Ça n’est pas forcément ma came. En effet, c’est très court (comme tous les albums de cette collection), et c’est franchement sirupeux, presque édifiant – sans dépasser non plus certaines limites. Disons que c’est parfaitement adapté à un jeune lectorat, et que ça passe très difficilement la barrière de l’âge. C’est à l’aune du public visé que je l’évalue donc.
Car il y a des bons sentiments, et c’est bourré de positif. Prendre sur soi, faire confiance aux autres pour nous aider lorsque on traverse une période difficile (ici la mère de Merlin atteinte d’une maladie grave). Et puis finalement l’amour qui triomphe de tout. Carpe Diem, tel semble être le leitmotiv des albums où apparaissent les mêmes personnages (j'avais lu il y a quelques temps Jeannot).
Le dessin de Maurel est lui aussi plein de rondeurs. Lisible et agréable en tout cas.
C'est en consultant le site que j'ai découvert avec surprise que cette série avait été primé en 2018 par le Jury d'Angoulême. L'œuvre de Marion Fayolle est effectivement originale s'essayant à des ponts entre BD, théâtre et poésie sur une thématique universelle. On remarque d'ailleurs l'accord utilisé pour le titre qui introduit le lectorat à un régime poétique et soutenu. La construction se démarque d'un récit linéaire et utilise une technique qui rappelle le versification avec de nombreux retour . L'image de la danse et du chant est d'ailleurs souvent reprise dans le récit. J'ai trouvé cette lecture assez intello avec un texte rare mais recherché. Nous sommes donc loin de la série commerciale et je reconnais la créativité et le risque pris par l'autrice et son (petit) éditeur. Pourtant je ne suis pas totalement satisfait de ma lecture.
En premier lieu 260 pages c'est trop. Trop pour la planète et trop pour mon confort de lecture. L'ouvrage est lourd et difficile à manipulé dans son lit. Ensuite le graphisme est trop minimaliste sans décor, avec des personnages plats, aux expressions uniquement gestuelles dans les mêmes tenues du début à la fin. Même si cela fait partie de la mise en scène souhaitée par l'autrice la lecture devient lassante . Cela me rappelle le théâtre ou le cinéma d'Auteurs plus ou moins hermétiques réservés aux salles d'Art et d'Essais.
Une curiosité pour amateur de créativité.
En quelques images au trait souple et épuré, l'autrice canadienne Qin Leng illustre des instants du quotidien de son jeune fils : ses jeux, son imaginaire, les histoires du soir ou de simples échanges amusants. À travers ces moments d'apparence anodine mais chargés d'émotion, elle saisit la tendresse et la magie de l'enfance, telle qu'elle peut être perçue à hauteur de parent.
C'est un album mignon, délicat. Le dessin est doux, clair, fluide. Les scènes, parfois muettes, évoquent davantage des instants saisis sur le vif que de véritables récits. On sent une grande sincérité, une vraie sensibilité dans le regard porté sur l'enfance. Et tout parent s'y reconnaîtra probablement, que ce soit dans une posture, un jeu, une manière de parler ou de s'évader.
Mais ce n'est pas un album qui parlera à tout le monde. Par moments, il évoque ces bandes dessinées sur les chats où les auteurs se laissent attendrir par les moindres mimiques de leur compagnon à poils. Si on n'est pas soi-même touché par le sujet, ici l'enfance plutôt que les chats, on risque de rester à distance. Car il n'y a ni intrigue, ni tension, ni véritable humour : juste une succession de petites scènes tendres, presque suspendues. C'est charmant, mais cela peut aussi vite paraître plat ou trop sucré pour qui ne partage pas cette émotion. Un de ces livres qui émeuvent les parents attendris… et laissent les autres de marbre.
Cet album est un véritable reportage militant pour témoigner de la surpêche le long des côtes atlantiques d'Afrique (ici en Gambie) et des conditions de vie des laissés-pour-compte du développement mondial.
Le scénariste Laurent Galandon (né en 70) est un habitué des causes sociales ou politiques et le dessinateur Jean-Denis Pendanx (né en 66), qui connait bien l'Afrique, le Soudan notamment, témoigne régulièrement de son engagement humanitaire.
C'est un voyage-reportage en Gambie qui leur a inspiré cette histoire, presque une histoire vraie, une histoire de pêcheurs : Les poissons, eux, ne pleurent pas.
La Gambie, c'est un tout petit pays de la côte Atlantique, une mince bande de terre le long du fleuve du même nom, une ... ancienne colonie britannique, complètement enclavée dans le Sénégal, ... ancienne colonie française.
Les auteurs nous emmènent à Gunjur, un village de pirogues de pêche sur la côte Atlantique.
L'entreprise chinoise (Silver Lead dans l'album, c'est Golden Lead dans la vraie vie) s'accapare la pêche locale - y compris en armant de gros chalutiers - pour la transformer en farine de poissons à exporter.
Les articles du Monde ou de la BBC sont là pour nous rappeler que les auteurs n'ont pas eu besoin d'inventer une fiction : les images rapportées de leur reportage se suffisent à elles-mêmes (il y a d'ailleurs un encart photos en fin d'album).
Cet album est le fruit d'un projet réalisé avec l'Alliance Française de Bunjul, la capitale du pays : les auteurs y furent accueillis en résidence fin 2023.
? Après leur voyage-reportage, les auteurs nous invitent à suivre le quotidien d'une famille de ce petit village de pêcheurs. Les hommes partent plusieurs jours en mer, croisant entre les gros chalutiers, pêchant de plus en plus loin, pour ramener de moins en moins de poissons. Un poisson qui devient trop cher pour la consommation locale et qu'ils revendent à l'usine chinoise de farine animale.
Leurs enfants espèrent un avenir meilleur après l'école mais les pêcheurs sont obligés de s'endetter pour les filets et les moteurs de leurs pirogues.
? le récit est plutôt factuel, réaliste, presque documentaire et s'efforce de couvrir différents aspects de la vie locale (quotidien, pêche, pollution, éveil écologique, émigration, ...), tout cela sans trop jouer sur la corde sensible. Ce serait pourtant facile tant est dure la vie de ces laissés-pour-compte du développement mondial.
? le dessin de Pendanx, façon aquarelle, prend parfois des allures de carnet de voyage ou emprunte le petit côté naïf des illustrations africaines. Il sait se faire coloré et poétique quand il doit nous raconter une fable, dramatique quand une scène de pêche tourne mal, violent et sévère quand la police se met à charger les manifestants, …
Bien sûr, c'est pas un album de ceux qui font rêver, plutôt un de ceux qui font réfléchir ou tout au moins ouvrir les yeux.
Les mouvements et artistes d’avant-garde du début du XXème siècle m’intéressent beaucoup. Même si je me passionne surtout pour dada et le surréalisme, j’ai trouvé intéressant les deux premiers albums, dans lesquels nous suivons les artistes constructivistes russes (premier tome) et ceux du Bauhaus (deuxième tome), Kandinsky faisant la liaison entre les deux. Surtout qu’ici Manini (qui s’intéresse aux avant-gardes de cette époque : voir son album consacré à Arthur Cravan) nous présente ici une période moins connue du (la première, à Weimar, avant le début des persécutions nazies). Le dernier tome est moins intéressant sur ce sujet, se concentrant sur l’immédiat après seconde guerre mondiale et la recherche des œuvres d’art volées par les Nazis.
Comme fil rouge de ces trois albums (parfois de façon un peu artificielle je trouve, ça fait un peu « guide de visite »), nous suivons deux personnages qui se trouvent, se perdent, vivent une histoire d’amour compliquée, dans une époque qui l’est tout autant. Il faut dire que ces deux amoureux de l’art sont très différents : Natalia est une révolutionnaire russe passionnée et Walter un Américain. Ils traversent les bouleversements politiques (ils se sont rencontrés en Russie durant la Révolution d’Octobre) et artistiques en essayant de garder leur humanité, leur amour et leurs passions.
Globalement ça se laisse lire agréablement. J’ai préféré les deux premiers tomes, le dernier est moins captivant, et aussi moins original pour son sujet. Mais c’est un triptyque recommandable. Manini a bien utilisé le matériau historique, et malgré quelques rares moments un peu artificiels comme je l’ai fait remarquer, l’’histoire entre Natalia et Walter s’imbrique bien dans la Grande Histoire.
Dans la foulée de Thrace, et sur le même principe, Trif (au scénario et dessin) et Celestini (aux couleurs) se lancent dans un triptyque historique, dans une version « classique » chez Graph Zeppelin, et dans une version plus « adulte » chez Tabou.
J’ai lu les deux versions du premier album, et les deux sont plaisantes à lire.
Trif est un très bon dessinateur, et il reconstitue très bien le XVIIème siècle (décors et habits), avec toujours le souci d’employer un vocabulaire précis (traduction des termes en bas de pages).
Les personnages sont très réussis et, pour ce qui est de cette série, les scènes érotiques sont sensuelles et agréables. Pour le moment c’est d'ailleurs plus érotique que véritablement porno (on est à la limite). Mon seul reproche serait que plusieurs dames se ressemblent un peu trop. Mais pour le reste, c’est visuellement très agréable.
L’intrigue est assez bien ficelée. Une histoire de vengeance, des personnages qui se croisent et n’ont pour le moment pas livrer tous leurs secrets, le potentiel est intéressant. Avec des personnages manipulateurs (la plupart des protagonistes ne sont pas forcément celui ou celle qu’il semble être. A tout prendre le seul à ne rien cacher, c’est celui qui est le « pourri », noble coureur de jupons et excellent escrimeur, qui tue à tour de bras ceux qui ont l’inconscience de le défier en duel (il le fait parfois par amusement). Et la fille de l’une de ses victimes veut se venger, apprendre l’art de l’épée, pour le tuer en duel. Voilà donc notre « duelliste », qui possède, outre une forte personnalité, un charme indéniable – même si, pour le moment, c’est bien la seule de toutes les dames qui traversent l’album à ne pas en avoir usé !
Une série pour le moment agréable à lire et regarder, relativement rythmée, avec du potentiel. Et quelques scènes sensuelles. Je me verrais bien lui mettre une étoile de plus si la qualité se maintient.
Note réelle 3,5/5.
Je ne suis pas un gros fan de fantasy, mais je suis capable d'apprécier des récits de ce type. Ici, je trouve qu'il y a de bonnes idées et un ton original, qui est pas trop mal dans un genre qui est très formaté, sauf qu'il y a aussi des défauts qui font en sorte que je ne le trouve pas que ça soit un récit exceptionnel.
Le principal problème que j'ai rencontré au niveau du scénario est que l'intrigue est un peu difficile à comprendre au début. J'étais tellement perdu en lisant les premières pages que j'avais juste envie de refermer ce très long livre. Cela m'a prit un certain temps pour bien rentrer dans ce récit très dense. Il y a aussi un peu trop de textes offs, cela casse un peu le rythme. Au final, je n'ai pas détesté ma lecture même si j'étais bien content lorsque j'ai fini l'album après deux jours de lectures.
Le dessin est pas mal et les couleurs informatiques ne m'ont pas trop dérangé. Un album à emprunt.
Gabriele Münter (1877-1962) est une peintre expressionniste allemande que je ne connaissais pas. Pas plus que l'auteur de cette biographie Mayte Alvarado, une auteure espagnole dont cela semble la première publication traduite en France malgré qu'elle ait quelques années d'expérience et de productions dans le domaine. En tout cas son style graphique sert bien cette histoire de peinture. Je ne sais pas si c'est en couleur directe mais ses couleurs sont éclatantes. L'ouvrage débute par une exposition sur l'art dégénéré selon les nazis, dont certaines oeuvres de la peintre et ses amis font partie.
On y évoque sa vie au fil de 4 saisons, son influence dans le mouvement du Cavalier bleu, à une époque où les femmes peintres n'étaient pas pléthore. Elle vit dans sa maison de Murnau en Bavière face aux montagnes qui l'inspirent.
Un diptyque à réserver aux amateurs d’action mêlant espionnage et aviation. Factuellement, c’est assez bien fait de ce point de vue. On nous montre bien la très longue préparation par Israël de l’opération qui visait à détruire les réacteurs nucléaires irakiens (susceptibles par la suite de produire des armes atomiques). L’actualité récente, en particulier l’élimination massive de milliers de combattants du Hezbollah au Liban avec des appareils téléphoniques piégés a montré que les services israéliens (Mossad en tête) n’avaient pas perdu la main.
La longue préparation militaire (avec la livraison opportune par les Américains de leurs tout nouveaux chasseurs F16), mais aussi l’infiltration d’espions en Irak même, l’élimination de savants travaillant pour l’Irak, tout ceci est bien développé dans ce récit, qui fait l’effort de présenter le contexte international dans lequel il se déroule.
C’est ainsi l’occasion de quelques rappels. La France (Barre, Chirac apparaissent) a soutenu Saddam Hussein, lui fournissant la technologie pour ces réacteurs, mais aussi lui vendant des armes (avec les Américains), en particulier durant le conflit l’opposant à l’Iran. Un détail que les médias ont « oublié » lorsqu’il s’est agi de faire disparaitre Saddam Hussein après l’attaque américaine de 2003.
De même, les États-Unis soutenaient la dictature iranienne du Shah, l’Iran basculant dans le camp des ennemis non pas parce que les mollahs installaient une dictature, mais parce qu’ils s’opposaient aux États-Unis.
Intéressant sur la partie relations et magouilles internationales, le récit n’est quand même pas palpitant.
D’abord parce qu’aucun personnage n’est réellement attachant. Les dialogues sont souvent mièvres, et, en particulier, la relation amoureuse entre le leader des pilotes israéliens et la conseillère du Premier ministre israélien est sans intérêt.
Ensuite parce que le dessin, très lisible, est d’une froideur incroyable. La colorisation bien sûr y est pour quelque chose, mais je trouve ce style très peu accrocheur. Ça manque clairement de nuances.
Note réelle 2,5/5.
J'avais vraiment apprécié la précédente collaboration de Matz et Xavier Le Serpent et le Coyote, toujours chez le même éditeur.
Les auteurs nous offrent ici une intrigue plus basique qui se déroule en grande partie dans le désert.
Comme pour l'album précédent,j'ai opté pour une version noir et blanc, dans lequel le dessin de Xavier excelle. Personnages, décors, voiture, le graphisme de Xavier colle parfaitement au scénario de Matz.
Par contre, j'ai trouvé le récit un peu de deçà de l'album précédent. Les personnages sont un peu trop caricaturaux, jusqu'au vieux fou, qui m'a fait sérieusement songer au "Spectre aux balles d'or" de Blueberry.
Entrecoupés de chapitres dont les titres rappellent des western, l'histoire tourne autour de trahisons, de règlements de compte où rien ne se passe comme prévu, le tout avec un clin d’œil plus qu'appuyé au récit précédent signés des mêmes auteurs.
Là où Matz avait élaboré un scénario huilé comme un mécanisme d'horlogerie dans Le Serpent et le Coyote; il nous offre là une histoire à laquelle nous avons du mal à croire.
Divertissant mais sans être l'album que l'on retiendra de ce duo.
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Merlin
Ça n’est pas forcément ma came. En effet, c’est très court (comme tous les albums de cette collection), et c’est franchement sirupeux, presque édifiant – sans dépasser non plus certaines limites. Disons que c’est parfaitement adapté à un jeune lectorat, et que ça passe très difficilement la barrière de l’âge. C’est à l’aune du public visé que je l’évalue donc. Car il y a des bons sentiments, et c’est bourré de positif. Prendre sur soi, faire confiance aux autres pour nous aider lorsque on traverse une période difficile (ici la mère de Merlin atteinte d’une maladie grave). Et puis finalement l’amour qui triomphe de tout. Carpe Diem, tel semble être le leitmotiv des albums où apparaissent les mêmes personnages (j'avais lu il y a quelques temps Jeannot). Le dessin de Maurel est lui aussi plein de rondeurs. Lisible et agréable en tout cas.
Les Amours suspendues
C'est en consultant le site que j'ai découvert avec surprise que cette série avait été primé en 2018 par le Jury d'Angoulême. L'œuvre de Marion Fayolle est effectivement originale s'essayant à des ponts entre BD, théâtre et poésie sur une thématique universelle. On remarque d'ailleurs l'accord utilisé pour le titre qui introduit le lectorat à un régime poétique et soutenu. La construction se démarque d'un récit linéaire et utilise une technique qui rappelle le versification avec de nombreux retour . L'image de la danse et du chant est d'ailleurs souvent reprise dans le récit. J'ai trouvé cette lecture assez intello avec un texte rare mais recherché. Nous sommes donc loin de la série commerciale et je reconnais la créativité et le risque pris par l'autrice et son (petit) éditeur. Pourtant je ne suis pas totalement satisfait de ma lecture. En premier lieu 260 pages c'est trop. Trop pour la planète et trop pour mon confort de lecture. L'ouvrage est lourd et difficile à manipulé dans son lit. Ensuite le graphisme est trop minimaliste sans décor, avec des personnages plats, aux expressions uniquement gestuelles dans les mêmes tenues du début à la fin. Même si cela fait partie de la mise en scène souhaitée par l'autrice la lecture devient lassante . Cela me rappelle le théâtre ou le cinéma d'Auteurs plus ou moins hermétiques réservés aux salles d'Art et d'Essais. Une curiosité pour amateur de créativité.
Fantastique Lou
En quelques images au trait souple et épuré, l'autrice canadienne Qin Leng illustre des instants du quotidien de son jeune fils : ses jeux, son imaginaire, les histoires du soir ou de simples échanges amusants. À travers ces moments d'apparence anodine mais chargés d'émotion, elle saisit la tendresse et la magie de l'enfance, telle qu'elle peut être perçue à hauteur de parent. C'est un album mignon, délicat. Le dessin est doux, clair, fluide. Les scènes, parfois muettes, évoquent davantage des instants saisis sur le vif que de véritables récits. On sent une grande sincérité, une vraie sensibilité dans le regard porté sur l'enfance. Et tout parent s'y reconnaîtra probablement, que ce soit dans une posture, un jeu, une manière de parler ou de s'évader. Mais ce n'est pas un album qui parlera à tout le monde. Par moments, il évoque ces bandes dessinées sur les chats où les auteurs se laissent attendrir par les moindres mimiques de leur compagnon à poils. Si on n'est pas soi-même touché par le sujet, ici l'enfance plutôt que les chats, on risque de rester à distance. Car il n'y a ni intrigue, ni tension, ni véritable humour : juste une succession de petites scènes tendres, presque suspendues. C'est charmant, mais cela peut aussi vite paraître plat ou trop sucré pour qui ne partage pas cette émotion. Un de ces livres qui émeuvent les parents attendris… et laissent les autres de marbre.
Les Poissons, eux, ne pleurent pas
Cet album est un véritable reportage militant pour témoigner de la surpêche le long des côtes atlantiques d'Afrique (ici en Gambie) et des conditions de vie des laissés-pour-compte du développement mondial. Le scénariste Laurent Galandon (né en 70) est un habitué des causes sociales ou politiques et le dessinateur Jean-Denis Pendanx (né en 66), qui connait bien l'Afrique, le Soudan notamment, témoigne régulièrement de son engagement humanitaire. C'est un voyage-reportage en Gambie qui leur a inspiré cette histoire, presque une histoire vraie, une histoire de pêcheurs : Les poissons, eux, ne pleurent pas. La Gambie, c'est un tout petit pays de la côte Atlantique, une mince bande de terre le long du fleuve du même nom, une ... ancienne colonie britannique, complètement enclavée dans le Sénégal, ... ancienne colonie française. Les auteurs nous emmènent à Gunjur, un village de pirogues de pêche sur la côte Atlantique. L'entreprise chinoise (Silver Lead dans l'album, c'est Golden Lead dans la vraie vie) s'accapare la pêche locale - y compris en armant de gros chalutiers - pour la transformer en farine de poissons à exporter. Les articles du Monde ou de la BBC sont là pour nous rappeler que les auteurs n'ont pas eu besoin d'inventer une fiction : les images rapportées de leur reportage se suffisent à elles-mêmes (il y a d'ailleurs un encart photos en fin d'album). Cet album est le fruit d'un projet réalisé avec l'Alliance Française de Bunjul, la capitale du pays : les auteurs y furent accueillis en résidence fin 2023. ? Après leur voyage-reportage, les auteurs nous invitent à suivre le quotidien d'une famille de ce petit village de pêcheurs. Les hommes partent plusieurs jours en mer, croisant entre les gros chalutiers, pêchant de plus en plus loin, pour ramener de moins en moins de poissons. Un poisson qui devient trop cher pour la consommation locale et qu'ils revendent à l'usine chinoise de farine animale. Leurs enfants espèrent un avenir meilleur après l'école mais les pêcheurs sont obligés de s'endetter pour les filets et les moteurs de leurs pirogues. ? le récit est plutôt factuel, réaliste, presque documentaire et s'efforce de couvrir différents aspects de la vie locale (quotidien, pêche, pollution, éveil écologique, émigration, ...), tout cela sans trop jouer sur la corde sensible. Ce serait pourtant facile tant est dure la vie de ces laissés-pour-compte du développement mondial. ? le dessin de Pendanx, façon aquarelle, prend parfois des allures de carnet de voyage ou emprunte le petit côté naïf des illustrations africaines. Il sait se faire coloré et poétique quand il doit nous raconter une fable, dramatique quand une scène de pêche tourne mal, violent et sévère quand la police se met à charger les manifestants, … Bien sûr, c'est pas un album de ceux qui font rêver, plutôt un de ceux qui font réfléchir ou tout au moins ouvrir les yeux.
La Guerre des Amants
Les mouvements et artistes d’avant-garde du début du XXème siècle m’intéressent beaucoup. Même si je me passionne surtout pour dada et le surréalisme, j’ai trouvé intéressant les deux premiers albums, dans lesquels nous suivons les artistes constructivistes russes (premier tome) et ceux du Bauhaus (deuxième tome), Kandinsky faisant la liaison entre les deux. Surtout qu’ici Manini (qui s’intéresse aux avant-gardes de cette époque : voir son album consacré à Arthur Cravan) nous présente ici une période moins connue du (la première, à Weimar, avant le début des persécutions nazies). Le dernier tome est moins intéressant sur ce sujet, se concentrant sur l’immédiat après seconde guerre mondiale et la recherche des œuvres d’art volées par les Nazis. Comme fil rouge de ces trois albums (parfois de façon un peu artificielle je trouve, ça fait un peu « guide de visite »), nous suivons deux personnages qui se trouvent, se perdent, vivent une histoire d’amour compliquée, dans une époque qui l’est tout autant. Il faut dire que ces deux amoureux de l’art sont très différents : Natalia est une révolutionnaire russe passionnée et Walter un Américain. Ils traversent les bouleversements politiques (ils se sont rencontrés en Russie durant la Révolution d’Octobre) et artistiques en essayant de garder leur humanité, leur amour et leurs passions. Globalement ça se laisse lire agréablement. J’ai préféré les deux premiers tomes, le dernier est moins captivant, et aussi moins original pour son sujet. Mais c’est un triptyque recommandable. Manini a bien utilisé le matériau historique, et malgré quelques rares moments un peu artificiels comme je l’ai fait remarquer, l’’histoire entre Natalia et Walter s’imbrique bien dans la Grande Histoire.
La Duelliste (Tabou)
Dans la foulée de Thrace, et sur le même principe, Trif (au scénario et dessin) et Celestini (aux couleurs) se lancent dans un triptyque historique, dans une version « classique » chez Graph Zeppelin, et dans une version plus « adulte » chez Tabou. J’ai lu les deux versions du premier album, et les deux sont plaisantes à lire. Trif est un très bon dessinateur, et il reconstitue très bien le XVIIème siècle (décors et habits), avec toujours le souci d’employer un vocabulaire précis (traduction des termes en bas de pages). Les personnages sont très réussis et, pour ce qui est de cette série, les scènes érotiques sont sensuelles et agréables. Pour le moment c’est d'ailleurs plus érotique que véritablement porno (on est à la limite). Mon seul reproche serait que plusieurs dames se ressemblent un peu trop. Mais pour le reste, c’est visuellement très agréable. L’intrigue est assez bien ficelée. Une histoire de vengeance, des personnages qui se croisent et n’ont pour le moment pas livrer tous leurs secrets, le potentiel est intéressant. Avec des personnages manipulateurs (la plupart des protagonistes ne sont pas forcément celui ou celle qu’il semble être. A tout prendre le seul à ne rien cacher, c’est celui qui est le « pourri », noble coureur de jupons et excellent escrimeur, qui tue à tour de bras ceux qui ont l’inconscience de le défier en duel (il le fait parfois par amusement). Et la fille de l’une de ses victimes veut se venger, apprendre l’art de l’épée, pour le tuer en duel. Voilà donc notre « duelliste », qui possède, outre une forte personnalité, un charme indéniable – même si, pour le moment, c’est bien la seule de toutes les dames qui traversent l’album à ne pas en avoir usé ! Une série pour le moment agréable à lire et regarder, relativement rythmée, avec du potentiel. Et quelques scènes sensuelles. Je me verrais bien lui mettre une étoile de plus si la qualité se maintient. Note réelle 3,5/5.
Coda
Je ne suis pas un gros fan de fantasy, mais je suis capable d'apprécier des récits de ce type. Ici, je trouve qu'il y a de bonnes idées et un ton original, qui est pas trop mal dans un genre qui est très formaté, sauf qu'il y a aussi des défauts qui font en sorte que je ne le trouve pas que ça soit un récit exceptionnel. Le principal problème que j'ai rencontré au niveau du scénario est que l'intrigue est un peu difficile à comprendre au début. J'étais tellement perdu en lisant les premières pages que j'avais juste envie de refermer ce très long livre. Cela m'a prit un certain temps pour bien rentrer dans ce récit très dense. Il y a aussi un peu trop de textes offs, cela casse un peu le rythme. Au final, je n'ai pas détesté ma lecture même si j'étais bien content lorsque j'ai fini l'album après deux jours de lectures. Le dessin est pas mal et les couleurs informatiques ne m'ont pas trop dérangé. Un album à emprunt.
Gabriele Münter - Les Terres bleues
Gabriele Münter (1877-1962) est une peintre expressionniste allemande que je ne connaissais pas. Pas plus que l'auteur de cette biographie Mayte Alvarado, une auteure espagnole dont cela semble la première publication traduite en France malgré qu'elle ait quelques années d'expérience et de productions dans le domaine. En tout cas son style graphique sert bien cette histoire de peinture. Je ne sais pas si c'est en couleur directe mais ses couleurs sont éclatantes. L'ouvrage débute par une exposition sur l'art dégénéré selon les nazis, dont certaines oeuvres de la peintre et ses amis font partie. On y évoque sa vie au fil de 4 saisons, son influence dans le mouvement du Cavalier bleu, à une époque où les femmes peintres n'étaient pas pléthore. Elle vit dans sa maison de Murnau en Bavière face aux montagnes qui l'inspirent.
Mission Osirak
Un diptyque à réserver aux amateurs d’action mêlant espionnage et aviation. Factuellement, c’est assez bien fait de ce point de vue. On nous montre bien la très longue préparation par Israël de l’opération qui visait à détruire les réacteurs nucléaires irakiens (susceptibles par la suite de produire des armes atomiques). L’actualité récente, en particulier l’élimination massive de milliers de combattants du Hezbollah au Liban avec des appareils téléphoniques piégés a montré que les services israéliens (Mossad en tête) n’avaient pas perdu la main. La longue préparation militaire (avec la livraison opportune par les Américains de leurs tout nouveaux chasseurs F16), mais aussi l’infiltration d’espions en Irak même, l’élimination de savants travaillant pour l’Irak, tout ceci est bien développé dans ce récit, qui fait l’effort de présenter le contexte international dans lequel il se déroule. C’est ainsi l’occasion de quelques rappels. La France (Barre, Chirac apparaissent) a soutenu Saddam Hussein, lui fournissant la technologie pour ces réacteurs, mais aussi lui vendant des armes (avec les Américains), en particulier durant le conflit l’opposant à l’Iran. Un détail que les médias ont « oublié » lorsqu’il s’est agi de faire disparaitre Saddam Hussein après l’attaque américaine de 2003. De même, les États-Unis soutenaient la dictature iranienne du Shah, l’Iran basculant dans le camp des ennemis non pas parce que les mollahs installaient une dictature, mais parce qu’ils s’opposaient aux États-Unis. Intéressant sur la partie relations et magouilles internationales, le récit n’est quand même pas palpitant. D’abord parce qu’aucun personnage n’est réellement attachant. Les dialogues sont souvent mièvres, et, en particulier, la relation amoureuse entre le leader des pilotes israéliens et la conseillère du Premier ministre israélien est sans intérêt. Ensuite parce que le dessin, très lisible, est d’une froideur incroyable. La colorisation bien sûr y est pour quelque chose, mais je trouve ce style très peu accrocheur. Ça manque clairement de nuances. Note réelle 2,5/5.
L'Or du spectre
J'avais vraiment apprécié la précédente collaboration de Matz et Xavier Le Serpent et le Coyote, toujours chez le même éditeur. Les auteurs nous offrent ici une intrigue plus basique qui se déroule en grande partie dans le désert. Comme pour l'album précédent,j'ai opté pour une version noir et blanc, dans lequel le dessin de Xavier excelle. Personnages, décors, voiture, le graphisme de Xavier colle parfaitement au scénario de Matz. Par contre, j'ai trouvé le récit un peu de deçà de l'album précédent. Les personnages sont un peu trop caricaturaux, jusqu'au vieux fou, qui m'a fait sérieusement songer au "Spectre aux balles d'or" de Blueberry. Entrecoupés de chapitres dont les titres rappellent des western, l'histoire tourne autour de trahisons, de règlements de compte où rien ne se passe comme prévu, le tout avec un clin d’œil plus qu'appuyé au récit précédent signés des mêmes auteurs. Là où Matz avait élaboré un scénario huilé comme un mécanisme d'horlogerie dans Le Serpent et le Coyote; il nous offre là une histoire à laquelle nous avons du mal à croire. Divertissant mais sans être l'album que l'on retiendra de ce duo.