Avis modifié le 17 avril 2025 : C'est l'avis récent de Noirdésir qui m'a fait inévitablement penser à cette BD. En réalité, il y avait un petit quelque chose qui m'embêtait avec cette affaire, que je n'arrivais pas à cerner très précisément, genre le petit caillou dans la godasse. Ce petit caillou, je le réalise maintenant, c'est le fait que l'autrice semble à mon sens confondre deux "phénomènes" complètement différents : le masculinisme d'une part, réalité qui éclate au grand jour dans toute sa puissance systémique, et la perversion narcissique, pathologie psycho-sociale parfaitement identifiée.
En ce qui concerne le masculinisme, il me parait absolument nécessaire de faire exploser ce système de domination (lire Lucile Peytavin et son magistral Coût de la virilité pour s'en convaincre). Les gros cons de mecs ont fait trop de dégâts. Ya Basta ! En revanche, la perversion narcissique est un tout autre sujet. En effet, ce profil psy concerne aussi bien les hommes que les femmes. Eh oui ! Il y a des femmes perverses narcissiques, cette saloperie n'étant aucunement l'apanage des mâles alpha. Et c'est bien là tout l'objet de la présente modification : Carole Lobel dresse ici le portrait de son pervers de compagnon. Si c'est un homme certes, les mécanismes qui le conduisent à annihiler totalement sa compagne sont eux complètement indépendants de sa mécanique perverse. Il y a donc un manque de nuance dans son propos, ainsi que le relève mon prédécesseur. Ce détail (qui n'en est pas un) blesse mon gros orteil (ah ah). A titre personnel, j'aurais très bien pu faire la même BD sur quelqu'une que j'ai bien connue, même si elle aurait été encore plus mal dessinée...
Je change donc ma note pour rétrograder en troisième.
C'est le genre d'ouvrage salutaire, que ce soit pour les femmes ou "pour nous, les hommes" (Gillette® : la perfection au masculin ?). Carole Lobel, dont c'est ici la première BD, y raconte sa rencontre avec le père de ses enfants ainsi que sa vie de couple. On voit comment son ex sombre peu à peu dans une sorte de victimisation, renvoyant toute sa rancœur sur sa femme (l'autrice en l'occurrence), et plus généralement sur le genre féminin.
Si cette histoire raconte un cas particulier, on sent qu'il se cache derrière toute une batterie de réflexes, de prêt-à-penser, de conditionnement. Elle dresse un paysage au milieu duquel les hommes sont élevés. Moi-même, j'y ai reconnu quelques uns des travers dont j'ai pu être brièvement le réceptacle, sans même m'en rendre compte. Le Stéphane de ce récit possède certes un profile particulier, atteint d'une forme de perversion, et à ce titre devient un véritable connard au fil du récit, mais il incarne du coup un exemple en miroir à fuir absolument.
C'est même un peu plus fin que ça, car au début de la relation, on sent que les a priori masculins prennent toute la place de l'inexpérience de Carole Lobel dont c'est la première relation. Elle ne sait pas comment faire, ne connait pas vraiment sa sexualité, alors elle s'abandonne à son mâle qui fait comme "ON" lui a montré, c'est à dire brutalement, sans la moindre émotion. Car l'homme doit savoir, il doit être fort, puissant...
Il y a de belles trouvailles, comme cette ellipse graphique quand l'autrice subit ce qu'il faut bien appeler les viols conjugaux à répétition, où en lieu et place d'une scène figurative, elle dessine des plantes délicates, rouges et vertes...
Le dessin, par ailleurs, s'il n'est pas parvenu à combler mes attentes, reste efficace, ne se contentant pas de figurer, justement. J'ai aimé cette BD parce que le portrait d'homme ici esquissé contient tout ce qui porte préjudice aux hommes déconstruits, ou à ceux qui n'ont jamais été ces serviteurs de la masculinité patentée dont il faut définitivement se débarrasser car portant préjudice à toutes et tous, y compris nous-mêmes. J'ajoute que le parallèle que l'autrice fait entre son ex et la guerre et l'extrême droite est tout à fait pertinent. Pour s'en convaincre, on pourra lire Le Coût de la virilité de Lucile Peytavin, un bon complément à cette BD.
Un sujet douloureux – qui occupe de plus en plus l’actualité – mais traité de façon relativement sobre. Cela vient du fait que le dessin, un peu brouillon et minimaliste, au rendu presque enfantin, adoucit quelque peu le récit, pourtant très noir et oppressant.
L’auteure – qui hélas pour elle livre sans doute ici quelque chose d’autobiographique – prend le temps de montrer comment la relation toxique entre elle et le père de ses enfants se met en place. Comment une relation amoureuse ordinaire dégénère peu à peu en quelque chose de déséquilibré (dans tous les sens du terme), la violence prenant le pas. Au passage, le récit illustre aussi comment le fait de passer son temps sur internet et certains réseaux sociaux complotistes et fachos détruit le peu de neurones que l’on possède au départ : la façon dont le compagnon de la narratrice devient viriliste, néo-nazi, en embrigadant ses mômes dans ses délires mortifères est assez flippante.
Un témoignage intéressant (même si la conclusion semble faire rentrer tous les hommes dans ce même moule à connards, ce qui heureusement n’est pas le cas – je pense n’être pas si exceptionnel dans ce domaine !).
Fernando Posada est un être immortel, mi-humain mi-dragon, issu d’un monde parallèle empreint de fantasy. Là-bas, il existe depuis une éternité, ayant oublié ses origines, dispose de pouvoirs quasi divins et renait à chaque mort. Il y est devenu depuis des temps immémoriaux le roi d'un pays merveilleux sur lequel il veille vaguement quand il a le cœur à ça. Car l'éternité lui pèse tant qu'il a décidé de se faire renaître en parallèle sur notre Terre, où il est désormais un jeune ado rebelle de 13 ans, à la tête d'un petit groupe de rock avec ses deux meilleurs amis. Mais la tranquillité de sa double vie est troublée lorsqu’une jeune académicienne s’installe dans son palais pour en étudier l’histoire et percer les secrets de ce roi immortel.
Toutes les chansons que j’aimerais oublier est une œuvre dense et généreuse, où l’on sent que l’autrice a investi beaucoup d’elle-même. Sur plus de 180 pages au dessin soigné et accompagné de plusieurs illustrations pleine page, elle déploie un univers riche, foisonnant, et visiblement très personnel. Elle dote son personnage principal d’un charisme magnétique, à la fois souverain désabusé et caméléon magique, capable de se transformer à volonté, en homme, en femme, en dragon, et de plier le réel à ses désirs. Sous cette toute-puissance se cache pourtant une douleur profonde, un mal de vivre qu’il tente d’exorciser en enfouissant ses souvenirs dans des chansons qu’il voudrait oublier.
L’univers parallèle imaginé ici, aux accents des Mille et Une Nuits, est une réussite visuelle et narrative. On y croise une humanité cosmopolite réunie sous la protection de dragons à l’apparence mêlant ailes de papillon et plumage d’oiseau. Ces séquences sont les plus intéressantes de l’album : joliment dessinées, pleines de finesse dans les décors, les costumes, les visages et les atmosphères, elles confèrent à l’ensemble une dimension poétique et intemporelle. Et surtout, ce personnage de roi adolescent immortel, tout-puissant et insaisissable, dont les souvenirs se perdent dans les millénaires, possède une complexité et un potentiel fascinants que l’on aimerait voir davantage explorés. Il incarne à lui seul la beauté mélancolique de ce monde parallèle, tout en éveillant un sentiment vertigineux face au temps, à la mémoire et à l’usure de l’éternité.
En revanche, les passages ancrés dans notre monde (étrangement situé dans les années 1980, sans justification claire) souffrent d’un certain déséquilibre. Moins inspirés, plus mièvres, ils évoquent une ambiance de roman young adult façon Twilight avec cet immortel qui côtoie des adolescents, où l’on retrouve les codes du teenager mélancolique, du groupe de rock aux paroles sombres et du spleen adolescent. Cette vie parallèle, censée offrir une échappatoire au héros, finit par prendre le pas sur l’intrigue, tirant l’ensemble vers une romance douce-amère, un brin sirupeuse pour un lectorat adulte.
Il demeure pourtant de nombreuses qualités dans cet ouvrage : une richesse graphique évidente, un univers singulier, et quelques dynamiques de personnages intéressantes. Mais l’oscillation constante entre la majesté du monde fantasy et les émois adolescents du quotidien rend l’ensemble bancal. Une œuvre séduisante dans l’intention, souvent belle dans la forme, mais qui séduira sans doute davantage les lecteurs et lectrices plus jeunes que les adultes en quête d’une histoire pleinement aboutie.
My Capricorn Friend est un one-shot que j’avais hâte de découvrir, et dans l’ensemble, je ne suis pas déçu. L’histoire est bien construite, le propos est fort, et le sujet du harcèlement scolaire est traité avec beaucoup de justesse, sans tomber dans le pathos.
Le lien entre les deux personnages principaux, Yuya et Naoto, est touchant, et l’ambiance du récit oscille entre tension, mystère et émotion. Graphiquement, c’est propre et maîtrisé, avec une mise en scène sobre mais efficace.
Cela dit, j’ai deviné assez tôt où l’histoire allait nous mener, ce qui enlève un peu d’impact à la fin. Et justement, cette fin m’a laissé une légère impression d’inachevé. On reste un peu sur sa faim, comme si quelque chose manquait pour que ce soit vraiment marquant.
Un bon manga malgré tout, que je recommande pour la qualité de son traitement et sa sensibilité, même si je n’en fais pas un coup de cœur.
J'ai lu les tomes parus chez Urban Comics qui regroupe la plupart des récits scénarisés par Jamie Delano. Il faut savoir que c'est un scénariste important pour John Constantine parce que c'était le premier scénariste de la série régulier du personnage qui jusqu'à lors était un personnage secondaire de Swamp Thing.
C'est donc lui qui va créer des éléments récurrents de la série et va mettre Constantine dans des récits au ton adultes, quoique le personnage n'est pas encore aussi trash que feront ensuite des auteurs comme Garth Ennis. Le résultat sont des histoires fantastiques dans le ton de ce qui se faisait à la fin des années 80-début des années 90. Le fait que ça s'adressait à un public plus mature fait en sorte qu'on peu explorer des thèmes qu'on ne verra pas dans les titres de super-héros DC Comics comme Batman et Superman. J'aime bien l'ambiance qui se dégage de ses récits où tout peut arriver, mais John Constantine ne m'a pas semblé aussi charismatique que sous la plume de certains scénaristes qui vont se succéder sur le titre après Delano. Certains récits sont un peu décousus, je pense notamment à la grosse saga qu'on a droit dans le tome 2 qui est la partie où j'ai le moins accroché.
Un autre truc un peu dérangeant est que les dessinateurs vont souvent changés durant ses trois tomes et si j'en aime certains qui sont très bons pour installer le genre d'ambiance parfait pour des récits d'Hellblazer, il y en d'autres dont j'ai moins aimé le travail et au final il y a des styles qui sont trop hétérogène pour aider à la cohérence de la série. Parfois Constantine semblait changer de tête selon les chapitres ! Au final, c'est des tomes à emprunter si on veut connaitre l'historique du personnage.
Étrange histoire, qui me laisse un ressenti mitigé. Mais globalement positif.
Tout est brinquebalant dans ce récit. Le dessin tout d’abord, inégal, pas toujours réussi au niveau des personnages (visages en particulier, un peu trop changeants parfois), mais qui dans l’ensemble se révèle agréable.
L’intrigue ensuite, qui nous plonge dans l’Amérique profonde, autour de quelques personnages dont on ne brosse qu’en partie le portrait – si ce n’est cette Rose, femme marginale, meurtrie, à la fois forte, folle et pleine de faiblesses – et d’ennemis.
L’histoire oscille entre le polar, la chronique sociale, et une sorte de western moderne. C’est une tranche de vie, sans réelle conclusion, un récit qui aurait sans doute gagné à être densifié, mais qui se laisse lire plaisamment.
L'histoire est simple mais prometteuse.
C'est l'histoire d'Abby, jeune fille bourgeoise du XIXe siècle, qui séjourne avec sa mère dans un hôtel en bord de mer. Elle et sa mère ont une relation conflictuelle, l'une élevant sa fille seule et craignant les qu'en-dira-t-on et l'autre souhaitant simplement s'amuser et explorer le monde sans être restreinte par des règles qu'elle juge absurdes. Un jour, décidant d'explorer l'hôtel, elle tombe sur une étrange pièce condamnée, décide d'y entrer, et par un concours de circonstances malheureuses fini par réveiller un fantôme. Le fantôme est celui d'un jeune homme du nom de Walton ayant la particularité d'être extrêmement insupportable et qui décide de suivre Abby partout où elle ira, quitte à rendre sa vie encore plus invivable. Abby va donc tout faire pour tenter de ramener Walton chez les morts, sans savoir que la Mort elle-même fera tout son possible pour l'en empêcher, ne désirant absolument pas récupérer l'insupportable Walton dans son royaume.
L'histoire est simple et prometteuse mais malheureusement perfectible.
L'histoire nous promet un propos sur le poids des injonctions, une relation mère-fille complexe qui s'épanouira à la fin, le sujet de la fin de l'enfance et un début d'assagissement, une utilisation de l'arrivée du fantastique dans le quotidien comme un moyen de porter un nouveau regard sur sa vie, le tout dans une comédie centrée autour d'un fantôme pot-de-colle et casse-pied. Beaucoup de promesses qui ne seront, m'est-avis, pas vraiment tenues. Les sujets sont bien abordés et traités mais pas vraiment en profondeur. En fait, je pourrait directement imputé ça au vrai gros défaut de l'œuvre pour moi : c'est trop court. Je pense que cette histoire aurait mérité à être un peu plus développé (pas nécessairement en pondant un pavé, mais tout de même en rajoutant suffisamment de page pour que tout ceci puisse bien se poser).
L'œuvre n'est pas mauvaise pour autant, l'histoire se laisse lire et l'idée de base - bien que classique - reste efficace. Je déplore juste un petit manque qui fait que, selon-moi, cet album laisse un peu sur sa faim. Le public jeunesse visé restera sans doute satisfait, mais un public plus mature trouvera sans doute tout ça trop maigre.
Un mot rapide sur les dessins : je suis là aussi mitigée. Je les trouve intéressants, jolis même par moment (surtout dans les décors et la composition des cases), mais certaines expressions sur-exagérée des personnages m'ont semblées de trop.
Je peux tout de même conseiller la lecture, mais j'avoue que je la conseille surtout à un public jeunesse.
J’ai acheté ce premier tome sur un coup de tête, aguiché par la jolie couverture, et convaincu par un feuilletage rapide et le résumé en quatrième de couverture… et j’ai trouvé ça pas mal du tout.
Le monde dystopique ne brille pas par son originalité, mais est néanmoins riche et intéressant : catastrophe climatique, humanité vivant dans des villes dômes, cohabitation entre humains et robots, bannissement des robots à essence (les petrol heads, donc), courses de voitures organisées et manipulées par le pouvoir pour distraire et surtout contrôler la population… et au milieu de tout ça, une galerie de personnages hauts en couleurs qui se retrouvent embarqués malgré eux dans une aventure semée d’embuches.
Bon, il fallait peut-être que je m’y attende avec un titre pareil, mais l’histoire est surtout portée sur l’action, les courses poursuites en grosse bagnoles trafiquées, les fusillades… ce n’est pas un reproche, ça reste agréable à lire, mais j’espérais une intrigue un peu plus fouillée.
La mise en image de Pye Parr est magnifique. Le design des personnages et des voitures est réussi, et les scènes d’action sont très dynamiques et en mettent plein des yeux.
Une histoire sympathique, dont je lirai la suite si l’occasion se présente.
J'ai trouvé cette lecture décevante. Catel et Bocquet utilisent toujours le même procédé biographique à savoir un déroulé chronologique pas à pas plutôt exhaustif. Cela a l'avantage d'explorer les divers aspect de la personnalité de la femme proposée mais cela a l'inconvénient des voies secondaires qui chargent la narration dans des anecdotes superficielles et inutiles. C'est le cas pour Anita Conti avec des longs passages sur son enfance ou sa période de l'occupation qui nous éloignent du thème central: son influence sur la politique piscicole et la recherche océanographique. Cette structure en petits chapitres qui révèlent une suite d'anecdote ne favorise pas à mes yeux une grande fluidité dans la narration. Ainsi j'ai eu du mal à discerner une ligne directrice cohérente et je suis sorti de ma lecture assez frustré de n'avoir pu saisir l'influence réelle de madame Conti sur ces sujets compliqués.
Le récit est fortement hagiographique. Toutefois cela reste intéressant de faire découvrir cette femme injustement méconnue.
Le graphisme de Catel cible l'essentiel dans un style quasi journalistique. Cela est très expressif avec beaucoup de dynamisme.
Malheureusement ce n'est pas ma biographie préférée de la série car j'ai trouvé que la lecture s'éparpillait trop. Une déception. Un tout petit 3
Je continue ma découverte des œuvres de Tillie Walden, et aujourd'hui, visiblement, je suis tombée sur son œuvre autobiographique.
L'autrice nous raconte sa jeunesse, son adolescence, sa maturation, son évolution et son rapport aux autres. C'est une histoire d'apparence classique, de doute, d'éveil aux sentiments amoureux (d'autant plus complexes de par l'homosexualité de l'autrice), de traumas aussi (je pense en particulier à une scène très dure qui marque vraiment par la glaçante "banalité" de l'acte et les conséquences désastreuses psychologiquement).
Mais ici, ce récit de jeunesse perdue et s'enfermant dans des habitudes par peur d'affronter l'inconnu brille par son approche singulière : tout nous est raconté sous l'angle du patinage artistique. L'autrice a pratiqué le patinage artistique durant des années, a continué à en faire en vers et contre tout, continué même lorsqu'elle n'y prenait plus aucun plaisir. Son rapport avec ce sport, pourquoi elle s'y est intéressé à la base, pourquoi elle n'a pas su arrêter quand cela ne lui procurait plus rien de bon, tout cela permet tout au long de l'album de s'intéresser aux déboires émotionnels et aux sentiment de perdition de cette adolescente. Le patinage artistique c'est de la discipline, de la pression, du stress, de la compétitivité, des injonctions esthétiques, bref une excellente métaphore pour un récit sur une adolescente se cherchant et se sentant étouffer.
Pas mon œuvre préférée de l'autrice, loin de là, mais elle a su me toucher, me parler.
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
Indépendante depuis sa création en 1998, Cultura se donne pour mission de faire vivre et aimer la culture.
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
En territoire ennemi
Avis modifié le 17 avril 2025 : C'est l'avis récent de Noirdésir qui m'a fait inévitablement penser à cette BD. En réalité, il y avait un petit quelque chose qui m'embêtait avec cette affaire, que je n'arrivais pas à cerner très précisément, genre le petit caillou dans la godasse. Ce petit caillou, je le réalise maintenant, c'est le fait que l'autrice semble à mon sens confondre deux "phénomènes" complètement différents : le masculinisme d'une part, réalité qui éclate au grand jour dans toute sa puissance systémique, et la perversion narcissique, pathologie psycho-sociale parfaitement identifiée. En ce qui concerne le masculinisme, il me parait absolument nécessaire de faire exploser ce système de domination (lire Lucile Peytavin et son magistral Coût de la virilité pour s'en convaincre). Les gros cons de mecs ont fait trop de dégâts. Ya Basta ! En revanche, la perversion narcissique est un tout autre sujet. En effet, ce profil psy concerne aussi bien les hommes que les femmes. Eh oui ! Il y a des femmes perverses narcissiques, cette saloperie n'étant aucunement l'apanage des mâles alpha. Et c'est bien là tout l'objet de la présente modification : Carole Lobel dresse ici le portrait de son pervers de compagnon. Si c'est un homme certes, les mécanismes qui le conduisent à annihiler totalement sa compagne sont eux complètement indépendants de sa mécanique perverse. Il y a donc un manque de nuance dans son propos, ainsi que le relève mon prédécesseur. Ce détail (qui n'en est pas un) blesse mon gros orteil (ah ah). A titre personnel, j'aurais très bien pu faire la même BD sur quelqu'une que j'ai bien connue, même si elle aurait été encore plus mal dessinée... Je change donc ma note pour rétrograder en troisième. C'est le genre d'ouvrage salutaire, que ce soit pour les femmes ou "pour nous, les hommes" (Gillette® : la perfection au masculin ?). Carole Lobel, dont c'est ici la première BD, y raconte sa rencontre avec le père de ses enfants ainsi que sa vie de couple. On voit comment son ex sombre peu à peu dans une sorte de victimisation, renvoyant toute sa rancœur sur sa femme (l'autrice en l'occurrence), et plus généralement sur le genre féminin. Si cette histoire raconte un cas particulier, on sent qu'il se cache derrière toute une batterie de réflexes, de prêt-à-penser, de conditionnement. Elle dresse un paysage au milieu duquel les hommes sont élevés. Moi-même, j'y ai reconnu quelques uns des travers dont j'ai pu être brièvement le réceptacle, sans même m'en rendre compte. Le Stéphane de ce récit possède certes un profile particulier, atteint d'une forme de perversion, et à ce titre devient un véritable connard au fil du récit, mais il incarne du coup un exemple en miroir à fuir absolument. C'est même un peu plus fin que ça, car au début de la relation, on sent que les a priori masculins prennent toute la place de l'inexpérience de Carole Lobel dont c'est la première relation. Elle ne sait pas comment faire, ne connait pas vraiment sa sexualité, alors elle s'abandonne à son mâle qui fait comme "ON" lui a montré, c'est à dire brutalement, sans la moindre émotion. Car l'homme doit savoir, il doit être fort, puissant... Il y a de belles trouvailles, comme cette ellipse graphique quand l'autrice subit ce qu'il faut bien appeler les viols conjugaux à répétition, où en lieu et place d'une scène figurative, elle dessine des plantes délicates, rouges et vertes... Le dessin, par ailleurs, s'il n'est pas parvenu à combler mes attentes, reste efficace, ne se contentant pas de figurer, justement. J'ai aimé cette BD parce que le portrait d'homme ici esquissé contient tout ce qui porte préjudice aux hommes déconstruits, ou à ceux qui n'ont jamais été ces serviteurs de la masculinité patentée dont il faut définitivement se débarrasser car portant préjudice à toutes et tous, y compris nous-mêmes. J'ajoute que le parallèle que l'autrice fait entre son ex et la guerre et l'extrême droite est tout à fait pertinent. Pour s'en convaincre, on pourra lire Le Coût de la virilité de Lucile Peytavin, un bon complément à cette BD.
En territoire ennemi
Un sujet douloureux – qui occupe de plus en plus l’actualité – mais traité de façon relativement sobre. Cela vient du fait que le dessin, un peu brouillon et minimaliste, au rendu presque enfantin, adoucit quelque peu le récit, pourtant très noir et oppressant. L’auteure – qui hélas pour elle livre sans doute ici quelque chose d’autobiographique – prend le temps de montrer comment la relation toxique entre elle et le père de ses enfants se met en place. Comment une relation amoureuse ordinaire dégénère peu à peu en quelque chose de déséquilibré (dans tous les sens du terme), la violence prenant le pas. Au passage, le récit illustre aussi comment le fait de passer son temps sur internet et certains réseaux sociaux complotistes et fachos détruit le peu de neurones que l’on possède au départ : la façon dont le compagnon de la narratrice devient viriliste, néo-nazi, en embrigadant ses mômes dans ses délires mortifères est assez flippante. Un témoignage intéressant (même si la conclusion semble faire rentrer tous les hommes dans ce même moule à connards, ce qui heureusement n’est pas le cas – je pense n’être pas si exceptionnel dans ce domaine !).
Toutes les chansons que j’aimerais oublier
Fernando Posada est un être immortel, mi-humain mi-dragon, issu d’un monde parallèle empreint de fantasy. Là-bas, il existe depuis une éternité, ayant oublié ses origines, dispose de pouvoirs quasi divins et renait à chaque mort. Il y est devenu depuis des temps immémoriaux le roi d'un pays merveilleux sur lequel il veille vaguement quand il a le cœur à ça. Car l'éternité lui pèse tant qu'il a décidé de se faire renaître en parallèle sur notre Terre, où il est désormais un jeune ado rebelle de 13 ans, à la tête d'un petit groupe de rock avec ses deux meilleurs amis. Mais la tranquillité de sa double vie est troublée lorsqu’une jeune académicienne s’installe dans son palais pour en étudier l’histoire et percer les secrets de ce roi immortel. Toutes les chansons que j’aimerais oublier est une œuvre dense et généreuse, où l’on sent que l’autrice a investi beaucoup d’elle-même. Sur plus de 180 pages au dessin soigné et accompagné de plusieurs illustrations pleine page, elle déploie un univers riche, foisonnant, et visiblement très personnel. Elle dote son personnage principal d’un charisme magnétique, à la fois souverain désabusé et caméléon magique, capable de se transformer à volonté, en homme, en femme, en dragon, et de plier le réel à ses désirs. Sous cette toute-puissance se cache pourtant une douleur profonde, un mal de vivre qu’il tente d’exorciser en enfouissant ses souvenirs dans des chansons qu’il voudrait oublier. L’univers parallèle imaginé ici, aux accents des Mille et Une Nuits, est une réussite visuelle et narrative. On y croise une humanité cosmopolite réunie sous la protection de dragons à l’apparence mêlant ailes de papillon et plumage d’oiseau. Ces séquences sont les plus intéressantes de l’album : joliment dessinées, pleines de finesse dans les décors, les costumes, les visages et les atmosphères, elles confèrent à l’ensemble une dimension poétique et intemporelle. Et surtout, ce personnage de roi adolescent immortel, tout-puissant et insaisissable, dont les souvenirs se perdent dans les millénaires, possède une complexité et un potentiel fascinants que l’on aimerait voir davantage explorés. Il incarne à lui seul la beauté mélancolique de ce monde parallèle, tout en éveillant un sentiment vertigineux face au temps, à la mémoire et à l’usure de l’éternité. En revanche, les passages ancrés dans notre monde (étrangement situé dans les années 1980, sans justification claire) souffrent d’un certain déséquilibre. Moins inspirés, plus mièvres, ils évoquent une ambiance de roman young adult façon Twilight avec cet immortel qui côtoie des adolescents, où l’on retrouve les codes du teenager mélancolique, du groupe de rock aux paroles sombres et du spleen adolescent. Cette vie parallèle, censée offrir une échappatoire au héros, finit par prendre le pas sur l’intrigue, tirant l’ensemble vers une romance douce-amère, un brin sirupeuse pour un lectorat adulte. Il demeure pourtant de nombreuses qualités dans cet ouvrage : une richesse graphique évidente, un univers singulier, et quelques dynamiques de personnages intéressantes. Mais l’oscillation constante entre la majesté du monde fantasy et les émois adolescents du quotidien rend l’ensemble bancal. Une œuvre séduisante dans l’intention, souvent belle dans la forme, mais qui séduira sans doute davantage les lecteurs et lectrices plus jeunes que les adultes en quête d’une histoire pleinement aboutie.
My capricorn friend
My Capricorn Friend est un one-shot que j’avais hâte de découvrir, et dans l’ensemble, je ne suis pas déçu. L’histoire est bien construite, le propos est fort, et le sujet du harcèlement scolaire est traité avec beaucoup de justesse, sans tomber dans le pathos. Le lien entre les deux personnages principaux, Yuya et Naoto, est touchant, et l’ambiance du récit oscille entre tension, mystère et émotion. Graphiquement, c’est propre et maîtrisé, avec une mise en scène sobre mais efficace. Cela dit, j’ai deviné assez tôt où l’histoire allait nous mener, ce qui enlève un peu d’impact à la fin. Et justement, cette fin m’a laissé une légère impression d’inachevé. On reste un peu sur sa faim, comme si quelque chose manquait pour que ce soit vraiment marquant. Un bon manga malgré tout, que je recommande pour la qualité de son traitement et sa sensibilité, même si je n’en fais pas un coup de cœur.
Jamie Delano Présente Hellblazer (John Constantine Hellblazer)
J'ai lu les tomes parus chez Urban Comics qui regroupe la plupart des récits scénarisés par Jamie Delano. Il faut savoir que c'est un scénariste important pour John Constantine parce que c'était le premier scénariste de la série régulier du personnage qui jusqu'à lors était un personnage secondaire de Swamp Thing. C'est donc lui qui va créer des éléments récurrents de la série et va mettre Constantine dans des récits au ton adultes, quoique le personnage n'est pas encore aussi trash que feront ensuite des auteurs comme Garth Ennis. Le résultat sont des histoires fantastiques dans le ton de ce qui se faisait à la fin des années 80-début des années 90. Le fait que ça s'adressait à un public plus mature fait en sorte qu'on peu explorer des thèmes qu'on ne verra pas dans les titres de super-héros DC Comics comme Batman et Superman. J'aime bien l'ambiance qui se dégage de ses récits où tout peut arriver, mais John Constantine ne m'a pas semblé aussi charismatique que sous la plume de certains scénaristes qui vont se succéder sur le titre après Delano. Certains récits sont un peu décousus, je pense notamment à la grosse saga qu'on a droit dans le tome 2 qui est la partie où j'ai le moins accroché. Un autre truc un peu dérangeant est que les dessinateurs vont souvent changés durant ses trois tomes et si j'en aime certains qui sont très bons pour installer le genre d'ambiance parfait pour des récits d'Hellblazer, il y en d'autres dont j'ai moins aimé le travail et au final il y a des styles qui sont trop hétérogène pour aider à la cohérence de la série. Parfois Constantine semblait changer de tête selon les chapitres ! Au final, c'est des tomes à emprunter si on veut connaitre l'historique du personnage.
Dirty Rose
Étrange histoire, qui me laisse un ressenti mitigé. Mais globalement positif. Tout est brinquebalant dans ce récit. Le dessin tout d’abord, inégal, pas toujours réussi au niveau des personnages (visages en particulier, un peu trop changeants parfois), mais qui dans l’ensemble se révèle agréable. L’intrigue ensuite, qui nous plonge dans l’Amérique profonde, autour de quelques personnages dont on ne brosse qu’en partie le portrait – si ce n’est cette Rose, femme marginale, meurtrie, à la fois forte, folle et pleine de faiblesses – et d’ennemis. L’histoire oscille entre le polar, la chronique sociale, et une sorte de western moderne. C’est une tranche de vie, sans réelle conclusion, un récit qui aurait sans doute gagné à être densifié, mais qui se laisse lire plaisamment.
Abby & Walton
L'histoire est simple mais prometteuse. C'est l'histoire d'Abby, jeune fille bourgeoise du XIXe siècle, qui séjourne avec sa mère dans un hôtel en bord de mer. Elle et sa mère ont une relation conflictuelle, l'une élevant sa fille seule et craignant les qu'en-dira-t-on et l'autre souhaitant simplement s'amuser et explorer le monde sans être restreinte par des règles qu'elle juge absurdes. Un jour, décidant d'explorer l'hôtel, elle tombe sur une étrange pièce condamnée, décide d'y entrer, et par un concours de circonstances malheureuses fini par réveiller un fantôme. Le fantôme est celui d'un jeune homme du nom de Walton ayant la particularité d'être extrêmement insupportable et qui décide de suivre Abby partout où elle ira, quitte à rendre sa vie encore plus invivable. Abby va donc tout faire pour tenter de ramener Walton chez les morts, sans savoir que la Mort elle-même fera tout son possible pour l'en empêcher, ne désirant absolument pas récupérer l'insupportable Walton dans son royaume. L'histoire est simple et prometteuse mais malheureusement perfectible. L'histoire nous promet un propos sur le poids des injonctions, une relation mère-fille complexe qui s'épanouira à la fin, le sujet de la fin de l'enfance et un début d'assagissement, une utilisation de l'arrivée du fantastique dans le quotidien comme un moyen de porter un nouveau regard sur sa vie, le tout dans une comédie centrée autour d'un fantôme pot-de-colle et casse-pied. Beaucoup de promesses qui ne seront, m'est-avis, pas vraiment tenues. Les sujets sont bien abordés et traités mais pas vraiment en profondeur. En fait, je pourrait directement imputé ça au vrai gros défaut de l'œuvre pour moi : c'est trop court. Je pense que cette histoire aurait mérité à être un peu plus développé (pas nécessairement en pondant un pavé, mais tout de même en rajoutant suffisamment de page pour que tout ceci puisse bien se poser). L'œuvre n'est pas mauvaise pour autant, l'histoire se laisse lire et l'idée de base - bien que classique - reste efficace. Je déplore juste un petit manque qui fait que, selon-moi, cet album laisse un peu sur sa faim. Le public jeunesse visé restera sans doute satisfait, mais un public plus mature trouvera sans doute tout ça trop maigre. Un mot rapide sur les dessins : je suis là aussi mitigée. Je les trouve intéressants, jolis même par moment (surtout dans les décors et la composition des cases), mais certaines expressions sur-exagérée des personnages m'ont semblées de trop. Je peux tout de même conseiller la lecture, mais j'avoue que je la conseille surtout à un public jeunesse.
Petrol Head
J’ai acheté ce premier tome sur un coup de tête, aguiché par la jolie couverture, et convaincu par un feuilletage rapide et le résumé en quatrième de couverture… et j’ai trouvé ça pas mal du tout. Le monde dystopique ne brille pas par son originalité, mais est néanmoins riche et intéressant : catastrophe climatique, humanité vivant dans des villes dômes, cohabitation entre humains et robots, bannissement des robots à essence (les petrol heads, donc), courses de voitures organisées et manipulées par le pouvoir pour distraire et surtout contrôler la population… et au milieu de tout ça, une galerie de personnages hauts en couleurs qui se retrouvent embarqués malgré eux dans une aventure semée d’embuches. Bon, il fallait peut-être que je m’y attende avec un titre pareil, mais l’histoire est surtout portée sur l’action, les courses poursuites en grosse bagnoles trafiquées, les fusillades… ce n’est pas un reproche, ça reste agréable à lire, mais j’espérais une intrigue un peu plus fouillée. La mise en image de Pye Parr est magnifique. Le design des personnages et des voitures est réussi, et les scènes d’action sont très dynamiques et en mettent plein des yeux. Une histoire sympathique, dont je lirai la suite si l’occasion se présente.
Anita Conti (Catel & Bocquet)
J'ai trouvé cette lecture décevante. Catel et Bocquet utilisent toujours le même procédé biographique à savoir un déroulé chronologique pas à pas plutôt exhaustif. Cela a l'avantage d'explorer les divers aspect de la personnalité de la femme proposée mais cela a l'inconvénient des voies secondaires qui chargent la narration dans des anecdotes superficielles et inutiles. C'est le cas pour Anita Conti avec des longs passages sur son enfance ou sa période de l'occupation qui nous éloignent du thème central: son influence sur la politique piscicole et la recherche océanographique. Cette structure en petits chapitres qui révèlent une suite d'anecdote ne favorise pas à mes yeux une grande fluidité dans la narration. Ainsi j'ai eu du mal à discerner une ligne directrice cohérente et je suis sorti de ma lecture assez frustré de n'avoir pu saisir l'influence réelle de madame Conti sur ces sujets compliqués. Le récit est fortement hagiographique. Toutefois cela reste intéressant de faire découvrir cette femme injustement méconnue. Le graphisme de Catel cible l'essentiel dans un style quasi journalistique. Cela est très expressif avec beaucoup de dynamisme. Malheureusement ce n'est pas ma biographie préférée de la série car j'ai trouvé que la lecture s'éparpillait trop. Une déception. Un tout petit 3
Spinning
Je continue ma découverte des œuvres de Tillie Walden, et aujourd'hui, visiblement, je suis tombée sur son œuvre autobiographique. L'autrice nous raconte sa jeunesse, son adolescence, sa maturation, son évolution et son rapport aux autres. C'est une histoire d'apparence classique, de doute, d'éveil aux sentiments amoureux (d'autant plus complexes de par l'homosexualité de l'autrice), de traumas aussi (je pense en particulier à une scène très dure qui marque vraiment par la glaçante "banalité" de l'acte et les conséquences désastreuses psychologiquement). Mais ici, ce récit de jeunesse perdue et s'enfermant dans des habitudes par peur d'affronter l'inconnu brille par son approche singulière : tout nous est raconté sous l'angle du patinage artistique. L'autrice a pratiqué le patinage artistique durant des années, a continué à en faire en vers et contre tout, continué même lorsqu'elle n'y prenait plus aucun plaisir. Son rapport avec ce sport, pourquoi elle s'y est intéressé à la base, pourquoi elle n'a pas su arrêter quand cela ne lui procurait plus rien de bon, tout cela permet tout au long de l'album de s'intéresser aux déboires émotionnels et aux sentiment de perdition de cette adolescente. Le patinage artistique c'est de la discipline, de la pression, du stress, de la compétitivité, des injonctions esthétiques, bref une excellente métaphore pour un récit sur une adolescente se cherchant et se sentant étouffer. Pas mon œuvre préférée de l'autrice, loin de là, mais elle a su me toucher, me parler.