Un thriller sur la lune.
Nous sommes en 2101, l'Homme s'est installé sur la lune pour en extraire ses minerais. Un travail de forçat et une vie faite de routines, jusqu'au jour où un meurtre horrible est commis. Il va chambouler ce petit monde qui vit en huis-clos.
Un scénario qui part sur une base intéressante, à défaut d'être innovante, mais qui hélas va se déliter rapidement (elle perd en clarté au fil des pages). Je n'ai pas trouvé ce récit angoissant et oppressant et le personnage principal, qui mène l'enquête, n'est pas très intéressant. Je n'ai pas été convaincu par cette intrigue tirée par les cheveux et par cette conclusion improbable. Heureusement, la narration dynamique m'a permis de ne pas m'ennuyer.
La partie graphique m'a séduit, un trait gras, sombre et légèrement caricatural, il apporte sa pierre à l'édifice à ce polar noir et horrifique. Les couleurs sont au diapason.
Une lecture qui sera vite oubliée.
3 étoiles de justesse.
Cette histoire d'amour aborde un thème jusque-là - à ma connaissance - peu ou pas abordé dans la bande dessinée, à savoir l'asexualité. Tom est en effet un jeune homme qui éprouve des sentiments forts envers Camélia, probablement de l'amour, mais ne ressent pas le besoin de coucher avec elle. Cela arrive pourtant assez vite dans leur relation, ce qui permet au jeune homme de se rendre compte qu'il n'aime pas ça. Mais comme il ne sait pas forcément comment l'exprimer et ne veut pas faire de mal à celle qu'il aime, il met de la distance et fuit sous de faux prétextes les rapports suivants. C'est plutôt finement écrit, il y a beaucoup de discussions mais aussi des non-dits, comme il pourrait en exister dans des relations avec cette configuration originale (ou pas) et complexe. Nous sommes face à deux jeunes gens à la fois intelligents, normaux et sensibles.
C'est plutôt bien fait, et si la fin laisse le lectorat sur sa faim, c'est pour qu'on imagine que justement cette histoire va se continuer mais qu'elle ne nous regarde pas plus. Camille Pagni, dont c'est le premier album, a déjà un sacré coup de crayon, et sert avec beaucoup de talent cette histoire pleine de sentiments (bons, pour la plupart).
Au début j'ai cru qu'il s'agissait un recueil de plusieurs récits mettant en scène Dorian Leith, ce fameux thérapeute pour fantômes vendu par la quatrième de couverture, et puis au fil de ma lecture j'ai compris qu'il s'agissait d'une seul et (assez long) récit dont effectivement Dorian est le héros. Il n'en est qu'à ses débuts, mais se retrouve face à un défi de taille, puisque l'action d'une jeune défunte, à savoir de dérober la clé de l'au-delà, a des conséquences terribles : le porte de la mort est fermée et les morts errent dans les limbes, ou plus facilement parmi les vivants, provoquant la panique...
L'album parle donc de mort, de deuil, d'anxiété, de maladie mentale, de surmenage, des sujets forts qui ont amené l'éditeur à mettre un petit avertissement destiné au jeune lectorat. Bonne idée cas le style graphique, s'il est semi-réaliste et très coloré, sert un récit aux racines sombres, mais néanmoins porteur d'espoir. L'histoire est un peu longue mais c'est plutôt bien mené, avec ces personnages tous en nuances, qu'ils soient vivants ou morts, et porteurs de vrais questionnements. Johanna Taylor évite de nombreux écueils de l'angélisme ou de la noirceur pour nous livrer un récit très plaisant, qui pourrait parler à de nombreux jeunes en proie à des questionnements existentiels importants.
A noter une ambiance victorienne que ne renierait pas Oscar Wilde, influence assumée par l'autrice.
Plutôt pas mal, malgré cette longueur qui ne se justifie pas forcément.
Bonne BD western, qui a un caractère à la fois psychologique et historique intéressant, mais il manque quelque chose...
C'est une partie de la vie du gouverneur de la Californie, Leland Stanford au moment de la construction du chemin de fer. On y suit ses méthodes peu orthodoxes pour gagner la mise dans toutes les situations : beaucoup d'argent, des hommes de mains qui ne sont pas regardant sur la légalité, et un mépris souverain pour les souffrances des autres humains. Le gouverneur serait vu en France comme le méchant de l'histoire mais il reste le héros américain, par excellence, qui réussit tout, fait avancer l'"intérêt général" en faisant avancer son propre intérêt, et se soucie très peu des lois. Un coté dirty Harry, et un coté Donald Trump.
L'album peut se diviser en trois volets,
1. la construction du chemin de fer par la Central pacific railroad (tenue par le Gouverneur), depuis Sacramento, en allant vers l'Est pour atteindre la jonction. (première partie 20 pages)
2. L'investissement du gouverneur dans un pari technologique : prouver par des prises de vue que les pattes des chevaux au galop quittent toutes le sol en même temps. Pour cela il fait appel à un photographe qu'il va devoir tirer de prison.. (c'est le gros de l'histoire, 90 pages)
3. une enquête par un privé, a posteriori, qui vise à vérifier la véracité du récit en interviewant les témoins (20 pages).
Bref le scénario est un peu déséquilibré, les dialogues sont simples, le dessin est très convaincant : un crayonné ombré avec un lavis bien contrasté. Les personnages sont bien croqués, on sent une aisance du geste qui ne souffre pas de critique.
La raison qui m’empêche d’aller au 4 étoiles c'est que je ne me suis pas identifiée à qui que ce soit. Cela n'est pas une obligation mais alors on cherche un message. Et honnêtement je n'en ai pas trouvé.
Ce monde essentiellement viriliste, dépourvu d'humanité autant que d'humour, est bien représenté, cela va droit au but mais on ne perçoit pas l'intérêt de raconter cette histoire aujourd'hui : Est-ce pour la montrer du doigt, s'en inspirer, pas vraiment... Qu'apporte l'enquête de la fin ?
Donc beaucoup de qualités techniques pour cette BD mais au fond, je n'en garde pas grand chose...
Laurent Galandon s'attaque ici à un passage difficile de l'histoire de France : les tondues, ces femmes ayant été conspuées, rabaissées suite à leurs idylles avec certains nazis. Le héros est ainsi issu de l'un de ces amours et va s'attacher à reconstituer le puzzle de son passé sur fond de mai 68.
L'histoire est ainsi ambitieuse mais la mayonnaise ne prend pas vraiment. En premier lieu, parce qu'on a du mal à avoir de l'empathie pour ce héros apathique qui ne parle que très peu. Ensuite, car d'une manière générale, l'ensemble des personnages sont beaucoup trop stéréotypés et manquent cruellement de profondeur, que ce soit le bon copain qui va tenter de l'aider, la bonne copine d'enfance dont il est secrètement amoureux ou encore la vieille prostituée. Enfin, parce que tout s'enchaine trop vite avec des ficelles relativement grossières (cadre du CRS qui trône comme par hasard devant la porte d'entrée par exemple).
Au final, on y croit pas vraiment même si l'auteur dissémine quelques éléments donnant envie d'en savoir plus au lecteur (rond tatoué sous le bras du héros, scène finale du tome 1). La lecture reste malgré tout agréable et la chute finale, que je ne révélerai pas ici, plutôt habile.
Au niveau du dessin, celui-ci est agréable. Le trait d'Arno Monnin est particulièrement vif et dynamique donnant beaucoup de mouvement aux différentes scènes. La colorisation informatisée est en revanche un peu trop formelle à mon goût.
En bref, un tome tout juste correct pouvant toutefois évoluer positivement par la suite.
Histoire, originalité : 6,5/10
Dessin, Mise en couleurs : 6,5/10
NOTE GLOBALE : 13/20
PS : Qui a écouté comme moi "Attends -moi mon amour" de Léo Marjane, suite à la lecture de cette série ? :)
Ce n'est pas l'ouvrage sur le Blues que j'ai le plus apprécié. Comme je ne connais pratiquement pas cette musique, j'aime bien me plonger dans son histoire à travers les séries BD. Je l'ai déjà écrit, le Blues se prête particulièrement bien au roman graphique. C'est porteur d'une thématique débordante d'injustice sociale, de solidarité communautaire, d'aventure et de souffrance . Le Blues est une lutte pacifique grâce à l'art. C'est toute l'image de la communauté Afro-Américaine qui en sort grandie par le parcours de ces musiciens. Ici j'ai trouvé que le récit de Bud Leroy était plus en surface sur ces sujets. La place du fantastique dans le récit m'est apparu trop importante. Sa progression musicale et les difficultés pour se faire un nom sous-évaluées. Cela donne une narration qui manque de fluidité et de cohérence à mes yeux.
J'ai retrouvé le trait de Van Linthout que j'avais particulièrement apprécié dans Mojo. Toutefois j'ai moins goûté cette surabondance de lavis et de crayonnés. Evidemment le N&B reste presque un must pour ce type de récit. Cela donne l'ambiance adéquat qui résonne avec la musique.
Une lecture rapide et agréable mais qui ne m'a pas apporté autant d'émotions que souhaité .
Sol-13 se déroule dans le même univers que L'Ange aux ailes de lumière, qui était l'adaptation d'une nouvelle de SF écrite par Julia Verlanger en 1978, mais c'est là une œuvre inédite du scénariste de l'adaptation en BD de cette dernière. On y retrouve le même cadre de space opera et quelques personnages dont le même héros masculin.
Cela se passe dans un univers où les Terriens forment une société spatiale évoluée et ont mis en place une organisation chargée d'aller prendre contact puis d'intégrer des mondes humains moins avancés sur le plan technologique. Notre héros est un agent vétéran de cette organisation envoyés sur une planète au secours d'une de ses anciennes élèves qui y a émis un message de secours. Là, il va découvrir une civilisation humaine réduite en esclavage par une race indigène sous-marine plus évoluée.
Comme pour L'Ange aux ailes de lumière, même si la BD est toute récente, le cadre de son récit fait très daté. C'est une histoire de SF et d'action qui aurait été vraiment dans son élément dans les années 70 mais parait largement déjà-vu et cliché de nos jours. Le look du héros, homme d'action au bandeau qui retient les cheveux en est le symbole caricatural. Ceci dit, hormis son look, le reste du dessin est de bonne qualité, propre et efficace.
Le ton est très sérieux, sans la touche de légèreté et d'humour de séries plus modernes, et malgré les notions de diplomacie et de retenue que le héros tentaient d'inculquer à ses élèves, la solution qui va se révéler quasi immédiate pour résoudre la situation locale sera de refuser les ordres de la hiérarchie, de lancer une rébellion et de combattre, tuer et détruire les méchants aliens. C'est très désuet, très manichéen, et très tourné vers l'action, comme de la SF à l'ancienne où les héros canardent les méchants car ils savent que leur position est celle du sauveur supérieur qui vient aider les faibles indigènes... avec un bon lot de simplification et de facilités scénaristiques.
Très désuet donc, mais suffisamment rythmé pour maintenir l'intérêt et souhaiter voir comment les choses vont se dérouler. De quoi passer un moment de lecture pas désagréable pour les amateurs de SF d'action et d'aventure à l'ancienne, mais sans y chercher grand chose de novateur.
J’ai ressenti la lecture de cet album comme une sorte de parenthèse hors du temps, une agréable promenade au bord de la Loire.
Il y a certes plus exotique comme destination pour s’évader, mais pour ma part le charme a opéré et je me suis sentie vraiment dépaysée. Il faut dire que les nombreuses cases de toute beauté qui posent le décor invitent à la contemplation, semblent suspendre le temps.
L’histoire quant à elle, si elle n’a rien d’extraordinaire, se suit avec intérêt. J’ai aimé les personnages, leur rencontre, leurs interactions. Étienne Davodeau trouve le ton juste pour mener son histoire, et offre à la Loire un rôle à part entière.
Un album avec beaucoup de charme.
Graphiquement parlant, c'est une belle BD, un plaisir à regarder, dans un style personnel et efficace.
Le début de l'histoire m'a semblé lentounet, puis le rythme devient plus vif, avec une fin que je qualifierai de trop rapide.
Il faut mettre la vraisemblance de côté quand on aborde cette BD. Bien des réactions et des faits sont peu probables, voire incongrus. La morale traditionnelle est royalement aux abonnées absentes. En reste une autre (morale) que le lecteur extirpera de lui-même des pages qu'il vient de lire.
Je reconnais avoir été un peu déçu par la fin, je m'attendais à mieux et à autre chose, mais dans l'ensemble, ce fut une bonne lecture, dotée d'un scénario peu crédible mais jouissif à sa façon.
Moi aussi, je pense que le personnage de l'écrivain est une franche réussite. Il y aurait à tirer une autre histoire avec celui-ci.
Une lecture assez rapide (quasi muette) et pas désagréable, mais qui m’a néanmoins laissé un petit peu sur ma faim.
Le dessin et la colorisation sont plutôt réussis. De très belles planches, Matias Bergara s’est vraiment fait plaisir (et a fait partager ce plaisir au lecteur).
C’est l’histoire que j’ai eu un peu plus de mal à appréhender, donc à apprécier. Elle est quasi muette, au point qu’à un moment je me suis même demandé pourquoi un traducteur était crédité (les très rares bulles usent d’un langage à l’alphabet inconnu et inventé pour l’occasion). Mais à trois ou quatre reprises les chapitres sont entre-coupés d’un court texte, plutôt poétique – il n’explique pas grand-chose.
L’intrigue m’est apparu assez linéaire – un très long voyage d’une gamine semé d’embûches et de gros dangers, l’héroïne étant accompagnée et protégée par un guerrier (ou une guerrière ?) embarqué dans une sorte de gros robot ou d’exosquelette. Cela donne lieu à de multiples scènes de combats, qui contrastent avec les longues scènes où l’on traverse des paysages étranges – et souvent très beaux.
Mais certaines scènes de combats ne sont pas toujours très claires, et la construction des planches (souvent loin du traditionnel gaufrier) dynamise certes la lecture, mais elle accentue aussi un peu la confusion.
Bref, si j’ai saisi le long voyage, dans les détails certaines choses m’ont sans doute échappé, d’où ma relative frustration.
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
Indépendante depuis sa création en 1998, Cultura se donne pour mission de faire vivre et aimer la culture.
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
Blood Moon (Lowreader présente)
Un thriller sur la lune. Nous sommes en 2101, l'Homme s'est installé sur la lune pour en extraire ses minerais. Un travail de forçat et une vie faite de routines, jusqu'au jour où un meurtre horrible est commis. Il va chambouler ce petit monde qui vit en huis-clos. Un scénario qui part sur une base intéressante, à défaut d'être innovante, mais qui hélas va se déliter rapidement (elle perd en clarté au fil des pages). Je n'ai pas trouvé ce récit angoissant et oppressant et le personnage principal, qui mène l'enquête, n'est pas très intéressant. Je n'ai pas été convaincu par cette intrigue tirée par les cheveux et par cette conclusion improbable. Heureusement, la narration dynamique m'a permis de ne pas m'ennuyer. La partie graphique m'a séduit, un trait gras, sombre et légèrement caricatural, il apporte sa pierre à l'édifice à ce polar noir et horrifique. Les couleurs sont au diapason. Une lecture qui sera vite oubliée. 3 étoiles de justesse.
Les Nébuleuses
Cette histoire d'amour aborde un thème jusque-là - à ma connaissance - peu ou pas abordé dans la bande dessinée, à savoir l'asexualité. Tom est en effet un jeune homme qui éprouve des sentiments forts envers Camélia, probablement de l'amour, mais ne ressent pas le besoin de coucher avec elle. Cela arrive pourtant assez vite dans leur relation, ce qui permet au jeune homme de se rendre compte qu'il n'aime pas ça. Mais comme il ne sait pas forcément comment l'exprimer et ne veut pas faire de mal à celle qu'il aime, il met de la distance et fuit sous de faux prétextes les rapports suivants. C'est plutôt finement écrit, il y a beaucoup de discussions mais aussi des non-dits, comme il pourrait en exister dans des relations avec cette configuration originale (ou pas) et complexe. Nous sommes face à deux jeunes gens à la fois intelligents, normaux et sensibles. C'est plutôt bien fait, et si la fin laisse le lectorat sur sa faim, c'est pour qu'on imagine que justement cette histoire va se continuer mais qu'elle ne nous regarde pas plus. Camille Pagni, dont c'est le premier album, a déjà un sacré coup de crayon, et sert avec beaucoup de talent cette histoire pleine de sentiments (bons, pour la plupart).
Le Passeur d'âmes (Taylor)
Au début j'ai cru qu'il s'agissait un recueil de plusieurs récits mettant en scène Dorian Leith, ce fameux thérapeute pour fantômes vendu par la quatrième de couverture, et puis au fil de ma lecture j'ai compris qu'il s'agissait d'une seul et (assez long) récit dont effectivement Dorian est le héros. Il n'en est qu'à ses débuts, mais se retrouve face à un défi de taille, puisque l'action d'une jeune défunte, à savoir de dérober la clé de l'au-delà, a des conséquences terribles : le porte de la mort est fermée et les morts errent dans les limbes, ou plus facilement parmi les vivants, provoquant la panique... L'album parle donc de mort, de deuil, d'anxiété, de maladie mentale, de surmenage, des sujets forts qui ont amené l'éditeur à mettre un petit avertissement destiné au jeune lectorat. Bonne idée cas le style graphique, s'il est semi-réaliste et très coloré, sert un récit aux racines sombres, mais néanmoins porteur d'espoir. L'histoire est un peu longue mais c'est plutôt bien mené, avec ces personnages tous en nuances, qu'ils soient vivants ou morts, et porteurs de vrais questionnements. Johanna Taylor évite de nombreux écueils de l'angélisme ou de la noirceur pour nous livrer un récit très plaisant, qui pourrait parler à de nombreux jeunes en proie à des questionnements existentiels importants. A noter une ambiance victorienne que ne renierait pas Oscar Wilde, influence assumée par l'autrice. Plutôt pas mal, malgré cette longueur qui ne se justifie pas forcément.
Le Maître de California Hill
Bonne BD western, qui a un caractère à la fois psychologique et historique intéressant, mais il manque quelque chose... C'est une partie de la vie du gouverneur de la Californie, Leland Stanford au moment de la construction du chemin de fer. On y suit ses méthodes peu orthodoxes pour gagner la mise dans toutes les situations : beaucoup d'argent, des hommes de mains qui ne sont pas regardant sur la légalité, et un mépris souverain pour les souffrances des autres humains. Le gouverneur serait vu en France comme le méchant de l'histoire mais il reste le héros américain, par excellence, qui réussit tout, fait avancer l'"intérêt général" en faisant avancer son propre intérêt, et se soucie très peu des lois. Un coté dirty Harry, et un coté Donald Trump. L'album peut se diviser en trois volets, 1. la construction du chemin de fer par la Central pacific railroad (tenue par le Gouverneur), depuis Sacramento, en allant vers l'Est pour atteindre la jonction. (première partie 20 pages) 2. L'investissement du gouverneur dans un pari technologique : prouver par des prises de vue que les pattes des chevaux au galop quittent toutes le sol en même temps. Pour cela il fait appel à un photographe qu'il va devoir tirer de prison.. (c'est le gros de l'histoire, 90 pages) 3. une enquête par un privé, a posteriori, qui vise à vérifier la véracité du récit en interviewant les témoins (20 pages). Bref le scénario est un peu déséquilibré, les dialogues sont simples, le dessin est très convaincant : un crayonné ombré avec un lavis bien contrasté. Les personnages sont bien croqués, on sent une aisance du geste qui ne souffre pas de critique. La raison qui m’empêche d’aller au 4 étoiles c'est que je ne me suis pas identifiée à qui que ce soit. Cela n'est pas une obligation mais alors on cherche un message. Et honnêtement je n'en ai pas trouvé. Ce monde essentiellement viriliste, dépourvu d'humanité autant que d'humour, est bien représenté, cela va droit au but mais on ne perçoit pas l'intérêt de raconter cette histoire aujourd'hui : Est-ce pour la montrer du doigt, s'en inspirer, pas vraiment... Qu'apporte l'enquête de la fin ? Donc beaucoup de qualités techniques pour cette BD mais au fond, je n'en garde pas grand chose...
L'Enfant maudit
Laurent Galandon s'attaque ici à un passage difficile de l'histoire de France : les tondues, ces femmes ayant été conspuées, rabaissées suite à leurs idylles avec certains nazis. Le héros est ainsi issu de l'un de ces amours et va s'attacher à reconstituer le puzzle de son passé sur fond de mai 68. L'histoire est ainsi ambitieuse mais la mayonnaise ne prend pas vraiment. En premier lieu, parce qu'on a du mal à avoir de l'empathie pour ce héros apathique qui ne parle que très peu. Ensuite, car d'une manière générale, l'ensemble des personnages sont beaucoup trop stéréotypés et manquent cruellement de profondeur, que ce soit le bon copain qui va tenter de l'aider, la bonne copine d'enfance dont il est secrètement amoureux ou encore la vieille prostituée. Enfin, parce que tout s'enchaine trop vite avec des ficelles relativement grossières (cadre du CRS qui trône comme par hasard devant la porte d'entrée par exemple). Au final, on y croit pas vraiment même si l'auteur dissémine quelques éléments donnant envie d'en savoir plus au lecteur (rond tatoué sous le bras du héros, scène finale du tome 1). La lecture reste malgré tout agréable et la chute finale, que je ne révélerai pas ici, plutôt habile. Au niveau du dessin, celui-ci est agréable. Le trait d'Arno Monnin est particulièrement vif et dynamique donnant beaucoup de mouvement aux différentes scènes. La colorisation informatisée est en revanche un peu trop formelle à mon goût. En bref, un tome tout juste correct pouvant toutefois évoluer positivement par la suite. Histoire, originalité : 6,5/10 Dessin, Mise en couleurs : 6,5/10 NOTE GLOBALE : 13/20 PS : Qui a écouté comme moi "Attends -moi mon amour" de Léo Marjane, suite à la lecture de cette série ? :)
Conquistador (Van Linthout)
Ce n'est pas l'ouvrage sur le Blues que j'ai le plus apprécié. Comme je ne connais pratiquement pas cette musique, j'aime bien me plonger dans son histoire à travers les séries BD. Je l'ai déjà écrit, le Blues se prête particulièrement bien au roman graphique. C'est porteur d'une thématique débordante d'injustice sociale, de solidarité communautaire, d'aventure et de souffrance . Le Blues est une lutte pacifique grâce à l'art. C'est toute l'image de la communauté Afro-Américaine qui en sort grandie par le parcours de ces musiciens. Ici j'ai trouvé que le récit de Bud Leroy était plus en surface sur ces sujets. La place du fantastique dans le récit m'est apparu trop importante. Sa progression musicale et les difficultés pour se faire un nom sous-évaluées. Cela donne une narration qui manque de fluidité et de cohérence à mes yeux. J'ai retrouvé le trait de Van Linthout que j'avais particulièrement apprécié dans Mojo. Toutefois j'ai moins goûté cette surabondance de lavis et de crayonnés. Evidemment le N&B reste presque un must pour ce type de récit. Cela donne l'ambiance adéquat qui résonne avec la musique. Une lecture rapide et agréable mais qui ne m'a pas apporté autant d'émotions que souhaité .
Sol-13
Sol-13 se déroule dans le même univers que L'Ange aux ailes de lumière, qui était l'adaptation d'une nouvelle de SF écrite par Julia Verlanger en 1978, mais c'est là une œuvre inédite du scénariste de l'adaptation en BD de cette dernière. On y retrouve le même cadre de space opera et quelques personnages dont le même héros masculin. Cela se passe dans un univers où les Terriens forment une société spatiale évoluée et ont mis en place une organisation chargée d'aller prendre contact puis d'intégrer des mondes humains moins avancés sur le plan technologique. Notre héros est un agent vétéran de cette organisation envoyés sur une planète au secours d'une de ses anciennes élèves qui y a émis un message de secours. Là, il va découvrir une civilisation humaine réduite en esclavage par une race indigène sous-marine plus évoluée. Comme pour L'Ange aux ailes de lumière, même si la BD est toute récente, le cadre de son récit fait très daté. C'est une histoire de SF et d'action qui aurait été vraiment dans son élément dans les années 70 mais parait largement déjà-vu et cliché de nos jours. Le look du héros, homme d'action au bandeau qui retient les cheveux en est le symbole caricatural. Ceci dit, hormis son look, le reste du dessin est de bonne qualité, propre et efficace. Le ton est très sérieux, sans la touche de légèreté et d'humour de séries plus modernes, et malgré les notions de diplomacie et de retenue que le héros tentaient d'inculquer à ses élèves, la solution qui va se révéler quasi immédiate pour résoudre la situation locale sera de refuser les ordres de la hiérarchie, de lancer une rébellion et de combattre, tuer et détruire les méchants aliens. C'est très désuet, très manichéen, et très tourné vers l'action, comme de la SF à l'ancienne où les héros canardent les méchants car ils savent que leur position est celle du sauveur supérieur qui vient aider les faibles indigènes... avec un bon lot de simplification et de facilités scénaristiques. Très désuet donc, mais suffisamment rythmé pour maintenir l'intérêt et souhaiter voir comment les choses vont se dérouler. De quoi passer un moment de lecture pas désagréable pour les amateurs de SF d'action et d'aventure à l'ancienne, mais sans y chercher grand chose de novateur.
Loire
J’ai ressenti la lecture de cet album comme une sorte de parenthèse hors du temps, une agréable promenade au bord de la Loire. Il y a certes plus exotique comme destination pour s’évader, mais pour ma part le charme a opéré et je me suis sentie vraiment dépaysée. Il faut dire que les nombreuses cases de toute beauté qui posent le décor invitent à la contemplation, semblent suspendre le temps. L’histoire quant à elle, si elle n’a rien d’extraordinaire, se suit avec intérêt. J’ai aimé les personnages, leur rencontre, leurs interactions. Étienne Davodeau trouve le ton juste pour mener son histoire, et offre à la Loire un rôle à part entière. Un album avec beaucoup de charme.
Monsieur Apothéoz
Graphiquement parlant, c'est une belle BD, un plaisir à regarder, dans un style personnel et efficace. Le début de l'histoire m'a semblé lentounet, puis le rythme devient plus vif, avec une fin que je qualifierai de trop rapide. Il faut mettre la vraisemblance de côté quand on aborde cette BD. Bien des réactions et des faits sont peu probables, voire incongrus. La morale traditionnelle est royalement aux abonnées absentes. En reste une autre (morale) que le lecteur extirpera de lui-même des pages qu'il vient de lire. Je reconnais avoir été un peu déçu par la fin, je m'attendais à mieux et à autre chose, mais dans l'ensemble, ce fut une bonne lecture, dotée d'un scénario peu crédible mais jouissif à sa façon. Moi aussi, je pense que le personnage de l'écrivain est une franche réussite. Il y aurait à tirer une autre histoire avec celui-ci.
Saison de sang
Une lecture assez rapide (quasi muette) et pas désagréable, mais qui m’a néanmoins laissé un petit peu sur ma faim. Le dessin et la colorisation sont plutôt réussis. De très belles planches, Matias Bergara s’est vraiment fait plaisir (et a fait partager ce plaisir au lecteur). C’est l’histoire que j’ai eu un peu plus de mal à appréhender, donc à apprécier. Elle est quasi muette, au point qu’à un moment je me suis même demandé pourquoi un traducteur était crédité (les très rares bulles usent d’un langage à l’alphabet inconnu et inventé pour l’occasion). Mais à trois ou quatre reprises les chapitres sont entre-coupés d’un court texte, plutôt poétique – il n’explique pas grand-chose. L’intrigue m’est apparu assez linéaire – un très long voyage d’une gamine semé d’embûches et de gros dangers, l’héroïne étant accompagnée et protégée par un guerrier (ou une guerrière ?) embarqué dans une sorte de gros robot ou d’exosquelette. Cela donne lieu à de multiples scènes de combats, qui contrastent avec les longues scènes où l’on traverse des paysages étranges – et souvent très beaux. Mais certaines scènes de combats ne sont pas toujours très claires, et la construction des planches (souvent loin du traditionnel gaufrier) dynamise certes la lecture, mais elle accentue aussi un peu la confusion. Bref, si j’ai saisi le long voyage, dans les détails certaines choses m’ont sans doute échappé, d’où ma relative frustration.