Ajustement temporel
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Ce tome regroupe les 5 épisodes de la minisérie du même nom (initialement parus en 2011), écrite par Mark Waid, avec des dessins de Jorge Molina, et un encrage de Karl Kesel, avec l'aide de Scott Hanna pour l'épisode 3.
En 1945, près de Leipzig, les soldats Steve Rogers et James Barnes ont amené un film de reportage d'une intervention de Captain America aux soldats avec qui ils sont cantonnés. Ils sont récupérés par un sergent et envoyés vers une base secrète pour une mission de destruction d'un prototype d'avion nazi. Bucky trouve la mort dans cette mission, et Captain America se retrouve prisonnier des glaces pendant plusieurs décennies. Il reprend connaissance à bord d'un sous-marin ayant les Avengers (Iron Man, Hulk, Wasp, Giant Man et Thor) comme équipage. le retour à la civilisation n'est pas facile, et Steve Rogers doit s'adapter à la société des années 2000.
Régulièrement quand un nouveau scénariste prend les rênes de la destinée de Captain America, il commence par rappeler qu'il s'agit d'un être humain déplacé dans le temps (du fait de son séjour en animation suspendue dans un bloc de glace). Ceci excuse (euh, non, pardon, explique) pourquoi Steve Rogers représente des valeurs qui semble d'un autre âge, et permet de jouer un peu sur le décalage entre son comportement et des attitudes plus modernes. Tout aussi régulièrement, le même scénariste oublie cette particularité du personnage au bout de 2 épisodes, et trace la route dans son intrigue.
C'est donc avec une certaine curiosité que le lecteur ouvre cette histoire consacrée à explorer les ramifications de ce décalage temporel, et classée parmi les 10 meilleures histoires de Captain America par newsarama, un site spécialisé en comics. Dans la mesure où Mark Waid est un scénariste chevronné (auteur entre autres de Superman, les origines et Kingdom Come), le lecteur part confiant à la découverte de ce récit.
Le premier épisode semble indiquer que Mark Waid a souhaité concevoir son récit de manière à ce qu'il puisse être lu sans rien connaître des personnages. le lecteur commence donc par (re)lire le fameux accident qui a coûté la vie à Bucky Barnes. L'intérêt réside essentiellement dans l'amitié qui les lie, amitié que Waid réussit très à mettre en lumière. le lecteur est donc assez déconcerté quand il se rend compte qu'une connaissance superficielle de l'épisode 4 (1963) de la série Avengers est nécessaire pour apprécier pleinement l'épisode 2, cela prend encore un peu plus d'ampleur avec les machinations de Kang (épisode 8 des Avengers).
Néanmoins la continuité ne constitue pas l'intérêt premier du récit. Mark Waid s'amuse à insérer des éléments supplémentaires entre les faits "connus" (canoniques), sans rechercher le degré de précision atteint par Joe Casey avec Avengers, Earth Mightiest Heroes 1 : Les plus grands héros de la Terre. le thème majeur du récit est bien l'adaptation de Captain America à cette nouvelle époque surgie en 1 instant, de son point de vue de l'écoulement du temps. Waid à l'intelligence de ne pas trop surjouer cet aspect. Il s'amuse avec des conceptions culturelles issues des années 1940, sur la réalité de la place des femmes ou des personnes de couleur. Il montre également comment Captain America s'adapte rapidement au décalage technologique, retenant plus les fonctions de chaque invention, plutôt que la technologie en elle-même. Ce mode d'adaptation fait sens, quand le lecteur songe à toutes les inventions d'anticipation que Captain America a pu confronter pendant ses années d'activité lors de la seconde guerre mondiale.
Arrivé au troisième épisode, le lecteur commence à ressentir comme une petite gêne idéologique. Décidément, Steve Rogers contemple à quel point les États-Unis sont un grand et beau pays, défenseur du faible et de l'opprimé, champion de la Liberté et de la Justice. Après cette apologie monolithique et manquant de recul, Mark Waid évoque dans les épisodes suivants les aspects moins reluisants de cette grande démocratie. D'ailleurs, il en montrait un, dès le premier épisode avec l'omniprésence des armes à feu, et la culture de l'autodéfense. Comme le lecteur pouvait être en droit d'attendre d'un scénariste de cette trempe, le récit sort du manichéisme primaire, pour reconnaître les défauts de cette société et les considérer comme des axes d'amélioration. La contrepartie est que ce thème laisse moins de place pour celui de l'adaptation d'un homme déplacé dans le temps.
Cette histoire bénéficie de dessins de belle facture. Jorge Molina et Karl Kesel réalisent des dessins de type réaliste, avec un bon niveau de détails. Il y a un vrai travail de réalisé sur les décors, les tenues vestimentaires et la mise en scène. Molina et Kesel ne souhaitent pas faire dans l'artistique, simplement dans le descriptif bien dosé (sans être lourd) et agréable à voir. Les dessins sont rehaussés par la mise en couleurs sophistiquée et substantielle de Frank d'Armata qui nourrit les dessins pour à la fois les rendre consistants et pour à la fois renforcer l'unité narrative de chaque séquence.
Man out of time tient sa promesse de regarder le retour de Steve Rogers après plusieurs années d'hibernation, et de faire apparaître la nature des décalages culturels qu'il doit surmonter. Parmi eux, Waid développe également l'axe relatif au décalage sociétal, avec plus de sensibilité que le lecteur ne pouvait s'y attendre. Pour accéder au rang d'histoire indispensable, il aurait fallu que Waid réussisse à approfondir les conséquences psychologiques, pour faire ressortir les conséquences à long terme pour Steve Rogers.
Je ressors assez déçu de cet ouvrage. Non pas qu'il soit mauvais, mais je n'ai pas du tout été touché par celui-ci. Il manque réellement un truc à mon gout pour que ce soit vraiment accrocheur.
J'ai commencé la lecture sans trop d'idée de l'endroit où tout cela allait mener, mais j'ai vite trouvé le ton et le rythme étrange. Il manquait quelque chose pour que j'accroche vraiment. J'ai poursuivit et finalement terminé en attendant le moment où je serais conquis, qui n'est finalement jamais arrivé. Je ne saurais dire pourquoi. Peut-être un manque d'empathie envers les personnages. Peut-être une histoire dont les aspects improbables n'ont pas fonctionné pour moi, ou alors simplement un manque d'intérêt de ma part !
En tout cas, la lecture fut ni déplaisante ni plaisante, simplement je suis largement passé à côté. La BD reposée, je me suis dit que c'était une bonne chose de faite et je l'aurais sans doute oubliée d'ici quelques jours. Allez comprendre, mais parfois, ça ne match pas. Impossible de rentrer dedans, de ressentir un truc et de comprendre pourquoi !
Une série sympathique sans plus, qui hélas reste inachevée, donc on en ressort forcément déçu.
Le sujet m’intéressait a priori. La série tourne autour de la rivalité entre Carthage et Rome, en se focalisant sur le côté carthaginois. Le premier tome est centré sur l’action d’Hamilcar, le second sur celle de son fils, Hannibal.
Autre différence : si le premier tome décrit surtout les rouages et différends politiques, les intrigues à Carthage, le second est davantage occupé par la guerre, et l’intervention carthaginoise en Espagne (il se termine alors que la guerre avec Rome bat son plein, et la suite devait nous amener à cette incroyable expédition durant laquelle le sort de Rome s’est joué à pas grand-chose).
Un cadre historique intéressant donc, pas si souvent utilisé que ça. Mais les auteurs n’ont pas réussi à rendre l'intrigue palpitante, ni à nous proposer des personnages attachants. Pire, Hannibal est je trouve carrément ridicule une bonne partie du second tome (avec son amour pénible pour une prisonnière), c’est dommage.
Les intrigues carthaginoises ne sont pas forcément passionnantes, et c’est assez verbeux. En cela ça ressemble un peu au travail de Martin sur « Alix » (et le personnage de Jolkmar, près à trahir tout le monde pour sauvegarder ses intérêts fait un peu penser au fourbe Arbacès).
Le dessin est globalement bon, il fait le boulot, mais je ne l’ai pas toujours trouvé bon. Je préfère globalement le travail de De Luca sur le premier tome à celui de Koehler sur le suivant, mais étrangement De Luca est inégal dans son rendu, certains détails sont ratés (visages, personnages mal « finis ».
Note réelle 2,5/5.
Je reste partagé après la lecture de ce pavé proposée par Yudori. C'est une auteure que je découvre et j'ai beaucoup aimé son graphisme souple et précis.
C'est particulièrement vrai pour le rendu des expressivités des personnages féminins Amélie et Sahara. C'est beaucoup moins évident pour le personnage de Hans qui retombe trop dans les stéréotypes Manga androgyne. Cela donne un personnage central bien trop lisse d'aspect par rapport à la complexité de son profil psy.
J'ai apprécié cette peinture de la société batave du XVIème siècle mais le rythme est vraiment trop lent à mon goût. Amélie étant souvent seule face à ses états d'âme et ses aspirations, les dialogues sont assez rares ce qui ne dynamise pas le récit.
J'ai ainsi ressenti un déséquilibre entre la narration graphique et la narration textuelle. Ainsi le nombre de cases sans texte est très important ce qui m'a procuré une lecture assez hachée et peu fluide.
En conséquence je me suis ennuyé dans de nombreux passages et j'ai accueilli le final avec soulagement. Enfin j'ai trouvé l'épilogue assez énigmatique quant à la situation financière de la maisonnée à la suite des événements du final.
Je reste sur un 3 (petit) pour la qualité du dessin, la réussite de l'ambiance de quasi-claustration et les quelques pages sur la société de l'époque.
Toutefois ce fut plus une lecture devoir plus qu'une lecture plaisir.
J’ai emprunté au hasard cet album. Le titre m’avait laissé croire qu’il s’agissait d’un polar/thriller politique. En fait pas vraiment – quoi que, dans le dernier tiers, la tension est bien celle d’un thriller !
Le récit nous permet de suivre le travail d’Ali Arkady, journaliste photographe kurde irakien, qui suit, « embedded » comme disent les Américains, des forces spéciales irakiennes au moment où des forces coalisées s’attaquent à l’une des places fortes de Daesh en Irak, Mossoul, en 2016/2017.
Par ses premiers reportages pour le Spiegel, il a rendu célèbres les membres de ces forces spéciales, mettant en avant leur héroïsme et leur côté libérateurs. Il a ainsi gagné leur confiance et les suit dans toutes leurs actions.
Peu à peu il comprend qu’ils commettent des crimes de guerre (torture, viols, assassinat d’innocents), en employant des méthodes écœurantes (les mêmes que les Américains appliquent alors en Afghanistan et en Irak d’ailleurs !). Prenant des risques de plus en plus grands (les hommes qu’il photographie commencent à le menacer, le forcent à user lui aussi de violence contre les détenus), il se lance dans un reportage en « free lance », pour documenter les crimes : cette dernière partie est très prenante !
Le courage d’Ali et son sang froid sont impressionnants, et jusqu’au bout on craint pour lui et sa famille. On ne peut par contre s’empêcher de constater l’hypocrisie des services de renseignement américain, qui l’exfiltrent lui et sa famille, mais qui ne feront rien (à ma connaissance), pour empêcher les crimes de guerre de l’armée américaine (voir le sort de Julian Assange lorsqu’il a dénoncé ces crimes documents à l’appui). Mais c’est une autre chose.
Le récit est assez prenant, mais il manque d’un je ne sais quoi de consistant. Surtout que le dessin est assez minimaliste, avec des décors escamotés le plus souvent.
J’ai l’impression qu’ici le medium BD n’apporte pas grand-chose, et qu’un livre, ou un reportage accompagné de photos aurait été plus efficace.
Mais bon, ça se laisse lire, et le sujet est intéressant.
Une lecture sympathique, j’ai lu ça en diagonal en même temps que je faisais autre chose. Je dis ça en toute honnêteté. On suit la vie tumultueuse d’Alexandre Jacob, personnage dont j’ignorais complètement l’existence, donc merci aux auteurs pour la découverte. Même si Maurice Leblanc s’en est toujours défendu, il aurait peut être inspiré son personnage d’Arsène Lupin… Intéressant.
Donc voilà : enfance difficile, aventureuse, courageuse, jeunesse engagée politiquement, puis viennent les années de délinquances et de criminalité. J’ai suivi le parcours d’un œil distrait, alors oui le bonhomme a eu une vie hors norme ! Complètement dingue même (mais que font les cinéastes français je vous le demande…). Cela dit, et contrairement à beaucoup, Jacob n'est pas spécialement "attachant" je trouve (il bute un policier à un moment donné et on dirait que ça ne choque que moi, ça passe crème, le mec est "une icônes" ""génial" et autre superlatif etc. Bon... hallucinant mais on doit pas avoir les mêmes valeurs morales je suppose. J'ai rien contre les tueries fictives mais là ce n'est pas de la fiction il me semble, c'est sourcé).
Après, est-ce que j’ai envie de relire la bd ? Non pas pour autant. Niveau scénario tout est bien écrit et rondement mené, notre Histoire est jalonnée de personnages comme ça haut en couleur capables d’accomplir des trucs qui sortent de l’ordinaire. C’est cool à connaître, mais ça ne fait pas partie des bd que je trouve notables. Pareil pour le dessin, rien de spécial à en dire, ça fait le café, le dessinateur a mis ses tripes sur la table, pas de problème… mais rien ne m’a subjugué au point de posséder l’objet.
A lire, au moins une fois pour la découverte.
Je ne connaissais pas Jeanne de Belleville et j'aurais apprécié un petit texte documentaire à son sujet en début ou fin de cet album pour en savoir davantage à son sujet. D'autant plus qu'il semble que les auteurs aient mélangé la légende et les faits historiques dans cet ouvrage, sans pour autant l'indiquer.
Cela se passe au milieu du 14e siècle, dans l'atmosphère chaotique de la Guerre de Cent Ans. Le seigneur breton Olivier de Clissons a été arrêté par le roi de France pour d'obscures raisons, peut-être une forme de jalousie, et il est accusé de haute trahison et d'alliance avec l'ennemi Anglais (A noter d'ailleurs que la BD fait passer cette accusation comme fausse alors qu'historiquement ce n'est peut-être pas le cas). Quoiqu'il en soit, Jeanne, la femme d'Olivier, voit cela comme une fourberie et une injustice. Elle essaie vainement de le faire libérer mais il est finalement exécuté. Elle jure alors de venger son mari dans le sang et attaque pour cela avec ses hommes les forteresses françaises en Bretagne puis ensuite, obligée de se réfugier en mer, elle lève une petite flotte pirate pour attaquer tous les navires marchands français autour des côtes bretonnes.
Roger Seiter et Frédéric Blier mettent cette histoire en image sous une forme qui mêle réalisme historique et ambiance à la Games of Thrones avec luttes de pouvoir, trahisons et faits épiques. On notera en particulier une Jeanne qui prendra elle-même les armes et vaincra à l'épée les officiers ennemis qu'elle attaque.
Lieux et navires sont bien dessinés. Si les ponts de Paris ont des allures un peu rectilignes, les décors de Clisson et de l'Ile d'Yeu sont fort bien rendus. Et j'ai apprécié de découvrir de plus près à quoi pouvaient ressembler les bateaux et la navigation maritime en cette époque moyenâgeuse.
L'histoire est intéressante, bien rythmée, mais on ne peut s'empêcher d'y voir une fuite en avant dans la vengeance et les faits d'armes, une entreprise forcément vouée à l'échec car ce n'est pas avec une poignée de bateaux et quelques centaines d'hommes que l'héroïne pouvait s'opposer aux armées du roi de France. Certains choix d'action de la fameuse Tigresse Bretonne paraissent du coup un peu étranges, et c'est d'ailleurs bien ce qui différencie la légende de la probable réalité historique, la véritable Jeanne ayant visiblement été nettement plus mesurée et prudente que cette pirate assoiffée de revanche qu'on nous présente ici.
Quoiqu'il en soit, la plongée dans l'atmosphère médiévale de l'époque fonctionne bien, de même que l'aspect épique de certaines scènes et de leurs décors. C'est une lecture intéressante.
Je connaissais Thierry Groensteen comme un excellent et très pertinent historien et théoricien de la BD, accessoirement comme directeur de collection exigeant chez Actes Sud. Je suis surpris de le découvrir ici en tant que scénariste. Et il ne m’a qu’en partie convaincu.
Le sujet est intéressant, et les thématiques abordées sont prometteuses (un occidental est brutalement confronté – il est pris en otage ! – à une culture très différente – on est dans le Yemen profond, au moment où les attentats du 11 septembre 2001 vont crisper sérieusement certaines relations).
Si la narration est globalement agréable, et la lecture fluide, j’ai trouvé un peu déséquilibrée la construction d’ensemble. En effet, je pense que Groensteen aurait pu, aurait dû étoffer son intrigue, en développer certaines parties, après la très longue mise en place. Le coup de foudre entre l’occidental et l’institutrice yéménite manque un peu de crédibilité, uniquement du fait qu’elle est bien trop brutale. Et c’est encore plus le cas des dernières pages, qui donne l’effet d’une conclusion expédiée, c’est dommage.
En développant plus et mieux les points évoqués, cela aurait aussi eu le mérite de rendre moins manichéens certains personnages ou relations. Du coup, j’ai trouvé Groensteen un peu en deçà de ce qu’il énonce en tant que théoricien du médium BD.
Par contre, contrairement à Erik, je n’ai pas trouvé que mettre en Arabe et en Français les dialogues des Yéménites était gênant. Ça ne m’a pas gêné, et au contraire j’ai trouvé que ça participait de la crédibilité du « décor » de l’intrigue.
Note réelle 2,5/5.
Je suis assez partagé après la lecture des deux premiers épisodes et je ne sais pas si je continuerais la découverte de cette série.
En effet j'ai bien aimé la lecture du T1 mais j'ai été déçu par le T2. Les scénaristes Alwett et Arleston piochent dans une atmosphère emprunte à Rowling et JP Pernaut.
Il y a beaucoup de Rowling pour le côté Harry Potter assez marqué (le bus Impérial, la magie, le balai, l'orpheline (?) hébergée par la tante acariâtre, le sang métissé, l'âge de départ :11 ans). On sent aussi une volonté des auteurs de dévoiler au compte-gouttes le passé de la maman et de ses filles. C'est complété par un esprit beaux villages de France comme aux anciens JT de TF1.
Cela passe plutôt bien au T1 grâce à une grenouille bien trouvée, une découverte des personnages et un décor de rêve pour une intrigue pleine d'humour et de bons sentiments.
Malheureusement je n'ai pas accroché au T2. La magie disparait en grande partie et les personnages d'origami sont bien plus insignifiants que la grenouille du T1. Tout est centré sur une intrigue avec des personnages assez mièvres.
Mais surtout les auteurs lèvent un pan du passé d'une façon assez maladroite et qui pour moi enferme le scénario dans une impasse. En effet en centrant le récit sur le lien Alistair/Elfie et la certitude de la paternité, le bon sens d'un adulte responsable implique la reconnaissance et la prise en charge de l'enfant. A mes yeux c'est le piège que propose le scénario au T1 en faisant intervenir un jugement bien léger du JAF. En effet si on veut inscrire l'action dans le cadre du droit familial pour écarter la tante, il faut aller jusqu'au bout. Pour moi toute la construction psy de Mélusine et d'Alistair (voire de Elfie) dépendent de ce point quant à leur positionnement d'adultes responsables ou pas.
Le graphisme de Mini Ludvin est attractif bien que très standard et stéréotypé pour ce type de public. Le plus est le soin apporté aux décors très travaillés et réussis des petits villages et de leurs spécialités. J'ai beaucoup apprécié la mise en couleur très vive et lumineuse. Je souligne une autre contradiction, si l'idée du bus propose un visuel attractif on peut tiquer sur un gros diesel "qui pue" au milieu de ces espaces à préserver.
J'attache toujours beaucoup d'importance (trop ?) aux détails des séries jeunesses. Je suis donc circonspect après une lecture sur laquelle j'ai tiqué en plusieurs endroits. 2.5
Sur le papier, Katanga avait tout pour me plaire énormément : un contexte historique riche, un scénariste de renom, un dessin dynamique, une série courte et des avis globalement très positifs sur mon site marron préféré.
En pratique, le tableau est moins rose qu'espéré.
Le dessin m'a convaincu. Le trait est précis mais sait rester souple, pour un style réaliste avec une pointe de caricature. L'atmosphère est lourde, l'humidité omniprésente. Sur ce plan, pas grand-chose à redire, si ce n'est qu'il m'est arrivé de confondre quelques personnages, ce qui a un peu entravé ma lecture. Un salaud ressemble tellement à un autre salaud.
Ma déception a pris corps au niveau du scénario et de la narration, malgré une introduction pourtant alléchante et bien menée, qui donnait vraiment envie de lire la suite, et un cadre qui m'intéressait beaucoup.
Difficile de dire ce qui m'a éloigné de l'histoire. Peut-être un peu trop de rebondissements ? Selon moi, le récit aurait gagné à être allégé pour se concentrer davantage sur moins d'éléments. Ça se poignarde dans le dos dans tous les sens, ça viole, ça assassine, ça constitue des alliances sur deux pages pour mieux retourner la table juste après… Peut-être trop de perversion et de nature humaine malsaine ? Je ne me considère pas comme sensible d'habitude, mais là… il y a de quoi perdre le mince espoir que j'ai encore en l'humanité, et qui diminue à mesure que l'actualité récente se déroule sous mes yeux.
J'ai eu de la peine à suivre et j'aurais pu abandonner ma lecture. Cela méritera sûrement une seconde lecture dans quelques temps.
Note réelle : 2,5/5
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Captain America - Un homme hors du temps
Ajustement temporel - Ce tome regroupe les 5 épisodes de la minisérie du même nom (initialement parus en 2011), écrite par Mark Waid, avec des dessins de Jorge Molina, et un encrage de Karl Kesel, avec l'aide de Scott Hanna pour l'épisode 3. En 1945, près de Leipzig, les soldats Steve Rogers et James Barnes ont amené un film de reportage d'une intervention de Captain America aux soldats avec qui ils sont cantonnés. Ils sont récupérés par un sergent et envoyés vers une base secrète pour une mission de destruction d'un prototype d'avion nazi. Bucky trouve la mort dans cette mission, et Captain America se retrouve prisonnier des glaces pendant plusieurs décennies. Il reprend connaissance à bord d'un sous-marin ayant les Avengers (Iron Man, Hulk, Wasp, Giant Man et Thor) comme équipage. le retour à la civilisation n'est pas facile, et Steve Rogers doit s'adapter à la société des années 2000. Régulièrement quand un nouveau scénariste prend les rênes de la destinée de Captain America, il commence par rappeler qu'il s'agit d'un être humain déplacé dans le temps (du fait de son séjour en animation suspendue dans un bloc de glace). Ceci excuse (euh, non, pardon, explique) pourquoi Steve Rogers représente des valeurs qui semble d'un autre âge, et permet de jouer un peu sur le décalage entre son comportement et des attitudes plus modernes. Tout aussi régulièrement, le même scénariste oublie cette particularité du personnage au bout de 2 épisodes, et trace la route dans son intrigue. C'est donc avec une certaine curiosité que le lecteur ouvre cette histoire consacrée à explorer les ramifications de ce décalage temporel, et classée parmi les 10 meilleures histoires de Captain America par newsarama, un site spécialisé en comics. Dans la mesure où Mark Waid est un scénariste chevronné (auteur entre autres de Superman, les origines et Kingdom Come), le lecteur part confiant à la découverte de ce récit. Le premier épisode semble indiquer que Mark Waid a souhaité concevoir son récit de manière à ce qu'il puisse être lu sans rien connaître des personnages. le lecteur commence donc par (re)lire le fameux accident qui a coûté la vie à Bucky Barnes. L'intérêt réside essentiellement dans l'amitié qui les lie, amitié que Waid réussit très à mettre en lumière. le lecteur est donc assez déconcerté quand il se rend compte qu'une connaissance superficielle de l'épisode 4 (1963) de la série Avengers est nécessaire pour apprécier pleinement l'épisode 2, cela prend encore un peu plus d'ampleur avec les machinations de Kang (épisode 8 des Avengers). Néanmoins la continuité ne constitue pas l'intérêt premier du récit. Mark Waid s'amuse à insérer des éléments supplémentaires entre les faits "connus" (canoniques), sans rechercher le degré de précision atteint par Joe Casey avec Avengers, Earth Mightiest Heroes 1 : Les plus grands héros de la Terre. le thème majeur du récit est bien l'adaptation de Captain America à cette nouvelle époque surgie en 1 instant, de son point de vue de l'écoulement du temps. Waid à l'intelligence de ne pas trop surjouer cet aspect. Il s'amuse avec des conceptions culturelles issues des années 1940, sur la réalité de la place des femmes ou des personnes de couleur. Il montre également comment Captain America s'adapte rapidement au décalage technologique, retenant plus les fonctions de chaque invention, plutôt que la technologie en elle-même. Ce mode d'adaptation fait sens, quand le lecteur songe à toutes les inventions d'anticipation que Captain America a pu confronter pendant ses années d'activité lors de la seconde guerre mondiale. Arrivé au troisième épisode, le lecteur commence à ressentir comme une petite gêne idéologique. Décidément, Steve Rogers contemple à quel point les États-Unis sont un grand et beau pays, défenseur du faible et de l'opprimé, champion de la Liberté et de la Justice. Après cette apologie monolithique et manquant de recul, Mark Waid évoque dans les épisodes suivants les aspects moins reluisants de cette grande démocratie. D'ailleurs, il en montrait un, dès le premier épisode avec l'omniprésence des armes à feu, et la culture de l'autodéfense. Comme le lecteur pouvait être en droit d'attendre d'un scénariste de cette trempe, le récit sort du manichéisme primaire, pour reconnaître les défauts de cette société et les considérer comme des axes d'amélioration. La contrepartie est que ce thème laisse moins de place pour celui de l'adaptation d'un homme déplacé dans le temps. Cette histoire bénéficie de dessins de belle facture. Jorge Molina et Karl Kesel réalisent des dessins de type réaliste, avec un bon niveau de détails. Il y a un vrai travail de réalisé sur les décors, les tenues vestimentaires et la mise en scène. Molina et Kesel ne souhaitent pas faire dans l'artistique, simplement dans le descriptif bien dosé (sans être lourd) et agréable à voir. Les dessins sont rehaussés par la mise en couleurs sophistiquée et substantielle de Frank d'Armata qui nourrit les dessins pour à la fois les rendre consistants et pour à la fois renforcer l'unité narrative de chaque séquence. Man out of time tient sa promesse de regarder le retour de Steve Rogers après plusieurs années d'hibernation, et de faire apparaître la nature des décalages culturels qu'il doit surmonter. Parmi eux, Waid développe également l'axe relatif au décalage sociétal, avec plus de sensibilité que le lecteur ne pouvait s'y attendre. Pour accéder au rang d'histoire indispensable, il aurait fallu que Waid réussisse à approfondir les conséquences psychologiques, pour faire ressortir les conséquences à long terme pour Steve Rogers.
Incroyable !
Je ressors assez déçu de cet ouvrage. Non pas qu'il soit mauvais, mais je n'ai pas du tout été touché par celui-ci. Il manque réellement un truc à mon gout pour que ce soit vraiment accrocheur. J'ai commencé la lecture sans trop d'idée de l'endroit où tout cela allait mener, mais j'ai vite trouvé le ton et le rythme étrange. Il manquait quelque chose pour que j'accroche vraiment. J'ai poursuivit et finalement terminé en attendant le moment où je serais conquis, qui n'est finalement jamais arrivé. Je ne saurais dire pourquoi. Peut-être un manque d'empathie envers les personnages. Peut-être une histoire dont les aspects improbables n'ont pas fonctionné pour moi, ou alors simplement un manque d'intérêt de ma part ! En tout cas, la lecture fut ni déplaisante ni plaisante, simplement je suis largement passé à côté. La BD reposée, je me suis dit que c'était une bonne chose de faite et je l'aurais sans doute oubliée d'ici quelques jours. Allez comprendre, mais parfois, ça ne match pas. Impossible de rentrer dedans, de ressentir un truc et de comprendre pourquoi !
Carthage
Une série sympathique sans plus, qui hélas reste inachevée, donc on en ressort forcément déçu. Le sujet m’intéressait a priori. La série tourne autour de la rivalité entre Carthage et Rome, en se focalisant sur le côté carthaginois. Le premier tome est centré sur l’action d’Hamilcar, le second sur celle de son fils, Hannibal. Autre différence : si le premier tome décrit surtout les rouages et différends politiques, les intrigues à Carthage, le second est davantage occupé par la guerre, et l’intervention carthaginoise en Espagne (il se termine alors que la guerre avec Rome bat son plein, et la suite devait nous amener à cette incroyable expédition durant laquelle le sort de Rome s’est joué à pas grand-chose). Un cadre historique intéressant donc, pas si souvent utilisé que ça. Mais les auteurs n’ont pas réussi à rendre l'intrigue palpitante, ni à nous proposer des personnages attachants. Pire, Hannibal est je trouve carrément ridicule une bonne partie du second tome (avec son amour pénible pour une prisonnière), c’est dommage. Les intrigues carthaginoises ne sont pas forcément passionnantes, et c’est assez verbeux. En cela ça ressemble un peu au travail de Martin sur « Alix » (et le personnage de Jolkmar, près à trahir tout le monde pour sauvegarder ses intérêts fait un peu penser au fourbe Arbacès). Le dessin est globalement bon, il fait le boulot, mais je ne l’ai pas toujours trouvé bon. Je préfère globalement le travail de De Luca sur le premier tome à celui de Koehler sur le suivant, mais étrangement De Luca est inégal dans son rendu, certains détails sont ratés (visages, personnages mal « finis ». Note réelle 2,5/5.
Le Ciel pour conquête
Je reste partagé après la lecture de ce pavé proposée par Yudori. C'est une auteure que je découvre et j'ai beaucoup aimé son graphisme souple et précis. C'est particulièrement vrai pour le rendu des expressivités des personnages féminins Amélie et Sahara. C'est beaucoup moins évident pour le personnage de Hans qui retombe trop dans les stéréotypes Manga androgyne. Cela donne un personnage central bien trop lisse d'aspect par rapport à la complexité de son profil psy. J'ai apprécié cette peinture de la société batave du XVIème siècle mais le rythme est vraiment trop lent à mon goût. Amélie étant souvent seule face à ses états d'âme et ses aspirations, les dialogues sont assez rares ce qui ne dynamise pas le récit. J'ai ainsi ressenti un déséquilibre entre la narration graphique et la narration textuelle. Ainsi le nombre de cases sans texte est très important ce qui m'a procuré une lecture assez hachée et peu fluide. En conséquence je me suis ennuyé dans de nombreux passages et j'ai accueilli le final avec soulagement. Enfin j'ai trouvé l'épilogue assez énigmatique quant à la situation financière de la maisonnée à la suite des événements du final. Je reste sur un 3 (petit) pour la qualité du dessin, la réussite de l'ambiance de quasi-claustration et les quelques pages sur la société de l'époque. Toutefois ce fut plus une lecture devoir plus qu'une lecture plaisir.
L'Homme qui en a trop vu
J’ai emprunté au hasard cet album. Le titre m’avait laissé croire qu’il s’agissait d’un polar/thriller politique. En fait pas vraiment – quoi que, dans le dernier tiers, la tension est bien celle d’un thriller ! Le récit nous permet de suivre le travail d’Ali Arkady, journaliste photographe kurde irakien, qui suit, « embedded » comme disent les Américains, des forces spéciales irakiennes au moment où des forces coalisées s’attaquent à l’une des places fortes de Daesh en Irak, Mossoul, en 2016/2017. Par ses premiers reportages pour le Spiegel, il a rendu célèbres les membres de ces forces spéciales, mettant en avant leur héroïsme et leur côté libérateurs. Il a ainsi gagné leur confiance et les suit dans toutes leurs actions. Peu à peu il comprend qu’ils commettent des crimes de guerre (torture, viols, assassinat d’innocents), en employant des méthodes écœurantes (les mêmes que les Américains appliquent alors en Afghanistan et en Irak d’ailleurs !). Prenant des risques de plus en plus grands (les hommes qu’il photographie commencent à le menacer, le forcent à user lui aussi de violence contre les détenus), il se lance dans un reportage en « free lance », pour documenter les crimes : cette dernière partie est très prenante ! Le courage d’Ali et son sang froid sont impressionnants, et jusqu’au bout on craint pour lui et sa famille. On ne peut par contre s’empêcher de constater l’hypocrisie des services de renseignement américain, qui l’exfiltrent lui et sa famille, mais qui ne feront rien (à ma connaissance), pour empêcher les crimes de guerre de l’armée américaine (voir le sort de Julian Assange lorsqu’il a dénoncé ces crimes documents à l’appui). Mais c’est une autre chose. Le récit est assez prenant, mais il manque d’un je ne sais quoi de consistant. Surtout que le dessin est assez minimaliste, avec des décors escamotés le plus souvent. J’ai l’impression qu’ici le medium BD n’apporte pas grand-chose, et qu’un livre, ou un reportage accompagné de photos aurait été plus efficace. Mais bon, ça se laisse lire, et le sujet est intéressant.
Le Travailleur de la nuit
Une lecture sympathique, j’ai lu ça en diagonal en même temps que je faisais autre chose. Je dis ça en toute honnêteté. On suit la vie tumultueuse d’Alexandre Jacob, personnage dont j’ignorais complètement l’existence, donc merci aux auteurs pour la découverte. Même si Maurice Leblanc s’en est toujours défendu, il aurait peut être inspiré son personnage d’Arsène Lupin… Intéressant. Donc voilà : enfance difficile, aventureuse, courageuse, jeunesse engagée politiquement, puis viennent les années de délinquances et de criminalité. J’ai suivi le parcours d’un œil distrait, alors oui le bonhomme a eu une vie hors norme ! Complètement dingue même (mais que font les cinéastes français je vous le demande…). Cela dit, et contrairement à beaucoup, Jacob n'est pas spécialement "attachant" je trouve (il bute un policier à un moment donné et on dirait que ça ne choque que moi, ça passe crème, le mec est "une icônes" ""génial" et autre superlatif etc. Bon... hallucinant mais on doit pas avoir les mêmes valeurs morales je suppose. J'ai rien contre les tueries fictives mais là ce n'est pas de la fiction il me semble, c'est sourcé). Après, est-ce que j’ai envie de relire la bd ? Non pas pour autant. Niveau scénario tout est bien écrit et rondement mené, notre Histoire est jalonnée de personnages comme ça haut en couleur capables d’accomplir des trucs qui sortent de l’ordinaire. C’est cool à connaître, mais ça ne fait pas partie des bd que je trouve notables. Pareil pour le dessin, rien de spécial à en dire, ça fait le café, le dessinateur a mis ses tripes sur la table, pas de problème… mais rien ne m’a subjugué au point de posséder l’objet. A lire, au moins une fois pour la découverte.
La Tigresse bretonne
Je ne connaissais pas Jeanne de Belleville et j'aurais apprécié un petit texte documentaire à son sujet en début ou fin de cet album pour en savoir davantage à son sujet. D'autant plus qu'il semble que les auteurs aient mélangé la légende et les faits historiques dans cet ouvrage, sans pour autant l'indiquer. Cela se passe au milieu du 14e siècle, dans l'atmosphère chaotique de la Guerre de Cent Ans. Le seigneur breton Olivier de Clissons a été arrêté par le roi de France pour d'obscures raisons, peut-être une forme de jalousie, et il est accusé de haute trahison et d'alliance avec l'ennemi Anglais (A noter d'ailleurs que la BD fait passer cette accusation comme fausse alors qu'historiquement ce n'est peut-être pas le cas). Quoiqu'il en soit, Jeanne, la femme d'Olivier, voit cela comme une fourberie et une injustice. Elle essaie vainement de le faire libérer mais il est finalement exécuté. Elle jure alors de venger son mari dans le sang et attaque pour cela avec ses hommes les forteresses françaises en Bretagne puis ensuite, obligée de se réfugier en mer, elle lève une petite flotte pirate pour attaquer tous les navires marchands français autour des côtes bretonnes. Roger Seiter et Frédéric Blier mettent cette histoire en image sous une forme qui mêle réalisme historique et ambiance à la Games of Thrones avec luttes de pouvoir, trahisons et faits épiques. On notera en particulier une Jeanne qui prendra elle-même les armes et vaincra à l'épée les officiers ennemis qu'elle attaque. Lieux et navires sont bien dessinés. Si les ponts de Paris ont des allures un peu rectilignes, les décors de Clisson et de l'Ile d'Yeu sont fort bien rendus. Et j'ai apprécié de découvrir de plus près à quoi pouvaient ressembler les bateaux et la navigation maritime en cette époque moyenâgeuse. L'histoire est intéressante, bien rythmée, mais on ne peut s'empêcher d'y voir une fuite en avant dans la vengeance et les faits d'armes, une entreprise forcément vouée à l'échec car ce n'est pas avec une poignée de bateaux et quelques centaines d'hommes que l'héroïne pouvait s'opposer aux armées du roi de France. Certains choix d'action de la fameuse Tigresse Bretonne paraissent du coup un peu étranges, et c'est d'ailleurs bien ce qui différencie la légende de la probable réalité historique, la véritable Jeanne ayant visiblement été nettement plus mesurée et prudente que cette pirate assoiffée de revanche qu'on nous présente ici. Quoiqu'il en soit, la plongée dans l'atmosphère médiévale de l'époque fonctionne bien, de même que l'aspect épique de certaines scènes et de leurs décors. C'est une lecture intéressante.
Les Pierres aveugles
Je connaissais Thierry Groensteen comme un excellent et très pertinent historien et théoricien de la BD, accessoirement comme directeur de collection exigeant chez Actes Sud. Je suis surpris de le découvrir ici en tant que scénariste. Et il ne m’a qu’en partie convaincu. Le sujet est intéressant, et les thématiques abordées sont prometteuses (un occidental est brutalement confronté – il est pris en otage ! – à une culture très différente – on est dans le Yemen profond, au moment où les attentats du 11 septembre 2001 vont crisper sérieusement certaines relations). Si la narration est globalement agréable, et la lecture fluide, j’ai trouvé un peu déséquilibrée la construction d’ensemble. En effet, je pense que Groensteen aurait pu, aurait dû étoffer son intrigue, en développer certaines parties, après la très longue mise en place. Le coup de foudre entre l’occidental et l’institutrice yéménite manque un peu de crédibilité, uniquement du fait qu’elle est bien trop brutale. Et c’est encore plus le cas des dernières pages, qui donne l’effet d’une conclusion expédiée, c’est dommage. En développant plus et mieux les points évoqués, cela aurait aussi eu le mérite de rendre moins manichéens certains personnages ou relations. Du coup, j’ai trouvé Groensteen un peu en deçà de ce qu’il énonce en tant que théoricien du médium BD. Par contre, contrairement à Erik, je n’ai pas trouvé que mettre en Arabe et en Français les dialogues des Yéménites était gênant. Ça ne m’a pas gêné, et au contraire j’ai trouvé que ça participait de la crédibilité du « décor » de l’intrigue. Note réelle 2,5/5.
Le Grimoire d'Elfie
Je suis assez partagé après la lecture des deux premiers épisodes et je ne sais pas si je continuerais la découverte de cette série. En effet j'ai bien aimé la lecture du T1 mais j'ai été déçu par le T2. Les scénaristes Alwett et Arleston piochent dans une atmosphère emprunte à Rowling et JP Pernaut. Il y a beaucoup de Rowling pour le côté Harry Potter assez marqué (le bus Impérial, la magie, le balai, l'orpheline (?) hébergée par la tante acariâtre, le sang métissé, l'âge de départ :11 ans). On sent aussi une volonté des auteurs de dévoiler au compte-gouttes le passé de la maman et de ses filles. C'est complété par un esprit beaux villages de France comme aux anciens JT de TF1. Cela passe plutôt bien au T1 grâce à une grenouille bien trouvée, une découverte des personnages et un décor de rêve pour une intrigue pleine d'humour et de bons sentiments. Malheureusement je n'ai pas accroché au T2. La magie disparait en grande partie et les personnages d'origami sont bien plus insignifiants que la grenouille du T1. Tout est centré sur une intrigue avec des personnages assez mièvres. Mais surtout les auteurs lèvent un pan du passé d'une façon assez maladroite et qui pour moi enferme le scénario dans une impasse. En effet en centrant le récit sur le lien Alistair/Elfie et la certitude de la paternité, le bon sens d'un adulte responsable implique la reconnaissance et la prise en charge de l'enfant. A mes yeux c'est le piège que propose le scénario au T1 en faisant intervenir un jugement bien léger du JAF. En effet si on veut inscrire l'action dans le cadre du droit familial pour écarter la tante, il faut aller jusqu'au bout. Pour moi toute la construction psy de Mélusine et d'Alistair (voire de Elfie) dépendent de ce point quant à leur positionnement d'adultes responsables ou pas. Le graphisme de Mini Ludvin est attractif bien que très standard et stéréotypé pour ce type de public. Le plus est le soin apporté aux décors très travaillés et réussis des petits villages et de leurs spécialités. J'ai beaucoup apprécié la mise en couleur très vive et lumineuse. Je souligne une autre contradiction, si l'idée du bus propose un visuel attractif on peut tiquer sur un gros diesel "qui pue" au milieu de ces espaces à préserver. J'attache toujours beaucoup d'importance (trop ?) aux détails des séries jeunesses. Je suis donc circonspect après une lecture sur laquelle j'ai tiqué en plusieurs endroits. 2.5
Katanga
Sur le papier, Katanga avait tout pour me plaire énormément : un contexte historique riche, un scénariste de renom, un dessin dynamique, une série courte et des avis globalement très positifs sur mon site marron préféré. En pratique, le tableau est moins rose qu'espéré. Le dessin m'a convaincu. Le trait est précis mais sait rester souple, pour un style réaliste avec une pointe de caricature. L'atmosphère est lourde, l'humidité omniprésente. Sur ce plan, pas grand-chose à redire, si ce n'est qu'il m'est arrivé de confondre quelques personnages, ce qui a un peu entravé ma lecture. Un salaud ressemble tellement à un autre salaud. Ma déception a pris corps au niveau du scénario et de la narration, malgré une introduction pourtant alléchante et bien menée, qui donnait vraiment envie de lire la suite, et un cadre qui m'intéressait beaucoup. Difficile de dire ce qui m'a éloigné de l'histoire. Peut-être un peu trop de rebondissements ? Selon moi, le récit aurait gagné à être allégé pour se concentrer davantage sur moins d'éléments. Ça se poignarde dans le dos dans tous les sens, ça viole, ça assassine, ça constitue des alliances sur deux pages pour mieux retourner la table juste après… Peut-être trop de perversion et de nature humaine malsaine ? Je ne me considère pas comme sensible d'habitude, mais là… il y a de quoi perdre le mince espoir que j'ai encore en l'humanité, et qui diminue à mesure que l'actualité récente se déroule sous mes yeux. J'ai eu de la peine à suivre et j'aurais pu abandonner ma lecture. Cela méritera sûrement une seconde lecture dans quelques temps. Note réelle : 2,5/5