Les derniers avis (46321 avis)

Par Emka
Note: 3/5
Couverture de la série Hommes à la mer
Hommes à la mer

Dernier volet du triptyque maritime de Riif Reb's après A bord de l'Etoile Matutine et Le Loup des Mers. Cette fois, pas de roman adapté mais huit nouvelles puisées chez des grands noms comme Poe, Stevenson, London ou Mac Orlan. On navigue de récit en récit, porté par une mer omniprésente, tour à tour cruelle, majestueuse, inhumaine. La diversité des styles est à la fois une richesse et une limite. Chaque auteur amène sa tonalité : fantastique, tragique, poétique… On passe du Pôle Sud aux Caraïbes, des côtes norvégiennes aux profondeurs marines. Certaines nouvelles m’ont plu, d’autres m’ont laissé plus indifférent. C’est le jeu avec un recueil comme celui-ci : impossible d’accrocher à tout de la même manière. Le manque de cohérence entre les récits rend l’ensemble un peu inégal, mais ça n’enlève rien à la force du travail réalisé. Graphiquement, Riff Reb’s est à son sommet. Son trait semi-réaliste, puissant et expressif, donne vie à des marins aux gueules marquées et aux paysages déchirés. Les vagues semblent prêtes à engloutir la page, la mer devient un personnage à part entière. La bichromie, différente pour chaque nouvelle, est utilisée avec intelligence : elle souligne l’ambiance sans jamais l’écraser. Entre ombres denses, lumières tranchées et décors déchaînés, il y a une intensité visuelle qui ne faiblit pas. Malgré quelques récits moins marquants, l’ensemble reste fort, rythmé par une composition fluide. Chaque nouvelle a ses pauses, ses accélérations, ses silences suspendus. Riff Reb’s ne romantise pas la mer : il en montre la brutalité, l’indifférence face à des hommes qui tentent de survivre. Il sait capter l’essence des histoires maritimes, cette tension entre la beauté immense de l’océan et la petitesse de ceux qui le traversent. C’est une conclusion à la hauteur de ce triptyque, une traversée à faire, même si la mer est loin d’être calme.

09/12/2024 (modifier)
Par Emka
Note: 3/5
Couverture de la série Le Vagabond des Étoiles
Le Vagabond des Étoiles

Je vais pour une fois être moins enthousiastes que mes prédécesseurs. Je me suis fait un week end Riff Reb's avec la trilogie maritime et ce Vagabond des étoiles. Et c'est celui qui m'a le moins plu au final malgré un très bon premier tome. On est ici dans un univers carcéral oppressant, dur, sans échappatoire, et pourtant Jack London ouvre une porte : celle de l’esprit. Cette idée de s’évader autrement, par la pensée, m’a tout de suite parlé et m'a fait pensé à d'autres auteurs comme Soljenitsyne sur ce genre de thématiques. C’est une réponse inattendue à la violence physique et au confinement, presque un pied de nez au système qui broie. Le scénario prend son temps pour installer cette tension entre l’enfermement du corps et la liberté de l’esprit, et ça fonctionne. On s’accroche à cette fuite intérieure comme si c’était la seule bouffée d’air possible. Le rythme est maîtrisé, le dessin colle parfaitement au propos. Tout ça donne une première partie solide, marquante, qui ne lâche pas. Et puis vient la deuxième partie, et c'est là que ca a coincé pour moi. On passe d’une histoire à l’autre, des récits de vies passées ou de souvenirs, mais sans vraiment comprendre pourquoi ou comment ils s’enchaînent. En tous cas je n'ai pas compris le fil rouge. C’est comme si l’auteur voulait en dire trop, explorer plusieurs directions en même temps, sans réussir à garder une cohérence d’ensemble. Chaque fragment pris individuellement a de l’intérêt, on sent qu’il y a de la matière derrière, mais mis bout à bout, je n'ai pas compris la logique. Ça manque de liant. J’ai fini un peu frustré de ne pas retrouver l’intensité et la clarté de la première moitié. C’est dommage, parce que l’idée de départ est forte et la manière dont elle est amenée dans la première partie est vraiment réussie. On y croit, on s’implique. Mais ensuite, ça se dilue. Le propos devient flou, l’ensemble décousu. Au final, je retiens surtout cette première partie, percutante, qui montre que même dans l’enfermement le plus total, il reste un espace à soi, indestructible. La suite n’apporte pas grand-chose de plus, et c’est un peu frustrant.

09/12/2024 (modifier)
Par Charly
Note: 3/5
Couverture de la série Les sentinelles - Transfert
Les sentinelles - Transfert

L'histoire est intéressante mais parfois difficile à suivre. Une civilisation avancée contrôle les humains depuis un vaisseau spatial. Le chef programmeur, Kiroutz, influence les vies humaines en manipulant leur cerveau. Cependant, les raccourcis dans le récit rendent la compréhension parfois compliquée. Les thèmes principaux de cette bande dessinée sont la jalousie et le contrôle. Kiroutz, malgré son rôle important, suscite la jalousie de ses collègues. Cela montre comment même dans une civilisation avancée, les émotions humaines comme la jalousie peuvent causer des problèmes. Les personnages sont bien développés, surtout Kiroutz. Il est un chef programmeur talentueux mais doit faire face à la jalousie de ses collègues. Les autres personnages ne sont pas aussi détaillés, ce qui rend difficile de s'attacher à eux. Les dessins de Marie-Christine Demeure sont beaux et détaillés. Ils ajoutent beaucoup à l'histoire et aident à visualiser le monde complexe de la bande dessinée. Cependant, parfois, les illustrations peuvent être un peu confuses, ce qui n'aide pas à clarifier le scénario

27/09/2024 (MAJ le 09/12/2024) (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
Couverture de la série L'Or du bout du monde
L'Or du bout du monde

Philippe Esnos est mort en 2020 mais c'était un vrai chasseur de trésors, épaves submergées et autres tombeaux disparus au fin fond de la jungle. C'est après l'avoir rencontré que Jérôme Félix a eu l'envie de raconter sa vie avant de se décider plutôt à bénéficier de ses conseils pour raconter une histoire fictive sur un trésor dont la légende est bien réelle et qu'Esnos a cherché pendant vingt ans : le trésor de l'Inca Athualpa, des centaines de tonnes d'or cachées à l'époque du conquistador Pizarro. Ce récit se déroule en 1902 et s'entame quand la pauvre servante irlandaise reçoit en héritage un collier inca et une lettre indiquant la route à suivre pour atteindre le fameux trésor. Trahie par l'explorateur sans scrupule à qui elle confie cette formidable carte, elle décide de partir à sa poursuite jusqu'en Equateur. Là-bas on trouvera un autre personnage, aventurier vétéran et lui aussi sans guère de scrupule, qui va croiser la route des deux autres, pour le mal du premier et peut-être le bien de la seconde. C'est un récit d'aventure à l'ancienne qui nous est offert, avec un grand soin apporté au réalisme et à la documentation historique et géographique. Les personnages sont originaux et intéressants, et l'absence de manichéisme est appréciable. C'est bigrement intéressant de voir comment les choses pouvaient se dérouler à cette époque pourtant pas si lointaine, avec ses bons et ses mauvais côtés, et comment un pauvre irlandaise pouvait aboutir à participer à une aventure digne d'un fameux archéologue aventurier. Le graphisme est très académique. Des couleurs plus modernes masquent un peu cet aspect mais il se révèle parfois presque désuet dans son style, avec quelques poses un peu trop figées. J'apprécie son côté réaliste et plusieurs beaux paysages et vues d'ensemble qu'il nous offre, mais je ne suis pas vraiment tombé sous son charme. Du fait de sa recherche de réalisme, le rythme de cette aventure au départ dense et plutôt intense se tasse dans le second tome. Et la fin parait même un peu décousue, avec un long épilogue où l'on finit par se perdre. Tout cela garde un belle crédibilité mais aussi une fin amère qui laisse sur une frustration, non pas parce que l'aventure n'y était pas mais parce qu'elle mène sur une impasse presque laborieuse qui tranche avec l'engouement du premier tome.

04/02/2021 (MAJ le 08/12/2024) (modifier)
Couverture de la série Gueule noire
Gueule noire

J’ai plutôt aimé cette lecture. Mais sans doute pas autant que je l’espérais, au vu du sujet. Le dessin de Lelis est original. Avec un Noir et Blanc rageur, nerveux, il se dégage de ces « ratures » quelque chose de plus lisible que ce que l’on ressent au premier abord. Mais j’ai aussi trouvé que ce style collait parfaitement à la fois au sujet, mais aussi au destin du héros, très très noir. Parmi les choses intéressantes du récit, il y a bien sûr la condition ouvrière au tournant des XIXème et XXème siècles, que ce soient dans les mines (premier tiers de l’album) et parmi le lumpen prolétariat de Paris par la suite, puisque Marcel, notre héros ayant fui sa condition « héréditaire » de mineur pour tenter une émancipation sur Paris, tâte par la suite pour survivre de tous les boulots les plus durs. L’autre intérêt pour moi, c’est de voir mêlée à cette histoire l’action de groupes anarchistes sur Paris, qui pratiquent la « reprise individuelle », avec pas mal de choses rappelant le très beau roman de Darien « Le voleur » (d’ailleurs cité dans la bibliographie finale – qui confirme au passage que les auteurs se sont bien documentés). Plusieurs choses me font ne mettre « que » trois étoiles. D’abord j’aurais aimé voir plus développée cette action anarchiste, finalement rapidement mise de côté. Ensuite le personnage de Marcel n’est pas suffisamment attachant. Il m’est apparu un peu trop « détaché » de tout, même lorsque pointent ses convictions politiques – à part quelques moments, comme lorsqu’il se veut pur parmi les purs en refusant de faire des « victimes » innocentes, prolétariennes, lorsque le groupe d’anarchistes qu’il a rejoint se lance dans des actions plus violentes que les simples cambriolages. Et la fin – pourtant pas improbable – renferme trop Marcel dans son destin, reste trop négative (mais là c’est affaire de goût personnel), même si elle reste finalement dans la noirceur et la réalité de l’époque. Mais ça reste quand même une lecture agréable. Note réelle 3,5/5.

08/12/2024 (modifier)
Par Cacal69
Note: 3/5
Couverture de la série Les Sirènes de Bagdad
Les Sirènes de Bagdad

L'Adaptation d'un roman de Yasmina Khadra. Un postulat de départ intéressant, la guerre du golfe vue de l'intérieur, par un jeune bédouin. Il vit avec sa famille et ses amis dans un petit village rural de l'Irak. Un récit intéressant qui pousse à la réflexion sur les conséquences de la guerre, la violence et la haine, mais surtout sur l'occupation étrangère, notamment lorsque celle-ci est d'une culture diamétralement opposée. Et le décalage entre ces deux civilisations va produire un sacrilège, notre jeune bédouin va voir la verge de son père lors d'une fouille musclée des soldats américains. Et chez les bédouins, ce crime doit être puni par le sang. Notre jeune homme va partir pour Bagdad et doucement être endoctriné par une mouvance rebelle qui le prépare pour un attentat. Une narration maîtrisée, elle prend son temps pour dépeindre le climat qui régnait à cette période, elle nous permet de cerner ces hommes fiers et humiliés, et de suivre le parcours de notre jeune homme, de le voir ainsi basculer dans le terrorisme. L'album se termine sur une note d'optimisme d'une certaine façon. Autant j'ai été convaincu par le scénario de Winoc, autant son dessin n'est pas ma tasse de thé. Un style réaliste un peu trop figé à mon goût, une mise en page un peu trop sage, par contre j'ai aimé le choix des couleurs. Une lecture recommandable.

08/12/2024 (modifier)
Couverture de la série Joséphine
Joséphine

Je ne suis vraiment pas le centre de la cible pour cette série. Joséphine pourrait être ma fille. Pourtant j'aime bien le travail de Pénélope Bagieu. J'aime surtout sa façon légère et piquante de manier l'autodérision. Il faut un certain talent pour traiter sur plusieurs albums d'un thème aussi futile que la culotte de cheval de son héroïne. Pour moi c'est typiquement la lecture de salle d'attente qui fait sourire et oublier la fraise du dentiste à venir. On commence et on laisse sans regret même si Bagieu donne une certaine cohérence et continuité dans les histoires de cœur de sa Joséphine. Son dessin est souple et léger et convient très bien à des planches de magazines. Un moment récréatif sans plus qui tourne un peu en rond mais que l'on pioche sans y prendre garde, un peu comme des cacahuètes. 2.5

08/12/2024 (modifier)
Couverture de la série Chapatanka
Chapatanka

Amusant. Sans plus. Mais suffisamment pour que j’aie trouvé plaisante ma lecture. Il faut dire que je suis amateur de B-Gnet et de son humour absurde et très con. Alors là, si c’est inégal, j’y ai trouvé mon compte. Toutes les histoires se déroulent dans la petite ville paumée aux États-Unis de Chapatanka. Maddie Edwards y est shérif, mais surtout elle se rêve romancière. Et souhaite s’inspirer de ses enquêtes et des péripéties qui agitent ou ensanglantent ce coin paumé pour trouver de l’inspiration. A la fin de chaque histoire/enquête, elle essaye – en vain – de commencer son roman/guide touristique/livre pour enfant, etc. Elle ne dépasse généralement jamais la première phrase. Il faut dire qu’elle n’a aucun talent, en tant que romancière, mais aussi et surtout en tant que flic. Et que les « affaires » sombrent très rapidement (dans les grandes lignes et dans les détails) dans du n’importe quoi singeant pas mal de cliché sur l’Amérique profonde ou les polars à deux balles. Dialogues décalés voire débiles, personnages parfois loufoques, tout y passe. C’est inégal, et à réserver aux amateurs du genre (et de l’auteur). Un gros défouloir sans prétention, mais pas sans intérêt.

08/12/2024 (modifier)
Par Canarde
Note: 3/5
Couverture de la série La Synagogue
La Synagogue

Ma BD préférée de Sfar reste Les Olives noires où il n'est pas au dessin, il me semble, mais qui m'a fait découvrir une culture juive qui m'était totalement étrangère. Ensuite les premiers épisodes du "chat du rabbin" ont eu beaucoup de succès dans ma famille, mais c'est surtout l'atroce abécédaire qui a eu la palme familiale à cause de sa provocation professorale. Je suis très admirative aussi de son film Gainsbourg (vie héroïque), qu'il avait sorti bien avant la mode des biopics. C'était drôle, beau, inventif et instructif. Sinon, la plupart du temps il m'agace. Ici c'est un récit autobiographique qui parle de son enfance et de sa jeunesse. Comme d'habitude, surtout quand il parle de l'enfance, il est malin, touchant et drôle. Mais ce qui est intéressant c'est que ça explique son aplomb. Son père était un avocat pied-noir, roulant en Alpha-Roméo décapotable dans les rues de Nice, mais il était aussi un de ses justiciers inclassables, qui s'était fait casser la gueule en Algérie par la police française parce qu'il défilait pour le droit de vote des algériens bien avant la guerre d'indépendance. Cet élan paternel et solitaire vers une justice des hommes donne à Joann Sfar la gnaque pour s'exprimer sur la tragédie de la colonisation et celle de l'antisémitisme conjointement. Et on comprend mieux sa motivation à remuer le couteau dans la plaie : c'est un mandat familial. Il se mets donc souvent en situation de montrer à chacun ce qu'il n'a justement pas envie de regarder. Son récit commence dans un lit d'hôpital alors qu'il manque crever du covid, faisant partie du public "à risque" du fait de son embonpoint. Son discours lénifiant sur le courage des infirmières ou ses pages de fin d'album reproduisant les coupures de journaux de tous les actes anti-sémites en France depuis sa naissance ont le don de me faire bouillir. Pourtant je me trouve a peu près dans la même situation quand j'essaye de parler de la charge mentale des femmes, de leur temps contraint, de la pression sociale qui leur incombe de rester fluettes, imberbe et élégantes pour rester une proie acceptable, etc... cela agace les hommes et c'est pourtant vrai. L'agacement que l'on ressent à se trouver devant quelqu'un qui se présente comme faisant partie d'une communauté qui subit des discriminations, (pour Sfar, se présenter comme juif) et proche de celui que les hommes ressentent devant une femme qui explique les difficultés qu'elle rencontre du fait de son appartenance à un groupe social qui reste minorisé. J'ai trouvé par cette BD, une sorte de réciprocité entre son auteur et moi : Il se moque d'un antisémitisme larvé dans toute la culture française, mais il ne semble pas s'offusquer plus que ça de la domination des hommes sur les femmes. Il m'agace mais si je l'avais sous la main, je saurais l'agacer ! Remarquez, il y a peu de chance que la situation puisse se produire ...

07/12/2024 (modifier)
Couverture de la série La Lune est blanche
La Lune est blanche

Malgré ses prix, malgré sa note stratosphérique et malgré l'estime que j'ai pour le travail d'Emmanuel Lepage je me suis bien ennuyé à la lecture de son voyage en Terre Adélie. Comme Gaston je n'ai pas d'intérêt particulier pour les aventures en terres australes mais ce n'est pas ma réticence la plus importante sur la série. Si j'en crois la page 7 la feuille de route qui justifie le voyage des frères est "de passer quelques jours à la base polaire de Dumont d'Urville" pour "partager la vie de la base, évoquer les programmes scientifiques qui y sont menés, les différents corps de métiers, la vie quotidienne…". J'ai du rater des pages car je n'ai rien vu de tout cela sauf quelques entretiens sur la mission d'un(e) ou deux scientifiques. En lieu et place de cet alléchant programme j'ai découvert un scénario qui se focalise sur la fratrie Lepage à travers ses états d'âmes avant le départ, puis un long passage sur le mal de mer et comment s'occuper sur "l'Astrolabe" ( avec les seuls entretiens intéressants) pour finir dans un road trip façon salaire de la peur encore centrée sur les deux frères novices. Pour rattraper le coup , la série propose un dossier (intéressant) sur Concordia qui ne justifie peut être pas à mes yeux cette mission. La partie graphique est remarquable surtout quand Lepage se retrouve dans sa zone de prédilection remplie de navires, de houles, de tempêtes. La partie portrait est un peu plus figée et la partie Raid et "tracteurs" bien construite sans que j'éprouve de tension comme pourrait m'en apporter un musher. Pour finir, le vieil ex abonné de Géo n'a pas trouvé les photos exceptionnelles pour ce voyage lui exceptionnel. Personnellement une déception car j'attendais un documentaire assez détaillé et j'ai surtout lu une chronique intimiste qui ne m'a pas séduit.

07/12/2024 (modifier)