Comme dans Le Roi des bourdons, De Thuin nous propose ici une histoire avec des personnages animaliers qui font pas mal penser à ceux de Trondheim.
C’est une histoire au départ assez classique, autour de quelques vieux copains qui se retrouvent. Puis, peu à peu, une affaire sordide s’immisce dans le récit, puis dans leurs relations, jusqu’aux révélations finales qui noircissent singulièrement le tableau.
De Thuin joue sur un registre un peu ronronnant, pas forcément très original. Mais, même si le rythme est un peu lent et si intrigue et personnalités ne sont peut-être pas suffisamment approfondies, ça se laisse toutefois lire, gentiment.
Je suis juste resté sur mes questions – et donc ma faim – concernant le personnage d’Étienne et sa pseudo invention – surtout que c’est là-dessus que ça se termine. Je ne sais trop quoi en penser.
Dessin et histoire sont presque tout public. Rien d’extraordinaire me concernant, mais c’est un petit emprunt gentiment sympathique.
Ok donc, il s’agit d’une fiction basée on l’imagine sur la fondation de l’Église de Scientologie par L. Ron Hubbard. Nous sommes dans un tome introductif où cette secte n’a pas encore de nom mais les parallèles paraissent évidents : Wilbur Arbogast écrivain autrefois populaire pour le magazine Outstanding est cet écrivain de science-fiction raté qu’était Hubbard, et la dianétique de l’un c’est la psychogénie de l’autre.
C’est une histoire qui va tourner autour de la mystification, de l’escroquerie intellectuelle, de la manipulation psychologique, et de carottage financier. Je pense que le clin d’œil au film Nightmare Alley est très clair, pour ceux qui ont la réf’. Voilà, il y a rien d’autre à dire de plus, si le sujet vous passionne, allez-y, c’est bien écrit, c’est du Brüno dans le style, donc ça se lit vite malgré la centaine de pages. Perso je ne suis pas trop dans ce genre d’ambiance en ce moment donc je fais l’impasse sur la suite. Une autre fois peut-être…
Une belle BD, très sensible, qui aborde la danse avec réalisme. J’ai aimé la progression de Polina, son rapport complexe avec son professeur et sa recherche d’émancipation artistique. Le dessin en noir et blanc, tout en légèreté, capte bien la grâce et la tension des corps.
L’histoire est touchante, mais le rythme reste très lent et la narration assez silencieuse, ce qui peut frustrer par moments. On sent la profondeur du propos : la rigueur, le doute, la liberté, mais j’aurais aimé un peu plus d’émotion ou de densité narrative.
Il est à noter qu’une polémique entoure l’auteur : certaines de ses œuvres (pas celle-ci) sont accusées de banaliser l’inceste et la pédocriminalité
Documentaire destiné aux lecteurs de 9 à 109 ans (au-delà, c'est interdit), cette BD retrace, par grandes étapes et à travers quelques figures marquantes, l'évolution de la science depuis la Grèce antique jusqu'à nos jours. Après une page d'introduction avec un bref texte expliquant le contexte, chacun des courts chapitres met en scène deux enfants venus du futur pour interviewer les savants, les rencontrant successivement dans des mises en scène plus symboliques que réalistes, allant de Pythagore à Feynman, en passant les savants arabes du Moyen-âge mais aussi beaucoup de scientifiques féminines, l'accent étant mis sur le rappel que les femmes aussi ont compté pour les sciences.
C'est une initiative sympathique, mise en image dans un style simple et accessible rappelant l'esprit des séries documentaires Casterman telles que L'Histoire de l'Art en BD ou L'Histoire de France en BD. La mise en scène reprend le bon principe de commencer simplement, en posant les bases de ce qu'est la science et comment se sont faites les premières découvertes et les premières hypothèses. Puis on voit comment les choses évoluent et s'affinent avec les siècles avant forcément de se densifier plus on s'approche de l'ère contemporaine et de l'accélération des progrès scientifiques. Toutes les étapes scientifiques et tous les scientifiques ne sont pas représentés, un choix a été fait par les auteurs mais il me parait valable et suffisamment cohérent pour ne pas entrainer de reproche.
Le contenu est intéressant, allant à l'essentiel avec un ton léger, approprié pour une lecture jeunesse ou de pur néophyte. On notera toutefois que cela se complexifie un peu sur les derniers chapitres, ou du moins le texte se densifie ce qui peut faire décrocher certains. Je ne suis pas persuadé que tous les jeunes lecteurs seront assez motivés pour aller jusqu'au bout de l'album.
Pour ma part, avec un bagage scientifique, j'ai trouvé la lecture plaisante même si j'y ai peu appris de nouveautés mais j'ai découvert avec intérêt la partie consacrée à l'âge d'or scientifique du monde musulman, période dont je connaissais l'influence, mais pas le détail.
Voilà une œuvre sur laquelle je ne sais pas encore pleinement quoi penser mais que je trouve indéniablement intéressante.
Vertu de St-Cyr, avec son titre et sa couverture, m'a paru à l'origine être un banal récit historique vantant la gloire passée et (disons-le) grandement enjolivée (voire même inventée) de la France, le tout dans un enrobage "girl-power". Sauf que voilà, curieuse que je suis, j'ai quand-même essayé de voir de quoi il retournait et, quand j'ai vu qu'il s'agissait vraisemblablement d'un récit souhaitant surtout parler de sujets comme le harcèlement scolaire, l'élitisme bourgeois et la cruauté et le froideur d'un système patriarcal, j'avoue que j'ai sincèrement eu envie de voir de quoi il retournait.
Vertu de St-Cyr nous raconte l'histoire de Vertu Dumas, une jeune femme souhaitant rejoindre les rangs de l'armée et qui devra faire face à un système archaïque, cruel et inhumain broyant chacun-e des élèves entrant dans l'école. Ou l'on plie, ou l'on casse. Vertu, orgueilleuse et désireuse de justice, fera tout son possible pour résister mais finira par rejoindre malgré elle l'infernale machine qui régit l'école, et c'est avec Ysaure L'Éstoiles, une jeune fille dont la vie sociale a été réduite en miette lorsque d'affreuses rumeurs sur sa soi-disante perte de virginité on commencé à circuler, et Alyosha Novotny, petit frère du grand chef de la bande dirigeante, secrètement homosexuel, que Vertu va commencer à instaurer une rébellion, une vengeance même. Bon, sur ce point, difficile pour moi d'en dire plus, c'est justement là que ce premier tome se termine.
L'histoire est classique, la mise en scène ne m'a pas convaincue et le dessin, bien qu'expressif, ne me parle pas tant que ça. Sur ces points l'album ne m'a pas vraiment marqué en bien, et pourtant je vous ai partagé le fait que je le trouvais tout de même très intéressant lors de mon introduction. Pourquoi ? Parce que l'album ne mets pas des gants et souhaite aborder son sujet ouvertement et clairement. Harcèlement systémique, pression social, bizutages, peur, contrôle des foules, discours sexistes, racistes, classistes, nationalistes et homophobes normalisés et intériorisés, la radicalisation des pensées et des paroles, les beaux discours de façades et les actions "positives" qui ne font pas de vague, qui ne changent rien… On nous parle de tout, tout ce qui constitue un système social cherchant par tout les moyens à conserver des séparations de classes, de sexes/genres claires et qui cherche à se donner des airs de progressisme. Le fait que le récit et la mise en scène, tant dans les dialogues que dans l'usage de certaines commodités modernes, mélange le récit historique et certains us et coutumes de notre époque à nous nous rappelle le caractère intemporel de ce genre de récit. Au delà du caractère intemporel, il est aussi question d'un fonctionnement de pensée, d'une construction sociale qui refuse de mourir, qui se cache sous des atours progressistes et bien pensants mais qui continue bel et bien d'exister, d'agir, d'écraser les mentalités.
La post-face où les autrices parlent de ce qui les a inspiré pour ce récit est justement intéressant. Le sujet de l'embrigadement et de la dichotomie entre les discours tenues et les actions effectuées par les classes dirigeantes, par les institutions nationales, sont encore bel et bien d'actualité.
Donc voilà, même si la forme du récit ne me parle pas vraiment, que la narration m'a paru trop convenue, je reconnais amplement à cette création de ne pas être creuse et mièvre pour autant, d'être joliment travaillée et documentée dans son fond même. Je n'irais sans doute pas plus loin, faute d'attache, mais nul doute que d'autres personnes pour qui ce style parle plus sauront apprécier ce récit qui, je l'espère avec cette prémisse engageante (bien que classique), semble bien parti pour être a minima sympathique et réfléchie.
Je suis une grande admiratrice du travail de Fujimoto, alors même si je ne m'attendais pas à être transcendée par cette anthologie j'avoue avoir été très curieuse de lire les premières œuvres de l'auteur.
Comme je m'y attendais, comme souvent de toute façon avec les premières œuvres, c'est très inégal. On reconnait déjà les thèmes chers à l'artiste, la complexité des relations humaines pour ne citer que la plus évidente. On retrouve sa passion pour le sujet de l'attraction sexuelle (souvent employée comme illustration d'un désir de connexion plus large), son goût pour les récits violents et surtout son amour des synopsis abracadabrantesques (pas nécessairement constaté son amour du cinéma qu'il exprimera pourtant dans ses œuvres postérieures cela-dit).
Je n'ai pas aussi été touchée par ces récits que j'ai pu l'être face aux autres créations plus connues de l'auteur, mais bon je pouvais m'en douter, il s'agit ici de premières esquisses et de premiers faits d'armes. J'avoue néanmoins avoir bien apprécié les deux derniers récits du dernier tome, tous deux centrés sur des relations adelphiques complexes et sur la difficulté de la communication et de la compréhension d'autrui.
Inégal, sans doute pas indispensable (surtout pour des personnes souhaitant découvrir l'auteur), mais j'avoue avoir tout de même trouvé la lecture intéressante.
(Note réelle 2,5).
Je vais être un peu moins sévère que mes prédécesseur-e-s malgré une lecture déroutante. Je l'ai trouvé déroutante parce que les auteur-es privilégient le côté irrationnel du récit. Il manque surement quelques explications pour que le lecteur-trice sorte du récit rassasié. Les auteur-e-s nous proposent d'accompagner Elsie dans un curieux voyage à la recherche de vérité et d'apaisement. De plus la thématique écologique est fortement présente dans une confrontation entre les occidentaux avides et les autochtones en perte de repères. C'est cette colère qui apporte la disharmonie de la forêt par la violence qui lui est faite ( la déforestation) ou la violence faite aux femmes.
La lecture n'est pas simple car le texte est rare et les situations souvent énigmatiques dans une ambiance cauchemardesque proche de la folie.
Par contre cette ambiance d'irrationalité est très bien traduite par le très beau graphisme de Karine Bernadou. Ses peintures s'appuient sur un trait souple qui donne un beau mouvement au visuel. La mise en couleur très recherchée entre les bleus sombres et les rouges lumineux renforce l'esprit fantasmagorique de la narration.
Une lecture qui peut s'avérer déroutante mais qui est pleine de richesses.
Roman graphique transformant a posteriori Rébétiko en un diptyque historique sur cette musique populaire durant la dictature grecque de Metaxas.
Des thématiques merveilleuses et stimulantes au possible : l'amour de la musique, la marginalisation sociale, la censure et les intimidations sous une dictature, la place des femmes dans des sociétés réactionnaires, le tout saupoudré de romance, de comportements autodestructeurs, de passions trahies et de rêves d'ailleurs.
L'ensemble est servi par un trait fin élégant, même si assez carré et relativement figé, des couleurs chaudes à la pâleur discrète et une mise en page épurée et aérée.
Du bel ouvrage a priori, qui malheureusement ne parvient véritablement à embarquer son lecteur du fait d'une articulation de l'ensemble des thématiques plutôt maladroite. L'intrigue privilégie la tranche de vie romantique au romanesque historique. L'arrière-plan du fascisme, de la censure, du racisme, de la population scindée entre soutien au régime et rébellion, tout cela est simplement esquissé, lointainement présent, fort peu développé, au contraire des intrigues sentimentales.
Ce second tome poursuit la veine du premier Rébétiko, en adoptant justement/opportunément le point de vue des personnages féminins.
Une jolie BD privilégiant le panache des perdants magnifiques à la fresque historique engagée, un peu frustrante tant on eut aimé y croiser les deux.
Roman graphique devenu a posteriori 1er tome d'un diptyque historique sur le rébétiko (une musique populaire aux sonorités orientales associée à la danse et aux migrations turques) et plus particulièrement sur la censure le visant durant la dictature grecque du fasciste Metaxas.
Des thématiques merveilleuses et stimulantes au possible : l'amour de la musique, la marginalisation sociale, la censure et les intimidations sous une dictature, la place des femmes dans des sociétés réactionnaires, le tout saupoudré de romance, de comportements autodestructeurs, de passions trahies et de rêves d'ailleurs.
L'ensemble est servi par un trait fin élégant, même si assez carré et relativement figé, des couleurs chaudes à la pâleur discrète et une mise en page épurée et aérée.
Du bel ouvrage a priori, qui malheureusement ne parvient véritablement à embarquer son lecteur du fait d'une articulation de l'ensemble des thématiques plutôt maladroite. L'intrigue privilégie la tranche de vie romantique au romanesque historique. L'arrière-plan du fascisme, de la censure, du racisme, de la population scindée entre soutien au régime et rébellion, tout cela est simplement esquissé, lointainement présent, fort peu développé, au contraire des intrigues sentimentales.
Le second tome, "Rébétissa", poursuit la veine du premier "Rébétiko", en adoptant justement/opportunément le point de vue des personnages féminins.
Une jolie BD privilégiant le panache des perdants magnifiques à la fresque historique engagée, un peu frustrante tant on eut aimé y croiser les deux.
Je ne sais trop quoi penser de cet album, que j’ai trouvé vraiment déroutant.
Le dessin tout d’abord, avec des personnages animaliers, des décors au rendu souvent hyper réaliste (même si finalement il y en a peu), est plutôt intrigant. Et un personnage dont on ne voit pas le visage, caché qu’il est par des bandelettes. En tout cas j’ai vraiment bien aimé l’aspect graphique.
Déroutant aussi le texte en appoint des images. Un texte qui a des allures de long poème triste, qui serait déclamé par le héros, notre chat au visage de momie.
Déroutante enfin la construction de l’album. Aucune bulle, mais un texte mis à côté des images. Parfois même plusieurs pages avec uniquement du texte, puis de longues séquences avec seulement des images.
Du coup je sors avec un ressenti mitigé de cette lecture. Le dessin est plutôt agréable, le texte pas inintéressant, mais le mélange des deux m’a un peu laissé sur ma faim. Publié avec le label d’Amnesty International, j’imagine qu’on a là une sorte d’allégorie de tous les régimes dictatoriaux (ici des chiens qui menacent et traquent parfois de façon indiscriminé les chats, des balles qui fusent, des explosions qui menacent), mais le message est soit trop « simple », soit trop abstrait.
En fait la beauté poétique de certains passages anesthésie plutôt la violence semble-t-il dénoncée par le récit, qui perd en intelligibilité ce qu’il a gagné en poésie. Le « message » s’est perdu quelque part.
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
Indépendante depuis sa création en 1998, Cultura se donne pour mission de faire vivre et aimer la culture.
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
Autreville
Comme dans Le Roi des bourdons, De Thuin nous propose ici une histoire avec des personnages animaliers qui font pas mal penser à ceux de Trondheim. C’est une histoire au départ assez classique, autour de quelques vieux copains qui se retrouvent. Puis, peu à peu, une affaire sordide s’immisce dans le récit, puis dans leurs relations, jusqu’aux révélations finales qui noircissent singulièrement le tableau. De Thuin joue sur un registre un peu ronronnant, pas forcément très original. Mais, même si le rythme est un peu lent et si intrigue et personnalités ne sont peut-être pas suffisamment approfondies, ça se laisse toutefois lire, gentiment. Je suis juste resté sur mes questions – et donc ma faim – concernant le personnage d’Étienne et sa pseudo invention – surtout que c’est là-dessus que ça se termine. Je ne sais trop quoi en penser. Dessin et histoire sont presque tout public. Rien d’extraordinaire me concernant, mais c’est un petit emprunt gentiment sympathique.
Electric Miles
Ok donc, il s’agit d’une fiction basée on l’imagine sur la fondation de l’Église de Scientologie par L. Ron Hubbard. Nous sommes dans un tome introductif où cette secte n’a pas encore de nom mais les parallèles paraissent évidents : Wilbur Arbogast écrivain autrefois populaire pour le magazine Outstanding est cet écrivain de science-fiction raté qu’était Hubbard, et la dianétique de l’un c’est la psychogénie de l’autre. C’est une histoire qui va tourner autour de la mystification, de l’escroquerie intellectuelle, de la manipulation psychologique, et de carottage financier. Je pense que le clin d’œil au film Nightmare Alley est très clair, pour ceux qui ont la réf’. Voilà, il y a rien d’autre à dire de plus, si le sujet vous passionne, allez-y, c’est bien écrit, c’est du Brüno dans le style, donc ça se lit vite malgré la centaine de pages. Perso je ne suis pas trop dans ce genre d’ambiance en ce moment donc je fais l’impasse sur la suite. Une autre fois peut-être…
Polina
Une belle BD, très sensible, qui aborde la danse avec réalisme. J’ai aimé la progression de Polina, son rapport complexe avec son professeur et sa recherche d’émancipation artistique. Le dessin en noir et blanc, tout en légèreté, capte bien la grâce et la tension des corps. L’histoire est touchante, mais le rythme reste très lent et la narration assez silencieuse, ce qui peut frustrer par moments. On sent la profondeur du propos : la rigueur, le doute, la liberté, mais j’aurais aimé un peu plus d’émotion ou de densité narrative. Il est à noter qu’une polémique entoure l’auteur : certaines de ses œuvres (pas celle-ci) sont accusées de banaliser l’inceste et la pédocriminalité
Les Grands Esprits se rencontrent - Une histoire des sciences de l'Antiquité à nos jours
Documentaire destiné aux lecteurs de 9 à 109 ans (au-delà, c'est interdit), cette BD retrace, par grandes étapes et à travers quelques figures marquantes, l'évolution de la science depuis la Grèce antique jusqu'à nos jours. Après une page d'introduction avec un bref texte expliquant le contexte, chacun des courts chapitres met en scène deux enfants venus du futur pour interviewer les savants, les rencontrant successivement dans des mises en scène plus symboliques que réalistes, allant de Pythagore à Feynman, en passant les savants arabes du Moyen-âge mais aussi beaucoup de scientifiques féminines, l'accent étant mis sur le rappel que les femmes aussi ont compté pour les sciences. C'est une initiative sympathique, mise en image dans un style simple et accessible rappelant l'esprit des séries documentaires Casterman telles que L'Histoire de l'Art en BD ou L'Histoire de France en BD. La mise en scène reprend le bon principe de commencer simplement, en posant les bases de ce qu'est la science et comment se sont faites les premières découvertes et les premières hypothèses. Puis on voit comment les choses évoluent et s'affinent avec les siècles avant forcément de se densifier plus on s'approche de l'ère contemporaine et de l'accélération des progrès scientifiques. Toutes les étapes scientifiques et tous les scientifiques ne sont pas représentés, un choix a été fait par les auteurs mais il me parait valable et suffisamment cohérent pour ne pas entrainer de reproche. Le contenu est intéressant, allant à l'essentiel avec un ton léger, approprié pour une lecture jeunesse ou de pur néophyte. On notera toutefois que cela se complexifie un peu sur les derniers chapitres, ou du moins le texte se densifie ce qui peut faire décrocher certains. Je ne suis pas persuadé que tous les jeunes lecteurs seront assez motivés pour aller jusqu'au bout de l'album. Pour ma part, avec un bagage scientifique, j'ai trouvé la lecture plaisante même si j'y ai peu appris de nouveautés mais j'ai découvert avec intérêt la partie consacrée à l'âge d'or scientifique du monde musulman, période dont je connaissais l'influence, mais pas le détail.
Vertu de St-Cyr
Voilà une œuvre sur laquelle je ne sais pas encore pleinement quoi penser mais que je trouve indéniablement intéressante. Vertu de St-Cyr, avec son titre et sa couverture, m'a paru à l'origine être un banal récit historique vantant la gloire passée et (disons-le) grandement enjolivée (voire même inventée) de la France, le tout dans un enrobage "girl-power". Sauf que voilà, curieuse que je suis, j'ai quand-même essayé de voir de quoi il retournait et, quand j'ai vu qu'il s'agissait vraisemblablement d'un récit souhaitant surtout parler de sujets comme le harcèlement scolaire, l'élitisme bourgeois et la cruauté et le froideur d'un système patriarcal, j'avoue que j'ai sincèrement eu envie de voir de quoi il retournait. Vertu de St-Cyr nous raconte l'histoire de Vertu Dumas, une jeune femme souhaitant rejoindre les rangs de l'armée et qui devra faire face à un système archaïque, cruel et inhumain broyant chacun-e des élèves entrant dans l'école. Ou l'on plie, ou l'on casse. Vertu, orgueilleuse et désireuse de justice, fera tout son possible pour résister mais finira par rejoindre malgré elle l'infernale machine qui régit l'école, et c'est avec Ysaure L'Éstoiles, une jeune fille dont la vie sociale a été réduite en miette lorsque d'affreuses rumeurs sur sa soi-disante perte de virginité on commencé à circuler, et Alyosha Novotny, petit frère du grand chef de la bande dirigeante, secrètement homosexuel, que Vertu va commencer à instaurer une rébellion, une vengeance même. Bon, sur ce point, difficile pour moi d'en dire plus, c'est justement là que ce premier tome se termine. L'histoire est classique, la mise en scène ne m'a pas convaincue et le dessin, bien qu'expressif, ne me parle pas tant que ça. Sur ces points l'album ne m'a pas vraiment marqué en bien, et pourtant je vous ai partagé le fait que je le trouvais tout de même très intéressant lors de mon introduction. Pourquoi ? Parce que l'album ne mets pas des gants et souhaite aborder son sujet ouvertement et clairement. Harcèlement systémique, pression social, bizutages, peur, contrôle des foules, discours sexistes, racistes, classistes, nationalistes et homophobes normalisés et intériorisés, la radicalisation des pensées et des paroles, les beaux discours de façades et les actions "positives" qui ne font pas de vague, qui ne changent rien… On nous parle de tout, tout ce qui constitue un système social cherchant par tout les moyens à conserver des séparations de classes, de sexes/genres claires et qui cherche à se donner des airs de progressisme. Le fait que le récit et la mise en scène, tant dans les dialogues que dans l'usage de certaines commodités modernes, mélange le récit historique et certains us et coutumes de notre époque à nous nous rappelle le caractère intemporel de ce genre de récit. Au delà du caractère intemporel, il est aussi question d'un fonctionnement de pensée, d'une construction sociale qui refuse de mourir, qui se cache sous des atours progressistes et bien pensants mais qui continue bel et bien d'exister, d'agir, d'écraser les mentalités. La post-face où les autrices parlent de ce qui les a inspiré pour ce récit est justement intéressant. Le sujet de l'embrigadement et de la dichotomie entre les discours tenues et les actions effectuées par les classes dirigeantes, par les institutions nationales, sont encore bel et bien d'actualité. Donc voilà, même si la forme du récit ne me parle pas vraiment, que la narration m'a paru trop convenue, je reconnais amplement à cette création de ne pas être creuse et mièvre pour autant, d'être joliment travaillée et documentée dans son fond même. Je n'irais sans doute pas plus loin, faute d'attache, mais nul doute que d'autres personnes pour qui ce style parle plus sauront apprécier ce récit qui, je l'espère avec cette prémisse engageante (bien que classique), semble bien parti pour être a minima sympathique et réfléchie.
Anthologie - Fujimoto Tatsuki
Je suis une grande admiratrice du travail de Fujimoto, alors même si je ne m'attendais pas à être transcendée par cette anthologie j'avoue avoir été très curieuse de lire les premières œuvres de l'auteur. Comme je m'y attendais, comme souvent de toute façon avec les premières œuvres, c'est très inégal. On reconnait déjà les thèmes chers à l'artiste, la complexité des relations humaines pour ne citer que la plus évidente. On retrouve sa passion pour le sujet de l'attraction sexuelle (souvent employée comme illustration d'un désir de connexion plus large), son goût pour les récits violents et surtout son amour des synopsis abracadabrantesques (pas nécessairement constaté son amour du cinéma qu'il exprimera pourtant dans ses œuvres postérieures cela-dit). Je n'ai pas aussi été touchée par ces récits que j'ai pu l'être face aux autres créations plus connues de l'auteur, mais bon je pouvais m'en douter, il s'agit ici de premières esquisses et de premiers faits d'armes. J'avoue néanmoins avoir bien apprécié les deux derniers récits du dernier tome, tous deux centrés sur des relations adelphiques complexes et sur la difficulté de la communication et de la compréhension d'autrui. Inégal, sans doute pas indispensable (surtout pour des personnes souhaitant découvrir l'auteur), mais j'avoue avoir tout de même trouvé la lecture intéressante. (Note réelle 2,5).
Elsie A.
Je vais être un peu moins sévère que mes prédécesseur-e-s malgré une lecture déroutante. Je l'ai trouvé déroutante parce que les auteur-es privilégient le côté irrationnel du récit. Il manque surement quelques explications pour que le lecteur-trice sorte du récit rassasié. Les auteur-e-s nous proposent d'accompagner Elsie dans un curieux voyage à la recherche de vérité et d'apaisement. De plus la thématique écologique est fortement présente dans une confrontation entre les occidentaux avides et les autochtones en perte de repères. C'est cette colère qui apporte la disharmonie de la forêt par la violence qui lui est faite ( la déforestation) ou la violence faite aux femmes. La lecture n'est pas simple car le texte est rare et les situations souvent énigmatiques dans une ambiance cauchemardesque proche de la folie. Par contre cette ambiance d'irrationalité est très bien traduite par le très beau graphisme de Karine Bernadou. Ses peintures s'appuient sur un trait souple qui donne un beau mouvement au visuel. La mise en couleur très recherchée entre les bleus sombres et les rouges lumineux renforce l'esprit fantasmagorique de la narration. Une lecture qui peut s'avérer déroutante mais qui est pleine de richesses.
Rébétissa (L'Antidote)
Roman graphique transformant a posteriori Rébétiko en un diptyque historique sur cette musique populaire durant la dictature grecque de Metaxas. Des thématiques merveilleuses et stimulantes au possible : l'amour de la musique, la marginalisation sociale, la censure et les intimidations sous une dictature, la place des femmes dans des sociétés réactionnaires, le tout saupoudré de romance, de comportements autodestructeurs, de passions trahies et de rêves d'ailleurs. L'ensemble est servi par un trait fin élégant, même si assez carré et relativement figé, des couleurs chaudes à la pâleur discrète et une mise en page épurée et aérée. Du bel ouvrage a priori, qui malheureusement ne parvient véritablement à embarquer son lecteur du fait d'une articulation de l'ensemble des thématiques plutôt maladroite. L'intrigue privilégie la tranche de vie romantique au romanesque historique. L'arrière-plan du fascisme, de la censure, du racisme, de la population scindée entre soutien au régime et rébellion, tout cela est simplement esquissé, lointainement présent, fort peu développé, au contraire des intrigues sentimentales. Ce second tome poursuit la veine du premier Rébétiko, en adoptant justement/opportunément le point de vue des personnages féminins. Une jolie BD privilégiant le panache des perdants magnifiques à la fresque historique engagée, un peu frustrante tant on eut aimé y croiser les deux.
Rébétiko
Roman graphique devenu a posteriori 1er tome d'un diptyque historique sur le rébétiko (une musique populaire aux sonorités orientales associée à la danse et aux migrations turques) et plus particulièrement sur la censure le visant durant la dictature grecque du fasciste Metaxas. Des thématiques merveilleuses et stimulantes au possible : l'amour de la musique, la marginalisation sociale, la censure et les intimidations sous une dictature, la place des femmes dans des sociétés réactionnaires, le tout saupoudré de romance, de comportements autodestructeurs, de passions trahies et de rêves d'ailleurs. L'ensemble est servi par un trait fin élégant, même si assez carré et relativement figé, des couleurs chaudes à la pâleur discrète et une mise en page épurée et aérée. Du bel ouvrage a priori, qui malheureusement ne parvient véritablement à embarquer son lecteur du fait d'une articulation de l'ensemble des thématiques plutôt maladroite. L'intrigue privilégie la tranche de vie romantique au romanesque historique. L'arrière-plan du fascisme, de la censure, du racisme, de la population scindée entre soutien au régime et rébellion, tout cela est simplement esquissé, lointainement présent, fort peu développé, au contraire des intrigues sentimentales. Le second tome, "Rébétissa", poursuit la veine du premier "Rébétiko", en adoptant justement/opportunément le point de vue des personnages féminins. Une jolie BD privilégiant le panache des perdants magnifiques à la fresque historique engagée, un peu frustrante tant on eut aimé y croiser les deux.
Au pays de la mémoire blanche
Je ne sais trop quoi penser de cet album, que j’ai trouvé vraiment déroutant. Le dessin tout d’abord, avec des personnages animaliers, des décors au rendu souvent hyper réaliste (même si finalement il y en a peu), est plutôt intrigant. Et un personnage dont on ne voit pas le visage, caché qu’il est par des bandelettes. En tout cas j’ai vraiment bien aimé l’aspect graphique. Déroutant aussi le texte en appoint des images. Un texte qui a des allures de long poème triste, qui serait déclamé par le héros, notre chat au visage de momie. Déroutante enfin la construction de l’album. Aucune bulle, mais un texte mis à côté des images. Parfois même plusieurs pages avec uniquement du texte, puis de longues séquences avec seulement des images. Du coup je sors avec un ressenti mitigé de cette lecture. Le dessin est plutôt agréable, le texte pas inintéressant, mais le mélange des deux m’a un peu laissé sur ma faim. Publié avec le label d’Amnesty International, j’imagine qu’on a là une sorte d’allégorie de tous les régimes dictatoriaux (ici des chiens qui menacent et traquent parfois de façon indiscriminé les chats, des balles qui fusent, des explosions qui menacent), mais le message est soit trop « simple », soit trop abstrait. En fait la beauté poétique de certains passages anesthésie plutôt la violence semble-t-il dénoncée par le récit, qui perd en intelligibilité ce qu’il a gagné en poésie. Le « message » s’est perdu quelque part.