Second volet de la trilogie du moi, trois albums qui peuvent se lire séparément même si on retrouve des personnages récurrents dans les trois tomes.
Ici, les auteurs dénoncent le monde des grosses compagnies pharmaceutiques qui ne pensent qu'au profit. On parle aussi des problèmes mentaux parce que notre pauvre personnage principal va sombrer de plus en plus dans la folie au fil des pages. Le résultat est pas mal, mais j'ai les mêmes réserves que pour le premier tome. L'action est un peu trop lente et il y a aussi un peu trop de personnages. C'est un peu dur par moment de s'y retrouver dans le scénario.
J'aime bien le dessin.
Un crime ou un suicide au Vatican
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Ce tome contient une histoire complète et indépendante de toute autre. Il comprend les 6 épisodes, initialement parus en 2005/2006, écrits par Paul Jenkins, dessinés et encrés par Humberto Ramos, avec une mise en couleurs de Leonardo Olea (avec l'aide d'Edgar Delgado et Edgar Clement pour l'épisode 3).
Charlie Northern est un fumeur de 45 ans, inspecteur de police de profession, pour le compte de la préfecture de Londres. Un soir, le cardinal Marcel Leclair toque à sa porte pour requérir son aide. le Vatican a obtenu que Northern parte en mission à Rome pour aider à l'enquête sur la mort suspecte du cardinal William Richleau, retrouvé empalé sur des grilles servant de palissade autour de son immeuble d'habitation.
La scène du crime (ou peut-être pire du suicide, pêché réprouvé par l'église) n'a fait l'objet d'aucune photographie, d'aucune protection pour la préserver. Rapidement, Northern est en butte à l'hostilité affichée du Cardinal Toscianni qui ne voit pas pourquoi un étranger a été appelé à la rescousse. Il va bénéficier d'une aide inattendue : celle de Lucille Pelliccia qui travaille pour un cabinet d'audit, ayant pour mission d'inspecter les comptes du Vatican.
Dès que le lecteur ouvre ce volume, il constate qu'il s'agit d'un projet qui tenait à cœur de ses auteurs. La narration est dense, et écrite. La voix intérieure de Charlie Northern s'inscrit dans le registre du roman noir, montrant un personnage froid, sans être sclérosé par le cynisme. le lecteur est également frappé par la densité des images. Humberto Ramos a passé beaucoup de temps sur chaque page (pour le découpage) et sur chaque case (pour la densité d'informations visuelles).
La première séquence se passe à l'extérieur du Vatican, le lecteur peut en contempler sa silhouette à l'arrière-plan. Il peut se perdre dans la représentation de la pluie qui atteste d'une grande complémentarité entre les dessins et la mise en couleurs. Par la suite, il se sent aux côtés de Northern, dans son petit appartement surchargé de livres. Les couloirs du Vatican sont représentés, avec un grand soin apporté à l'architecture, au pavage, ou au dallage en fonction des pièces. Lorsque Northern prend un café en terrasse, le lecteur peut également apprécier la justesse de la représentation des rues de Rome. Il peut aussi ressentir la fraîcheur et la tranquillité d'une cour intérieure.
Ramos fait donc en sorte que ses personnages évoluent dans un environnement réaliste et authentique, sans pour autant que chaque détail devienne une obsession. Leonardo Olea a travaillé de près avec Ramos pour que les couleurs trouvent un juste milieu entre le réalisme, et l'expressionisme, renforçant l'ambiance de chaque séquence, ainsi que les états d'esprit des personnages.
Pour les personnages, Humberto Ramos a choisi de les représenter avec une morphologie réaliste, tout en conservant deux exagérations propres aux mangas : des têtes légèrement plus grosses que l'exactitude anatomique, et des yeux aux dimensions également un peu exagérées. Ce parti pris graphique génère un léger décalage, avec des personnages évoquant un peu un dessin animé pour enfants. Ils n'en sont que plus expressifs, mais aussi un peu éloignés du lecteur du fait de ces exagérations. Pour une raison peu lisible, Ramos a également choisi d'inverser les couleurs des yeux des de Charlie Northern : son blanc de l'œil est noir, et son iris est blanc. A priori, ce personnage est un être humain normal, et la lecture ne permet pas de trouver un sens à cette représentation.
Les dessins de Ramos permettent donc au lecteur de s'immerger dans l'environnement de cette enquête, tout en créant une légère distanciation avec les personnages, du fait de l'apparence enfantine de leur visage. Sans aller jusqu'à parler d'incohérence visuelle, il en devient difficile de prendre au sérieux le tabagisme de Northern, alors que les images montrent un visage de très jeune adolescent.
Ramos et Paul Jenkins racontent donc une enquête menée par un anglais qui arrive un peu comme un chien dans un jeu de quilles, en ménageant le doute sur la réalité des phénomènes surnaturels. le lecteur peut donc choisir à sa guise si ce qu'il y a de pourri au Vatican relève plus de créatures démoniaques, ou de comportements très humains. Jenkins utilise avec parcimonie les inserts de texte permettant au lecteur d'avoir accès au flux de pensée de Charlie Northern qui expose ses doutes, mais aussi son athéisme chevillé au corps (après avoir été un vrai croyant).
Les dessins de Ramos étant de nature plus explicite, le lecteur hésite vraiment entre des possessions démoniaques très littérales (et par voie de conséquence, un culte satanique au sein même du Vatican), ou des individus aux convictions étranges s'étant persuadés de l'existence de démons (par le biais de rituels eux aussi très théâtraux).
Sous réserve de supporter cette dichotomie bien / mal très basique, et ce postulat peu nuancé d'une secte démoniaque au siège même de la papauté, le lecteur prend plaisir à voir Charlie Northern se débattre avec la recherche d'indices (ayant été saccagés), avec des interrogatoires menant à des impasses, et avec un jeu de chat et de la souris avec le cardinal Toscianni. Même avec des réserves, la qualité de la narration fait qu'il se laisse entraîner dans cette ambiance poisseuse, et dans ces non-dits inquiétants.
Sans dévoiler le fin mot de l'histoire, Jenkins se montre plus fin que prévu, en restant cohérent avec son postulat de départ. Finalement ce récit constitue un bon divertissement, malgré ses limites. Les dessins permettent de se projeter dans chaque lieu, et de se tenir à côté des personnages. Les dialogues et les inserts de texte fournissent un point de vue adulte, avec quelques réflexions dépassant les stéréotypes propres à ce type d'enquête sur fond de complot au Vatican. La narration empêche de prendre le récit complètement au sérieux du fait de la représentation cédant au jeunisme pour les visages, et du postulat trop gros d'un culte satanique au Vatican (même si le scénario atténue ce dernier point dans son dernier mouvement).
Si j'accorde la même note que Ro, je pourrais aussi reprendre mots pour mots son avis tant mon ressenti est identique.
Le sujet abordé dans cet album est sensible, douloureux et encore tabou. Plus que l'inceste en lui-même, c'est la réaction familiale, qui a tendance à minimiser les faits et à culpabiliser la victime, qui choque brutalement. L'autrice parle en partant de sa propre expérience et ce récit déborde de sincérité.
Malheureusement, tout comme Ro, le doute que la scénariste laisse planer sur l'identité du violeur incestueux m'a plus posé souci qu'autre chose. Il faut alors revenir en arrière pour comprendre qui il est par rapport à sa victime, pourquoi la famille au sens large continue de l'accueillir (ce que je n'ai personnellement pas compris, d'ailleurs) et quels liens l'unissent à ces enfants présents qui pourraient devenir de nouvelles victimes. J'aurais, je pense, préféré une représentation chronologique des faits, qui n'aurait rien enlevé à l'étude des caractères. Donner la parole aux différents membres de la famille m'aurait peut-être permis de comprendre la présence du violeur et surtout ce choix fait par les grands-parents (la grand-mère, dans le cas présent, dégage juste l'image d'une connasse détestable).
Ici, c'est vraiment un récit à la première personne, et nous sommes dans la peau du personnage central. Comme elle, je n'ai pas compris la présence de son violeur. Comme elle, je me serais tiré vite fait de cette réunion d'hypocrites. Mais du coup, il me manque quelque chose, un contexte plus global, un meilleur aperçu des liens familiaux. Là, je reste juste spectateur de la souffrance de l'héroïne.
Mais, malgré mes réserves, le sujet est intéressant et l'album mérite d'être lu. Je pense juste que, raconté autrement, il aurait pu être plus impactant.
Je range cet album dans la même catégorie que Jo, que j'ai lu relativement récemment (j’ai longtemps confondu les couvertures – je parle de la première édition de « Jo »), et comme pour « Jo », j’ai longtemps eu des réticences à lire cet album, facilement trouvable, mais que je craignais être une bluette didactique produite en grand nombre pour les CDI.
Alors, certes, il y a quelques aspects un peu édifiants, mais en fait pas trop, et le récit de Richelle ne tombe pas dans le manichéisme. Seul le retournement en dernière page m’a semblé inutile et une fausse note.
Il faut dire que la préface de Gisèle Halimi est rassurante quant au sérieux de l’entreprise. Et le sujet est encore hélas d’actualité, puisque certaines cherchent encore à limiter pour les femmes le droit à l’avortement. Le fait que ce droit ait été récemment inclus dans la Constitution n’empêche pas d’autres limites (médecins opposés, manque de moyens et d’infrastructures proches, campagnes de médias d’extrême droite de Bolloré, etc.). Il n’est donc jamais inutile d’en remettre une couche pour ce droit fondamental.
Richelle et Wachs ont bien su retranscrire le début des années 1970 (fringues, goûts musicaux de la jeunesse) et la lecture est globalement agréable – même si ça n’est pas le genre d’album sur lequel je reviendrai.
Une première partie pour nous expliquer la situation dans laquelle se retrouve l’humanité suite à la crise sanitaire liée au Covid-19. Nous sommes de fait dans une uchronie qui surfe sur notre peur de voir émerger un état totalitaire profitant d’un phénomène externe pour priver la population de son libre-arbitre (un libre-arbitre personnifié ici par l’accès à la lecture). Directement, on pense à 1984 ou, mieux encore, à Farenheit 451.
Une deuxième partie qui nous explique l’importance de la lecture et l’histoire de l’écriture et de la lecture au fil des siècles… et qui ne fait jamais que prêcher auprès de convaincus (les lecteurs que nous sommes ne peuvent qu’approuver les propos des auteurs).
Une intrigue assez légère et prévisible pour lier le tout et une fin optimiste qui mise sur les générations futures et leur soif de savoir, de partage, de fraternité, d’entraide dans un monde où tout ne serait plus qu’harmonie et respect.
L’ensemble se laisse lire. La narration est fluide, le dessin est très mainstream, la pagination n’est pas trop importante. C’est facile d’accès, peu marquant et si, lecteurs que je suis, je ne peux que partager cet amour des livres décrit dans ce récit, je n’en ai pas ressorti grand-chose d’autre.
Entre le bof et le pas mal pour ma part.
Comme la majorité je suppose, je ne connais du « Dahlia noir » que « l’après », c’est-à-dire toute l’enquête policière menée – en grande partie en vain – après l’horrible découverte du corps démembré d’Élisabeth Short. Et je connais surtout cette affaire par l’entremise du roman d’Ellroy, qui y a imprimé ses obsessions et son style inimitable.
Les auteurs eux, ont pris le parti de ne traiter que « l’avant », c’est-à-dire toute la période qui va jusqu’au meurtre et la découverte du cadavre. Et pour cela ils se sont solidement documentés. Une documentation que l’on voit dans les partie BD, mais aussi dans les pages qui présentent régulièrement documents d’époque, témoignages, pistes potentielles, hypothèses, etc.
L’autre point fort de l’album est bien sûr le remarquable travail éditorial du Label 619 – une nouvelle fois ! – avec un papier très épais, et une belle mise en image, dans un grand format très aéré.
Mais, malgré ces qualités indéniables, je reste sur ma faim et sur mes trois étoiles. D’abord parce que, comme je l’ai dit plus haut, j’ai été marqué par ma lecture d’Ellroy, et cela a sans doute desservi cet album à mes yeux.
D’une part parce que l’enquête « post-mortem » s’est révélé plus palpitante que ce récit d’une vie certes menée à toute allure, mais miss Short n’est qu’un de ces papillons qui se sont brûlé les ailes sur les néons d’Hollywood, et sa naïveté, son inconséquence parfois, lassent un peu.
Ensuite comme elle multiplie les amants, les « changements de direction », et qu’elle se révèle quelque peu mythomane, elle est un peu dur à suivre ! Et j’ai aussi préféré le style d’Ellroy, enlevé et glauque, mais c’est affaire de goûts.
Ensuite, si le dessin de Maudoux est joli et intéressant, je trouve le rendu un peu bizarre, « artificiel ».
Bon, ça reste quelque chose d’agréable à lire. Mais j’attendais mieux, ou plutôt autre chose. Ellroy a peut-être gâché ma lecture !?
Très sympathique cette lecture, elle est clairement à destination des plus jeunes mais je trouve qu'en tant qu'adulte elle n'est pas en reste. C'est fluide et plaisant à lire, même si les ficelles un peu grosses dans certaines scènes du scénario ne me la rendent pas indispensable.
Dans une partie de l'Orient imaginaire, nous suivons la jeune Aiza qui rêve de devenir écuyère, intégrant l'armée pour devenir une héroïne dont elle rêve. Le ton est assez classique pour ce genre de récit : opposition à une famille qui souhaiterai la voir rester (même si cette opposition n'est pas vraiment un moteur du récit), puis découverte d'un nouveau monde, amitié, apprentissage de la rude réalité de la vie, etc ... Mais en même temps, il y a cette volonté de la part de l'auteur de s'ancrer dans une tradition Orientale, inspirée de la Turquie, la Syrie et les pays avoisinant. J'ai beaucoup aimé sa digression sur la fantasy en postface où elle s'identifiait, en tant que personne du Moyen-Orient, aux Orcs, ces barbares lointains aux coutumes étranges.
Le récit est donc inspiré de la fantasy, mais reste dans un certain réalisme. Je regrette juste que celui-ci tourne un peu facilement dans son dernier acte vers un affrontement envers une seule personne, qui n'avait jamais été clairement désignée comme méchante et qui aurait méritée un traitement plus fin. C'est dommage, puisque le reste avait des vraies réflexions intéressante sur l'armée en tant que possibilité émancipatrice (ce qu'elle est souvent dans des pays en voie de développement) mais aussi et toujours, une armée qui combat. La dualité est bien retranscrite, d'autant que ce qu'il se passe dans le récit me parait crédible.
Le dessin est bon, avec une influence à la croisée de plusieurs chemins (comics américain et manga notamment), mais avec une jolie touche dans les couleurs. On sent qu'elle s'est inspirée de plusieurs images réelles et de la couleur locale pour faire ressortir les pages. En tout cas l'effet est très réussi !
Bref, c'est une histoire intéressante avec la place de l'armée, les considérations sur le racisme, mais aussi une lutte interne des protagonistes. Je trouve personnellement que la fin est trop rapide, qu'il y aurait eu matière à développer et étoffer tout ça. D'ailleurs si une suite est envisagée, je suis partisan ! En l'état, la fin fait trop facile et je ne suis pas sur que l'excuse du public suffise.
Je comprends la côte basse de cet album, il est très loin d’être sans défauts.
Pour autant, j’ai trouvé ma lecture pas mal et si ce n’est pas un immanquable dans la carrière du maître, ça reste un emprunt honnête.
Niveau dessins, bah c’est du Hermann mais ce n’est pas l’album qui m’a le plus ébloui de sa part.
Le dessinateur renoue avec le western et plus particulièrement avec le Wyoming, un état déjà exploré avec Greg dans Comanche (une série que je relie d’ailleurs tout doucement en ce moment). Forcément la comparaison ne joue pas en faveur de Sans pardon mais j’ai aimé le parallèle et le traitement différent proposé.
Le récit de Yves H se veut moins fantasmé et plus véridique sur la topo et le climat de cette région. Il place son action une dizaine d’années avant celle de Comanche. On découvre alors un état sauvage où la modernité et la justice sont encore absentes.
De ce postulat, il déroule une histoire simple (trop ?) mais efficace. Il n’y aura pas de héros, les protagonistes sont tous habités par la violence.
Malheureusement il y a pas mal de maladresses qui plombent un peu l’ensemble. J’ai des trucs à redire mais j’ai quand même apprécié le côté noir et la fin, il ne faut pas s’attendre à un espoir quelconque.
J'avais repéré cette BD dans ma médiathèque depuis un moment mais j'hésitais à l'emprunter. En la feuilletant, j'avais l'impression qu'il ne s'y passait pas grand-chose, juste beaucoup de blabla. Enfin bon, la couverture me faisait de l'oeil et je me suis finalement décidé après avoir appris qu'il s'agissait d'une adaptation d'un roman.
C'est un bon thriller. Même si je n'ai pas été totalement emballé, l'intrigue originale a su me captiver tout du long. J'ai quand même ressenti quelques longueurs par moments, surtout après avoir pressenti une partie importante de l'intrigue. Malgré ça, le doute persiste et l'auteur arrive plutôt bien à nous perdre et à accentuer ce doute, qui donne encore plus envie de découvrir la véritable identité de la fille.
Fille dont je regrette de ne pas avoir vu davantage dans le récit, elle m'intéressait bien plus que le jeune. L'enquête menée par lui ne m'a pas déplu, mais je l'ai trouvée un peu plate. Heureusement qu'il y avait la jeune soeur détraquée pour apporter un peu de piquant à l'enquête.
Le style de dessin ne m'a pas trop séduit : j'ai trouvé les visages vraiment laids ^^', et les décors trop rectilignes, trop "parfaits" dans le détail des perspectives linéaires. J'ai davantage apprécié la colorisation, qui crée une atmosphère particulière donnant l'impression de lire l'enquête, "le roman", dans une pièce éclairée par une lumière chaude. C'est plutôt bien pensé en réalité, car la narration du journal de Grand-Duc, qui accompagne notre lecture, à été écrite chez lui dans sa petite bibliothèque, illuminée justement par une cheminée, ce qui donne le ton à toute la BD. C'est d’ailleurs la première scène de la BD.
En bref, un bon thriller d'environ 200 pages dont je ne regrette pas l'emprunt.
Cette bande dessinée, qui au premier abord, s’apparenterait à de la grosse artillerie, dissimule contre toute attente quelques charmes insoupçonnés, qui vont se révéler au fil de la lecture. Si la narration respire le déjà vu, elle joue à bon escient sur les contrastes, comme la couverture pourrait assez bien le résumer, laquelle montre une fillette se dressant contre un monstre gigantesque au milieu de gratte-ciel. Et en effet, « Mega » n’est pas juste un prétexte pour montrer des scènes de combat spectaculaires entre deux créatures géantes, avec rien autour…
Assez habilement, Salvador Sanz fait référence non seulement à Godzilla — le mythique blockbuster japonais auquel on pense immédiatement —, mais a puisé son inspiration dans les légendes anciennes ou plus contemporaines, alimentées par les croyances populaires (notamment avec le Chupacabra, équivalent sud-américain de la bête du Gevaudan qui sucerait le sang des animaux de ferme), ainsi que dans la littérature ou le cinéma fantastique, de Lovecraft à « Alien » en passant par « La Guerre des mondes » de H.G. Wells. Une approche très pop-culture qui, par l’entremise de la fillette Tina, nous ramène aussi vers le monde de l’enfance et des rêves. Et de ce point de vue, c’est plutôt réussi et assez prenant.
Quant au dessin de cet auteur « multitâches », force est de constater qu’il dégage pas mal de puissance dans la représentation très détaillée des monstres. Ces derniers, sortes de dragons métalliques dépourvus d’yeux, ont un aspect à la fois terrifiant et intrigant, forcément extra-terrestres. Cela donne lieu à des scènes de « catch » très spectaculaires au milieu des tours en flammes de Montevideo, et pour plus de vraisemblance, retransmises en boucle sur la chaîne d’info locale. Mais ce « vacarme graphique », que d’aucuns pourraient très bien ne pas apprécier, est contrebalancé par la magie et la douceur des scènes oniriques où la fillette dialogue avec son « papi », nous faisant pénétrer dans le domaine merveilleux du conte.
Salvador Sanz est un auteur argentin célébré et bénéficiant d’une certaine notoriété chez lui ainsi que dans les pays latinos. Ce touche à tout, qui travaille aussi dans l’illustration et réalise des courts métrages d’animation, a même eu les honneurs du Comic-con de San Diego aux USA, mais reste encore assez méconnu sous nos contrées. Dans le monde francophone, « Méga » est sa deuxième bande dessinée, et cette seconde mise en lumière est permise par l’éditeur français iLatina, spécialisé dans la BD sud-américaine.
Ce premier tome d’une trilogie en cours est suffisamment bien mené, avec son lot d’images prodigieuses et féériques, pour nous donner envie de découvrir la suite, qui nous dira si la petite Tina sera de taille pour anéantir la titanesque Salamandre et le vicieux Chupacabra…
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Second volet de la trilogie du moi, trois albums qui peuvent se lire séparément même si on retrouve des personnages récurrents dans les trois tomes. Ici, les auteurs dénoncent le monde des grosses compagnies pharmaceutiques qui ne pensent qu'au profit. On parle aussi des problèmes mentaux parce que notre pauvre personnage principal va sombrer de plus en plus dans la folie au fil des pages. Le résultat est pas mal, mais j'ai les mêmes réserves que pour le premier tome. L'action est un peu trop lente et il y a aussi un peu trop de personnages. C'est un peu dur par moment de s'y retrouver dans le scénario. J'aime bien le dessin.
Révélations
Un crime ou un suicide au Vatican - Ce tome contient une histoire complète et indépendante de toute autre. Il comprend les 6 épisodes, initialement parus en 2005/2006, écrits par Paul Jenkins, dessinés et encrés par Humberto Ramos, avec une mise en couleurs de Leonardo Olea (avec l'aide d'Edgar Delgado et Edgar Clement pour l'épisode 3). Charlie Northern est un fumeur de 45 ans, inspecteur de police de profession, pour le compte de la préfecture de Londres. Un soir, le cardinal Marcel Leclair toque à sa porte pour requérir son aide. le Vatican a obtenu que Northern parte en mission à Rome pour aider à l'enquête sur la mort suspecte du cardinal William Richleau, retrouvé empalé sur des grilles servant de palissade autour de son immeuble d'habitation. La scène du crime (ou peut-être pire du suicide, pêché réprouvé par l'église) n'a fait l'objet d'aucune photographie, d'aucune protection pour la préserver. Rapidement, Northern est en butte à l'hostilité affichée du Cardinal Toscianni qui ne voit pas pourquoi un étranger a été appelé à la rescousse. Il va bénéficier d'une aide inattendue : celle de Lucille Pelliccia qui travaille pour un cabinet d'audit, ayant pour mission d'inspecter les comptes du Vatican. Dès que le lecteur ouvre ce volume, il constate qu'il s'agit d'un projet qui tenait à cœur de ses auteurs. La narration est dense, et écrite. La voix intérieure de Charlie Northern s'inscrit dans le registre du roman noir, montrant un personnage froid, sans être sclérosé par le cynisme. le lecteur est également frappé par la densité des images. Humberto Ramos a passé beaucoup de temps sur chaque page (pour le découpage) et sur chaque case (pour la densité d'informations visuelles). La première séquence se passe à l'extérieur du Vatican, le lecteur peut en contempler sa silhouette à l'arrière-plan. Il peut se perdre dans la représentation de la pluie qui atteste d'une grande complémentarité entre les dessins et la mise en couleurs. Par la suite, il se sent aux côtés de Northern, dans son petit appartement surchargé de livres. Les couloirs du Vatican sont représentés, avec un grand soin apporté à l'architecture, au pavage, ou au dallage en fonction des pièces. Lorsque Northern prend un café en terrasse, le lecteur peut également apprécier la justesse de la représentation des rues de Rome. Il peut aussi ressentir la fraîcheur et la tranquillité d'une cour intérieure. Ramos fait donc en sorte que ses personnages évoluent dans un environnement réaliste et authentique, sans pour autant que chaque détail devienne une obsession. Leonardo Olea a travaillé de près avec Ramos pour que les couleurs trouvent un juste milieu entre le réalisme, et l'expressionisme, renforçant l'ambiance de chaque séquence, ainsi que les états d'esprit des personnages. Pour les personnages, Humberto Ramos a choisi de les représenter avec une morphologie réaliste, tout en conservant deux exagérations propres aux mangas : des têtes légèrement plus grosses que l'exactitude anatomique, et des yeux aux dimensions également un peu exagérées. Ce parti pris graphique génère un léger décalage, avec des personnages évoquant un peu un dessin animé pour enfants. Ils n'en sont que plus expressifs, mais aussi un peu éloignés du lecteur du fait de ces exagérations. Pour une raison peu lisible, Ramos a également choisi d'inverser les couleurs des yeux des de Charlie Northern : son blanc de l'œil est noir, et son iris est blanc. A priori, ce personnage est un être humain normal, et la lecture ne permet pas de trouver un sens à cette représentation. Les dessins de Ramos permettent donc au lecteur de s'immerger dans l'environnement de cette enquête, tout en créant une légère distanciation avec les personnages, du fait de l'apparence enfantine de leur visage. Sans aller jusqu'à parler d'incohérence visuelle, il en devient difficile de prendre au sérieux le tabagisme de Northern, alors que les images montrent un visage de très jeune adolescent. Ramos et Paul Jenkins racontent donc une enquête menée par un anglais qui arrive un peu comme un chien dans un jeu de quilles, en ménageant le doute sur la réalité des phénomènes surnaturels. le lecteur peut donc choisir à sa guise si ce qu'il y a de pourri au Vatican relève plus de créatures démoniaques, ou de comportements très humains. Jenkins utilise avec parcimonie les inserts de texte permettant au lecteur d'avoir accès au flux de pensée de Charlie Northern qui expose ses doutes, mais aussi son athéisme chevillé au corps (après avoir été un vrai croyant). Les dessins de Ramos étant de nature plus explicite, le lecteur hésite vraiment entre des possessions démoniaques très littérales (et par voie de conséquence, un culte satanique au sein même du Vatican), ou des individus aux convictions étranges s'étant persuadés de l'existence de démons (par le biais de rituels eux aussi très théâtraux). Sous réserve de supporter cette dichotomie bien / mal très basique, et ce postulat peu nuancé d'une secte démoniaque au siège même de la papauté, le lecteur prend plaisir à voir Charlie Northern se débattre avec la recherche d'indices (ayant été saccagés), avec des interrogatoires menant à des impasses, et avec un jeu de chat et de la souris avec le cardinal Toscianni. Même avec des réserves, la qualité de la narration fait qu'il se laisse entraîner dans cette ambiance poisseuse, et dans ces non-dits inquiétants. Sans dévoiler le fin mot de l'histoire, Jenkins se montre plus fin que prévu, en restant cohérent avec son postulat de départ. Finalement ce récit constitue un bon divertissement, malgré ses limites. Les dessins permettent de se projeter dans chaque lieu, et de se tenir à côté des personnages. Les dialogues et les inserts de texte fournissent un point de vue adulte, avec quelques réflexions dépassant les stéréotypes propres à ce type d'enquête sur fond de complot au Vatican. La narration empêche de prendre le récit complètement au sérieux du fait de la représentation cédant au jeunisme pour les visages, et du postulat trop gros d'un culte satanique au Vatican (même si le scénario atténue ce dernier point dans son dernier mouvement).
Les Yeux fermés
Si j'accorde la même note que Ro, je pourrais aussi reprendre mots pour mots son avis tant mon ressenti est identique. Le sujet abordé dans cet album est sensible, douloureux et encore tabou. Plus que l'inceste en lui-même, c'est la réaction familiale, qui a tendance à minimiser les faits et à culpabiliser la victime, qui choque brutalement. L'autrice parle en partant de sa propre expérience et ce récit déborde de sincérité. Malheureusement, tout comme Ro, le doute que la scénariste laisse planer sur l'identité du violeur incestueux m'a plus posé souci qu'autre chose. Il faut alors revenir en arrière pour comprendre qui il est par rapport à sa victime, pourquoi la famille au sens large continue de l'accueillir (ce que je n'ai personnellement pas compris, d'ailleurs) et quels liens l'unissent à ces enfants présents qui pourraient devenir de nouvelles victimes. J'aurais, je pense, préféré une représentation chronologique des faits, qui n'aurait rien enlevé à l'étude des caractères. Donner la parole aux différents membres de la famille m'aurait peut-être permis de comprendre la présence du violeur et surtout ce choix fait par les grands-parents (la grand-mère, dans le cas présent, dégage juste l'image d'une connasse détestable). Ici, c'est vraiment un récit à la première personne, et nous sommes dans la peau du personnage central. Comme elle, je n'ai pas compris la présence de son violeur. Comme elle, je me serais tiré vite fait de cette réunion d'hypocrites. Mais du coup, il me manque quelque chose, un contexte plus global, un meilleur aperçu des liens familiaux. Là, je reste juste spectateur de la souffrance de l'héroïne. Mais, malgré mes réserves, le sujet est intéressant et l'album mérite d'être lu. Je pense juste que, raconté autrement, il aurait pu être plus impactant.
Libre de choisir
Je range cet album dans la même catégorie que Jo, que j'ai lu relativement récemment (j’ai longtemps confondu les couvertures – je parle de la première édition de « Jo »), et comme pour « Jo », j’ai longtemps eu des réticences à lire cet album, facilement trouvable, mais que je craignais être une bluette didactique produite en grand nombre pour les CDI. Alors, certes, il y a quelques aspects un peu édifiants, mais en fait pas trop, et le récit de Richelle ne tombe pas dans le manichéisme. Seul le retournement en dernière page m’a semblé inutile et une fausse note. Il faut dire que la préface de Gisèle Halimi est rassurante quant au sérieux de l’entreprise. Et le sujet est encore hélas d’actualité, puisque certaines cherchent encore à limiter pour les femmes le droit à l’avortement. Le fait que ce droit ait été récemment inclus dans la Constitution n’empêche pas d’autres limites (médecins opposés, manque de moyens et d’infrastructures proches, campagnes de médias d’extrême droite de Bolloré, etc.). Il n’est donc jamais inutile d’en remettre une couche pour ce droit fondamental. Richelle et Wachs ont bien su retranscrire le début des années 1970 (fringues, goûts musicaux de la jeunesse) et la lecture est globalement agréable – même si ça n’est pas le genre d’album sur lequel je reviendrai.
Le Dernier Livre
Une première partie pour nous expliquer la situation dans laquelle se retrouve l’humanité suite à la crise sanitaire liée au Covid-19. Nous sommes de fait dans une uchronie qui surfe sur notre peur de voir émerger un état totalitaire profitant d’un phénomène externe pour priver la population de son libre-arbitre (un libre-arbitre personnifié ici par l’accès à la lecture). Directement, on pense à 1984 ou, mieux encore, à Farenheit 451. Une deuxième partie qui nous explique l’importance de la lecture et l’histoire de l’écriture et de la lecture au fil des siècles… et qui ne fait jamais que prêcher auprès de convaincus (les lecteurs que nous sommes ne peuvent qu’approuver les propos des auteurs). Une intrigue assez légère et prévisible pour lier le tout et une fin optimiste qui mise sur les générations futures et leur soif de savoir, de partage, de fraternité, d’entraide dans un monde où tout ne serait plus qu’harmonie et respect. L’ensemble se laisse lire. La narration est fluide, le dessin est très mainstream, la pagination n’est pas trop importante. C’est facile d’accès, peu marquant et si, lecteurs que je suis, je ne peux que partager cet amour des livres décrit dans ce récit, je n’en ai pas ressorti grand-chose d’autre. Entre le bof et le pas mal pour ma part.
A Short Story
Comme la majorité je suppose, je ne connais du « Dahlia noir » que « l’après », c’est-à-dire toute l’enquête policière menée – en grande partie en vain – après l’horrible découverte du corps démembré d’Élisabeth Short. Et je connais surtout cette affaire par l’entremise du roman d’Ellroy, qui y a imprimé ses obsessions et son style inimitable. Les auteurs eux, ont pris le parti de ne traiter que « l’avant », c’est-à-dire toute la période qui va jusqu’au meurtre et la découverte du cadavre. Et pour cela ils se sont solidement documentés. Une documentation que l’on voit dans les partie BD, mais aussi dans les pages qui présentent régulièrement documents d’époque, témoignages, pistes potentielles, hypothèses, etc. L’autre point fort de l’album est bien sûr le remarquable travail éditorial du Label 619 – une nouvelle fois ! – avec un papier très épais, et une belle mise en image, dans un grand format très aéré. Mais, malgré ces qualités indéniables, je reste sur ma faim et sur mes trois étoiles. D’abord parce que, comme je l’ai dit plus haut, j’ai été marqué par ma lecture d’Ellroy, et cela a sans doute desservi cet album à mes yeux. D’une part parce que l’enquête « post-mortem » s’est révélé plus palpitante que ce récit d’une vie certes menée à toute allure, mais miss Short n’est qu’un de ces papillons qui se sont brûlé les ailes sur les néons d’Hollywood, et sa naïveté, son inconséquence parfois, lassent un peu. Ensuite comme elle multiplie les amants, les « changements de direction », et qu’elle se révèle quelque peu mythomane, elle est un peu dur à suivre ! Et j’ai aussi préféré le style d’Ellroy, enlevé et glauque, mais c’est affaire de goûts. Ensuite, si le dessin de Maudoux est joli et intéressant, je trouve le rendu un peu bizarre, « artificiel ». Bon, ça reste quelque chose d’agréable à lire. Mais j’attendais mieux, ou plutôt autre chose. Ellroy a peut-être gâché ma lecture !?
Écuyère
Très sympathique cette lecture, elle est clairement à destination des plus jeunes mais je trouve qu'en tant qu'adulte elle n'est pas en reste. C'est fluide et plaisant à lire, même si les ficelles un peu grosses dans certaines scènes du scénario ne me la rendent pas indispensable. Dans une partie de l'Orient imaginaire, nous suivons la jeune Aiza qui rêve de devenir écuyère, intégrant l'armée pour devenir une héroïne dont elle rêve. Le ton est assez classique pour ce genre de récit : opposition à une famille qui souhaiterai la voir rester (même si cette opposition n'est pas vraiment un moteur du récit), puis découverte d'un nouveau monde, amitié, apprentissage de la rude réalité de la vie, etc ... Mais en même temps, il y a cette volonté de la part de l'auteur de s'ancrer dans une tradition Orientale, inspirée de la Turquie, la Syrie et les pays avoisinant. J'ai beaucoup aimé sa digression sur la fantasy en postface où elle s'identifiait, en tant que personne du Moyen-Orient, aux Orcs, ces barbares lointains aux coutumes étranges. Le récit est donc inspiré de la fantasy, mais reste dans un certain réalisme. Je regrette juste que celui-ci tourne un peu facilement dans son dernier acte vers un affrontement envers une seule personne, qui n'avait jamais été clairement désignée comme méchante et qui aurait méritée un traitement plus fin. C'est dommage, puisque le reste avait des vraies réflexions intéressante sur l'armée en tant que possibilité émancipatrice (ce qu'elle est souvent dans des pays en voie de développement) mais aussi et toujours, une armée qui combat. La dualité est bien retranscrite, d'autant que ce qu'il se passe dans le récit me parait crédible. Le dessin est bon, avec une influence à la croisée de plusieurs chemins (comics américain et manga notamment), mais avec une jolie touche dans les couleurs. On sent qu'elle s'est inspirée de plusieurs images réelles et de la couleur locale pour faire ressortir les pages. En tout cas l'effet est très réussi ! Bref, c'est une histoire intéressante avec la place de l'armée, les considérations sur le racisme, mais aussi une lutte interne des protagonistes. Je trouve personnellement que la fin est trop rapide, qu'il y aurait eu matière à développer et étoffer tout ça. D'ailleurs si une suite est envisagée, je suis partisan ! En l'état, la fin fait trop facile et je ne suis pas sur que l'excuse du public suffise.
Sans Pardon
Je comprends la côte basse de cet album, il est très loin d’être sans défauts. Pour autant, j’ai trouvé ma lecture pas mal et si ce n’est pas un immanquable dans la carrière du maître, ça reste un emprunt honnête. Niveau dessins, bah c’est du Hermann mais ce n’est pas l’album qui m’a le plus ébloui de sa part. Le dessinateur renoue avec le western et plus particulièrement avec le Wyoming, un état déjà exploré avec Greg dans Comanche (une série que je relie d’ailleurs tout doucement en ce moment). Forcément la comparaison ne joue pas en faveur de Sans pardon mais j’ai aimé le parallèle et le traitement différent proposé. Le récit de Yves H se veut moins fantasmé et plus véridique sur la topo et le climat de cette région. Il place son action une dizaine d’années avant celle de Comanche. On découvre alors un état sauvage où la modernité et la justice sont encore absentes. De ce postulat, il déroule une histoire simple (trop ?) mais efficace. Il n’y aura pas de héros, les protagonistes sont tous habités par la violence. Malheureusement il y a pas mal de maladresses qui plombent un peu l’ensemble. J’ai des trucs à redire mais j’ai quand même apprécié le côté noir et la fin, il ne faut pas s’attendre à un espoir quelconque.
Un avion sans elle
J'avais repéré cette BD dans ma médiathèque depuis un moment mais j'hésitais à l'emprunter. En la feuilletant, j'avais l'impression qu'il ne s'y passait pas grand-chose, juste beaucoup de blabla. Enfin bon, la couverture me faisait de l'oeil et je me suis finalement décidé après avoir appris qu'il s'agissait d'une adaptation d'un roman. C'est un bon thriller. Même si je n'ai pas été totalement emballé, l'intrigue originale a su me captiver tout du long. J'ai quand même ressenti quelques longueurs par moments, surtout après avoir pressenti une partie importante de l'intrigue. Malgré ça, le doute persiste et l'auteur arrive plutôt bien à nous perdre et à accentuer ce doute, qui donne encore plus envie de découvrir la véritable identité de la fille. Fille dont je regrette de ne pas avoir vu davantage dans le récit, elle m'intéressait bien plus que le jeune. L'enquête menée par lui ne m'a pas déplu, mais je l'ai trouvée un peu plate. Heureusement qu'il y avait la jeune soeur détraquée pour apporter un peu de piquant à l'enquête. Le style de dessin ne m'a pas trop séduit : j'ai trouvé les visages vraiment laids ^^', et les décors trop rectilignes, trop "parfaits" dans le détail des perspectives linéaires. J'ai davantage apprécié la colorisation, qui crée une atmosphère particulière donnant l'impression de lire l'enquête, "le roman", dans une pièce éclairée par une lumière chaude. C'est plutôt bien pensé en réalité, car la narration du journal de Grand-Duc, qui accompagne notre lecture, à été écrite chez lui dans sa petite bibliothèque, illuminée justement par une cheminée, ce qui donne le ton à toute la BD. C'est d’ailleurs la première scène de la BD. En bref, un bon thriller d'environ 200 pages dont je ne regrette pas l'emprunt.
Mega
Cette bande dessinée, qui au premier abord, s’apparenterait à de la grosse artillerie, dissimule contre toute attente quelques charmes insoupçonnés, qui vont se révéler au fil de la lecture. Si la narration respire le déjà vu, elle joue à bon escient sur les contrastes, comme la couverture pourrait assez bien le résumer, laquelle montre une fillette se dressant contre un monstre gigantesque au milieu de gratte-ciel. Et en effet, « Mega » n’est pas juste un prétexte pour montrer des scènes de combat spectaculaires entre deux créatures géantes, avec rien autour… Assez habilement, Salvador Sanz fait référence non seulement à Godzilla — le mythique blockbuster japonais auquel on pense immédiatement —, mais a puisé son inspiration dans les légendes anciennes ou plus contemporaines, alimentées par les croyances populaires (notamment avec le Chupacabra, équivalent sud-américain de la bête du Gevaudan qui sucerait le sang des animaux de ferme), ainsi que dans la littérature ou le cinéma fantastique, de Lovecraft à « Alien » en passant par « La Guerre des mondes » de H.G. Wells. Une approche très pop-culture qui, par l’entremise de la fillette Tina, nous ramène aussi vers le monde de l’enfance et des rêves. Et de ce point de vue, c’est plutôt réussi et assez prenant. Quant au dessin de cet auteur « multitâches », force est de constater qu’il dégage pas mal de puissance dans la représentation très détaillée des monstres. Ces derniers, sortes de dragons métalliques dépourvus d’yeux, ont un aspect à la fois terrifiant et intrigant, forcément extra-terrestres. Cela donne lieu à des scènes de « catch » très spectaculaires au milieu des tours en flammes de Montevideo, et pour plus de vraisemblance, retransmises en boucle sur la chaîne d’info locale. Mais ce « vacarme graphique », que d’aucuns pourraient très bien ne pas apprécier, est contrebalancé par la magie et la douceur des scènes oniriques où la fillette dialogue avec son « papi », nous faisant pénétrer dans le domaine merveilleux du conte. Salvador Sanz est un auteur argentin célébré et bénéficiant d’une certaine notoriété chez lui ainsi que dans les pays latinos. Ce touche à tout, qui travaille aussi dans l’illustration et réalise des courts métrages d’animation, a même eu les honneurs du Comic-con de San Diego aux USA, mais reste encore assez méconnu sous nos contrées. Dans le monde francophone, « Méga » est sa deuxième bande dessinée, et cette seconde mise en lumière est permise par l’éditeur français iLatina, spécialisé dans la BD sud-américaine. Ce premier tome d’une trilogie en cours est suffisamment bien mené, avec son lot d’images prodigieuses et féériques, pour nous donner envie de découvrir la suite, qui nous dira si la petite Tina sera de taille pour anéantir la titanesque Salamandre et le vicieux Chupacabra…