Petite traversée du monde des EHPAD et de nos vieux retraités... Sachant la misère et la solitude qu'on trouve en ces lieux déprimants, à ma très grande surprise, j'ai passé un moment joyeux, divertissant et sensible en accompagnant notre héro dans son tout nouveau travail.
L' auteur a ce talent de rendre compte en toute simplicité, avec humanité, d'un pan de notre société qui nous effraie voir nous dégoûte.
A découvrir !
Quand on voit la science, c’est que l’armée n’est pas loin.
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Ce tome contient une histoire indépendante de toute autre, qui ne nécessite pas de connaissance préalable particulière des personnages. Elle recèle plus de saveurs si le lecteur connaît les grandes lignes du Secret de l’Espadon. Sa première édition date de 2023. Il a été réalisé par Floc’h (Jean-Claude Floch) pour les dessins et les couleurs, et par Jean-Luc Fromental & José-Louis Bocquet pour le scénario. Il comprend cent-vingt pages de bande dessinée.
Vol BOAC 534 London-New York, 7:30 pm. Francis Blake se tourne vers Philip Mortimer, se plaignant que traverser l’Atlantique pour aller une fois de plus palabrer sur la paix constitue une belle perte de temps. Son ami lui répond qu’il paraît que le nouveau siège des Nations Unies est une merveille d’architecture, ça les changera de leurs vieilles pierres. Et puis il faut entretenir la flamme si fragile de la liberté. Il continue : La plume est plus forte que l’épée, ce n’est pas à Blake qu’il va rappeler ce vieil adage. Mortimer a hâte d’entendre le discours de son cher ami. L’avion atterrit à l’aéroport d’Idlewid, dans le Queens. Les deux Britanniques prennent un Yellow Cab pour se rendre au Penn Club, 44e Rue. Blake se félicite que le Penne soit une filiale de leur vieux Centaur. Au même moment, une silhouette progresse sans bruit dans la section des antiquités égyptiennes du Metropolitan Museum. S’arrêtant devant l’un des trésors exposés, l’intrus entreprend un mystérieux travail. Quand soudain un gardien en train de faire sa ronde l’interrompt dans sa besogne. L’intrus réagit avec une vivacité imprévisible, et d’un bond traverse la fenêtre. Fuyant le lieu de son forfait, l’homme se fond dans l’obscurité de Central Park. Mais… il est arrêté par des agents de police.
Siège des Nations Unies, New York, 09:00am. Ici, les nations de bonne volonté s’efforcent de maintenir l’ordre mondial dans une époque menacée par la guerre. Trois architectes, un Suisse, un Brésilien et un Américain ont uni leurs talents pour donner à cette maison des peuples l’élan et l’optimisme d’un futur radieux. L’agent Spécial O’Rourke du FBI se présente au contrôle, pendant que Black & Mortimer échangent avec Lord Bolton. Ce dernier espère que la communication de Blake mettra l’accent sur l’impérieuse nécessité d’un désarmement bilatéral. Leur discussion est interrompue par l’arrivée d’O’Rourke qui se présente car il a un mot urgent à leur dire : Cette nuit, un individu s’est introduit dans la section égyptienne du Metropolitan Museum et a vandalisé une pièce de grande valeur. Il précise qu’il s’agit de la stèle d’Horus, sur laquelle a été gravé un message inachevé, Par Horus, dem… Le conservateur du Met était au Caire lors de l’affaire de la Grande Pyramide, le graffiti l’a mis sur leur piste. O’Rourke a su qu’ils étaient à New York pour la conférence sur la paix et le voilà. Il les emmène au bureau de New York, du FBI. Derrière une glace sans tain, Blake et Mortimer observe un individu barbu et amnésique être interrogé par l’agent spécial.
En fonction de sa familiarité avec la série Blake & Mortimer, le lecteur peut s’être préparé à une lecture très dense en phylactères et en cartouches de texte, avec des dessins précis et détaillés, marque de fabrique d’Edgar Félix Pierre Jacobs (1906-1987). Il fait l’expérience d’une lecture fluide et facile, ce qui lui fait comprendre que cet album ne fasse pas partie de la continuité classique, mais qu’il ait trouvé sa place dans les albums hors-série après L’aventure immobile (1998) de Didier Convard et André Juillard, Le dernier pharaon (2019) de François Schuiten, Jaco van Dormael, Thomas Gunzig et Laurent Durieux, La fiancée du Dr Septimus (2021) de François Rivière & Jean Harambat. D’un autre côté, les références aux aventures emblématiques sont bien présentes : en particulier sont cités Razul Bezendjas, Doktor Grossgrabenstein, Guinea Pig, Basam-Damdu, mais aussi l’affaire Septimus l’onde Mega du docteur Wade, et le Centaur Club, l’Aile Rouge. Francis Blake apparaît toujours aussi chic et quelque peu raide dans son trenchcoat. Philip Mortimer sourit un tout petit peu plus, avec une personnalité plus accessible. D’un autre côté, les auteurs ont fait le choix de délocaliser les deux héros, ainsi que leur ennemi de l’autre côté de l’Atlantique. Dans les conventions du genre Blake & Mortimer, le lecteur relève également le rôle mineur des femmes : un seul personnage féminin parmi les seconds rôles. Si elle exerce une profession médicale, elle n’en reste pas moins susceptible aux élans du cœur.
Dans la mesure où le récit référence explicitement les événements du Secret de l’Espadon et du Mystère de la grande pyramide, le lecteur peut en déduire que le récit se déroule au début des années 1950. Il situe donc le contexte : la guerre froide, c’est-à-dire de fortes tensions géopolitiques entre les États-Unis et leurs alliés (le bloc de l'Ouest) et l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) et alliés (le bloc de l'Est). Dans la mesure où la conférence pour la paix se tient au siège des Nations Unies à Manhattan, le lecteur peut même situer le récit après l’inauguration de ce bâtiment en 1951. L’ossature de l’intrigue s’avère assez simple : Blake doit prononcer un discours au cours de la conférence, mais la découverte de la présence d’Olrik semble pointer vers l’existence d’un acte terroriste. Le lecteur reconnaît le jeu avec l’état de conscience de l’ennemi habituel du duo : est-il en pleine possession de ses moyens ? A-t-il perdu la mémoire pour de bon ? Est-ce que la machination qu’il a ourdie ira à son terme malgré son état ? Il est certain que Blake et Mortimer vont devoir mener l’enquête, tout en respectant leurs obligations vis-à-vis de la conférence.
Dès la couverture, le lecteur apprécie l’élégance de la composition de l’image, entre l’influence d’EP Jacobs et une épure plus spécifique à Floc’h. L’artiste s’inscrit dans la tradition de la ligne claire, avec des aplats de couleur unis, des traits de contour bien nets, et une approche descriptive et réaliste. Il ne fait que quelques écarts par rapport à la forme pure de cette tradition : quelques petits traits dans les étoffes des vêtements pour figurer les plis, et de rares aplats de noir parfois pour les ombres portées. Le lecteur est séduit dès la première page, par ces cases à la lisibilité immédiate, une vision très claire de la réalité, débarrassée de tout superflu. Il laisse son regard absorber les différents décors : la statue de la Liberté, les gratte-ciels de Manhattan, l’immeuble des Nations Unies et les immeubles qui l’entourent, le sommet du Chrysler Building, une courte balade dans Central Park avec des feuillages superbes, les échelles de secours caractéristiques en façade d’immeuble, Brooklyn Bridge, une forêt du Massachussetts, une forêt du Vermont. Les intérieurs sont représentés avec la même clarté, le même art de l’essentiel : l’aile égyptienne de Metropolitan Museum, la clinique Scarsdale du docteur Rosalind Shapiro à Westchester County, la grande salle de conférence des Nations Unies, le salon du club Centaur, un Delicatessen, une tour de contrôle, etc.
Floc’h impressionne par sa capacité à donner une apparence simple et naturelle à tout ce qu’il représente, alors même qu’il joue avec des artifices. Pour peu qu’il y soit sensible, le lecteur s’en aperçoit dès la première case avec ce ciel rose dragée chaud, puis cet océan rose framboise, couleurs fort éloignées d’une approche naturaliste. Il est également frappé par les coiffures : un contour simple, quelques traits courts à l’intérieur pour évoquer les ondulations, et le coup de peigne donnant la direction des cheveux. Cela s’avère particulièrement frappant avec la chevelure totalement blanche de Rosalind Shapiro quand sa tête se trouve de profil : de courts traits noirs ondulés bien parallèle sur fond blanc, quasiment une figure abstraite. Ou encore la blancheur immaculée des grands carreaux de la salle de soin de la clinique. L’artiste prend visiblement plaisir à jouer sur les représentations avec des caractéristiques ponctuelles : quelques cases dépourvues de bordure, une scène en ombre chinoise, Olrik semblant comme tomber dans une spirale (rappelant une composition similaire dans Vertigo -1958 – d’Alfred Hitchock, la coiffure de Shapiro évoquant celle de Kim Novak), une page composée d’une alternance de têtes en train de parler, l’usage d’un rouge vif comme fond de case pour souligner la violence de manière expressionniste, etc.
Le lecteur prend plaisir à cette aventure progressant rapidement, facile à suivre, à la narration visuelle d’une accessibilité exemplaire. Alors que deux blocs géopolitiques semblent condamnés à s’affronter du fait d’idéologies incompatibles, les personnages impliqués dans le récit, britannique, russe, américain, semblent au contraire s’impliquer dans l’effort de paix, établissant ainsi un contraste entre les nations et les individus. Le titre fait référence à L’art de la guerre, de Sun Tzu (-544 à -496) dont un exemplaire est retrouvé dans l’appartement d’Olrik, et dont Mortimer lit quelques passages. Cet ouvrage s’oppose thématiquement à la volonté des héros qui, eux, œuvrent pour la paix. Alors que le lecteur vient avec l’a priori d’une confrontation, d’une opposition entre des camps, il découvre un récit qui fonctionne sur l’entraide et la bonne volonté, sans manichéisme… à l’exception d’Olrik lui-même. En cours de récit, les auteurs semblent justifier ce choix lorsque le personnage s’adresse à ses deux ennemis pour leur demander : S’il n’y a plus d’Olrik, à quoi servent Blake et Mortimer ?
Une aventure de Blake & Mortimer hors-série : les auteurs peuvent donc s’affranchir d’une partie des caractéristiques de la série, ne pas en respecter la lettre, mais en respecter l’esprit. Ils diminuent sciemment le niveau de densité de l’intrigue, des phylactères et du nombre de cases, ce qui aboutit à une narration plus digeste, plus accessible peut-être, pour une aventure bien inscrite dans son époque, avec des résonnances très actuelles sur la tentation d’être dans l’affrontement permanent. Une bande dessinée raffinée, respectueuse et intelligente.
C’est un album tout public, mais tourné avant tout vers un jeune, voire très jeune lectorat. Ceci explique sans doute que le raisonnement n’est pas poussé jusqu’au bout (je m’attendais par exemple à ce que soit aussi évoquée la surpêche et la disparition des poissons dans la morale finale).
Mais ne chipotons pas, c’est un petit album bien fichu, qui démontre plaisamment et avec une petite pirouette absurde la vacuité de la recherche effrénée du profit.
Un pêcheur – aux airs de loup de mer – affalé dans sa barque, oisif, se voit délivrer une leçon d’économie et de morale par un touriste qui l’exhorte à être plus dynamique, plus productif, plus ambitieux : il devrait rechercher davantage à s’enrichir.
Une leçon d’économie finalement battue en brèche par la bonhommie du pêcheur. La chute est gentiment jouissive.
L’album est d’autant plus plaisant à lire qu’il bénéficie du dessin toujours très agréable d’Émile Bravo, simple et fluide.
Une petite lecture très rapide, mais très sympathique aussi.
Très chouette album, vraiment.
Matz est un vieux routier des polars, et il réussit là à bâtir une histoire prenante, sans jamais trop s’éloigner du classique, sans être hyper original.
Mais c’est du travail bien fait. Et l’intrigue est bien construite. Le fil rouge est assez simple, plutôt linéaire : Joe, un ancien ponte de la mafia new-Yorkaise, bénéficiant du programme des témoins repentis, sous la protection – lointaine – du FBI, doit témoigner et enfoncer ses anciens partenaires, qui bien sûr veulent lui faire la peau et l’empêcher d’atteindre le tribunal.
Voilà pour le cœur de l’histoire. Mais des à-côtés, ou astuces scénaristiques permettent de dynamiser l’intrigue. Des flash-backs remontent jusqu’aux années 1930 (l’histoire est censée se dérouler en 1970), pour retracer l’histoire de Joe (et plus largement de la mafia). Et surtout Joe, qui se balade incognito dans un camping-car en traversant les étendues désertiques des États-Unis, a recueilli un coyote, qui devient son confident : du coup, nous écoutons avec le coyote. Ça passe bien et densifie l’intrigue.
La narration est fluide, agréable. On prend le temps de bien entrer dans l’histoire et la personnalité de Joe, les enchainements sont crédibles.
De plus, le dessin de Xavier est lui aussi aux petits oignons. Décors et personnages sont réussis, c’est visuellement très plaisant.
Un polar classique et réussi, avec une pagination importante, mais jamais on ne s’ennuie. Une réussite donc.
Cet album est une pépite !
Hé oui, vous allez encore lire un avis enthousiaste !
Un album de grande taille qui permet de mettre en valeur le travail titanesque de Jean Dalin. Vous allez en prendre plein les mirettes !
Un dessin original, fluide et d'une froide beauté. Je suis resté bouche bée devant l'inventivité des mondes visités et du soin méticuleux apporté à chaque détail. Des doubles pages à couper le souffle.
Un plaisir des yeux qui doit beaucoup aux choix des couleurs, elles vont suivre les pérégrinations de nos personnages et évoluer au fil de leurs aventures. Des couleurs intenses aux contrastes saisissants !
L'agencement des planches est très varié et facile à suivre, il peut aller d'une pleine page à une quarantaine de cases sur une même planche.
N'hésitez pas à feuilletter l'album en librairie.
Du grand art !
Un monde futuriste où une lettre doit être remise en main propre à sa destinataire. Une intrigue qui se met en place sur fond d'amitié, d'amour, de trahison et de hiérarchisation.
Un récit abstrait, drôle, absurde, labyrinthique et touchant. Les dialogues sont savoureux, les situations cocasses sont nombreuses, mais une certaine noirceur demeure malgré tout.
Vivement le second volume pour en connaître la conclusion.
Un album novateur. Bravo à Jean Dalin pour ce premier coup d'essai.
Gros coup de cœur graphique.
Un album que je n’attendais pas, un auteur qui m’était encore inconnu, j’avoue m’être un peu méfié à mon entame de lecture. Et pourtant je vais suivre l’enthousiasme d’Hervé, j’ai trouvé ça astucieux et sympa à suivre.
Même si tout n’est pas parfait, Romain Renard s’en tire avec les honneurs. En tout cas, j’ai apprécié la proposition de l’auteur autour de l’univers. L’histoire peut marcher seul mais mieux vaut connaître un peu le matériel de base pour apprécier ce bel hommage.
Niveau réalisation c’est très propre, lisible, fluide, ça dénote avec la série mère mais c’est pas plus mal. On retrouve bien un peu l’ADN de Comanche mais l’ambiance est différente. Il y a juste certaines images trop proches de la photo qui me plaisent moins, et une en particulier qui représente un cimetière de voiture, les modèles me paraissent bien trop modernes pour 1930, ça fait un rien anachronique.
Sinon bah un plaisir de retrouver ce Red Dust vieillissant, il nous offre un dernier périple que je n’ai pas boudé.
J’ai aimé que l’auteur revienne et approfondisse la relation Red/Comanche, qu’il n’oublie pas un point essentiel (à mes yeux) de la série autour de la modernité/évolution constante de la société.
Bref franchement bien foutu. Un album différent mais qui ne trahit en rien la franchise. Mieux même, elle lui redonne un peu d’aura.
Dans la veine de Le Royaume de Blanche-Fleur ou Le Réveil du Tigre, une bonne manière de conclure.
3,5
Ah j'ai beaucoup aimé cette adaptation. C'était une vraie découverte pour moi. Je n'ai jamais lu le classique de Jack London, et cette adaptation tombait à pic, alors que la lecture d'une série consacrée à la littérature américaine m'avait donné envie d'en savoir plus sur l'œuvre de cet auteur.
Je ne saurais donc dire si cette adaptation est fidèle, mais en tous les cas elle est plaisante, Maxe L'Hermenier commence à avoir de la bouteille dans l'exercice, et ça se sent. Il n'y a pas beaucoup de temps morts, et j'imagine qu'il a gardé les éléments les plus intéressants de l'histoire originale, quitte à les édulcorer un peu pour rentrer dans la case "jeunesse". En tous les cas c'est réussi, même si certains éléments m'ont semblé un peu "vieillis", on a là une vraie bonne histoire, même si Buck réfléchit un peu trop à mon sens. Il ne faut quand même pas oublier que c'est un animal...
Côté dessin j'aime décidément beaucoup le boulot de Thomas Labourot, plein de vie, adapté à ce format jeunesse mais très travaillé également. Il assure lui-même les couleurs, on sent qu'il a une maîtrise des outils. Et regardez-moi cette couverture magnifique !
Un classique en BD également.
Comme chacun le sait, le Japonais est capable de survivre partout, car il possède la science infuse, une mémoire phénoménale, le don des langues et bien d'autres choses. Il reconnaît une herbe du 1er coup d'œil et sait comment s'en servir. Idem pour les poissons et autres animaux. Avec tant de qualités, on se demande pourquoi le Japon n'a toujours pas fédéré la planète Terre sous son égide.
Le héros japonais est un mini-superman, capable de se transformer en homme viril bien bâti (et tout, et tout), à partir d'une enveloppe de petit gros rondouillard (mais très intelligent), le tout en 3 mois, montre en main. Ajoutons que les femmes sont loin d'être des souillons, malgré un certain isolement sur une île peu fréquentée (à ce qu'il paraît). Comment diable font-elles pour être aussi belles, avec zéro produit de beauté (mis à part une nourriture saine) ? Bien des occidentales tueraient père et mère pour savoir comment :)
Et parfois, c'est un peu trop "too much", y compris les crocos.
Mis à part ce petit côté agaçant "Nippon Forever", cette histoire est bien dessinée, c'est du bon boulot, je félicite le porteur de crayon.
Le scénariste s'est bien documenté, il ne se moque pas du lecteur, même si certaines coïncidences tombent à pic. Vers la fin, il y a un peu plus de monde qui s'invite au bal, l'auteur aurait pu rester avec nos protagonistes initiaux et s'en sortir aisément. Mais il a sans doute voulu raccrocher le wagon à l'Histoire avec un grand H.
Il y a bien quelques scènes érotiques ci et là, pour faire plaisir au public adulte. C'est gentillet, pas cochon, c'est même fort esthétique. On pourrait les virer ou les remplacer par quelque chose de plus chaste, afin que ce soit lisible pour tous les publics. Certains BD proposent d'ailleurs 2 versions.
Comme l'a si bien dit Cac : les gens de télé-réalité de nos jours sont de la gnognote à côté ! Et j'ajoute : du pipi de chat.
Peut-être pas le one-shot de la décennie, mais c'est un ouvrage parfaitement honnête.
Ps : quid des jeunes femmes amenées par les pirates ?
Voila une adaptation presque trop fidèle à l’œuvre d'origine ! J'avais déjà lu le livre d'origine et franchement, du profond de mes souvenirs, il n'y a que peu de différences !
Là où je dis que c'est un peu "trop" fidèle, c'est qu'il manque un peu de travail d'adaptation. Le texte est omniprésent, parfois redondant avec le dessin, mais laissant libre court à la langue des romantiques, exaltant les sentiments et la grandeur de ce qu'il se passe. Pour le reste, la BD oriente tout sur une adaptation où l'exaltation romantique ressort, et c'est assez agréable ! On est dans de l'illustration qui accentue tout, avec un style de dessin qui joue sur le noir et blanc pour faire ressortir le propos sur la dualité de l'humain.
En fait, il est assez difficile de faire une critique de la BD, c'est surtout une critique de l'histoire du livre qu'il faudrait faire. Mary Shelley a bien fait ressortir les angoisses face à une science en plein essor, mais aussi les questions morales de celle-ci. Il y a la violence de l'être humain, le monde qui devient accessible à tout le monde par le voyage, la conquête des pôles ... Mais aussi, romantisme oblige, les amours à travers les peuples, les qualités que l'homme peut développer (lecture, amour, entraide ...). Au-delà de toute les questions, l'histoire reste une tragédie sombre sur un humain ayant voulu voler trop haut. Une œuvre qui a inspirée des milliers d'autres, prouvant que ses questionnements reste cohérent aujourd'hui encore (avec l'IA, le sujet pourrait revenir).
Je peux pas vraiment critiquer cette BD qui fait une très bonne adaptation d'une œuvre culte. Le dessin est magnifique et la BD est lisible, c'est un peu tout ce que j'aurais à en dire spécifiquement.
Je suis une grande amatrice de théâtre, j'y ai dédié une grande partie de ma vie et j'ai eu pendant longtemps le projet d'en vivre. Donc une histoire racontant les coulisses de la création d'une pièce, non seulement je connais bien mais en plus ça m'intéresse tout particulièrement.
Ici, on nous raconte l'histoire derrière la création de Cyrano de Bergerac, sans aucun doute l'une des pièces du répertoire théâtral français les plus connues et, accessoirement, ma pièce préférée. C'est grâce à elle (et en partie aussi grâce à De Cape et de Crocs) que j'ai enfin réalisé à l'adolescence que le lyrisme et la poésie n'étaient pas uniquement des langages un peu extra-terrestres ne visant qu'un esthétisme sonore, mais qu'il s'agissait bien de formes d'expression et que leurs mots n'avaient pas pour seuls buts d'être lus ou écoutés mais d'êtres joués, d'être vivants. Pour celleux ne connaissant pas la pièce d'origine d'Edmond Rostand, je ne peux que vivement vous la conseiller, c'est une mine de poésie, d'humour et de jeux sur les mots et la langue.
Pour revenir à "Edmond", je n'avais pas pu voir la pièce de Michalik quand elle jouait encore, mais j'avais pu voir son adaptation cinématographique à sa sortie. Je connaissais donc déjà la trame avant d'essayer cet album et je trouve l'adaptation bonne. J'aurais sans doute eu plus à dire si j'avais effectivement pu voir la version scénique, les différences doivent être forcément plus nombreuses.
L'histoire, donc, est celle d'Edmond Rostand, endetté et en pleine panne d'inspiration, qui va devoir écrire une pièce révolutionnaire dans un délai très court afin de pouvoir sauver sa carrière. L'histoire est simple mais très bien menée. C'est drôle, intéressant, bien rythmé et ça reflète bien le chaos et la panique qui précèdent la plupart des créations artistiques scéniques écrites dans des délais si court (je parle d'expérience).
La principale qualité de cette œuvre, selon moi, c'est qu'elle réinterprète de manière assez intéressante l'histoire même de Cyrano de Bergerac. Les personnages et leurs interprètes, la scène et les coulisses, l'écrivain, sa vie et sa création, tout se bouscule et se fait écho de manière satisfaisante. Comme dans Cyrano nous retrouvons donc un triangle amoureux ("relativement" platonique d'un côté et bassement corporelle de l'autre), de l'action (douce comparée à l'œuvre d'origine), des beaux mots et surtout (SURTOUT) du panache !
Peu de chose à dire sur les graphismes, ils sont très beaux et illustrent bien le récit. J'aime bien le dessin de Chemineau, je le trouve assez chaleureux et ici il ne fait pas exception.
Je conseille fortement l'album à toute personne aimant un tant soit peu le théâtre, Cyrano de Bergerac ou qui serait tout simplement curieux-se.
Pour moi, c'est un coup de cœur, mais je ne sais pas vraiment si ce coup de cœur vient du texte original de Michalik ou de cette adaptation en bande-dessinée précisément.
Allez, ça le mérite quand-même !
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Petite traversée du monde des EHPAD et de nos vieux retraités... Sachant la misère et la solitude qu'on trouve en ces lieux déprimants, à ma très grande surprise, j'ai passé un moment joyeux, divertissant et sensible en accompagnant notre héro dans son tout nouveau travail. L' auteur a ce talent de rendre compte en toute simplicité, avec humanité, d'un pan de notre société qui nous effraie voir nous dégoûte. A découvrir !
Blake et Mortimer - L'Art de la guerre
Quand on voit la science, c’est que l’armée n’est pas loin. - Ce tome contient une histoire indépendante de toute autre, qui ne nécessite pas de connaissance préalable particulière des personnages. Elle recèle plus de saveurs si le lecteur connaît les grandes lignes du Secret de l’Espadon. Sa première édition date de 2023. Il a été réalisé par Floc’h (Jean-Claude Floch) pour les dessins et les couleurs, et par Jean-Luc Fromental & José-Louis Bocquet pour le scénario. Il comprend cent-vingt pages de bande dessinée. Vol BOAC 534 London-New York, 7:30 pm. Francis Blake se tourne vers Philip Mortimer, se plaignant que traverser l’Atlantique pour aller une fois de plus palabrer sur la paix constitue une belle perte de temps. Son ami lui répond qu’il paraît que le nouveau siège des Nations Unies est une merveille d’architecture, ça les changera de leurs vieilles pierres. Et puis il faut entretenir la flamme si fragile de la liberté. Il continue : La plume est plus forte que l’épée, ce n’est pas à Blake qu’il va rappeler ce vieil adage. Mortimer a hâte d’entendre le discours de son cher ami. L’avion atterrit à l’aéroport d’Idlewid, dans le Queens. Les deux Britanniques prennent un Yellow Cab pour se rendre au Penn Club, 44e Rue. Blake se félicite que le Penne soit une filiale de leur vieux Centaur. Au même moment, une silhouette progresse sans bruit dans la section des antiquités égyptiennes du Metropolitan Museum. S’arrêtant devant l’un des trésors exposés, l’intrus entreprend un mystérieux travail. Quand soudain un gardien en train de faire sa ronde l’interrompt dans sa besogne. L’intrus réagit avec une vivacité imprévisible, et d’un bond traverse la fenêtre. Fuyant le lieu de son forfait, l’homme se fond dans l’obscurité de Central Park. Mais… il est arrêté par des agents de police. Siège des Nations Unies, New York, 09:00am. Ici, les nations de bonne volonté s’efforcent de maintenir l’ordre mondial dans une époque menacée par la guerre. Trois architectes, un Suisse, un Brésilien et un Américain ont uni leurs talents pour donner à cette maison des peuples l’élan et l’optimisme d’un futur radieux. L’agent Spécial O’Rourke du FBI se présente au contrôle, pendant que Black & Mortimer échangent avec Lord Bolton. Ce dernier espère que la communication de Blake mettra l’accent sur l’impérieuse nécessité d’un désarmement bilatéral. Leur discussion est interrompue par l’arrivée d’O’Rourke qui se présente car il a un mot urgent à leur dire : Cette nuit, un individu s’est introduit dans la section égyptienne du Metropolitan Museum et a vandalisé une pièce de grande valeur. Il précise qu’il s’agit de la stèle d’Horus, sur laquelle a été gravé un message inachevé, Par Horus, dem… Le conservateur du Met était au Caire lors de l’affaire de la Grande Pyramide, le graffiti l’a mis sur leur piste. O’Rourke a su qu’ils étaient à New York pour la conférence sur la paix et le voilà. Il les emmène au bureau de New York, du FBI. Derrière une glace sans tain, Blake et Mortimer observe un individu barbu et amnésique être interrogé par l’agent spécial. En fonction de sa familiarité avec la série Blake & Mortimer, le lecteur peut s’être préparé à une lecture très dense en phylactères et en cartouches de texte, avec des dessins précis et détaillés, marque de fabrique d’Edgar Félix Pierre Jacobs (1906-1987). Il fait l’expérience d’une lecture fluide et facile, ce qui lui fait comprendre que cet album ne fasse pas partie de la continuité classique, mais qu’il ait trouvé sa place dans les albums hors-série après L’aventure immobile (1998) de Didier Convard et André Juillard, Le dernier pharaon (2019) de François Schuiten, Jaco van Dormael, Thomas Gunzig et Laurent Durieux, La fiancée du Dr Septimus (2021) de François Rivière & Jean Harambat. D’un autre côté, les références aux aventures emblématiques sont bien présentes : en particulier sont cités Razul Bezendjas, Doktor Grossgrabenstein, Guinea Pig, Basam-Damdu, mais aussi l’affaire Septimus l’onde Mega du docteur Wade, et le Centaur Club, l’Aile Rouge. Francis Blake apparaît toujours aussi chic et quelque peu raide dans son trenchcoat. Philip Mortimer sourit un tout petit peu plus, avec une personnalité plus accessible. D’un autre côté, les auteurs ont fait le choix de délocaliser les deux héros, ainsi que leur ennemi de l’autre côté de l’Atlantique. Dans les conventions du genre Blake & Mortimer, le lecteur relève également le rôle mineur des femmes : un seul personnage féminin parmi les seconds rôles. Si elle exerce une profession médicale, elle n’en reste pas moins susceptible aux élans du cœur. Dans la mesure où le récit référence explicitement les événements du Secret de l’Espadon et du Mystère de la grande pyramide, le lecteur peut en déduire que le récit se déroule au début des années 1950. Il situe donc le contexte : la guerre froide, c’est-à-dire de fortes tensions géopolitiques entre les États-Unis et leurs alliés (le bloc de l'Ouest) et l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) et alliés (le bloc de l'Est). Dans la mesure où la conférence pour la paix se tient au siège des Nations Unies à Manhattan, le lecteur peut même situer le récit après l’inauguration de ce bâtiment en 1951. L’ossature de l’intrigue s’avère assez simple : Blake doit prononcer un discours au cours de la conférence, mais la découverte de la présence d’Olrik semble pointer vers l’existence d’un acte terroriste. Le lecteur reconnaît le jeu avec l’état de conscience de l’ennemi habituel du duo : est-il en pleine possession de ses moyens ? A-t-il perdu la mémoire pour de bon ? Est-ce que la machination qu’il a ourdie ira à son terme malgré son état ? Il est certain que Blake et Mortimer vont devoir mener l’enquête, tout en respectant leurs obligations vis-à-vis de la conférence. Dès la couverture, le lecteur apprécie l’élégance de la composition de l’image, entre l’influence d’EP Jacobs et une épure plus spécifique à Floc’h. L’artiste s’inscrit dans la tradition de la ligne claire, avec des aplats de couleur unis, des traits de contour bien nets, et une approche descriptive et réaliste. Il ne fait que quelques écarts par rapport à la forme pure de cette tradition : quelques petits traits dans les étoffes des vêtements pour figurer les plis, et de rares aplats de noir parfois pour les ombres portées. Le lecteur est séduit dès la première page, par ces cases à la lisibilité immédiate, une vision très claire de la réalité, débarrassée de tout superflu. Il laisse son regard absorber les différents décors : la statue de la Liberté, les gratte-ciels de Manhattan, l’immeuble des Nations Unies et les immeubles qui l’entourent, le sommet du Chrysler Building, une courte balade dans Central Park avec des feuillages superbes, les échelles de secours caractéristiques en façade d’immeuble, Brooklyn Bridge, une forêt du Massachussetts, une forêt du Vermont. Les intérieurs sont représentés avec la même clarté, le même art de l’essentiel : l’aile égyptienne de Metropolitan Museum, la clinique Scarsdale du docteur Rosalind Shapiro à Westchester County, la grande salle de conférence des Nations Unies, le salon du club Centaur, un Delicatessen, une tour de contrôle, etc. Floc’h impressionne par sa capacité à donner une apparence simple et naturelle à tout ce qu’il représente, alors même qu’il joue avec des artifices. Pour peu qu’il y soit sensible, le lecteur s’en aperçoit dès la première case avec ce ciel rose dragée chaud, puis cet océan rose framboise, couleurs fort éloignées d’une approche naturaliste. Il est également frappé par les coiffures : un contour simple, quelques traits courts à l’intérieur pour évoquer les ondulations, et le coup de peigne donnant la direction des cheveux. Cela s’avère particulièrement frappant avec la chevelure totalement blanche de Rosalind Shapiro quand sa tête se trouve de profil : de courts traits noirs ondulés bien parallèle sur fond blanc, quasiment une figure abstraite. Ou encore la blancheur immaculée des grands carreaux de la salle de soin de la clinique. L’artiste prend visiblement plaisir à jouer sur les représentations avec des caractéristiques ponctuelles : quelques cases dépourvues de bordure, une scène en ombre chinoise, Olrik semblant comme tomber dans une spirale (rappelant une composition similaire dans Vertigo -1958 – d’Alfred Hitchock, la coiffure de Shapiro évoquant celle de Kim Novak), une page composée d’une alternance de têtes en train de parler, l’usage d’un rouge vif comme fond de case pour souligner la violence de manière expressionniste, etc. Le lecteur prend plaisir à cette aventure progressant rapidement, facile à suivre, à la narration visuelle d’une accessibilité exemplaire. Alors que deux blocs géopolitiques semblent condamnés à s’affronter du fait d’idéologies incompatibles, les personnages impliqués dans le récit, britannique, russe, américain, semblent au contraire s’impliquer dans l’effort de paix, établissant ainsi un contraste entre les nations et les individus. Le titre fait référence à L’art de la guerre, de Sun Tzu (-544 à -496) dont un exemplaire est retrouvé dans l’appartement d’Olrik, et dont Mortimer lit quelques passages. Cet ouvrage s’oppose thématiquement à la volonté des héros qui, eux, œuvrent pour la paix. Alors que le lecteur vient avec l’a priori d’une confrontation, d’une opposition entre des camps, il découvre un récit qui fonctionne sur l’entraide et la bonne volonté, sans manichéisme… à l’exception d’Olrik lui-même. En cours de récit, les auteurs semblent justifier ce choix lorsque le personnage s’adresse à ses deux ennemis pour leur demander : S’il n’y a plus d’Olrik, à quoi servent Blake et Mortimer ? Une aventure de Blake & Mortimer hors-série : les auteurs peuvent donc s’affranchir d’une partie des caractéristiques de la série, ne pas en respecter la lettre, mais en respecter l’esprit. Ils diminuent sciemment le niveau de densité de l’intrigue, des phylactères et du nombre de cases, ce qui aboutit à une narration plus digeste, plus accessible peut-être, pour une aventure bien inscrite dans son époque, avec des résonnances très actuelles sur la tentation d’être dans l’affrontement permanent. Une bande dessinée raffinée, respectueuse et intelligente.
La Leçon de Pêche
C’est un album tout public, mais tourné avant tout vers un jeune, voire très jeune lectorat. Ceci explique sans doute que le raisonnement n’est pas poussé jusqu’au bout (je m’attendais par exemple à ce que soit aussi évoquée la surpêche et la disparition des poissons dans la morale finale). Mais ne chipotons pas, c’est un petit album bien fichu, qui démontre plaisamment et avec une petite pirouette absurde la vacuité de la recherche effrénée du profit. Un pêcheur – aux airs de loup de mer – affalé dans sa barque, oisif, se voit délivrer une leçon d’économie et de morale par un touriste qui l’exhorte à être plus dynamique, plus productif, plus ambitieux : il devrait rechercher davantage à s’enrichir. Une leçon d’économie finalement battue en brèche par la bonhommie du pêcheur. La chute est gentiment jouissive. L’album est d’autant plus plaisant à lire qu’il bénéficie du dessin toujours très agréable d’Émile Bravo, simple et fluide. Une petite lecture très rapide, mais très sympathique aussi.
Le Serpent et le Coyote
Très chouette album, vraiment. Matz est un vieux routier des polars, et il réussit là à bâtir une histoire prenante, sans jamais trop s’éloigner du classique, sans être hyper original. Mais c’est du travail bien fait. Et l’intrigue est bien construite. Le fil rouge est assez simple, plutôt linéaire : Joe, un ancien ponte de la mafia new-Yorkaise, bénéficiant du programme des témoins repentis, sous la protection – lointaine – du FBI, doit témoigner et enfoncer ses anciens partenaires, qui bien sûr veulent lui faire la peau et l’empêcher d’atteindre le tribunal. Voilà pour le cœur de l’histoire. Mais des à-côtés, ou astuces scénaristiques permettent de dynamiser l’intrigue. Des flash-backs remontent jusqu’aux années 1930 (l’histoire est censée se dérouler en 1970), pour retracer l’histoire de Joe (et plus largement de la mafia). Et surtout Joe, qui se balade incognito dans un camping-car en traversant les étendues désertiques des États-Unis, a recueilli un coyote, qui devient son confident : du coup, nous écoutons avec le coyote. Ça passe bien et densifie l’intrigue. La narration est fluide, agréable. On prend le temps de bien entrer dans l’histoire et la personnalité de Joe, les enchainements sont crédibles. De plus, le dessin de Xavier est lui aussi aux petits oignons. Décors et personnages sont réussis, c’est visuellement très plaisant. Un polar classique et réussi, avec une pagination importante, mais jamais on ne s’ennuie. Une réussite donc.
La Trahison d'Olympe
Cet album est une pépite ! Hé oui, vous allez encore lire un avis enthousiaste ! Un album de grande taille qui permet de mettre en valeur le travail titanesque de Jean Dalin. Vous allez en prendre plein les mirettes ! Un dessin original, fluide et d'une froide beauté. Je suis resté bouche bée devant l'inventivité des mondes visités et du soin méticuleux apporté à chaque détail. Des doubles pages à couper le souffle. Un plaisir des yeux qui doit beaucoup aux choix des couleurs, elles vont suivre les pérégrinations de nos personnages et évoluer au fil de leurs aventures. Des couleurs intenses aux contrastes saisissants ! L'agencement des planches est très varié et facile à suivre, il peut aller d'une pleine page à une quarantaine de cases sur une même planche. N'hésitez pas à feuilletter l'album en librairie. Du grand art ! Un monde futuriste où une lettre doit être remise en main propre à sa destinataire. Une intrigue qui se met en place sur fond d'amitié, d'amour, de trahison et de hiérarchisation. Un récit abstrait, drôle, absurde, labyrinthique et touchant. Les dialogues sont savoureux, les situations cocasses sont nombreuses, mais une certaine noirceur demeure malgré tout. Vivement le second volume pour en connaître la conclusion. Un album novateur. Bravo à Jean Dalin pour ce premier coup d'essai. Gros coup de cœur graphique.
Revoir Comanche
Un album que je n’attendais pas, un auteur qui m’était encore inconnu, j’avoue m’être un peu méfié à mon entame de lecture. Et pourtant je vais suivre l’enthousiasme d’Hervé, j’ai trouvé ça astucieux et sympa à suivre. Même si tout n’est pas parfait, Romain Renard s’en tire avec les honneurs. En tout cas, j’ai apprécié la proposition de l’auteur autour de l’univers. L’histoire peut marcher seul mais mieux vaut connaître un peu le matériel de base pour apprécier ce bel hommage. Niveau réalisation c’est très propre, lisible, fluide, ça dénote avec la série mère mais c’est pas plus mal. On retrouve bien un peu l’ADN de Comanche mais l’ambiance est différente. Il y a juste certaines images trop proches de la photo qui me plaisent moins, et une en particulier qui représente un cimetière de voiture, les modèles me paraissent bien trop modernes pour 1930, ça fait un rien anachronique. Sinon bah un plaisir de retrouver ce Red Dust vieillissant, il nous offre un dernier périple que je n’ai pas boudé. J’ai aimé que l’auteur revienne et approfondisse la relation Red/Comanche, qu’il n’oublie pas un point essentiel (à mes yeux) de la série autour de la modernité/évolution constante de la société. Bref franchement bien foutu. Un album différent mais qui ne trahit en rien la franchise. Mieux même, elle lui redonne un peu d’aura. Dans la veine de Le Royaume de Blanche-Fleur ou Le Réveil du Tigre, une bonne manière de conclure. 3,5
L'Appel de la forêt (Jungle)
Ah j'ai beaucoup aimé cette adaptation. C'était une vraie découverte pour moi. Je n'ai jamais lu le classique de Jack London, et cette adaptation tombait à pic, alors que la lecture d'une série consacrée à la littérature américaine m'avait donné envie d'en savoir plus sur l'œuvre de cet auteur. Je ne saurais donc dire si cette adaptation est fidèle, mais en tous les cas elle est plaisante, Maxe L'Hermenier commence à avoir de la bouteille dans l'exercice, et ça se sent. Il n'y a pas beaucoup de temps morts, et j'imagine qu'il a gardé les éléments les plus intéressants de l'histoire originale, quitte à les édulcorer un peu pour rentrer dans la case "jeunesse". En tous les cas c'est réussi, même si certains éléments m'ont semblé un peu "vieillis", on a là une vraie bonne histoire, même si Buck réfléchit un peu trop à mon sens. Il ne faut quand même pas oublier que c'est un animal... Côté dessin j'aime décidément beaucoup le boulot de Thomas Labourot, plein de vie, adapté à ce format jeunesse mais très travaillé également. Il assure lui-même les couleurs, on sent qu'il a une maîtrise des outils. Et regardez-moi cette couverture magnifique ! Un classique en BD également.
Pleasure island
Comme chacun le sait, le Japonais est capable de survivre partout, car il possède la science infuse, une mémoire phénoménale, le don des langues et bien d'autres choses. Il reconnaît une herbe du 1er coup d'œil et sait comment s'en servir. Idem pour les poissons et autres animaux. Avec tant de qualités, on se demande pourquoi le Japon n'a toujours pas fédéré la planète Terre sous son égide. Le héros japonais est un mini-superman, capable de se transformer en homme viril bien bâti (et tout, et tout), à partir d'une enveloppe de petit gros rondouillard (mais très intelligent), le tout en 3 mois, montre en main. Ajoutons que les femmes sont loin d'être des souillons, malgré un certain isolement sur une île peu fréquentée (à ce qu'il paraît). Comment diable font-elles pour être aussi belles, avec zéro produit de beauté (mis à part une nourriture saine) ? Bien des occidentales tueraient père et mère pour savoir comment :) Et parfois, c'est un peu trop "too much", y compris les crocos. Mis à part ce petit côté agaçant "Nippon Forever", cette histoire est bien dessinée, c'est du bon boulot, je félicite le porteur de crayon. Le scénariste s'est bien documenté, il ne se moque pas du lecteur, même si certaines coïncidences tombent à pic. Vers la fin, il y a un peu plus de monde qui s'invite au bal, l'auteur aurait pu rester avec nos protagonistes initiaux et s'en sortir aisément. Mais il a sans doute voulu raccrocher le wagon à l'Histoire avec un grand H. Il y a bien quelques scènes érotiques ci et là, pour faire plaisir au public adulte. C'est gentillet, pas cochon, c'est même fort esthétique. On pourrait les virer ou les remplacer par quelque chose de plus chaste, afin que ce soit lisible pour tous les publics. Certains BD proposent d'ailleurs 2 versions. Comme l'a si bien dit Cac : les gens de télé-réalité de nos jours sont de la gnognote à côté ! Et j'ajoute : du pipi de chat. Peut-être pas le one-shot de la décennie, mais c'est un ouvrage parfaitement honnête. Ps : quid des jeunes femmes amenées par les pirates ?
Frankenstein (Bess)
Voila une adaptation presque trop fidèle à l’œuvre d'origine ! J'avais déjà lu le livre d'origine et franchement, du profond de mes souvenirs, il n'y a que peu de différences ! Là où je dis que c'est un peu "trop" fidèle, c'est qu'il manque un peu de travail d'adaptation. Le texte est omniprésent, parfois redondant avec le dessin, mais laissant libre court à la langue des romantiques, exaltant les sentiments et la grandeur de ce qu'il se passe. Pour le reste, la BD oriente tout sur une adaptation où l'exaltation romantique ressort, et c'est assez agréable ! On est dans de l'illustration qui accentue tout, avec un style de dessin qui joue sur le noir et blanc pour faire ressortir le propos sur la dualité de l'humain. En fait, il est assez difficile de faire une critique de la BD, c'est surtout une critique de l'histoire du livre qu'il faudrait faire. Mary Shelley a bien fait ressortir les angoisses face à une science en plein essor, mais aussi les questions morales de celle-ci. Il y a la violence de l'être humain, le monde qui devient accessible à tout le monde par le voyage, la conquête des pôles ... Mais aussi, romantisme oblige, les amours à travers les peuples, les qualités que l'homme peut développer (lecture, amour, entraide ...). Au-delà de toute les questions, l'histoire reste une tragédie sombre sur un humain ayant voulu voler trop haut. Une œuvre qui a inspirée des milliers d'autres, prouvant que ses questionnements reste cohérent aujourd'hui encore (avec l'IA, le sujet pourrait revenir). Je peux pas vraiment critiquer cette BD qui fait une très bonne adaptation d'une œuvre culte. Le dessin est magnifique et la BD est lisible, c'est un peu tout ce que j'aurais à en dire spécifiquement.
Edmond
Je suis une grande amatrice de théâtre, j'y ai dédié une grande partie de ma vie et j'ai eu pendant longtemps le projet d'en vivre. Donc une histoire racontant les coulisses de la création d'une pièce, non seulement je connais bien mais en plus ça m'intéresse tout particulièrement. Ici, on nous raconte l'histoire derrière la création de Cyrano de Bergerac, sans aucun doute l'une des pièces du répertoire théâtral français les plus connues et, accessoirement, ma pièce préférée. C'est grâce à elle (et en partie aussi grâce à De Cape et de Crocs) que j'ai enfin réalisé à l'adolescence que le lyrisme et la poésie n'étaient pas uniquement des langages un peu extra-terrestres ne visant qu'un esthétisme sonore, mais qu'il s'agissait bien de formes d'expression et que leurs mots n'avaient pas pour seuls buts d'être lus ou écoutés mais d'êtres joués, d'être vivants. Pour celleux ne connaissant pas la pièce d'origine d'Edmond Rostand, je ne peux que vivement vous la conseiller, c'est une mine de poésie, d'humour et de jeux sur les mots et la langue. Pour revenir à "Edmond", je n'avais pas pu voir la pièce de Michalik quand elle jouait encore, mais j'avais pu voir son adaptation cinématographique à sa sortie. Je connaissais donc déjà la trame avant d'essayer cet album et je trouve l'adaptation bonne. J'aurais sans doute eu plus à dire si j'avais effectivement pu voir la version scénique, les différences doivent être forcément plus nombreuses. L'histoire, donc, est celle d'Edmond Rostand, endetté et en pleine panne d'inspiration, qui va devoir écrire une pièce révolutionnaire dans un délai très court afin de pouvoir sauver sa carrière. L'histoire est simple mais très bien menée. C'est drôle, intéressant, bien rythmé et ça reflète bien le chaos et la panique qui précèdent la plupart des créations artistiques scéniques écrites dans des délais si court (je parle d'expérience). La principale qualité de cette œuvre, selon moi, c'est qu'elle réinterprète de manière assez intéressante l'histoire même de Cyrano de Bergerac. Les personnages et leurs interprètes, la scène et les coulisses, l'écrivain, sa vie et sa création, tout se bouscule et se fait écho de manière satisfaisante. Comme dans Cyrano nous retrouvons donc un triangle amoureux ("relativement" platonique d'un côté et bassement corporelle de l'autre), de l'action (douce comparée à l'œuvre d'origine), des beaux mots et surtout (SURTOUT) du panache ! Peu de chose à dire sur les graphismes, ils sont très beaux et illustrent bien le récit. J'aime bien le dessin de Chemineau, je le trouve assez chaleureux et ici il ne fait pas exception. Je conseille fortement l'album à toute personne aimant un tant soit peu le théâtre, Cyrano de Bergerac ou qui serait tout simplement curieux-se. Pour moi, c'est un coup de cœur, mais je ne sais pas vraiment si ce coup de cœur vient du texte original de Michalik ou de cette adaptation en bande-dessinée précisément. Allez, ça le mérite quand-même !