Nous sommes en Angleterre au XVIIeme siècle (même si rien ne précise le lieu, et si les noms des personnages sont plutôt "nordiques "). Une atmosphère puritaine étouffante. L'arrière-plan est très classique, et l'intrigue très - trop - linéaire. Elle manque aussi de densité, et avec quelque chose de plus étoffé, avec des intrigues parallèles et des personnages secondaires plus développés, j'aurais volontiers arrondi au niveau supérieur.
Mais ça reste quand même une histoire plaisante à lire. Qui montre bien la peur des femmes, l'instrumentation du diable et de l'idée de sorcellerie pour les dominer et accessoirement cadenasser une société en pleine effervescence. Ainsi l'héroïne, délaissée par son mari (inquisiteur obnubilé par sa chasse aux sorcières - avec des méthodes discutables !), est assaillie de rêves érotiques, qui vont la mener à sa perte.
La narration est fluide.
Mais c'est l'aspect graphique qui est le plus original et le plus réussi.
Chacune des deux autrices se charge, avec son style propre, d'une partie du récit. Un style comics classique (et réussi) avec un trait gras pour tout ce qui est de la vie "ordinaire ", et un style hyper réaliste au rendu proche de la photo pour les parties rêvées (ou sensualité et érotisme s'invitent avec le "malin").
J'ai bien aimé ce double travail graphique.
Note réelle 3,5/5.
Aïe, aïe, aïe... 4, c'est trop ; 3, c'est trop peu. Et je ne peux tempérer ma note par un coup de cœur qui n'est pas venu.
Pour autant, on est loin de l'échec, Ayroles signe à nouveau une bande dessinée qui se lit très agréablement et où l'on retrouve le verbe haut si caractéristique de l'auteur. Et pourtant, j'ai ressenti moins de passion à lire cet album que l'ensemble des autres d'Ayroles... Après réflexion, je crois que le problème, c'est la redite.
Pourquoi avoir choisi de poursuivre l'histoire de Richard III dans sa version shakespearienne ? Ce lien encombre finalement plus le récit qu'autre chose. Car, quand on connaît la pièce de Shakespeare (ou la fidèle adaptation cinématographique qu'en tira Laurence Olivier en 1955), il est difficile de concéder à Ayroles le même génie que son très illustre prédécesseur. Et si l'auteur de De Cape et de Crocs, Garulfo et D a déjà allègrement brillé par le passé, la lutte qu'il livre pour se montrer au niveau de Shakespeare est trop ardue pour qu'il en sorte la tête haute.
On peut au moins reconnaître à Alain Ayroles de s'en sortir sans ridicule. Son pastiche de Shakespeare fonctionne par moments, et les dialogues sont ponctués de ces étincelles de génie qu'on lui connaît. Certaines répliques deviennent cultes aussitôt qu'on les lit !
Mais voilà, quand on a lu Sept Missionnaires et Les Indes fourbes, on a un peu l'impression que leur auteur tourne en rond. Que nous apporte de neuf La Terre verte ? Finalement pas grand-chose...
D'autant que La Terre verte n'a pas la somptuosité visuelle des Indes fourbes. Hervé Tanquerelle est loin d'être mauvais au dessin, bien évidemment, mais quand on songe au génie de Guarnido ou à la fluidité du trait de Guérineau (pour rester sur le Ayroles récent), ce récit n'en a pas l'ampleur. Le Groenland n'apparaît le plus souvent que sous l'apparence d'un village de pêcheurs modeste, on ne voit et on n'imagine que peu les grandes étendues glacées balayées par le vent et la neige.
Et puis, surtout, je ne m'attarde jamais dessus, mais ici, la police d'écriture des textes m'a sorti du récit. Je me rends compte que c'est important, parfois, le lettrage. S'il n'a pas l'élégance qui convient à l'époque choisie, cela crée un étrange décalage, pas forcément de bon aloi.
Bref, rien de catastrophique. La Terre verte est une histoire qui se lit très agréablement et où l'on retrouve la patte typique d'Ayroles. Mais justement, c'est trop typique. C'est fait avec beaucoup de talent, mais le génie commence à disparaître sous l'effet de la répétition... Et finalement, après Les Indes fourbes, L'Ombre des Lumières et maintenant "La Terre verte", c'est-à-dire trois récits historiques de colonisation, de chute/rédemption (ou rédemption/chute) et de chocs des cultures, me vient une question à l'esprit : où est passé le Alain Ayroles qui était capable tour à tour (voire simultanément) de nous emmener écouter des poésies sur la lune en se battant à l'épée, trembler face au baiser mortel du vampire de l'époque victorienne, et pleurer sur le sort d'un ogre de contes de fées plus occupé à collectionner les porcelaines qu'à manger des humains ?
Cet Ayroles-là me manque. On va tout miser sur le tome 3 de sa trilogie Les Chimères de Vénus...
Très similaire à un autre album de la collection "Patte de mouche", à savoir Imbroglio, en ça que tous deux parodient les fins de whodunit en enchaînant et en sur-exagérant les révélations.
Ici, on est même plus précisément sur une fin à la Scooby-Doo. Oui, les deux enquêteurs ressemblent à s'y méprendre à Sherlock Holmes et au docteur Watson, mais il n'empêche que la scène très connue et ultra-codifiée du retirage de masque avec l'explication abracadabrantesque qui justifie pourquoi quelqu'un se serait déguisé en monstre ça tient quand-même plus du Scooby-Doo.
Ici, donc, préparez-vous à enchaîner les masques, les mobiles et les révélations (toujours accompagnées du tonnerre dramatique, pour faire plus vrai).
C'est con, c'est court, c'est efficace.
En tout cas, l'album m'est resté en tête plusieurs années après lecture et parvient encore à me faire sourire.
J'ai lu la série dans la première intégrale. Sur ce genre d'album hommage collectif, c'est une honnête production.
Même si je ne suis pas fan de l'éclectisme qu'impose l'assemblage hétéroclite d'auteurs. Pas forcément pour les thèmes ou intrigues, ici toutes adaptées des chansons de Renaud, mais plutôt au niveau graphique.
Pas mal de noms connus donc, qui s'en tirent plus ou moins bien. En particulier j'ai été surpris de retrouver Juillard. Et de fait son trait léché ne convient pas je trouve (surtout que, contrairement à beaucoup d'autres il se contente d'illustrer le texte de la chanson).
Les auteurs des Humanos de la grande époque sont plus à leur aise (Renaud les côtoyait à l'époque). Comme Boucq aussi.
Sinon, au niveau des textes, je préfère les plus anciens ( j'étais amateur des premiers albums, ou du live "Un Olympia pour moi tout seul "), ce qui a sans doute joué pour mon ressenti.
Les fans du chanteur y trouveront leur compte.
Note réelle 2,5/5.
Pour un manga destiné aux ados, j'ai trouvé cette lecture assez exigeante. C'est assez condensée puisque l'autrice boucle sa série en quatre opus. Les dialogues sont recherchés et parfois compliqués dans un monde futuriste de SF. L'autrice crée une fratrie étrange avec ce couple Pino et Chico qui sont frère et sœur d'un genre surprenant puisque Pino est un robot alors que Chico est une sorte de docteur pour humains et robots.
A la recherche de leur mère, les deux personnages voyagent de colonie en colonie dans un monde hybride robots/humains ravagé par la dernière grande guerre et dont le temps est compté par faute d'énergie disponible. Cela permet à Yuna Hirasawa de travailler sur la thématique de la finitude avec plusieurs pistes intéressantes et la relation entre robots et humains qui m'a moins passionné.
Le graphisme est classique avec des personnages humains stéréotypés par les codes mangas. Cela donne encore une héroïne principale au look de collégienne de 14 ans dans un monde hostile où elle agit comme une vieille pro pleine d'expérience. Par contre l'autrice n'abuse pas des super déformations pour créer de l'expressivité fictive. Les extérieurs sont bien travaillés avec un trait fin et délicat et une profusion de détails. J'ai une préférence pour le T2 au sein de la Rainforest qui donne une ambiance plus organique que le reste de la série.
Les scènes de combats sont peu nombreuses ce qui montre que l'autrice a privilégié la pensée à l'action.
Une lecture avec des qualités même si je ne suis pas le lecteur idéal.
Je pense que la foultitude de détails techniques et la description plutôt complète et minutieuse d'une expérience de course au large va surtout plaire aux amateurs et/ou amoureux du genre.
Mais je dois dire que, même si les immensités océaniques et la voile ne m'attirent pas forcément, ma lecture de cet album s'est quand même révélée agréable.
Un peu à la façon d'une Marion Montaigne (autour du voyage de Thomas Pesquet dans l'espace par exemple), Maud Bénézit produit un récit dynamique, qui s'affranchit souvent du traditionnel gaufrier, avec un dessin simple et plaisant.
L'autodérision dont fait preuve Clarisse Crémer joue aussi pour intéresser les lecteurs à ses angoisses, ses questionnements, ses réflexions. Sa fraîcheur est communicative.
Un album sur lequel je ne reviendrai sans doute pas, mais que je recommande à tous ceux que le sujet passionne, et même au-delà.
Ça fait très longtemps que cette BD trainait à la maison et que je voulais la relire. C'est une étrange histoire concocté par Jeph Loeb et ses comparses, histoire qui va évoluer dans un monde crée par le Joker où sa folie s'impose au reste. L'idée permet de renverser pas mal de choses établies de l'univers des super-héros, notamment en les tournant en ridicule. C'est une riche idée, dans une histoire où le ton sombre se fait sentir. On a une petite vision de l'enfer avec ces tourments éternels que subit Batman par exemple.
Maintenant, je dois dire que si la lecture est amusante parfois, elle est franchement alourdie pour un néophyte comme moi. On a des personnages qui apparaissent en permanence, la plupart m'étant parfaitement inconnu. Du coup c'est un peu confus dans l'ensemble lorsqu'on ne sait pas trop qui fait quoi et pourquoi. Et je dois dire que l'histoire reste globalement très proche de ce qu'on voit dans pas mal d'autres récits de super-héros. En fin de compte, le contexte assez sombre qui pourrait être l'intérêt central du récit est assez peu présent sauf au final.
Globalement j'ai relu sans déplaisir. Il y a quelques gags qui marchent très bien, l'histoire aurait pu être plus sombre et profonde avec une réflexion sur la folie qui a trop de pouvoir. Maintenant ça reste aussi très classique dans la forme, et globalement je pense qu'il faut une meilleure connaissance des super-héros pour apprécier pleinement tout ce qui est présenté ici. Ni franchement excellent ni mauvais, un comics dans la moyenne je trouve.
À mi-chemin entre le roman graphique et le documentaire, cette bande dessinée nous entraîne dans le désert de l’Atacama, au Chili, sur les traces de son protagoniste, un astrophysicien venu solliciter quelques précieuses minutes d’observation à l’Atacama Large Millimeter Array, le plus grand radiotélescope combiné au monde. Si sa quête scientifique est au cœur du récit, c’est également une rencontre humaine qui s’opère, avec les Atacameños, population ancestrale ayant su s’adapter à cet environnement extrême, aujourd’hui menacée par la surexploitation des ressources en eau due à l’industrie minière du lithium et du cuivre, métaux pourtant cruciaux pour les moteurs électriques censés réduire notre dépendance au pétrole.
La lecture s’avère donc doublement enrichissante. D’un côté, elle offre une plongée fascinante dans le fonctionnement de ce gigantesque instrument d’observation et dans les applications astronomiques qu’il permet. De l’autre, elle ouvre une fenêtre sur une région isolée, perchée à haute altitude où l’oxygène se fait rare, et sur la situation de la population locale.
Les planches de Matthieu Fauré séduisent par leurs couleurs vibrantes, particulièrement efficaces pour traduire la majesté des paysages désertiques et, surtout, la splendeur des ciels nocturnes, où la Voie lactée et ses nébuleuses apparaissent avec une intensité remarquable. En revanche, le dessin des personnages peine à convaincre : visages variables, mains souvent maladroites et proportions bancales entachent quelque peu la lisibilité du récit.
Au fil des pages, la dimension scientifique cède progressivement le pas à une réflexion plus existentielle. Le héros se confronte à des interrogations universelles, portées par des séquences halucinatoires un brin déroutantes, mais toujours ancrées dans une volonté de souligner la fascination commune des êtres humains pour les étoiles, quel que soit leur point d’ancrage sur la planète.
Malgré ces qualités indéniables, l’ensemble ne m’a pas pleinement emporté. Le ton, parfois un peu mièvre, notamment à travers la répétition de la formule « Là-bas, il n’y a rien et en même temps… il y a tout », m’a laissé à distance. La conclusion, censée marquer l’aboutissement de la quête du personnage, m'a laissé scientifiquement circonspect : le sens et la portée de l’observation finale manquent de clarté, et je n'ai pas compris pourquoi il fallait viser spécifiquement à cet endroit précis pour obtenir ce résultat qui donne l'impression de pouvoir être obtenu presque partout et de ne pas être très surprenant.
Le message n'a pas su correctement m'atteindre et je me suis légèrement ennuyé malgré tout l'intérêt que je peux porter à ce désert de l'Atacama que j'aimerais beaucoup visiter un jour et à l'astrophysique en général.
Note : 2,5/5
2.5
Une série de deux albums dont chacun contient une mini-série mettant en vedette John Constantine et ce sont clairement pas des indispensables à moins de tout vouloir lire sur l'univers d'Hellblazer.
Le premier tome contient la meilleure mini-série. On retrouve l'humour noir et le côté anarchique de la série que j'aime bien et le dessin de Murphy retranscrit bien le style d'ambiance que je veux retrouver lorsque je lis un récit mettant en vedette John Constantine. L'idée de départ est bien trouvée aussi. Le seul vrai défaut est que je trouve que le récit traine un peu trop en longueur et qu'au final le récit n'est pas assez percutant pour mériter d'être une mini-série. On aurait pu faire un récit en deux-trois chapitres dans la série-mère sans problème.
Le second tome qui voit le retour du scénariste James Delano sur le personnage de Constantine est moins bon. Comme c'était le cas avec d'autres récits écrits dans les années 80-90, il y a un côté social avec une critique cinglante de l'Angleterre de Tony Blair qui a participé à la guerre en Irak. Seulement si le propos n'est pas dénué d'intérêt, je me suis vite un peu ennuyé. Le scénario est poussif avec quelques scènes un peu captivantes qui surnagent dans le lot. Je n'ai pas trop aimé le dessin de Jock sur ce récit, c'est trop froid et informatique pour moi. À noter que cet album contient comme bonus un récit tiré de la série régulière d'Hellblazer dessiné par Jock.
Un one-shot pour les jeunes qui met en vedette un personnage issu d'une des séries les plus adultes de DC Comics à savoir John Constantine !
Évidemment, Constantine dans ce récit est un jeune ado et les pires trucs qu'il fait sont des trucs comme être prétentieux et de faire les 400 coups sans penser aux conséquences. Le résultat est pas trop mal même si cela s'adresse d'abord à un public de 8-12 ans environ. Le récit est un peu convenu par moment, mais il y a tout de même quelques surprises dans le scénario. Évidemment, le lecteur adulte aura souvent l'impression d'avoir déjà vu ce genre de récit dans un dessin animé qu'il a vu jeune, mais j'ai trouvé que c'était tout de même un peu plus original que d'autres séries de la collection Urban Kids. Il y a des bonnes idées comme le fait que Constantine, habitué à la magie européenne va se retrouver un peu désorienté lorsqu'il va être confronté au monde du surnaturel américain.
J'ai bien aimé le dessin et le scénario se lit agréablement bien. C'est pas un indispensable, mais ça fait bien passer le temps.
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
Indépendante depuis sa création en 1998, Cultura se donne pour mission de faire vivre et aimer la culture.
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
Somna
Nous sommes en Angleterre au XVIIeme siècle (même si rien ne précise le lieu, et si les noms des personnages sont plutôt "nordiques "). Une atmosphère puritaine étouffante. L'arrière-plan est très classique, et l'intrigue très - trop - linéaire. Elle manque aussi de densité, et avec quelque chose de plus étoffé, avec des intrigues parallèles et des personnages secondaires plus développés, j'aurais volontiers arrondi au niveau supérieur. Mais ça reste quand même une histoire plaisante à lire. Qui montre bien la peur des femmes, l'instrumentation du diable et de l'idée de sorcellerie pour les dominer et accessoirement cadenasser une société en pleine effervescence. Ainsi l'héroïne, délaissée par son mari (inquisiteur obnubilé par sa chasse aux sorcières - avec des méthodes discutables !), est assaillie de rêves érotiques, qui vont la mener à sa perte. La narration est fluide. Mais c'est l'aspect graphique qui est le plus original et le plus réussi. Chacune des deux autrices se charge, avec son style propre, d'une partie du récit. Un style comics classique (et réussi) avec un trait gras pour tout ce qui est de la vie "ordinaire ", et un style hyper réaliste au rendu proche de la photo pour les parties rêvées (ou sensualité et érotisme s'invitent avec le "malin"). J'ai bien aimé ce double travail graphique. Note réelle 3,5/5.
La Terre verte
Aïe, aïe, aïe... 4, c'est trop ; 3, c'est trop peu. Et je ne peux tempérer ma note par un coup de cœur qui n'est pas venu. Pour autant, on est loin de l'échec, Ayroles signe à nouveau une bande dessinée qui se lit très agréablement et où l'on retrouve le verbe haut si caractéristique de l'auteur. Et pourtant, j'ai ressenti moins de passion à lire cet album que l'ensemble des autres d'Ayroles... Après réflexion, je crois que le problème, c'est la redite. Pourquoi avoir choisi de poursuivre l'histoire de Richard III dans sa version shakespearienne ? Ce lien encombre finalement plus le récit qu'autre chose. Car, quand on connaît la pièce de Shakespeare (ou la fidèle adaptation cinématographique qu'en tira Laurence Olivier en 1955), il est difficile de concéder à Ayroles le même génie que son très illustre prédécesseur. Et si l'auteur de De Cape et de Crocs, Garulfo et D a déjà allègrement brillé par le passé, la lutte qu'il livre pour se montrer au niveau de Shakespeare est trop ardue pour qu'il en sorte la tête haute. On peut au moins reconnaître à Alain Ayroles de s'en sortir sans ridicule. Son pastiche de Shakespeare fonctionne par moments, et les dialogues sont ponctués de ces étincelles de génie qu'on lui connaît. Certaines répliques deviennent cultes aussitôt qu'on les lit ! Mais voilà, quand on a lu Sept Missionnaires et Les Indes fourbes, on a un peu l'impression que leur auteur tourne en rond. Que nous apporte de neuf La Terre verte ? Finalement pas grand-chose... D'autant que La Terre verte n'a pas la somptuosité visuelle des Indes fourbes. Hervé Tanquerelle est loin d'être mauvais au dessin, bien évidemment, mais quand on songe au génie de Guarnido ou à la fluidité du trait de Guérineau (pour rester sur le Ayroles récent), ce récit n'en a pas l'ampleur. Le Groenland n'apparaît le plus souvent que sous l'apparence d'un village de pêcheurs modeste, on ne voit et on n'imagine que peu les grandes étendues glacées balayées par le vent et la neige. Et puis, surtout, je ne m'attarde jamais dessus, mais ici, la police d'écriture des textes m'a sorti du récit. Je me rends compte que c'est important, parfois, le lettrage. S'il n'a pas l'élégance qui convient à l'époque choisie, cela crée un étrange décalage, pas forcément de bon aloi. Bref, rien de catastrophique. La Terre verte est une histoire qui se lit très agréablement et où l'on retrouve la patte typique d'Ayroles. Mais justement, c'est trop typique. C'est fait avec beaucoup de talent, mais le génie commence à disparaître sous l'effet de la répétition... Et finalement, après Les Indes fourbes, L'Ombre des Lumières et maintenant "La Terre verte", c'est-à-dire trois récits historiques de colonisation, de chute/rédemption (ou rédemption/chute) et de chocs des cultures, me vient une question à l'esprit : où est passé le Alain Ayroles qui était capable tour à tour (voire simultanément) de nous emmener écouter des poésies sur la lune en se battant à l'épée, trembler face au baiser mortel du vampire de l'époque victorienne, et pleurer sur le sort d'un ogre de contes de fées plus occupé à collectionner les porcelaines qu'à manger des humains ? Cet Ayroles-là me manque. On va tout miser sur le tome 3 de sa trilogie Les Chimères de Vénus...
Les Aventures de la Fin de l'épisode
Très similaire à un autre album de la collection "Patte de mouche", à savoir Imbroglio, en ça que tous deux parodient les fins de whodunit en enchaînant et en sur-exagérant les révélations. Ici, on est même plus précisément sur une fin à la Scooby-Doo. Oui, les deux enquêteurs ressemblent à s'y méprendre à Sherlock Holmes et au docteur Watson, mais il n'empêche que la scène très connue et ultra-codifiée du retirage de masque avec l'explication abracadabrantesque qui justifie pourquoi quelqu'un se serait déguisé en monstre ça tient quand-même plus du Scooby-Doo. Ici, donc, préparez-vous à enchaîner les masques, les mobiles et les révélations (toujours accompagnées du tonnerre dramatique, pour faire plus vrai). C'est con, c'est court, c'est efficace. En tout cas, l'album m'est resté en tête plusieurs années après lecture et parvient encore à me faire sourire.
La Bande à Renaud (Renaud - BD d'enfer)
J'ai lu la série dans la première intégrale. Sur ce genre d'album hommage collectif, c'est une honnête production. Même si je ne suis pas fan de l'éclectisme qu'impose l'assemblage hétéroclite d'auteurs. Pas forcément pour les thèmes ou intrigues, ici toutes adaptées des chansons de Renaud, mais plutôt au niveau graphique. Pas mal de noms connus donc, qui s'en tirent plus ou moins bien. En particulier j'ai été surpris de retrouver Juillard. Et de fait son trait léché ne convient pas je trouve (surtout que, contrairement à beaucoup d'autres il se contente d'illustrer le texte de la chanson). Les auteurs des Humanos de la grande époque sont plus à leur aise (Renaud les côtoyait à l'époque). Comme Boucq aussi. Sinon, au niveau des textes, je préfère les plus anciens ( j'étais amateur des premiers albums, ou du live "Un Olympia pour moi tout seul "), ce qui a sans doute joué pour mon ressenti. Les fans du chanteur y trouveront leur compte. Note réelle 2,5/5.
Terrarium
Pour un manga destiné aux ados, j'ai trouvé cette lecture assez exigeante. C'est assez condensée puisque l'autrice boucle sa série en quatre opus. Les dialogues sont recherchés et parfois compliqués dans un monde futuriste de SF. L'autrice crée une fratrie étrange avec ce couple Pino et Chico qui sont frère et sœur d'un genre surprenant puisque Pino est un robot alors que Chico est une sorte de docteur pour humains et robots. A la recherche de leur mère, les deux personnages voyagent de colonie en colonie dans un monde hybride robots/humains ravagé par la dernière grande guerre et dont le temps est compté par faute d'énergie disponible. Cela permet à Yuna Hirasawa de travailler sur la thématique de la finitude avec plusieurs pistes intéressantes et la relation entre robots et humains qui m'a moins passionné. Le graphisme est classique avec des personnages humains stéréotypés par les codes mangas. Cela donne encore une héroïne principale au look de collégienne de 14 ans dans un monde hostile où elle agit comme une vieille pro pleine d'expérience. Par contre l'autrice n'abuse pas des super déformations pour créer de l'expressivité fictive. Les extérieurs sont bien travaillés avec un trait fin et délicat et une profusion de détails. J'ai une préférence pour le T2 au sein de la Rainforest qui donne une ambiance plus organique que le reste de la série. Les scènes de combats sont peu nombreuses ce qui montre que l'autrice a privilégié la pensée à l'action. Une lecture avec des qualités même si je ne suis pas le lecteur idéal.
J'y vais mais j'ai peur
Je pense que la foultitude de détails techniques et la description plutôt complète et minutieuse d'une expérience de course au large va surtout plaire aux amateurs et/ou amoureux du genre. Mais je dois dire que, même si les immensités océaniques et la voile ne m'attirent pas forcément, ma lecture de cet album s'est quand même révélée agréable. Un peu à la façon d'une Marion Montaigne (autour du voyage de Thomas Pesquet dans l'espace par exemple), Maud Bénézit produit un récit dynamique, qui s'affranchit souvent du traditionnel gaufrier, avec un dessin simple et plaisant. L'autodérision dont fait preuve Clarisse Crémer joue aussi pour intéresser les lecteurs à ses angoisses, ses questionnements, ses réflexions. Sa fraîcheur est communicative. Un album sur lequel je ne reviendrai sans doute pas, mais que je recommande à tous ceux que le sujet passionne, et même au-delà.
Empereur Joker
Ça fait très longtemps que cette BD trainait à la maison et que je voulais la relire. C'est une étrange histoire concocté par Jeph Loeb et ses comparses, histoire qui va évoluer dans un monde crée par le Joker où sa folie s'impose au reste. L'idée permet de renverser pas mal de choses établies de l'univers des super-héros, notamment en les tournant en ridicule. C'est une riche idée, dans une histoire où le ton sombre se fait sentir. On a une petite vision de l'enfer avec ces tourments éternels que subit Batman par exemple. Maintenant, je dois dire que si la lecture est amusante parfois, elle est franchement alourdie pour un néophyte comme moi. On a des personnages qui apparaissent en permanence, la plupart m'étant parfaitement inconnu. Du coup c'est un peu confus dans l'ensemble lorsqu'on ne sait pas trop qui fait quoi et pourquoi. Et je dois dire que l'histoire reste globalement très proche de ce qu'on voit dans pas mal d'autres récits de super-héros. En fin de compte, le contexte assez sombre qui pourrait être l'intérêt central du récit est assez peu présent sauf au final. Globalement j'ai relu sans déplaisir. Il y a quelques gags qui marchent très bien, l'histoire aurait pu être plus sombre et profonde avec une réflexion sur la folie qui a trop de pouvoir. Maintenant ça reste aussi très classique dans la forme, et globalement je pense qu'il faut une meilleure connaissance des super-héros pour apprécier pleinement tout ce qui est présenté ici. Ni franchement excellent ni mauvais, un comics dans la moyenne je trouve.
Alma - Voyage initiatique d’un astronome en terre inca
À mi-chemin entre le roman graphique et le documentaire, cette bande dessinée nous entraîne dans le désert de l’Atacama, au Chili, sur les traces de son protagoniste, un astrophysicien venu solliciter quelques précieuses minutes d’observation à l’Atacama Large Millimeter Array, le plus grand radiotélescope combiné au monde. Si sa quête scientifique est au cœur du récit, c’est également une rencontre humaine qui s’opère, avec les Atacameños, population ancestrale ayant su s’adapter à cet environnement extrême, aujourd’hui menacée par la surexploitation des ressources en eau due à l’industrie minière du lithium et du cuivre, métaux pourtant cruciaux pour les moteurs électriques censés réduire notre dépendance au pétrole. La lecture s’avère donc doublement enrichissante. D’un côté, elle offre une plongée fascinante dans le fonctionnement de ce gigantesque instrument d’observation et dans les applications astronomiques qu’il permet. De l’autre, elle ouvre une fenêtre sur une région isolée, perchée à haute altitude où l’oxygène se fait rare, et sur la situation de la population locale. Les planches de Matthieu Fauré séduisent par leurs couleurs vibrantes, particulièrement efficaces pour traduire la majesté des paysages désertiques et, surtout, la splendeur des ciels nocturnes, où la Voie lactée et ses nébuleuses apparaissent avec une intensité remarquable. En revanche, le dessin des personnages peine à convaincre : visages variables, mains souvent maladroites et proportions bancales entachent quelque peu la lisibilité du récit. Au fil des pages, la dimension scientifique cède progressivement le pas à une réflexion plus existentielle. Le héros se confronte à des interrogations universelles, portées par des séquences halucinatoires un brin déroutantes, mais toujours ancrées dans une volonté de souligner la fascination commune des êtres humains pour les étoiles, quel que soit leur point d’ancrage sur la planète. Malgré ces qualités indéniables, l’ensemble ne m’a pas pleinement emporté. Le ton, parfois un peu mièvre, notamment à travers la répétition de la formule « Là-bas, il n’y a rien et en même temps… il y a tout », m’a laissé à distance. La conclusion, censée marquer l’aboutissement de la quête du personnage, m'a laissé scientifiquement circonspect : le sens et la portée de l’observation finale manquent de clarté, et je n'ai pas compris pourquoi il fallait viser spécifiquement à cet endroit précis pour obtenir ce résultat qui donne l'impression de pouvoir être obtenu presque partout et de ne pas être très surprenant. Le message n'a pas su correctement m'atteindre et je me suis légèrement ennuyé malgré tout l'intérêt que je peux porter à ce désert de l'Atacama que j'aimerais beaucoup visiter un jour et à l'astrophysique en général. Note : 2,5/5
Les Dossiers de Hellblazer
2.5 Une série de deux albums dont chacun contient une mini-série mettant en vedette John Constantine et ce sont clairement pas des indispensables à moins de tout vouloir lire sur l'univers d'Hellblazer. Le premier tome contient la meilleure mini-série. On retrouve l'humour noir et le côté anarchique de la série que j'aime bien et le dessin de Murphy retranscrit bien le style d'ambiance que je veux retrouver lorsque je lis un récit mettant en vedette John Constantine. L'idée de départ est bien trouvée aussi. Le seul vrai défaut est que je trouve que le récit traine un peu trop en longueur et qu'au final le récit n'est pas assez percutant pour mériter d'être une mini-série. On aurait pu faire un récit en deux-trois chapitres dans la série-mère sans problème. Le second tome qui voit le retour du scénariste James Delano sur le personnage de Constantine est moins bon. Comme c'était le cas avec d'autres récits écrits dans les années 80-90, il y a un côté social avec une critique cinglante de l'Angleterre de Tony Blair qui a participé à la guerre en Irak. Seulement si le propos n'est pas dénué d'intérêt, je me suis vite un peu ennuyé. Le scénario est poussif avec quelques scènes un peu captivantes qui surnagent dans le lot. Je n'ai pas trop aimé le dessin de Jock sur ce récit, c'est trop froid et informatique pour moi. À noter que cet album contient comme bonus un récit tiré de la série régulière d'Hellblazer dessiné par Jock.
Hellblazer - Le Mystère de la Prof Sans Cœur
Un one-shot pour les jeunes qui met en vedette un personnage issu d'une des séries les plus adultes de DC Comics à savoir John Constantine ! Évidemment, Constantine dans ce récit est un jeune ado et les pires trucs qu'il fait sont des trucs comme être prétentieux et de faire les 400 coups sans penser aux conséquences. Le résultat est pas trop mal même si cela s'adresse d'abord à un public de 8-12 ans environ. Le récit est un peu convenu par moment, mais il y a tout de même quelques surprises dans le scénario. Évidemment, le lecteur adulte aura souvent l'impression d'avoir déjà vu ce genre de récit dans un dessin animé qu'il a vu jeune, mais j'ai trouvé que c'était tout de même un peu plus original que d'autres séries de la collection Urban Kids. Il y a des bonnes idées comme le fait que Constantine, habitué à la magie européenne va se retrouver un peu désorienté lorsqu'il va être confronté au monde du surnaturel américain. J'ai bien aimé le dessin et le scénario se lit agréablement bien. C'est pas un indispensable, mais ça fait bien passer le temps.