Jolie BD de Davodeau, faisant penser dans le postulat de son scénario au roman de Sylvain Prudhomme "Par les routes".
L'histoire de non-retrouvailles avec un amour de jeunesse est agréable à souhait : la tranche de vie est touchante, intrigante, amusante, anecdotique aussi. Après le beau et engagé Le Droit du sol, la chute est rude, l'ambition bien faible.
Mais la réussite de cette tendre BD réside peut-être justement dans la modestie du projet. L'auteur maîtrise admirablement le rythme de son intrigue, la délicatesse des illustrations imprègne de sa lenteur les rebondissements de l'histoire, la saisie du temps qui passe est d'une grande sensibilité et d'une agréable justesse.
Une œuvre de Davodeau certes mineure, mais qui se parcourt avec un agréable sourire aux lèvres.
Portrait sensible d’un adolescent en pleine période « gros con », ce récit a réussi à me toucher grâce à la justesse de l’analyse. Le personnage central, Raoul, a tout de l’ado détestable. On le sent sur le point de faire la connerie de trop, celle qui gâchera définitivement ses chances d’un avenir stable, solide, construit en respect avec les autres comme avec lui-même. Et puis survient un rival, une confrontation et enfin un déclic.
Le récit est bien construit. La mise en page très aérée, les dialogues peu envahissants et un dessin qui va à l’essentiel garantissent une lecture très rapide. Il faut bien admettre que le scénario se résume à peu mais c’est sa justesse qui en fait tout le charme. Justesse de l’analyse, justesse dans les dialogues, justesse dans l’enchainement des événements (même si ce genre de happy end doit être l’exception à la règle dans la vraie vie).
Franchement pas mal bien. Un peu trop vite lu à mon goût pour que je monte à 4 étoiles mais c’est un livre que je ne regrette pas d’avoir lu.
Un roman graphique sympathique, mais qui ne m'a pas trop marqué.
On suit trois couples d'âges différents ainsi que des animaux qui observent les humains et commentent les situations. Je pense que ce sont surtout les scènes avec les animaux que j'aime parce qu'ils ont des dialogues savoureux et leurs visions des humains est intéressante. Les tranches de vies avec les humains ne m'ont pas vraiment touché. Ça se laisse lire sans problème, mais comme je l'ai déjà écrit c'est une lecture qui ne m'a pas trop marqué. C'est le genre de BD que je lis une fois sans problème et il y a rien qui me donne envie de le relire un jour.
Encore une fois, le trait de Nicoby est agréable et c'est le style de dessin humoristique qui va très bien pour ce type de récit.
Un Winshluss que je qualifierai de très mineur, je lui mets même la moyenne un peu à l’arrache.
Je n’ai lu que le 1er tome mais pas plus emballé que ça pour découvrir la suite. Les aventures de Wizz et Buzz, à quelque exceptions toutefois, m’ont globalement laissé de marbre.
Je suis sans doute devenu trop exigeant avec cet auteur, l’ayant découvert avec ses pépites.
Je le préfère dans d’autres exercices, ici le résultat, sans être mauvais, m’a paru trop fanzine et sans grande portée.
Lauffray s’était déjà essayé aux pirates avec Long John Silver, il récidive dans le genre mais seul à la barre cette fois.
Il propose du divertissement bien fait mais il manque la petite étincelle pour emporter pleinement. A mes yeux, c’est moins réussi que sa précédente incursion, le ton est un peu plus fun ici.
Le graphisme suit toujours, l’auteur possède une patte, un style et une mise en scène un peu grandiloquent mais appréciable.
Niveau histoire, c’est plus classique et sans réelle surprise, ce qui modère mon enthousiasme. Le héros est sympa mais ne me touche pas.
Du blockbuster bien réalisé, vous passerez un bon moment mais pas très marquant.
———————————————————
Petite mise à jour après découverte du dernier tome :
Je reste globalement sur le même ressenti mais ça n’enlève en rien la bonne exécution de l’ouvrage.
J’ai trouvé cette dernière ligne droite appliquée et la fin m’a satisfait.
Lauffray envoie du lourd sur certaines planches (les doubles généralement ;) et ne sacrifie pas son récit, le tome possède une juste pagination pour clore en beauté. De la bonne aventure !
Si 2eme cycle il y a, je lirais de bon cœur. On s’attache finalement bien à ce petit monde.
Un nouvel album traitant de l’occupation et de la collaboration durant la seconde guerre mondiale. Mais qui s’attarde sur aspect rarement au centre des histoire : le Service du Travail Obligatoire (ou STO).
Je suis resté en partie sur ma faim. Peut-être parce que personnages et intrigue ne m’ont pas autant captivé que je l’espérais ? Je ne sais pas, c’est juste un sentiment diffus.
Ce qui est clair en tout cas c’est que l’album possède de réelles qualités. A commencer par une bonne reconstitution de cette période des débuts de l’occupation, où tout se délite, où quelques opportunistes sans scrupules s’en donnent à cœur joie.
Le cas développé ici est un peu extrême (toutes les victimes du STO n’ont pas été traitées aussi durement) mais il montre en tout cas le cynisme de Vichy (et la violence du Reich), le contraste étant bien montré avec les actualités qui dépeignaient presque le STO comme un voyage linguistique d’agrément !
Le héros profite d’une permission en France pour s’y cacher jusqu’à la fin de la guerre (comme Brassens ou Cavanna avant lui). L’historien Joseph Spina présente bien en fin d’album le contexte, et montre bien l’évolution du STO (et surtout du nombre de réfractaire) au fil du temps. Comme le héros, nombreux ont été ceux qui ont été assimilés à des collaborateurs – à tort, mais ça les a souvent conduits au silence, ce qui arrangeait la France d’après-guerre, peu soucieuse de mettre en avant cet aspect de la collaboration.
Pas aussi captivant qu’espéré donc, cet album se révèle quand même intéressant et pas désagréable à lire (le dessin de Nadar, relativement épuré, étant fluide et plaisant).
Une lecture pas désagréable en soi, mais qui ne m’a jamais réellement captivé. Peut-être parce que je suis un « regard extérieur » (homme/père) ? Je ne sais pas. Mais c’est surtout je pense que ce genre de projet n’est pas ma came, sur la forme plus que sur le fond d’ailleurs.
Même si le format « alcooliques anonymes » du début se renouvelle au bout d’un moment, c’est quand même un peu statique, un format blog qui passe mieux par petites touches, et qui lasse un peu lu d’une traite.
Ceci dit les thèmes abordés sont intéressants (y compris et surtout peut-être pour les hommes), en balayant tous les sujets liés à la maternité, et plus généralement à une certaine condition féminine. Toutes les charges (mentales, mais pas que) que les préjugés et les choix sociétaux imposent aux femmes sont mis en avant. Cela mérité réflexion. Mais ici, bien que cela prêche le plus souvent un convaincu, je me suis parfois ennuyé.
Concernant le dessin, c’est du blog aéré, sans décor et détail, fluide et très lisible.
Note réelle 2,5/5.
C’est la troisième adaptation de Läckberg que je lis des mêmes auteurs. Après avoir été récemment quelque peu déçu par Le Tailleur de pierre, j’ai trouvé plus intéressant et plus réussi cet album.
Le démarrage est toujours identique, chaque protagoniste se présentant dans une case. Mais l’histoire est plus dense et se laisse lire agréablement. Certes, ça reste très classique, et ça n’est pas hyper original, mais on ne devine pas trop tôt les tenants et aboutissants, avec une petite surprise à la fin.
L’enquête semble se faire toute seule, le commissaire étant en retrait (ou aidé par sa nouvelle amoureuse), le rythme est lent. Il ne faut pas attendre du hard boiled ou du glauque à la Ellroy, ni du suspens classique. C’est un style pépère et sans fioriture. Pas mal. Mais sans plus me concernant, je pense que les romans de bases ne sont pas forcément ma came.
Même s’il ne s’agit pas vraiment du même contexte, Lethal Experiment peut s’apparenter aux séries de la thématique des jeux mortels. Pas de jeu ici mais un groupe d’anciens élèves, piégés par l’un d’entre eux, brillant manipulateur passablement dérangé, va se retrouver obligé de se soumettre à un ensemble d’épreuves destinées à éprouver leur loyauté, leur honnêteté, leur bonté.
Elément central du récit, Nezu est un de ces otages et une bonne partie de la série va reposer sur ses épaules. D’une part parce qu’il est le plus proche amis de Mikio, responsable de cette prise d’otages. D’autre part, parce qu’il est en couple avec Mirai, elle aussi victime de cette prise d’otage, et que leur couple demeure secret.
Autour de Nezu gravitent beaucoup de seconds couteaux, dont plusieurs vont se révéler très marquants par leur évolution. De la jeune idiote qui finit par montrer une force de caractère à laquelle on ne s’attendait pas au beau et vertueux jeune homme qui finit par complétement péter les plombs, tous font l’objet d’une attention toute particulière de l’auteur et, outre le caractère malsain et pervers des épreuves auxquelles ils sont soumis, c’est vraiment cette évolution dans les comportements de chacun qui fait tout le sel de la série.
Dans l’ensemble, je peux vraiment dire que Lethal Experiment m’a bien accroché. Le scénario a beau être grandement improbable, les épreuves créent une tension constante et les comportements des personnages m’ont semblé assez logiques. On tombe parfois dans de la psychologie de grande surface mais ce côté basique n’enlève rien à l’efficacité du concept.
Les derniers développements tombent malheureusement un peu trop dans la surenchère avec des rebondissements en cascade que j’ai trouvés un peu forcés, mais tout se tient et je suis content d’avoir lu la série jusqu’à son terme.
Côté dessin, rien de surprenant. C’est du manga dans un style réaliste soigné avec des cadrages centrés sur les personnages avant tout, avec un peu de fan service et des décors réduits au strict nécessaire.
Je m’attendais à plus de scènes à caractère sexuel mais, même s’il y en a, je trouve que l’auteur reste très raisonnable de ce point de vue, évitant de tomber dans le piège de l’exhibition malsaine gratuite. Ici, les agressions sexuelles découlent d’une certaine logique.
Bon, c’est quand même bien tordu et pas toujours très crédible mais vu l’efficacité du bazar, je ne peux dire que « vraiment pas mal du tout ». Efficace avant tout !
Je n'ai pas toujours été séduit par la lecture d'Emmanuel Moynot mais ici, je me suis bien amusé aux rebondissements des pérégrinations d'un livre de comptes compromettant. Charlie petite main d'un parrain new-yorkais se fait taxer son portefeuille et une mallette pleine de livres de comptes. En proba on dirait que les deux événements sont indépendants ce qui permet à l'auteur de multiplier les directions, les ambiances et les points de vue sur le déroulé de l'affaire. Moynot propose ainsi un scénario bien construit, sans temps mort qui se lit avec plaisir. L'ambiance de cet été 69 à NY mêle "Le Parrain" "West Side Story" voire de "Macadam Cowboy". En effet l'auteur en profite pour se rappeler les débuts de la lutte pour la reconnaissance homosexuelle. Evidemment nous immerger dans cette atmosphère nécessite d'accepter de retrouver le vocabulaire de l'époque souvent raciste et homophobe.
J'ai été moins séduit par le dessin où on passe de personnages semi réalistes à de la caricature aux proportions un peu bizarres. Par contre j'ai vraiment aimé la mise en couleur flashy avec cette population aux tenues et coiffures si libres et extravagantes. C'est une sorte de nostalgie des couleurs très flower qui ont imprégné cette époque.
Une lecture détente et amusante bien construite avec une pointe de rappel d'histoire sociétale. Un bon 3
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Jolie BD de Davodeau, faisant penser dans le postulat de son scénario au roman de Sylvain Prudhomme "Par les routes". L'histoire de non-retrouvailles avec un amour de jeunesse est agréable à souhait : la tranche de vie est touchante, intrigante, amusante, anecdotique aussi. Après le beau et engagé Le Droit du sol, la chute est rude, l'ambition bien faible. Mais la réussite de cette tendre BD réside peut-être justement dans la modestie du projet. L'auteur maîtrise admirablement le rythme de son intrigue, la délicatesse des illustrations imprègne de sa lenteur les rebondissements de l'histoire, la saisie du temps qui passe est d'une grande sensibilité et d'une agréable justesse. Une œuvre de Davodeau certes mineure, mais qui se parcourt avec un agréable sourire aux lèvres.
À 4 mètres du sol
Portrait sensible d’un adolescent en pleine période « gros con », ce récit a réussi à me toucher grâce à la justesse de l’analyse. Le personnage central, Raoul, a tout de l’ado détestable. On le sent sur le point de faire la connerie de trop, celle qui gâchera définitivement ses chances d’un avenir stable, solide, construit en respect avec les autres comme avec lui-même. Et puis survient un rival, une confrontation et enfin un déclic. Le récit est bien construit. La mise en page très aérée, les dialogues peu envahissants et un dessin qui va à l’essentiel garantissent une lecture très rapide. Il faut bien admettre que le scénario se résume à peu mais c’est sa justesse qui en fait tout le charme. Justesse de l’analyse, justesse dans les dialogues, justesse dans l’enchainement des événements (même si ce genre de happy end doit être l’exception à la règle dans la vraie vie). Franchement pas mal bien. Un peu trop vite lu à mon goût pour que je monte à 4 étoiles mais c’est un livre que je ne regrette pas d’avoir lu.
Nos rives partagées
Un roman graphique sympathique, mais qui ne m'a pas trop marqué. On suit trois couples d'âges différents ainsi que des animaux qui observent les humains et commentent les situations. Je pense que ce sont surtout les scènes avec les animaux que j'aime parce qu'ils ont des dialogues savoureux et leurs visions des humains est intéressante. Les tranches de vies avec les humains ne m'ont pas vraiment touché. Ça se laisse lire sans problème, mais comme je l'ai déjà écrit c'est une lecture qui ne m'a pas trop marqué. C'est le genre de BD que je lis une fois sans problème et il y a rien qui me donne envie de le relire un jour. Encore une fois, le trait de Nicoby est agréable et c'est le style de dessin humoristique qui va très bien pour ce type de récit.
Wizz et Buzz
Un Winshluss que je qualifierai de très mineur, je lui mets même la moyenne un peu à l’arrache. Je n’ai lu que le 1er tome mais pas plus emballé que ça pour découvrir la suite. Les aventures de Wizz et Buzz, à quelque exceptions toutefois, m’ont globalement laissé de marbre. Je suis sans doute devenu trop exigeant avec cet auteur, l’ayant découvert avec ses pépites. Je le préfère dans d’autres exercices, ici le résultat, sans être mauvais, m’a paru trop fanzine et sans grande portée.
Raven
Lauffray s’était déjà essayé aux pirates avec Long John Silver, il récidive dans le genre mais seul à la barre cette fois. Il propose du divertissement bien fait mais il manque la petite étincelle pour emporter pleinement. A mes yeux, c’est moins réussi que sa précédente incursion, le ton est un peu plus fun ici. Le graphisme suit toujours, l’auteur possède une patte, un style et une mise en scène un peu grandiloquent mais appréciable. Niveau histoire, c’est plus classique et sans réelle surprise, ce qui modère mon enthousiasme. Le héros est sympa mais ne me touche pas. Du blockbuster bien réalisé, vous passerez un bon moment mais pas très marquant. ——————————————————— Petite mise à jour après découverte du dernier tome : Je reste globalement sur le même ressenti mais ça n’enlève en rien la bonne exécution de l’ouvrage. J’ai trouvé cette dernière ligne droite appliquée et la fin m’a satisfait. Lauffray envoie du lourd sur certaines planches (les doubles généralement ;) et ne sacrifie pas son récit, le tome possède une juste pagination pour clore en beauté. De la bonne aventure ! Si 2eme cycle il y a, je lirais de bon cœur. On s’attache finalement bien à ce petit monde.
L'Œil du STO
Un nouvel album traitant de l’occupation et de la collaboration durant la seconde guerre mondiale. Mais qui s’attarde sur aspect rarement au centre des histoire : le Service du Travail Obligatoire (ou STO). Je suis resté en partie sur ma faim. Peut-être parce que personnages et intrigue ne m’ont pas autant captivé que je l’espérais ? Je ne sais pas, c’est juste un sentiment diffus. Ce qui est clair en tout cas c’est que l’album possède de réelles qualités. A commencer par une bonne reconstitution de cette période des débuts de l’occupation, où tout se délite, où quelques opportunistes sans scrupules s’en donnent à cœur joie. Le cas développé ici est un peu extrême (toutes les victimes du STO n’ont pas été traitées aussi durement) mais il montre en tout cas le cynisme de Vichy (et la violence du Reich), le contraste étant bien montré avec les actualités qui dépeignaient presque le STO comme un voyage linguistique d’agrément ! Le héros profite d’une permission en France pour s’y cacher jusqu’à la fin de la guerre (comme Brassens ou Cavanna avant lui). L’historien Joseph Spina présente bien en fin d’album le contexte, et montre bien l’évolution du STO (et surtout du nombre de réfractaire) au fil du temps. Comme le héros, nombreux ont été ceux qui ont été assimilés à des collaborateurs – à tort, mais ça les a souvent conduits au silence, ce qui arrangeait la France d’après-guerre, peu soucieuse de mettre en avant cet aspect de la collaboration. Pas aussi captivant qu’espéré donc, cet album se révèle quand même intéressant et pas désagréable à lire (le dessin de Nadar, relativement épuré, étant fluide et plaisant).
Mères anonymes
Une lecture pas désagréable en soi, mais qui ne m’a jamais réellement captivé. Peut-être parce que je suis un « regard extérieur » (homme/père) ? Je ne sais pas. Mais c’est surtout je pense que ce genre de projet n’est pas ma came, sur la forme plus que sur le fond d’ailleurs. Même si le format « alcooliques anonymes » du début se renouvelle au bout d’un moment, c’est quand même un peu statique, un format blog qui passe mieux par petites touches, et qui lasse un peu lu d’une traite. Ceci dit les thèmes abordés sont intéressants (y compris et surtout peut-être pour les hommes), en balayant tous les sujets liés à la maternité, et plus généralement à une certaine condition féminine. Toutes les charges (mentales, mais pas que) que les préjugés et les choix sociétaux imposent aux femmes sont mis en avant. Cela mérité réflexion. Mais ici, bien que cela prêche le plus souvent un convaincu, je me suis parfois ennuyé. Concernant le dessin, c’est du blog aéré, sans décor et détail, fluide et très lisible. Note réelle 2,5/5.
La Princesse des Glaces
C’est la troisième adaptation de Läckberg que je lis des mêmes auteurs. Après avoir été récemment quelque peu déçu par Le Tailleur de pierre, j’ai trouvé plus intéressant et plus réussi cet album. Le démarrage est toujours identique, chaque protagoniste se présentant dans une case. Mais l’histoire est plus dense et se laisse lire agréablement. Certes, ça reste très classique, et ça n’est pas hyper original, mais on ne devine pas trop tôt les tenants et aboutissants, avec une petite surprise à la fin. L’enquête semble se faire toute seule, le commissaire étant en retrait (ou aidé par sa nouvelle amoureuse), le rythme est lent. Il ne faut pas attendre du hard boiled ou du glauque à la Ellroy, ni du suspens classique. C’est un style pépère et sans fioriture. Pas mal. Mais sans plus me concernant, je pense que les romans de bases ne sont pas forcément ma came.
Lethal Experiment
Même s’il ne s’agit pas vraiment du même contexte, Lethal Experiment peut s’apparenter aux séries de la thématique des jeux mortels. Pas de jeu ici mais un groupe d’anciens élèves, piégés par l’un d’entre eux, brillant manipulateur passablement dérangé, va se retrouver obligé de se soumettre à un ensemble d’épreuves destinées à éprouver leur loyauté, leur honnêteté, leur bonté. Elément central du récit, Nezu est un de ces otages et une bonne partie de la série va reposer sur ses épaules. D’une part parce qu’il est le plus proche amis de Mikio, responsable de cette prise d’otages. D’autre part, parce qu’il est en couple avec Mirai, elle aussi victime de cette prise d’otage, et que leur couple demeure secret. Autour de Nezu gravitent beaucoup de seconds couteaux, dont plusieurs vont se révéler très marquants par leur évolution. De la jeune idiote qui finit par montrer une force de caractère à laquelle on ne s’attendait pas au beau et vertueux jeune homme qui finit par complétement péter les plombs, tous font l’objet d’une attention toute particulière de l’auteur et, outre le caractère malsain et pervers des épreuves auxquelles ils sont soumis, c’est vraiment cette évolution dans les comportements de chacun qui fait tout le sel de la série. Dans l’ensemble, je peux vraiment dire que Lethal Experiment m’a bien accroché. Le scénario a beau être grandement improbable, les épreuves créent une tension constante et les comportements des personnages m’ont semblé assez logiques. On tombe parfois dans de la psychologie de grande surface mais ce côté basique n’enlève rien à l’efficacité du concept. Les derniers développements tombent malheureusement un peu trop dans la surenchère avec des rebondissements en cascade que j’ai trouvés un peu forcés, mais tout se tient et je suis content d’avoir lu la série jusqu’à son terme. Côté dessin, rien de surprenant. C’est du manga dans un style réaliste soigné avec des cadrages centrés sur les personnages avant tout, avec un peu de fan service et des décors réduits au strict nécessaire. Je m’attendais à plus de scènes à caractère sexuel mais, même s’il y en a, je trouve que l’auteur reste très raisonnable de ce point de vue, évitant de tomber dans le piège de l’exhibition malsaine gratuite. Ici, les agressions sexuelles découlent d’une certaine logique. Bon, c’est quand même bien tordu et pas toujours très crédible mais vu l’efficacité du bazar, je ne peux dire que « vraiment pas mal du tout ». Efficace avant tout !
Cherchez Charlie
Je n'ai pas toujours été séduit par la lecture d'Emmanuel Moynot mais ici, je me suis bien amusé aux rebondissements des pérégrinations d'un livre de comptes compromettant. Charlie petite main d'un parrain new-yorkais se fait taxer son portefeuille et une mallette pleine de livres de comptes. En proba on dirait que les deux événements sont indépendants ce qui permet à l'auteur de multiplier les directions, les ambiances et les points de vue sur le déroulé de l'affaire. Moynot propose ainsi un scénario bien construit, sans temps mort qui se lit avec plaisir. L'ambiance de cet été 69 à NY mêle "Le Parrain" "West Side Story" voire de "Macadam Cowboy". En effet l'auteur en profite pour se rappeler les débuts de la lutte pour la reconnaissance homosexuelle. Evidemment nous immerger dans cette atmosphère nécessite d'accepter de retrouver le vocabulaire de l'époque souvent raciste et homophobe. J'ai été moins séduit par le dessin où on passe de personnages semi réalistes à de la caricature aux proportions un peu bizarres. Par contre j'ai vraiment aimé la mise en couleur flashy avec cette population aux tenues et coiffures si libres et extravagantes. C'est une sorte de nostalgie des couleurs très flower qui ont imprégné cette époque. Une lecture détente et amusante bien construite avec une pointe de rappel d'histoire sociétale. Un bon 3