Je pense que je n'avais jamais encore lu de BD chinoise. Je voulais un peu de voyage et j'ai bien été transporté dans un ailleurs. On est ici plongés dans une ruelle hors du temps, où les histoires se croisent et s’entrelacent avec une poésie qui oscille entre douceur et mélancolie.
Les dessins jouent un rôle clé, avec un trait fin et des couleurs douces, comme passées par le temps. On sent que tout est pensé pour créer une cohérence, une unité qui fait de cette ruelle un personnage à part entière.
Les contes, eux, sont inégaux. Certains marquent par leur poésie ou leur originalité, d’autres semblent plus rapides, presque anecdotiques. Mais l’ensemble fonctionne, porté par cette ambiance qui donne envie de ralentir, de prendre le temps de regarder les détails. Les pavés, les murs, les fenêtres racontent presque autant que les personnages eux-mêmes.
Un album qui m'a fait spontanément baisser le rythme pour l'appréhender sans précipitation, et qui laisse un sentiment de calme. Pas un chef-d’œuvre, mais une belle lecture qui sait capter l’attention sans en faire trop. Une ruelle qu’on aurait envie de retrouver, pour s’y perdre un peu plus longtemps. En tous cas je suis sûr que j'y reviendrai.
Assez jolie BD dystopique de Corbeyran et Colline.
L'idée principale est de poser une tonalité légère et décalée sur un scénario dystopique sombre très balisé "à la 1984".
Visuellement, Colline s'appuie sur une rondeur rétro davantage attendue du côté de la BD jeunesse, tandis que Corbeyran glisse des éléments à la naïveté poétique, généralement charmants (l'invisibilité, les romances, la surprise dans le quartier général du pouvoir...), parfois maladroits (l'apologie du tabac, le discours globalement misogyne).
Le revers de cette touche jeunesse est naturellement de manquer d'ambition et de subversion. Ainsi les propos sur le travail, la surveillance, l'écologie, le militantisme... n'offusqueront personne tant ils ne s'appliquent qu'à cet univers dystopique. La conclusion est sur ce point aussi géniale que décevante : charmante et inoffensive à souhait, aboutissant à la même conclusion que le nihilisme absolu de La Route, mais via un mécanisme inverse, à de la dystopie ne dénonçant plus rien à force de s'offrir comme purement dystopique, creuse et détachée du réel.
L'efficacité du récit et l'originalité de la vision permettent de passer un bon moment, qui font passer la colère sourde de voir détourné et relativisé tout contre-discours.
Il faut reconnaitre l'originalité du scénario de cette BD. Il est difficile de la classer dans le domaine de l'érotisme car c'est avant tout son histoire qui importe et qu'elle n'est pas faite pour exciter particulièrement le lecteur, mais elle parle clairement de cul et on y a droit à presque chaque page. Plus précisément, elle parle la majorité du temps de masturbation... mais d'une manière qui la sublime un peu, en lui donnant des formes de lettres de noblesse.
C'est l'histoire d'un jeune homme, Pablo, qui tient un sex-shop minable sur le point de faire faillite. Il a pour particularité d'avoir une imagination de fantasme assez poussée qui donne vie dans son esprit à Gudrun, une femme plantureuse et imaginaire et avec qui il entretient dans son esprit une relation amoureuse et très sexuelle depuis son adolescence. Il découvre un jour qu'elle lui apparait de manière plus stable quand il évolue dans le décor de sa chambre d'ado et retrouve ses souvenirs de l'époque. Suivant cette idée, il va monter une entreprise spéciale proposant discrètement à ses clients de recréer le décor de leurs fantasmes ou de leur jeunesse pour réveiller chez eux leur propre imaginaire et leur permettre de... se masturber en toute plénitude. Et ça marche, même très bien.
C'est une histoire osée et qui sort des sentiers battus, mais qui donne finalement lieu à une romance elle aussi plutôt originale et à laquelle on veut bien croire. Et c'est aussi l'histoire d'une belle amitié avec un copain d'enfance, ainsi que d'un rapport assez adulte avec ses propres parents et sur le fait pour chacun d'entre eux d'oser avouer la vérité sur leur vie privée.
Bref, autant la thématique tourne autour du sexe, autour ce sont plusieurs sujets plus psychologiques, romantiques ou touchants qui sont abordés avec intelligence, justesse et en même temps un petit fond léger et amusant car cela ne se prend pas tout à fait au sérieux.
Original, sympathique, osé, et pas bête du tout.
Honnêtement, j'aurais pu mettre une note plus basse car c'est une BD qui se lit beaucoup trop vite et qui n'a pas vraiment d'histoire si ce n'est son petit gag final qui n'est pas hilarant. En outre, la réutilisation de certaines images, et la redondance du contenu de la majorité des autres, réduisent encore plus l'intérêt de ce qu'on peut appeler l'intrigue.
Mais voilà, c'est le dessin du génial Franquin et ses chats sont formidables et tellement expressifs.
Et c'est l'humour irrévérencieux de Gotlib d'avoir réagencé ces dessins pour raconter une telle chose.
Et l'éditeur Fluide Glacial ne se contente pas de simplement publier les 60 cases de l'histoire, il ajoute des pages supplémentaires dans son petit album pour mettre en avant les 20 dessins originaux de Franquin qui ont été par la suite mis en scène par Gotlib, et pour raconter les coulisses de la création de cette mini-BD.
Donc voilà, ce n'est pas un album que j'achèterai alors même que je suis fan de ses deux auteurs, mais je ne peux pas me résoudre à mettre une note plus basse.
Thierry Gloris et Pierre Bordaberry se mettent en scène pour illustrer et expliquer un certain nombre de concepts, pour rendre agréable à suivre de longues explications sur le bonheur, les moyens de l’obtenir, tout ce qui peut le mettre en danger, etc.
Faisant intervenir philosophes et spécialistes des sciences cognitives et humaines, ils tentent de balayer le champ de la question, sans jamais tomber dans la recette magique et les solutions clés en main. Ce sont plus des pistes de réflexion que nous avons ici. Et un album quand même singulièrement engagé parfois (ce qui n’est pas forcément pour me déplaire), comme lorsque la doxa libérale est mise sur le grill (quand elle permet un tout petit supplément de bonheur à ceux qui accaparent les richesses, ceci empêchant la grande majorité d’accéder au bonheur : le creusement des inégalités sociales va à l’encontre d’un bonheur général).
La narration est fluide – même lorsque des concepts philosophiques parfois pointus sont évoqués – et le dessin de Sergio Melia (pas forcément mon truc a priori) se révèle dynamique et complémentaire de ces démonstrations vulgarisantes.
Une lecture sympathique et intéressante. Instructive aussi.
Un style classique pour des blogs plus ou moins girly. Un découpage saccadé (des gags en un dessin, parfois un peu plus avec absence de gaufrier), une absence de décors et des personnages peu détaillés (on mise sur des expressions souvent exagérées). Ça n’est pas mon truc, mais c’est lisible et efficace, et l’essentiel est ailleurs.
Deux intérêts potentiels pour cet album au petit format. Avoir une vision caustique de l’exploitation des stagiaires dans pas mal de boites. Et découvrir éventuellement une auteure drôle.
Disons que pour ces deux choses je suis sorti sur ma faim.
Certes, l’auteure (qui décrit semble-t-il des situations personnellement vécues) montre bien l’exploitation hypocrite des stagiaires, leur invisibilisation, voire le mépris qui les frappe (comme la précarité, qui leur fait accepter des conditions de travail – une forte amplitude horaire que les salaires ne justifient pas par exemple). Mais le fait même de faire ça sur le ton de l’humour gentil atténue la critique, de toute façon pas trop poussée.
Ensuite l’humour justement. Il est inégal, et globalement pas assez tonique par rapport à mes attentes. Certes, quelques sourires ont accompagné ma lecture, ni désagréable ni trop longue, mais ça n’est pas trop ma came.
Note réelle 2,5/5.
Le Punisher est un super-héros que je connais mal. J'apprécie son côté radical et les récits assez défouloirs qui en découlent, mais je trouve le concept trop unidirectionnel et limité dans ses possibilités. Toutefois, je dois admettre que cette mini-série Soviet est un bon cru du genre, même si elle ne me rend pas le héros plus attachant.
Le Punisher découvre que quelqu'un de mystérieux a visiblement les mêmes méthodes que lui et élimine les membres d'une mafia russe implantée à New York. Alors qu'il s'en prend lui-même à celle-ci, il fait la rencontre de ce mystérieux personnage qui propose de s'allier à lui dans un but unique : détruire la mafia en question et s'occuper personnellement de son boss envers qui l'homme a une haine tenace. Cette haine, il va l'expliquer dans une longue discussion avec le Punisher qui apprendra alors ce qu'il s'est passé pour cet homme quand il était soldat russe en Afghanistan.
On suit cette histoire linéaire mais prenante grâce à sa narration et son rythme bien fichus. Le dessin est très pro, un peu formaté mais parfaitement fonctionnel. Ce qui éveille l'intérêt de l'histoire, c'est cette rencontre et collaboration entre le Punisher et quelqu'un qui lui ressemble énormément tant dans les méthodes que dans l'état d'esprit radical. Alors que subsiste le doute sur le fait qu'il va accepter de s'allier à lui, on suit avec curiosité et entrain le récit de son passé en Afghanistan, dont le texte d'introduction aurait d'ailleurs pu décrire exactement de la même manière la guerre du Vietnam : probablement un clin d'oeil cynique souhaité par Garth Ennis. C'est dur et radical, comme du Punisher. Et cela s'enchaine ensuite jusqu'à une conclusion un peu attendue (si l'on excepte la torture imaginée là) mais qui tient bien la route.
Bref, un bon cru de l'univers du Punisher, même quand comme moi on ne l'apprécie pas tant que ça.
Pas mal, mais sans plus.
Une BD intéressante pour son côté instructif. Je ne m'imaginais pas le nombre d'obstacles que Thomas Pesquet avait dû franchir pour faire parti des six candidats sélectionnés par l'Agence spaciale européenne en 2009. Et ce n'était que le début de son long parcours pour être spationaute. Il lui faudra encore attendre plusieurs années avant d'être choisi pour une mission dans la station orbitale. Un vrai chemin de croix.
J'ai bien aimé le ton employé, un humour qui fait souvent mouche, malgré quelques lourdeurs.
On va ainsi découvrir son quotidien avant, pendant et après sa première mission dans la station orbitale. Dans l'ensemble j'ai pris plaisir à suivre sa vie de forçat malgré quelques passages moins intéressants. Par contre je n'ai jamais trouvé le personnage attachant, le genre premier de la classe qui a le don de m'agacer !
Je ne peux néanmoins que lui tirer mon chapeau pour autant de persévérance à la réalisation de son rêve de gosse.
Je n'ai pas aimé le dessin, trop brouillon à mon goût, il n'est pas assez lisible et ne permet pas toujours de reconnaître notre astronaute au premier coup d'œil. Les couleurs ne sont guère plus agréables et la mise en page est simplissime.
Aucun plaisir.
Un petit 3 étoiles.
29 novembre 2024, le tome 1 :
Avant toute chose, je tiens à préciser que ma note ne reflète pas réellement ce que j'ai ressenti, car une question de fond reste en suspend dans ma tête sur laquelle je reviendrai. Aussi, je lui colle un 3/5 provisoire que je relèverai peut-être à l'issue de la lecture du tome 2, à paraitre début février selon l'éditeur. Suite donc au prochain épisode...
Je découvre cet auteur espagnol, et pour cause : il s'agit apparemment de sa toute première BD. Le moins que l'on puisse dire est que son dessin est très plaisant. Si j'ai quelques réserves au sujet de la colorisation, à la fois dans le choix de la palette elle-même que dans la manière de coloriser qui me donne l'impression d'hésiter entre la ligne claire et des aplats disons moins bordés, il sait néanmoins donner vie à ses personnages, Paco Asenjo fait preuve d'une incontestable maitrise, tant dans les proportions que dans la dynamique. En outre, il y a quelques trouvailles intéressantes. Je pense en particulier aux scènes de combat de nuit en fin de tome qui consistent en une pluie de balles traçantes, que j'ai trouvé assez originales bien que déconcertantes. Relevons tout de même quelques confusions au niveau des visages.
La narration m'a paru un peu poussive en milieu de tome. Pendant un temps, l'auteur aligne les anecdotes les unes derrières les autres sans réel lien. certains passages laissent donc une impression de fourre-tout où les faits s'empilent. Rien de grave cependant car j'ai malgré tout poursuivi ma lecture d'un trait.
Enfin, les faits évoqués, par le biais semble-t-il du témoignage d'un survivant (c'est ainsi que le livre est présenté), étaient pour moi quelque chose d'inconnu. En effet, L'Enfer bleu met en lumière une division de volontaires espagnols (la Division Bleue) envoyée par Franco pour soutenir l'armée allemande lors de l'invasion de la Russie (la fameuse opération Barbarossa). Le lecteur suit tout cela à travers les souvenirs d'Alberto, l'un des jeunes engagés. Pas banal... On réalise entre autre que la mentalité espagnole n'est pas celle qui animait l'armée allemande, que les soldats ibères n'étaient ni aussi équipés, ni aussi disciplinés, sans parler de la préparation... Bref ! Plein de choses bien dans ce premier volume.
Cette histoire m'a rappelé Les Oubliés, cet excellent film de Martin Zandvliet qui mettait en scène de jeunes prisonniers allemands condamnés à la fin de la guerre, à déminer les plages danoises. On a là une inversion des perspectives qui pourrait aisément passer pour de la sympathie à l'égard du régime nazi. Si je ne pense pas que ce soit le cas ici (Les oubliés ne l'est clairement pas), je m'interroge tout de même sur les motivations premières de notre jeune "héros". Il n'y a pas un mot sur ce point. On me pardonnera cette lapalissade, mais certes, le jeune Alberto est jeune, donc à ce titre probablement un peu naïf. Certes, il a le droit d'être sympathisant du régime franquiste, même si cette phrase écorche mes oreilles (c'est une réalité). Certes, l'époque était bien différente de la notre, et la question demeure de savoir ce que savaient réellement les populations de la réalité de la barbarie nazie, à plus forte raison dans l'Espagne de Franco où devait sévir une propagande aiguë. Mais j'aurais aimé en savoir un peu plus sur ses réelles motivations et convictions, et son point de vue sur le franquisme, le nazisme, la guerre en Russie, les horreurs de la guerre et le sort atroce réservé aux soldats soviétiques, ce qui viendra peut-être dans le tome 2.
Bien entendu, Alberto n'est pas un nazi. On sent qu'il a de la sympathie pour les populations, et notamment pour ce jeune prisonnier russe avec lequel il va brièvement se lier d'amitié avant que celui-ci ne soit envoyé en camp de concentration. Mais voilà exposés bien maladroitement les questionnements qui m'assaillent au lendemain de ma lecture. Je décèle une petite ambiguïté, sans doute à tort, tout en attendant fébrilement le dénouement. En l'état, L'Enfer bleu est une bonne BD. Affaire à suivre...
Une version moderne de la Belle au bois dormant. La particularité de l'album est que les personnages parlent en pictogramme.
Le principe est bien utilisé quoiqu'à une ou deux reprises je n'ai pas été certain de ce que l'auteur voulait exprimer. Malheureusement, comme il n'y a pas de textes, cela fait un album qui se lit aussi un peu trop vite à mon gout. Cela reste une lecture agréable parce que l'auteur s'amuse bien avec les clichés sur les contes et il y a des surprises dans le scénario, mais ce n'est pas une lecture marquante.
Le dessin est plaisant et la mise en scène bien maitrisé. Un album à emprunter à la bibliothèque.
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Les Contes de la ruelle
Je pense que je n'avais jamais encore lu de BD chinoise. Je voulais un peu de voyage et j'ai bien été transporté dans un ailleurs. On est ici plongés dans une ruelle hors du temps, où les histoires se croisent et s’entrelacent avec une poésie qui oscille entre douceur et mélancolie. Les dessins jouent un rôle clé, avec un trait fin et des couleurs douces, comme passées par le temps. On sent que tout est pensé pour créer une cohérence, une unité qui fait de cette ruelle un personnage à part entière. Les contes, eux, sont inégaux. Certains marquent par leur poésie ou leur originalité, d’autres semblent plus rapides, presque anecdotiques. Mais l’ensemble fonctionne, porté par cette ambiance qui donne envie de ralentir, de prendre le temps de regarder les détails. Les pavés, les murs, les fenêtres racontent presque autant que les personnages eux-mêmes. Un album qui m'a fait spontanément baisser le rythme pour l'appréhender sans précipitation, et qui laisse un sentiment de calme. Pas un chef-d’œuvre, mais une belle lecture qui sait capter l’attention sans en faire trop. Une ruelle qu’on aurait envie de retrouver, pour s’y perdre un peu plus longtemps. En tous cas je suis sûr que j'y reviendrai.
Les Yeux doux
Assez jolie BD dystopique de Corbeyran et Colline. L'idée principale est de poser une tonalité légère et décalée sur un scénario dystopique sombre très balisé "à la 1984". Visuellement, Colline s'appuie sur une rondeur rétro davantage attendue du côté de la BD jeunesse, tandis que Corbeyran glisse des éléments à la naïveté poétique, généralement charmants (l'invisibilité, les romances, la surprise dans le quartier général du pouvoir...), parfois maladroits (l'apologie du tabac, le discours globalement misogyne). Le revers de cette touche jeunesse est naturellement de manquer d'ambition et de subversion. Ainsi les propos sur le travail, la surveillance, l'écologie, le militantisme... n'offusqueront personne tant ils ne s'appliquent qu'à cet univers dystopique. La conclusion est sur ce point aussi géniale que décevante : charmante et inoffensive à souhait, aboutissant à la même conclusion que le nihilisme absolu de La Route, mais via un mécanisme inverse, à de la dystopie ne dénonçant plus rien à force de s'offrir comme purement dystopique, creuse et détachée du réel. L'efficacité du récit et l'originalité de la vision permettent de passer un bon moment, qui font passer la colère sourde de voir détourné et relativisé tout contre-discours.
A pleines mains
Il faut reconnaitre l'originalité du scénario de cette BD. Il est difficile de la classer dans le domaine de l'érotisme car c'est avant tout son histoire qui importe et qu'elle n'est pas faite pour exciter particulièrement le lecteur, mais elle parle clairement de cul et on y a droit à presque chaque page. Plus précisément, elle parle la majorité du temps de masturbation... mais d'une manière qui la sublime un peu, en lui donnant des formes de lettres de noblesse. C'est l'histoire d'un jeune homme, Pablo, qui tient un sex-shop minable sur le point de faire faillite. Il a pour particularité d'avoir une imagination de fantasme assez poussée qui donne vie dans son esprit à Gudrun, une femme plantureuse et imaginaire et avec qui il entretient dans son esprit une relation amoureuse et très sexuelle depuis son adolescence. Il découvre un jour qu'elle lui apparait de manière plus stable quand il évolue dans le décor de sa chambre d'ado et retrouve ses souvenirs de l'époque. Suivant cette idée, il va monter une entreprise spéciale proposant discrètement à ses clients de recréer le décor de leurs fantasmes ou de leur jeunesse pour réveiller chez eux leur propre imaginaire et leur permettre de... se masturber en toute plénitude. Et ça marche, même très bien. C'est une histoire osée et qui sort des sentiers battus, mais qui donne finalement lieu à une romance elle aussi plutôt originale et à laquelle on veut bien croire. Et c'est aussi l'histoire d'une belle amitié avec un copain d'enfance, ainsi que d'un rapport assez adulte avec ses propres parents et sur le fait pour chacun d'entre eux d'oser avouer la vérité sur leur vie privée. Bref, autant la thématique tourne autour du sexe, autour ce sont plusieurs sujets plus psychologiques, romantiques ou touchants qui sont abordés avec intelligence, justesse et en même temps un petit fond léger et amusant car cela ne se prend pas tout à fait au sérieux. Original, sympathique, osé, et pas bête du tout.
Slowburn
Honnêtement, j'aurais pu mettre une note plus basse car c'est une BD qui se lit beaucoup trop vite et qui n'a pas vraiment d'histoire si ce n'est son petit gag final qui n'est pas hilarant. En outre, la réutilisation de certaines images, et la redondance du contenu de la majorité des autres, réduisent encore plus l'intérêt de ce qu'on peut appeler l'intrigue. Mais voilà, c'est le dessin du génial Franquin et ses chats sont formidables et tellement expressifs. Et c'est l'humour irrévérencieux de Gotlib d'avoir réagencé ces dessins pour raconter une telle chose. Et l'éditeur Fluide Glacial ne se contente pas de simplement publier les 60 cases de l'histoire, il ajoute des pages supplémentaires dans son petit album pour mettre en avant les 20 dessins originaux de Franquin qui ont été par la suite mis en scène par Gotlib, et pour raconter les coulisses de la création de cette mini-BD. Donc voilà, ce n'est pas un album que j'achèterai alors même que je suis fan de ses deux auteurs, mais je ne peux pas me résoudre à mettre une note plus basse.
Le Prix du bonheur TTC
Thierry Gloris et Pierre Bordaberry se mettent en scène pour illustrer et expliquer un certain nombre de concepts, pour rendre agréable à suivre de longues explications sur le bonheur, les moyens de l’obtenir, tout ce qui peut le mettre en danger, etc. Faisant intervenir philosophes et spécialistes des sciences cognitives et humaines, ils tentent de balayer le champ de la question, sans jamais tomber dans la recette magique et les solutions clés en main. Ce sont plus des pistes de réflexion que nous avons ici. Et un album quand même singulièrement engagé parfois (ce qui n’est pas forcément pour me déplaire), comme lorsque la doxa libérale est mise sur le grill (quand elle permet un tout petit supplément de bonheur à ceux qui accaparent les richesses, ceci empêchant la grande majorité d’accéder au bonheur : le creusement des inégalités sociales va à l’encontre d’un bonheur général). La narration est fluide – même lorsque des concepts philosophiques parfois pointus sont évoqués – et le dessin de Sergio Melia (pas forcément mon truc a priori) se révèle dynamique et complémentaire de ces démonstrations vulgarisantes. Une lecture sympathique et intéressante. Instructive aussi.
Moi, 20 ans, diplômée, motivée... Exploitée !
Un style classique pour des blogs plus ou moins girly. Un découpage saccadé (des gags en un dessin, parfois un peu plus avec absence de gaufrier), une absence de décors et des personnages peu détaillés (on mise sur des expressions souvent exagérées). Ça n’est pas mon truc, mais c’est lisible et efficace, et l’essentiel est ailleurs. Deux intérêts potentiels pour cet album au petit format. Avoir une vision caustique de l’exploitation des stagiaires dans pas mal de boites. Et découvrir éventuellement une auteure drôle. Disons que pour ces deux choses je suis sorti sur ma faim. Certes, l’auteure (qui décrit semble-t-il des situations personnellement vécues) montre bien l’exploitation hypocrite des stagiaires, leur invisibilisation, voire le mépris qui les frappe (comme la précarité, qui leur fait accepter des conditions de travail – une forte amplitude horaire que les salaires ne justifient pas par exemple). Mais le fait même de faire ça sur le ton de l’humour gentil atténue la critique, de toute façon pas trop poussée. Ensuite l’humour justement. Il est inégal, et globalement pas assez tonique par rapport à mes attentes. Certes, quelques sourires ont accompagné ma lecture, ni désagréable ni trop longue, mais ça n’est pas trop ma came. Note réelle 2,5/5.
Punisher - Soviet
Le Punisher est un super-héros que je connais mal. J'apprécie son côté radical et les récits assez défouloirs qui en découlent, mais je trouve le concept trop unidirectionnel et limité dans ses possibilités. Toutefois, je dois admettre que cette mini-série Soviet est un bon cru du genre, même si elle ne me rend pas le héros plus attachant. Le Punisher découvre que quelqu'un de mystérieux a visiblement les mêmes méthodes que lui et élimine les membres d'une mafia russe implantée à New York. Alors qu'il s'en prend lui-même à celle-ci, il fait la rencontre de ce mystérieux personnage qui propose de s'allier à lui dans un but unique : détruire la mafia en question et s'occuper personnellement de son boss envers qui l'homme a une haine tenace. Cette haine, il va l'expliquer dans une longue discussion avec le Punisher qui apprendra alors ce qu'il s'est passé pour cet homme quand il était soldat russe en Afghanistan. On suit cette histoire linéaire mais prenante grâce à sa narration et son rythme bien fichus. Le dessin est très pro, un peu formaté mais parfaitement fonctionnel. Ce qui éveille l'intérêt de l'histoire, c'est cette rencontre et collaboration entre le Punisher et quelqu'un qui lui ressemble énormément tant dans les méthodes que dans l'état d'esprit radical. Alors que subsiste le doute sur le fait qu'il va accepter de s'allier à lui, on suit avec curiosité et entrain le récit de son passé en Afghanistan, dont le texte d'introduction aurait d'ailleurs pu décrire exactement de la même manière la guerre du Vietnam : probablement un clin d'oeil cynique souhaité par Garth Ennis. C'est dur et radical, comme du Punisher. Et cela s'enchaine ensuite jusqu'à une conclusion un peu attendue (si l'on excepte la torture imaginée là) mais qui tient bien la route. Bref, un bon cru de l'univers du Punisher, même quand comme moi on ne l'apprécie pas tant que ça.
Dans la combi de Thomas Pesquet
Pas mal, mais sans plus. Une BD intéressante pour son côté instructif. Je ne m'imaginais pas le nombre d'obstacles que Thomas Pesquet avait dû franchir pour faire parti des six candidats sélectionnés par l'Agence spaciale européenne en 2009. Et ce n'était que le début de son long parcours pour être spationaute. Il lui faudra encore attendre plusieurs années avant d'être choisi pour une mission dans la station orbitale. Un vrai chemin de croix. J'ai bien aimé le ton employé, un humour qui fait souvent mouche, malgré quelques lourdeurs. On va ainsi découvrir son quotidien avant, pendant et après sa première mission dans la station orbitale. Dans l'ensemble j'ai pris plaisir à suivre sa vie de forçat malgré quelques passages moins intéressants. Par contre je n'ai jamais trouvé le personnage attachant, le genre premier de la classe qui a le don de m'agacer ! Je ne peux néanmoins que lui tirer mon chapeau pour autant de persévérance à la réalisation de son rêve de gosse. Je n'ai pas aimé le dessin, trop brouillon à mon goût, il n'est pas assez lisible et ne permet pas toujours de reconnaître notre astronaute au premier coup d'œil. Les couleurs ne sont guère plus agréables et la mise en page est simplissime. Aucun plaisir. Un petit 3 étoiles.
L'Enfer Bleu
29 novembre 2024, le tome 1 : Avant toute chose, je tiens à préciser que ma note ne reflète pas réellement ce que j'ai ressenti, car une question de fond reste en suspend dans ma tête sur laquelle je reviendrai. Aussi, je lui colle un 3/5 provisoire que je relèverai peut-être à l'issue de la lecture du tome 2, à paraitre début février selon l'éditeur. Suite donc au prochain épisode... Je découvre cet auteur espagnol, et pour cause : il s'agit apparemment de sa toute première BD. Le moins que l'on puisse dire est que son dessin est très plaisant. Si j'ai quelques réserves au sujet de la colorisation, à la fois dans le choix de la palette elle-même que dans la manière de coloriser qui me donne l'impression d'hésiter entre la ligne claire et des aplats disons moins bordés, il sait néanmoins donner vie à ses personnages, Paco Asenjo fait preuve d'une incontestable maitrise, tant dans les proportions que dans la dynamique. En outre, il y a quelques trouvailles intéressantes. Je pense en particulier aux scènes de combat de nuit en fin de tome qui consistent en une pluie de balles traçantes, que j'ai trouvé assez originales bien que déconcertantes. Relevons tout de même quelques confusions au niveau des visages. La narration m'a paru un peu poussive en milieu de tome. Pendant un temps, l'auteur aligne les anecdotes les unes derrières les autres sans réel lien. certains passages laissent donc une impression de fourre-tout où les faits s'empilent. Rien de grave cependant car j'ai malgré tout poursuivi ma lecture d'un trait. Enfin, les faits évoqués, par le biais semble-t-il du témoignage d'un survivant (c'est ainsi que le livre est présenté), étaient pour moi quelque chose d'inconnu. En effet, L'Enfer bleu met en lumière une division de volontaires espagnols (la Division Bleue) envoyée par Franco pour soutenir l'armée allemande lors de l'invasion de la Russie (la fameuse opération Barbarossa). Le lecteur suit tout cela à travers les souvenirs d'Alberto, l'un des jeunes engagés. Pas banal... On réalise entre autre que la mentalité espagnole n'est pas celle qui animait l'armée allemande, que les soldats ibères n'étaient ni aussi équipés, ni aussi disciplinés, sans parler de la préparation... Bref ! Plein de choses bien dans ce premier volume. Cette histoire m'a rappelé Les Oubliés, cet excellent film de Martin Zandvliet qui mettait en scène de jeunes prisonniers allemands condamnés à la fin de la guerre, à déminer les plages danoises. On a là une inversion des perspectives qui pourrait aisément passer pour de la sympathie à l'égard du régime nazi. Si je ne pense pas que ce soit le cas ici (Les oubliés ne l'est clairement pas), je m'interroge tout de même sur les motivations premières de notre jeune "héros". Il n'y a pas un mot sur ce point. On me pardonnera cette lapalissade, mais certes, le jeune Alberto est jeune, donc à ce titre probablement un peu naïf. Certes, il a le droit d'être sympathisant du régime franquiste, même si cette phrase écorche mes oreilles (c'est une réalité). Certes, l'époque était bien différente de la notre, et la question demeure de savoir ce que savaient réellement les populations de la réalité de la barbarie nazie, à plus forte raison dans l'Espagne de Franco où devait sévir une propagande aiguë. Mais j'aurais aimé en savoir un peu plus sur ses réelles motivations et convictions, et son point de vue sur le franquisme, le nazisme, la guerre en Russie, les horreurs de la guerre et le sort atroce réservé aux soldats soviétiques, ce qui viendra peut-être dans le tome 2. Bien entendu, Alberto n'est pas un nazi. On sent qu'il a de la sympathie pour les populations, et notamment pour ce jeune prisonnier russe avec lequel il va brièvement se lier d'amitié avant que celui-ci ne soit envoyé en camp de concentration. Mais voilà exposés bien maladroitement les questionnements qui m'assaillent au lendemain de ma lecture. Je décèle une petite ambiguïté, sans doute à tort, tout en attendant fébrilement le dénouement. En l'état, L'Enfer bleu est une bonne BD. Affaire à suivre...
Le Monde de Pickto
Une version moderne de la Belle au bois dormant. La particularité de l'album est que les personnages parlent en pictogramme. Le principe est bien utilisé quoiqu'à une ou deux reprises je n'ai pas été certain de ce que l'auteur voulait exprimer. Malheureusement, comme il n'y a pas de textes, cela fait un album qui se lit aussi un peu trop vite à mon gout. Cela reste une lecture agréable parce que l'auteur s'amuse bien avec les clichés sur les contes et il y a des surprises dans le scénario, mais ce n'est pas une lecture marquante. Le dessin est plaisant et la mise en scène bien maitrisé. Un album à emprunter à la bibliothèque.