Je ne connaissais pas la série mère (Tough), mais cela n'a pas l'air d'être dérangeant pour attaquer ce nouveau cycle avec un nouveau personnage : Ryusei. Mais par contre on reste dans la baston. BAM !
Car oui, ça envoie de la mornifle et du steak de phalanges ! Ryusei qui se pensait invincible, va tomber sur (beaucoup) plus fort que lui en enquêtant sur son père qu'il aimerait bien retrouver. L'occasion d'apprendre une nouvelle technique martiale auprès d'un nouveau mentor, le frère de son père.
Bon, ba oui, on est dans le manga bien bourrin, mais qui donne dans le bien fait. Le dessin est plutôt soigné et les séquences de combat bien rendues.
Après, faut aimer, moi c'est pas plus que ça ma came, même si ça fait le taff.
tome 2 : la forêt
Changement de décor pour le second épisode de ce triptyque de SF atypique : désormais, la quasi-totalité du récit se déroule sur la surface lunaire, dans la forêt artificielle édifiée par Aleksander, l’ingénieur controversé de l’équipe, le but étant de préserver la vie sur Terre menacée d’extinction en produisant suffisamment d’énergie pour alimenter des dépollueurs.
Ce deuxième volet d’« Avaler la Lune » permet aux auteurs de développer leur univers singulier, avec une profusion d’éléments scénaristiques innovants et de trouvailles graphiques. Nous avions déjà fait connaissance l’exotérus dans le tome 1, cette drôle de machine qui permet de se déplacer très facilement dans un environnement hostile tout en restant à l’abri dans un aquarium. Cette fois, c’est dans cette fameuse forêt lunaire que les personnages vont évoluer, une forêt capable de se développer très vite grâce à une « super plante » modifiée à partir de corail, d’algues et de lichen. Les humains qui n’ont vécu que sur la Lune sont quant à eux très différents de l’espèce terrestre. Ce sont littéralement des mutants, des géants aux membres surdimensionnés dont le visage est envahi partiellement par le corail dont ils se nourrissent… La coutume veut que quand ils sentent l’heure de leur mort approcher, ils « se plantent » dans la terre pour entamer une seconde vie en fusionnant avec le « végétal » lunaire, favorisant ainsi l’érection des dômes protecteurs…
Visuellement, c’est assez bluffant. Lucie Castel a créé un vocabulaire visuel en s’appuyant sur la beauté poétique des coraux pour laisser libre cours à son imagination et créer sa jungle sélénite. On reste admiratif devant cette infinité de formes associées à des couleurs recherchées, que seuls permettent les outils numériques, pour un résultat très moderne, tout à fait étonnant. Léger bémol à cela, la lisibilité du récit souffre de quelques inconvénients liés à un trait un rien minimaliste : des tonalités parfois un peu sombres qui maltraitent l’œil pour distinguer certains détails, des visages un peu sommaires qui compliquent parfois la reconnaissance des personnages, et un découpage des scènes d’action pas toujours très fluide.
Quant au scénario, s’il reste cohérent, il aurait peut-être mérité d’être élagué. Certaines digressions et dialogues n’apportent pas grand-chose à l’histoire, à moins d’accepter l’adjonction d’une dose de psychologie (cf. les rapports tendus entre Agafia et sa mère Paloma) dans ce récit d’aventure sur fond de catastrophe écologique. Malgré tout, Grégory Jarry et Robin Cousin ont su insuffler suffisamment de tension dans la narration pour nous donner envie de découvrir le dernier volet, prévue l’an prochain, ce qui permettra de se faire une idée définitive.
tome 1 : l'ascenseur
Premier volet d’une trilogie de science-fiction, cette bande dessinée constitue une bonne surprise. Très en phase avec notre réalité terrestre actuelle, elle a pour thème central l’extinction de la vie sur notre planète bleue. A l’heure où une poignée de milliardaires à la tête de multinationales sont en train de s’accaparer les ressources et décider du sort de l’humanité, sans concertation et sans égard pour les populations, le sujet du livre, qui évoque cette question, est donc plus que sérieux. Pour concevoir ce récit, Grégory Jarry s’est inspiré notamment d’un projet évoqué à maintes reprises par les plus rêveurs des scientifiques : un ascenseur spatial entre la Terre et la Lune. Un projet fou repris par la NASA mais dont on ne sait vraiment s’il verra le jour ni sous quelle forme. Quant aux circonstances de sa construction dans le récit, elles étaient liées au projet dément de provoquer l’effondrement de la vie terrestre, prix à payer pour implanter un puissant générateur d’énergie propre et infinie sur la surface lunaire.
C’est ainsi que l’on va suivre la jeune Agafia dans sa mission consistant à terminer ce que son père, décédé accidentellement, avait entrepris : rejoindre la Lune à l’aide de l’ascenseur spatial. Seule sur une terre rongée par les pluies acides, elle communique avec sa mère immergée dans un plasma qui la maintient en vie depuis 500 ans, et on va la voir se déplacer dans un exotérus, un drôle d’engin insectoïde. C'est dans celui-ci qu'elle a retrouvé la dépouille de son père et qu'elle utilise désormais pour sa mission.
Quelque peu complexe, le scénario est toutefois intrigant, oscillant à coup de flashbacks entre deux temporalités différentes, ce qui ne fera que renforcer le mystère : mais pour quelle raison les instigateurs du projet (à l’exception de la mère d’Agafia) semblent-ils quasiment tous avoir disparu dans des conditions obscures ? Jarry a développé un univers cohérent en extrapolant les technologies actuelles, avec des personnages bien structurés, même si ce tome ne permet pas d’être encore totalement familiarisé avec eux.
Le trait nerveux et minimaliste de Lucie Castel, plaisant par son côté peu académique, est rehaussé par le travail sur la couleur de Robin Cousin. Les choix chromatiques permettent de poser des ambiances variées. Plus sombres, un rien fluo ou désaturées selon les passages, les tonalités suggèrent une atmosphère artificielle voire menaçante dans ce contexte où la biodiversité a totalement disparu de la planète.
Pour se faire une idée définitive, il faudra sans doute attendre de découvrir la suite (le tome 2 doit paraître fin août), mais force est de reconnaître que les auteurs sont parvenus à nous mettre en appétit et à susciter notre curiosité avec ce premier tome.
Une série tout public, qui plaira surtout à un jeune lectorat, ou à des adolescents je pense. Il y a dans l’histoire et dans le dessin des choses qui font penser à Miyazaki (l’aspect onirique, un air de manga pour certains visages, l’héroïne Tutu en tête, le chat canalisant l’héroïne), mais j’ai aussi songé au beau film de Prévert et Grimaud « Le roi et l’oiseau ».
Ce qui renvoie à un jeune lectorat, c’est aussi le fait que la plupart des situations dangereuses, tous les aspects de la dictature du mystérieux empereur sont le plus souvent désamorcés par les dialogues (parfois un peu gentillets – sans tomber dans la guimauve non plus) ou par une retombée de tension brutale. La conclusion du quatrième tome est à cet égard symbolique, puisque les happy end s’enchaînent, alors que Tutu mène une révolution là encore dans une relative douceur.
L’intrigue, certains décors (les usines et l’exploitation des hamsters), certains personnages (les lapins espions par exemple) permettent d’intéresser les lecteurs sur la durée, alors même qu’il y a quand même des longueurs (dans le troisième tome en particulier).
Inégal, des longueurs, mais une série que certains jeunes lecteurs peuvent tout à fait bien aimer. En ce qui me concerne, c’est sympathique, mais sans plus.
Tiens, amusant, moi qui a priori ne suis pas un gros fan des histoires de zombies ou de vampires, voilà que j’ai trouvé globalement agréable cette série, qui mélange les deux thématiques.
Déjà le dessin est plutôt sympathique, plaisant et fluide. Bien meilleur dans son rendu en tout cas que le tout venant du comics moderne. Et la colorisation est elle aussi réussi, malgré les légers changements de casting dans ces domaines.
L’intrigue est un chouia en deçà du dessin, mais elle se laisse lire. Assez vite d’ailleurs, car il n’y a pas beaucoup de texte, et l’histoire n’est pas non plus trop fouillée. Mais c’est dynamique, et les révélations successives autour de la famille du héros, vétéran de la lutte contre les vampires et zombies, permettent de ne pas s’ennuyer.
Jolie BD jeunesse osant affronter de face les sujets féministes du moment, rejoignant en cela le contingent des titres de 2025 (adultes pour l'essentiel : "Notre affaire", "Les Yeux d'Alex", Des filles normales, Rouge signal, etc.) dressant le paysage forcément torturé de l'actuelle condition des femmes en France et dans le monde.
Les thématiques sensibles sont nombreuses ici (deuil de la sœur jumelle, handicap, adolescence et quête de soi, difficulté à assumer les espoirs et projections des parents sur leurs enfants, harcèlement scolaire, enfermement genré des corps dans des représentations stéréotypées, etc.) et, malheureusement pour le moment, il semble que la scénariste Véro Cazot ne parvienne à assembler tout cela subtilement. A titre personnel, je regrette notamment le recours, façon Ernest & Rebecca, au dialogue avec l'amie imaginaire (ici, l'ombre de l'héroïne, assimilable à son inconscient) : une fausse bonne idée focalisant l'attention et structurant l'évolution du récit. Les prochains tomes parviendront peut-être à repositionner sur le devant les importantes thématiques en l'état davantage évoquées que traitées.
Côté illustrations par contre, c'est du tout bon ! J'aime beaucoup le style de Carole Maurel : ses couleurs contrastées susceptibles par un jeu d'ombre d'exclure un pan de visage, son trait dynamique et appuyé créant un mouvement incroyable évoquant sur ce point l'immense Franquin (si si !), ses cadrages et décadrages à la Vanyda rendant expressif le moindre regard ou dessin de bouche. Style encore perfectible mais déjà remarquable, moderne, sympathique de rondeur ! En espérant par contre, que les éditeurs ne la poussent pas vers l'épure (des décors de plus en plus fréquemment effacés, des plans de plus en plus rapprochés), qui la rendrait "seinen-compatible" mais dépersonnaliserait indiscutablement son style.
Bon, commençons par le positif : j’ai adoré le dessin. Pas du tout surpris par Singelin que j’avais découvert sur PTSD, c’est du même acabit avec énormément plus de pages. Ça foisonne de détails et de minutie, c’est coloré, c’est kawaï, bref le gars a un style bien à lui reconnaissable qui me plaît à chaque fois beaucoup.
Après sur le fond qu’est-ce que je peux en dire ? (…) C’est bien les histoires pétris de bons sentiments, ça me touche autant que ça me fait lever les yeux au ciel. Les messages positifs, l’entraide, l’humanité, le progressisme, tout ça c’est bien, j’y souscris en partie, mais c’est trop souvent traité sur un ton mièvre qui à la longue a fini par me perdre.
« Gnagnagna les méchantes corporations capitalistes qui font rien qu’exploiter la misère humaine et les ressources de la planète », qu’est-ce que j’en ai marre de lire cette marotte dans la SF, j’vous jure, ok Jean-Michel Jenfoncedesportesouvertes, on a compris t’es de gauche. Les terres rares, les ressources premières, ce qui fait marcher ton téléphone Apple, ta télé 4k et tout ce qui fait qu’aujourd’hui tu ne vis pas dans une cabane en torchis au fond des bois, toutes ces choses ça pousse par terre, suffit de se baisser pour les ramasser. Les grandes entreprises, les entrepreneurs, ce sont des créateurs de richesse (et je parle pas que de pognon, d’ailleurs où est le mal à générer du profit ?), ils font bouger la science, font évoluer les infrastructures, améliorent par la recherche la vie des gens. Ok c’est pas tout blanc ni tout noir mais dans Frontier c’est pour le coup très manichéen.
Non parce que dans la dernière partie, lorsque nos personnages débarquent sur la station utopique où tout le monde il est gentil, tout le monde il s’entraide, on plante des arbres et y a plus d’argent (on se demande comment tout cela tient debout en vrai), bah ta ZAD en vrai elle peut pas fonctionner. Parce que c’est pareil hein, une ZAD c’est 10 gusses qui font tenir la zone en se bougeant le cul pour 90 autres qui en branlent pas une. Mais bon… c’est mignon tout plein hein, ici chacun trouve sa place naturellement, les réfugiés sont tous des diplômés en botanique ou ingénierie spatiale, c’est formidable.
Après, et sans lister, y a plein de trucs dans le scénario que je trouve pas si bien fichu que ça, par exemple quand Alex, Ji-Soo et Camina se font repérer et tirer dessus sans sommation parce qu’on pense que ce sont des espions à cause du logo Energy Solution qu’ils portent : c’est complètement con comme réflexion. Si t’es un espion pour telle société, tu vas pas te balader avec une énorme pancarte dans le dos disant « JE BOSSE POUR ENERGY SOLUTION ». Bon, ça fait partie des quelques raccourcis un peu bas du front que j’ai relevés. On dira que je chipote…
Mais sinon, pour terminer quand même sur une note positive, cela demeure néanmoins une aventure spatiale prenante à suivre, avec de l’action, du dépaysement. Dommage qu’on y ajoute les sempiternelles luttes niaiseuses socialo-écologico-progressistes.
Premier contact pour ma part avec Smolderen et Clérisse, les deux auteurs de L'Eté Diabolik ou Souvenirs de l'empire de l'atome. Je n'étais pas sûr d'entrer dans le style graphique si particulier de Clérisse, mais je crois que, finalement, c'est ce qui m'a le plus convaincu. Passé l'étonnement, son dessin revêt une vraie élégance, et dégage une atmosphère à l'identité forte, qui marque durablement (aidé par une bande-son proposé en début d'album, qui est à mi-chemin entre le gadget inutile et le support auditif plaisant). C'est vraiment cette petite claque graphique qui fonctionne le mieux, et permet à Moonlight Express de sortir véritablement du lot.
Car, du côté du scénario de Smolderen, j'en dirais pas spécialement du mal, mais il était possible de muscler le jeu. En effet, cette histoire de braquage et de vengeance s'insère dans une période historique qu'il est toujours intéressant d'explorer, le Berlin d'après-guerre. Un climat particulier que Smolderen et Clérisse illustrent assez bien, et dans lequel on entre facilement (y compris dans le deuxième acte à Los Angeles). Néanmoins, j'aurais aimé que ce récit me marque davantage. Je crois que sa trop grande linéarité, et peut-être une légère absence de profondeur dans les personnages, l'empêche d'être aussi convaincant qu'il aurait dû l'être.
Le problème, c'est aussi que Moonlight Express souffre de la comparaison avec un géant de la bande dessinée, Pierre-Henry Gomont. Il y a le même côté "récit picaresque" dans cette bande dessinée que celui qu'on peut trouver dans un Slava, par exemple. Mais là où Slava nous emmenait au plus profond de l'âme de ses personnages, notamment dans un final absolument magistral, Moonlight Express en reste trop à la surface pour atteindre pleinement son but. Il est bien question de racisme, de légitimité de la vengeance, d'amour brisé, mais j'ai toujours l'impression qu'on fait le tour de chacune de ses questions sans entrer vraiment dedans à un moment ou à un autre. Comme si les auteurs croyaient que la fantaisie historique empêchait d'entrer dans le drame cornélien.
Reste une lecture tout à fait sympathique, la découverte d'un personnage historique tout ce qu'il y a de plus ignoble (même si, là aussi, le récit reste un peu trop superficiel), et une claque graphique qui fonctionne assez bien. Malgré cela, j'aurais aimé plus, mais peut-être est-ce un caprice d'enfant gâté de ma part ?
Les neuroatypiques, une (très large) catégorisation des personnes ayant des difficultés d'apprentissage, comptent parmi leurs rangs les dys. Dysorthographiques, dyspraxiques, dyslexiques, etc., etc. Ils ne sont pris en charge en tant que tels que depuis une ou deux décennies, et c'est un véritable parcours du combattant pour les personnes diagnostiquées (quand elles le sont) et leurs parents.
C'est ce qu'a voulu montrer Christelle Béchouche, qui a elle-même connu des soucis d'apprentissage dans sa jeunesse et a fait de la vulgarisation du sujet un de ses sujets de prédilection. Son crédo : faire comprendre aux enfants dys qu'ils n'ont pas un "problème", mais plutôt un superpouvoir, la capacité de "voir", de "sentir" les choses différemment de celles et ceux qui s'insèrent dans des apprentissages "classiques". Des solutions existent, elles sont détaillées dans l'album : équipes pédagogiques, AESH, PAP... Des termes peut-être abscons, mais qui sont explicités en annexe de l'album, un autre bon point. Les dialogues et les récitatifs de l'album ont d'ailleurs été imprimés dans une police de caractères que les dys peuvent lire, car c'est l'une des difficultés primales qu'ils rencontrent.
Le dessin est assuré par Juliette Bertaudière, qui a déjà deux autres albums derrière elle, et donc le style "naïf" colle bien avec la narration toute en bienveillance, en douceur et en pédagogie réalisée par Béchouche.
Au final un album qui fait du bien à la cause des dys.
« Une dark fantasy implacable, entre le réalisme brut de La Compagnie Noire et l'épique flamboyant de David Gemmell ».
Ouh là, alors attention, parce que quand je lis quelque part « David Gemmell » en référence, je plisse des yeux et je mets ça dans mon panier des choses à lire. En plus Glen Cook et La Compagnie Noire moi j’ai pas spécialement accroché au style du gars mais j’aimais bien l’idée. Donc si ça peut être fait façon Gemmell-style, aller, je dis banco. J’ai confiance, c’est écrit par Nicolas Jarry qu’on peut reconnaître sans problème comme un digne héritier de l’écrivain anglais.
Alors, qu’est-ce que ça donne ? Je trouve ça pas mal, maaaaaais malgré 5 tomes (4 actuellement parus) je trouve les histoires un peu « rushées ». Le contenu est dense, trop peut être pour de la bande dessinée, les personnages j’ai un mal fou à retenir leur nom, ça commençait dès le premier tome avec le second de Tulas qui n’a pas de background donc on le liquide, la relation père-fils, zéro développement donc on s’en fout un peu etc. ça partait mal mais au final dès le tome suivant c’est déjà mieux foutu. En fin de compte on est sur la même structure que les Elfes, Nains, Orcs, Mages et cie de chez Soleil, un album = une histoire = un nouveau dessinateur, sauf que là on est pas en Aquilon mais dans le monde de « Empires ». Donc si on aime Nains comme ça été mon cas à une époque, bah c’est le même auteur, vous serez pas dépaysé. Il faut s’accrocher mais si on lui laisse le temps, c’est plutôt une série sympatoche à lire. Rien de révolutionnaire, on est dans les thématiques chers à Nicolas Jarry, et ça fait bien le café.
En revanche niveau design, j’accroche pas. Enfin, ça dépend, le tome 1 par exemple : alors c’est jolie par séquence, il y a des planches hollywoodiennes, mais le style de Ruiz ne suscite pas d’émerveillement chez moi. Le character design par exemple, Tulas avec sa dégaine de Witcher TF1+, les armures qui font très fantasy mais non pas l’air du tout fonctionnelles, architectures et décors ne m’ont fait ni chaud ni froid. Et les couleurs informatiques, jamais j’arriverai à m’y faire.
Le tome 2 avec Vax au dessin et Fabris aux couleurs déjà ça ça me plaît davantage. Et là on perçoit bien le côté « Compagnie noire » qu’on nous a vendu. Voilà, comme chez la concurrence Soleil, faut trier le bon grain de l’ivraie. Y a 5 tomes (peut être une saison 2 ? ), faites vos choix.
Donc bilan mitigé. Je ne suis pas sûr de rester un fidèle mais j’ai quand même une petite curiosité en cas de saison 2. Sinon j’ai une meilleure idée à suggérer aux éditeurs : pourquoi ne pas obtenir les droits pour adapter directement les romans Drenaï de David Gemmell ? Ce serait carrément mieux.
Simone Veil fut une femme d'Etat, une femme de combats dont une partie de la vie a été assombrie par sa présence dans les camps de travail et d'extermination durant la deuxième guerre mondiale. C'était aussi une personne digne, fière, qui ne se laissait pas facilement apprivoiser, et qui gardait des zones d'ombre sur son histoire. C'est cette époque abominable, celle des déportations, des gazages dans des camps aux tréfonds de l'Europe, qi a intéressé le romancier David Teboul, qui a étudié les correspondances entre Simone et ses sœurs Micheline (alias Milou ou Miche) et Denise. Trois sœurs qui ont traversé l'horreur de cette époque la tête haute, autant que possible, et qui ont perdu leurs parents et leur frère dans la tourmente.
Le récit, adapté par Marie Desplechin, rend bien hommage à cette histoire familiale à la fois ordinaire et extraordinaire, les liens uniques de cette famille brisée par leur appartenance à une religion à laquelle elle ne croyait même pas, victime de la barbarie nazie. Des trois, on sent d'ailleurs que c'est Denise qui était la plus douée, la plus touchante, elle qui a aussi perdu sa sœur aînée après la guerre dans un accident de voiture. Elle qui s'est effacée derrière sa cadette, qui s'est mise sous les feux des projecteurs à partir des années 60, alors qu'elle aussi aurait mérité d'y être. L'histoire est touchante, extrêmement triste parfois, il y a aussi une pointe d'humour, mais surtout l'amour que se portent tous les membres de cette famille, chacune et chacun à sa façon.
Pourtant, malgré tout ça, je n'ai pas été transporté. Simone Veil ne m'a jamais vraiment intéressé, c'est un peu honteux d'écrire ça, mais j'ai toujours senti en elle une froideur qui ne me donnait pas envie d'en savoir plus sur elle. Et malgré le dessin à la fois naïf et élégant de Fred Bernard, cet album n'a pas réussi à me faire changer d'avis, à briser cette distance. Tant pis, j'espère que cela marchera pour d'autres lectrices et lecteurs.
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Tough - L'Héritier du dragon
Je ne connaissais pas la série mère (Tough), mais cela n'a pas l'air d'être dérangeant pour attaquer ce nouveau cycle avec un nouveau personnage : Ryusei. Mais par contre on reste dans la baston. BAM ! Car oui, ça envoie de la mornifle et du steak de phalanges ! Ryusei qui se pensait invincible, va tomber sur (beaucoup) plus fort que lui en enquêtant sur son père qu'il aimerait bien retrouver. L'occasion d'apprendre une nouvelle technique martiale auprès d'un nouveau mentor, le frère de son père. Bon, ba oui, on est dans le manga bien bourrin, mais qui donne dans le bien fait. Le dessin est plutôt soigné et les séquences de combat bien rendues. Après, faut aimer, moi c'est pas plus que ça ma came, même si ça fait le taff.
Avaler la lune
tome 2 : la forêt Changement de décor pour le second épisode de ce triptyque de SF atypique : désormais, la quasi-totalité du récit se déroule sur la surface lunaire, dans la forêt artificielle édifiée par Aleksander, l’ingénieur controversé de l’équipe, le but étant de préserver la vie sur Terre menacée d’extinction en produisant suffisamment d’énergie pour alimenter des dépollueurs. Ce deuxième volet d’« Avaler la Lune » permet aux auteurs de développer leur univers singulier, avec une profusion d’éléments scénaristiques innovants et de trouvailles graphiques. Nous avions déjà fait connaissance l’exotérus dans le tome 1, cette drôle de machine qui permet de se déplacer très facilement dans un environnement hostile tout en restant à l’abri dans un aquarium. Cette fois, c’est dans cette fameuse forêt lunaire que les personnages vont évoluer, une forêt capable de se développer très vite grâce à une « super plante » modifiée à partir de corail, d’algues et de lichen. Les humains qui n’ont vécu que sur la Lune sont quant à eux très différents de l’espèce terrestre. Ce sont littéralement des mutants, des géants aux membres surdimensionnés dont le visage est envahi partiellement par le corail dont ils se nourrissent… La coutume veut que quand ils sentent l’heure de leur mort approcher, ils « se plantent » dans la terre pour entamer une seconde vie en fusionnant avec le « végétal » lunaire, favorisant ainsi l’érection des dômes protecteurs… Visuellement, c’est assez bluffant. Lucie Castel a créé un vocabulaire visuel en s’appuyant sur la beauté poétique des coraux pour laisser libre cours à son imagination et créer sa jungle sélénite. On reste admiratif devant cette infinité de formes associées à des couleurs recherchées, que seuls permettent les outils numériques, pour un résultat très moderne, tout à fait étonnant. Léger bémol à cela, la lisibilité du récit souffre de quelques inconvénients liés à un trait un rien minimaliste : des tonalités parfois un peu sombres qui maltraitent l’œil pour distinguer certains détails, des visages un peu sommaires qui compliquent parfois la reconnaissance des personnages, et un découpage des scènes d’action pas toujours très fluide. Quant au scénario, s’il reste cohérent, il aurait peut-être mérité d’être élagué. Certaines digressions et dialogues n’apportent pas grand-chose à l’histoire, à moins d’accepter l’adjonction d’une dose de psychologie (cf. les rapports tendus entre Agafia et sa mère Paloma) dans ce récit d’aventure sur fond de catastrophe écologique. Malgré tout, Grégory Jarry et Robin Cousin ont su insuffler suffisamment de tension dans la narration pour nous donner envie de découvrir le dernier volet, prévue l’an prochain, ce qui permettra de se faire une idée définitive. tome 1 : l'ascenseur Premier volet d’une trilogie de science-fiction, cette bande dessinée constitue une bonne surprise. Très en phase avec notre réalité terrestre actuelle, elle a pour thème central l’extinction de la vie sur notre planète bleue. A l’heure où une poignée de milliardaires à la tête de multinationales sont en train de s’accaparer les ressources et décider du sort de l’humanité, sans concertation et sans égard pour les populations, le sujet du livre, qui évoque cette question, est donc plus que sérieux. Pour concevoir ce récit, Grégory Jarry s’est inspiré notamment d’un projet évoqué à maintes reprises par les plus rêveurs des scientifiques : un ascenseur spatial entre la Terre et la Lune. Un projet fou repris par la NASA mais dont on ne sait vraiment s’il verra le jour ni sous quelle forme. Quant aux circonstances de sa construction dans le récit, elles étaient liées au projet dément de provoquer l’effondrement de la vie terrestre, prix à payer pour implanter un puissant générateur d’énergie propre et infinie sur la surface lunaire. C’est ainsi que l’on va suivre la jeune Agafia dans sa mission consistant à terminer ce que son père, décédé accidentellement, avait entrepris : rejoindre la Lune à l’aide de l’ascenseur spatial. Seule sur une terre rongée par les pluies acides, elle communique avec sa mère immergée dans un plasma qui la maintient en vie depuis 500 ans, et on va la voir se déplacer dans un exotérus, un drôle d’engin insectoïde. C'est dans celui-ci qu'elle a retrouvé la dépouille de son père et qu'elle utilise désormais pour sa mission. Quelque peu complexe, le scénario est toutefois intrigant, oscillant à coup de flashbacks entre deux temporalités différentes, ce qui ne fera que renforcer le mystère : mais pour quelle raison les instigateurs du projet (à l’exception de la mère d’Agafia) semblent-ils quasiment tous avoir disparu dans des conditions obscures ? Jarry a développé un univers cohérent en extrapolant les technologies actuelles, avec des personnages bien structurés, même si ce tome ne permet pas d’être encore totalement familiarisé avec eux. Le trait nerveux et minimaliste de Lucie Castel, plaisant par son côté peu académique, est rehaussé par le travail sur la couleur de Robin Cousin. Les choix chromatiques permettent de poser des ambiances variées. Plus sombres, un rien fluo ou désaturées selon les passages, les tonalités suggèrent une atmosphère artificielle voire menaçante dans ce contexte où la biodiversité a totalement disparu de la planète. Pour se faire une idée définitive, il faudra sans doute attendre de découvrir la suite (le tome 2 doit paraître fin août), mais force est de reconnaître que les auteurs sont parvenus à nous mettre en appétit et à susciter notre curiosité avec ce premier tome.
Le Rêve du papillon
Une série tout public, qui plaira surtout à un jeune lectorat, ou à des adolescents je pense. Il y a dans l’histoire et dans le dessin des choses qui font penser à Miyazaki (l’aspect onirique, un air de manga pour certains visages, l’héroïne Tutu en tête, le chat canalisant l’héroïne), mais j’ai aussi songé au beau film de Prévert et Grimaud « Le roi et l’oiseau ». Ce qui renvoie à un jeune lectorat, c’est aussi le fait que la plupart des situations dangereuses, tous les aspects de la dictature du mystérieux empereur sont le plus souvent désamorcés par les dialogues (parfois un peu gentillets – sans tomber dans la guimauve non plus) ou par une retombée de tension brutale. La conclusion du quatrième tome est à cet égard symbolique, puisque les happy end s’enchaînent, alors que Tutu mène une révolution là encore dans une relative douceur. L’intrigue, certains décors (les usines et l’exploitation des hamsters), certains personnages (les lapins espions par exemple) permettent d’intéresser les lecteurs sur la durée, alors même qu’il y a quand même des longueurs (dans le troisième tome en particulier). Inégal, des longueurs, mais une série que certains jeunes lecteurs peuvent tout à fait bien aimer. En ce qui me concerne, c’est sympathique, mais sans plus.
FVZA
Tiens, amusant, moi qui a priori ne suis pas un gros fan des histoires de zombies ou de vampires, voilà que j’ai trouvé globalement agréable cette série, qui mélange les deux thématiques. Déjà le dessin est plutôt sympathique, plaisant et fluide. Bien meilleur dans son rendu en tout cas que le tout venant du comics moderne. Et la colorisation est elle aussi réussi, malgré les légers changements de casting dans ces domaines. L’intrigue est un chouia en deçà du dessin, mais elle se laisse lire. Assez vite d’ailleurs, car il n’y a pas beaucoup de texte, et l’histoire n’est pas non plus trop fouillée. Mais c’est dynamique, et les révélations successives autour de la famille du héros, vétéran de la lutte contre les vampires et zombies, permettent de ne pas s’ennuyer.
Mi-Mouche
Jolie BD jeunesse osant affronter de face les sujets féministes du moment, rejoignant en cela le contingent des titres de 2025 (adultes pour l'essentiel : "Notre affaire", "Les Yeux d'Alex", Des filles normales, Rouge signal, etc.) dressant le paysage forcément torturé de l'actuelle condition des femmes en France et dans le monde. Les thématiques sensibles sont nombreuses ici (deuil de la sœur jumelle, handicap, adolescence et quête de soi, difficulté à assumer les espoirs et projections des parents sur leurs enfants, harcèlement scolaire, enfermement genré des corps dans des représentations stéréotypées, etc.) et, malheureusement pour le moment, il semble que la scénariste Véro Cazot ne parvienne à assembler tout cela subtilement. A titre personnel, je regrette notamment le recours, façon Ernest & Rebecca, au dialogue avec l'amie imaginaire (ici, l'ombre de l'héroïne, assimilable à son inconscient) : une fausse bonne idée focalisant l'attention et structurant l'évolution du récit. Les prochains tomes parviendront peut-être à repositionner sur le devant les importantes thématiques en l'état davantage évoquées que traitées. Côté illustrations par contre, c'est du tout bon ! J'aime beaucoup le style de Carole Maurel : ses couleurs contrastées susceptibles par un jeu d'ombre d'exclure un pan de visage, son trait dynamique et appuyé créant un mouvement incroyable évoquant sur ce point l'immense Franquin (si si !), ses cadrages et décadrages à la Vanyda rendant expressif le moindre regard ou dessin de bouche. Style encore perfectible mais déjà remarquable, moderne, sympathique de rondeur ! En espérant par contre, que les éditeurs ne la poussent pas vers l'épure (des décors de plus en plus fréquemment effacés, des plans de plus en plus rapprochés), qui la rendrait "seinen-compatible" mais dépersonnaliserait indiscutablement son style.
Frontier
Bon, commençons par le positif : j’ai adoré le dessin. Pas du tout surpris par Singelin que j’avais découvert sur PTSD, c’est du même acabit avec énormément plus de pages. Ça foisonne de détails et de minutie, c’est coloré, c’est kawaï, bref le gars a un style bien à lui reconnaissable qui me plaît à chaque fois beaucoup. Après sur le fond qu’est-ce que je peux en dire ? (…) C’est bien les histoires pétris de bons sentiments, ça me touche autant que ça me fait lever les yeux au ciel. Les messages positifs, l’entraide, l’humanité, le progressisme, tout ça c’est bien, j’y souscris en partie, mais c’est trop souvent traité sur un ton mièvre qui à la longue a fini par me perdre. « Gnagnagna les méchantes corporations capitalistes qui font rien qu’exploiter la misère humaine et les ressources de la planète », qu’est-ce que j’en ai marre de lire cette marotte dans la SF, j’vous jure, ok Jean-Michel Jenfoncedesportesouvertes, on a compris t’es de gauche. Les terres rares, les ressources premières, ce qui fait marcher ton téléphone Apple, ta télé 4k et tout ce qui fait qu’aujourd’hui tu ne vis pas dans une cabane en torchis au fond des bois, toutes ces choses ça pousse par terre, suffit de se baisser pour les ramasser. Les grandes entreprises, les entrepreneurs, ce sont des créateurs de richesse (et je parle pas que de pognon, d’ailleurs où est le mal à générer du profit ?), ils font bouger la science, font évoluer les infrastructures, améliorent par la recherche la vie des gens. Ok c’est pas tout blanc ni tout noir mais dans Frontier c’est pour le coup très manichéen. Non parce que dans la dernière partie, lorsque nos personnages débarquent sur la station utopique où tout le monde il est gentil, tout le monde il s’entraide, on plante des arbres et y a plus d’argent (on se demande comment tout cela tient debout en vrai), bah ta ZAD en vrai elle peut pas fonctionner. Parce que c’est pareil hein, une ZAD c’est 10 gusses qui font tenir la zone en se bougeant le cul pour 90 autres qui en branlent pas une. Mais bon… c’est mignon tout plein hein, ici chacun trouve sa place naturellement, les réfugiés sont tous des diplômés en botanique ou ingénierie spatiale, c’est formidable. Après, et sans lister, y a plein de trucs dans le scénario que je trouve pas si bien fichu que ça, par exemple quand Alex, Ji-Soo et Camina se font repérer et tirer dessus sans sommation parce qu’on pense que ce sont des espions à cause du logo Energy Solution qu’ils portent : c’est complètement con comme réflexion. Si t’es un espion pour telle société, tu vas pas te balader avec une énorme pancarte dans le dos disant « JE BOSSE POUR ENERGY SOLUTION ». Bon, ça fait partie des quelques raccourcis un peu bas du front que j’ai relevés. On dira que je chipote… Mais sinon, pour terminer quand même sur une note positive, cela demeure néanmoins une aventure spatiale prenante à suivre, avec de l’action, du dépaysement. Dommage qu’on y ajoute les sempiternelles luttes niaiseuses socialo-écologico-progressistes.
Moonlight Express
Premier contact pour ma part avec Smolderen et Clérisse, les deux auteurs de L'Eté Diabolik ou Souvenirs de l'empire de l'atome. Je n'étais pas sûr d'entrer dans le style graphique si particulier de Clérisse, mais je crois que, finalement, c'est ce qui m'a le plus convaincu. Passé l'étonnement, son dessin revêt une vraie élégance, et dégage une atmosphère à l'identité forte, qui marque durablement (aidé par une bande-son proposé en début d'album, qui est à mi-chemin entre le gadget inutile et le support auditif plaisant). C'est vraiment cette petite claque graphique qui fonctionne le mieux, et permet à Moonlight Express de sortir véritablement du lot. Car, du côté du scénario de Smolderen, j'en dirais pas spécialement du mal, mais il était possible de muscler le jeu. En effet, cette histoire de braquage et de vengeance s'insère dans une période historique qu'il est toujours intéressant d'explorer, le Berlin d'après-guerre. Un climat particulier que Smolderen et Clérisse illustrent assez bien, et dans lequel on entre facilement (y compris dans le deuxième acte à Los Angeles). Néanmoins, j'aurais aimé que ce récit me marque davantage. Je crois que sa trop grande linéarité, et peut-être une légère absence de profondeur dans les personnages, l'empêche d'être aussi convaincant qu'il aurait dû l'être. Le problème, c'est aussi que Moonlight Express souffre de la comparaison avec un géant de la bande dessinée, Pierre-Henry Gomont. Il y a le même côté "récit picaresque" dans cette bande dessinée que celui qu'on peut trouver dans un Slava, par exemple. Mais là où Slava nous emmenait au plus profond de l'âme de ses personnages, notamment dans un final absolument magistral, Moonlight Express en reste trop à la surface pour atteindre pleinement son but. Il est bien question de racisme, de légitimité de la vengeance, d'amour brisé, mais j'ai toujours l'impression qu'on fait le tour de chacune de ses questions sans entrer vraiment dedans à un moment ou à un autre. Comme si les auteurs croyaient que la fantaisie historique empêchait d'entrer dans le drame cornélien. Reste une lecture tout à fait sympathique, la découverte d'un personnage historique tout ce qu'il y a de plus ignoble (même si, là aussi, le récit reste un peu trop superficiel), et une claque graphique qui fonctionne assez bien. Malgré cela, j'aurais aimé plus, mais peut-être est-ce un caprice d'enfant gâté de ma part ?
Super Dys
Les neuroatypiques, une (très large) catégorisation des personnes ayant des difficultés d'apprentissage, comptent parmi leurs rangs les dys. Dysorthographiques, dyspraxiques, dyslexiques, etc., etc. Ils ne sont pris en charge en tant que tels que depuis une ou deux décennies, et c'est un véritable parcours du combattant pour les personnes diagnostiquées (quand elles le sont) et leurs parents. C'est ce qu'a voulu montrer Christelle Béchouche, qui a elle-même connu des soucis d'apprentissage dans sa jeunesse et a fait de la vulgarisation du sujet un de ses sujets de prédilection. Son crédo : faire comprendre aux enfants dys qu'ils n'ont pas un "problème", mais plutôt un superpouvoir, la capacité de "voir", de "sentir" les choses différemment de celles et ceux qui s'insèrent dans des apprentissages "classiques". Des solutions existent, elles sont détaillées dans l'album : équipes pédagogiques, AESH, PAP... Des termes peut-être abscons, mais qui sont explicités en annexe de l'album, un autre bon point. Les dialogues et les récitatifs de l'album ont d'ailleurs été imprimés dans une police de caractères que les dys peuvent lire, car c'est l'une des difficultés primales qu'ils rencontrent. Le dessin est assuré par Juliette Bertaudière, qui a déjà deux autres albums derrière elle, et donc le style "naïf" colle bien avec la narration toute en bienveillance, en douceur et en pédagogie réalisée par Béchouche. Au final un album qui fait du bien à la cause des dys.
Empires
« Une dark fantasy implacable, entre le réalisme brut de La Compagnie Noire et l'épique flamboyant de David Gemmell ». Ouh là, alors attention, parce que quand je lis quelque part « David Gemmell » en référence, je plisse des yeux et je mets ça dans mon panier des choses à lire. En plus Glen Cook et La Compagnie Noire moi j’ai pas spécialement accroché au style du gars mais j’aimais bien l’idée. Donc si ça peut être fait façon Gemmell-style, aller, je dis banco. J’ai confiance, c’est écrit par Nicolas Jarry qu’on peut reconnaître sans problème comme un digne héritier de l’écrivain anglais. Alors, qu’est-ce que ça donne ? Je trouve ça pas mal, maaaaaais malgré 5 tomes (4 actuellement parus) je trouve les histoires un peu « rushées ». Le contenu est dense, trop peut être pour de la bande dessinée, les personnages j’ai un mal fou à retenir leur nom, ça commençait dès le premier tome avec le second de Tulas qui n’a pas de background donc on le liquide, la relation père-fils, zéro développement donc on s’en fout un peu etc. ça partait mal mais au final dès le tome suivant c’est déjà mieux foutu. En fin de compte on est sur la même structure que les Elfes, Nains, Orcs, Mages et cie de chez Soleil, un album = une histoire = un nouveau dessinateur, sauf que là on est pas en Aquilon mais dans le monde de « Empires ». Donc si on aime Nains comme ça été mon cas à une époque, bah c’est le même auteur, vous serez pas dépaysé. Il faut s’accrocher mais si on lui laisse le temps, c’est plutôt une série sympatoche à lire. Rien de révolutionnaire, on est dans les thématiques chers à Nicolas Jarry, et ça fait bien le café. En revanche niveau design, j’accroche pas. Enfin, ça dépend, le tome 1 par exemple : alors c’est jolie par séquence, il y a des planches hollywoodiennes, mais le style de Ruiz ne suscite pas d’émerveillement chez moi. Le character design par exemple, Tulas avec sa dégaine de Witcher TF1+, les armures qui font très fantasy mais non pas l’air du tout fonctionnelles, architectures et décors ne m’ont fait ni chaud ni froid. Et les couleurs informatiques, jamais j’arriverai à m’y faire. Le tome 2 avec Vax au dessin et Fabris aux couleurs déjà ça ça me plaît davantage. Et là on perçoit bien le côté « Compagnie noire » qu’on nous a vendu. Voilà, comme chez la concurrence Soleil, faut trier le bon grain de l’ivraie. Y a 5 tomes (peut être une saison 2 ? ), faites vos choix. Donc bilan mitigé. Je ne suis pas sûr de rester un fidèle mais j’ai quand même une petite curiosité en cas de saison 2. Sinon j’ai une meilleure idée à suggérer aux éditeurs : pourquoi ne pas obtenir les droits pour adapter directement les romans Drenaï de David Gemmell ? Ce serait carrément mieux.
Les Sœurs Jacob
Simone Veil fut une femme d'Etat, une femme de combats dont une partie de la vie a été assombrie par sa présence dans les camps de travail et d'extermination durant la deuxième guerre mondiale. C'était aussi une personne digne, fière, qui ne se laissait pas facilement apprivoiser, et qui gardait des zones d'ombre sur son histoire. C'est cette époque abominable, celle des déportations, des gazages dans des camps aux tréfonds de l'Europe, qi a intéressé le romancier David Teboul, qui a étudié les correspondances entre Simone et ses sœurs Micheline (alias Milou ou Miche) et Denise. Trois sœurs qui ont traversé l'horreur de cette époque la tête haute, autant que possible, et qui ont perdu leurs parents et leur frère dans la tourmente. Le récit, adapté par Marie Desplechin, rend bien hommage à cette histoire familiale à la fois ordinaire et extraordinaire, les liens uniques de cette famille brisée par leur appartenance à une religion à laquelle elle ne croyait même pas, victime de la barbarie nazie. Des trois, on sent d'ailleurs que c'est Denise qui était la plus douée, la plus touchante, elle qui a aussi perdu sa sœur aînée après la guerre dans un accident de voiture. Elle qui s'est effacée derrière sa cadette, qui s'est mise sous les feux des projecteurs à partir des années 60, alors qu'elle aussi aurait mérité d'y être. L'histoire est touchante, extrêmement triste parfois, il y a aussi une pointe d'humour, mais surtout l'amour que se portent tous les membres de cette famille, chacune et chacun à sa façon. Pourtant, malgré tout ça, je n'ai pas été transporté. Simone Veil ne m'a jamais vraiment intéressé, c'est un peu honteux d'écrire ça, mais j'ai toujours senti en elle une froideur qui ne me donnait pas envie d'en savoir plus sur elle. Et malgré le dessin à la fois naïf et élégant de Fred Bernard, cet album n'a pas réussi à me faire changer d'avis, à briser cette distance. Tant pis, j'espère que cela marchera pour d'autres lectrices et lecteurs.