BD d'une jolie fraîcheur et très contemporaine sur l'invisibilité des femmes "d'un certain âge".
La thématique est intelligemment traitée via un mélange de tranche de vie feel good et de comédie policière : comment une mère célibataire de 50 ans réinvente son terne quotidien en renouant avec ses rêves d'enfant (concrètement en épousant la carrière "aventureuse" de détective privée).
Les personnages, l'usage ironique de ce "pouvoir d'invisibilité", les dialogues, le fébrile crayonné des illustrations, tout est charmant tant que cette thématique initiale demeure le centre d'intérêt ; mais le souhait de véritablement développer et clore l'intrigue policière a malheureusement pour revers de nuire à ce si séduisant charme initial.
Une lecture agréable, qui s'essouffle malheureusement un peu au fil des pages. L'ensemble demeurant assez réjouissant.
Le sujet m'intéresse. J'ai le sentiment que la place du sexe dans nos vies est en train de changer : Grâce à #metoo, la performance sexuelle masculine et hétéro n'est plus l'objectif commun d'accomplissement. Le capitalisme tardif, avec ses publicités sexualisées, continue son matraquage mais en perdant de la légitimité dans les milieux dominants. Dans le même temps, j'ai entendu sur radio Nova que plus des trois quarts des français déclarent ne pas avoir eu de relation sexuelle dans les 12 derniers mois. C'était un aveux impossible socialement, il y a seulement 10 ans.
Cet album décomplexe, informe, et remet à jour les pendules : non le sexe n'est pas une obligation pour avoir une vie accomplie. (Beaucoup de douleurs psychiques viennent de ce décalage entre le discours ambiant et la réalité de la vie des gens, en particulier à l'adolescence ; Je regrette que Marie de Brauer ne soit pas allée plus loin en rajoutant : le sexe a été utilisé par le capitalisme comme outil de commercialisation, comme dérivatif à tout engagement, et en particulier politique.) Les moments d'une relations sexuelle sont mis en scène, découpés, analysés, objectivés, : c'est pédagogique et probablement très utile pour les débutants puisque ça montre que nous sommes tous.tes différents et qu'apprendre à parler est un atout important pour la réussite de l'entreprise !
Je vois souvent MDB sur les réseaux sociaux et elle produit sur moi un sentiment de joie immédiat : elle fait du rentre dedans en choisissant des mots grossiers, tout en cherchant à créer du lien par l'évocation de situations familières très bien croquées, où elle ne se présente pas forcément à son avantage : L'autodérision est son outil principal pour créer un sentiment de sororité. Son ambiguïté (trash versus entretien du commun) est savamment entretenue, dans ses chroniques comme dans la BD. Sa croisade grossophile, bien légitime, a tendance à effacer les arguments politiques, qui restent sous-jacents.
Le dessin est un peu en contrepoint du fond, et c'est bien comme ça : tout rose, tout en rondeur suave, traits fins, légers, couleurs bonbons... Ça me rappelle mon premier livre de cuisine ! On voit qu'à l'époque l'idée était de donner envie aux petites filles de faire la cuisine comme maman ! j'espère qu'ici ce rose ambiant ne repoussera pas les hommes et que beaucoup d’adolescents liront ce petit précis de décomplexation sexuelle ! Faisons du sexe un sport comme un autre s'il est consenti et protégé, bien-sûr !
Une série que je juge mi figue mi raisin. Le fond historique de la guerre de 70 suivie de la Commune est ce qui m'a le plus intéressé surtout dans des premiers tomes de très bonne qualité. Dufaux renvoie à Zola (La débâcle) ou à Hugo sans y mettre l'intensité dramatique que ces écrivains avaient su rendre dans ces luttes fratricides. A la place l'auteur joue sur un simili fantastique assez mièvre où la jeune Favier ne fait que fuir malgré sa pseudo invulnérabilité fournie par son maître la Mort. Cela produit une série qui aurait pu économiser deux albums pour la rendre plus nerveuse. Même les événements très connus de la semaine sanglante sont décrits de loin et superficiellement.
Le graphisme de Martin Jamar sauve la série de l'ennui ou de la routine en de nombreux endroits. C'est un régal de détails et de précision pour des extérieurs historiques compliqués. J'ai trouvé que beaucoup de scènes renvoyaient directement aux genres picturaux très riches de cette époque.
Le final en happy end un peu mièvre casse le fantastique dont on se demande après coup ce qu'il est venu faire ici.
Une lecture pas déplaisante pour son approche historique et son très beau graphisme. Elle traine toutefois un peu en longueur à certains endroits avec des personnages convenus.
Je découvre cet auteur avec cet album qui, sans que ce soit inoubliable, se révèle une lecture sympathique.
C’est en fait le recueil de trois histoires, qui toutes soulèvent des questions intéressantes.
La première interroge l’engagement en temps de guerre, ses éventuelles limites, au travers du destin de deux frères qui tour à tour deviennent pilotes de chasse durant la seconde guerre mondiale, le plus jeune intégrant la chasse dans les derniers mois : à 17 ans, sa première mission sera la dernière, puisqu’il est désigné pour une opération, kamikaze. Au travers de cette histoire, et des réactions des proches du jeune homme, c’est l’horreur et l’absurdité de la guerre que l’auteur dénonce (la mission suicide rate et est inutile en plus).
La deuxième histoire raconte la rencontre d’une bande de gamins fuyant les campagnes où ils ont été « placés » (pour être protégés des bombardements des villes, mais en fait ils sont exploités et subissent des violences) et d’un Américain marié à une Japonaise, mais qui lui aussi fuit le camp où il était enfermé et maltraité pour retrouver sa femme. Là aussi l’absurdité de la guerre est dénoncée, en même temps que les préjugés racistes. Les dernières cases, avec des gamins regardant effarés les incendies ravageant Tokyo après un bombardement américain, m’ont un peu fait penser à quelques images du très beau film « Le tombeau des lucioles ».
La dernière histoire m’a un peu moins intéressé (le base-ball me laisse froid), même si la dénonciation des préjugés et du racisme (ici un Japonais vivant aux États-Unis dans les années 1930) n’est pas mal faite. Il y a dans cette histoire un pendant de la précédente, l’Américain au Japon et le Japonais aux États-Unis subissant le même type de désillusion.
Si je n’aime pas trop certaine tics pour exprimer des sentiments de façon exagérée (je n’aime pas trop ce type de chose dans la plupart des mangas), ça n’est ici pas trop accentué. Et d’ailleurs j’ai plutôt bien aimé le dessin. Un trait fin et précis, avec un rendu agréable (certains visages, comme celui de l’amoureuse du jeune héros de la première histoire, sont même très beau).
Une lecture intéressante. En tout cas plutôt agréable. Même si le côté très « personnel » du récit frôle parfois l’empilement d’anecdotes.
L’auteure essaye de reconstituer le long périple de ses parents et de quelques amis dans les années 1970, eux qui ont traversé une bonne partie de l’Europe et de l’Asie (en 4L !) jusqu’en Afghanistan, avec un retour lui aussi long et mouvementé (l’auteure naissant durant ce retour en Grèce, alors que sa mère est emprisonnée).
Le récit est assez dynamique et agréable. D’abord parce qu’au travers des anecdotes familiales, c’est un peu de l’époque post-soixante-huitarde qui nous est montrée, avec consommation de drogues diverses, aspirations aux voyages lointains. C’est d’ailleurs intéressant de voir l’évolution du monde, puisqu’il était possible d’improviser un voyage de ce type, dans des régions qui aujourd’hui (je pense à l’Afghanistan en particulier) sont toujours aussi belles, mais sont devenus inaccessibles du fait des menaces terroristes.
Ce qui rend le récit fluide, c’est aussi que l’auteure interrogeant ceux qui ont participé à ce voyage mythique pour la famille, ceux-ci ont des souvenirs divergents, parfois flous ou déformés, la confrontation des témoignages permettant d’aérer le récit.
Pas inoubliable, mais une lecture globalement plaisante.
Un récit qui se laisse lire, mais c’est quand même un Lemire mineur.
Le point de départ est intrigant. Lemire nous force à accepter la transformation progressive de certaines personnes en arbres, ne livrant finalement pas trop « d’explications ». Contrairement à certaines de ses autres séries, j’ai trouvé que manquait une certaine rêverie, un peu de poésie, ou de réflexion.
Du coup, ça part sur du fantastique étrange, et la narration mise tout sur le rythme. Et là par contre il y en a, avec ces hordes à la poursuite de la petite famille, dont les membres sont au centre du récit – et de cette « fin du monde ». De l’action, mais pas forcément assez de psychologie – même si Lemire prend quand même le temps de densifier les rapports entre les membres de la famille (au départ pas vraiment famille américaine idéale !).
Le dessin de Phil Hester fait le travail, dans un style comics efficace, même si j’aurais préféré que Lemire soit ici aussi à la baguette.
Une lecture sympathique, mais sans plus, me concernant.
Note réelle 2,5/5.
Tout comme les aviseurs précédents, j'ai passé plutôt un bon moment de lecture avec ce one-shot. L'ensemble reste toutefois un peu trop bon enfant et prévisible pour que je bascule ma note vers un 4/5. C'est une BD dont le cœur de cible est selon moi plus les adolescents que les adultes.
L'histoire de départ est malgré tout habile : un hôtel tenu par un maître bienveillant, Emile, accueille les âmes des personnes qui viennent de trépasser. Sorte de purgatoire, Emile les accompagnera le temps nécessaire pour qu'ils fassent la paix avec les événements qui se sont passés lors de leur vie terrestre. On sent toutefois rapidement venir le renversement de situation (que je ne décrirai pas ici pour ne pas spoiler) et la fin reste également assez convenue.
Côté dessin, tout comme Ro, j'ai fortement ressenti l'influence de Miyazaki dans l'ambiance générale (âmes perdues dans la forêt notamment) et le graphisme. Le découpage des scènes est assez dynamique et la colorisation vive colle bien avec l'univers. Une mention spéciale à la très belle couverture où les notes de rose sont rappelées sur la tranche et les contre plats.
Une lecture agréable, pleine de bons sentiments, à partager avec ses enfants .
SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 7/10
GRAPHISME (Dessin, colorisation) : 7/10
NOTE GLOBALE : 14/20
Ça faisait un moment que je n'avais pas lu une nouvelle série humoristique à thème, de celles qui s'intéressent à un métier, un sport ou un loisir. Cette fois, c'est l'escalade qui est à l'honneur, et plus précisément l'escalade de bloc : celle qu'on pratique essentiellement en salle, sur des murs bas, sans harnais mais avec de gros matelas au sol en cas de chute. Les auteurs nous embarquent aux côtés d'un couple de débutants qui découvre cette discipline, s'intègre au groupe et partage rapidement des moments de fun, avec une légère touche de compétition.
Il s'agit ici d'une de ces quelques séries qui utilisent l'humour comme porte d'entrée pour faire découvrir un univers. Ce n'est pas un ouvrage documentaire, même si un petit cahier explicatif vient conclure l'album, mais les gags permettent de saisir les grandes lignes du sport, ses accessoires, ses techniques, son ambiance. C'est un aspect qui m'a plu et qui a piqué ma curiosité, bien que certains dialogues semblent s'adresser à des initiés. J'ignore toujours, par exemple, ce qu'est une "lolotte", un terme croisé deux fois sans explication.
Graphiquement, c'est plutôt réussi. Le trait est assuré, et les personnages évoquent par moments le style de Mo-CDM, avec un bon équilibre entre réalisme et caricature. Les décors sont minimalistes sans jamais paraître vides, ce qui rend l'ensemble agréable à l'œil.
En revanche, les gags ne m'ont pas fait rire. Aucun ne m'a vraiment accroché, et certains m'ont même semblé un peu plats ou attendus. Cela dit, l'atmosphère générale est sympathique, et la mise en scène suffit à faire naître un sourire.
À lire si vous êtes curieux de découvrir le bloc de façon légère ou si vous en êtes adepte et souhaitez retrouver votre passion transposée avec un certain humour en BD.
J'avais beaucoup apprécié la lecture de la biographie d'Alice Guy. La série des pionniers reprend la même période de la naissance
du cinéma en élargissant la narration à de nombreux autres intervenants. Toutefois le récit est centré sur trois personnages principaux Charles Pathé, Gaumont et Alice Guy. C'est d'ailleurs un point positif d'avoir mis le personnage de la jeune femme au devant de l'histoire. C'est toutefois Pathé qui sert de colonne vertébrale à la narration comme noyau autour duquel gravitent un nombre important de noms parfois peu connus. Le travail de recherche et de synthèse de Damien Maric et de Guillaume Dorison est donc énorme tant les initiatives sont diverses et nombreuses puisque tout était à inventer. Cela part quelque fois dans tous les sens et j'ai trouvé la lecture moins aisée que pour la biographie d'Alice Guy . En effet des trois personnages c'est Alice Guy la plus créatrice et artistique dans ce qui a fait le succès du cinéma: les films. La bataille Pathé/Gaumont reste une bataille industrielle autour du matériel, des brevets, des studio , des réseaux de distributions ou d'alliances internationales. Mais l'âme du cinéma est ailleurs et de films on en parle assez peu.
Pour masquer cette aridité, les auteurs mettent l'accent sur le sensationnel et le tragique porteurs d'émotions comme le prouve l'ouverture de la série .
Le graphisme de Jean-Baptiste Hostache donne la priorité aux visages des principaux personnages. Il y a donc beaucoup de dialogues dans des scènes assez statiques. L'ambiance 1900 est bien restituée par les costumes , les extérieurs rares mais travaillés et la mise en couleur qui tend à rappeler le sépia.
Une lecture intéressante mais exigeante. Les intervenants du récit étant plus des techniciens, des entrepreneurs que des artistes je suis resté sur ma faim.
Bon, le titre est aguicheur – racoleur ou humoristique, c’est selon. Le sujet en tout cas n’est pas sans intérêt.
Comme le signale Gaston, l’ensemble n’est pas forcément palpitant, l’enquête ne prétend pas à être exhaustive ou à dresser un portrait sociologique d’une population.
D’une part parce que plusieurs sujets s’entrechoquent ici : les relations entre musulmans et juifs, entre Palestiniens et Israéliens, entre hommes et femmes (mais aussi le regard de la société, des « plus anciens » sur les relations amoureuses ici présentées).
D’autres part parce que l’album compile une série de témoignages très variées (concernant les situations et les catégories de population concernées), ce qui fait qu’on a parfois l’impression de lire une suite d’anecdotes mal reliées entre elles.
Mais la lecture est quand même intéressante, justement du fait de l’éclectisme des témoignages. Cela donne pas mal de points d’attaque pour le sujet des relations amoureuses dans cette région qui fait souvent l’actualité pour la haine et la guerre qui s’y propagent.
Et justement, le hasard a voulu que cette enquête ait été menée et finie juste avant les attaques du 7 octobre 2023 (même si la publication en est légèrement postérieure), et la riposte génocidaire à Gaza (et l’accentuation de la violence coloniale en Cisjordanie occupée) ainsi que la droitisation et la crispation de la société israélienne qui s’en sont suivis. En catastrophe, les auteurs ont concocté une introduction pour évoquer cet événement, et leurs questionnements quant à l’opportunité de publier leur enquête malgré tout.
Disons que, sans être un génie, on peut augurer que les relations entre Arabes et Juifs vont durablement être compliquées, voire quasi impossibles (ne parlons pas de l’impossibilité d’aimer sous les bombes à Gaza !). Ça ne nous fait que plus regretter cette guerre – qui n’a pas débuté le 7 octobre – et le racisme qui l’accompagne. Le nationalisme et les religions (juives et musulmanes) semblaient déjà dans l’enquête être des freins importants à l’épanouissement de relations amoureuses inter-communautés – voire de relations amoureuses tout court. Hélas ça ne va faire qu’empirer, les extrémistes de tous bords faisant leur nid dans la haine omniprésente.
Pas palpitant donc, mais quand même intéressant, pour montrer une possibilité, une petite lueur d’espérance, au milieu de la nuit qui tombe.
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Marcie
BD d'une jolie fraîcheur et très contemporaine sur l'invisibilité des femmes "d'un certain âge". La thématique est intelligemment traitée via un mélange de tranche de vie feel good et de comédie policière : comment une mère célibataire de 50 ans réinvente son terne quotidien en renouant avec ses rêves d'enfant (concrètement en épousant la carrière "aventureuse" de détective privée). Les personnages, l'usage ironique de ce "pouvoir d'invisibilité", les dialogues, le fébrile crayonné des illustrations, tout est charmant tant que cette thématique initiale demeure le centre d'intérêt ; mais le souhait de véritablement développer et clore l'intrigue policière a malheureusement pour revers de nuire à ce si séduisant charme initial. Une lecture agréable, qui s'essouffle malheureusement un peu au fil des pages. L'ensemble demeurant assez réjouissant.
Une BD qui parle de cul
Le sujet m'intéresse. J'ai le sentiment que la place du sexe dans nos vies est en train de changer : Grâce à #metoo, la performance sexuelle masculine et hétéro n'est plus l'objectif commun d'accomplissement. Le capitalisme tardif, avec ses publicités sexualisées, continue son matraquage mais en perdant de la légitimité dans les milieux dominants. Dans le même temps, j'ai entendu sur radio Nova que plus des trois quarts des français déclarent ne pas avoir eu de relation sexuelle dans les 12 derniers mois. C'était un aveux impossible socialement, il y a seulement 10 ans. Cet album décomplexe, informe, et remet à jour les pendules : non le sexe n'est pas une obligation pour avoir une vie accomplie. (Beaucoup de douleurs psychiques viennent de ce décalage entre le discours ambiant et la réalité de la vie des gens, en particulier à l'adolescence ; Je regrette que Marie de Brauer ne soit pas allée plus loin en rajoutant : le sexe a été utilisé par le capitalisme comme outil de commercialisation, comme dérivatif à tout engagement, et en particulier politique.) Les moments d'une relations sexuelle sont mis en scène, découpés, analysés, objectivés, : c'est pédagogique et probablement très utile pour les débutants puisque ça montre que nous sommes tous.tes différents et qu'apprendre à parler est un atout important pour la réussite de l'entreprise ! Je vois souvent MDB sur les réseaux sociaux et elle produit sur moi un sentiment de joie immédiat : elle fait du rentre dedans en choisissant des mots grossiers, tout en cherchant à créer du lien par l'évocation de situations familières très bien croquées, où elle ne se présente pas forcément à son avantage : L'autodérision est son outil principal pour créer un sentiment de sororité. Son ambiguïté (trash versus entretien du commun) est savamment entretenue, dans ses chroniques comme dans la BD. Sa croisade grossophile, bien légitime, a tendance à effacer les arguments politiques, qui restent sous-jacents. Le dessin est un peu en contrepoint du fond, et c'est bien comme ça : tout rose, tout en rondeur suave, traits fins, légers, couleurs bonbons... Ça me rappelle mon premier livre de cuisine ! On voit qu'à l'époque l'idée était de donner envie aux petites filles de faire la cuisine comme maman ! j'espère qu'ici ce rose ambiant ne repoussera pas les hommes et que beaucoup d’adolescents liront ce petit précis de décomplexation sexuelle ! Faisons du sexe un sport comme un autre s'il est consenti et protégé, bien-sûr !
Voleurs d'Empires
Une série que je juge mi figue mi raisin. Le fond historique de la guerre de 70 suivie de la Commune est ce qui m'a le plus intéressé surtout dans des premiers tomes de très bonne qualité. Dufaux renvoie à Zola (La débâcle) ou à Hugo sans y mettre l'intensité dramatique que ces écrivains avaient su rendre dans ces luttes fratricides. A la place l'auteur joue sur un simili fantastique assez mièvre où la jeune Favier ne fait que fuir malgré sa pseudo invulnérabilité fournie par son maître la Mort. Cela produit une série qui aurait pu économiser deux albums pour la rendre plus nerveuse. Même les événements très connus de la semaine sanglante sont décrits de loin et superficiellement. Le graphisme de Martin Jamar sauve la série de l'ennui ou de la routine en de nombreux endroits. C'est un régal de détails et de précision pour des extérieurs historiques compliqués. J'ai trouvé que beaucoup de scènes renvoyaient directement aux genres picturaux très riches de cette époque. Le final en happy end un peu mièvre casse le fantastique dont on se demande après coup ce qu'il est venu faire ici. Une lecture pas déplaisante pour son approche historique et son très beau graphisme. Elle traine toutefois un peu en longueur à certains endroits avec des personnages convenus.
La Mélodie de Jenny
Je découvre cet auteur avec cet album qui, sans que ce soit inoubliable, se révèle une lecture sympathique. C’est en fait le recueil de trois histoires, qui toutes soulèvent des questions intéressantes. La première interroge l’engagement en temps de guerre, ses éventuelles limites, au travers du destin de deux frères qui tour à tour deviennent pilotes de chasse durant la seconde guerre mondiale, le plus jeune intégrant la chasse dans les derniers mois : à 17 ans, sa première mission sera la dernière, puisqu’il est désigné pour une opération, kamikaze. Au travers de cette histoire, et des réactions des proches du jeune homme, c’est l’horreur et l’absurdité de la guerre que l’auteur dénonce (la mission suicide rate et est inutile en plus). La deuxième histoire raconte la rencontre d’une bande de gamins fuyant les campagnes où ils ont été « placés » (pour être protégés des bombardements des villes, mais en fait ils sont exploités et subissent des violences) et d’un Américain marié à une Japonaise, mais qui lui aussi fuit le camp où il était enfermé et maltraité pour retrouver sa femme. Là aussi l’absurdité de la guerre est dénoncée, en même temps que les préjugés racistes. Les dernières cases, avec des gamins regardant effarés les incendies ravageant Tokyo après un bombardement américain, m’ont un peu fait penser à quelques images du très beau film « Le tombeau des lucioles ». La dernière histoire m’a un peu moins intéressé (le base-ball me laisse froid), même si la dénonciation des préjugés et du racisme (ici un Japonais vivant aux États-Unis dans les années 1930) n’est pas mal faite. Il y a dans cette histoire un pendant de la précédente, l’Américain au Japon et le Japonais aux États-Unis subissant le même type de désillusion. Si je n’aime pas trop certaine tics pour exprimer des sentiments de façon exagérée (je n’aime pas trop ce type de chose dans la plupart des mangas), ça n’est ici pas trop accentué. Et d’ailleurs j’ai plutôt bien aimé le dessin. Un trait fin et précis, avec un rendu agréable (certains visages, comme celui de l’amoureuse du jeune héros de la première histoire, sont même très beau).
Hippie Trail - Autobiographie prénatale
Une lecture intéressante. En tout cas plutôt agréable. Même si le côté très « personnel » du récit frôle parfois l’empilement d’anecdotes. L’auteure essaye de reconstituer le long périple de ses parents et de quelques amis dans les années 1970, eux qui ont traversé une bonne partie de l’Europe et de l’Asie (en 4L !) jusqu’en Afghanistan, avec un retour lui aussi long et mouvementé (l’auteure naissant durant ce retour en Grèce, alors que sa mère est emprisonnée). Le récit est assez dynamique et agréable. D’abord parce qu’au travers des anecdotes familiales, c’est un peu de l’époque post-soixante-huitarde qui nous est montrée, avec consommation de drogues diverses, aspirations aux voyages lointains. C’est d’ailleurs intéressant de voir l’évolution du monde, puisqu’il était possible d’improviser un voyage de ce type, dans des régions qui aujourd’hui (je pense à l’Afghanistan en particulier) sont toujours aussi belles, mais sont devenus inaccessibles du fait des menaces terroristes. Ce qui rend le récit fluide, c’est aussi que l’auteure interrogeant ceux qui ont participé à ce voyage mythique pour la famille, ceux-ci ont des souvenirs divergents, parfois flous ou déformés, la confrontation des témoignages permettant d’aérer le récit. Pas inoubliable, mais une lecture globalement plaisante.
Family Tree
Un récit qui se laisse lire, mais c’est quand même un Lemire mineur. Le point de départ est intrigant. Lemire nous force à accepter la transformation progressive de certaines personnes en arbres, ne livrant finalement pas trop « d’explications ». Contrairement à certaines de ses autres séries, j’ai trouvé que manquait une certaine rêverie, un peu de poésie, ou de réflexion. Du coup, ça part sur du fantastique étrange, et la narration mise tout sur le rythme. Et là par contre il y en a, avec ces hordes à la poursuite de la petite famille, dont les membres sont au centre du récit – et de cette « fin du monde ». De l’action, mais pas forcément assez de psychologie – même si Lemire prend quand même le temps de densifier les rapports entre les membres de la famille (au départ pas vraiment famille américaine idéale !). Le dessin de Phil Hester fait le travail, dans un style comics efficace, même si j’aurais préféré que Lemire soit ici aussi à la baguette. Une lecture sympathique, mais sans plus, me concernant. Note réelle 2,5/5.
Le Dernier Quai
Tout comme les aviseurs précédents, j'ai passé plutôt un bon moment de lecture avec ce one-shot. L'ensemble reste toutefois un peu trop bon enfant et prévisible pour que je bascule ma note vers un 4/5. C'est une BD dont le cœur de cible est selon moi plus les adolescents que les adultes. L'histoire de départ est malgré tout habile : un hôtel tenu par un maître bienveillant, Emile, accueille les âmes des personnes qui viennent de trépasser. Sorte de purgatoire, Emile les accompagnera le temps nécessaire pour qu'ils fassent la paix avec les événements qui se sont passés lors de leur vie terrestre. On sent toutefois rapidement venir le renversement de situation (que je ne décrirai pas ici pour ne pas spoiler) et la fin reste également assez convenue. Côté dessin, tout comme Ro, j'ai fortement ressenti l'influence de Miyazaki dans l'ambiance générale (âmes perdues dans la forêt notamment) et le graphisme. Le découpage des scènes est assez dynamique et la colorisation vive colle bien avec l'univers. Une mention spéciale à la très belle couverture où les notes de rose sont rappelées sur la tranche et les contre plats. Une lecture agréable, pleine de bons sentiments, à partager avec ses enfants . SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 7/10 GRAPHISME (Dessin, colorisation) : 7/10 NOTE GLOBALE : 14/20
Les Grimpeurs
Ça faisait un moment que je n'avais pas lu une nouvelle série humoristique à thème, de celles qui s'intéressent à un métier, un sport ou un loisir. Cette fois, c'est l'escalade qui est à l'honneur, et plus précisément l'escalade de bloc : celle qu'on pratique essentiellement en salle, sur des murs bas, sans harnais mais avec de gros matelas au sol en cas de chute. Les auteurs nous embarquent aux côtés d'un couple de débutants qui découvre cette discipline, s'intègre au groupe et partage rapidement des moments de fun, avec une légère touche de compétition. Il s'agit ici d'une de ces quelques séries qui utilisent l'humour comme porte d'entrée pour faire découvrir un univers. Ce n'est pas un ouvrage documentaire, même si un petit cahier explicatif vient conclure l'album, mais les gags permettent de saisir les grandes lignes du sport, ses accessoires, ses techniques, son ambiance. C'est un aspect qui m'a plu et qui a piqué ma curiosité, bien que certains dialogues semblent s'adresser à des initiés. J'ignore toujours, par exemple, ce qu'est une "lolotte", un terme croisé deux fois sans explication. Graphiquement, c'est plutôt réussi. Le trait est assuré, et les personnages évoquent par moments le style de Mo-CDM, avec un bon équilibre entre réalisme et caricature. Les décors sont minimalistes sans jamais paraître vides, ce qui rend l'ensemble agréable à l'œil. En revanche, les gags ne m'ont pas fait rire. Aucun ne m'a vraiment accroché, et certains m'ont même semblé un peu plats ou attendus. Cela dit, l'atmosphère générale est sympathique, et la mise en scène suffit à faire naître un sourire. À lire si vous êtes curieux de découvrir le bloc de façon légère ou si vous en êtes adepte et souhaitez retrouver votre passion transposée avec un certain humour en BD.
Les Pionniers
J'avais beaucoup apprécié la lecture de la biographie d'Alice Guy. La série des pionniers reprend la même période de la naissance du cinéma en élargissant la narration à de nombreux autres intervenants. Toutefois le récit est centré sur trois personnages principaux Charles Pathé, Gaumont et Alice Guy. C'est d'ailleurs un point positif d'avoir mis le personnage de la jeune femme au devant de l'histoire. C'est toutefois Pathé qui sert de colonne vertébrale à la narration comme noyau autour duquel gravitent un nombre important de noms parfois peu connus. Le travail de recherche et de synthèse de Damien Maric et de Guillaume Dorison est donc énorme tant les initiatives sont diverses et nombreuses puisque tout était à inventer. Cela part quelque fois dans tous les sens et j'ai trouvé la lecture moins aisée que pour la biographie d'Alice Guy . En effet des trois personnages c'est Alice Guy la plus créatrice et artistique dans ce qui a fait le succès du cinéma: les films. La bataille Pathé/Gaumont reste une bataille industrielle autour du matériel, des brevets, des studio , des réseaux de distributions ou d'alliances internationales. Mais l'âme du cinéma est ailleurs et de films on en parle assez peu. Pour masquer cette aridité, les auteurs mettent l'accent sur le sensationnel et le tragique porteurs d'émotions comme le prouve l'ouverture de la série . Le graphisme de Jean-Baptiste Hostache donne la priorité aux visages des principaux personnages. Il y a donc beaucoup de dialogues dans des scènes assez statiques. L'ambiance 1900 est bien restituée par les costumes , les extérieurs rares mais travaillés et la mise en couleur qui tend à rappeler le sépia. Une lecture intéressante mais exigeante. Les intervenants du récit étant plus des techniciens, des entrepreneurs que des artistes je suis resté sur ma faim.
Amour, sexe et Terre Promise - Reportage en Israël et Palestine
Bon, le titre est aguicheur – racoleur ou humoristique, c’est selon. Le sujet en tout cas n’est pas sans intérêt. Comme le signale Gaston, l’ensemble n’est pas forcément palpitant, l’enquête ne prétend pas à être exhaustive ou à dresser un portrait sociologique d’une population. D’une part parce que plusieurs sujets s’entrechoquent ici : les relations entre musulmans et juifs, entre Palestiniens et Israéliens, entre hommes et femmes (mais aussi le regard de la société, des « plus anciens » sur les relations amoureuses ici présentées). D’autres part parce que l’album compile une série de témoignages très variées (concernant les situations et les catégories de population concernées), ce qui fait qu’on a parfois l’impression de lire une suite d’anecdotes mal reliées entre elles. Mais la lecture est quand même intéressante, justement du fait de l’éclectisme des témoignages. Cela donne pas mal de points d’attaque pour le sujet des relations amoureuses dans cette région qui fait souvent l’actualité pour la haine et la guerre qui s’y propagent. Et justement, le hasard a voulu que cette enquête ait été menée et finie juste avant les attaques du 7 octobre 2023 (même si la publication en est légèrement postérieure), et la riposte génocidaire à Gaza (et l’accentuation de la violence coloniale en Cisjordanie occupée) ainsi que la droitisation et la crispation de la société israélienne qui s’en sont suivis. En catastrophe, les auteurs ont concocté une introduction pour évoquer cet événement, et leurs questionnements quant à l’opportunité de publier leur enquête malgré tout. Disons que, sans être un génie, on peut augurer que les relations entre Arabes et Juifs vont durablement être compliquées, voire quasi impossibles (ne parlons pas de l’impossibilité d’aimer sous les bombes à Gaza !). Ça ne nous fait que plus regretter cette guerre – qui n’a pas débuté le 7 octobre – et le racisme qui l’accompagne. Le nationalisme et les religions (juives et musulmanes) semblaient déjà dans l’enquête être des freins importants à l’épanouissement de relations amoureuses inter-communautés – voire de relations amoureuses tout court. Hélas ça ne va faire qu’empirer, les extrémistes de tous bords faisant leur nid dans la haine omniprésente. Pas palpitant donc, mais quand même intéressant, pour montrer une possibilité, une petite lueur d’espérance, au milieu de la nuit qui tombe.