Cette série est l'occasion de jeter un coup d'œil dans les entrailles du "machin" New-Yorkais. Si l'intention est bonne la réalisation m'a laissé un peu sur ma faim.
Il faut dire que Karim Lebhour en tant que journaliste RFI se devait d'équilibrer son récit entre une description de l'organisation et du fonctionnement pas trop pesante et rébarbative, une partie diplomatique assez consensuelle et des anecdotes pas trop méchantes. Le but n'était pas de démolir une organisation déjà assez critiquée comme cela et de mettre en valeur la nécessité de son existence. C'est plutôt bien réalisé même si cela aboutit à un récit un peu mou sans grande tension.
La construction n'est ni thématique ni très chronologique. L'événement fil rouge de la période est la guerre en Syrie observée de loin. Il manque un peu d'humour à la Nicolas Wild pour que j'accroche vraiment à la narration.
Le graphisme de Aude Massot donne un bon rythme et permet une lecture attrayante. Elle respecte les codes d'un style doc journalistique qui travaille surtout sur le factuel.
Une lecture rapide et sympa pour rentrer un peu dans les coulisses de l'organisation.
Il est intéressant de suivre cet homme, qui fuit la Tunisie – en proie au « printemps arabe – mais surtout la misère, porté, comme beaucoup d’autres, par ses rêves d’Europe, à portée de la main, là où tout serait possible.
Nous le suivons donc dans son périple, sa recherche de passeur, son arrivée – et ses premières désillusions – sur l’île italienne de Lampedusa, puis, après quelques courtes étapes, son embauche en France où exploité et sous-payé car clandestin, il décharge des palettes dans un supermarché.
Un sujet intéressant, avec un dessin qui use d’un Noir et Blanc gras et tranché que j’ai bien aimé. Mais je suis quand même resté sur ma faim. En effet, cela manque de consistance, j’ai eu l’impression de lire un résumé – et la fin est aussi un peu abrupte. J’aurais bien voulu voir cette histoire – qui s’inspire bien évidemment de nombreux faits réels – être davantage développée.
Note réelle 2,5/5.
Ce récit s’articule autour de plusieurs thématiques : l’une historique, une deuxième de type suspense policier, et une troisième d’ordre plus fantastique. Et si j’ai beaucoup aimé la première (qui m’a fait découvrir la vie des trémentinaires, des femmes originaires des Pyrénées catalanes qui, au cours du XIXème siècle, cueillaient des herbes pour en faire des remèdes qu'elles vendaient dans des villages sillonnant la région à pied), si l’aspect suspense policier, quoique très classique, m’a encore plu, la dimension fantastique, elle m’a laissé très dubitatif.
Au niveau du dessin, je suis également partagé. J’aime bien la lisibilité du trait de Jaime Martin mais je trouve son encrage trop épais. Ca fait un peu mastoc, ça manque de finesse à mes yeux. Les décors y perdent en nuances, en détails, et dans le cas présent, avec ce sujet et cet ancrage très régionaux, je pense que j’aurais préféré un dessin plus naturaliste, plus dans la ligné d’un Servais en somme.
Le positif à mes yeux réside vraiment dans la reconstitution historique, dans le cadre de ce récit. Ce petit village catalan avec ses commérages, ses jalousies, ses secrets de famille, ses mesquineries, c’est vraiment le genre d’univers dont je suis friand. L’arrivée d’une inconnue couplée à celle d’une épidémie est un excellent moteur pour révéler le côté sombre de différents protagonistes. Enfin, le personnage de Mara, avec son profil si similaire de ceux des rebouteuses ardennaises, est très touchant.
Le mystère qui entoure l'inconnue que recueille Mara est de deux ordres. D’une part, nous aimerions savoir d’où elle vient et ce qui l’a poussée à se réfugier ainsi dans la montagne. D’autre part, on se demande directement ce que personnifie ce loup qui l’accompagne au début du récit. Symbolise-t-il sa folie ou s’agit-il d’autre chose ? Et de ce point de vue, j’ai finalement trouvé le récit peu clair. Je pense vraiment que j’aurais plus apprécié celui-ci sans sa dimension fantastique, que je trouve inutile et assez nébuleuse.
Au final, je ne peux pas dire que j'ai été totalement conquis mais rien que pour son cadre et son ambiance de village reculé, je ne regrette pas ma lecture. Pas mal, pour ma part mais je suis content de l'avoir emprunté plutôt qu'acheté car ce n'est pas un récit que j'aimerais rapidement relire.
Cette histoire est étrange, et assez originale parmi les nombreuses œuvres de commande avec Le Louvre. Ces remarques sont valables à plusieurs titres.
D’abord par le côté franchement loufoque de certains passages. Ensuite et surtout parce que finalement l’auteur (que je découvre ici) traite son sujet par la bande, et ne s’embête pas à accumuler des références artistiques, à nous placer plus ou moins intelligemment sa culture ou le maximum de tableaux. Au contraire, à part un Vermeer et une sculpture égyptienne, on ne voit presque rien du Louvre – si ce n’est quelques couloirs et la pyramide. Et une bonne partie de l’intrigue se déroule au Japon (où réside le personnage le plus original – et saoulant !).
L’histoire se laisse lire, malgré – ou à cause de – ses passages loufoques, même si la façon de parler très maniérée d’un personnage (semble-t-il inspiré d'un personnage farfelu très connu dans la culture populaire japonaise) m’a un peu lassé à force, avec ses « sans façon »…
La partie vaguement polar est accessoire, quelques clins d’œil (le commissaire Juve par exemple) aussi, mais globalement ça n’est pas désagréable.
Le dessin de Urasawa est fluide et dynamique. Je n’ai juste pas compris pourquoi seules quelques pages étaient colorisées (quelques débuts de chapitre – colorisation agréable – et pas le reste ?
A découvrir à l’occasion, c’est un album qui détonne un peu dans cette collection en partenariat avec Le Louvre.
Le sujet m’a un peu fait penser aux « recherches sur la sexualité » menées par le groupe surréaliste en 1928 – même si l’époque est différente.
Ce sont donc là aussi des hommes, qui se livrent et répondent à une série de questions, de façon très libérée, en essayant de faire valdinguer les tabous autour de la sexualité masculine. Pour le lecteur (masculin majoritairement je pense, mais pas forcément), il ne s’agit pas de se comparer, de se situer par rapport aux hommes qui témoignent ici, mais plutôt de voir que beaucoup de questions qu’ils se posent sont légitimes – et n’ont d’ailleurs pas une seule réponse.
Je ne sais pas si le medium BD apporte quelque chose par rapport à un bouquin « sérieux ». Peut-être un peu de déconne, de dédramatisation, avec quelques dialogues amusants. Le dessin est agréable, et fait oublier le côté statique de l’ensemble – même si les « décors » changent.
Une lecture sympathique et instructive, en tout cas qui est un bon lanceur de discussions.
Note réelle 3,5/5.
Ah, Mortelle Adèle... Joli phénomène éditorial, qui pour moi a le mérite de faire découvrir l'humour noir à des enfants, ce qui n'était pas gagné !
Je trouve aussi certaines critiques un peu sévères... Oui Adèle est immorale, irrévérencieuse, voire sadique... Mais c'est de l'HUMOUR ! Pourquoi ne pas justement faire découvrir cette forme de l'humour à nos têtes blondes ? Parce qu'ils ne sont pas capables de le comprendre ou d'avoir le recul pour du second (voire 10e degré) ??? C'est justement pour moi l'occasion de les initier.
Au delà de ces remarques, je trouve à titre personnel que l'humour tourne malheureusement assez rapidement en rond au fil d'albums qui se ressemblent un peu trop. Dommage, ce côté sarcastique et caustique qu'on découvre au début peine à se renouveler. Côté dessin, je trouve ça assez limité aussi ; je peux apprécier le minimalisme, mais là, on ne se foule pas trop de ce côté là... Comme le faisait remarquer quelqu'un, on tombe quand même dans une phase mercantile un peu grosse qui m'exaspère aussi...
A côté de ça, je ne peux que constater le succès auprès du jeune public de cette série, et ça, c'est déjà une réussite pour les auteurs qui ont parfaitement su tirer profit de ce dernier.
(2.5/5)
C’est une bonne histoire dystopique, qui plaira sans aucun doute aux amateurs du genre. La mise en place du monde très froid et rigoriste instille le malaise, malaise renforcé par la quasi absence de couleurs (seules quelques lueurs bleutées apparaissent). Une société qui bride les émotions, empêche l’empathie, normalise et phagocyte toute la population, chacun n’étant considérée, utilisé qu’en fonction de sa classe d’âge et de son utilité pour le groupe.
Au milieu de tout ça, Jonas, qui est choisi pour être le « passeur » de mémoire. C’est évidemment lui qui va être le grain de sable, et qui, découvrant les « souvenirs » de son formateur, va s’ouvrir à un autre univers, à d’autres émotions, tout un pan proscrit par la société. Tous ces « ailleurs » se matérialisent par des couleurs…
L’histoire est intéressante, le dessin, très réaliste et classique est très « froid » : c’est raccord avec le sujet, mais il faut s’y faire. De même, la mise en place est un peu longue à mon goût, les longueurs dans la narration m’empêchant de mieux noter cet album (je ne connais pas le roman d’origine).
Note réelle 3,5/5.
J'ai lu cette série suite à la somme de bons avis qui lui étaient attribués. Mais les livres d'économie me donnent des boutons d'autant plus quand la thématique centrale est sur de la fiscalité. C'est le cas ici.
Je n'ai pas spécialement accroché au choix de la famille de nobles super riches qui accumule les investissements à caractères moralement ignominieux dans des cadres assez clichés (Cannes, Le Touquet, Arcachon ou Paris8).
Le travail de recherche et de synthèse est incontestable mais je sors de ma lecture sans être beaucoup plus avancé sur le sujet. En effet pareillement à l'avis de ThePatrick je suis dubitatif sur une grande partie des propositions de deux/trois pages proposées ou relayées par les auteurs.
En effet ce que ne souligne pas assez le livre est que les outils de redistributions sont nombreux en France à n'être que très partiellement utilisés par les bénéficiaires par manque de connaissance ou autres raisons.
En outre une mesure de dotation de 120000 euros pour tout adulte de 25 ans afin "d'investir dans une entreprise" me laisse sceptique sur la naïveté de l'exemple.
Enfin je trouve qu'il y a bien trop d'arguments d'autorité pour me convaincre.
Pas trop mon truc. 2.5
Au travers d'un personnage fictif, les auteurs rendent hommage aux projectionnistes ambulants qui se promenaient de villages en villages durant les premières années du cinématographe.
L'album est divisé en deux parties, la première montre comment Arthur Leclair est devenu projectionniste ambulant et s'est promené partout au Québec avec sa femme. Je trouvais cela intéressant au début de découvrir un métier que je ne connaissais pas, surtout que l'action se passe au départ dans la région où je vis et ça fait du bien parfois de voir les coins qu'on connait mis en BD, ça change de toujours voir Paris, New York ou Tokyo. Malheureusement, j'ai aussi trouvé qu'après un moment cela tournait un peu en ronds: le couple va dans un village, ils vont voir le curé du coin pour obtenir les autorisations nécessaires pour présenter leurs petits films et parfois pendant les projections ils se passent quelque chose.
Puis vient la deuxième partie qui se passe dans les années 20. Le métier de projectionniste ambulant est en déclin parce que maintenant les gens préfèrent tout simplement aller au cinéma. Leclair s'installe à Montréal et construit un cinéma. Tout semble aller bien au début, mais il va finir par avoir des ennuis et son mariage prend l'eau. J'ai trouvé que cette deuxième partie était plus intéressante que la première. On voit une belle description du monde du cinéma québécois des années 20: les premières productions locales, les autorités religieuses qui font tout pour mettre des bâtons dans les roues à cette industrie qui a la fâcheuse habitude de fonctionner le dimanche, jour réservé au seigneur et comment toute cette industrie va connaitre des ennuis après un terrible accident qui va bien servir les détracteurs du cinéma.
Le coté historique est vraiment le point fort de l'album est le lecteur européen va découvrir bien des choses sur la société québécoise des années 1890-1920. Malheureusement, ce n'est pas suffisant pour rendre le scénario passionnant. Il y aussi quelques scènes se passant des décennies plus tard lorsque Leclair va donner son vieux matériel cinématographique à sa petite-fille. J'imagine que c'est censé être émouvant, mais moi cela m'a laissé un peu indifférent.
Dernier tome de la trilogie du moi et c'est peut-être celle qui m'a le plus plu, vu que le sujet est la politique et c'est un sujet que j'aime bien.
Bon, l'album ne renouvelle pas le genre et on a droit au même type de discours que dans n'importe quelle œuvre de fiction qui dénonce le cynisme du monde politique. On retrouve les mêmes défauts des deux autres œuvres, à savoir un rythme un peu trop lent pour moi et aussi un scénario un peu trop dense. J'imagine que tout est plus facile après une relecture de la trilogie au complet, mais le problème c'est que malgré des passages intéressants, rien ne me donne envie de relire cette saga un jour.
Au final, les trois albums sont de qualité égale (quoique si un sujet des trois albums vous plait plus que les deux autres, vous allez sûrement faire de celui-ci votre préféré) et je pense qu'on est fixé sur le fait qu'on veut lire les trois albums ou non en lisant le premier tome d'abord.
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Une saison à l'ONU
Cette série est l'occasion de jeter un coup d'œil dans les entrailles du "machin" New-Yorkais. Si l'intention est bonne la réalisation m'a laissé un peu sur ma faim. Il faut dire que Karim Lebhour en tant que journaliste RFI se devait d'équilibrer son récit entre une description de l'organisation et du fonctionnement pas trop pesante et rébarbative, une partie diplomatique assez consensuelle et des anecdotes pas trop méchantes. Le but n'était pas de démolir une organisation déjà assez critiquée comme cela et de mettre en valeur la nécessité de son existence. C'est plutôt bien réalisé même si cela aboutit à un récit un peu mou sans grande tension. La construction n'est ni thématique ni très chronologique. L'événement fil rouge de la période est la guerre en Syrie observée de loin. Il manque un peu d'humour à la Nicolas Wild pour que j'accroche vraiment à la narration. Le graphisme de Aude Massot donne un bon rythme et permet une lecture attrayante. Elle respecte les codes d'un style doc journalistique qui travaille surtout sur le factuel. Une lecture rapide et sympa pour rentrer un peu dans les coulisses de l'organisation.
De l'autre côté (Prudon)
Il est intéressant de suivre cet homme, qui fuit la Tunisie – en proie au « printemps arabe – mais surtout la misère, porté, comme beaucoup d’autres, par ses rêves d’Europe, à portée de la main, là où tout serait possible. Nous le suivons donc dans son périple, sa recherche de passeur, son arrivée – et ses premières désillusions – sur l’île italienne de Lampedusa, puis, après quelques courtes étapes, son embauche en France où exploité et sous-payé car clandestin, il décharge des palettes dans un supermarché. Un sujet intéressant, avec un dessin qui use d’un Noir et Blanc gras et tranché que j’ai bien aimé. Mais je suis quand même resté sur ma faim. En effet, cela manque de consistance, j’ai eu l’impression de lire un résumé – et la fin est aussi un peu abrupte. J’aurais bien voulu voir cette histoire – qui s’inspire bien évidemment de nombreux faits réels – être davantage développée. Note réelle 2,5/5.
Un sombre manteau
Ce récit s’articule autour de plusieurs thématiques : l’une historique, une deuxième de type suspense policier, et une troisième d’ordre plus fantastique. Et si j’ai beaucoup aimé la première (qui m’a fait découvrir la vie des trémentinaires, des femmes originaires des Pyrénées catalanes qui, au cours du XIXème siècle, cueillaient des herbes pour en faire des remèdes qu'elles vendaient dans des villages sillonnant la région à pied), si l’aspect suspense policier, quoique très classique, m’a encore plu, la dimension fantastique, elle m’a laissé très dubitatif. Au niveau du dessin, je suis également partagé. J’aime bien la lisibilité du trait de Jaime Martin mais je trouve son encrage trop épais. Ca fait un peu mastoc, ça manque de finesse à mes yeux. Les décors y perdent en nuances, en détails, et dans le cas présent, avec ce sujet et cet ancrage très régionaux, je pense que j’aurais préféré un dessin plus naturaliste, plus dans la ligné d’un Servais en somme. Le positif à mes yeux réside vraiment dans la reconstitution historique, dans le cadre de ce récit. Ce petit village catalan avec ses commérages, ses jalousies, ses secrets de famille, ses mesquineries, c’est vraiment le genre d’univers dont je suis friand. L’arrivée d’une inconnue couplée à celle d’une épidémie est un excellent moteur pour révéler le côté sombre de différents protagonistes. Enfin, le personnage de Mara, avec son profil si similaire de ceux des rebouteuses ardennaises, est très touchant. Le mystère qui entoure l'inconnue que recueille Mara est de deux ordres. D’une part, nous aimerions savoir d’où elle vient et ce qui l’a poussée à se réfugier ainsi dans la montagne. D’autre part, on se demande directement ce que personnifie ce loup qui l’accompagne au début du récit. Symbolise-t-il sa folie ou s’agit-il d’autre chose ? Et de ce point de vue, j’ai finalement trouvé le récit peu clair. Je pense vraiment que j’aurais plus apprécié celui-ci sans sa dimension fantastique, que je trouve inutile et assez nébuleuse. Au final, je ne peux pas dire que j'ai été totalement conquis mais rien que pour son cadre et son ambiance de village reculé, je ne regrette pas ma lecture. Pas mal, pour ma part mais je suis content de l'avoir emprunté plutôt qu'acheté car ce n'est pas un récit que j'aimerais rapidement relire.
Mujirushi ou Le Signe des rêves
Cette histoire est étrange, et assez originale parmi les nombreuses œuvres de commande avec Le Louvre. Ces remarques sont valables à plusieurs titres. D’abord par le côté franchement loufoque de certains passages. Ensuite et surtout parce que finalement l’auteur (que je découvre ici) traite son sujet par la bande, et ne s’embête pas à accumuler des références artistiques, à nous placer plus ou moins intelligemment sa culture ou le maximum de tableaux. Au contraire, à part un Vermeer et une sculpture égyptienne, on ne voit presque rien du Louvre – si ce n’est quelques couloirs et la pyramide. Et une bonne partie de l’intrigue se déroule au Japon (où réside le personnage le plus original – et saoulant !). L’histoire se laisse lire, malgré – ou à cause de – ses passages loufoques, même si la façon de parler très maniérée d’un personnage (semble-t-il inspiré d'un personnage farfelu très connu dans la culture populaire japonaise) m’a un peu lassé à force, avec ses « sans façon »… La partie vaguement polar est accessoire, quelques clins d’œil (le commissaire Juve par exemple) aussi, mais globalement ça n’est pas désagréable. Le dessin de Urasawa est fluide et dynamique. Je n’ai juste pas compris pourquoi seules quelques pages étaient colorisées (quelques débuts de chapitre – colorisation agréable – et pas le reste ? A découvrir à l’occasion, c’est un album qui détonne un peu dans cette collection en partenariat avec Le Louvre.
Pénis de table
Le sujet m’a un peu fait penser aux « recherches sur la sexualité » menées par le groupe surréaliste en 1928 – même si l’époque est différente. Ce sont donc là aussi des hommes, qui se livrent et répondent à une série de questions, de façon très libérée, en essayant de faire valdinguer les tabous autour de la sexualité masculine. Pour le lecteur (masculin majoritairement je pense, mais pas forcément), il ne s’agit pas de se comparer, de se situer par rapport aux hommes qui témoignent ici, mais plutôt de voir que beaucoup de questions qu’ils se posent sont légitimes – et n’ont d’ailleurs pas une seule réponse. Je ne sais pas si le medium BD apporte quelque chose par rapport à un bouquin « sérieux ». Peut-être un peu de déconne, de dédramatisation, avec quelques dialogues amusants. Le dessin est agréable, et fait oublier le côté statique de l’ensemble – même si les « décors » changent. Une lecture sympathique et instructive, en tout cas qui est un bon lanceur de discussions. Note réelle 3,5/5.
Mortelle Adèle
Ah, Mortelle Adèle... Joli phénomène éditorial, qui pour moi a le mérite de faire découvrir l'humour noir à des enfants, ce qui n'était pas gagné ! Je trouve aussi certaines critiques un peu sévères... Oui Adèle est immorale, irrévérencieuse, voire sadique... Mais c'est de l'HUMOUR ! Pourquoi ne pas justement faire découvrir cette forme de l'humour à nos têtes blondes ? Parce qu'ils ne sont pas capables de le comprendre ou d'avoir le recul pour du second (voire 10e degré) ??? C'est justement pour moi l'occasion de les initier. Au delà de ces remarques, je trouve à titre personnel que l'humour tourne malheureusement assez rapidement en rond au fil d'albums qui se ressemblent un peu trop. Dommage, ce côté sarcastique et caustique qu'on découvre au début peine à se renouveler. Côté dessin, je trouve ça assez limité aussi ; je peux apprécier le minimalisme, mais là, on ne se foule pas trop de ce côté là... Comme le faisait remarquer quelqu'un, on tombe quand même dans une phase mercantile un peu grosse qui m'exaspère aussi... A côté de ça, je ne peux que constater le succès auprès du jeune public de cette série, et ça, c'est déjà une réussite pour les auteurs qui ont parfaitement su tirer profit de ce dernier. (2.5/5)
Le Passeur (Lowry)
C’est une bonne histoire dystopique, qui plaira sans aucun doute aux amateurs du genre. La mise en place du monde très froid et rigoriste instille le malaise, malaise renforcé par la quasi absence de couleurs (seules quelques lueurs bleutées apparaissent). Une société qui bride les émotions, empêche l’empathie, normalise et phagocyte toute la population, chacun n’étant considérée, utilisé qu’en fonction de sa classe d’âge et de son utilité pour le groupe. Au milieu de tout ça, Jonas, qui est choisi pour être le « passeur » de mémoire. C’est évidemment lui qui va être le grain de sable, et qui, découvrant les « souvenirs » de son formateur, va s’ouvrir à un autre univers, à d’autres émotions, tout un pan proscrit par la société. Tous ces « ailleurs » se matérialisent par des couleurs… L’histoire est intéressante, le dessin, très réaliste et classique est très « froid » : c’est raccord avec le sujet, mais il faut s’y faire. De même, la mise en place est un peu longue à mon goût, les longueurs dans la narration m’empêchant de mieux noter cet album (je ne connais pas le roman d’origine). Note réelle 3,5/5.
Capital & Idéologie
J'ai lu cette série suite à la somme de bons avis qui lui étaient attribués. Mais les livres d'économie me donnent des boutons d'autant plus quand la thématique centrale est sur de la fiscalité. C'est le cas ici. Je n'ai pas spécialement accroché au choix de la famille de nobles super riches qui accumule les investissements à caractères moralement ignominieux dans des cadres assez clichés (Cannes, Le Touquet, Arcachon ou Paris8). Le travail de recherche et de synthèse est incontestable mais je sors de ma lecture sans être beaucoup plus avancé sur le sujet. En effet pareillement à l'avis de ThePatrick je suis dubitatif sur une grande partie des propositions de deux/trois pages proposées ou relayées par les auteurs. En effet ce que ne souligne pas assez le livre est que les outils de redistributions sont nombreux en France à n'être que très partiellement utilisés par les bénéficiaires par manque de connaissance ou autres raisons. En outre une mesure de dotation de 120000 euros pour tout adulte de 25 ans afin "d'investir dans une entreprise" me laisse sceptique sur la naïveté de l'exemple. Enfin je trouve qu'il y a bien trop d'arguments d'autorité pour me convaincre. Pas trop mon truc. 2.5
Arthur Leclair - Projectionniste ambulant
Au travers d'un personnage fictif, les auteurs rendent hommage aux projectionnistes ambulants qui se promenaient de villages en villages durant les premières années du cinématographe. L'album est divisé en deux parties, la première montre comment Arthur Leclair est devenu projectionniste ambulant et s'est promené partout au Québec avec sa femme. Je trouvais cela intéressant au début de découvrir un métier que je ne connaissais pas, surtout que l'action se passe au départ dans la région où je vis et ça fait du bien parfois de voir les coins qu'on connait mis en BD, ça change de toujours voir Paris, New York ou Tokyo. Malheureusement, j'ai aussi trouvé qu'après un moment cela tournait un peu en ronds: le couple va dans un village, ils vont voir le curé du coin pour obtenir les autorisations nécessaires pour présenter leurs petits films et parfois pendant les projections ils se passent quelque chose. Puis vient la deuxième partie qui se passe dans les années 20. Le métier de projectionniste ambulant est en déclin parce que maintenant les gens préfèrent tout simplement aller au cinéma. Leclair s'installe à Montréal et construit un cinéma. Tout semble aller bien au début, mais il va finir par avoir des ennuis et son mariage prend l'eau. J'ai trouvé que cette deuxième partie était plus intéressante que la première. On voit une belle description du monde du cinéma québécois des années 20: les premières productions locales, les autorités religieuses qui font tout pour mettre des bâtons dans les roues à cette industrie qui a la fâcheuse habitude de fonctionner le dimanche, jour réservé au seigneur et comment toute cette industrie va connaitre des ennuis après un terrible accident qui va bien servir les détracteurs du cinéma. Le coté historique est vraiment le point fort de l'album est le lecteur européen va découvrir bien des choses sur la société québécoise des années 1890-1920. Malheureusement, ce n'est pas suffisant pour rendre le scénario passionnant. Il y aussi quelques scènes se passant des décennies plus tard lorsque Leclair va donner son vieux matériel cinématographique à sa petite-fille. J'imagine que c'est censé être émouvant, mais moi cela m'a laissé un peu indifférent.
Moi, menteur
Dernier tome de la trilogie du moi et c'est peut-être celle qui m'a le plus plu, vu que le sujet est la politique et c'est un sujet que j'aime bien. Bon, l'album ne renouvelle pas le genre et on a droit au même type de discours que dans n'importe quelle œuvre de fiction qui dénonce le cynisme du monde politique. On retrouve les mêmes défauts des deux autres œuvres, à savoir un rythme un peu trop lent pour moi et aussi un scénario un peu trop dense. J'imagine que tout est plus facile après une relecture de la trilogie au complet, mais le problème c'est que malgré des passages intéressants, rien ne me donne envie de relire cette saga un jour. Au final, les trois albums sont de qualité égale (quoique si un sujet des trois albums vous plait plus que les deux autres, vous allez sûrement faire de celui-ci votre préféré) et je pense qu'on est fixé sur le fait qu'on veut lire les trois albums ou non en lisant le premier tome d'abord.