L’histoire se déroule dans le Berlin des derniers instants du régime nazi, et des premiers mois de l’après-guerre, à l’heure de l’occupation de la ville en ruine par les Américains et les Russes, alors que tous cherchent des preuves pour alimenter les procès de Nuremberg. En particulier on recherche des anciens cadres nazis, mais aussi des photos prouvant les crimes. Les anciens photographes de la propagande nazie et leurs appareils (et ce qu’ils contiennent) deviennent ainsi l’enjeu d’une importante traque.
Si l’intrigue s’inspire directement de faits et personnages historiques, elle est bâtie comme une sorte de polar/thriller, avec des officiers américains enquêtant, un ancien officier SS menant une guerre impitoyable, et l’ancien photographe d’Hitler tentant d’échapper à l’identification et l’arrestation.
La narration est fluide, ça se laisse lire agréablement. Le dessin est classique, mais avare de détails.
J’ai été un peu frustré par le fait que la 3ème Kamera elle-même (celle que les hommes de la propagande allemande amenaient clandestinement en sus des deux « officielles », l’utilisant pour des photos potentiellement plus intéressantes car non visées par leurs supérieurs et les SS) n’était là que comme un objet, le sujet lui-même étant un peu évacué (traité rapidement vers la fin).
Par contre un important dossier final comble cette lacune. Il est très bien fait (documents photographiques, informations historiques).
Au final, une lecture intéressante, sur un sujet périphérique – mais pas anodin – de la seconde guerre mondiale.
Note réelle 3,5/5.
Une histoire qui se passe au temps des vieux gréements, avec des équipages rêvant de se mutiner et une carte au trésor. Des ingrédients très classiques. Mais qui ne forment ici qu’un lointain décor.
En effet, avec une sorte de vengeance comme fil rouge, l’histoire use de pas mal de fantastique, avec ces nombreux membres d’équipages retrouvés morts avec un grand A peint avec du sang sur leur visage.
La lecture est agréable, dynamique. Mais j’ai été un peu déçu vers la fin lorsque des « explications » sont données pour tous ces morts. Ici, expliquer le fantastique en rationalisant les décès est frustrant, et certaines explications sont un peu tirées par les cheveux.
Mais bon, c’est globalement un album sympathique, avec un dessin assez original, en tout cas avec un joli rendu.
L’album se laisse lire, la narration est fluide, comme le dessin d’ailleurs, agréable. On apprend aussi un certain nombre de choses au fil de l’histoire, sur le sport US au début du XXème siècle par exemple. On voit aussi en fin d’album un Dwight Eisenhower plein de morgue et manquant de scrupule (éloigné de l’image qu’il gagnera durant la seconde guerre mondiale). Et on apprend aussi à connaitre Jim Thrope (parfait inconnu me concernant), « monstre » sportif dans pas mal de disciplines (Football américain, Base-Ball, athlétisme – sur presque toutes les épreuves !).
Malgré tout ça, je suis sorti moins enthousiaste que mes prédécesseurs de cette lecture.
Je ne suis pas trop intéressé par le football américain ou le baseball, mais bon, ici ça peut passer. C’est surtout à Jim Thorpe lui-même – en tout cas celui qui nous est présenté ici – que je n’ai pas follement accroché. Je ne l’ai pas trouvé attachant. Pourtant, Indien déraciné à l’école Carlisle (tristement célèbre), pauvre damant le pion aux sportifs des écoles huppées, il y avait matière à m’intéresser davantage.
Mais Thorpe ressemble ici à un benêt obnubilé par le foot américain, courant, sautant, sans réfléchir, une personnalité transparente.
En tout cas pas un porte-parole amérindien face aux colonisateurs, comme la couverture semble le laisser penser (du coup je ne la trouve pas raccord avec le contenu).
Cela dit, c’est un grand champion (le dossier final le confirme), et il a été victime d’une grosse hypocrisie qui a longtemps perduré, puisqu’il a tout perdu et été exclu de pas mal de sport et de l’olympisme au motif qu’il avait participé une fois à une compétition payée en baseball (son école à hypocritement nié avoir été au courant, et tous les autres qui faisaient de même sous pseudo ont pu continuer).
Pas mal, mais sans plus me concernant.
Donjon Crépuscule, fut un temps, c'était la fin de Donjon. La fin de l'ensemble du projet.
On le sent dans le ton des récits, les enjeux sont plus grands, catastrophiques, cataclysmiques même.
Le récit est intriguant. On se retrouve 100 albums après le premier tome de Donjon Zenith, le monde a beaucoup changé (pour tout dire il a même cessé de bouger) et les personnages que nous connaissions sont soit morts soit bien différents de ce qu'iels étaient auparavant. Le mystère autour du Grand Khan et du Roi Poussière, savoir comment ils sont devenus comme ça, est vraiment prenant.
Et pourtant, malgré le fait que j'adore les récits parlant de cataclysmes, que j'aime le sujet de la fin (de la fin des choses, dans leur globalité) et que j'aime la plupart des personnages de l'univers encore vivants dans cette série, je n'y ai pas tant accroché que ça. La faute aux scénarios qui m'ont généralement moins convaincus (alors que l'intrigue de fond avec le grand Khan et l'entité est plus qu'intéressante) mais aussi à cause des personnages principaux.
Je n'aime pas vraiment Marvin Rouge et Zakûtu. Sur le papier iels sont intéressant-e-s, mais dans l'exécution je les trouve assez insupportables. Forcément, ça risque de poser problème dans mon appréciation de la série, puisqu'iels sont tout de même les personnages principaux de ces aventures (avec Marvin et Herbert, certes, mais on se concentre quand-même pas mal sur Marvin Rouge et Zakûtu dans la période Crépuscule).
La série reste bonne malgré tout, mais en deçà du reste je trouve.
Ce qui, encore une fois, est dommageable quand, dans son concept, elle aurait facilement pu être la plus intéressante à mes yeux.
Un album qui mélange histoire familiale et histoire de la Chine dans la seconde moitié du XXème siècle. L’auteur a recueilli le témoignage de quelques membres de sa famille – en particulier sa grand-mère, qui ont vécu les bouleversements consécutifs à la prise de pouvoir par Mao et le Parti communiste.
Pour sa famille ça a été une dure épreuve, certains ayant fui à Taïwan, tandis que la majeure partie de ses parents sont restés, en subissant quelques persécutions (il ne faisait pas bon être un intellectuel non communiste dans les années 1940-1950 !). Le passage où tout le village se rue pour saccager, piller la maison familiale à l’appel du commissaire local, en faisant fi des amitiés anciennes – pour ensuite changer de comportement en fonction des revirements officiels – est un peu glaçant.
Par contre, je regrette un peu que la longue période allant du début des années 1950 à la fin du XXème siècle soit survolée, à peine évoquée. Du coup, il manque un pan important de l’histoire chinoise (et familiale), jusqu’aux brèves retrouvailles entre le grand oncle venu de Taïwan et le reste de sa famille restée en Chine continentale. Peut-être l’auteur n’a-t-il pas eu suffisamment de matière avec les témoignages recueillis, pour plus traiter de cette période, je ne sais pas, mais ça m’a un peu frustré.
Le dessin, usant du Noir et Blanc, est très détaillé pour les personnages, les visages, plus avare pour les décors : c’est une histoire « à hauteur d’Homme ». j’ai bien aimé ce dessin en tout cas.
Malgré l’aspect un peu – beaucoup – fouillis (ou à cause de ça, je ne sais pas), j’ai bien aimé cet album. Pas exempt de défauts, et un peu brinquebalant (au niveau de la narration et du dessin), mais globalement je l’ai trouvé intéressant.
Lili Sohn a emménagé dans un immeuble ancien et atypique de Marseille, surnommé le « grand domaine ». Elle va ensuite essayer d’en dresser le portrait, dans présenter la généalogie.
On a donc au départ une histoire de cet immeuble. Mais ce travail élargit assez vite le sujet d’origine. En effet, au fil de ses recherches et de ses rencontres, l’auteur dresse un peu le portrait des occupants, tout en faisant une petite histoire de Marseille, puis du quartier dans lequel se trouve cet immeuble.
Ville cosmopolite s’il en est, Marseille se prête à ce type d’étude. Et l’immeuble est un catalyseur de cet aspect cosmopolite. C’est ainsi que les personnes qui témoignent, les voisins, donnent chair et cœur à une petite histoire urbaine. Sans être historienne ni sociologue, Lili Sohn réalise quand même un travail intéressant.
L’album mélange simples dessins, textes explicatifs et passages plus BD avec phylactères. L’ensemble se marie plutôt bien.
Un travail personnel et sociologique intéressant, qui donne à voir une facette de Marseille moins souvent traitée dans les médias, qui se focalisent plus facilement sur divers trafics, et plus généralement sur ce qui « va mal ».
Je découvre cet auteur italien avec cet album. Le moins qu’on puisse dire est qu’il nous propose quelque chose d’original.
Le dessin est un peu figé, les visages ne sont pas très expressifs. Mais je dois dire que ça participe de l’ambiance étrange qui est ici développée. Car c’est cette ambiance mystérieuse, onirique – on ne sait jamais si c’est la réalité ou le rêve, le passé ou le présent, que nous avons sous les yeux.
Erasme Deer vit avec son cuisinier et confident isolé et détesté des villageois alentour, dans une sorte de forteresse, de laquelle il peut secrètement sortir par un passage souterrain : au sortir, le passé revient au premier plan, un tigre se promène, et Erasme, qui essaye quand il est dans son château, d’échapper au passé en écrivant un conte, est rattrapé par son passé (ou alors c’est son imagination qui s’invite ?).
Une histoire qui ne livre pas tout – en tout cas des questions restent sans réponse. Mais la lecture est agréable, intrigante, et plaisante.
L'album m'avait été grandement recommandé par une collègue, il était classifié dans les "coups de cœur" de ma bibliothèque, les avis ici semblaient plus que positifs, je m'attendais donc à une très bonne lecture.
Malheureusement, bien qu'elle fut sympathique, j'avoue avoir été plutôt déçue par ladite lecture.
La faute à des attentes trop grande ou bien était-ce mon sincère ressenti ? Pour en être sûre, j'ai laissé mariner ma réflexion pendant deux mois. Au final je reste sur mon avis initial : l'album est bon mais ne m'a pas plu plus que ça.
La raison principale de ce ressenti c'est le personnage principal. J'avoue n'avoir pas réussi à m'intéresser à lui et à ses tourments durant la quasi-totalité de l'album. Sa relation désastreuse avec son père, son envie de faire de la photographie pour les mauvaises raisons, son hésitation entre la nécessité du travail qui lui est demandé et son envie d'aider les gens, tout ça est très bon sur le papier. Pour une raison qui m'échappe encore un peu, je suis restée totalement hermétique à son histoire.
L'album n'est pourtant pas mauvais non plus.
Déjà les dessins sont beaux. Les décors désertiques sont magnifiquement retranscris. S'il ne s'agissait que des graphismes et de l'ambiance désolée qu'ils installent, j'aurais sans aucun doute augmenté ma note.
Le sujet, ensuite, est intéressant. Je ne connaissais que de loin le sujet de ce Dust Bowl (tout ce que j'en savais venait des Raisins de la colère) mais j'ai trouvé la mise en image de cette catastrophe et de la misère humaine qu'elle a causée plus qu'intéressante.
Encore une fois, si l'album n'avait été qu'un documentaire ou que l'histoire personnelle du héros m'avait plus convaincue, nul doute que j'aurais pu être conquise.
Seule l'une des scènes finales m'a vraiment beaucoup marquée et ce n'est malheureusement qu'à partir de là que je me suis également attachée au protagoniste. Il s'agit juste d'un drame terre à terre, une personne mourant dans la misère face à un personnage incapable de la sauver et se sentant impuissant. Simple, efficace, j'ai pleuré.
Vraiment, si le personnage principal avait été rendu plus intéressant (en rajoutant un chouïa de je ne sais quoi), j'aurais sans doute mis un quatre étoiles.
Là, présentement, je ne peux en mettre que trois.
C'est le 3e manga de JP Nishi que je lis. Après celui où il racontait son propre séjour de japonais en France, et avant celui où il raconte sa vie de couple avec une française, cet album là raconte la vie de celle qui va devenir sa femme, une journaliste française venue vivre au Japon. C'est donc la vision du Japon par une française qui nous est offerte ici, une vision qui s'étale des années 90 à 2019 avec une découverte de plus en plus approfondie tandis que la narratrice, Karen, s'imprègne de la culture locale et parle de mieux en mieux la langue.
Les visions d'un français au Japon ne sont plus très originales de nos jours tant j'ai pu en lire mais comme j'aime ce pays, je suis toujours attiré par le sujet.
Le dessin de JP Nishi est reconnaissable dans sa simplicité. Il est efficace et arrive à son but, raconter une histoire et faire passer des idées, mais ce n'est pas vraiment pour le dessin que je conseillerais cette lecture. Ce qui surprend, c'est que c'est JP Nishi qui retranscrit la vie et les paroles de sa femme. Tout donne donc l'impression que c'est la femme qui parle, voire même qui se dessine, et qui montre elle-même la vision qu'elle a de son mari, le fameux JP Nishi, alors que son nom n'est même pas cité au scénario. La mise en abîme est un peu déstabilisante par moment.
L'album est structuré en chapitres qui sont visiblement des épisodes prépubliés séparément puisqu'on a souvent droit à une même introduction en guise de rappel du contexte sur les premières cases de chacun. Et du coup, ça leur permet d'aborder des thèmes différents, et aussi de se situer à des moments différents dans la biographie de Karen.
Les premiers épisodes m'ont laissé un peu froid. Il faut dire que la spécialité de l'héroïne quand elle est arrivée au Japon était la technologie et la narration se focalise trop sur ces sujets là, vantant la technologie japonaise de l'époque et notamment des éléments qui parleront peu aux lecteurs français comme le façon I-mode qui servaient au téléphones mobiles japonais. Ce n'est pas passionnant.
Heureusement, à partir du moment où il lui a été proposé d'écrire un livre sur les japonais eux-mêmes et non plus leur technologie, les sujets deviennent plus intéressants et vivants. On sent clairement la passion de la narratrice pour le Japon, et inversement elle n'hésite pas à mettre en avant les défauts de la France qui semblent lui sauter encore plus aux yeux après de nombreuses années de vie à Tokyo. C'est parfois un peu partial mais comme c'est une opinion, ça passe.
Je n'ai pas été complètement captivé cette lecture mais je l'ai trouvée intéressante et elle a réussi à m'apprendre des choses que je ne savais pas encore sur le Japon et ses habitants.
Une lecture sympathique.
Jalil est le champion d'un jeu télévisé intitulé "Comme tout le monde". Il peut deviner ce que pense la majorité des gens quelque soit le sujet. Cette particularité va donner des idées à une société de sondages. Ladite société va engager une jeune comédienne, Claire, pour le séduire et lui faire tester, à son insu, un très grand nombre de produits et ainsi en tirer des bénéfices.
Une lecture agréable qui pointe du doigt notre société de consommation et ses travers, nos hommes politiques ne sont pas épargnés. Mais c'est avant tout une histoire d'amour, et elle ne sera pas un long fleuve tranquille.
Le scénario est intéressant, après une premiere partie qui met en place l'histoire de belle manière, la suite est moins surprenante, elle rentre dans le rang. En effet, on devine assez rapidement comment va se terminer ce récit.
Tous les personnages, premiers et seconds rôles, sont très bien campés et apportent de la crédibilité au récit. J'ai aimé le côté garce de Claire, tout en restant très attachante.
Le dessin de Rudy Spiesser a du charme, son trait fin, lisible et légèrement caricatural est très expressif. Claire dégage de la sensualité et Jalil de la bonhomie.
Du bon travail.
Une intégrale recommandable.
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La 3e Kamera
L’histoire se déroule dans le Berlin des derniers instants du régime nazi, et des premiers mois de l’après-guerre, à l’heure de l’occupation de la ville en ruine par les Américains et les Russes, alors que tous cherchent des preuves pour alimenter les procès de Nuremberg. En particulier on recherche des anciens cadres nazis, mais aussi des photos prouvant les crimes. Les anciens photographes de la propagande nazie et leurs appareils (et ce qu’ils contiennent) deviennent ainsi l’enjeu d’une importante traque. Si l’intrigue s’inspire directement de faits et personnages historiques, elle est bâtie comme une sorte de polar/thriller, avec des officiers américains enquêtant, un ancien officier SS menant une guerre impitoyable, et l’ancien photographe d’Hitler tentant d’échapper à l’identification et l’arrestation. La narration est fluide, ça se laisse lire agréablement. Le dessin est classique, mais avare de détails. J’ai été un peu frustré par le fait que la 3ème Kamera elle-même (celle que les hommes de la propagande allemande amenaient clandestinement en sus des deux « officielles », l’utilisant pour des photos potentiellement plus intéressantes car non visées par leurs supérieurs et les SS) n’était là que comme un objet, le sujet lui-même étant un peu évacué (traité rapidement vers la fin). Par contre un important dossier final comble cette lacune. Il est très bien fait (documents photographiques, informations historiques). Au final, une lecture intéressante, sur un sujet périphérique – mais pas anodin – de la seconde guerre mondiale. Note réelle 3,5/5.
Les Damnés du grand large
Une histoire qui se passe au temps des vieux gréements, avec des équipages rêvant de se mutiner et une carte au trésor. Des ingrédients très classiques. Mais qui ne forment ici qu’un lointain décor. En effet, avec une sorte de vengeance comme fil rouge, l’histoire use de pas mal de fantastique, avec ces nombreux membres d’équipages retrouvés morts avec un grand A peint avec du sang sur leur visage. La lecture est agréable, dynamique. Mais j’ai été un peu déçu vers la fin lorsque des « explications » sont données pour tous ces morts. Ici, expliquer le fantastique en rationalisant les décès est frustrant, et certaines explications sont un peu tirées par les cheveux. Mais bon, c’est globalement un album sympathique, avec un dessin assez original, en tout cas avec un joli rendu.
Jim Thorpe
L’album se laisse lire, la narration est fluide, comme le dessin d’ailleurs, agréable. On apprend aussi un certain nombre de choses au fil de l’histoire, sur le sport US au début du XXème siècle par exemple. On voit aussi en fin d’album un Dwight Eisenhower plein de morgue et manquant de scrupule (éloigné de l’image qu’il gagnera durant la seconde guerre mondiale). Et on apprend aussi à connaitre Jim Thrope (parfait inconnu me concernant), « monstre » sportif dans pas mal de disciplines (Football américain, Base-Ball, athlétisme – sur presque toutes les épreuves !). Malgré tout ça, je suis sorti moins enthousiaste que mes prédécesseurs de cette lecture. Je ne suis pas trop intéressé par le football américain ou le baseball, mais bon, ici ça peut passer. C’est surtout à Jim Thorpe lui-même – en tout cas celui qui nous est présenté ici – que je n’ai pas follement accroché. Je ne l’ai pas trouvé attachant. Pourtant, Indien déraciné à l’école Carlisle (tristement célèbre), pauvre damant le pion aux sportifs des écoles huppées, il y avait matière à m’intéresser davantage. Mais Thorpe ressemble ici à un benêt obnubilé par le foot américain, courant, sautant, sans réfléchir, une personnalité transparente. En tout cas pas un porte-parole amérindien face aux colonisateurs, comme la couverture semble le laisser penser (du coup je ne la trouve pas raccord avec le contenu). Cela dit, c’est un grand champion (le dossier final le confirme), et il a été victime d’une grosse hypocrisie qui a longtemps perduré, puisqu’il a tout perdu et été exclu de pas mal de sport et de l’olympisme au motif qu’il avait participé une fois à une compétition payée en baseball (son école à hypocritement nié avoir été au courant, et tous les autres qui faisaient de même sous pseudo ont pu continuer). Pas mal, mais sans plus me concernant.
Donjon Crépuscule
Donjon Crépuscule, fut un temps, c'était la fin de Donjon. La fin de l'ensemble du projet. On le sent dans le ton des récits, les enjeux sont plus grands, catastrophiques, cataclysmiques même. Le récit est intriguant. On se retrouve 100 albums après le premier tome de Donjon Zenith, le monde a beaucoup changé (pour tout dire il a même cessé de bouger) et les personnages que nous connaissions sont soit morts soit bien différents de ce qu'iels étaient auparavant. Le mystère autour du Grand Khan et du Roi Poussière, savoir comment ils sont devenus comme ça, est vraiment prenant. Et pourtant, malgré le fait que j'adore les récits parlant de cataclysmes, que j'aime le sujet de la fin (de la fin des choses, dans leur globalité) et que j'aime la plupart des personnages de l'univers encore vivants dans cette série, je n'y ai pas tant accroché que ça. La faute aux scénarios qui m'ont généralement moins convaincus (alors que l'intrigue de fond avec le grand Khan et l'entité est plus qu'intéressante) mais aussi à cause des personnages principaux. Je n'aime pas vraiment Marvin Rouge et Zakûtu. Sur le papier iels sont intéressant-e-s, mais dans l'exécution je les trouve assez insupportables. Forcément, ça risque de poser problème dans mon appréciation de la série, puisqu'iels sont tout de même les personnages principaux de ces aventures (avec Marvin et Herbert, certes, mais on se concentre quand-même pas mal sur Marvin Rouge et Zakûtu dans la période Crépuscule). La série reste bonne malgré tout, mais en deçà du reste je trouve. Ce qui, encore une fois, est dommageable quand, dans son concept, elle aurait facilement pu être la plus intéressante à mes yeux.
Lettres de Taipei
Un album qui mélange histoire familiale et histoire de la Chine dans la seconde moitié du XXème siècle. L’auteur a recueilli le témoignage de quelques membres de sa famille – en particulier sa grand-mère, qui ont vécu les bouleversements consécutifs à la prise de pouvoir par Mao et le Parti communiste. Pour sa famille ça a été une dure épreuve, certains ayant fui à Taïwan, tandis que la majeure partie de ses parents sont restés, en subissant quelques persécutions (il ne faisait pas bon être un intellectuel non communiste dans les années 1940-1950 !). Le passage où tout le village se rue pour saccager, piller la maison familiale à l’appel du commissaire local, en faisant fi des amitiés anciennes – pour ensuite changer de comportement en fonction des revirements officiels – est un peu glaçant. Par contre, je regrette un peu que la longue période allant du début des années 1950 à la fin du XXème siècle soit survolée, à peine évoquée. Du coup, il manque un pan important de l’histoire chinoise (et familiale), jusqu’aux brèves retrouvailles entre le grand oncle venu de Taïwan et le reste de sa famille restée en Chine continentale. Peut-être l’auteur n’a-t-il pas eu suffisamment de matière avec les témoignages recueillis, pour plus traiter de cette période, je ne sais pas, mais ça m’a un peu frustré. Le dessin, usant du Noir et Blanc, est très détaillé pour les personnages, les visages, plus avare pour les décors : c’est une histoire « à hauteur d’Homme ». j’ai bien aimé ce dessin en tout cas.
Chroniques du grand domaine
Malgré l’aspect un peu – beaucoup – fouillis (ou à cause de ça, je ne sais pas), j’ai bien aimé cet album. Pas exempt de défauts, et un peu brinquebalant (au niveau de la narration et du dessin), mais globalement je l’ai trouvé intéressant. Lili Sohn a emménagé dans un immeuble ancien et atypique de Marseille, surnommé le « grand domaine ». Elle va ensuite essayer d’en dresser le portrait, dans présenter la généalogie. On a donc au départ une histoire de cet immeuble. Mais ce travail élargit assez vite le sujet d’origine. En effet, au fil de ses recherches et de ses rencontres, l’auteur dresse un peu le portrait des occupants, tout en faisant une petite histoire de Marseille, puis du quartier dans lequel se trouve cet immeuble. Ville cosmopolite s’il en est, Marseille se prête à ce type d’étude. Et l’immeuble est un catalyseur de cet aspect cosmopolite. C’est ainsi que les personnes qui témoignent, les voisins, donnent chair et cœur à une petite histoire urbaine. Sans être historienne ni sociologue, Lili Sohn réalise quand même un travail intéressant. L’album mélange simples dessins, textes explicatifs et passages plus BD avec phylactères. L’ensemble se marie plutôt bien. Un travail personnel et sociologique intéressant, qui donne à voir une facette de Marseille moins souvent traitée dans les médias, qui se focalisent plus facilement sur divers trafics, et plus généralement sur ce qui « va mal ».
Dans les contes, il ne pleut jamais
Je découvre cet auteur italien avec cet album. Le moins qu’on puisse dire est qu’il nous propose quelque chose d’original. Le dessin est un peu figé, les visages ne sont pas très expressifs. Mais je dois dire que ça participe de l’ambiance étrange qui est ici développée. Car c’est cette ambiance mystérieuse, onirique – on ne sait jamais si c’est la réalité ou le rêve, le passé ou le présent, que nous avons sous les yeux. Erasme Deer vit avec son cuisinier et confident isolé et détesté des villageois alentour, dans une sorte de forteresse, de laquelle il peut secrètement sortir par un passage souterrain : au sortir, le passé revient au premier plan, un tigre se promène, et Erasme, qui essaye quand il est dans son château, d’échapper au passé en écrivant un conte, est rattrapé par son passé (ou alors c’est son imagination qui s’invite ?). Une histoire qui ne livre pas tout – en tout cas des questions restent sans réponse. Mais la lecture est agréable, intrigante, et plaisante.
Jours de sable
L'album m'avait été grandement recommandé par une collègue, il était classifié dans les "coups de cœur" de ma bibliothèque, les avis ici semblaient plus que positifs, je m'attendais donc à une très bonne lecture. Malheureusement, bien qu'elle fut sympathique, j'avoue avoir été plutôt déçue par ladite lecture. La faute à des attentes trop grande ou bien était-ce mon sincère ressenti ? Pour en être sûre, j'ai laissé mariner ma réflexion pendant deux mois. Au final je reste sur mon avis initial : l'album est bon mais ne m'a pas plu plus que ça. La raison principale de ce ressenti c'est le personnage principal. J'avoue n'avoir pas réussi à m'intéresser à lui et à ses tourments durant la quasi-totalité de l'album. Sa relation désastreuse avec son père, son envie de faire de la photographie pour les mauvaises raisons, son hésitation entre la nécessité du travail qui lui est demandé et son envie d'aider les gens, tout ça est très bon sur le papier. Pour une raison qui m'échappe encore un peu, je suis restée totalement hermétique à son histoire. L'album n'est pourtant pas mauvais non plus. Déjà les dessins sont beaux. Les décors désertiques sont magnifiquement retranscris. S'il ne s'agissait que des graphismes et de l'ambiance désolée qu'ils installent, j'aurais sans aucun doute augmenté ma note. Le sujet, ensuite, est intéressant. Je ne connaissais que de loin le sujet de ce Dust Bowl (tout ce que j'en savais venait des Raisins de la colère) mais j'ai trouvé la mise en image de cette catastrophe et de la misère humaine qu'elle a causée plus qu'intéressante. Encore une fois, si l'album n'avait été qu'un documentaire ou que l'histoire personnelle du héros m'avait plus convaincue, nul doute que j'aurais pu être conquise. Seule l'une des scènes finales m'a vraiment beaucoup marquée et ce n'est malheureusement qu'à partir de là que je me suis également attachée au protagoniste. Il s'agit juste d'un drame terre à terre, une personne mourant dans la misère face à un personnage incapable de la sauver et se sentant impuissant. Simple, efficace, j'ai pleuré. Vraiment, si le personnage principal avait été rendu plus intéressant (en rajoutant un chouïa de je ne sais quoi), j'aurais sans doute mis un quatre étoiles. Là, présentement, je ne peux en mettre que trois.
Ivre du Japon
C'est le 3e manga de JP Nishi que je lis. Après celui où il racontait son propre séjour de japonais en France, et avant celui où il raconte sa vie de couple avec une française, cet album là raconte la vie de celle qui va devenir sa femme, une journaliste française venue vivre au Japon. C'est donc la vision du Japon par une française qui nous est offerte ici, une vision qui s'étale des années 90 à 2019 avec une découverte de plus en plus approfondie tandis que la narratrice, Karen, s'imprègne de la culture locale et parle de mieux en mieux la langue. Les visions d'un français au Japon ne sont plus très originales de nos jours tant j'ai pu en lire mais comme j'aime ce pays, je suis toujours attiré par le sujet. Le dessin de JP Nishi est reconnaissable dans sa simplicité. Il est efficace et arrive à son but, raconter une histoire et faire passer des idées, mais ce n'est pas vraiment pour le dessin que je conseillerais cette lecture. Ce qui surprend, c'est que c'est JP Nishi qui retranscrit la vie et les paroles de sa femme. Tout donne donc l'impression que c'est la femme qui parle, voire même qui se dessine, et qui montre elle-même la vision qu'elle a de son mari, le fameux JP Nishi, alors que son nom n'est même pas cité au scénario. La mise en abîme est un peu déstabilisante par moment. L'album est structuré en chapitres qui sont visiblement des épisodes prépubliés séparément puisqu'on a souvent droit à une même introduction en guise de rappel du contexte sur les premières cases de chacun. Et du coup, ça leur permet d'aborder des thèmes différents, et aussi de se situer à des moments différents dans la biographie de Karen. Les premiers épisodes m'ont laissé un peu froid. Il faut dire que la spécialité de l'héroïne quand elle est arrivée au Japon était la technologie et la narration se focalise trop sur ces sujets là, vantant la technologie japonaise de l'époque et notamment des éléments qui parleront peu aux lecteurs français comme le façon I-mode qui servaient au téléphones mobiles japonais. Ce n'est pas passionnant. Heureusement, à partir du moment où il lui a été proposé d'écrire un livre sur les japonais eux-mêmes et non plus leur technologie, les sujets deviennent plus intéressants et vivants. On sent clairement la passion de la narratrice pour le Japon, et inversement elle n'hésite pas à mettre en avant les défauts de la France qui semblent lui sauter encore plus aux yeux après de nombreuses années de vie à Tokyo. C'est parfois un peu partial mais comme c'est une opinion, ça passe. Je n'ai pas été complètement captivé cette lecture mais je l'ai trouvée intéressante et elle a réussi à m'apprendre des choses que je ne savais pas encore sur le Japon et ses habitants.
Comme tout le monde
Une lecture sympathique. Jalil est le champion d'un jeu télévisé intitulé "Comme tout le monde". Il peut deviner ce que pense la majorité des gens quelque soit le sujet. Cette particularité va donner des idées à une société de sondages. Ladite société va engager une jeune comédienne, Claire, pour le séduire et lui faire tester, à son insu, un très grand nombre de produits et ainsi en tirer des bénéfices. Une lecture agréable qui pointe du doigt notre société de consommation et ses travers, nos hommes politiques ne sont pas épargnés. Mais c'est avant tout une histoire d'amour, et elle ne sera pas un long fleuve tranquille. Le scénario est intéressant, après une premiere partie qui met en place l'histoire de belle manière, la suite est moins surprenante, elle rentre dans le rang. En effet, on devine assez rapidement comment va se terminer ce récit. Tous les personnages, premiers et seconds rôles, sont très bien campés et apportent de la crédibilité au récit. J'ai aimé le côté garce de Claire, tout en restant très attachante. Le dessin de Rudy Spiesser a du charme, son trait fin, lisible et légèrement caricatural est très expressif. Claire dégage de la sensualité et Jalil de la bonhomie. Du bon travail. Une intégrale recommandable.