Je trouve cette collection bienvenue et intéressante même si les opus sont assez inégaux. L'idée de refaire découvrir à travers un medium moderne les grands titres de la littérature ouvre des possibilités pour un public jeune sollicité par d'autres propositions que des gros pavés. Cela peut servir aussi de sessions de rattrapages pour les moins jeunes, c'est mon cas.
Michel Strogoff fait partie de la série des voyages extraordinaires proposés par Jules Vernes. Conseillé par des amis Russes dont Yvan Tourguenieff, l'auteur a pu donné libre cours à son style descriptif de paysages, reliefs, villages ou populations, de quoi faire rêver des générations d'enfants avides de découvertes. Ici c'est le rôle du graphisme de traduire cette atmosphère et je trouve que Daniele Caluri propose le minimum, sans grandes planches et avec un décor extérieur assez banal qui ne traduit pas l'immensité traversée. Seules quelques églises orthodoxes et costumes de moujik rappelle que nous sommes en Russie. Autrement les personnages et expressions sont bonnes avec un dynamisme qui colle au côté aventure du récit.
Pour comprimer un tel roman en 46 pages les choix du scénariste sont importants pour mettre en valeur les thèmes centraux du roman d'origines. Or je trouve que l'on peut avoir plusieurs niveaux de lecture de cette œuvre de Jules Verne. Brrémaud est un auteur que j'apprécie beaucoup. Il est habitué à introduire des éléments historiques précis dans ses histoires avec souvent une vision décalée et caustique. On pourrait s'arrêter à la vision super-héros , aventureuse d'un personnage lisse et passé de mode que représente Strogoff. Une vraie carte postale en l'honneur de l'armée du Tsar via la résistance que Strogoff montre dans toutes les épreuves surmontées avec un happy end en guise de repos du guerrier.
Mouais je trouve que Brrémaud nous invite à une autre lecture plus distanciée. La présentation de Strogoff avec "ses yeux d'un bleu foncé" " Ce courage des héros" héros qui approuve l'expulsion des Asiatiques sous prétexte que " C'est éloigner en bloc tous ceux qui ont des affinités avec les Tartares…"p8. Pour faire bonne mesure l'espionne au regard insistant est "une bohémienne"p9. Ainsi le brave super héros Européen Blanc et blond à le courage de bouter ,presque à lui seul, les hordes de Tatares d'Asie Centrale? C'est qu'en ces décennies un vent mauvais soufflait dans de nombreux pays européens: Guerre de l'opium en Chine, expédition du Tonkin, Conférence de Berlin la liste est longue des appétits illégitimes des gouvernants européens au mépris des peuples autochtones.
Une lecture intéressante qui invite à la réflexion avec une adaptation qui me plaît.
Avec cet album, JD Morvan et Stéphane Marchetti entament un projet éditorial au sein de la collection Aire Libre des éditions Dupuis consistant à réaliser au moins 5 ouvrages dédiés à l'adaptation en bande dessinée de reportages de grands journalistes ayant gagné le célèbre Prix Albert Londres. Tous auront des auteurs, des sujets et des tons très variés puisque fidèles à leurs auteurs originels dont les styles diffèrent. Mais tous rendront hommage à l'esprit des grands reporters et à leur retranscription fidèle de la réalité de moments historiques marquants du XXe et du XXIe siècle.
Sur le Front de Corée est l'adaptation des mémoires et des reportages réalisés par Henri De Turenne quand, alors jeune journaliste, il a été envoyé dès 1950, au tout début de la guerre de Corée, suivre les soldats américains aux prises avec l'armée Nord-Coréenne. A travers lui on découvre comment les reporters de guerre agissaient à l'époque, les dangers auxquels ils étaient confrontés (le nombre de journalistes tués lors de ce conflit fut proportionnellement plus grand que lors de la seconde guerre mondiale) et aussi comment s'est déroulée cette étonnante guerre entre guerre civile et conflit direct entre grandes puissances.
Mes souvenirs de la guerre de Corée dataient du lycée et je me souvenais vaguement d'un flux et reflux. C'est bien cette drôle de situation dont Henri De Turenne sera le témoin : les premiers mois avec les Nord-Coréens armés par la Russie repoussant les Sudistes et leurs alliés Américains presque hors de la péninsule avant que les renforts des USA et d'une partie de l'ONU n'inversent la donne et fassent s'enfuir l'ennemi vers le Nord, avec une maigre résistance lors de la reprise de Séoul, et ce jusqu'à la frontière avec la Chine... moment où celle-ci s'est à son tour engagée dans le conflit repoussant à nouveau les alliés et entrainant une nouvelle perte puis encore une reprise de Séoul et plus de 2 ans supplémentaires de conflit jusqu'à l'armistice bancal qui est toujours en vigueur actuellement.
Même s'il lui arrivera d'être au cœur des combats et quelques fois en réel danger de mort, Henri de Turenne suivra le plus souvent les soldats avec un temps de décalage, s'occupant plutôt de rendre compte de l'état d'esprit des hommes et de constater la drôle de situation des Coréens pris entre deux feux, tiraillés entre les promesses des uns, la peur des autres et inversement.
Rafael Ortiz met ce récit en image dans un style réaliste et relativement académique. Le travail est généreux, présentant hommes et décors dans des vues claires et parfois proches du grand spectacle pour donner une bonne vue d'ensemble. Le trait parait toutefois un peu hésitant, notamment certains visages dont la représentation parait laborieuse et pas toujours gracieuse.
La narration est également parfois légèrement décousue, partant en digressions sur l'avenir du journaliste notamment, avant de revenir en arrière dans le temps vers le conflit que l'on suivait en détails. La fin est également un peu abrupte, racontant en une seule case les deux dernières années de la guerre tandis que le reporter quitte le pays. On en saura heureusement un peu plus avec le petit dossier en texte et photos en fin d'album.
Cela n'entache pas en tout cas une lecture qui se révèle instructive sur cette guerre mal connue, sur cet homme qu'était Henri de Turenne et sur le métier de reporter de guerre en général.
2.5
Un polar d'action qui ne m'a pas trop convaincu.
Le dessin est pas mal et dynamique. C'est vraiment le bon style pour ce genre de récit d'action. Mon problème vient plutôt du scénario. Il est efficace, mais manque d'originalité. J'ai eu l'impression d'avoir déjà vu l'histoire et les personnages plusieurs fois. Rien ne m'a intéressé et j'ai lu l'album avec une certaine indifférence. Ça se laisse tout de même lire grâce à la narration fluide qui a fait en sorte que j’ai pu lire l’album facilement malgré tout.
Si vous adorez les histoires de gros durs qui veulent suivre la voie de la rédemption, mais qui sont rattrapés par leur passé, c'est un one-shot pour vous.
Raconter l’effervescence de mai 1968 de façon romancée, pourquoi pas ? Il y a matière à pimenter un récit « ordinaire ». Mais je suis sorti quelque peu déçu de la lecture de cet album.
Le dessin du duo est globalement bon, comme à son habitude. Quoique que je l’ai ici trouvé un peu plus inégal (certaines planches m’ont paru moins travaillées).
Les différents protagonistes que nous suivons sont intéressants, permettent de nous guider dans le Paris agité, même si ne sont présentés ici que des échantillons divers de la plus ou moins petite bourgeoisie – avec quelques vacuités et inconséquences qui peuvent accompagner une révolte parfois de façade, comme on testerait une drogue « pour voir », avant de « redevenir sérieux ».
Mai 68 nous est donc présenté au travers de leurs dialogues et de leur inégale participation, mais ça reste un décor, mal expliqué. La poésie et l’éruption politique du moment (surréalistes et situationnistes avaient préparé le terrain, et ont grandement influencé la tonalité de nombre d’actions et de slogans/affiches) sont un peu escamotés, comme l’est quasiment tout le mouvement ouvrier spontané (et sa récupération, voire sa noyade par certains partis politiques ensuite).
Le personnage de l’Américain fait un peu artificiel (comme si les auteurs voulaient vraiment tout caser, y compris les débats autour de la guerre du Vietnam, de ce qui occupait les esprits politisés de l’époque). Le personnage fait d’autant plus artificiel que l’interrogatoire qu’il subit – fil rouge et truc narratif pour « raconter » les événements – reste du début à la fin obscur et sans réel intérêt ou crédibilité.
Au final, c’est une lecture pas désagréable, mais qui manque d’un je ne sais quoi pour la faire sortir d’un certain ronronnement gentillet. Les passions de l’époque y sont presque anesthésiées.
Note réelle 2,5/5/5.
Alors que l’album est largement dispensable, je le situerai dans les bons crus du duo père/fils.
En tout cas, j’y ai trouvé suffisamment mon compte. Il faut dire que je n’avais vraiment aucune attente particulière lors de mon entame de lecture.
Au dessin, bah c’est du Hermann mais encore en forme (si on compare à ses toutes dernières productions). L’auteur déroule son style intemporel, je n’accroche plus autant qu’à une époque mais ça reste solide.
La surprise (bonne ou mauvaise) dans ce duo vient toujours du scénariste, qui ne m’a malheureusement jamais trop convaincu.
Et bien dans le cas présent, c’est plutôt bien passé. Il ne faut pas s’attendre à des miracles mais j’ai plutôt bien aimé ce récit de genre qui lorgne vers la série B. J’ai bien des trucs à redire mais le plaisir était tout de même là.
Du fantastique qui vole pas bien haut mais honnête pour un emprunt.
L’album mélange deux thématiques. D’abord – elle est au cœur du récit – l’exploitation des nounous – ici africaines – par un couple plus fortuné, qui lui fait faire – pour le même prix – ménage, courses et autres heures supplémentaires, en plus de son boulot de base de garder leur mioche.
En parallèle, les parents de l’enfant gardé montrent un couple qui tangue (en filigrane une autre thématique, plus féministe, voit le jour, avec la situation professionnelle fragilisée pour les femmes ayant été absentes pour congé maternité).
Les différentes thématiques se marient globalement assez bien, mais sans toujours aller au fond des choses. Surtout, si la narration est assez fluide, et la lecture rapide, j’ai été gêné sur la fin par l’évolution d’Udama, la nounou qui, en une ou deux cases, se révèle bien moins sympa que depuis le début. Certes, on prend plaisir à la voir prendre sa revanche sur ceux qui l’exploitaient – en l’assumant plus ou moins d’ailleurs. Mais l’entourloupe qu’elle fait à l’une de ses collègues est surprenante pour le personnage, et un peu dégueulasse. Elle se révèle finalement la plus arriviste de tous. Quant au happy-end concernant le couple, il est lui aussi un peu gros et brutal, mais pourquoi pas ?
Une lecture agréable donc, mais qui pêche par quelques menus défauts au niveau de l’évolution des personnages, et quelques facilités scénaristiques (comment le couple peut-il financer l’appartement parisien prêté à sa nounou ???).
Bien sympathique petite série !
Bon, oui, ce n’est pas révolutionnaire et je n’ai malheureusement pu lire que les trois premiers tomes pour le moment (seuls à ma disposition), mais je dois bien reconnaître que la lecture me fut très agréable.
Les personnages sont simples, il y a des petites pointes d’humour bienvenues (notamment avec les oiseaux) et la narration est fluide.
Ma note réelle serait de 2,5 étoiles mais je l’élève volontiers à 3 car cela reste sincèrement mieux qu’un simple "neutre".
Voilà une bd documentaire assez originale, qui nous propose donc d'explorer les bizarreries du monde animal. Il y a autant de textes didactiques que de bd, ce qui rend cet ouvrage hybride. Comme Noirdésir je n'ai pas toujours été convaincu par l'humour de Pierre Kroll, mais ses planches et illustrations ont le mérite d'aérer un ouvrage qui eût pu paraître un peu aride. Mais à bien lire les textes, il n'a rien d'aride, la scénariste a fait le choix d'agrémenter ceux-ci de traits d'humour, et c'est très instructif.
On apprend vraiment beaucoup de choses, sur des Animaux atypiques comme l'ornithorynque, la lampsile ou la toxoplasmose (!). Et le fait de faire dialoguer Darwin et Dieu est une idée sympathique, même si parfois cela n'est pas très heureux.
Beau projet inattaquable, mais...
Il s'agit d'un docu-fiction et l'essentiel des regrets réside dans ce positionnement mal cadré.
L'idée du documentaire est d'aborder les différentes sous-thématiques en lien plus ou moins direct avec la pêche industrielle intensive et la surexploitation des mers et océans : raréfaction des poissons et mise en difficulté d'économies locales artisanales dépendantes de la pêche, braconnage d'espèces protégées, contournement des réglementations (quotas, zones protégées non respectées, pêche de poissons juvéniles...), mécanisation détruisant des écosystèmes (filets raclant les sols coralliens), avec également une ouverture sur des thématiques telles l'impact et le rôle des océans dans le réchauffement climatique, la piraterie moderne, les flux migratoires internationaux...
Côté fiction, le scénario ne tient pas véritablement ou déçoit : l'on suit d'abord un pêcheur puis sa reconversion forcée, qui nous mènera à croiser une militante écolo effectuant des contrôles en mer. L'on assiste à une succession d'épisodes dont les liens narratifs semblent bien ténus, le fait de changer de personnage principal décrédibilise la fiction, inversement le rajout d'éléments sentimentaux vient maladroitement souligner l'artificialité de l'ensemble.
Les illustrations ne sont pas totalement convaincantes non plus : trait mal assuré donnant un aspect plutôt grossier à l'ensemble, couleurs ternes même si le rendu aquarelle me plaît assez.
Beau projet donc, mais BD seulement pas mal, que j'invite néanmoins fortement à lire, tant le propos mérite d'être entendu et relayé.
American Ronin se déroule dans un contexte qui n'est pas clairement expliqué et qu'on comprend à la lecture.
Il existe des corporations secrètes, sortes d'illuminati ou de mafias, plus puissantes que les états et qui leur imposent leurs décisions pour aller dans le sens de leurs affaires de gros sous. Ces corporations utilisent des assassins modifiés pour leur donner des capacités mentales surhumaines. Le héros de notre récit était l'un d'entre eux avant de se retourner contre ses anciens employeurs pour venger la mort de ses parents et ce qu'ils lui ont fait subir dans sa jeunesse. Il a été doté d'une super empathie lui permettant, grâce à l'ADN de ses cibles, de s'imprégner de leur manière de pensée et de pouvoir ainsi les manipuler de manière presque surnaturelle, en les amadouant par sa simple gestuelle ou en les poussant au suicide en quelques mots par exemple.
Même si ce concept n'est pas crédible, notamment sur le fait d'imaginer que de l'ADN puisse transmettre les souvenirs ou les rêves en temps réel d'autres personnes, l'idée n'est pas mauvaise et permet des développements intéressants dans le récit. Cela donne lieu à un polar noir et musclé, où le héros est un super-tueur faisant face à une super-organisation secrète et à ses propres autres super-tueurs. L'ensemble de l'intrigue tournant autour de manipulations mentales et d'enquêtes de personnalité, il y a également une bonne part de psychologie et de réflexion dans le scénario. Bref, ce n'est pas un divertissement léger et idiot.
Le graphisme, lui, est très pro, bien foutu, même si le physique du héros et ses éternelles lunettes de soleil vissées sur le visage me rebute un peu. D'autant qu'il est censé manipuler les gens avec ses expressions corporelles et, si ses yeux ne sont pas visibles, ça me parait quand même plus compliqué.
L'album actuellement paru comprend les 5 seuls épisodes de la série actuellement parus en VO. Ils forment une histoire complète mais appellent à une suite puisque le héros n'a pas encore atteint son but, sauf que je ne sais pas si suite il y aura vraiment.
On a donc une histoire intéressante, qui comprend quelques originalités et une intrigue bien ficelée, mais avec aussi un héros pas forcément très attachant, quelques facilités dans les méthodes que les super-agents peuvent employer, et un certain sentiment d'inachevé avec le seul album existant. Ca reste toutefois un comics plutôt pas mal, surtout pour les amateurs de polars musclés.
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Michel Strogoff
Je trouve cette collection bienvenue et intéressante même si les opus sont assez inégaux. L'idée de refaire découvrir à travers un medium moderne les grands titres de la littérature ouvre des possibilités pour un public jeune sollicité par d'autres propositions que des gros pavés. Cela peut servir aussi de sessions de rattrapages pour les moins jeunes, c'est mon cas. Michel Strogoff fait partie de la série des voyages extraordinaires proposés par Jules Vernes. Conseillé par des amis Russes dont Yvan Tourguenieff, l'auteur a pu donné libre cours à son style descriptif de paysages, reliefs, villages ou populations, de quoi faire rêver des générations d'enfants avides de découvertes. Ici c'est le rôle du graphisme de traduire cette atmosphère et je trouve que Daniele Caluri propose le minimum, sans grandes planches et avec un décor extérieur assez banal qui ne traduit pas l'immensité traversée. Seules quelques églises orthodoxes et costumes de moujik rappelle que nous sommes en Russie. Autrement les personnages et expressions sont bonnes avec un dynamisme qui colle au côté aventure du récit. Pour comprimer un tel roman en 46 pages les choix du scénariste sont importants pour mettre en valeur les thèmes centraux du roman d'origines. Or je trouve que l'on peut avoir plusieurs niveaux de lecture de cette œuvre de Jules Verne. Brrémaud est un auteur que j'apprécie beaucoup. Il est habitué à introduire des éléments historiques précis dans ses histoires avec souvent une vision décalée et caustique. On pourrait s'arrêter à la vision super-héros , aventureuse d'un personnage lisse et passé de mode que représente Strogoff. Une vraie carte postale en l'honneur de l'armée du Tsar via la résistance que Strogoff montre dans toutes les épreuves surmontées avec un happy end en guise de repos du guerrier. Mouais je trouve que Brrémaud nous invite à une autre lecture plus distanciée. La présentation de Strogoff avec "ses yeux d'un bleu foncé" " Ce courage des héros" héros qui approuve l'expulsion des Asiatiques sous prétexte que " C'est éloigner en bloc tous ceux qui ont des affinités avec les Tartares…"p8. Pour faire bonne mesure l'espionne au regard insistant est "une bohémienne"p9. Ainsi le brave super héros Européen Blanc et blond à le courage de bouter ,presque à lui seul, les hordes de Tatares d'Asie Centrale? C'est qu'en ces décennies un vent mauvais soufflait dans de nombreux pays européens: Guerre de l'opium en Chine, expédition du Tonkin, Conférence de Berlin la liste est longue des appétits illégitimes des gouvernants européens au mépris des peuples autochtones. Une lecture intéressante qui invite à la réflexion avec une adaptation qui me plaît.
Sur le front de Corée
Avec cet album, JD Morvan et Stéphane Marchetti entament un projet éditorial au sein de la collection Aire Libre des éditions Dupuis consistant à réaliser au moins 5 ouvrages dédiés à l'adaptation en bande dessinée de reportages de grands journalistes ayant gagné le célèbre Prix Albert Londres. Tous auront des auteurs, des sujets et des tons très variés puisque fidèles à leurs auteurs originels dont les styles diffèrent. Mais tous rendront hommage à l'esprit des grands reporters et à leur retranscription fidèle de la réalité de moments historiques marquants du XXe et du XXIe siècle. Sur le Front de Corée est l'adaptation des mémoires et des reportages réalisés par Henri De Turenne quand, alors jeune journaliste, il a été envoyé dès 1950, au tout début de la guerre de Corée, suivre les soldats américains aux prises avec l'armée Nord-Coréenne. A travers lui on découvre comment les reporters de guerre agissaient à l'époque, les dangers auxquels ils étaient confrontés (le nombre de journalistes tués lors de ce conflit fut proportionnellement plus grand que lors de la seconde guerre mondiale) et aussi comment s'est déroulée cette étonnante guerre entre guerre civile et conflit direct entre grandes puissances. Mes souvenirs de la guerre de Corée dataient du lycée et je me souvenais vaguement d'un flux et reflux. C'est bien cette drôle de situation dont Henri De Turenne sera le témoin : les premiers mois avec les Nord-Coréens armés par la Russie repoussant les Sudistes et leurs alliés Américains presque hors de la péninsule avant que les renforts des USA et d'une partie de l'ONU n'inversent la donne et fassent s'enfuir l'ennemi vers le Nord, avec une maigre résistance lors de la reprise de Séoul, et ce jusqu'à la frontière avec la Chine... moment où celle-ci s'est à son tour engagée dans le conflit repoussant à nouveau les alliés et entrainant une nouvelle perte puis encore une reprise de Séoul et plus de 2 ans supplémentaires de conflit jusqu'à l'armistice bancal qui est toujours en vigueur actuellement. Même s'il lui arrivera d'être au cœur des combats et quelques fois en réel danger de mort, Henri de Turenne suivra le plus souvent les soldats avec un temps de décalage, s'occupant plutôt de rendre compte de l'état d'esprit des hommes et de constater la drôle de situation des Coréens pris entre deux feux, tiraillés entre les promesses des uns, la peur des autres et inversement. Rafael Ortiz met ce récit en image dans un style réaliste et relativement académique. Le travail est généreux, présentant hommes et décors dans des vues claires et parfois proches du grand spectacle pour donner une bonne vue d'ensemble. Le trait parait toutefois un peu hésitant, notamment certains visages dont la représentation parait laborieuse et pas toujours gracieuse. La narration est également parfois légèrement décousue, partant en digressions sur l'avenir du journaliste notamment, avant de revenir en arrière dans le temps vers le conflit que l'on suivait en détails. La fin est également un peu abrupte, racontant en une seule case les deux dernières années de la guerre tandis que le reporter quitte le pays. On en saura heureusement un peu plus avec le petit dossier en texte et photos en fin d'album. Cela n'entache pas en tout cas une lecture qui se révèle instructive sur cette guerre mal connue, sur cet homme qu'était Henri de Turenne et sur le métier de reporter de guerre en général.
Padre Sicario
2.5 Un polar d'action qui ne m'a pas trop convaincu. Le dessin est pas mal et dynamique. C'est vraiment le bon style pour ce genre de récit d'action. Mon problème vient plutôt du scénario. Il est efficace, mais manque d'originalité. J'ai eu l'impression d'avoir déjà vu l'histoire et les personnages plusieurs fois. Rien ne m'a intéressé et j'ai lu l'album avec une certaine indifférence. Ça se laisse tout de même lire grâce à la narration fluide qui a fait en sorte que j’ai pu lire l’album facilement malgré tout. Si vous adorez les histoires de gros durs qui veulent suivre la voie de la rédemption, mais qui sont rattrapés par leur passé, c'est un one-shot pour vous.
Sous les pavés
Raconter l’effervescence de mai 1968 de façon romancée, pourquoi pas ? Il y a matière à pimenter un récit « ordinaire ». Mais je suis sorti quelque peu déçu de la lecture de cet album. Le dessin du duo est globalement bon, comme à son habitude. Quoique que je l’ai ici trouvé un peu plus inégal (certaines planches m’ont paru moins travaillées). Les différents protagonistes que nous suivons sont intéressants, permettent de nous guider dans le Paris agité, même si ne sont présentés ici que des échantillons divers de la plus ou moins petite bourgeoisie – avec quelques vacuités et inconséquences qui peuvent accompagner une révolte parfois de façade, comme on testerait une drogue « pour voir », avant de « redevenir sérieux ». Mai 68 nous est donc présenté au travers de leurs dialogues et de leur inégale participation, mais ça reste un décor, mal expliqué. La poésie et l’éruption politique du moment (surréalistes et situationnistes avaient préparé le terrain, et ont grandement influencé la tonalité de nombre d’actions et de slogans/affiches) sont un peu escamotés, comme l’est quasiment tout le mouvement ouvrier spontané (et sa récupération, voire sa noyade par certains partis politiques ensuite). Le personnage de l’Américain fait un peu artificiel (comme si les auteurs voulaient vraiment tout caser, y compris les débats autour de la guerre du Vietnam, de ce qui occupait les esprits politisés de l’époque). Le personnage fait d’autant plus artificiel que l’interrogatoire qu’il subit – fil rouge et truc narratif pour « raconter » les événements – reste du début à la fin obscur et sans réel intérêt ou crédibilité. Au final, c’est une lecture pas désagréable, mais qui manque d’un je ne sais quoi pour la faire sortir d’un certain ronronnement gentillet. Les passions de l’époque y sont presque anesthésiées. Note réelle 2,5/5/5.
Station 16
Alors que l’album est largement dispensable, je le situerai dans les bons crus du duo père/fils. En tout cas, j’y ai trouvé suffisamment mon compte. Il faut dire que je n’avais vraiment aucune attente particulière lors de mon entame de lecture. Au dessin, bah c’est du Hermann mais encore en forme (si on compare à ses toutes dernières productions). L’auteur déroule son style intemporel, je n’accroche plus autant qu’à une époque mais ça reste solide. La surprise (bonne ou mauvaise) dans ce duo vient toujours du scénariste, qui ne m’a malheureusement jamais trop convaincu. Et bien dans le cas présent, c’est plutôt bien passé. Il ne faut pas s’attendre à des miracles mais j’ai plutôt bien aimé ce récit de genre qui lorgne vers la série B. J’ai bien des trucs à redire mais le plaisir était tout de même là. Du fantastique qui vole pas bien haut mais honnête pour un emprunt.
Udama chez ces gens-là
L’album mélange deux thématiques. D’abord – elle est au cœur du récit – l’exploitation des nounous – ici africaines – par un couple plus fortuné, qui lui fait faire – pour le même prix – ménage, courses et autres heures supplémentaires, en plus de son boulot de base de garder leur mioche. En parallèle, les parents de l’enfant gardé montrent un couple qui tangue (en filigrane une autre thématique, plus féministe, voit le jour, avec la situation professionnelle fragilisée pour les femmes ayant été absentes pour congé maternité). Les différentes thématiques se marient globalement assez bien, mais sans toujours aller au fond des choses. Surtout, si la narration est assez fluide, et la lecture rapide, j’ai été gêné sur la fin par l’évolution d’Udama, la nounou qui, en une ou deux cases, se révèle bien moins sympa que depuis le début. Certes, on prend plaisir à la voir prendre sa revanche sur ceux qui l’exploitaient – en l’assumant plus ou moins d’ailleurs. Mais l’entourloupe qu’elle fait à l’une de ses collègues est surprenante pour le personnage, et un peu dégueulasse. Elle se révèle finalement la plus arriviste de tous. Quant au happy-end concernant le couple, il est lui aussi un peu gros et brutal, mais pourquoi pas ? Une lecture agréable donc, mais qui pêche par quelques menus défauts au niveau de l’évolution des personnages, et quelques facilités scénaristiques (comment le couple peut-il financer l’appartement parisien prêté à sa nounou ???).
Le Royaume
Bien sympathique petite série ! Bon, oui, ce n’est pas révolutionnaire et je n’ai malheureusement pu lire que les trois premiers tomes pour le moment (seuls à ma disposition), mais je dois bien reconnaître que la lecture me fut très agréable. Les personnages sont simples, il y a des petites pointes d’humour bienvenues (notamment avec les oiseaux) et la narration est fluide. Ma note réelle serait de 2,5 étoiles mais je l’élève volontiers à 3 car cela reste sincèrement mieux qu’un simple "neutre".
Dieu, Darwin, tout et n'importe quoi
Voilà une bd documentaire assez originale, qui nous propose donc d'explorer les bizarreries du monde animal. Il y a autant de textes didactiques que de bd, ce qui rend cet ouvrage hybride. Comme Noirdésir je n'ai pas toujours été convaincu par l'humour de Pierre Kroll, mais ses planches et illustrations ont le mérite d'aérer un ouvrage qui eût pu paraître un peu aride. Mais à bien lire les textes, il n'a rien d'aride, la scénariste a fait le choix d'agrémenter ceux-ci de traits d'humour, et c'est très instructif. On apprend vraiment beaucoup de choses, sur des Animaux atypiques comme l'ornithorynque, la lampsile ou la toxoplasmose (!). Et le fait de faire dialoguer Darwin et Dieu est une idée sympathique, même si parfois cela n'est pas très heureux.
Pillages
Beau projet inattaquable, mais... Il s'agit d'un docu-fiction et l'essentiel des regrets réside dans ce positionnement mal cadré. L'idée du documentaire est d'aborder les différentes sous-thématiques en lien plus ou moins direct avec la pêche industrielle intensive et la surexploitation des mers et océans : raréfaction des poissons et mise en difficulté d'économies locales artisanales dépendantes de la pêche, braconnage d'espèces protégées, contournement des réglementations (quotas, zones protégées non respectées, pêche de poissons juvéniles...), mécanisation détruisant des écosystèmes (filets raclant les sols coralliens), avec également une ouverture sur des thématiques telles l'impact et le rôle des océans dans le réchauffement climatique, la piraterie moderne, les flux migratoires internationaux... Côté fiction, le scénario ne tient pas véritablement ou déçoit : l'on suit d'abord un pêcheur puis sa reconversion forcée, qui nous mènera à croiser une militante écolo effectuant des contrôles en mer. L'on assiste à une succession d'épisodes dont les liens narratifs semblent bien ténus, le fait de changer de personnage principal décrédibilise la fiction, inversement le rajout d'éléments sentimentaux vient maladroitement souligner l'artificialité de l'ensemble. Les illustrations ne sont pas totalement convaincantes non plus : trait mal assuré donnant un aspect plutôt grossier à l'ensemble, couleurs ternes même si le rendu aquarelle me plaît assez. Beau projet donc, mais BD seulement pas mal, que j'invite néanmoins fortement à lire, tant le propos mérite d'être entendu et relayé.
American Ronin
American Ronin se déroule dans un contexte qui n'est pas clairement expliqué et qu'on comprend à la lecture. Il existe des corporations secrètes, sortes d'illuminati ou de mafias, plus puissantes que les états et qui leur imposent leurs décisions pour aller dans le sens de leurs affaires de gros sous. Ces corporations utilisent des assassins modifiés pour leur donner des capacités mentales surhumaines. Le héros de notre récit était l'un d'entre eux avant de se retourner contre ses anciens employeurs pour venger la mort de ses parents et ce qu'ils lui ont fait subir dans sa jeunesse. Il a été doté d'une super empathie lui permettant, grâce à l'ADN de ses cibles, de s'imprégner de leur manière de pensée et de pouvoir ainsi les manipuler de manière presque surnaturelle, en les amadouant par sa simple gestuelle ou en les poussant au suicide en quelques mots par exemple. Même si ce concept n'est pas crédible, notamment sur le fait d'imaginer que de l'ADN puisse transmettre les souvenirs ou les rêves en temps réel d'autres personnes, l'idée n'est pas mauvaise et permet des développements intéressants dans le récit. Cela donne lieu à un polar noir et musclé, où le héros est un super-tueur faisant face à une super-organisation secrète et à ses propres autres super-tueurs. L'ensemble de l'intrigue tournant autour de manipulations mentales et d'enquêtes de personnalité, il y a également une bonne part de psychologie et de réflexion dans le scénario. Bref, ce n'est pas un divertissement léger et idiot. Le graphisme, lui, est très pro, bien foutu, même si le physique du héros et ses éternelles lunettes de soleil vissées sur le visage me rebute un peu. D'autant qu'il est censé manipuler les gens avec ses expressions corporelles et, si ses yeux ne sont pas visibles, ça me parait quand même plus compliqué. L'album actuellement paru comprend les 5 seuls épisodes de la série actuellement parus en VO. Ils forment une histoire complète mais appellent à une suite puisque le héros n'a pas encore atteint son but, sauf que je ne sais pas si suite il y aura vraiment. On a donc une histoire intéressante, qui comprend quelques originalités et une intrigue bien ficelée, mais avec aussi un héros pas forcément très attachant, quelques facilités dans les méthodes que les super-agents peuvent employer, et un certain sentiment d'inachevé avec le seul album existant. Ca reste toutefois un comics plutôt pas mal, surtout pour les amateurs de polars musclés.