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Couverture de la série L'Enfer de Dante
L'Enfer de Dante

Une belle adaptation d’un texte majeur. Mais presque trop fidèle, trop retenue, je ne sais pas. Il m’a manqué du souffle, quelque chose de plus noir que ce que proposent les auteurs. Mais, cette remarque faite, la lecture s’est quand même révélée intéressante et très fluide. Assez rapide aussi, il n’y a pas énormément de texte en fait. Nous suivons Dante lui-même, accompagné – plutôt guidé – par Virgile, qui traversent l’enfer (Dante veut retrouver sa chère Béatrice). En guidant Dante, Virgile guide aussi le lecteur dans les différents cercles de l’enfer. Le dessin est globalement chouette (c’est évidemment toujours le point fort des publications de Daniel Maghen). Mais ce sont surtout les décors, les pleines pages que j’ai trouvé superbes, avec des décors grandioses, et un rendu proche des vieilles gravures qui m’a beaucoup plu. Une lecture sympathique, mais qui m’a un peu surpris, tant je m’attendais à plus de tension et de noirceur. On reste ici sur quelque chose de littéraire – mais sans doute très fidèle au texte original (comme les auteurs l’expliquent en préambule).

07/01/2025 (modifier)
Couverture de la série El Diablo
El Diablo

Une lecture gentillette mais pas désagréable. Le résultat est conforme à mes attentes que je n’avais pas grandes d’ailleurs. Une revisite sans prétention de notre héros à longue queue, j’ai trouvé l’idée plutôt bien vue, il ne faut juste pas s’attendre à un miracle niveaux péripéties. Ici on s’adresse en priorité à la jeunesse, ça manque un peu de piquant et ça s’avère un poil trop naïf pour les plus grands. Il n’y a pas cet équilibre que Zidrou avait trouvé avec la bête. De plus, je ne suis pas spécialement réceptif au travail d’Alexis Nesme mais je lui reconnais du boulot et une belle lisibilité malgré un côté trop chargé de prime abord. Néanmoins je n’ai pas boudé mon plaisir, de l’aventure légère et honnête. Je ne suis juste pas le coeur de cible.

07/01/2025 (modifier)
Couverture de la série La Passion de Dodin-Bouffant
La Passion de Dodin-Bouffant

Une ode à la gastronomie, un pamphlet pour l'art culinaire, une lettre d'amour aux bons petits plats, en un mot comme en cent : ça donne faim tout ça ! En vrai, je semble dithyrambique dans mon introduction, mais que nenni. L'album est plaisant, bon même, et ravie la gourmande que je suis, mais je rejoindrais l'avis de Canarde sur le fait que l'histoire est tout de même assez maigre. Un comble quand on possède tant de personnages si bien en chair ! Encore une fois, l'histoire n'est pas inintéressante, mais manque d'un je ne sais quoi pour relever le tout, d'un petit ingrédient pour transformer ce bon petit plat en véritable festin. Les dessins sont plaisants, les personnages font leur office, l'intrigue reste bonne. Vraiment pas mauvais mais je ne crierais pas au chef d'œuvre. Bim, comme dans la scène avec le prince !

07/01/2025 (modifier)
Par Spooky
Note: 3/5
Couverture de la série John Lord
John Lord

Ma critique reflète ma frustration quant au fait de ne pas avoir pu me procurer le tome 3, et donc la conclusion du premier cycle de cette série, sans doute abandonnée. La frustration est d'autant plus grande que les deux premiers tomes contiennent de nombreuses carences, au niveau narratif s'entend. On ne sait pas trop ce que sont les UPI (ni même ce que ces lettres signifient), et le choix de faire deux fils narratifs très distincts, s'il est intéressant, m'est apparu bien mal géré. J'ai eu l'impression que l'histoire "du passé" racontait en fait plusieurs intriques, c'est vers la fin du tome 2 que j'ai compris qu'en fait il s'agissait d'un seul et même fil. A côté de ça, l'enquête de Lord et Clara n'est pas inintéressante, c'est à peu près bien géré, même si l'exploration d'une autre piste à un moment donné m'a un peu désarçonné. Sur le plan graphique, on voit la progression de Patrick Laumond entre les deux tomes, et cela devient plus lisible dans le second, qui ressemblait à une sorte d'échauffement pour le dessinateur. Si je suis un peu déçu par ses personnages, ses décors et ses ambiances (avec l'aide de Sébastien Gérard aux couleurs) sont plutôt réussis. Difficile d'en dire plus, j'espère un jour lire cette conclusion...

07/01/2025 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
Couverture de la série Batman Superman - World's Finest
Batman Superman - World's Finest

2.5 J'ai lu les 4 premiers tomes de la série parce que j'aime bien Batman et Superman et que j'ai bien aimé certains scénarios de Mark Waid. Malheureusement, ici Waid tombe dans ses travers récurrent. Il faut savoir que Mark Waid est un gros fan et connaisseur de l'univers de DC Comics et du coup on a droit à non seulement la présence de Batman et Superman dans les récits, mais aussi de pleins de super-héros et de super-méchants qui parfois ne font pas grand chose, on dirait que le scénariste veut mettre autant de personnages que possibles. Du coup j'ai souvent subit la présence de personnages que je ne connaissais pas ou dont j'en avais rien à cirer. Ça m'a rappelé le travail de Waid sur la JLA avec ses scénarios très orientés vers l'action avec pratiquement aucun temps mort pour souffler. C'est aussi un peu décousu et parfois difficile à suivre. Il y aussi le fait que les idées ne sont pas toujours originale (ah DC et ses nombreuses univers alternatives.). Le tome où j'ai le mieux accroché est le troisième qui possède de bonnes scènes même si encore une fois cela se termine en grosse baston général. Un bon point est que la plupart des numéros sont dessinés par la même personne dans un style pas trop mal. En gros, de la BD pop-corn pour les fans de super-héros qui aiment l'action.

06/01/2025 (modifier)
Couverture de la série Peste
Peste

Voilà un album qui se démarque de la production classique, par des choix graphiques et une intrigue franchement originaux. Le dessin, d’un style moderne parfois hésitant n’est pas forcément ma tasse de thé, mais il est lisible. Surtout il est souvent mis en valeur par des choix esthétiques, avec le rôle joué par des dégradés de rouge, dans un ensemble ou le Blanc et le grisâtre dominent (quelques rares autres couleurs apparaissent vers la fin). Par contre, certains passages ne sont pas suffisamment clairs (lorsqu’il y a des combats par exemple). L’intrigue est elle aussi originale, mais au final elle m’a moins emballé que je l’escomptais après quelques pages. La trame d’ensemble est classique, avec la succession d’un vieux roi qui entraîne la rébellion de son fils (contre sa fille). Mais l’auteur développe un univers, en tout un royaume étrange, puisque tout est misé sur la tenue, sur des vêtements/armures qui relèvent de la haute couture. Pourquoi pas ? Mais au bout d’un moment, ces aventures vaguement fantasy (il y a des êtres hybrides, des gobelins) ont perdu en crédibilité, voire en intérêt me concernant. Idem pour les débats autour de la chasse (des animaux permettant de fabriquer les tenues d'apparat), entre ceux qui élèvent les animaux et ceux qui les chassent, je n’ai pas saisi ici l’importance. Enfin – l’auteur s’en explique en avant-propos – Gauvain Manhattan use d’une écriture inclusive (une version personnelle en plus). J’ai vraiment eu du mal à m’y faire – manque d’habitude sans doute – et la lecture de quelques dialogues s’en est trouvée moins fluide. Bref, en ouvrant l’album, je pensais davantage apprécier – et donc mieux noter – cet album, qui m’a au final laissé un peu sur ma faim, même s’il possède d’indéniables qualités.

06/01/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
Couverture de la série Le Démon de mamie ou la sénescence enchantée
Le Démon de mamie ou la sénescence enchantée

Depuis Le Démon de midi, Florence Cestac continue sa publication d'albums d'humour autobiographiques tandis qu'elle progresse dans les étapes de la vie. Après son précédent qui traitait de la ménopause, elle nous présente maintenant sa vision de la vie de grand-mère et du troisième âge. Même si j'aime toujours aussi peu son graphisme (traumatisme de jeunesse dû à la série Les Déblok que je détestais), j'apprécie ces albums autobiographiques sincères, assez drôles et globalement intéressants. D'autant que l'autrice a une génération d'avance sur moi et me permet donc de découvrir une vision de ce à quoi pourrait ressembler ma vie et celle de ma femme dans quelques années. Nous en sommes en effet au stade où on se demande quand nous aurons des petits enfants et c'est là dessus que s'entame cet album, avec le récit de comment Florence et les grands-mères de manière générale ont accueilli leurs premiers petits enfants et leur relation avec leurs enfants à ce moment là. Mais ce n'est que l'introduction de l'album qui ensuite continue dans le temps et aborde de manière plus globale le troisième âge avec des réflexions et anecdotes assez amusantes sur tel ou tel sujet le concernant, dont notamment les romances et le sexe des personnages âgées. Ce n'est ni très drôle ni très original mais c'est plaisant et plutôt intéressant. Et j'aime bien l'idée de voir ainsi le panel d'âges et de thématiques abordées au fil de ces différents albums autobiographiques de Florence Cestac.

06/01/2025 (modifier)
Par Présence
Note: 3/5
Couverture de la série Western
Western

Sur le moment, j’ai mis ça sur le compte de la jalousie. Je me trompais lourdement. - Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. Son édition originale date de 2001. Il a été réalisé par Jean van Hamme pour le scénario, et par Grzegorz Rosinski pour les dessins et le scénario. Il comprend soixante-deux pages de bande dessinée. La réédition de 2022 se termine par un cahier de vingt pages reprenant le synopsis du scénariste pour les dix-neuf premières planches du récit, avec des études préparatoires réalisées par l’artiste. L’homme que Nate a tué ce jour-là s’appelait Van Deer. Ambrosius van Deer. Il avait quarante-deux ans. Il venait du Kansas où son père avait créé un ranch dans les années quarante, quand ce territoire s’était ouvert aux premiers colons. Le ranch Double D Barré des Van Deer s’étendait sur 600.000 acres et comptait 80.000 têtes de bétail, un croisement de Longhorns et de vaches frisonnes importées de Hollande. À la mort de son père, Ambrosius van Deer était donc devenu un des plus riches éleveurs de l’ouest. Jess avait expliqué à Nate, que son ranch était aussi grand qu’un pays d’Europe qui s’appelle Luxembourg. Fort Laramie marquait alors la fin provisoire de la ligne construite par l’Union Pacific, le train y arriva avec seulement trois heures de retard. À l’époque, le voyage du Kansas au Wyoming durait quatre jours. Avant le chemin de fer, il aurait fallu plus d’un mois pour faire le même trajet, avec le risque permanent d’être attaqué par les Indiens ou des outlaws. C’était le 18 juillet 1886 et il faisait 35 degrés à l’ombre. Mais ce que Jess n’avait pas prévu, c’est que Van Deer ne serait pas seul. Le propriétaire descend du train avec sa fille Cathy. Il est accueilli par Jess Chisum qui l’emmène jusqu’au meilleur, et seul, hôtel de la ville où la meilleure chambre, dite présidentielle, a été réservée pour Van Deer. Chemin faisant, ce dernier rappelle à Chisum que Cathy ne sait rien de la raison de sa venue. Après avoir laissé Cathy dans la suite présidentielle, Ambrosius van Deer ressort avec Jess Chisum qui l’emmène jusqu’à une cabane dans les bois. Il lui explique qu’il a retrouvé le fils perdu du frère d’Ambrosius. Nicholas van Deer, son épouse Margret et leurs deux fils aînés Charlie et Jimmy ont été torturés, égorgés et scalpés par des Sioux Lakotas. Ils ont emmené avec eux Edwin le plus jeune fils. Ils arrivent devant la cabane ou Jess Chisum a enfermé le jeune Edwin qu’il a retrouvé dans une tribu, et il demande si Van Deer a bien l’argent avec lui. Ni l’un, ni l’autre ne se sont rendu compte que la petite Cathy les a suivis en courant avec ses petites jambes. Chisum et Van Deer pénètrent dans la cabane : un adolescent au cheveux blancs en tenue indienne est ligoté à terre et bâillonné. Jess lui retire son bâillon, et le garçon se met à lancer des invectives en sioux. Ambrosius van Deer montre un portrait dans le médaillon de sa montre à gousset, et Edwin se met à se rouler par terre, le traumatisme remontant à la surface, à la vue du portrait de ses parents. Convaincu, Van Deer appelle un homme de main, Cole, qui était resté invisible à l’écart. Tout dégénère. À l’annonce de cette bande dessinée ou à sa découverte, la curiosité de l’amateur se trouve immédiatement en éveil. Scénariste et dessinateur ont longtemps collaboré sur la série Thorgal qu’ils ont créée : vingt-neuf albums réalisés ensemble, de 1977 à 2006, l’artiste a continué à illustrer les aventures de ce héros jusqu’à l’album trente-six, avec d’autres scénaristes, après le départ de Van Hamme. L’horizon d’attente du lecteur se trouve d’autant plus élevé que cette histoire est parue dans la collection Signé de l’éditeur, réservée à des œuvres avec une ambition certaine. En outre les auteurs ont opté pour un titre qui sonne comme définitif : Western, soit un terme qui définit tout un genre à lui tout seul, promettant ainsi un récit qui englobe l’intégralité de ce qui fait l’essence de ce genre. De fait, la couverture tient cette promesse : une illustration évoquant une photographie, un jeune homme que la vie n’a pas ménagé, une tenue vestimentaire adaptée à une vie nomade et rude, et bien sûr deux armes à feu, l’assurance d’une violence omniprésente contraignant chaque individu à savoir se défendre, à tuer si nécessaire. Les premières pages confirment ce niveau de qualité. Des dessins mêlant traits encrés et couleur directe, pour une sensation de chaleur et de poussière, et une forte densité d’éléments descriptifs. Les cellules de texte sont copieuses, apportant de nombreuses informations, le point de vue personnel du narrateur, et un sens de destin inéluctable. Pour commencer, le lecteur attend une reconstitution historique solide et bien nourrie, avec des images iconiques de Western. Il est contenté dès la première page avec l’arrivée en gare du train : la colonne de fumée, le chasse-buffle, un compartiment, la gare avec son quai en planches de bois, les habitants qui attendent à pied ou à cheval. Tout du long, le lecteur peut ainsi se projeter à cette époque, dans cette région du monde. La petite ville de Fort Laramie dans le Wyoming, ses constructions en bois bien alignées de part et d’autre de la rue principale en terre, le magasin général, l’hôtel au confort tout relatif, le bureau du shérif, la banque où chaque personne vient déposer son argent avec son poêle pour chauffer la pièce, la riche demeure de la famille propriétaire du ranch, le saloon, la cabane dans les bois. L’artiste s’investit avec le même degré d’intensité pour les accessoires de toute nature : les différentes tenues vestimentaires pour les hommes et pour les femmes dont les uniformes pour garder la banque, les chevaux et leur selle, les carrioles avec leurs grandes roues à rayon, les lampes à pétrole, la montre à gousset avec un portrait dans le couvercle, le râtelier à fusil dans le bureau du shérif, la baignoire chez les Dougherty, le coffre-fort, les pierres tombales assez frustes, un fauteuil roulant assez rudimentaire, etc. Grzegorz Rosinski prend visiblement plaisir à représenter les différents paysages : la petite ville de Fort Laramie, comme les espaces sauvages. En tournant la page quinze, le lecteur découvre une peinture en couleur directe en double page, sur les seize et dix-sept. Les pins ont perdu leurs aiguilles, la neige recouvre le sol, un trappeur chaudement emmouflé avec une chaud couvre-chef avance précautionneusement raquettes au pied, avec son fusil à la main, suivi par un adolescent. Les couleurs passent du bleu au gris, pour une ambiance lumineuse entre pénombre du bois et clarté correspondant à la lumière reflétée par la neige. L’artiste a ainsi réalisé quatre autres illustrations peintes en double page : deux cavaliers contemplant les montagnes dans le lointain en page 26 & 27, deux hommes en train de creuser des fosses dans le cimetière en vue d’un enterrement en pages 36 & 37, un cavalier s’avançant dans une grande zone herbeuse après être passé sous le portique indiquant l’entrée du ranch en pages 44 & 45, une carriole avançant dans la grand-rue de Fort Laramie sous la neige suivie par des cavaliers avec des enfants jouant dans la neige en pages 56 & 57. Ces illustrations incitent le lecteur à prendre le temps de les contempler, ce qui induit qu’il se met à s’imprégner de ces grands espaces, de la nature, mais aussi de différentes facettes de la vie dans cette société, telles que la solitude, l’isolement, ce qu’apporte d’être à deux, le caractère exceptionnel d’une fête sociale en ville. Jean van Hamme a également mis les petits plats dans les grands pour son intrigue. Après l’introduction, le récit est vécu principalement du point de vue de Nate Colton, quatorze ans au début, vingt-cinq ans à la fin du récit. Il va être amené à endosser deux autres identités, à souffrir l’amputation traumatique de son bras gauche dans des conditions épouvantables. Après quelques années d’errance, il décide de mettre à exécution son plan pour se faire une situation. Il ne rencontre pas que des personnes bien intentionnées, et sa simple présence dérange rapidement. Le destin lui joue de drôles de tours. Le scénariste veille à rester dans un registre plausible, sans coïncidence qui tirerait trop sur la corde de la suspension consentie d’incrédulité du lecteur. Les caractéristiques de l’humanité ressortent bien dans le contexte de cette ville proche de la frontière du monde civilisé : les forts profitent des faibles, racisme contre les Indiens, spoliation de leurs terres et création de réserves, usage d’armes à feu pour l’attaque de la banque, propriétaires s’enrichissant grâce au travail des ouvriers rémunérés avec des bas salaires, justice expéditive pour les voleurs de bétail (ils sont abattus à vue), et bien sûr quelques arrangements illégaux entre personnes ayant des intérêts communs, mais pas des amis, parce qu’il n’y a pas d’amis dans les affaires de ce type. Le lecteur ne se prend pas vraiment d’amitié pour Nate Colton, même s’il éprouve une réelle compassion pour cet adolescent mal servi par la vie. Il relève qu’il est question de temps à autre de destin, ce qui induit l’orientation de la fin du récit. En ayant terminé sa lecture, il est fortement impressionné par l’honnêteté et l’habileté du scénariste qui a joué cartes sur table tout du long du récit, exposant chaque élément qui participe de la résolution, et pourtant le lecteur ne s’en trouve pas plus avancé pour l’anticiper. Dans le même temps, cet engrenage parfait fait ressortir qu’il s’agit d’une histoire imaginée et conçue pour fonctionner ainsi, ce qui attire l’attention du lecteur sur quelques moments. Il se souvient par exemple de la facilité avec laquelle Cathy, une dizaine d’années, parvient à suivre à pied, deux hommes à cheval qui ne la remarquent pas, sans parler de Cole, l’homme de main qui les avait pris en filature. Il se rappelle également la remarque de Nate à propos du trappeur Jonas : ce dernier lui a appris à fabriquer ses balles avec du plomb fondu dans des moules, sans que l’on sache où ils trouvaient du plomb en pleine forêt. À la réflexion, Hank Bass qui prend le risque de se rendre en ville dans le bureau du shérif, ça semble un peu gros également, une prise de risque inconsidérée qu’un tel voleur aussi chevronné ne prendrait pas. Enfin l’ultime révélation apparaît comme trop parfaite, sans produire l’effet voulu car le lecteur n’a pas eu l’occasion de s’attacher à Cathy Van Deer. Un duo de créateurs comme Grzegorz Rosinski & Jean van Hamme qui s’associent pour réaliser une histoire auto-contenue dont le titre indique qu’elle incarne l’essence du Western : ça ne se refuse pas… et ça place l’attente du lecteur très haut. La narration visuelle s’avère impeccable, rêche à souhait, avec une reconstitution historique très immersive, et la surprise de ces cinq illustrations en double page, magnifiques transportant le lecteur dans ces paysages sauvages grandioses, et dans la petite ville animée. Le scénario raconte la vie de Nate Colton, jeune homme pas gâté par la vie, en évitant le ressort de la vengeance, pour simplement gagner sa place au soleil, malgré son handicap. L’histoire se lit avec grand plaisir rehaussé par l’art avec lequel le scénariste étale tout sous les yeux du lecteur, un peu obéré par quelques moments peu plausibles qu’une fin trop parfaite vient rappeler.

06/01/2025 (modifier)
Couverture de la série Les Truculentes Aventures de Rabelais
Les Truculentes Aventures de Rabelais

Je connaissais Mitton pour ses séries historiques – parfois franchement mâtinées d’érotisme – mais je le découvre ici scénariste d’une série qui, si elle s’ancre bien dans l’Histoire, joue surtout de ressors comiques. L’intrigue se déroule en France durant l’année 1519, à Amboise dans le premier tome, puis à Paris dans le second. Elle commence durant l’agonie de Léonard de Vinci. Mais Mitton lui donne du rab’ puisque, rejoint par Rabelais, Nostradamus (et tous les personnages grand-guignolesques issus de l'oeuvre de Rabelais), celui-ci va vivre quelques moments aventureux et loufoques supplémentaires, luttant entre autres contre un inquisiteur Borgia. L’atmosphère est franchement paillarde – ce qui est normal avec Rabelais. Mais c’est surtout un humour potache qui domine, à base de jeux de mots, de quelques citations anachroniques (la scène de beuverie dans la cuisine des Tontons flingueurs y est par exemple singée). Parti de quelques bases historiques, Mitton s’en affranchit largement. C’est amusant, mais hélas vite lassant. Il faut dire que le plat est un peu indigeste. Les cases débordent, les décors et arrière-plans sont presque invisibles, souvent masqués derrière les personnages – très nombreux et gesticulant – et surtout les dialogues ! Le texte est souvent beaucoup trop abondant, les bulles débordent. C’est surtout le cas dans le premier tome, mais aussi dans une bonne moitié du suivant. Le dessin de Rodrigue, dans un style semi-réaliste, convient plutôt bien à ce type d’histoire. Il est inégal, mais globalement bien fichu. J’ai juste été surpris par le changement de coloriste d’un tome à l’autre, le contraste est violent en ce domaine – ça devient plus léché, mais moins nuancé (de manière générale, je n’aime pas trop ces changements à l’intérieur d’une même série). Contrairement à ce qu’indique la fiche, la série n’est pas terminée, et un troisième tome était même annoncé (« Pâté de paltoquets à la Pantagruel »), mais il n’a semble-t-il jamais paru. Au final, c’est une série très méconnue de Mitton, qui est bourrée de clins d’œil (connaitre l’histoire de l’époque et l’œuvre de Léonard et surtout de Rabelais permet de mieux les apprécier). Mais il aurait sans doute fallu canaliser le verbe, et rendre plus punchy certaines saillies. Car le lecteur est emporté par dialogues et péripéties, comme si Mitton avançait en improvisant. Une curiosité à (re)découvrir à l’occasion. Note réelle 2,5/5.

05/01/2025 (modifier)
Couverture de la série District 77
District 77

Une série très violente et assez déroutante car mélangeant intrigue policière et magie noire vaudou teintée de fantastique. Tout d'abord, je ne sais pas qui a eu l'idée de ce siamois greffé sur le nez du Big Boss, méchant de l'histoire, mais il faut y reconnaitre une certaine originalité dans le mauvais goût ! Question scénario, ce triptyque ne fait toutefois pas toujours dans l'originalité avec notre héroïne, policière qui est mutée dans un commissariat peuplé de flics pour la plupart misogynes et dopés à la testostérone. Ça flingue et se castagne à tout va entre flics et mafia, quitte à parfois à ce que l'histoire soit vraiment peu crédible. Mais il faut reconnaitre que ça se laisse lire et que l'on s'ennuie peu tant les événements s'enchainent rapidement. Quelques éléments m'ont tout de même un peu gêné : les personnages tous plus caricaturaux les uns que les autres (flics corrompus, petites frappes de la mafia, etc) et une mention spéciale au personnage de l'infirmière en minijupe, très stéréotypée, qui va voir son corsage se dégrafer à de nombreuses reprises durant les trois tomes (un peu ridicule). Côté dessin et colorisation, j'ai eu entre les mains l'intégrale des 3 tomes en petit format, ce qui ne m'a peut-être pas aidé à apprécier les graphismes. L'ensemble reste relativement classique, sans éléments notables. Les couvertures ne sont également pas transcendantes tout comme celle de l'intégrale. Au final, une BD d'action divertissante comme un thriller du dimanche après-midi, sans réel point notable qui me restera en mémoire après la lecture. SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 6/10 GRAPHISME (Dessin, colorisation) : 5/10 NOTE GLOBALE : 11/20

05/01/2025 (modifier)