Je connaissais Thierry Groensteen comme un excellent et très pertinent historien et théoricien de la BD, accessoirement comme directeur de collection exigeant chez Actes Sud. Je suis surpris de le découvrir ici en tant que scénariste. Et il ne m’a qu’en partie convaincu.
Le sujet est intéressant, et les thématiques abordées sont prometteuses (un occidental est brutalement confronté – il est pris en otage ! – à une culture très différente – on est dans le Yemen profond, au moment où les attentats du 11 septembre 2001 vont crisper sérieusement certaines relations).
Si la narration est globalement agréable, et la lecture fluide, j’ai trouvé un peu déséquilibrée la construction d’ensemble. En effet, je pense que Groensteen aurait pu, aurait dû étoffer son intrigue, en développer certaines parties, après la très longue mise en place. Le coup de foudre entre l’occidental et l’institutrice yéménite manque un peu de crédibilité, uniquement du fait qu’elle est bien trop brutale. Et c’est encore plus le cas des dernières pages, qui donne l’effet d’une conclusion expédiée, c’est dommage.
En développant plus et mieux les points évoqués, cela aurait aussi eu le mérite de rendre moins manichéens certains personnages ou relations. Du coup, j’ai trouvé Groensteen un peu en deçà de ce qu’il énonce en tant que théoricien du médium BD.
Par contre, contrairement à Erik, je n’ai pas trouvé que mettre en Arabe et en Français les dialogues des Yéménites était gênant. Ça ne m’a pas gêné, et au contraire j’ai trouvé que ça participait de la crédibilité du « décor » de l’intrigue.
Note réelle 2,5/5.
Je suis assez partagé après la lecture des deux premiers épisodes et je ne sais pas si je continuerais la découverte de cette série.
En effet j'ai bien aimé la lecture du T1 mais j'ai été déçu par le T2. Les scénaristes Alwett et Arleston piochent dans une atmosphère emprunte à Rowling et JP Pernaut.
Il y a beaucoup de Rowling pour le côté Harry Potter assez marqué (le bus Impérial, la magie, le balai, l'orpheline (?) hébergée par la tante acariâtre, le sang métissé, l'âge de départ :11 ans). On sent aussi une volonté des auteurs de dévoiler au compte-gouttes le passé de la maman et de ses filles. C'est complété par un esprit beaux villages de France comme aux anciens JT de TF1.
Cela passe plutôt bien au T1 grâce à une grenouille bien trouvée, une découverte des personnages et un décor de rêve pour une intrigue pleine d'humour et de bons sentiments.
Malheureusement je n'ai pas accroché au T2. La magie disparait en grande partie et les personnages d'origami sont bien plus insignifiants que la grenouille du T1. Tout est centré sur une intrigue avec des personnages assez mièvres.
Mais surtout les auteurs lèvent un pan du passé d'une façon assez maladroite et qui pour moi enferme le scénario dans une impasse. En effet en centrant le récit sur le lien Alistair/Elfie et la certitude de la paternité, le bon sens d'un adulte responsable implique la reconnaissance et la prise en charge de l'enfant. A mes yeux c'est le piège que propose le scénario au T1 en faisant intervenir un jugement bien léger du JAF. En effet si on veut inscrire l'action dans le cadre du droit familial pour écarter la tante, il faut aller jusqu'au bout. Pour moi toute la construction psy de Mélusine et d'Alistair (voire de Elfie) dépendent de ce point quant à leur positionnement d'adultes responsables ou pas.
Le graphisme de Mini Ludvin est attractif bien que très standard et stéréotypé pour ce type de public. Le plus est le soin apporté aux décors très travaillés et réussis des petits villages et de leurs spécialités. J'ai beaucoup apprécié la mise en couleur très vive et lumineuse. Je souligne une autre contradiction, si l'idée du bus propose un visuel attractif on peut tiquer sur un gros diesel "qui pue" au milieu de ces espaces à préserver.
J'attache toujours beaucoup d'importance (trop ?) aux détails des séries jeunesses. Je suis donc circonspect après une lecture sur laquelle j'ai tiqué en plusieurs endroits. 2.5
Sur le papier, Katanga avait tout pour me plaire énormément : un contexte historique riche, un scénariste de renom, un dessin dynamique, une série courte et des avis globalement très positifs sur mon site marron préféré.
En pratique, le tableau est moins rose qu'espéré.
Le dessin m'a convaincu. Le trait est précis mais sait rester souple, pour un style réaliste avec une pointe de caricature. L'atmosphère est lourde, l'humidité omniprésente. Sur ce plan, pas grand-chose à redire, si ce n'est qu'il m'est arrivé de confondre quelques personnages, ce qui a un peu entravé ma lecture. Un salaud ressemble tellement à un autre salaud.
Ma déception a pris corps au niveau du scénario et de la narration, malgré une introduction pourtant alléchante et bien menée, qui donnait vraiment envie de lire la suite, et un cadre qui m'intéressait beaucoup.
Difficile de dire ce qui m'a éloigné de l'histoire. Peut-être un peu trop de rebondissements ? Selon moi, le récit aurait gagné à être allégé pour se concentrer davantage sur moins d'éléments. Ça se poignarde dans le dos dans tous les sens, ça viole, ça assassine, ça constitue des alliances sur deux pages pour mieux retourner la table juste après… Peut-être trop de perversion et de nature humaine malsaine ? Je ne me considère pas comme sensible d'habitude, mais là… il y a de quoi perdre le mince espoir que j'ai encore en l'humanité, et qui diminue à mesure que l'actualité récente se déroule sous mes yeux.
J'ai eu de la peine à suivre et j'aurais pu abandonner ma lecture. Cela méritera sûrement une seconde lecture dans quelques temps.
Note réelle : 2,5/5
Ah les western ! Genre surreprésenté par rapport à la période historique qu'il couvre.
Une BD qui m'a un peu décontenancé en début lecture vis à vis de son style graphique parfois photographique et un peu raide. Et puis soit le dessin s'améliore au fur et à mesure soit je m'y suis fait.
Toujours est-il que ça se lit facilement, l'intrigue se met rapidement en route avec ses protagonistes (au sens propre).
On apprend au passage quelques éléments historiques, on comprend certains rapports de forces, les injustices, les inégalités et les logiques propres à ces bouts de sociétés qui s'appliquent dans ce monde pas franchement neuf et déjà peuplé de différentes nations et peuples, dont les autochtones évidemment.
Ni un grand récit d'aventure ni un grand récit historique, je suis au final un peu resté sur ma faim. Les personnages n'étant pas très attachants je me suis retrouvé assez détaché de leurs mésaventures.
Ca donne une foi limitée en l'humanité et une envie de travailler la valeur d'universalisme.
C'est déjà ça !
Les deux premiers tomes de cette série m'avaient carrément enthousiasmé, mais j'ai attendu de pouvoir lire les 6 actuellement parus avant d'exprimer mon avis... et malheureusement les tomes suivants m'ont moins convaincu.
Le gros point fort de cette série tient dans son excellent dessin. Nous y sommes plongés dans une Londres Victorienne de toute beauté, avec des personnages ultra vivants, une superbe mise en scène et des séquences d'action aussi esthétiques que rythmées. Tout est absolument impeccable au niveau du graphisme. Seul léger regret, le côté racoleur de certaines scènes qui usent trop des charmes des héroïnes. D'autant qu'elles se révèlent lesbiennes... Mais ça tient plus à l'intrigue qu'à un reproche fait au dessin car elles sont très belles.
L'intrigue des premiers tomes m'a accroché car j'y aimais son intensité, ces relations conflictuelles entre humains reflétant la mesquinerie de la société victorienne et de ses inégalités. La vengeance d'une femme qui a perdu son bébé rejointe par celle d'une autre qui réprouve sa famille d'aristocrates hautains qui l'utilise comme un objet bon à marier. A ce contexte familial et sociologique complexe s'ajoute une touche de fantastique avec des démons japonais s'échappent des tatouages de ceux qui les portent. C'était fort, dynamique, assez original et avec une grosse envie de savoir la suite.
Mais cette suite m'a un peu déçu.
Non pas que le dessin soit moins bon, il reste excellent de bout en bout. Mais j'ai trouvé que le scénario manquait de structure. Chaque enchainement est réaliste mais l'ensemble m'a donné l'impression de faire régulièrement trois pas en avant, deux pas en arrière, avec ce sentiment d'une intrigue globalement floue, seulement motivée par le moteur de la vengeance et d'une tentative de guerre secrète entre les héroïnes et l'Empire Britannique mais sans plan clair derrière. C'est comme si le scénariste ne savait pas trop où il allait et naviguait à vue. En outre, la part de fantastique s'est révélée un handicap dans la crédibilité car on a des démons ultrapuissants capables de détruire une flotte de cuirassés tandis que la majorité du temps ils sont inutiles et ne protègent les héroïnes que quand le scénariste n'y voit aucune autre alternative et les utilisaient en Deus Ex Machina. C'est comme si le scénariste ne savait pas ce qu'il allait pouvoir en faire et qu'ils le gênaient plus qu'autre chose. Qui plus est, je ne suis pas non plus tellement convaincu par les sous-intrigues parallèles se déroulant de nos jours : je trouve qu'elles brisent l'ambiance de la partie victorienne et n'apportent pas grand chose d'intéressant.
Ces défauts m'ont empêché de pleinement savourer une série qui autrement a tous les atouts pour être excellente. C'est dommage car elle partait vraiment bien.
J'avais beaucoup aimé l'adaptation de la pièce d'Alexis Michalik sur Edmond. Ici l'histoire revisite un autre géant de la littérature avec une aventure qui met en scène le jeune Alexandre Dumas dans les prémices de la colonisation de l'Algérie.
J'ai moins adhéré à la narration que je trouve un peu difficile à suivre avec des tableaux qui multiplient les allers-retours entre différentes époques.
La gageure est de respecter le fondement de l'œuvre de Dumas qui s'appuie sur le récit d'aventure d'une chasse au trésor "saucissonnée" en épisodes de feuilletons qui doivent tenir en haleine le lecteur de journaux.
Cela doit parfaitement fonctionner avec une mise en scène de théâtre qui peut apporter un rythme élevé avec le jeu des comédiens. Ici j'ai eu parfois du mal à suivre la cohérence du récit.
Sans être désagréable le graphisme utilisé par Gaultier n'est pas dans l'esthétique que je préfère. Il a pourtant l'avantage de créer une ambiance mystérieuse qui convient bien au récit et à la figure de Martin qui se révèle de plus en plus énigmatique au fil des pages.
Cela reste une lecture agréable.
J'ai lu cette série animalière avec un bon plaisir visuel. Le graphisme de Pau nous renvoie très bien dans une atmosphère vintage des années 30. Comme nous sommes dans la collection Calandre de Paquet ; honneur est fait aux carrosseries des années 30. Pau dessine avec bonheur les vieilles Ferrari 166, Maserati ou Bugatti qui étaient de vrais petits bijoux de design.
Le scénario est un ton en dessous avec ce chassé-croisé des personnalités des deux coureurs Curtiss et Rowlf. On se retrouve dans une histoire presque jeunesse avec un dessin qui rappelle les comics Disney des années 30 et un morale bon enfant où les "méchants" sont pétris de bons sentiments pour un final en forme de happy end.
Pourtant l'auteur introduit des thématiques lourdes comme la Shoah ou le banditisme des années 30 aux USA. Mais on reste dans une approche soft et sans approfondissement d'autant plus que la chronologie de Pau est un peu fantaisiste.
Une lecture détente assez plaisante pour un large public avec un graphisme intéressant.
Je découvre le travail de Vincent Wagner avec cet album. C’est semble-t-il la première fois qu’il officie tout seul (il a souvent accompagné au dessin les scénarios de Roger Seiter). En tout cas, on peut dire que cette expérience solitaire est globalement une réussite.
Dans un long préambule, il explique la genèse de son travail, ses recherches : j’ai bien aimé cette présentation, qui montre qu’il a réuni une grosse documentation – ce qui se voit, et rend crédible cette aventure, malgré les aspects fantastiques développés.
Ainsi, si j’ai trouvé le dessin parfois inégal (quelques planches sont moins travaillées, les passages avec le loup et certains décors manquent peut-être de profondeur), je l’ai trouvé globalement bon. Dynamique, fluide, agréable. Une fausse simplicité qui accompagne très bien ce récit.
Récit qui, après un démarrage légèrement obscur, captive rapidement. J’ai aussi apprécié que Wagner choisisse une période finalement peu traitée de ces royaumes du Nord. Nous ne sommes plus à proprement parler dans la période Viking, et le christianisme ne s’est pas encore réellement implanté. Un entre-deux qui laisse la place pour l’imagination de l’auteur.
Pour le reste, le canevas de base est plutôt classique. Mais, comme je l’ai dit, dans un décor original, et avec une narration fluide, la lecture est agréable, et relativement rapide malgré une pagination conséquente.
Comme Ro, j’ai trouvé la fin abrupte et quelque peu surprenante. Mais elle m’a moins frustré que lui. Après tout, pourquoi ne pas rester sur une tonalité noire et dramatique ?
********************************
Lorsque j’avais lu « Saergard », j’en était ressorti satisfait, mais avec l’impression que la fin était un peu abrupte. Je pensais alors qu’il s’agissait d’un one-shot (rien n’indiquait alors qu’une suite était envisagée). C’est avec « Nordlys » que je découvre cette suite donc, ce qui permet d’avoir un développement faisant disparaître la frustration de la fin du premier tome.
Au final, je reste sur ma note. La lecture est agréable, et on ne s’ennuie jamais.
Reste quelques bémols : le dessin est encore très inégal, et certaines planches (colorisation comprise) m’ont semblé un chouia bâclées.
Ensuite, je trouve que le contexte historique et la localisation auraient pu être davantage exploitées (les débuts du christianisme dans le nord de l’Europe médiévale).
Ces réserves énoncées, c’est quand même une lecture très recommandable, de l’aventure médiévale – un peu fantastique (un peu moins dans ce second tome d'ailleurs) – bien menée. La fin peut éventuellement faire penser que Wagner ne s’interdit pas de poursuivre l’histoire.
J'ai plutôt bien aimé cette BD effectivement très inspirée des dialogues d'Audiard.
Et pourtant c'est justement cette particularité qui m'a un peu agacé sur les premières pages. C'est énormément d'argot parisien des années 50 à un point que ça m'a paru forcé. Et moi qui ne connaissais pas toutes ces expressions, j'ai trouvé un peu pénible cette utilisation répétitive du terme "se pager" par exemple.
Heureusement, cela se calme un peu au bout de quelques pages et j'ai enfin pu apprécier davantage ce polar façon Tontons Flingueurs, avec des vieux de la vieille qui se confrontent. Le dessin est sympa, les personnages plutôt bien trouvés, et le rythme d'ensemble est plutôt accrocheur. J'ai toutefois trouvé un peu bizarre le changement de comportement du gars qui initialement appelait à l'aide. Cela m'a empêché de savourer complètement l'histoire et de lui attribuer une meilleure note. S'il y a une suite, je lirai cependant volontiers les autres albums.
Parmi les 6 histoires de "Lucky Luke vu par", je place celle-ci en 3eme position.
J'ai pourtant vraiment eu du mal à accrocher au début, notamment avec le style de dessin que je n'aime pas trop, bien que je m'y sois habitué au fil de la lecture, mais aussi à cause de certains dialogues difficiles à déchiffrer.
Cela dit, une fois bien plongé dans l'histoire, j'ai passé un agréable moment de lecture. J'ai souri quelques fois grâce aux 2 fans qui suivent Lucky partout, et j'ai surtout été conquis par l'histoire du grand gaillard homosexuel.
Pas mal du tout.
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Les Pierres aveugles
Je connaissais Thierry Groensteen comme un excellent et très pertinent historien et théoricien de la BD, accessoirement comme directeur de collection exigeant chez Actes Sud. Je suis surpris de le découvrir ici en tant que scénariste. Et il ne m’a qu’en partie convaincu. Le sujet est intéressant, et les thématiques abordées sont prometteuses (un occidental est brutalement confronté – il est pris en otage ! – à une culture très différente – on est dans le Yemen profond, au moment où les attentats du 11 septembre 2001 vont crisper sérieusement certaines relations). Si la narration est globalement agréable, et la lecture fluide, j’ai trouvé un peu déséquilibrée la construction d’ensemble. En effet, je pense que Groensteen aurait pu, aurait dû étoffer son intrigue, en développer certaines parties, après la très longue mise en place. Le coup de foudre entre l’occidental et l’institutrice yéménite manque un peu de crédibilité, uniquement du fait qu’elle est bien trop brutale. Et c’est encore plus le cas des dernières pages, qui donne l’effet d’une conclusion expédiée, c’est dommage. En développant plus et mieux les points évoqués, cela aurait aussi eu le mérite de rendre moins manichéens certains personnages ou relations. Du coup, j’ai trouvé Groensteen un peu en deçà de ce qu’il énonce en tant que théoricien du médium BD. Par contre, contrairement à Erik, je n’ai pas trouvé que mettre en Arabe et en Français les dialogues des Yéménites était gênant. Ça ne m’a pas gêné, et au contraire j’ai trouvé que ça participait de la crédibilité du « décor » de l’intrigue. Note réelle 2,5/5.
Le Grimoire d'Elfie
Je suis assez partagé après la lecture des deux premiers épisodes et je ne sais pas si je continuerais la découverte de cette série. En effet j'ai bien aimé la lecture du T1 mais j'ai été déçu par le T2. Les scénaristes Alwett et Arleston piochent dans une atmosphère emprunte à Rowling et JP Pernaut. Il y a beaucoup de Rowling pour le côté Harry Potter assez marqué (le bus Impérial, la magie, le balai, l'orpheline (?) hébergée par la tante acariâtre, le sang métissé, l'âge de départ :11 ans). On sent aussi une volonté des auteurs de dévoiler au compte-gouttes le passé de la maman et de ses filles. C'est complété par un esprit beaux villages de France comme aux anciens JT de TF1. Cela passe plutôt bien au T1 grâce à une grenouille bien trouvée, une découverte des personnages et un décor de rêve pour une intrigue pleine d'humour et de bons sentiments. Malheureusement je n'ai pas accroché au T2. La magie disparait en grande partie et les personnages d'origami sont bien plus insignifiants que la grenouille du T1. Tout est centré sur une intrigue avec des personnages assez mièvres. Mais surtout les auteurs lèvent un pan du passé d'une façon assez maladroite et qui pour moi enferme le scénario dans une impasse. En effet en centrant le récit sur le lien Alistair/Elfie et la certitude de la paternité, le bon sens d'un adulte responsable implique la reconnaissance et la prise en charge de l'enfant. A mes yeux c'est le piège que propose le scénario au T1 en faisant intervenir un jugement bien léger du JAF. En effet si on veut inscrire l'action dans le cadre du droit familial pour écarter la tante, il faut aller jusqu'au bout. Pour moi toute la construction psy de Mélusine et d'Alistair (voire de Elfie) dépendent de ce point quant à leur positionnement d'adultes responsables ou pas. Le graphisme de Mini Ludvin est attractif bien que très standard et stéréotypé pour ce type de public. Le plus est le soin apporté aux décors très travaillés et réussis des petits villages et de leurs spécialités. J'ai beaucoup apprécié la mise en couleur très vive et lumineuse. Je souligne une autre contradiction, si l'idée du bus propose un visuel attractif on peut tiquer sur un gros diesel "qui pue" au milieu de ces espaces à préserver. J'attache toujours beaucoup d'importance (trop ?) aux détails des séries jeunesses. Je suis donc circonspect après une lecture sur laquelle j'ai tiqué en plusieurs endroits. 2.5
Katanga
Sur le papier, Katanga avait tout pour me plaire énormément : un contexte historique riche, un scénariste de renom, un dessin dynamique, une série courte et des avis globalement très positifs sur mon site marron préféré. En pratique, le tableau est moins rose qu'espéré. Le dessin m'a convaincu. Le trait est précis mais sait rester souple, pour un style réaliste avec une pointe de caricature. L'atmosphère est lourde, l'humidité omniprésente. Sur ce plan, pas grand-chose à redire, si ce n'est qu'il m'est arrivé de confondre quelques personnages, ce qui a un peu entravé ma lecture. Un salaud ressemble tellement à un autre salaud. Ma déception a pris corps au niveau du scénario et de la narration, malgré une introduction pourtant alléchante et bien menée, qui donnait vraiment envie de lire la suite, et un cadre qui m'intéressait beaucoup. Difficile de dire ce qui m'a éloigné de l'histoire. Peut-être un peu trop de rebondissements ? Selon moi, le récit aurait gagné à être allégé pour se concentrer davantage sur moins d'éléments. Ça se poignarde dans le dos dans tous les sens, ça viole, ça assassine, ça constitue des alliances sur deux pages pour mieux retourner la table juste après… Peut-être trop de perversion et de nature humaine malsaine ? Je ne me considère pas comme sensible d'habitude, mais là… il y a de quoi perdre le mince espoir que j'ai encore en l'humanité, et qui diminue à mesure que l'actualité récente se déroule sous mes yeux. J'ai eu de la peine à suivre et j'aurais pu abandonner ma lecture. Cela méritera sûrement une seconde lecture dans quelques temps. Note réelle : 2,5/5
Captifs
Ah les western ! Genre surreprésenté par rapport à la période historique qu'il couvre. Une BD qui m'a un peu décontenancé en début lecture vis à vis de son style graphique parfois photographique et un peu raide. Et puis soit le dessin s'améliore au fur et à mesure soit je m'y suis fait. Toujours est-il que ça se lit facilement, l'intrigue se met rapidement en route avec ses protagonistes (au sens propre). On apprend au passage quelques éléments historiques, on comprend certains rapports de forces, les injustices, les inégalités et les logiques propres à ces bouts de sociétés qui s'appliquent dans ce monde pas franchement neuf et déjà peuplé de différentes nations et peuples, dont les autochtones évidemment. Ni un grand récit d'aventure ni un grand récit historique, je suis au final un peu resté sur ma faim. Les personnages n'étant pas très attachants je me suis retrouvé assez détaché de leurs mésaventures. Ca donne une foi limitée en l'humanité et une envie de travailler la valeur d'universalisme. C'est déjà ça !
SHI
Les deux premiers tomes de cette série m'avaient carrément enthousiasmé, mais j'ai attendu de pouvoir lire les 6 actuellement parus avant d'exprimer mon avis... et malheureusement les tomes suivants m'ont moins convaincu. Le gros point fort de cette série tient dans son excellent dessin. Nous y sommes plongés dans une Londres Victorienne de toute beauté, avec des personnages ultra vivants, une superbe mise en scène et des séquences d'action aussi esthétiques que rythmées. Tout est absolument impeccable au niveau du graphisme. Seul léger regret, le côté racoleur de certaines scènes qui usent trop des charmes des héroïnes. D'autant qu'elles se révèlent lesbiennes... Mais ça tient plus à l'intrigue qu'à un reproche fait au dessin car elles sont très belles. L'intrigue des premiers tomes m'a accroché car j'y aimais son intensité, ces relations conflictuelles entre humains reflétant la mesquinerie de la société victorienne et de ses inégalités. La vengeance d'une femme qui a perdu son bébé rejointe par celle d'une autre qui réprouve sa famille d'aristocrates hautains qui l'utilise comme un objet bon à marier. A ce contexte familial et sociologique complexe s'ajoute une touche de fantastique avec des démons japonais s'échappent des tatouages de ceux qui les portent. C'était fort, dynamique, assez original et avec une grosse envie de savoir la suite. Mais cette suite m'a un peu déçu. Non pas que le dessin soit moins bon, il reste excellent de bout en bout. Mais j'ai trouvé que le scénario manquait de structure. Chaque enchainement est réaliste mais l'ensemble m'a donné l'impression de faire régulièrement trois pas en avant, deux pas en arrière, avec ce sentiment d'une intrigue globalement floue, seulement motivée par le moteur de la vengeance et d'une tentative de guerre secrète entre les héroïnes et l'Empire Britannique mais sans plan clair derrière. C'est comme si le scénariste ne savait pas trop où il allait et naviguait à vue. En outre, la part de fantastique s'est révélée un handicap dans la crédibilité car on a des démons ultrapuissants capables de détruire une flotte de cuirassés tandis que la majorité du temps ils sont inutiles et ne protègent les héroïnes que quand le scénariste n'y voit aucune autre alternative et les utilisaient en Deus Ex Machina. C'est comme si le scénariste ne savait pas ce qu'il allait pouvoir en faire et qu'ils le gênaient plus qu'autre chose. Qui plus est, je ne suis pas non plus tellement convaincu par les sous-intrigues parallèles se déroulant de nos jours : je trouve qu'elles brisent l'ambiance de la partie victorienne et n'apportent pas grand chose d'intéressant. Ces défauts m'ont empêché de pleinement savourer une série qui autrement a tous les atouts pour être excellente. C'est dommage car elle partait vraiment bien.
Le Porteur d'histoire
J'avais beaucoup aimé l'adaptation de la pièce d'Alexis Michalik sur Edmond. Ici l'histoire revisite un autre géant de la littérature avec une aventure qui met en scène le jeune Alexandre Dumas dans les prémices de la colonisation de l'Algérie. J'ai moins adhéré à la narration que je trouve un peu difficile à suivre avec des tableaux qui multiplient les allers-retours entre différentes époques. La gageure est de respecter le fondement de l'œuvre de Dumas qui s'appuie sur le récit d'aventure d'une chasse au trésor "saucissonnée" en épisodes de feuilletons qui doivent tenir en haleine le lecteur de journaux. Cela doit parfaitement fonctionner avec une mise en scène de théâtre qui peut apporter un rythme élevé avec le jeu des comédiens. Ici j'ai eu parfois du mal à suivre la cohérence du récit. Sans être désagréable le graphisme utilisé par Gaultier n'est pas dans l'esthétique que je préfère. Il a pourtant l'avantage de créer une ambiance mystérieuse qui convient bien au récit et à la figure de Martin qui se révèle de plus en plus énigmatique au fil des pages. Cela reste une lecture agréable.
Curtiss Hill
J'ai lu cette série animalière avec un bon plaisir visuel. Le graphisme de Pau nous renvoie très bien dans une atmosphère vintage des années 30. Comme nous sommes dans la collection Calandre de Paquet ; honneur est fait aux carrosseries des années 30. Pau dessine avec bonheur les vieilles Ferrari 166, Maserati ou Bugatti qui étaient de vrais petits bijoux de design. Le scénario est un ton en dessous avec ce chassé-croisé des personnalités des deux coureurs Curtiss et Rowlf. On se retrouve dans une histoire presque jeunesse avec un dessin qui rappelle les comics Disney des années 30 et un morale bon enfant où les "méchants" sont pétris de bons sentiments pour un final en forme de happy end. Pourtant l'auteur introduit des thématiques lourdes comme la Shoah ou le banditisme des années 30 aux USA. Mais on reste dans une approche soft et sans approfondissement d'autant plus que la chronologie de Pau est un peu fantaisiste. Une lecture détente assez plaisante pour un large public avec un graphisme intéressant.
La saga de Pelle (Snaergard, Nordlys)
Je découvre le travail de Vincent Wagner avec cet album. C’est semble-t-il la première fois qu’il officie tout seul (il a souvent accompagné au dessin les scénarios de Roger Seiter). En tout cas, on peut dire que cette expérience solitaire est globalement une réussite. Dans un long préambule, il explique la genèse de son travail, ses recherches : j’ai bien aimé cette présentation, qui montre qu’il a réuni une grosse documentation – ce qui se voit, et rend crédible cette aventure, malgré les aspects fantastiques développés. Ainsi, si j’ai trouvé le dessin parfois inégal (quelques planches sont moins travaillées, les passages avec le loup et certains décors manquent peut-être de profondeur), je l’ai trouvé globalement bon. Dynamique, fluide, agréable. Une fausse simplicité qui accompagne très bien ce récit. Récit qui, après un démarrage légèrement obscur, captive rapidement. J’ai aussi apprécié que Wagner choisisse une période finalement peu traitée de ces royaumes du Nord. Nous ne sommes plus à proprement parler dans la période Viking, et le christianisme ne s’est pas encore réellement implanté. Un entre-deux qui laisse la place pour l’imagination de l’auteur. Pour le reste, le canevas de base est plutôt classique. Mais, comme je l’ai dit, dans un décor original, et avec une narration fluide, la lecture est agréable, et relativement rapide malgré une pagination conséquente. Comme Ro, j’ai trouvé la fin abrupte et quelque peu surprenante. Mais elle m’a moins frustré que lui. Après tout, pourquoi ne pas rester sur une tonalité noire et dramatique ? ******************************** Lorsque j’avais lu « Saergard », j’en était ressorti satisfait, mais avec l’impression que la fin était un peu abrupte. Je pensais alors qu’il s’agissait d’un one-shot (rien n’indiquait alors qu’une suite était envisagée). C’est avec « Nordlys » que je découvre cette suite donc, ce qui permet d’avoir un développement faisant disparaître la frustration de la fin du premier tome. Au final, je reste sur ma note. La lecture est agréable, et on ne s’ennuie jamais. Reste quelques bémols : le dessin est encore très inégal, et certaines planches (colorisation comprise) m’ont semblé un chouia bâclées. Ensuite, je trouve que le contexte historique et la localisation auraient pu être davantage exploitées (les débuts du christianisme dans le nord de l’Europe médiévale). Ces réserves énoncées, c’est quand même une lecture très recommandable, de l’aventure médiévale – un peu fantastique (un peu moins dans ce second tome d'ailleurs) – bien menée. La fin peut éventuellement faire penser que Wagner ne s’interdit pas de poursuivre l’histoire.
Le Grizzli
J'ai plutôt bien aimé cette BD effectivement très inspirée des dialogues d'Audiard. Et pourtant c'est justement cette particularité qui m'a un peu agacé sur les premières pages. C'est énormément d'argot parisien des années 50 à un point que ça m'a paru forcé. Et moi qui ne connaissais pas toutes ces expressions, j'ai trouvé un peu pénible cette utilisation répétitive du terme "se pager" par exemple. Heureusement, cela se calme un peu au bout de quelques pages et j'ai enfin pu apprécier davantage ce polar façon Tontons Flingueurs, avec des vieux de la vieille qui se confrontent. Le dessin est sympa, les personnages plutôt bien trouvés, et le rythme d'ensemble est plutôt accrocheur. J'ai toutefois trouvé un peu bizarre le changement de comportement du gars qui initialement appelait à l'aide. Cela m'a empêché de savourer complètement l'histoire et de lui attribuer une meilleure note. S'il y a une suite, je lirai cependant volontiers les autres albums.
Lucky Luke - Choco-boys
Parmi les 6 histoires de "Lucky Luke vu par", je place celle-ci en 3eme position. J'ai pourtant vraiment eu du mal à accrocher au début, notamment avec le style de dessin que je n'aime pas trop, bien que je m'y sois habitué au fil de la lecture, mais aussi à cause de certains dialogues difficiles à déchiffrer. Cela dit, une fois bien plongé dans l'histoire, j'ai passé un agréable moment de lecture. J'ai souri quelques fois grâce aux 2 fans qui suivent Lucky partout, et j'ai surtout été conquis par l'histoire du grand gaillard homosexuel. Pas mal du tout.