Dans "Adieu Birkenau" nous suivons Ginette Kolinka dans son rôle de passeuse de mémoire de la Shoah.
J'ai trouvé cet ouvrage moins "traumatisant" que Maus. J'entends par là que les passages vraiment durs sont ici plus ou moins occultés.
Cela vient certainement du fait que nous suivons Ginette accompagnant une classe de collégiens. Toutes les horreurs n'étant pas forcément bonnes à dire à de jeunes oreilles.
Il n'en reste pas moins que Ginette Kolinka mit 50 ans avant de pouvoir parler de ce qu'elle vécut.
Cela situe quand même le traumatisme pour les rescapés
Graphiquement c'est réussi, les personnages sont relativement bien réalisés.
L'usage de la couleur venant là aussi atténuer la dureté du sujet.
Au final j'aurais tendance à recommander cet ouvrage aux adolescents (14-15 ans) quand je conseillerais Maus à des personnes plus "mûres".
Il n'en reste pas moins plaisant mais n'a pas su procurer chez moi la même émotion que l'oeuvre d'Art Spiegelman.
J’avais découvert Frank Cho avec Psychopark, que j’avais plutôt apprécié. Je le retrouve ici dans un genre très différent, éloigné des strips humoristiques, avec une histoire un peu SF, mais qui mise surtout sur l’aventure et l’action.
Si cette histoire se laisse lire – c’est dynamique, très rythmé – ça n’est pas non plus inoubliable. C’est même assez classique et presque trop linéaire dans sa construction. Nous suivons une dizaine de femmes, qui doivent passer (et y survivre !) des épreuves, dans des environnements hyper hostiles, la gagnante devenant reine (c'est clairement plus dangereux que d'essayer une chaussure de vair !). S’ensuivent plusieurs épreuves, au cours desquelles des monstres divers et variés (parfois venus de la préhistoire !), ainsi que la rivalité entre ces femmes vont éclaircir les rangs.
C’est un peu bourrin et basique. Même si Cho tente de donner plus de coffre à l’intrigue avec une histoire/enquête parallèle, ça reste quand même un scénario un peu trop simpliste.
Le dessin est du comics classique – plutôt bon dans son genre (avec une colorisation informatique dont je ne suis pas fan).
Un petit défouloir que l’on peut emprunter. Mais ça m’a laissé sur ma faim.
Note réelle 2,5/5.
Je suis très étonné d'être le premier à chroniquer cette BD. Notons que je n'y mets aucune fierté ni aucun mérite perso, mais j'avais tellement entendu parler d'elle depuis sa sortie que je pensais vraiment la trouver ici-même. En outre, il me semblait que les œuvres précédentes de Lucas Harari avaient reçu un écho extrêmement favorable. Par ailleurs, j'abordais ma lecture avec pas mal d'a priori car La dernière rose de l'été m'avait laissé complètement de marbre.
Cela étant dit, je reste très partagé sur le cas David Zimmerman.
D'abord, je suis assez stupéfait par le travail sur les couleurs qui contribue grandement à l'ambiance générale. C'est même carrément splendide sur les pages pleines, magnifiques, notamment les vues générales de nuit (P94-95 par exemple). Car à mon sens, l'ambiance est l'élément le plus important de cette histoire. Elle imprègne chaque page d'un voile fantastique, comme chez Charles Burns, disons la BD made in US en général. Il y a beaucoup de pages muettes d'ailleurs, ce qui fait que cette énorme pavé est finalement engloutie assez vite. Le travail de Roman Gigou, le coloriste, compense en grande partie une certaine rigidité que je ne peux m'empêcher de percevoir dans le dessin, ce qui m'avait au passage vraiment freiné dans La Dernière Rose... Rigidité des visages et rectitude des architectures, tout cela resterait sans doute assez froid sans l'impact visuel des couleurs. Ici, tout cela est évité.
En effet, plus on avance, plus l’œil semble détendre les lignes, si bien que très vite, le dessin devient même très séduisant. On se retrouve sans trop s'en rendre compte, complètement happé dans ces grandes pages crépusculaires. Je me suis surpris à admirer longuement certaines cases, d'autant plus que l'édition, comme toujours chez Sarbacane, est très classieuse : papier de qualité, agréable sous les doigts, trame à gros points (j'aime !)...
Enfin, le scénario est très bien foutu, terriblement intrigant, et rapidement mis en place. Il vous maintient en haleine jusqu'au bout. Toutes mes réticences se sont évanouies dès l'entame du deuxième chapitre. On sent derrière tout ça des préoccupations très actuelles sur l'identité de genre. Tout cette affaire de passage d'un corps à l'autre par un hypothétique "corps" étranger renvoie de toute évidence à cette question (on songera au passage au film It Follows). L'intégration d'un sujet social dans une fiction, fantastique qui plus est, est ici parfaitement réussie, et très fluide.
Alors où est le problème ? Ben à vrai dire, j'ai été proportionnellement très déçu par cette fin qui m'a laissé sur ma faim. Bien sur, j'y ai beaucoup cogité pour en conclure finalement que les auteurs militaient peut-être en faveur du libre choix du genre pour les individus, tout en soutenant l'acceptation de son corps. Bof ! Pas très satisfaisant... Donc oui, fin pour moi un peu facile, et en même temps peu explicite, mais également sujet qui ne me concerne pas, même si j'y suis par ailleurs sensible...
Bref ! Je garde cette BD un très bon souvenir de lecture, sans oublier le fait que je lui trouve un aspect fantastique et social très très bien intégré, toutefois un peu gâté par cette fin triste, sans lueur, et pour moi peu saisissable. Une fois refermée Le cas David Zimmerman, j'ai eu le sentiment qu'on me mettait à la porte après une excellente soirée, sentiment assez frustrant. Ce 3/5 n'est pas vraiment représentatif de ce que je pense, c'est pourquoi pour ne pas donner l'impression que je boude ou juge, je lui colle malgré tout un coup de cœur.
Je retrouve Karim lebhour après avoir vu son travail à l'ONU. On va le suivre ainsi qu'un autre journaliste dans leur vie quotidienne en Éthiopie.
Je connais surtout l'Éthiopie pour des événements qui se sont passés il y a longtemps (seul pays Africain pas colonisé, invasion italienne, renversement de la monarchie par les communistes, la famine...) et donc c'était intéressant de voir à quoi ressemble la vie moderne dans ce pays. C'est donc un pays plus stable que ses voisins et l'économie marche bien, mais c'est aussi un régime autoritaire où l'opposition n'a pas le droit de parler et c'est une même ethnie qui a les bons postes et le pouvoir pendant que les autres ont peu de perspective pour un avenir meilleur.
C'est un documentaire pas mal même si comme souvent avec ce type de BD on voit surtout la surface des choses. Il faut dire que l'Éthiopie n'est pas très ouvert à la presse libre et on va voir qu'être journaliste, même étranger, n'est pas facile dans ce pays et si un éthiopien se plaint du régime à un journaliste il a de bonnes chances de finir en prison alors on l'a ferme ou on demande de ne pas être cité dans une dépêche.
Le dessin est sympathique.
Quel est le point commun entre un garçon exigeant, un chien qui aboie tout le temps, un fantôme de petite fille et un président de la République chasseur de monstre ? Aucun à première vue, si ce n'est qu'un beau jour tout ce petit monde s'est croisé dans la même maison.
Ces quatre petites histoires se croisant et s'imbriquant les unes les autres sont assez satisfaisantes à lire. Le fait de passer d'un point de vue d'un évènement à un autre, de constater les différentes narrations qui se rejoignent le temps d'une scène, c'est vraiment intéressant.
Chacune des histoires à son sujet, son ambiance (d'ailleurs, bien que Sergio García Sanchez illustre chacun des récits, il modifie son style pour bien individualiser les albums). J'ai personnellement préféré l'histoire de la jeune fille fantôme (qui techniquement est également intimement liée à l'histoire du chien), les sujets du deuil et des liens familiaux étant chers à mon cœur. Mais j'apprécie également l'histoire du président avec tout ce côté loufoque du chef du gouvernement secrètement chargé de tataner du vilain, l'histoire du garçon qui demande toujours trop à ses parents et celle du chien avec la narration nous montrant bien la compréhension propre de cet animal face à tout ce qui l'entoure.
Une lecture agréable, amusante et souvent touchante.
Coco et Moumouche est une BD pour les tous petits, pour les initier au média BD avec une histoire mignonne.
C'est l'histoire de Coco le petit loup qui a décidé de construire en petite tour en jouets. Mais comme il est trop petit, il doit régulièrement aller chercher des outils ou de l'aide pour empiler les pièces les plus hautes. Sauf qu'à chaque fois qu'il revient, la tour est effondrée. Et il découvre que c'est à cause d'une mouche qui se pose à son sommet et la déséquilibre.
C'est un album petit format cartonné comportant 3 à 6 cases par page avec un dessin très clair, presque géométrique. La narration est muette mais inclut tout de même quelques bulles de dialogues ou de pensées contenant un dessin explicite permettant de bien comprendre ce qu'elles veulent dire. C'est un bon moyen d'introduire les tous jeunes lecteurs à la BD, à sa manière d'être lue et aussi à certains de ses outils narratifs tels que les lignes de mouvement ou les éclats de surprise. Elle peut donc leur être lue par les parents, avec d'ailleurs un petit guide inclus pour leur expliquer comment bien le leur lire, ou directement par les enfants. La narration graphique est très compréhensible à part un tout petit loupé en tout début d'album où j'ai dû revenir en arrière brièvement pour bien comprendre que le carton de Coco était retombé sur lui.
L'histoire est très simple dans son idée et dans sa conclusion, mais elle est racontée de manière mignonne et on referme l'album avec le sourire. Un sympathique petit album pour les très jeunes.
Comme vous auriez pu vous en douter en lisant le titre de cet album, il s'agit ici d'une histoire inspirée d'Alice au pays des merveilles (surprenant, je sais). Seulement inspirée, car ici pas d'Alice ou de personnages marquants des deux romans et quelques nouvelles de Lewis Caroll autour de cet univers (si ce n'est un ou deux).
Ici, nous suivons Elise, jeune orpheline, joueuse, rêveuse et bien élevée (même si constamment animée d'une énergie propre à l'enfance). Le pays des merveilles d'Elise n'a pas grand chose à voir avec celui d'Alice, tout fait plus sens, tout est plus ordonné, il s'agit en fait d'un récit tranche de vie sur une jeune enfant avec la particularité que la forme est fantasque (des animaux qui s'habillent et qui parlent, une sorcière, ...). Là où les aventures d'Alice marquent par leur côté tellement fantasques qu'elles frisent l'absurde, leur parallèle avec les histoires sans queue ni tête que l'on se raconte en enfance et la jolie forme de son texte, ici on cherche davantage la poésie du quotidien. La forme est fantasque mais le fond ne l'est pas, si vous voulez. Elise est une jeune fille tout ce qu'il y a de plus normale (enfin, pour une jeune fille bourgeoise anglaise du XIXème siècle). Le flegme d'Elise surprend moins, marque moins que celui d'Alice, car ici d'autres personnages agissent en réalité de manière bien "normée", là où Alice était véritablement la seule a rester imperturbable face à toutes les folies qu'elle pouvait observer.
L'histoire est sympathique, magnifiquement dessinée (même si certaines cases sont parfois durent à pleinement apprécier car trop chargées), mais j'avoue être un peu restée sur ma fin. Je suis une grande amatrice de l'œuvre de Lewis Caroll et apprécie bon nombre d'adaptations et de réécriture de ses histoires, mais ici je n'ai pas vraiment retrouver cette douce folie, ces personnages et lieux dont l'existence ne tient qu'à un jeu sur les mots ou la langue, ou encore ce pur plaisir de raconter des histoires abracadabrantes comme fin en soi qui marquent pourtant dans l'œuvre d'origine.
Les petites histoires composant l'album restent agréables à lire et l'aspect fantaisie du quotidien proche d'une certaine forme de réalisme magique m'a plu, mais j'avoue ne pas avoir retrouvé la magie d'un pays des merveilles comme m'avait promis le titre.
Dans une collection concept fourre-tout et bien souvent décevante, cet album tire plutôt bien son épingle du jeu. En tout cas sa lecture est agréable.
D’abord parce que le dessin est plaisant, dans un style un peu influencé par Hermann ou Delitte (mais avec des visages plus agréables), il accompagne bien ce récit historique.
Récit qui tourne autour d’une énigme qui a fait depuis longtemps couler beaucoup d’encre. Je ne suis vraiment pas convaincu par l’explication donnée par De Lornières (et plus généralement le personnage de l’Africain m’a vraiment surpris).
Mais pour le reste c’est assez crédible et intéressant. Avec une bonne utilisation des personnages réels qui se côtoyaient à l’époque (fin du XVIIème siècle) dans la forteresse de Pignerol. Cela donne du corps au récit, et les dialogues sont eux aussi bien construits, faisant des allusions à des personnages, des faits avérés, sans en abuser.
Une lecture plaisante, clairement un bon opus de la collection.
Un album et une histoire vraiment étranges. Le dessin n’est pas toujours très clair. Comme l’intrigue sur certains détails d’ailleurs !
Mais c’est une lecture que j’ai globalement plutôt appréciée. Sans avoir tout compris donc. Et sans pouvoir totalement résumer l’intrigue.
L’histoire d’Alice au pays des merveilles est un fil rouge ici très lointain. L’intrigue est certes construite autour de ce personnage prénommé Alice, mais pour le reste…
On alterne de longs passages au « présent » (les pérégrinations d’Alice de chambre en chambre pour sortir – à rebours – du manoir où elle est coincée), avec des passages au « passé », dans un compte-à-rebours des derniers jours/heures/secondes avant l’arrivée d’Alice dans ce manoir.
Mais j’avoue n’avoir pas tout saisi de l’univers qui sert de décor (les passages « avant »), et que tout ce qui concernait le ou les livres sur la fin m’ont un peu égaré.
Mais malgré ces réserves, j’ai plutôt aimé l’ambiance générale, qui joue visuellement et même narrativement sur un certain surréalisme. On passe parfois de moments très calmes et d’autres où la violence, l’éclatement des planches – souvent quasi muettes – provoquent à la fois une accélération et une dispersion de l’intrigue (on passe aussi parfois rapidement de planches très épurées à d'autres surchargées)..
Un album étrange en tout cas, qui sort à tous points de vue des sentiers battus. J’aurais pu être plus sévère dans ma notation – j’ai hésité. Mais ce petit truc totalement foutraque n’a pas été déplaisant à lire.
L'histoire n'est pas inintéressante, la narration est fluide, la symbolique du récit me plait (même si je n'ai pas trouvé la révélation de fin bien amenée), ...
Vous me voyez venir avec mon amoncellement de qualités d'entrée de jeu ? Oui, la série n'est pas parfaite. Ici, ce qui pèche principalement, tout du moins pour moi, c'est le côté trop... convenu. Une quête initiatique, une protagoniste amnésique devant accomplir son destin, un récit allégorique, ... tout ceci n'est pas nouveau. Et, paradoxalement, le tout me parait également trop fournis. Trop de créatures différentes, trop d'actions relativement inexpliquées (surtout au second tome, en fait). Peut-être étrange comme ressenti. Le diptyque est sincèrement sympathique mais il manque un je-ne-sais-quoi pour le perfectionner.
Il y a aussi la narration et l'exposition du village qui m'ont parus trop grossiers au début du premier album. La narration et le rythme s'améliorent par la suite mais la première impression reste importante, bord d'aile de merle ! C'est peut-être bien de ça, d'ailleurs, qu'est né mon ressenti mitigé sur ce récit : l'introduction.
Le point fort de l'album est incontestablement son dessin, magnifique de bout en bout (j'apprécie d'ailleurs les "carnets de croquis" à la fin de chaque album). Le rythme est bon, l'action bien découpée, les personnages ont des designs variés et très expressifs, les décors fourmillent de détails, ...
Pas la plus marquante dans son genre mais une série honnêtement agréable à lire et dont je peux sincèrement recommander la lecture, surtout auprès d'un public jeunesse. Et puis, rien que pour le dessin, ça vaut le coup d'œil !
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Adieu Birkenau
Dans "Adieu Birkenau" nous suivons Ginette Kolinka dans son rôle de passeuse de mémoire de la Shoah. J'ai trouvé cet ouvrage moins "traumatisant" que Maus. J'entends par là que les passages vraiment durs sont ici plus ou moins occultés. Cela vient certainement du fait que nous suivons Ginette accompagnant une classe de collégiens. Toutes les horreurs n'étant pas forcément bonnes à dire à de jeunes oreilles. Il n'en reste pas moins que Ginette Kolinka mit 50 ans avant de pouvoir parler de ce qu'elle vécut. Cela situe quand même le traumatisme pour les rescapés Graphiquement c'est réussi, les personnages sont relativement bien réalisés. L'usage de la couleur venant là aussi atténuer la dureté du sujet. Au final j'aurais tendance à recommander cet ouvrage aux adolescents (14-15 ans) quand je conseillerais Maus à des personnes plus "mûres". Il n'en reste pas moins plaisant mais n'a pas su procurer chez moi la même émotion que l'oeuvre d'Art Spiegelman.
Fight Girls
J’avais découvert Frank Cho avec Psychopark, que j’avais plutôt apprécié. Je le retrouve ici dans un genre très différent, éloigné des strips humoristiques, avec une histoire un peu SF, mais qui mise surtout sur l’aventure et l’action. Si cette histoire se laisse lire – c’est dynamique, très rythmé – ça n’est pas non plus inoubliable. C’est même assez classique et presque trop linéaire dans sa construction. Nous suivons une dizaine de femmes, qui doivent passer (et y survivre !) des épreuves, dans des environnements hyper hostiles, la gagnante devenant reine (c'est clairement plus dangereux que d'essayer une chaussure de vair !). S’ensuivent plusieurs épreuves, au cours desquelles des monstres divers et variés (parfois venus de la préhistoire !), ainsi que la rivalité entre ces femmes vont éclaircir les rangs. C’est un peu bourrin et basique. Même si Cho tente de donner plus de coffre à l’intrigue avec une histoire/enquête parallèle, ça reste quand même un scénario un peu trop simpliste. Le dessin est du comics classique – plutôt bon dans son genre (avec une colorisation informatique dont je ne suis pas fan). Un petit défouloir que l’on peut emprunter. Mais ça m’a laissé sur ma faim. Note réelle 2,5/5.
Le Cas David Zimmerman
Je suis très étonné d'être le premier à chroniquer cette BD. Notons que je n'y mets aucune fierté ni aucun mérite perso, mais j'avais tellement entendu parler d'elle depuis sa sortie que je pensais vraiment la trouver ici-même. En outre, il me semblait que les œuvres précédentes de Lucas Harari avaient reçu un écho extrêmement favorable. Par ailleurs, j'abordais ma lecture avec pas mal d'a priori car La dernière rose de l'été m'avait laissé complètement de marbre. Cela étant dit, je reste très partagé sur le cas David Zimmerman. D'abord, je suis assez stupéfait par le travail sur les couleurs qui contribue grandement à l'ambiance générale. C'est même carrément splendide sur les pages pleines, magnifiques, notamment les vues générales de nuit (P94-95 par exemple). Car à mon sens, l'ambiance est l'élément le plus important de cette histoire. Elle imprègne chaque page d'un voile fantastique, comme chez Charles Burns, disons la BD made in US en général. Il y a beaucoup de pages muettes d'ailleurs, ce qui fait que cette énorme pavé est finalement engloutie assez vite. Le travail de Roman Gigou, le coloriste, compense en grande partie une certaine rigidité que je ne peux m'empêcher de percevoir dans le dessin, ce qui m'avait au passage vraiment freiné dans La Dernière Rose... Rigidité des visages et rectitude des architectures, tout cela resterait sans doute assez froid sans l'impact visuel des couleurs. Ici, tout cela est évité. En effet, plus on avance, plus l’œil semble détendre les lignes, si bien que très vite, le dessin devient même très séduisant. On se retrouve sans trop s'en rendre compte, complètement happé dans ces grandes pages crépusculaires. Je me suis surpris à admirer longuement certaines cases, d'autant plus que l'édition, comme toujours chez Sarbacane, est très classieuse : papier de qualité, agréable sous les doigts, trame à gros points (j'aime !)... Enfin, le scénario est très bien foutu, terriblement intrigant, et rapidement mis en place. Il vous maintient en haleine jusqu'au bout. Toutes mes réticences se sont évanouies dès l'entame du deuxième chapitre. On sent derrière tout ça des préoccupations très actuelles sur l'identité de genre. Tout cette affaire de passage d'un corps à l'autre par un hypothétique "corps" étranger renvoie de toute évidence à cette question (on songera au passage au film It Follows). L'intégration d'un sujet social dans une fiction, fantastique qui plus est, est ici parfaitement réussie, et très fluide. Alors où est le problème ? Ben à vrai dire, j'ai été proportionnellement très déçu par cette fin qui m'a laissé sur ma faim. Bien sur, j'y ai beaucoup cogité pour en conclure finalement que les auteurs militaient peut-être en faveur du libre choix du genre pour les individus, tout en soutenant l'acceptation de son corps. Bof ! Pas très satisfaisant... Donc oui, fin pour moi un peu facile, et en même temps peu explicite, mais également sujet qui ne me concerne pas, même si j'y suis par ailleurs sensible... Bref ! Je garde cette BD un très bon souvenir de lecture, sans oublier le fait que je lui trouve un aspect fantastique et social très très bien intégré, toutefois un peu gâté par cette fin triste, sans lueur, et pour moi peu saisissable. Une fois refermée Le cas David Zimmerman, j'ai eu le sentiment qu'on me mettait à la porte après une excellente soirée, sentiment assez frustrant. Ce 3/5 n'est pas vraiment représentatif de ce que je pense, c'est pourquoi pour ne pas donner l'impression que je boude ou juge, je lui colle malgré tout un coup de cœur.
Une Saison en Ethiopie
Je retrouve Karim lebhour après avoir vu son travail à l'ONU. On va le suivre ainsi qu'un autre journaliste dans leur vie quotidienne en Éthiopie. Je connais surtout l'Éthiopie pour des événements qui se sont passés il y a longtemps (seul pays Africain pas colonisé, invasion italienne, renversement de la monarchie par les communistes, la famine...) et donc c'était intéressant de voir à quoi ressemble la vie moderne dans ce pays. C'est donc un pays plus stable que ses voisins et l'économie marche bien, mais c'est aussi un régime autoritaire où l'opposition n'a pas le droit de parler et c'est une même ethnie qui a les bons postes et le pouvoir pendant que les autres ont peu de perspective pour un avenir meilleur. C'est un documentaire pas mal même si comme souvent avec ce type de BD on voit surtout la surface des choses. Il faut dire que l'Éthiopie n'est pas très ouvert à la presse libre et on va voir qu'être journaliste, même étranger, n'est pas facile dans ce pays et si un éthiopien se plaint du régime à un journaliste il a de bonnes chances de finir en prison alors on l'a ferme ou on demande de ne pas être cité dans une dépêche. Le dessin est sympathique.
Chassé-croisé au Val Doré
Quel est le point commun entre un garçon exigeant, un chien qui aboie tout le temps, un fantôme de petite fille et un président de la République chasseur de monstre ? Aucun à première vue, si ce n'est qu'un beau jour tout ce petit monde s'est croisé dans la même maison. Ces quatre petites histoires se croisant et s'imbriquant les unes les autres sont assez satisfaisantes à lire. Le fait de passer d'un point de vue d'un évènement à un autre, de constater les différentes narrations qui se rejoignent le temps d'une scène, c'est vraiment intéressant. Chacune des histoires à son sujet, son ambiance (d'ailleurs, bien que Sergio García Sanchez illustre chacun des récits, il modifie son style pour bien individualiser les albums). J'ai personnellement préféré l'histoire de la jeune fille fantôme (qui techniquement est également intimement liée à l'histoire du chien), les sujets du deuil et des liens familiaux étant chers à mon cœur. Mais j'apprécie également l'histoire du président avec tout ce côté loufoque du chef du gouvernement secrètement chargé de tataner du vilain, l'histoire du garçon qui demande toujours trop à ses parents et celle du chien avec la narration nous montrant bien la compréhension propre de cet animal face à tout ce qui l'entoure. Une lecture agréable, amusante et souvent touchante.
Coco et Moumouche
Coco et Moumouche est une BD pour les tous petits, pour les initier au média BD avec une histoire mignonne. C'est l'histoire de Coco le petit loup qui a décidé de construire en petite tour en jouets. Mais comme il est trop petit, il doit régulièrement aller chercher des outils ou de l'aide pour empiler les pièces les plus hautes. Sauf qu'à chaque fois qu'il revient, la tour est effondrée. Et il découvre que c'est à cause d'une mouche qui se pose à son sommet et la déséquilibre. C'est un album petit format cartonné comportant 3 à 6 cases par page avec un dessin très clair, presque géométrique. La narration est muette mais inclut tout de même quelques bulles de dialogues ou de pensées contenant un dessin explicite permettant de bien comprendre ce qu'elles veulent dire. C'est un bon moyen d'introduire les tous jeunes lecteurs à la BD, à sa manière d'être lue et aussi à certains de ses outils narratifs tels que les lignes de mouvement ou les éclats de surprise. Elle peut donc leur être lue par les parents, avec d'ailleurs un petit guide inclus pour leur expliquer comment bien le leur lire, ou directement par les enfants. La narration graphique est très compréhensible à part un tout petit loupé en tout début d'album où j'ai dû revenir en arrière brièvement pour bien comprendre que le carton de Coco était retombé sur lui. L'histoire est très simple dans son idée et dans sa conclusion, mais elle est racontée de manière mignonne et on referme l'album avec le sourire. Un sympathique petit album pour les très jeunes.
In Wonderland
Comme vous auriez pu vous en douter en lisant le titre de cet album, il s'agit ici d'une histoire inspirée d'Alice au pays des merveilles (surprenant, je sais). Seulement inspirée, car ici pas d'Alice ou de personnages marquants des deux romans et quelques nouvelles de Lewis Caroll autour de cet univers (si ce n'est un ou deux). Ici, nous suivons Elise, jeune orpheline, joueuse, rêveuse et bien élevée (même si constamment animée d'une énergie propre à l'enfance). Le pays des merveilles d'Elise n'a pas grand chose à voir avec celui d'Alice, tout fait plus sens, tout est plus ordonné, il s'agit en fait d'un récit tranche de vie sur une jeune enfant avec la particularité que la forme est fantasque (des animaux qui s'habillent et qui parlent, une sorcière, ...). Là où les aventures d'Alice marquent par leur côté tellement fantasques qu'elles frisent l'absurde, leur parallèle avec les histoires sans queue ni tête que l'on se raconte en enfance et la jolie forme de son texte, ici on cherche davantage la poésie du quotidien. La forme est fantasque mais le fond ne l'est pas, si vous voulez. Elise est une jeune fille tout ce qu'il y a de plus normale (enfin, pour une jeune fille bourgeoise anglaise du XIXème siècle). Le flegme d'Elise surprend moins, marque moins que celui d'Alice, car ici d'autres personnages agissent en réalité de manière bien "normée", là où Alice était véritablement la seule a rester imperturbable face à toutes les folies qu'elle pouvait observer. L'histoire est sympathique, magnifiquement dessinée (même si certaines cases sont parfois durent à pleinement apprécier car trop chargées), mais j'avoue être un peu restée sur ma fin. Je suis une grande amatrice de l'œuvre de Lewis Caroll et apprécie bon nombre d'adaptations et de réécriture de ses histoires, mais ici je n'ai pas vraiment retrouver cette douce folie, ces personnages et lieux dont l'existence ne tient qu'à un jeu sur les mots ou la langue, ou encore ce pur plaisir de raconter des histoires abracadabrantes comme fin en soi qui marquent pourtant dans l'œuvre d'origine. Les petites histoires composant l'album restent agréables à lire et l'aspect fantaisie du quotidien proche d'une certaine forme de réalisme magique m'a plu, mais j'avoue ne pas avoir retrouvé la magie d'un pays des merveilles comme m'avait promis le titre.
L'Homme de l'année - 1687
Dans une collection concept fourre-tout et bien souvent décevante, cet album tire plutôt bien son épingle du jeu. En tout cas sa lecture est agréable. D’abord parce que le dessin est plaisant, dans un style un peu influencé par Hermann ou Delitte (mais avec des visages plus agréables), il accompagne bien ce récit historique. Récit qui tourne autour d’une énigme qui a fait depuis longtemps couler beaucoup d’encre. Je ne suis vraiment pas convaincu par l’explication donnée par De Lornières (et plus généralement le personnage de l’Africain m’a vraiment surpris). Mais pour le reste c’est assez crédible et intéressant. Avec une bonne utilisation des personnages réels qui se côtoyaient à l’époque (fin du XVIIème siècle) dans la forteresse de Pignerol. Cela donne du corps au récit, et les dialogues sont eux aussi bien construits, faisant des allusions à des personnages, des faits avérés, sans en abuser. Une lecture plaisante, clairement un bon opus de la collection.
Bibliomania
Un album et une histoire vraiment étranges. Le dessin n’est pas toujours très clair. Comme l’intrigue sur certains détails d’ailleurs ! Mais c’est une lecture que j’ai globalement plutôt appréciée. Sans avoir tout compris donc. Et sans pouvoir totalement résumer l’intrigue. L’histoire d’Alice au pays des merveilles est un fil rouge ici très lointain. L’intrigue est certes construite autour de ce personnage prénommé Alice, mais pour le reste… On alterne de longs passages au « présent » (les pérégrinations d’Alice de chambre en chambre pour sortir – à rebours – du manoir où elle est coincée), avec des passages au « passé », dans un compte-à-rebours des derniers jours/heures/secondes avant l’arrivée d’Alice dans ce manoir. Mais j’avoue n’avoir pas tout saisi de l’univers qui sert de décor (les passages « avant »), et que tout ce qui concernait le ou les livres sur la fin m’ont un peu égaré. Mais malgré ces réserves, j’ai plutôt aimé l’ambiance générale, qui joue visuellement et même narrativement sur un certain surréalisme. On passe parfois de moments très calmes et d’autres où la violence, l’éclatement des planches – souvent quasi muettes – provoquent à la fois une accélération et une dispersion de l’intrigue (on passe aussi parfois rapidement de planches très épurées à d'autres surchargées).. Un album étrange en tout cas, qui sort à tous points de vue des sentiers battus. J’aurais pu être plus sévère dans ma notation – j’ai hésité. Mais ce petit truc totalement foutraque n’a pas été déplaisant à lire.
Brindille (Vent d'Ouest)
L'histoire n'est pas inintéressante, la narration est fluide, la symbolique du récit me plait (même si je n'ai pas trouvé la révélation de fin bien amenée), ... Vous me voyez venir avec mon amoncellement de qualités d'entrée de jeu ? Oui, la série n'est pas parfaite. Ici, ce qui pèche principalement, tout du moins pour moi, c'est le côté trop... convenu. Une quête initiatique, une protagoniste amnésique devant accomplir son destin, un récit allégorique, ... tout ceci n'est pas nouveau. Et, paradoxalement, le tout me parait également trop fournis. Trop de créatures différentes, trop d'actions relativement inexpliquées (surtout au second tome, en fait). Peut-être étrange comme ressenti. Le diptyque est sincèrement sympathique mais il manque un je-ne-sais-quoi pour le perfectionner. Il y a aussi la narration et l'exposition du village qui m'ont parus trop grossiers au début du premier album. La narration et le rythme s'améliorent par la suite mais la première impression reste importante, bord d'aile de merle ! C'est peut-être bien de ça, d'ailleurs, qu'est né mon ressenti mitigé sur ce récit : l'introduction. Le point fort de l'album est incontestablement son dessin, magnifique de bout en bout (j'apprécie d'ailleurs les "carnets de croquis" à la fin de chaque album). Le rythme est bon, l'action bien découpée, les personnages ont des designs variés et très expressifs, les décors fourmillent de détails, ... Pas la plus marquante dans son genre mais une série honnêtement agréable à lire et dont je peux sincèrement recommander la lecture, surtout auprès d'un public jeunesse. Et puis, rien que pour le dessin, ça vaut le coup d'œil !