cause de son prix à Angoulême et tous les avis positifs que j’ai pu voir ici).
C’est bien fait, hein, j’insiste, mais il m’a quand-même manqué ce petit plus qui m’aurait fait passer la note à 4 étoiles.
3 étoiles, donc, mais un bon 3 étoiles.
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Fredric, William et l'Amazone
Un documentaire parlant de deux psychiatres qui ont eu une influence sur les comics. Le premier, Fredric Wertham, en écrivant un livre sur le danger supposé des comics, et le second, William Moulton Marston, en créant la plus célèbre des super-héroïnes, à savoir Wonder Woman. Lire la vie de ses deux hommes est intéressant car ils ont tous deux une vie bien riche qui ne se résume pas qu'à leur travail sur les comics books ou dans l'industrie elle-même. Les auteurs évitent de faire dans du manichéisme en montrant que les deux hommes avaient leurs bons et leurs mauvais points. En fait, Wertham aurait pu finir avec une réputation d'homme en avance sur son temps s'il avait continué à s'occuper des vétérans de l'armée et à combattre la ségrégation raciale et qu'il avait laissé les comics tranquilles. On n'échappe pas aux problèmes récurrents des biographiques en BD, à savoir que l'on survole une suite d'anecdotes et que des éléments auraient pu être plus approfondis. Le dessin est correct, mais je trouve que le lettrage est parfois un peu trop petit.
GoSt111
Pas mal comme BD, mais j'avoue avoir été légèrement déçu au sortir de ma lecture. Le début annonce vite la couleur, avec ce travailleur qui se fait retirer le permis et perd ainsi son emploi, lui qui se sent incapable de faire autre chose. Mais en tant qu'habitant des quartiers, et serbe de surcroit, il côtoie beaucoup de monde. Et pas du beau ... C'est un récit qui sent le béton des cités, il n'y a pas à dire. Je n'ai aucune connaissance de ces lieux dans lesquels je n'ai jamais vécu et où je ne suis jamais allé, mais on sent ici la misère sociale et les combines de partout. Je ne sais pas si c'est représentatif, mais ça donne très peu envie d'y aller. Surtout que le récit va dévoiler tout les trafics qui peuvent s'opérer sur place, c'est assez édifiant. Le récit commence donc avec ce type qui devient indic contre sa volonté, harponné par un flic qui ne fait pas trop dans les règles et veut avoir des coups d'éclats. Puis Gost se rend compte qu'il peut se prendre au jeu pour se faire de l'argent, petit à petit, jouant un jeu bien dangereux. Le tout entraine rapidement dans les arcanes des indics de la police, des trafics en tout genre, avec les différences d'ethnies et de nationalités qui les fédèrent. Le récit est centré sur ses personnages, explorant d'une part le fonctionnement de la Police (et les soucis qui vont avec) tandis que l'autre partie présente les cités, les trafics et les différentes strates du banditisme (des simples exécutants au têtes pensantes). L'ensemble prend aussi le temps de présenter la vie de famille d'un gars simple et ordinaire, notamment la question de sa famille et de sa fille. C'est un ensemble assez dense qui est présenté. Et pourtant, au sortir de ma lecture je dois dire que j'ai trouvé l'ensemble curieusement "léger". L'histoire suit un déroulé pas franchement riche en rebondissement et si plusieurs passages sont plus orientés polar, ça reste assez souvent basique dans l'exécution. Il n'y a pas de surprises, je trouve, notamment dans les caractères des personnages qui évoluent peu. Le mutisme de Goran joue également contre lui, rendant le personnage assez peu intéressant. C'est surtout les scènes familiales qui m'ont semblé rajouter de l'épaisseur. En somme, une BD sur un sujet intéressant, pas excessivement traité dans le domaine, mais dont l'ensemble manque de quelque chose qui le rende réellement marquant. En l'état, ça m'a paru bon mais pas indispensable comme lecture.
Sonar
Après avoir lu le décevant Sunlight, je reviens à la collection Flesh & Bones de Glénat, et c'est un peu meilleur. D'une part, le scénario de Sylvain Runberg, sans être d'une originalité folle, se révèle d'une belle efficacité, et surtout, le dessin de Chee Yang Ong est vraiment magnifique ! Son trait extrêmement réaliste nous offre une élégance qui fait plaisir à contempler. Au niveau du scénario, malgré des personnages assez interchangeables (j'ai parfois eu du mal à bien en distinguer certains), le récit plonge à fond dans le mystère, dans une première moitié particulièrement convaincante. Puis, comme c'est souvent le cas, quand la nature de la menace commence à se préciser, le récit a tendance à retomber un peu. Il ne tombe clairement pas assez bas, et reste de qualité jusqu'à la fin, mais on revient sur un terrain un peu plus connu, je trouve ça légèrement dommage. Malgré ça, ça se laisse lire avec un vrai plaisir. L'atmosphère est prenante, et on tourne les pages sans jamais se forcer, en basculant peu à peu dans une horreur de plus en plus sanglante, bien aidé en cela par le somptueux dessin. Donc même si ça ne me restera sans doute pas des mois en mémoire, ça reste une bande dessinée très belle et agréable à lire. On prend toujours.
Quintos
Tiens, voilà un album d’Andreas qui ne joue pas sur son fantastique habituel, et qui se révèle aussi bien plus sage et « classique » qu’à l’habitude en ce qui concerne l’élaboration des planches. Rien de déstructuré ici – en tout cas on y trouve moins sa marque. Il nous donne une vision de la guerre d’Espagne – mais aussi par ricochet de la guerre tout simplement – assez noire, triste, désespérée. L’intrigue est assez linéaire. Durant la guerre d’Espagne, en 1937, nous suivons une dizaine de « volontaires » des brigades internationales, qui cherchent à rejoindre un village tenu par des Républicains. Du début jusqu’à la fin tout se passe mal, et ils meurent les uns après les autres, leur triste périple illustrant l’absurdité de la guerre. Leur petite équipe est aussi gangrénée par les différences de personnalité. En effet, du révolutionnaire exalté et « pur » à l’Américain qui n’y voit qu’une opportunité de carrière, en passant par la catholique qui se cherche, et quelques déçus de la vie cherchant une rédemption ou un idéal à défendre, les degrés d’engagement, les convictions politiques divergent singulièrement : la cohésion manque. Une vision pathétique. Andreas ne juge pas, aucun camp n’est stigmatisé ou mis en avant. C’est bien sa vision pessimiste qui domine ici. Un récit intéressant, mais qui manque quand même un peu de profondeur.
Rebis
C'est une BD que je classerais personnellement entre le "Pas mal" et le "Bof, sans plus". C'est assez dommage, j'aime beaucoup la couverture et ce qu'elle propose, mais l'intérieur m'a assez vite déçu. Je n'ai pas grand chose à reprocher au dessin, quoique je trouve certaines façons de représenter les physiques un peu en décalage avec le reste. C'est assez réaliste dans le traitement global et certains détails font du coup assez tâche (les trainées noires sous les yeux par exemple). Mais globalement, c'est un très bon dessin. J'ai eu plus de soucis avec l'histoire. Déjà, elle se déroule à la fois très lentement et très vite. Le temps s'étire dans le récit, faisant défiler des mois (ou des années, je n'ai pas trouvé ça très clair), tandis que le récit se déroule très lentement. Il ne se passe pas grand chose dans la première moitié de l'histoire qui est une mise en place pour la seconde partie du récit qui n'a pas le temps de bien se développer avant le final. Et c'est dommage, parce que certaines choses présentées ici aurait été intéressantes une fois plus développées. Le récit s'ouvre sur le cliché bien éculé des jeunes femmes traitées de sorcières et envoyées au bucher par une église méchante (cliché qui m'énerve de plus en plus, mais admettons), puis se poursuivant avec cet ostracisme d'un garçon albinos. Le récit est assez clair dans son traitement, opposant des méchants intolérants et des sorcières représentant clairement la diversité (sexuelle notamment). On est pas dans de la construction très fine, et l'opposition entre homme et femme vient renforcer ces images très tranchées. Je sais que le récit s'adresse avant tout aux plus jeunes, mais je trouve que le traitement est tellement peu fin qu'il en devient caricatural. Et l'excuse de la jeunesse n'est pas obligatoire, des récits jeunesses peuvent se construire plus finement aussi (je repense ici à Bergères Guerrières sur des thématiques similaires). Bref, je suis assez peu intéressé par le récit. Je trouve le message simpliste, trop même, et bien que la BD propose d'aborder des sujets que je trouve très pertinent, c'est assez léger dans le traitement. La question de l'opposition entre méchante église et gentilles sorcières n'a aucun fondement et la question du genre n'est même pas spécialement évoqué. C'est juste en filigrane et sans réelles interrogations de fond. Ça manque de corps, et lorsque je compare à d'autres lectures jeunesses que j'ai adoré, je trouve que "Rebis" est sympathique, sans grand plus. Pour plus jeune, sans doute.
Grossir le ciel
Un polar très (trop ?) classique. L'adaptation d'un roman de Franck Bouysse. Dans la campagne profonde des Cévennes, deux fermes isolées. Gus vit seul avec son chien dans l'une d'elle depuis la mort de sa mère. Sa vie va basculer après la découverte de traces de sang non loin de la ferme voisine, celle où vit le vieil Abel. Nous sommes en 2007, le journal télévisé annonce la mort de l'abbé Pierre. Il apparaîtra d'ailleurs à plusieurs reprises dans le récit, toujours dans les programmes télévisuels, il fera même une apparition dans le film "Les Cheyennnes" de John Ford. Des interventions qui ne font plus l'effet escompté depuis les révélations recentes d'agressions sexuelles (le roman date de 2014). Un polar sombre qui va faire resurgir des secrets de famille, le rythme est lent et l'ambiance façon bout du monde est bien rendue. Par contre les personnages ne m'ont pas convaincu, ils manquent de profondeur et le huis clos ne fait pas grimper la tension au fil des pages. Une lecture qui m'a moyennement captivé. La partie visuelle est très agréable à regarder. Un beau noir et blanc au trait crasseux agrémenté de gris pour le présent, il laissera la place sur quelques planches à un noir et blanc tranché au trait fin et anguleux pour nous dévoiler les secrets de famille. La couleur n'est pas absente, le rouge fera son apparition pour le sang et la violence, ainsi qu'un fond bleu pour les passages télévisuelles/imaginaires. Mais aussi quatre planches en couleurs pour les seuls bons moments de la jeunesse de Gus. Le point fort de cet album. Un polar recommandable.
Mr. Deeds
Une histoire étrange, intrigante, qui possède de réelles qualités. Mais aussi un gros défaut : l’album inaugural plante le lecteur, le laisse en plan, alors même que rien n’est expliqué. Quid de la pierre ? Des Stigmates qu’elle laisse sur les mains qui l’ont touchée ? Qui est ce personnage énigmatique qui suit nos héros ? Et qui est vraiment Mr Deeds, bricoleur de génie, sorte de nain à chapeau énorme ? Une histoire atrophiée, frustrante donc. Car l’ambiance mystérieuse est intéressante, et dessin et colorisation, simples mais eux-aussi emplis d’étrangeté, sont plutôt agréables. Du coup, cet album se révèle un peu vain, malgré ses qualités. Et les deux albums qui auraient dû compléter et clore l’histoire manquent cruellement pour apprécier cette lecture. On reste sur du fantastique bancal faute de « chute », et on ne comprend pas où cela allait nous mener. Mais, au vu de cet album, j’aurais bien aimé savoir ce que la fine équipe (Deeds au look improbable, Gary, voleur d’objets rares et Tani, la fille de la libraire, espiègle, forte tête, passionnée d’astronomie et de météorites) allait devenir. Des questions sans réponse. Note réelle 2,5/5.
Casanova sous les Plombs de Venise
C’est une histoire intéressante, et relativement originale, mais qui m’a au final un peu laissé sur ma faim. Si le personnage de Casanova est bien au centre du récit – la série s’inspire d’ailleurs d’un de ses récits – on n’y retrouve pas ce qui a fait sa célébrité. Le côté séducteur flamboyant n’apparait qu’en filigrane (lorsqu’une ou deux anciennes maitresses essayent de plaider sa cause pour lui sauver la mise). En fait, mises à part l’introduction et les dernières cases, le récit est presque un huis-clos dans lequel nous suivons Casanova dans les geôles vénitiennes – geôles surnommées « Les Plombs donc (un dialogue nous en donne l’étymologie). Ce parti-pris est quelque peu original, mais un brin frustrant. Car, s’il permet de mettre en lumière -tout en restant tout le temps dans l’obscurité du cachot – certaines facettes de la personnalité de Casanova, mais aussi des aspects que je ne connaissais pas de la justice vénitienne, j’ai trouvé qu’il y avait des longueurs, que le récit peinait à renouveler l’intérêt du lecteur. Je suis quand même arrivé au bout sans vraiment m’ennuyer, et j’ai apprécié le dessin moderne et très lisible, y compris dans les cases les plus sombres (j’ai lu les trois tomes originaux, et ne sais pas ce qui a été modifié dans l’intégrale). Mais je n’y reviendrai pas, car il m’a manqué quelques petits à côtés, qui auraient pu dynamiser le récit, et donner plus de coffre au personnage de Casanova, dont on ne peut que deviner la force ici, sans vraiment la voir.
Sans peur et sans pitié
C’est le premier tome de ce qui est annoncé comme un triptyque. Si le récit est essentiellement historique et militaire, les auteurs ont choisi d’y mêler une enquête policière – qui pour le moment reste quand même accessoire. En 1947 un homme a été tué à Paris, et deux inspecteurs de police recherchent son meurtrier. Pour cela ils interrogent deux de ses proches, comme lui anciens membres d’un régiment de tirailleurs marocains durant la seconde guerre mondiale. C’est ainsi que, sous couvert de répondre aux questions des enquêteurs, nos deux soldats racontent leur guerre, en commençant dans ce tome inaugural par la période qui va du débarquement américain en Afrique du nord de novembre 1942 à celui en Corse quelques mois plus tard. L’enquête policière fait vraiment prétexte pour le moment, uniquement là pour relancer les témoignages/flash-backs sur la guerre, l’amitié, etc. Un récit classique, sans surprise, que j’ai trouvé un peu mou pour le moment. Quant au dessin, il est lisible et fait le boulot, mais la colorisation manque de nuance. Un dossier historique complète le récit, ce qui relève un peu un plat qui pour l’heure manque un peu de saveur. A voir pour la suite… Note réelle 2,5/5.
La Longue Marche des Dindes
Histoire bien sympathique d’un jeune homme en qui personne (ou presque) ne croit et qui décide de partir dans une épopée à travers les États-Unis pour vendre mille dindes. C’est une œuvre pleine de bons sentiments (à tel point que j’y ai trouvé une légère forme de manichéisme, mais pas forcément assez pour que j’en fasse un défaut notable). Les personnages sont simples mais fonctionnent bien, on s’attache à elleux et on veut les voir réussir dans leur entreprise. Entreprise commune puisque chacune des personnes accompagnant Simon partage son désir de faire ses preuves et surtout de (re)trouver sa place dans ce monde. C’est l’adaptation d’un livre jeunesse (que je n’ai pas lu donc je ne pourrais pas m’étendre sur la qualité de ladite adaptation). Un-e lecteur-ice adulte pourra facilement trouver la lecture plaisante mais c’est avant tout une œuvre qui s’adresse à la jeunesse (le message positif, lui, reste universel). C’est du bon, donc, mais j’avoue que je m’attendais à quelque chose d’un peu mieux (sans doute à cause de son prix à Angoulême et tous les avis positifs que j’ai pu voir ici). C’est bien fait, hein, j’insiste, mais il m’a quand-même manqué ce petit plus qui m’aurait fait passer la note à 4 étoiles. 3 étoiles, donc, mais un bon 3 étoiles.