Ralf König est un auteur original, et que j’aime bien. J’étais curieux de voir comment son univers allait s’intégrer dans celui de Lucky Luke. Car les deux sont a priori très éloignés ! Mais c’est le propre de ce genre de collection de permettre de revisiter de façon très personnelle quelque chose de bien balisé.
Et je dois dire que, si je préfère les aventures contemporaines de Paul et Conrad dans l’œuvre de König, il s’en est pas mal tiré ici dans ce western pour de rire.
L’histoire est loufoque (autour d’un Suisse cherchant à acclimater ses vaches pour produire un super chocolat aux États-Unis), mais ce fil rouge permet de décliner quelques petites saynètes sympathiques autour.
Rien d’hilarant, mais le sourire est au rendez-vous. Mon seul bémol concerne quelques jeux de mots vaseux autour des noms des personnages, mais bon, l’ensemble est agréable et amusant. Et les trognes habituelles de König (avec ces bouches de traviole) passent très bien. Il a aussi su utiliser quelques side-men, surtout les Dalton (quelques dialogues amusants entre Averell et Joe bien sûr), plus que Calamity Jane (qui a de toute façon moins de potentiel comique).
Au final, cette version gay de l’univers Lukien se révèle une lecture que j’ai bien aimée.
"Récit inspiré d'une histoire vraie", ce "Blanc Casque" est avant tout l'adaptation d'un roman de Jules-Joseph Pirot (1877-1955), écrivain et missionnaire belge de langue wallonne. Devenu missionnaire au Canada, il a écrit plusieurs romans, dont ce Blanc Casque sur le couple Choumak qui émigra de Hongrie pour s'établir dans l'Ouest américain, à l'époque des pionniers.
Nous voilà donc dans un pays en paix, en cours d'évangélisation, avec des populations diverses (Amérindiens, Canadiens français, Canadiens anglophones, Russes émigrés...) qui semblent s'entendre à merveille. Je ne suis pas sûr que ce tableau corresponde à la réalité de la fin du XIXème siècle, même si certains éléments (Indiens poussés vers les réserves, ravages de l'alcool sur leur population) sont seulement effleurés. Et je ne suis pas sûr que la parole d'un missionnaire belge (tiens donc), fût-il particulièrement doué pour la rhétorique et la diplomatie, eût pu régler aussi facilement l'affaire sordide dans laquelle ce Jean Choumak s'est mis tout seul... Il est plus probable que Pirot se soit inspiré d'une ou plusieurs histoires similaires, et qu'il ait choisi de donner le beau rôle à son alter ego de papier.
Ces considérations réglées, parlons de cette adaptation, réalisée par Jijé, grand nom de la BD franco-belge d'alors (1956) pour l'hebdomadaire Moustique. C'est assez facile à suivre, l'histoire est linéaire, sans grande surprise, même si le pétage de plombs de Choumak n'est pas forcément celui qu'on attendait. L'auteur y fait preuve du savoir-faire, de ce trait à l'élégance si particulière qu'on a pu admirer dans des séries comme Jerry Spring, même si la part belle est donnée aux personnages, moins aux paysages grandioses de l'ouest américain (ici canadien). Je m'attendais à un gros récit vue la taille du volume le contenant (maquette des meilleurs récits de Spîrou), mais au final il n'y a que 46 pages, soit un récit tout à fait classique dans sa taille pour l'époque. C'est donc assez vite lu.
Comme l'a indiqué Gaston, ce n'est pas très spectaculaire, mais souvenons-nous que le récit d'origine a été écrit par un missionnaire pour éduquer la jeunesse de son époque sur les bienfaits de l'évangélisation, en parlant tout de même de vrais problèmes, comme les ravages causés par l'abus d'alcool, pouvant amener à des violences conjugales et à des gestes dramatiques.
J'ai lu cette série dans l'intégrale "Après la psy, le beau temps" qui inclut les 2 albums parus + une fin inédite.
S'agissant d'une publication Fluide Glacial, j'ai été perplexe à me demander s'il s'agissait d'une BD d'humour (mais celui-ci est assez discret, simplement intégré dans une histoire longue) ou d'un documentaire (auquel cas la structure en longs chapitres de la BD ne collait pas vraiment avec le magazine Fluide Glacial où les pré-publications ne comprennent que quelques pages par mois). Je ne suis donc pas sûr qu'elle ait été vraiment publié dans le magazine.
En réalité, on a là un long roman graphique ponctué de petits éléments documentaires intégrés à la narration, et parsemé d'humour non pas sous la forme de gags et de chutes mais plutôt dans son ambiance, ses dialogues et les comportements des personnages. Peu sujet à des questions de psychanalyse et peu amateur du sujet, j'ai toutefois été facilement pris par le récit grâce à la légèreté de son ton et à la sympathie de ses protagonistes. Les problèmes psychologiques de l'héroïne attirent en effet plus le sourire que le pathos et je me suis un peu pris au jeu de découvrir avec elle d'où ils lui venaient et comment elle allait les surmonter.
Le dessin n'est pas formidable mais la mise en scène le rend agréable et il se lit très bien.
J'ai lu cet album avec plaisir et un peu de curiosité. J'ai passé un bon moment même s'il ne me marquera pas vraiment.
Sables noirs est une BD reportage comme on est les aime ; Troubs utilise souvent son dessin pour nous faire voyager dans des pays ou des univers auxquels nous sommes souvent étrangers, et cela ne manque pas avec cette BD sur le Turkménistan réalisée quelques années après l’accession au pouvoir du premier Berdimuhamedow. Le Turkménistan est montré comme un pays assez étrange et méconnu et qui semble cacher plein de paysages et personnes insoupçonnés, mais qui se révèle toujours compliqué à découvrir avec les règles imposées par le gouvernement. J’ai bien aimé en apprendre plus sur des coutumes ou des histoires que je ne connaissais pas, et les références culturelles de Troubs permettent d’élargir les connaissances sur le sujet bien au delà de la BD (voir Henri de Couliboeuf de Bloqueville). Le style de l’auteur n’est pas particulièrement unique mais transmet bien au travers des pages les interactions si uniques qui découlent de deux mondes différents qui se rencontrent; également, à la manière de Guy Delisle. J’aime bien l’accès exclusif aux coulisses des diplomates français et internationaux dans ces dictatures à l’autre bout du monde. La BD a déjà près de 10 ans, mais comme le souligne l’auteur à plusieurs reprises, rien ne change vraiment au Turkménistan.
Les pieds nickelés sont un souvenir d'enfance, ou plus précisement ceux de mon père qu'il m'a transmis, car je dévorais ses anciennes BD lors de nos visites chez notre grand-mère. :)
Créés par Louis Forton en 1908, il s'agit d'un trio plutôt malhonnête hors du commun: Croquignol le cerveau au long nez, Filochard le borgne un peu émotif et costaud, et enfin Ribouldingue, le barbu un peu (puis par la suite beaucoup) rondouillard qui est souvent la face avenante du trio pour leurs escroqueries.
A l'origine il s'agit d'escrocs et bandits de grand chemin, ils deviendront outil de propagande en 14-18, avant de revenir à leurs méfais par la suite.
Populaires dès l'origine, nos trois escrocs prendront vraiment leur envol à partir de 1948, quand René Pellos prend la suite de Forton (mort en 1934) et des dessinateurs sans reliefs qui avaient pris sa place.
A partir de là, et jusqu'en 1980, les pieds nickelés vont monter des escroqueries les plus abracadabrantesques possibles, en abusant de l'extrême crédulité de leurs victimes fortunées, ou de l'administration (Pellos prenant un grand soin à ne jamais voir notre trio abuser des pauvres, donnant un certain cadre moral à notre histoire), le tout en utilisant des histoires collant à des évènements de l'actualité du moment. Chaque tome de Pellos est donc une capsule temporelle permettant de suivre les préoccupations du moment dont le trio tentera de profiter. Le premier tome de Pellos (le nr 12) a cela d'émouvant qu'on revit la pénurie d'après guerre. On commence donc avec les B. O. F., on suit la conquête spatiale, en passant par le boom des voyages organisés, et en terminant presque par la crise pétrolière, le Paris-Dakar et la construction Européenne. Tout y passe, avec un très bel argot.
Certes cela a bien vieilli, certes les histoires sont inégales, et re-certes, beaucoup des escroqueries sont franchement très grosses, on a peine à s'imaginer que des trucs aussi "gros" puissent passer, et pourtant des exemples récents montrent toujours la naïveté de l'humain moyen.
Et souvent, plus ses poches sont pleines, plus il sera facile de les vider, la presse se faisant régulièrement l'échos de victimes fortunées d'escroqueries pourtant peu élaborées. Comme le disent nos anti-héros, "la seule culture d'avenir est celle de la poire".
Je recommande donc. :)
Voilà un manga original. En tout cas par rapport à ceux que j’ai pu lire (je ne suis pas non plus un grand spécialiste !). L’histoire se déroule dans les années 1960 au Japon, mais dans des décors, un univers, qui font davantage penser aux États-Unis.
De fait, c’est un thriller qui possède quelques accointances avec certains romans d’Ellroy, même si c’est moins poisseux, et si le style diffère (en moins bien hélas). La narration joue sur des flash-backs, et sur l’amnésie du héros, qui est à la recherche autant de sa mémoire que d’une jeune femme, ces deux quêtes étant accompagnées et surveillées par plusieurs groupes – flics ripoux, mafieux un peu loufoques.
Je n’ai pas été convaincu par les passages fantastiques, et n’ai en plus pas toujours tout compris.
C’est assez violent et rythmé. Mais je trouve que Kaneko embrouille inutilement intrigue et lecteurs, de façon artificielle
Quelques bémols m’ont empêché de davantage apprécier cette série. D’abord un certain nombre de scènes et quelques déroulés de l’intrigue pas toujours très clairs (quelques passages où le fantastique s’invite allègrement). Et il y a des longueurs (dans le deuxième tome surtout, mais aussi dans le dernier. Enfin, des scènes de bagarre sont parfois trop diluées, s’étendent sur des gros plans, sur beaucoup trop de cases.
Le dessin est très lisible, dans un style qui parfois rappelle – un tout petit peu – le travail de Burns. Du Noir et Blanc très tranché le plus souvent (deux ou trois taches de rouges dans les deux premiers tomes seulement). C’est un travail efficace et globalement agréable en tout cas.
Ulysse et Aimée partent en voyage vers le sud de l'Espagne dans leur van aménagé. Ulysse prévoit d'y faire de la plongée au Cabo de Gata tandis qu'Aimée le suit par amour mais appréhende cela car elle a une phobie de l'eau. Mais plus qu'une phobie aquatique, c'est davantage une peur du changement et un questionnement sur leur avenir à tous les deux que le couple devoir affronter tout au long de ce road-movie. Car Aimée attend la réponse d'un poste scientifique qu'elle ambitionne tandis qu'Ulysse a bien envie d'abandonner sa propre carrière scienfitique pour éventuellement devenir professeur de plongée à plein temps, ces deux parcours n'étant guère compatibles sur le plan géographique et dans l'état d'esprit non plus.
Cet album reprend les passages classiques des road movie avec leurs différentes étapes, leurs rencontres et la manière dont elles font évoluer l'esprit de leurs protagonistes. Ici une rencontre en particulier va orienter leur parcours, celle d'un vieil homme qui leur propose d'utiliser sa voiture quand le van tombe en panne car lui aussi indique se diriger vers la même destination qu'eux. Mais son comportement est étrange et en partie dissimulateur : quelles sont ses vraies motivations ? Que cache-t-il ? Peut-on lui faire confiance ?
C'est une lecture plaisante mais qui n'a pas su véritablement m'emporter. Les angoisses de l'héroïne sont très présentes mais elles mettent du temps à se concrétiser et à se faire claires. On est longtemps dans la métaphore, celle de la peur de plonger dans une grotte sous-marine et de s'y perdre. Ses allers-retours intellectuels au milieu de ses doutes paraissent certes réalistes mais donnent aussi l'impression que l'autrice ne sait pas plus qu'elle où elle veut vraiment aller. Et là encore la conclusion du récit est réaliste mais elle me laisse frustré, sans doute parce que je n'ai pas eu à affronter dans ma vie de telle situation de doute et d'obligation de changement quand deux esprits font volontairement le choix de prendre des directions différentes. Concrètement, je n'ai pas su m'attacher aux protagonistes et je suis resté un peu distant de leurs émotions. J'ai trouvé cette lecture intéressante, relativement bien menée, mais elle ne m'a que moyennement touché.
Tant qu'il y a de la vie, il faut préserver un symbole d'espoir.
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Ce tome comprend la première minisérie mettant en scène le personnage de Bloody Mary (Mary Malone). Il s'agit d'une histoire indépendante de toute autre, comptant 4 épisodes. Elle est initialement parue en 1996/1997. Elle ont été écrite par Garth Ennis, dessinées et encrées par Carlos Ezquerra, avec une mise en couleurs réalisée par Matt Hollingsworth.
En décembre 2012, une femme déguisée en nonne s'introduit dans la cathédrale Notre Dame de Paris pour abattre un prisonnier de sang-froid. Ce récit se déroule dans un futur (il a été écrit en 1996) où la troisième guerre mondiale est en cours. L'Europe est unifiée sous la présidence de Jérôme Rochelle, et grâce à une alliance franco-allemande. Une bombe atomique a été utilisée, et les grandes puissances se sont mises d'accord pour revenir à des armes plus conventionnelles afin qu'il reste quelque chose après la guerre. le commandement britannique dépêche Bloody Mary avec un escadron mené par le Major, à Amsterdam, pour capturer Anderton, un individu qui s'apprête à vendre une arme bactériologique appelée Blood Dragon au plus offrant.
À l'origine, cette minisérie est parue dans la branche éditoriale Helix (1996/1998) de DC Comics, spécialisée dans les histoires de science-fiction et qui a publié une douzaine de série (dont le début de Transmetropolitan de Warren Ellis & Darick Robertson). Lorsqu'il commence la première histoire, le lecteur ressent comme une réminiscence du magazine hebdomadaire 2000 AD britannique. Il faut dire que Garth Ennis y commencé sa carrière, et que Carlos Ezqerra est l'un des co-créateurs de Judge Dredd. En outre, le scénariste raconte ici une histoire du futur par anticipation (menant de 1996 à 2012), en 5 pages, pour atteindre un futur dystopique. Ce sentiment se trouve renforcé du fait que cette guerre mondiale trouve son origine en Europe. Néanmoins Ennis prend bien soin de faire du caporal Mary Malone une américaine pour caresser son lectorat potentiel dans le sens du poil.
Cette touche britannique se retrouve dans les expressions du Major et de ses hommes, fortement émaillées de termes britanniques, plus ou moins faciles à comprendre en fonction de la familiarité du lecteur avec l'argot anglais et le vocabulaire militaire. Ennis ajoute une couche d'eurocentrisme en plaçant le premier affrontement d'envergue à Amsterdam, et en installant le siège du nouveau gouvernement européen au Vatican. Il se recentrera sur coeur de cible avec le deuxième récit (inédit en VF) qui se déroule à New York.
Ce récit s'inscrit plutôt dans le registre de l'anticipation que celui de la science-fiction. En effet le futur que décrit Garth Ennis n'est pas si éloigné que ça (une quinzaine d'années dans le futur de la période où il a été écrit) et il n'introduit que deux événements sortis de son imagination : la guerre débutée en 1999 et l'arme bactériologique appelée Blood Dragon. Avec le recul, le motif choisi par Ennis pour servir de prétexte à la guerre laisse un goût amer car il est toujours d'actualité : l'immigration, et la volonté de conserver les ressources et les richesses d'un pays pour ses "vrais habitants". Il donne moins de détail sur Blood Dragon, malgré ses propriétés fantastiques (un petit peu plus dans le deuxième récit où il essaye d'expliquer le processus de fonctionnement qui permet à un individu en bénéficiant de rester en vie, même avec le corps criblé de balles).
En termes d'intrigue, Garth Ennis lance son personnage principal avec une équipe de soldats britanniques à la poursuite d'un individu qui détient une arme formidable. le récit est linéaire, allant de confrontation en confrontation, avec une poignée de retours en arrière pour exposer l'origine du conflit, ainsi que l'histoire personnelle de Mary Malone. Garth Ennis consacre un peu de temps à insuffler de la personnalité à Mary Malone. Il a pris le parti de choisir une femme au mitan de sa vie, le Major et elle évoquant son âge, à savoir 40. Il la développe comme une combattante aguerrie se lassant de consacrer sa vie à tuer des êtres humains, mais refusant de lâcher prise sur sa vengeance. Sans être une étude de caractère, ces séquences donnent assez de consistance à Mary Malone pour qu'elle ne soit pas un simple cliché du baroudeur endurci plus fort que tout le monde, affrontement après affrontement.
En face d'elle les autres personnages ne sont pas très développés. Garth Ennis joue une forme d'humour décalé ou en creux avec le Major. Il apparaît comme un soldat endurci, compétent, avec des années d'expérience acquises sur les champs de bataille. Au cours du premier récit, il rencontre une personne de son passé, et le scénariste s'en sert pour introduire une touche d'humour sur le registre de la farce. le mode d'expression du major en fait un individu qui se démarque des militaires américains, mais qui s'apparente à un personnage classique des récits de guerre britanniques. L'ennemi à abattre du premier récit reste à l'état de dispositif narratif, sans personnalité réelle.
Garth Ennis intègre quelques réflexions dans ses intrigues sur les territoires neutres en temps de guerre, sur les arrangements entre gouvernements, sur le développement d'une arme bactériologique, sur la fin qui justifie les moyens et (pour le deuxième récit) sur la propension des êtres humains à accepter de suivre un chef politique ou un guide spirituel en lui faisant confiance, en reprenant l'axiome de Joseph Goebbels : Plus le mensonge est gros, plus il passe. Plus souvent il est répété, plus le peuple le croit.
Le lecteur constate que Matt Hollingsworth a opté pour des teintes sombres et grises. Cela lui confère une ambiance terne, en cohérence avec ces environnements ordinaires où chacun se regarde comme un ennemi potentiel, sans joie. Pour ces récits, Carlos Ezquerra a pris le parti de dessins réalistes, avec des textures marquées par des petits traits secs. Par rapport à ses travaux ultérieurs, ces petits traits restent encore dans un registre concret, en soulignant les formes, les plis des vêtements, les marques sur les visages. Ils ne sont pas encore devenus plus systématiques, et plus conceptuels.
Dans ces pages, l'artiste s'implique pour décrire avec détail cette réalité. le lecteur peut détailler les uniformes, les accessoires qui y sont associés, la texture des étoffes et de la peau, les différentes formes de visage, les différents types de coiffure, etc. Les personnages ont tous une apparence et une morphologie spécifiques. Même si le scénario ne développe pas leur psychologie, les dessins montrent des êtres humains différenciés, avec une forte personnalité graphique. L'effort consenti pour les environnements est de même nature : les représenter de manière concrète. Néanmoins pour cette dimension des dessins, la qualité est plus fluctuante. Ezquerra peut réaliser des cases très impressionnantes comme l'intérieur d'un bar, ou d'une cave avec des barriques de vin, un chalet en pleine montagne. Il peut aussi s'arranger pour que les personnages occupent le premier plan, jusqu'à remplir 90% de la case, permettant ainsi d'éviter de dessiner des arrière-plans, et donnant l'impression que la scène pourrait se passer n'importe où.
Cette histoire est sympathique à lire, et la personnalité de Garth Ennis y transparaît pour partie. Carlos Ezquerra effectue un travail de professionnel, un peu moins rugueux que ce qu'il fait dans 2000 AD. Elle souffre d'une intrigue un peu légère, d'un goût prononcé d'alternative light à 2000 AD, et du fait que la science-fiction n'est pas le terrain de jeu de prédilection d'Ennis.
Bon, comme d’autres séries à succès (XIII, du même Van Hamme d’ailleurs par exemple, ou Spirou et Fantasio), Thorgal se décline en de multiples sous-séries, autour de personnages clés. Et aussi donne la possibilité à des auteurs de donner leur version du héros et de sa geste. Déclinaisons mercantiles bien évidemment, et donc on y entre un peu à reculons, « pour voir », mais, eu égard au succès de la série mère, avec quand même intérêt – souvent refroidi.
Disons qu’après lecture des deux premiers albums de cette collection, je ne suis pas forcément convaincu de sa nécessité – autre que financière.
Bref, après "Adieu Aaricia", j’ai remis le couvert avec ce « Wendigo ». Pour faire un bilan rapide, disons, que la lecture est plaisante, fluide, agréable. Et que le dessin de Corentin Rouge est vraiment chouette et aide grandement au plaisir de lecture.
Le scénario quant à lui se laisse lire. Mais je dirais sans plus. Surtout, je trouve que cette histoire – et ses héros – auraient tout aussi bien pu être développés hors du cadre « Thorgal », car il n’y a finalement pas trop de chose qui s’y rattachent (même si Duval fait quelques efforts pour faire le lien – avec Birkäa et le Jörmungand).
Je suis mitigé sur mon ressenti après lecture. Au sortir de la BD, j'étais sur une bonne note, plutôt positive, avec cette fin émouvante sur plusieurs points. Maintenant que j'écris cette critique, quelques jours ont passés et avec une certaine évolution de mon avis. Quelques notes plus dissonantes restent accrochés à ma mémoire, notamment après lecture des avis y compris ceux négatifs.
Et je dois dire que la BD a une très bonne approche de la question de nos ainées qui deviennent dépendant. C'est intéressant dans la question de laisser sous sédation médicamenteuse lorsque la personne devient dangereuse pour elle-même. La BD prend une autre voie et propose que parfois, maintenir en vie semble plus un enfer qu'autre chose. On rejoint les thématiques de la fin de vie, et le traitement est ici plus humain, ça fait plaisir.
Maintenant, le road-trip avec la mémé qui perd la boule a des moments rigolos, des moments touchants et des moments qui sont plus étranges. J'ai deviné certaines péripéties avant qu'elles n'arrivent, notamment lorsqu'elle passe au motel. De fait, l'ensemble est assez hétérogène, et si il y a des idées que j'ai beaucoup appréciées je reste tout de même un peu dubitatif sur la qualité de l'ensemble.
Une BD plaisante, pas exempte de défaut mais dont la lecture est agréable. Je recommande !
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Lucky Luke - Choco-boys
Ralf König est un auteur original, et que j’aime bien. J’étais curieux de voir comment son univers allait s’intégrer dans celui de Lucky Luke. Car les deux sont a priori très éloignés ! Mais c’est le propre de ce genre de collection de permettre de revisiter de façon très personnelle quelque chose de bien balisé. Et je dois dire que, si je préfère les aventures contemporaines de Paul et Conrad dans l’œuvre de König, il s’en est pas mal tiré ici dans ce western pour de rire. L’histoire est loufoque (autour d’un Suisse cherchant à acclimater ses vaches pour produire un super chocolat aux États-Unis), mais ce fil rouge permet de décliner quelques petites saynètes sympathiques autour. Rien d’hilarant, mais le sourire est au rendez-vous. Mon seul bémol concerne quelques jeux de mots vaseux autour des noms des personnages, mais bon, l’ensemble est agréable et amusant. Et les trognes habituelles de König (avec ces bouches de traviole) passent très bien. Il a aussi su utiliser quelques side-men, surtout les Dalton (quelques dialogues amusants entre Averell et Joe bien sûr), plus que Calamity Jane (qui a de toute façon moins de potentiel comique). Au final, cette version gay de l’univers Lukien se révèle une lecture que j’ai bien aimée.
Blanc Casque
"Récit inspiré d'une histoire vraie", ce "Blanc Casque" est avant tout l'adaptation d'un roman de Jules-Joseph Pirot (1877-1955), écrivain et missionnaire belge de langue wallonne. Devenu missionnaire au Canada, il a écrit plusieurs romans, dont ce Blanc Casque sur le couple Choumak qui émigra de Hongrie pour s'établir dans l'Ouest américain, à l'époque des pionniers. Nous voilà donc dans un pays en paix, en cours d'évangélisation, avec des populations diverses (Amérindiens, Canadiens français, Canadiens anglophones, Russes émigrés...) qui semblent s'entendre à merveille. Je ne suis pas sûr que ce tableau corresponde à la réalité de la fin du XIXème siècle, même si certains éléments (Indiens poussés vers les réserves, ravages de l'alcool sur leur population) sont seulement effleurés. Et je ne suis pas sûr que la parole d'un missionnaire belge (tiens donc), fût-il particulièrement doué pour la rhétorique et la diplomatie, eût pu régler aussi facilement l'affaire sordide dans laquelle ce Jean Choumak s'est mis tout seul... Il est plus probable que Pirot se soit inspiré d'une ou plusieurs histoires similaires, et qu'il ait choisi de donner le beau rôle à son alter ego de papier. Ces considérations réglées, parlons de cette adaptation, réalisée par Jijé, grand nom de la BD franco-belge d'alors (1956) pour l'hebdomadaire Moustique. C'est assez facile à suivre, l'histoire est linéaire, sans grande surprise, même si le pétage de plombs de Choumak n'est pas forcément celui qu'on attendait. L'auteur y fait preuve du savoir-faire, de ce trait à l'élégance si particulière qu'on a pu admirer dans des séries comme Jerry Spring, même si la part belle est donnée aux personnages, moins aux paysages grandioses de l'ouest américain (ici canadien). Je m'attendais à un gros récit vue la taille du volume le contenant (maquette des meilleurs récits de Spîrou), mais au final il n'y a que 46 pages, soit un récit tout à fait classique dans sa taille pour l'époque. C'est donc assez vite lu. Comme l'a indiqué Gaston, ce n'est pas très spectaculaire, mais souvenons-nous que le récit d'origine a été écrit par un missionnaire pour éduquer la jeunesse de son époque sur les bienfaits de l'évangélisation, en parlant tout de même de vrais problèmes, comme les ravages causés par l'abus d'alcool, pouvant amener à des violences conjugales et à des gestes dramatiques.
Emilie voit quelqu'un
J'ai lu cette série dans l'intégrale "Après la psy, le beau temps" qui inclut les 2 albums parus + une fin inédite. S'agissant d'une publication Fluide Glacial, j'ai été perplexe à me demander s'il s'agissait d'une BD d'humour (mais celui-ci est assez discret, simplement intégré dans une histoire longue) ou d'un documentaire (auquel cas la structure en longs chapitres de la BD ne collait pas vraiment avec le magazine Fluide Glacial où les pré-publications ne comprennent que quelques pages par mois). Je ne suis donc pas sûr qu'elle ait été vraiment publié dans le magazine. En réalité, on a là un long roman graphique ponctué de petits éléments documentaires intégrés à la narration, et parsemé d'humour non pas sous la forme de gags et de chutes mais plutôt dans son ambiance, ses dialogues et les comportements des personnages. Peu sujet à des questions de psychanalyse et peu amateur du sujet, j'ai toutefois été facilement pris par le récit grâce à la légèreté de son ton et à la sympathie de ses protagonistes. Les problèmes psychologiques de l'héroïne attirent en effet plus le sourire que le pathos et je me suis un peu pris au jeu de découvrir avec elle d'où ils lui venaient et comment elle allait les surmonter. Le dessin n'est pas formidable mais la mise en scène le rend agréable et il se lit très bien. J'ai lu cet album avec plaisir et un peu de curiosité. J'ai passé un bon moment même s'il ne me marquera pas vraiment.
Sables noirs - 20 semaines au Turkménistan
Sables noirs est une BD reportage comme on est les aime ; Troubs utilise souvent son dessin pour nous faire voyager dans des pays ou des univers auxquels nous sommes souvent étrangers, et cela ne manque pas avec cette BD sur le Turkménistan réalisée quelques années après l’accession au pouvoir du premier Berdimuhamedow. Le Turkménistan est montré comme un pays assez étrange et méconnu et qui semble cacher plein de paysages et personnes insoupçonnés, mais qui se révèle toujours compliqué à découvrir avec les règles imposées par le gouvernement. J’ai bien aimé en apprendre plus sur des coutumes ou des histoires que je ne connaissais pas, et les références culturelles de Troubs permettent d’élargir les connaissances sur le sujet bien au delà de la BD (voir Henri de Couliboeuf de Bloqueville). Le style de l’auteur n’est pas particulièrement unique mais transmet bien au travers des pages les interactions si uniques qui découlent de deux mondes différents qui se rencontrent; également, à la manière de Guy Delisle. J’aime bien l’accès exclusif aux coulisses des diplomates français et internationaux dans ces dictatures à l’autre bout du monde. La BD a déjà près de 10 ans, mais comme le souligne l’auteur à plusieurs reprises, rien ne change vraiment au Turkménistan.
Les Pieds Nickelés
Les pieds nickelés sont un souvenir d'enfance, ou plus précisement ceux de mon père qu'il m'a transmis, car je dévorais ses anciennes BD lors de nos visites chez notre grand-mère. :) Créés par Louis Forton en 1908, il s'agit d'un trio plutôt malhonnête hors du commun: Croquignol le cerveau au long nez, Filochard le borgne un peu émotif et costaud, et enfin Ribouldingue, le barbu un peu (puis par la suite beaucoup) rondouillard qui est souvent la face avenante du trio pour leurs escroqueries. A l'origine il s'agit d'escrocs et bandits de grand chemin, ils deviendront outil de propagande en 14-18, avant de revenir à leurs méfais par la suite. Populaires dès l'origine, nos trois escrocs prendront vraiment leur envol à partir de 1948, quand René Pellos prend la suite de Forton (mort en 1934) et des dessinateurs sans reliefs qui avaient pris sa place. A partir de là, et jusqu'en 1980, les pieds nickelés vont monter des escroqueries les plus abracadabrantesques possibles, en abusant de l'extrême crédulité de leurs victimes fortunées, ou de l'administration (Pellos prenant un grand soin à ne jamais voir notre trio abuser des pauvres, donnant un certain cadre moral à notre histoire), le tout en utilisant des histoires collant à des évènements de l'actualité du moment. Chaque tome de Pellos est donc une capsule temporelle permettant de suivre les préoccupations du moment dont le trio tentera de profiter. Le premier tome de Pellos (le nr 12) a cela d'émouvant qu'on revit la pénurie d'après guerre. On commence donc avec les B. O. F., on suit la conquête spatiale, en passant par le boom des voyages organisés, et en terminant presque par la crise pétrolière, le Paris-Dakar et la construction Européenne. Tout y passe, avec un très bel argot. Certes cela a bien vieilli, certes les histoires sont inégales, et re-certes, beaucoup des escroqueries sont franchement très grosses, on a peine à s'imaginer que des trucs aussi "gros" puissent passer, et pourtant des exemples récents montrent toujours la naïveté de l'humain moyen. Et souvent, plus ses poches sont pleines, plus il sera facile de les vider, la presse se faisant régulièrement l'échos de victimes fortunées d'escroqueries pourtant peu élaborées. Comme le disent nos anti-héros, "la seule culture d'avenir est celle de la poire". Je recommande donc. :)
Wet Moon
Voilà un manga original. En tout cas par rapport à ceux que j’ai pu lire (je ne suis pas non plus un grand spécialiste !). L’histoire se déroule dans les années 1960 au Japon, mais dans des décors, un univers, qui font davantage penser aux États-Unis. De fait, c’est un thriller qui possède quelques accointances avec certains romans d’Ellroy, même si c’est moins poisseux, et si le style diffère (en moins bien hélas). La narration joue sur des flash-backs, et sur l’amnésie du héros, qui est à la recherche autant de sa mémoire que d’une jeune femme, ces deux quêtes étant accompagnées et surveillées par plusieurs groupes – flics ripoux, mafieux un peu loufoques. Je n’ai pas été convaincu par les passages fantastiques, et n’ai en plus pas toujours tout compris. C’est assez violent et rythmé. Mais je trouve que Kaneko embrouille inutilement intrigue et lecteurs, de façon artificielle Quelques bémols m’ont empêché de davantage apprécier cette série. D’abord un certain nombre de scènes et quelques déroulés de l’intrigue pas toujours très clairs (quelques passages où le fantastique s’invite allègrement). Et il y a des longueurs (dans le deuxième tome surtout, mais aussi dans le dernier. Enfin, des scènes de bagarre sont parfois trop diluées, s’étendent sur des gros plans, sur beaucoup trop de cases. Le dessin est très lisible, dans un style qui parfois rappelle – un tout petit peu – le travail de Burns. Du Noir et Blanc très tranché le plus souvent (deux ou trois taches de rouges dans les deux premiers tomes seulement). C’est un travail efficace et globalement agréable en tout cas.
Loin
Ulysse et Aimée partent en voyage vers le sud de l'Espagne dans leur van aménagé. Ulysse prévoit d'y faire de la plongée au Cabo de Gata tandis qu'Aimée le suit par amour mais appréhende cela car elle a une phobie de l'eau. Mais plus qu'une phobie aquatique, c'est davantage une peur du changement et un questionnement sur leur avenir à tous les deux que le couple devoir affronter tout au long de ce road-movie. Car Aimée attend la réponse d'un poste scientifique qu'elle ambitionne tandis qu'Ulysse a bien envie d'abandonner sa propre carrière scienfitique pour éventuellement devenir professeur de plongée à plein temps, ces deux parcours n'étant guère compatibles sur le plan géographique et dans l'état d'esprit non plus. Cet album reprend les passages classiques des road movie avec leurs différentes étapes, leurs rencontres et la manière dont elles font évoluer l'esprit de leurs protagonistes. Ici une rencontre en particulier va orienter leur parcours, celle d'un vieil homme qui leur propose d'utiliser sa voiture quand le van tombe en panne car lui aussi indique se diriger vers la même destination qu'eux. Mais son comportement est étrange et en partie dissimulateur : quelles sont ses vraies motivations ? Que cache-t-il ? Peut-on lui faire confiance ? C'est une lecture plaisante mais qui n'a pas su véritablement m'emporter. Les angoisses de l'héroïne sont très présentes mais elles mettent du temps à se concrétiser et à se faire claires. On est longtemps dans la métaphore, celle de la peur de plonger dans une grotte sous-marine et de s'y perdre. Ses allers-retours intellectuels au milieu de ses doutes paraissent certes réalistes mais donnent aussi l'impression que l'autrice ne sait pas plus qu'elle où elle veut vraiment aller. Et là encore la conclusion du récit est réaliste mais elle me laisse frustré, sans doute parce que je n'ai pas eu à affronter dans ma vie de telle situation de doute et d'obligation de changement quand deux esprits font volontairement le choix de prendre des directions différentes. Concrètement, je n'ai pas su m'attacher aux protagonistes et je suis resté un peu distant de leurs émotions. J'ai trouvé cette lecture intéressante, relativement bien menée, mais elle ne m'a que moyennement touché.
Bloody Mary
Tant qu'il y a de la vie, il faut préserver un symbole d'espoir. - Ce tome comprend la première minisérie mettant en scène le personnage de Bloody Mary (Mary Malone). Il s'agit d'une histoire indépendante de toute autre, comptant 4 épisodes. Elle est initialement parue en 1996/1997. Elle ont été écrite par Garth Ennis, dessinées et encrées par Carlos Ezquerra, avec une mise en couleurs réalisée par Matt Hollingsworth. En décembre 2012, une femme déguisée en nonne s'introduit dans la cathédrale Notre Dame de Paris pour abattre un prisonnier de sang-froid. Ce récit se déroule dans un futur (il a été écrit en 1996) où la troisième guerre mondiale est en cours. L'Europe est unifiée sous la présidence de Jérôme Rochelle, et grâce à une alliance franco-allemande. Une bombe atomique a été utilisée, et les grandes puissances se sont mises d'accord pour revenir à des armes plus conventionnelles afin qu'il reste quelque chose après la guerre. le commandement britannique dépêche Bloody Mary avec un escadron mené par le Major, à Amsterdam, pour capturer Anderton, un individu qui s'apprête à vendre une arme bactériologique appelée Blood Dragon au plus offrant. À l'origine, cette minisérie est parue dans la branche éditoriale Helix (1996/1998) de DC Comics, spécialisée dans les histoires de science-fiction et qui a publié une douzaine de série (dont le début de Transmetropolitan de Warren Ellis & Darick Robertson). Lorsqu'il commence la première histoire, le lecteur ressent comme une réminiscence du magazine hebdomadaire 2000 AD britannique. Il faut dire que Garth Ennis y commencé sa carrière, et que Carlos Ezqerra est l'un des co-créateurs de Judge Dredd. En outre, le scénariste raconte ici une histoire du futur par anticipation (menant de 1996 à 2012), en 5 pages, pour atteindre un futur dystopique. Ce sentiment se trouve renforcé du fait que cette guerre mondiale trouve son origine en Europe. Néanmoins Ennis prend bien soin de faire du caporal Mary Malone une américaine pour caresser son lectorat potentiel dans le sens du poil. Cette touche britannique se retrouve dans les expressions du Major et de ses hommes, fortement émaillées de termes britanniques, plus ou moins faciles à comprendre en fonction de la familiarité du lecteur avec l'argot anglais et le vocabulaire militaire. Ennis ajoute une couche d'eurocentrisme en plaçant le premier affrontement d'envergue à Amsterdam, et en installant le siège du nouveau gouvernement européen au Vatican. Il se recentrera sur coeur de cible avec le deuxième récit (inédit en VF) qui se déroule à New York. Ce récit s'inscrit plutôt dans le registre de l'anticipation que celui de la science-fiction. En effet le futur que décrit Garth Ennis n'est pas si éloigné que ça (une quinzaine d'années dans le futur de la période où il a été écrit) et il n'introduit que deux événements sortis de son imagination : la guerre débutée en 1999 et l'arme bactériologique appelée Blood Dragon. Avec le recul, le motif choisi par Ennis pour servir de prétexte à la guerre laisse un goût amer car il est toujours d'actualité : l'immigration, et la volonté de conserver les ressources et les richesses d'un pays pour ses "vrais habitants". Il donne moins de détail sur Blood Dragon, malgré ses propriétés fantastiques (un petit peu plus dans le deuxième récit où il essaye d'expliquer le processus de fonctionnement qui permet à un individu en bénéficiant de rester en vie, même avec le corps criblé de balles). En termes d'intrigue, Garth Ennis lance son personnage principal avec une équipe de soldats britanniques à la poursuite d'un individu qui détient une arme formidable. le récit est linéaire, allant de confrontation en confrontation, avec une poignée de retours en arrière pour exposer l'origine du conflit, ainsi que l'histoire personnelle de Mary Malone. Garth Ennis consacre un peu de temps à insuffler de la personnalité à Mary Malone. Il a pris le parti de choisir une femme au mitan de sa vie, le Major et elle évoquant son âge, à savoir 40. Il la développe comme une combattante aguerrie se lassant de consacrer sa vie à tuer des êtres humains, mais refusant de lâcher prise sur sa vengeance. Sans être une étude de caractère, ces séquences donnent assez de consistance à Mary Malone pour qu'elle ne soit pas un simple cliché du baroudeur endurci plus fort que tout le monde, affrontement après affrontement. En face d'elle les autres personnages ne sont pas très développés. Garth Ennis joue une forme d'humour décalé ou en creux avec le Major. Il apparaît comme un soldat endurci, compétent, avec des années d'expérience acquises sur les champs de bataille. Au cours du premier récit, il rencontre une personne de son passé, et le scénariste s'en sert pour introduire une touche d'humour sur le registre de la farce. le mode d'expression du major en fait un individu qui se démarque des militaires américains, mais qui s'apparente à un personnage classique des récits de guerre britanniques. L'ennemi à abattre du premier récit reste à l'état de dispositif narratif, sans personnalité réelle. Garth Ennis intègre quelques réflexions dans ses intrigues sur les territoires neutres en temps de guerre, sur les arrangements entre gouvernements, sur le développement d'une arme bactériologique, sur la fin qui justifie les moyens et (pour le deuxième récit) sur la propension des êtres humains à accepter de suivre un chef politique ou un guide spirituel en lui faisant confiance, en reprenant l'axiome de Joseph Goebbels : Plus le mensonge est gros, plus il passe. Plus souvent il est répété, plus le peuple le croit. Le lecteur constate que Matt Hollingsworth a opté pour des teintes sombres et grises. Cela lui confère une ambiance terne, en cohérence avec ces environnements ordinaires où chacun se regarde comme un ennemi potentiel, sans joie. Pour ces récits, Carlos Ezquerra a pris le parti de dessins réalistes, avec des textures marquées par des petits traits secs. Par rapport à ses travaux ultérieurs, ces petits traits restent encore dans un registre concret, en soulignant les formes, les plis des vêtements, les marques sur les visages. Ils ne sont pas encore devenus plus systématiques, et plus conceptuels. Dans ces pages, l'artiste s'implique pour décrire avec détail cette réalité. le lecteur peut détailler les uniformes, les accessoires qui y sont associés, la texture des étoffes et de la peau, les différentes formes de visage, les différents types de coiffure, etc. Les personnages ont tous une apparence et une morphologie spécifiques. Même si le scénario ne développe pas leur psychologie, les dessins montrent des êtres humains différenciés, avec une forte personnalité graphique. L'effort consenti pour les environnements est de même nature : les représenter de manière concrète. Néanmoins pour cette dimension des dessins, la qualité est plus fluctuante. Ezquerra peut réaliser des cases très impressionnantes comme l'intérieur d'un bar, ou d'une cave avec des barriques de vin, un chalet en pleine montagne. Il peut aussi s'arranger pour que les personnages occupent le premier plan, jusqu'à remplir 90% de la case, permettant ainsi d'éviter de dessiner des arrière-plans, et donnant l'impression que la scène pourrait se passer n'importe où. Cette histoire est sympathique à lire, et la personnalité de Garth Ennis y transparaît pour partie. Carlos Ezquerra effectue un travail de professionnel, un peu moins rugueux que ce qu'il fait dans 2000 AD. Elle souffre d'une intrigue un peu légère, d'un goût prononcé d'alternative light à 2000 AD, et du fait que la science-fiction n'est pas le terrain de jeu de prédilection d'Ennis.
Thorgal Saga - Wendigo
Bon, comme d’autres séries à succès (XIII, du même Van Hamme d’ailleurs par exemple, ou Spirou et Fantasio), Thorgal se décline en de multiples sous-séries, autour de personnages clés. Et aussi donne la possibilité à des auteurs de donner leur version du héros et de sa geste. Déclinaisons mercantiles bien évidemment, et donc on y entre un peu à reculons, « pour voir », mais, eu égard au succès de la série mère, avec quand même intérêt – souvent refroidi. Disons qu’après lecture des deux premiers albums de cette collection, je ne suis pas forcément convaincu de sa nécessité – autre que financière. Bref, après "Adieu Aaricia", j’ai remis le couvert avec ce « Wendigo ». Pour faire un bilan rapide, disons, que la lecture est plaisante, fluide, agréable. Et que le dessin de Corentin Rouge est vraiment chouette et aide grandement au plaisir de lecture. Le scénario quant à lui se laisse lire. Mais je dirais sans plus. Surtout, je trouve que cette histoire – et ses héros – auraient tout aussi bien pu être développés hors du cadre « Thorgal », car il n’y a finalement pas trop de chose qui s’y rattachent (même si Duval fait quelques efforts pour faire le lien – avec Birkäa et le Jörmungand).
Ne m'oublie pas
Je suis mitigé sur mon ressenti après lecture. Au sortir de la BD, j'étais sur une bonne note, plutôt positive, avec cette fin émouvante sur plusieurs points. Maintenant que j'écris cette critique, quelques jours ont passés et avec une certaine évolution de mon avis. Quelques notes plus dissonantes restent accrochés à ma mémoire, notamment après lecture des avis y compris ceux négatifs. Et je dois dire que la BD a une très bonne approche de la question de nos ainées qui deviennent dépendant. C'est intéressant dans la question de laisser sous sédation médicamenteuse lorsque la personne devient dangereuse pour elle-même. La BD prend une autre voie et propose que parfois, maintenir en vie semble plus un enfer qu'autre chose. On rejoint les thématiques de la fin de vie, et le traitement est ici plus humain, ça fait plaisir. Maintenant, le road-trip avec la mémé qui perd la boule a des moments rigolos, des moments touchants et des moments qui sont plus étranges. J'ai deviné certaines péripéties avant qu'elles n'arrivent, notamment lorsqu'elle passe au motel. De fait, l'ensemble est assez hétérogène, et si il y a des idées que j'ai beaucoup appréciées je reste tout de même un peu dubitatif sur la qualité de l'ensemble. Une BD plaisante, pas exempte de défaut mais dont la lecture est agréable. Je recommande !