J'avais déjà lu une BD de Phicil, mais je n'avais pas noté que c'était lui qui était aux commandes de cette BD. En tout cas, j'ai immédiatement reconnu son coup de crayon au niveau des nez !
La BD est une petite histoire en forme de conte, mais aussi de balade dans Londres de l'époque victorienne. L'idée d'un petit peuple qui découvre le monde humain n'est pas nouveau mais relativement bien exploité, notamment en essayant de comprendre ce qui fait que les humains soient capable de telles choses. Le personnage de Rameau est une jeune insouciante qui rêve de robes magnifiques ou de jolis colifichet, sans se demander quel monde produit ce genre de choses. La découverte des personnes de l'époque victorienne est d'ailleurs descendante, des plus grands jusqu'au plus humble. Une manière de représenter la société qui termine sur la note amère de toute l'horreur du XIXè siècle.
Je dois être honnête, si j'ai trouvé l'ensemble très sympathique, je ne suis pas plus impliqué que ça dans le récit. C'est une jolie histoire de découverte, mais je trouve que certains personnages présentés sont assez peu intéressants. Il n'y a pas de réels liens établis avec les protagonistes, c'est plus pour les lecteurs qui connaitraient les personnages et les replacent dans le récit. D'ailleurs je n'en connaissais pas certain, ce qui m'a fait me demander comment les choix on été fait.
Au final, c'est une lecture plaisante mais que je n'ai qu'apprécié de loin, sans vraiment rentrer dedans. C'est mignon et plaisant, mais je l'oublierai sans doute assez vite.
Pour quelqu'un comme moi qui ne s'intéresse pas à la religion, même de loin, j'ai trouvé cette lecture ma foi fort intéressante. J'ai apprécié découvrir un peu plus l'histoire de la Bible, notamment la lutte pour la copie des ouvrages religieux et les passages sur des personnages emblématiques de la religion.
Le style de dessin simple ne m'a pas déplu. J'ai particulièrement aimé le contraste entre les dessins du présent, mettant en scène la petite famille, et les moments historiques racontés par le père, autant dans la mise en page que dans la colorisation.
J'ai trouvé le père très sympathique dans sa manière de raconter les histoires. Il dégage une forme de sagesse agréable avec un brin de folie amusant lorsqu'il interrompt son récit pour proposer de regarder un DVD en lien avec ce qu'il raconte.
Une lecture à emprunter à l'occasion pour ceux qui comme moi, ne se sentent pas concernés par ce récit.
Hum, après lecture de beaucoup de documentaire, je dirais que cette BD m'a semblé moins bonne que ce que j'ai déjà lu. La faute en incombe, selon moi, non pas au sujet qui est pertinent, sourcé et très intéressant, mais à la forme.
J'ai lu la BD sur plusieurs jours, parce qu'elle est assez dense malgré sa petite taille. Son style de dessin naïf et ses grandes cases avec du texte en blanc sur noir n'est pas sans m'évoquer Klou et son travail sur Bagarre érotique - Récits d'une travailleuse du sexe, les deux œuvres entrant d'ailleurs en résonance. Mais au-delà du témoignage, c'est un travail de recherche qu'a effectuée Liv Strömquist. Sur cette question, je suis juste surpris de la présence de Bruno Bettelheim dans la dernière partie, auteur que je sais être controversé sur différentes prises de position. Mais pour le reste, rien à redire sur la bibliographie et les sources !
Maintenant, si la BD explore plusieurs aspects autour du sexe féminin et l'historique qui y est associée, montrant factuellement des exemples d'inégalités de ce traitement jusque dans les manuels scolaires récents, c'est malheureusement assez moins bien fait dans la forme. La BD est découpée en différents chapitres, sans lien entre ceux-ci et l'ensemble reste aussi sans conclusion. Je comprends la façon de faire, mais je trouve dommage qu'après une telle exposition pertinente, il n'y ait pas le travail de mise en relation et ce petit final qui permet de développer le propos vers autre chose. En l'occurrence rien de plus n'est apporté, je trouve ça frustrant.
C'est le seul vrai reproche que j'ai avec cette BD, mais en l'état l'absence de développement au-delà de ces informations fait que si vous avez déjà entendu parler de la plupart de ce qui est dit ici, il n'y a pas grand chose de plus à se mettre sous la dent. J'aurais apprécié une petite considération sur ce qu'il est possible de faire, les avancées dans le domaine, les questionnements politiques aussi. Bref, c'est une bonne BD qui a sans doute marquée bon nombre de lectrices et de lecteurs, mais pour ma part je l'ai trouvé intéressante mais peu impactante. Une note qui est un reflet de ma lecture, pas de la BD !
Le sujet est magnifique même si visiblement éculé pour cet auteur : comment la nostalgie d'un amour de jeunesse hante et oriente nos vies. Les illustrations et couleurs sont plutôt réussies, l'ensemble se présentant agréablement sous la forme du pur divertissement romantique. C'est engageant et susceptible de secouer intimement nos souvenirs. Cela se heurte aussi à la comparaison avec une lecture récente, l'assez réussi Fidji.
Simplement, le traitement est moins intéressant. Le préambule permettant de situer et définir les personnages masculins est à la fois habile et inutilement rocambolesque pour ce qui concerne le repas de famille et la saugrenue invitation d'une jeune fille lambda au déjeuner. Et force est d'admettre, qu'à la fin de ce 1er tome, les personnages sont mal caractérisés et la probable crispation née de cette fascination commune pour une même fille demeure non évoquée.
L'ensemble n'en reste pas moins agréable à lire, mais c'est aussi anecdotique que les fêtes grandioses évoquées : l'imaginaire présenté est bien creux (luxe, débauche aseptisée et sans conséquence, provocations futiles et sans finalité), quand l'on espérait sentimentalement davantage de ciel, vagues et étoiles.
Sympa, mais dommage que ce ne soit qu'un one shot.
Bon, déjà merci Jetjet, j'avais noté la BD après avoir lu ton avis et voilà, lecture fini.
J'ai adoré le style du dessin. Les visages sans nez sont particuliers, simple mais très expressif, ça m'a clairement fait penser au style dans Furieuse que j'avais adoré en partie pour ça aussi. Puis la colorisation, pour le peu qu'il y en a, est vraiment réussie.
L'histoire est prenante et c'est le genre que j'aime beaucoup regarder en film. Au moment où je pensais à Tarantino, l'un des personnages fait la réflexion "Nan mais ça va. On n'est pas dans un film de Tarantino, t'as vu", ça m'a fait sourire. Mais voilà, c'est aussi pour ça que je suis assez déçu de ce one shot qui partait effectivement dans une direction à la Tarantino et qui au final s'achève brusquement. Ça méritait clairement une suite, autant sur leurs galères que sur le développement des personnages. Et donc j'en ressors avec une petite frustration qui m'empêche de mettre une meilleure note.
Alan Moore en jeune débutant
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Ce tome regroupe les 3 histoires d'Halo Jones écrites par Alan Moore et dessinée par Ian Gibson en 1985/1986. Ces trois livres ont été prépubliés dans le magazine hebdomadaire anglais 2000 AD, par tranche de 5 pages (appelée un prog, abrégé pour Programme).
Livre 1 (Progs 376 à 385) - Halo Jones est une jeune de femme de 18 ans qui vit dans un ghetto pauvre en l'an de grâce 4949. Elle vit dans un petit appartement avec 2 copines et une grand-mère. Halo Jones décide d'accompagner Rodice faire les courses, avec Toby leur chien cybernétique. C'est un défi de taille.
Livre 2 (Progs 405 à 415) - Halo Jones s'est engagé à bord du vaisseau spatial Clara Pandy, comme hôtesse de bord. Elle s'est liée d'amitié avec Toy Molto, sa coturne, et elle bénéficie de la présence de Toby. Au fil des jours, elle va rencontrer une étrange passagère clandestine, un groupe de rat et une race extraterrestre intelligente ayant la forme de dauphins.
Livre 3 (Progs 451 à 466) - De petits boulots en petits boulots, Halo Jones a fini par échouer sur une planète arriérée, loin des routes commerciales spatiales. Elle noie son mal être dans un alcool bon marché. Elle profite du passage d'un vaisseau militaire de recrutement pour s'engager dans l'armée. Elle se retrouve rapidement sur un champ de bataille et de massacre.
À l'époque de sa parution, cette série présente plusieurs particularités qui la font ressortir par rapport à l'ordinaire de 2000 AD. Pour commencer, Alan Moore a créé un personnage principal de sexe féminin qu'il écrit avec une certaine crédibilité et une certaine retenue. Halo Jones n'a pas de superpouvoirs, pas de capacités extraordinaires, pas d'aisance financière. C'est une jeune femme confinée au prolétariat sans grand espoir d'évolution. La première histoire semble particulièrement prosaïque malgré le décor de science-fiction : réussir à se ravitailler en traversant des zones plus ou moins dangereuses, ou plus ou moins exotiques du Hoop, l'environnement défavorisé où elle habite.
Le deuxième livre commence par un prologue situé plusieurs siècles dans le futur où un historien parle d'elle comme d'une figure historique polémique. Alan Moore indique donc au lecteur l'importance de cette jeune femme, et revient tout de suite à son histoire au jour le jour, avec ces rencontres à bord du Clara Pandy. le lecteur a l'impression de replonger dans les histoires courtes des inédits d'Alan Moore, avec Halo Jones en personnage principal récurrent. Il réussit une sublime histoire autour d'un individu tellement dépourvu de personnalité qu'il est imperceptible. Mais le récit global manque d'envergure et densité narrative. Au cours de ces 2 premiers livres, Alan Moore expérimente également en termes de narration que ce soit avec le langage (sous la forme de mots inventés tels que Sensayuma pour Sense of humor), ou avec des références peu usitées à l'époque (un koan avec le son d'une main qui applaudit, Jackson Pollock, ou le chat de Schrödinger).
Avec le troisième livre, Alan Moore fait montre de plus d'ambition et d'un point de vue plus affirmé. Il transpose, de manière littérale, certaines des atrocités de la guerre du Vietnam dans ce décor futuriste (le collier d'oreilles est un indice sur lequel le lecteur ne peut pas se tromper). La force de cette partie est de montrer l'embrigadement participatif d'Halo Jones dans les forces armées, sa participation volontaire à la pacification des populations ennemies. Alan Moore continue de décrire son héroïne comme un individu très banal, essayant simplement de trouver un métier, et de gagner de quoi subsister. S'il est parfois difficile de faire abstraction des références au Vietnam, le lecteur est impliqué par la situation de Jones, et ressent une forte empathie vis-à-vis de cette personne. L'augmentation du quota de péripéties aide également à créer une tension narrative.
Tous les épisodes sont illustrés en noir & blanc par Ian Gibson qui s'améliore lui aussi de livre en livre. La présente édition utilise un format plus petit que l'original, ce qui tasse un peu les dessins. Gibson utilise un style un peu griffonné où les traits d'encrage non significatifs servent autant à texturer les surfaces qu'à remplir les blancs. Cela résulte en des cases un peu surchargées, pas très agréables à l'œil, un effet accentué par la réduction de la reprographie. Au départ, les évocations futuristes des décors assurent le minimum syndical, et il faut attendre le troisième livre pour commencer à avoir quelque chose d'un peu original à se mettre sous la dent. Les personnages se distinguent surtout par leur coupe de cheveux, plus que par leur silhouette ou leur tenue vestimentaire. le personnage le plus réussi visuellement est Toby le chien cybernétique. Ian Gibson a un style original dans sa manière de représenter les personnages avec des silhouettes qui ne sont pas bodybuildées et des vêtements parsemés de plis disgracieux. Mais il a du mal à créer une vision originale et développée du monde dans lequel Halo Jones évolue, avant le troisième tome. Il a également l'art et la manière de coller des traits non significatifs en fond de case pour donner l'illusion d'un décor fouillé (mais qui se révèle totalement superficiel et factice lorsque le lecteur s'y attarde un instant).
Il s'agit donc d'une œuvre de jeunesse d'Alan Moore qui s'améliore au fil des pages et qui présente l'originalité de mettre en scène une héroïne féminine très crédible, sans être extraordinaire.
Mort et naissance de Robin
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Ce recueil regroupe 2 histoires distinctes : Un deuil dans la famille (A death in the family, épisodes 426 à 429 de la série Batman, 1988) + A lonely place of dying (épisodes 440 à 442 de Batman, et 60 & 61 de New Titans, 1989).
A la fin des années 80, Batman est affublé d'un nouveau Robin (Jason, Todd), l'ancien (Dick Grayson) ayant gagné ses galons de superhéros à part entière sous le nom de Nightwing et faisant partie de l'équipe de Titans. Problème : Jason Todd ne rencontre pas l'adhésion des lecteurs. Solution : Jim Starlin doit écrire un scénario permettant de mettre Jason sur la touche. Résultat : "Un deuil dans la famille" dans lequel Jason Todd part à la recherche de sa mère et tombe sur le Joker.
Avec cette histoire, nous sommes à la fin des 80, le marché américain des comics achève sa mutation en passant de la vente en kiosque à la vente en librairie spécialisée. Les responsables de série développent de nouvelles méthodes de marketing pour augmenter la visibilité de leur produit. Après une période flottement au scénario, Dennis O'Neil (le responsable éditorial de la série mensuelle Batman) sait qu'il tient une équipe solide avec Jim Starlin au scénario et Jim Aparo aux dessins (encré par Mike DeCarlo). Mais il lui faut absolument trouver comment le faire savoir. Son premier essai est la création du concept de la minisérie dans la série avec Ten nights of the Beast (en anglais). C'est un succès. "Un deuil dans la famille" reprend la même recette en l'améliorant encore.
Dans les sphères éditoriales, les responsables n'arrivent pas à trancher s'il faut évacuer cette encombrante version de l'assistant adolescent (sidekick) définitivement ou temporairement. Dennis O'Neil a une proposition de génie : DC Comics va faire voter ses lecteurs, par téléphone, pour savoir ce qu'il préfère. Tapez 1 Jason survit, tapez 2, Jason meurt. Et tout ça 15 ans avant le Loft et la Star Ac', et tous les programmes interactifs de la téléréalité. L'industrie des comics franchit un bond dans le domaine de l'interactivité.
L'histoire trahit son âge avec ces sentiments exacerbés, une logique infantile (comme par hasard le plus grand des superhéros intervient à la fin pour emporter la victoire), et des codes graphiques encore à destination d'un lectorat jeune (un personnage arrachant son masque pour dévoiler la cagoule de Batman en dessous). À condition de supporter ce mode de narration, le lecteur peut satisfaire sa curiosité quant aux circonstances de la disparition de ce Robin. 3 étoiles pour la valeur historique (sinon 2 étoiles comme récit témoin de son époque).
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Après le succès commercial du décès de Jason Todd, la question se pose de savoir s'il doit y avoir un nouveau Robin ou pas. à l'époque, Dennis O'Neil (responsable éditorial) expliquait longuement que beaucoup d'enfants avaient été traumatisés par la mort de ce héros et qu'ils avaient besoin d'un nouveau Robin. Dans la réalité, DC Comics était confronté à 2 soucis. le premier est que le personnage de Robin est décliné sur moult produits de merchandising (mug, figurine, draps, caleçon...) et que le département marketing exigeait son retour pour continuer à pouvoir vendre des produits dérivés. le second problème est que sans Robin les histoires de Batman ressemblent de plus en plus à celles du Punisher : exterminons les méchants avec le maximum de violence. Ça tourne en rond et ça aliène une partie du lectorat. La décision est vite prise.
A lonely place of dying raconte comment un jeune homme du nom de Tim Drake a été marqué à vie par une sortie au cirque au cours de laquelle 2 voltigeurs ont trouvé la mort (les parents de Dick Grayson) et Batman a protégé leur fils. Plusieurs années plus tard, Batman a un comportement de plus en plus violent et de moins en moins intelligent, juste après l'annonce de la mort de Jason Todd. Tim Drake se donne pour mission de rabibocher Bruce Wayne et Dick Grayson pour ramener un peu de lumière et de joie dans la vie du Chevalier Sombre (Dark Knight).
Marv Wolfman (scénariste) combine très intelligemment les exigences éditoriales (Tim Drake doit être sympathique sans être nunuche et son histoire doit le rendre légitime aux yeux des fans) pour dérouler un scénario plus fin que les comics de l'époque. Il est impossible de résister à la logique et aux sentiments de cette histoire qui ramène Robin dans le mythe de Batman. Malgré les grosses ficelles tirées par Two Face (Harvey Dent) le criminel de service, le scénario est intriguant et plein de saveur pour les fans. Marv Wolfman sait même jusqu'où ne pas aller trop loin en laissant la fin relativement ouverte sur l'adoubement réel de Tim Drake par Batman. Il est aidé au scénario par George Perez sur 4 épisodes.
Coté illustrations, les épisodes de Batman sont illustrés par l'équipe en place de l'époque : Jim Aparo aux dessins et Mike DeCarlo à l'encrage. Leurs planches sont d'un niveau de bons professionnels et se laissent regarder 20 ans après (malgré des choix de la coloriste parfois déconcertant, très simplistes). Les épisodes des Teen Titans sont mis en page par George Perez, dessinés par Tom Grummett et encrés par Bob McLeod. N'espérez pas vous régaler des cases pleines de détails de Perez. Là encore les dessins sont de qualité au dessus de la moyenne, mais Grummett et McLeod n'arrivent pas à donner le change sur la réelle implication (assez faible) de Perez dans les illustrations. 3 étoiles pour l'intérêt historique, 4 étoiles si vous êtes capables de passer outre la forme narrative à destination d'un lectorat de grands enfants ou jeunes adolescents).
Si Batman est un personnage dont vous souhaitez tout savoir, ce tome représente une lecture indispensable puisqu'il constitue tout simplement la fin de la carrière de Jason Todd et le début de celle de Tim Drake dans la famille de Batman. Il mérite 4 étoiles pour on intérêt historique, malgré une forme de narration juvénile. Si par contre vous recherchez d'abord une bonne histoire, sans curiosité affirmée pour ces événements, sans tolérance pour l'aspect nostalgique, il n'en mérite que deux.
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Le tome se termine par une histoire de 10 pages, écrite par James Robinson et dessinée par Lee Weeks, évoquant la perception que Jason Todd, Bruce Wayne et Alfred Pennyworth ont les uns des autres. Une sensibilité mesurée.
Une couverture alléchante (édition de 2021), un de mes dessinateurs préférés et une intrigue originale en huis clos… il n'en fallait pas plus pour me convaincre de me lancer dans cette lecture !
Le dessin est formidable et me conforte dans mon amour pour le trait, la mise en page et le style de Frederik Peeters. Rien à dire de ce côté donc, ce d'autant plus que le choix du noir et blanc s'avère judicieux pour servir une ambiance générale parfaitement réussie, à l'identité forte.
En revanche, j'ai eu beaucoup plus de mal avec l'histoire et son évolution. Le début est une franche réussite avec un suspense haletant et un sentiment de stress omniprésent.
Malheureusement ce départ magnifique s'essouffle rapidement pour me laisser assez vite sur ma faim. En parlant de fin, quelle frustration, même si cela reste éminemment subjectif, comme en atteste la majorité des autres avis !
Me reste dans la bouche un triste goût d'inachevé et la sensation que Pierre Oscar Lévy tenait véritablement quelque chose mais n'a pas su le développer de manière satisfaisante.
A l'arrivée, la déception l'emporte. J'aurais tellement aimé être emporté davantage.
Note réelle : 2,5/5
Lecture intéressante, on apprend des choses sur l'histoire d'Alger sans que cela soit trop pompeux.
Malgré un style simple et non perfectionniste l'auteur parvient à retranscrire superbement la belle architecture unique de la ville d'Alger.
L'histoire est plutôt simple, sans être ennuyeuse ni hyper captivante. Certains personnages se démarquent par leur caractère et nous font sourire à plusieurs reprises. La mauvaise conscience, très grossière du jeune, apporte un contraste vraiment sympa au ton du récit.
Pas grand chose d'autre à dire, c'est une BD qui touchera certainement plus un public concerné par les sujets abordés et le pays visité, mais qui fera passer un bon moment dans tous les cas.
Totalement conquis par Zaï Zaï Zaï Zaï, c'est avec beaucoup d'intérêt que je me suis lancé dans cette lecture.
On retrouve ici immédiatement la patte de Fabcaro avec cet humour absurde si caractéristique et ce dessin au service de l'histoire, avec des personnages aux visages anonymes.
Cette fois, l'humour et l'absurde s'inscrivent dans le contexte d'un polar noir avec une enquête pour meurtre dans le milieu du cinéma. Betty Pennyway a été retrouvée morte, une bite dessinée sur la joue… Quelle ignominie ! Voilà qui donne le ton surtout.
Si j'ai retrouvé ce qui m'avait emballé dans Zaï Zaï Zaï Zaï, je n'ai pas été aussi transporté par le scénario et l'humour. Le moment de lecture est plaisant, efficace, mais pas marquant, sans doute en raison de l'effet de surprise absent cette fois, mais pas seulement. Moon River est tout simplement moins efficace que son aîné, notamment par un rythme qui retombe un peu après une bonne introduction. En cela, je me retrouve pas mal dans l'avis de bamiléké
Reste une belle édition avec une couverture au design sobre et efficace, avec une texture épaisse et moelleuse.
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Le Grand Voyage de Rameau
J'avais déjà lu une BD de Phicil, mais je n'avais pas noté que c'était lui qui était aux commandes de cette BD. En tout cas, j'ai immédiatement reconnu son coup de crayon au niveau des nez ! La BD est une petite histoire en forme de conte, mais aussi de balade dans Londres de l'époque victorienne. L'idée d'un petit peuple qui découvre le monde humain n'est pas nouveau mais relativement bien exploité, notamment en essayant de comprendre ce qui fait que les humains soient capable de telles choses. Le personnage de Rameau est une jeune insouciante qui rêve de robes magnifiques ou de jolis colifichet, sans se demander quel monde produit ce genre de choses. La découverte des personnes de l'époque victorienne est d'ailleurs descendante, des plus grands jusqu'au plus humble. Une manière de représenter la société qui termine sur la note amère de toute l'horreur du XIXè siècle. Je dois être honnête, si j'ai trouvé l'ensemble très sympathique, je ne suis pas plus impliqué que ça dans le récit. C'est une jolie histoire de découverte, mais je trouve que certains personnages présentés sont assez peu intéressants. Il n'y a pas de réels liens établis avec les protagonistes, c'est plus pour les lecteurs qui connaitraient les personnages et les replacent dans le récit. D'ailleurs je n'en connaissais pas certain, ce qui m'a fait me demander comment les choix on été fait. Au final, c'est une lecture plaisante mais que je n'ai qu'apprécié de loin, sans vraiment rentrer dedans. C'est mignon et plaisant, mais je l'oublierai sans doute assez vite.
Sépher - L'épopée millénaire de la Bible
Pour quelqu'un comme moi qui ne s'intéresse pas à la religion, même de loin, j'ai trouvé cette lecture ma foi fort intéressante. J'ai apprécié découvrir un peu plus l'histoire de la Bible, notamment la lutte pour la copie des ouvrages religieux et les passages sur des personnages emblématiques de la religion. Le style de dessin simple ne m'a pas déplu. J'ai particulièrement aimé le contraste entre les dessins du présent, mettant en scène la petite famille, et les moments historiques racontés par le père, autant dans la mise en page que dans la colorisation. J'ai trouvé le père très sympathique dans sa manière de raconter les histoires. Il dégage une forme de sagesse agréable avec un brin de folie amusant lorsqu'il interrompt son récit pour proposer de regarder un DVD en lien avec ce qu'il raconte. Une lecture à emprunter à l'occasion pour ceux qui comme moi, ne se sentent pas concernés par ce récit.
L'Origine du Monde
Hum, après lecture de beaucoup de documentaire, je dirais que cette BD m'a semblé moins bonne que ce que j'ai déjà lu. La faute en incombe, selon moi, non pas au sujet qui est pertinent, sourcé et très intéressant, mais à la forme. J'ai lu la BD sur plusieurs jours, parce qu'elle est assez dense malgré sa petite taille. Son style de dessin naïf et ses grandes cases avec du texte en blanc sur noir n'est pas sans m'évoquer Klou et son travail sur Bagarre érotique - Récits d'une travailleuse du sexe, les deux œuvres entrant d'ailleurs en résonance. Mais au-delà du témoignage, c'est un travail de recherche qu'a effectuée Liv Strömquist. Sur cette question, je suis juste surpris de la présence de Bruno Bettelheim dans la dernière partie, auteur que je sais être controversé sur différentes prises de position. Mais pour le reste, rien à redire sur la bibliographie et les sources ! Maintenant, si la BD explore plusieurs aspects autour du sexe féminin et l'historique qui y est associée, montrant factuellement des exemples d'inégalités de ce traitement jusque dans les manuels scolaires récents, c'est malheureusement assez moins bien fait dans la forme. La BD est découpée en différents chapitres, sans lien entre ceux-ci et l'ensemble reste aussi sans conclusion. Je comprends la façon de faire, mais je trouve dommage qu'après une telle exposition pertinente, il n'y ait pas le travail de mise en relation et ce petit final qui permet de développer le propos vers autre chose. En l'occurrence rien de plus n'est apporté, je trouve ça frustrant. C'est le seul vrai reproche que j'ai avec cette BD, mais en l'état l'absence de développement au-delà de ces informations fait que si vous avez déjà entendu parler de la plupart de ce qui est dit ici, il n'y a pas grand chose de plus à se mettre sous la dent. J'aurais apprécié une petite considération sur ce qu'il est possible de faire, les avancées dans le domaine, les questionnements politiques aussi. Bref, c'est une bonne BD qui a sans doute marquée bon nombre de lectrices et de lecteurs, mais pour ma part je l'ai trouvé intéressante mais peu impactante. Une note qui est un reflet de ma lecture, pas de la BD !
Zoe Carrington
Le sujet est magnifique même si visiblement éculé pour cet auteur : comment la nostalgie d'un amour de jeunesse hante et oriente nos vies. Les illustrations et couleurs sont plutôt réussies, l'ensemble se présentant agréablement sous la forme du pur divertissement romantique. C'est engageant et susceptible de secouer intimement nos souvenirs. Cela se heurte aussi à la comparaison avec une lecture récente, l'assez réussi Fidji. Simplement, le traitement est moins intéressant. Le préambule permettant de situer et définir les personnages masculins est à la fois habile et inutilement rocambolesque pour ce qui concerne le repas de famille et la saugrenue invitation d'une jeune fille lambda au déjeuner. Et force est d'admettre, qu'à la fin de ce 1er tome, les personnages sont mal caractérisés et la probable crispation née de cette fascination commune pour une même fille demeure non évoquée. L'ensemble n'en reste pas moins agréable à lire, mais c'est aussi anecdotique que les fêtes grandioses évoquées : l'imaginaire présenté est bien creux (luxe, débauche aseptisée et sans conséquence, provocations futiles et sans finalité), quand l'on espérait sentimentalement davantage de ciel, vagues et étoiles.
Pizza Roadtrip
Sympa, mais dommage que ce ne soit qu'un one shot. Bon, déjà merci Jetjet, j'avais noté la BD après avoir lu ton avis et voilà, lecture fini. J'ai adoré le style du dessin. Les visages sans nez sont particuliers, simple mais très expressif, ça m'a clairement fait penser au style dans Furieuse que j'avais adoré en partie pour ça aussi. Puis la colorisation, pour le peu qu'il y en a, est vraiment réussie. L'histoire est prenante et c'est le genre que j'aime beaucoup regarder en film. Au moment où je pensais à Tarantino, l'un des personnages fait la réflexion "Nan mais ça va. On n'est pas dans un film de Tarantino, t'as vu", ça m'a fait sourire. Mais voilà, c'est aussi pour ça que je suis assez déçu de ce one shot qui partait effectivement dans une direction à la Tarantino et qui au final s'achève brusquement. Ça méritait clairement une suite, autant sur leurs galères que sur le développement des personnages. Et donc j'en ressors avec une petite frustration qui m'empêche de mettre une meilleure note.
La Ballade de Halo Jones
Alan Moore en jeune débutant - Ce tome regroupe les 3 histoires d'Halo Jones écrites par Alan Moore et dessinée par Ian Gibson en 1985/1986. Ces trois livres ont été prépubliés dans le magazine hebdomadaire anglais 2000 AD, par tranche de 5 pages (appelée un prog, abrégé pour Programme). Livre 1 (Progs 376 à 385) - Halo Jones est une jeune de femme de 18 ans qui vit dans un ghetto pauvre en l'an de grâce 4949. Elle vit dans un petit appartement avec 2 copines et une grand-mère. Halo Jones décide d'accompagner Rodice faire les courses, avec Toby leur chien cybernétique. C'est un défi de taille. Livre 2 (Progs 405 à 415) - Halo Jones s'est engagé à bord du vaisseau spatial Clara Pandy, comme hôtesse de bord. Elle s'est liée d'amitié avec Toy Molto, sa coturne, et elle bénéficie de la présence de Toby. Au fil des jours, elle va rencontrer une étrange passagère clandestine, un groupe de rat et une race extraterrestre intelligente ayant la forme de dauphins. Livre 3 (Progs 451 à 466) - De petits boulots en petits boulots, Halo Jones a fini par échouer sur une planète arriérée, loin des routes commerciales spatiales. Elle noie son mal être dans un alcool bon marché. Elle profite du passage d'un vaisseau militaire de recrutement pour s'engager dans l'armée. Elle se retrouve rapidement sur un champ de bataille et de massacre. À l'époque de sa parution, cette série présente plusieurs particularités qui la font ressortir par rapport à l'ordinaire de 2000 AD. Pour commencer, Alan Moore a créé un personnage principal de sexe féminin qu'il écrit avec une certaine crédibilité et une certaine retenue. Halo Jones n'a pas de superpouvoirs, pas de capacités extraordinaires, pas d'aisance financière. C'est une jeune femme confinée au prolétariat sans grand espoir d'évolution. La première histoire semble particulièrement prosaïque malgré le décor de science-fiction : réussir à se ravitailler en traversant des zones plus ou moins dangereuses, ou plus ou moins exotiques du Hoop, l'environnement défavorisé où elle habite. Le deuxième livre commence par un prologue situé plusieurs siècles dans le futur où un historien parle d'elle comme d'une figure historique polémique. Alan Moore indique donc au lecteur l'importance de cette jeune femme, et revient tout de suite à son histoire au jour le jour, avec ces rencontres à bord du Clara Pandy. le lecteur a l'impression de replonger dans les histoires courtes des inédits d'Alan Moore, avec Halo Jones en personnage principal récurrent. Il réussit une sublime histoire autour d'un individu tellement dépourvu de personnalité qu'il est imperceptible. Mais le récit global manque d'envergure et densité narrative. Au cours de ces 2 premiers livres, Alan Moore expérimente également en termes de narration que ce soit avec le langage (sous la forme de mots inventés tels que Sensayuma pour Sense of humor), ou avec des références peu usitées à l'époque (un koan avec le son d'une main qui applaudit, Jackson Pollock, ou le chat de Schrödinger). Avec le troisième livre, Alan Moore fait montre de plus d'ambition et d'un point de vue plus affirmé. Il transpose, de manière littérale, certaines des atrocités de la guerre du Vietnam dans ce décor futuriste (le collier d'oreilles est un indice sur lequel le lecteur ne peut pas se tromper). La force de cette partie est de montrer l'embrigadement participatif d'Halo Jones dans les forces armées, sa participation volontaire à la pacification des populations ennemies. Alan Moore continue de décrire son héroïne comme un individu très banal, essayant simplement de trouver un métier, et de gagner de quoi subsister. S'il est parfois difficile de faire abstraction des références au Vietnam, le lecteur est impliqué par la situation de Jones, et ressent une forte empathie vis-à-vis de cette personne. L'augmentation du quota de péripéties aide également à créer une tension narrative. Tous les épisodes sont illustrés en noir & blanc par Ian Gibson qui s'améliore lui aussi de livre en livre. La présente édition utilise un format plus petit que l'original, ce qui tasse un peu les dessins. Gibson utilise un style un peu griffonné où les traits d'encrage non significatifs servent autant à texturer les surfaces qu'à remplir les blancs. Cela résulte en des cases un peu surchargées, pas très agréables à l'œil, un effet accentué par la réduction de la reprographie. Au départ, les évocations futuristes des décors assurent le minimum syndical, et il faut attendre le troisième livre pour commencer à avoir quelque chose d'un peu original à se mettre sous la dent. Les personnages se distinguent surtout par leur coupe de cheveux, plus que par leur silhouette ou leur tenue vestimentaire. le personnage le plus réussi visuellement est Toby le chien cybernétique. Ian Gibson a un style original dans sa manière de représenter les personnages avec des silhouettes qui ne sont pas bodybuildées et des vêtements parsemés de plis disgracieux. Mais il a du mal à créer une vision originale et développée du monde dans lequel Halo Jones évolue, avant le troisième tome. Il a également l'art et la manière de coller des traits non significatifs en fond de case pour donner l'illusion d'un décor fouillé (mais qui se révèle totalement superficiel et factice lorsque le lecteur s'y attarde un instant). Il s'agit donc d'une œuvre de jeunesse d'Alan Moore qui s'améliore au fil des pages et qui présente l'originalité de mettre en scène une héroïne féminine très crédible, sans être extraordinaire.
Batman - Un deuil dans la famille
Mort et naissance de Robin - Ce recueil regroupe 2 histoires distinctes : Un deuil dans la famille (A death in the family, épisodes 426 à 429 de la série Batman, 1988) + A lonely place of dying (épisodes 440 à 442 de Batman, et 60 & 61 de New Titans, 1989). A la fin des années 80, Batman est affublé d'un nouveau Robin (Jason, Todd), l'ancien (Dick Grayson) ayant gagné ses galons de superhéros à part entière sous le nom de Nightwing et faisant partie de l'équipe de Titans. Problème : Jason Todd ne rencontre pas l'adhésion des lecteurs. Solution : Jim Starlin doit écrire un scénario permettant de mettre Jason sur la touche. Résultat : "Un deuil dans la famille" dans lequel Jason Todd part à la recherche de sa mère et tombe sur le Joker. Avec cette histoire, nous sommes à la fin des 80, le marché américain des comics achève sa mutation en passant de la vente en kiosque à la vente en librairie spécialisée. Les responsables de série développent de nouvelles méthodes de marketing pour augmenter la visibilité de leur produit. Après une période flottement au scénario, Dennis O'Neil (le responsable éditorial de la série mensuelle Batman) sait qu'il tient une équipe solide avec Jim Starlin au scénario et Jim Aparo aux dessins (encré par Mike DeCarlo). Mais il lui faut absolument trouver comment le faire savoir. Son premier essai est la création du concept de la minisérie dans la série avec Ten nights of the Beast (en anglais). C'est un succès. "Un deuil dans la famille" reprend la même recette en l'améliorant encore. Dans les sphères éditoriales, les responsables n'arrivent pas à trancher s'il faut évacuer cette encombrante version de l'assistant adolescent (sidekick) définitivement ou temporairement. Dennis O'Neil a une proposition de génie : DC Comics va faire voter ses lecteurs, par téléphone, pour savoir ce qu'il préfère. Tapez 1 Jason survit, tapez 2, Jason meurt. Et tout ça 15 ans avant le Loft et la Star Ac', et tous les programmes interactifs de la téléréalité. L'industrie des comics franchit un bond dans le domaine de l'interactivité. L'histoire trahit son âge avec ces sentiments exacerbés, une logique infantile (comme par hasard le plus grand des superhéros intervient à la fin pour emporter la victoire), et des codes graphiques encore à destination d'un lectorat jeune (un personnage arrachant son masque pour dévoiler la cagoule de Batman en dessous). À condition de supporter ce mode de narration, le lecteur peut satisfaire sa curiosité quant aux circonstances de la disparition de ce Robin. 3 étoiles pour la valeur historique (sinon 2 étoiles comme récit témoin de son époque). - Après le succès commercial du décès de Jason Todd, la question se pose de savoir s'il doit y avoir un nouveau Robin ou pas. à l'époque, Dennis O'Neil (responsable éditorial) expliquait longuement que beaucoup d'enfants avaient été traumatisés par la mort de ce héros et qu'ils avaient besoin d'un nouveau Robin. Dans la réalité, DC Comics était confronté à 2 soucis. le premier est que le personnage de Robin est décliné sur moult produits de merchandising (mug, figurine, draps, caleçon...) et que le département marketing exigeait son retour pour continuer à pouvoir vendre des produits dérivés. le second problème est que sans Robin les histoires de Batman ressemblent de plus en plus à celles du Punisher : exterminons les méchants avec le maximum de violence. Ça tourne en rond et ça aliène une partie du lectorat. La décision est vite prise. A lonely place of dying raconte comment un jeune homme du nom de Tim Drake a été marqué à vie par une sortie au cirque au cours de laquelle 2 voltigeurs ont trouvé la mort (les parents de Dick Grayson) et Batman a protégé leur fils. Plusieurs années plus tard, Batman a un comportement de plus en plus violent et de moins en moins intelligent, juste après l'annonce de la mort de Jason Todd. Tim Drake se donne pour mission de rabibocher Bruce Wayne et Dick Grayson pour ramener un peu de lumière et de joie dans la vie du Chevalier Sombre (Dark Knight). Marv Wolfman (scénariste) combine très intelligemment les exigences éditoriales (Tim Drake doit être sympathique sans être nunuche et son histoire doit le rendre légitime aux yeux des fans) pour dérouler un scénario plus fin que les comics de l'époque. Il est impossible de résister à la logique et aux sentiments de cette histoire qui ramène Robin dans le mythe de Batman. Malgré les grosses ficelles tirées par Two Face (Harvey Dent) le criminel de service, le scénario est intriguant et plein de saveur pour les fans. Marv Wolfman sait même jusqu'où ne pas aller trop loin en laissant la fin relativement ouverte sur l'adoubement réel de Tim Drake par Batman. Il est aidé au scénario par George Perez sur 4 épisodes. Coté illustrations, les épisodes de Batman sont illustrés par l'équipe en place de l'époque : Jim Aparo aux dessins et Mike DeCarlo à l'encrage. Leurs planches sont d'un niveau de bons professionnels et se laissent regarder 20 ans après (malgré des choix de la coloriste parfois déconcertant, très simplistes). Les épisodes des Teen Titans sont mis en page par George Perez, dessinés par Tom Grummett et encrés par Bob McLeod. N'espérez pas vous régaler des cases pleines de détails de Perez. Là encore les dessins sont de qualité au dessus de la moyenne, mais Grummett et McLeod n'arrivent pas à donner le change sur la réelle implication (assez faible) de Perez dans les illustrations. 3 étoiles pour l'intérêt historique, 4 étoiles si vous êtes capables de passer outre la forme narrative à destination d'un lectorat de grands enfants ou jeunes adolescents). Si Batman est un personnage dont vous souhaitez tout savoir, ce tome représente une lecture indispensable puisqu'il constitue tout simplement la fin de la carrière de Jason Todd et le début de celle de Tim Drake dans la famille de Batman. Il mérite 4 étoiles pour on intérêt historique, malgré une forme de narration juvénile. Si par contre vous recherchez d'abord une bonne histoire, sans curiosité affirmée pour ces événements, sans tolérance pour l'aspect nostalgique, il n'en mérite que deux. - Le tome se termine par une histoire de 10 pages, écrite par James Robinson et dessinée par Lee Weeks, évoquant la perception que Jason Todd, Bruce Wayne et Alfred Pennyworth ont les uns des autres. Une sensibilité mesurée.
Château de sable
Une couverture alléchante (édition de 2021), un de mes dessinateurs préférés et une intrigue originale en huis clos… il n'en fallait pas plus pour me convaincre de me lancer dans cette lecture ! Le dessin est formidable et me conforte dans mon amour pour le trait, la mise en page et le style de Frederik Peeters. Rien à dire de ce côté donc, ce d'autant plus que le choix du noir et blanc s'avère judicieux pour servir une ambiance générale parfaitement réussie, à l'identité forte. En revanche, j'ai eu beaucoup plus de mal avec l'histoire et son évolution. Le début est une franche réussite avec un suspense haletant et un sentiment de stress omniprésent. Malheureusement ce départ magnifique s'essouffle rapidement pour me laisser assez vite sur ma faim. En parlant de fin, quelle frustration, même si cela reste éminemment subjectif, comme en atteste la majorité des autres avis ! Me reste dans la bouche un triste goût d'inachevé et la sensation que Pierre Oscar Lévy tenait véritablement quelque chose mais n'a pas su le développer de manière satisfaisante. A l'arrivée, la déception l'emporte. J'aurais tellement aimé être emporté davantage. Note réelle : 2,5/5
Alger-Retour
Lecture intéressante, on apprend des choses sur l'histoire d'Alger sans que cela soit trop pompeux. Malgré un style simple et non perfectionniste l'auteur parvient à retranscrire superbement la belle architecture unique de la ville d'Alger. L'histoire est plutôt simple, sans être ennuyeuse ni hyper captivante. Certains personnages se démarquent par leur caractère et nous font sourire à plusieurs reprises. La mauvaise conscience, très grossière du jeune, apporte un contraste vraiment sympa au ton du récit. Pas grand chose d'autre à dire, c'est une BD qui touchera certainement plus un public concerné par les sujets abordés et le pays visité, mais qui fera passer un bon moment dans tous les cas.
Moon River
Totalement conquis par Zaï Zaï Zaï Zaï, c'est avec beaucoup d'intérêt que je me suis lancé dans cette lecture. On retrouve ici immédiatement la patte de Fabcaro avec cet humour absurde si caractéristique et ce dessin au service de l'histoire, avec des personnages aux visages anonymes. Cette fois, l'humour et l'absurde s'inscrivent dans le contexte d'un polar noir avec une enquête pour meurtre dans le milieu du cinéma. Betty Pennyway a été retrouvée morte, une bite dessinée sur la joue… Quelle ignominie ! Voilà qui donne le ton surtout. Si j'ai retrouvé ce qui m'avait emballé dans Zaï Zaï Zaï Zaï, je n'ai pas été aussi transporté par le scénario et l'humour. Le moment de lecture est plaisant, efficace, mais pas marquant, sans doute en raison de l'effet de surprise absent cette fois, mais pas seulement. Moon River est tout simplement moins efficace que son aîné, notamment par un rythme qui retombe un peu après une bonne introduction. En cela, je me retrouve pas mal dans l'avis de bamiléké Reste une belle édition avec une couverture au design sobre et efficace, avec une texture épaisse et moelleuse.