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Par Spooky
Note: 4/5
Couverture de la série Les Femmes ne meurent pas par hasard
Les Femmes ne meurent pas par hasard

Les violences faites aux femmes sont un sujet essentiel dans notre société en mutation, et alors que de nombreuses évolutions politiques n'ont de cesse de mettre en péril leur sécurité (nouvelle élection de Donald Trump, montée de l'extrême droite, procès de Mazan...). Nous suivons ici le quotidien d'Anne Bouillon, une avocate basée à Nantes qui a décidé de concentrer son action de défense sur ce sujet, en accord avec ses convictions. on la suit donc dans les prétoires, dans son cabinet, lors de ses échanges avec les victimes, au cours de plaidoiries, d'échanges avec ses collègues... C'est très intéressant, cela aide bien à comprendre le mécanisme de la justice sur le sujet en France, qui se heurte encore à certains préjugés (voir ce petit passage où un de ses collègues estime que #MeToo est une occasion pour les femmes de se faire remarquer...). Sans en rajouter dans le militantisme (qu'elle revendique cependant), Anne Bouillon tente de faire son travail sereinement, en travaillant pour la liberté, la sécurité, la santé mentale des femmes victimes. Le chemin est long, entre le peu de plaintes enregistrées au regard du nombre réel d'agressions, et le nombre encore plus réduit d'affaires réellement instruites, jugées, et résolues. Anne Bouillon ne fait pas que défendre les femmes, elle les aide également, au travers de Citad'elles, une structure d'accueil et d'aide installée à Nantes, probablement unique en France, et dont le modèle mérite d'être décliné partout sur le territoire national. Charlotte Rotman est journaliste, et en tant que telle elle a suivi Maître Bouillon pendant trois ans, prenant des tonnes de notes afin de construire ce portrait e BD, en accord bien sûr avec son sujet. Si le résultat est intéressant, il aurait mérité un peu plus de pep's, d'avoir peut-être un volet plus important consacré au militantisme de Maître Bouillon. Mais en tant que tel, c'est déjà un album essentiel. La scénariste bénéficie des talents graphiques de Lison Ferné, dont c'est l'un des premiers albums. Elle réalise un travail intéressant sur les visages, ordinaires, des auteurs de violences, et reste sobre dans sa mise en scène. On sent qu'elle n'a pas encore atteint sa maturité graphique dans les autres compartiments du dessin, mais sa complémentarité avec Juliette Vaast aux couleurs est évidente.

28/11/2024 (modifier)
Par Présence
Note: 4/5
Couverture de la série Coquelicot
Coquelicot

Pour œuvrer à une société où la voix de chaque corps peut exister, compter et être entendue. - Ce tome contient une histoire complète, une fiction nourrie par la biographie de l'autrice. Sa publication originale date de 2023. Il a été réalisé par Fanny Vella pour le scénario et les dessins, la mise en couleurs a été réalisée par Poppy. Il comprend cent-seize pages de bande dessinée. Il débute par un court avertissement au lecteur : Cet ouvrage aborde des sujets difficiles ; pour en savoir plus, consulter la liste des thèmes en page cent-vingt-trois, c'est-à-dire : automutilation, dysmorphobie, dépression, malnutrition, viol. En fin d'ouvrage se trouve une postface de deux pages, explicitant l'intention d'informer, le plus tôt possible, de lever les peurs, les tabous. le tome s'achève avec un texte de remerciements de deux pages, rédigé par l'autrice évoquant son histoire personnelle. Dans un pavillon, ordinaire, la jeune Émilie répète un chapelet de Non, aux toilettes. Ses règles sont arrivées quand elle avait dix ans. Elles sont arrivées tout juste deux jours avant l'anniversaire d'une copine. Ce genre de copine populaire à qui on veut plaire à tout prix. Émilie avait hâte. Elle avait pu acheter son premier maillot de grande, mais ça allait être la cata avec ce mauvais timing. Parce qu'évidemment il avait fallu que ce soit une fête organisée à la piscine municipale. Elle avait tellement honte de saigner qu'elle avait inventé un prétexte pour ne pas rentrer dans l'eau. Elle avait alors passé l'après-midi sur une serviette de bain à côté de la maman de Marion pendant qu'elle, Christelle et Kadidja, ses trois meilleures copines, jouaient dans l'eau. Elle lui en voulait tellement à ce corps qui l'avait trahie ! Elle bouillonnait intérieurement. À cet âge-là, ce genre de moments était déterminant pour les amitiés, et elle loupait tout… Elle avait déjà l'époque une fâcheuse tendance à se trouver moins bien que les autres. Elle se comparait sans cesse et l'arrivée de ses règles n'arrangeait rien ! Il faut dire que les hormones avaient déjà commencé à opérer quelques changements. Des changements qui la laissaient perplexe. À la dérobée, Émilie observe la maman de Marion : elle est si belle. Sa peau parfaite. Son absence totale de pilosité. Sa vie devait être simple. Elle n'avait qu'à se laisser vivre, sans se préoccuper de son allure. Vivre paisiblement sous le regard des autres, pendant qu'Émilie, elle, était tétanisée à l'idée qu'on ne la regarde de trop près. La maman de Marion avait-elle la moindre conscience de la tranquillité d'esprit totale que son corps de rêve lui offrait, pendant qu'Émilie était terrorisée à l'idée que quelqu'un pointe du doigt le sien ? Ah oui, et sinon on surnomme Émilie, le coquelicot depuis qu'elle est toute petite, inutile d'expliquer pourquoi. Encore un coup bas de ce satané corps. Elle, elle voulait disparaître, et lui il la faisait déborder partout dans la couleur la moins discrète possible. À voir ainsi la maman de Marion, Émilie pensait que cette adulte n'aurait pas pu comprendre ce genre de tracas qui étaient à des milliers d'années-lumière d'elle. Avec le recul, elle se rend compte qu'il n'est facile pour personne de se porter un regard bienveillant. La couverture semble annoncer une histoire sur l'adolescence et l'affliction de rougir à la moindre émotion, comme si cette réaction physiologique mettait à nu l'adolescente sous le regard des autres. Le texte de la quatrième de couverture annonce une autre sorte de récit, en évoquant le corps d'Émilie qui ne cesse de la trahir, qui la fait reculer d'un pas dès qu'un garçon l'approche, son incapacité à insérer une protection périodique, la douleur lors des rapports sexuels, ce qui fait qu'Émilie en vient à haïr et craindre ce corps qui semble avoir une volonté propre. Quoi qu'il en soit, le lecteur découvre un dessin en pleine page pour la première page : la table de la cuisine, avec le lait aromatisé, le pain et le chocolat, le sac à dos, un cahier et des stylos, la nappe à carreaux, une plante en pot, une chaise, une commode avec une lampe, c'est-à-dire un endroit très familier, avec un dessin immédiatement lisible. Émilie est aux toilettes, le pantalon sur les chevilles, une tache de sang sur sa culotte, le tout représenté de manière chaste, et naturelle. le personnage est dessiné avec une forme de simplification dans la silhouette, une approche similaire à la ligne claire, avec une mise en couleurs plus riche, ajoutant un peu de relief, et des motifs sur le teeshirt. le lecteur se trouve tout suite séduit par l'accessibilité et la gentillesse des dessins, tout en appréciant la gestion de la densité des informations visuelles en fonction des cases. Voici donc une demoiselle, puis une dame qui se retrouve en butte à des difficultés pour ce qui relève de l'intimité physique, tout en étant sûre de son orientation hétérosexuelle. Elle évoque ses difficultés avec l'insertion de tampon hygiénique, son malaise physique à se faire embrasser, puis caresser, puis lors de l'acte sexuel, au fur et à mesure qu'elle grandit. Elle décrit les stratégies qu'elle met en place entre se forcer, ou bien cesser tout effort et mentir à ses copines sur son activité amoureuse. Elle explique qu'elle s'était résignée à ce que les garçons devraient toujours forcer le passage et ce qu'on disait du plaisir ne lui serait certainement jamais accessible. Les relations débutaient toujours de la même façon pour elle. Un engouement et un entrain certains pour la chose au début… puis un désintérêt quasi-total… et finalement un renoncement pendant des semaines voire des mois. Elle s'était toujours retrouvée avec des garçons qui passaient outre son manque de libido, souhaitant rester avec elle pour tout le reste. Elle a fini par se mettre en relation avec un garçon moins conciliant, ce qui fut une épreuve douloureuse. Le lecteur apprécie la gentillesse et la délicatesse de la narration visuelle : il n'éprouve jamais la sensation d'être un voyeur. L'artiste bannit toute nudité. Les personnages sont expressifs grâce à la simplification des traits de leur visage, avec des postures très parlantes quant à leur état émotionnel. Les garçons puis les hommes sont représentés normalement, sans caricature, sans en faire des pervers soumis à leurs pulsions sexuelles. Le lecteur accompagne ainsi Émilie dans différentes phases de sa vie, en partageant ses souffrances, et les manifestations physiques comme des plaques de rougeur très envahissante sur tout le corps. Tout du long du récit, les différentes scènes sont commentées par la voix intérieure d'Émilie. Elle apparaît dans chaque page, le lecteur écoutant ses paroles, ou bien ayant accès à ses pensées, ou encore bénéficiant de ses commentaires. Il remarque qu'Émilie ne porte jamais de jugement de valeur négatif sur les personnes qui l'entourent que ce soient ses compagnons ou le corps médical. Ce récit ne s'apparente ni à une vengeance, ni à une dénonciation ou un pamphlet. Elle raconte ses difficultés, ses blocages, ses douleurs mais aussi ses amours et ses amitiés. La narration visuelle s'avère vivante et diversifiée, sans exagération dramatique ou émotionnelle. Le lecteur suit Émilie dans des endroits variés : les toilettes, une piscine municipale en plein air, une salle de classe, dans sa chambre, dans un voyage en car, à une soirée, sur la pelouse d'un parc pour une discussion entre copines, chez la gynécologue pour une visite, à la terrasse d'un café, dans son appartement avec son conjoint, dans la salle d'accouchement, etc. Les dessins présentent une apparence très facile à lire avec un niveau de détails qui rend chaque endroit spécifique, chaque individu avec une tenue vestimentaire particulière, sans ostentation, sans gestion à l'économie non plus, avec toujours un respect de chaque personne. Les sujets difficiles annoncés sont bien présents : ils correspondent aux comportements d'Émilie en réaction au comportement de son corps qu'elle ne comprend pas. Il s'agit d'une personne dont le mal être est évident, que les aides successives ne parviennent pas à soulager, ni la bienveillance de ses amis et amoureux. Le récit ne s'aventure pas sur le terrain de la psychologie, encore moins de la psychanalyse. Il suit l'histoire personnelle d'Émilie, et le lecteur suppose qu'il s'agit également de l'histoire personnelle de l'autrice. La compréhension de la problématique ne se fait donc pas selon une analyse linéaire, mais selon le hasard des rencontres, des consultations. Le premier élément concret intervient lors de la visite chez la gynécologue, plus le constat d'une maladie et sa classification que son explication. Le lecteur peut également être surpris par l'absence d'accompagnement de la jeune femme, encore qu'il s'agisse d'un sujet dont un ou une adolescente, puis une jeune femme ne souhaite pas parler avec ses parents. Cette manière de raconter déconcerte un peu car le lecteur ne peut pas en tirer une méthode de compréhension, encore moins de prévention. Il ressort de sa lecture avec l'histoire d'une jeune femme dont la vie a été rendue très difficile par cette condition, et la manière dont elle a appris ce dont il s'agit, et le processus par lequel elle a pu trouver des solutions alternatives. Comme l'évoque la postface, il en ressort avec une meilleure compréhension de la santé génésique et sexuelle d'une femme, au travers de cet exemple. Il ne demande qu'à croire que ce savoir sur l'état de santé des femmes constitue un déterminant majeur de la santé de leurs enfants et de leur famille. Pas facile de savoir a priori de quoi parle exactement cette bande dessinée, en se basant sur le dessin de couverture, ou sur le texte de la quatrième de couverture. L'autrice raconte une partie de sa vie par l'intermédiaire d'un avatar appelé Émilie, ses difficultés avec l'intimité physique, que ce soit pour les règles, ou dans le cadre de rapport avec les garçons puis avec les hommes. Elle utilise une narration visuelle très agréable à l’œil et très prévenante du respect de la personne pour tous ses personnages. Elle met en œuvre un ton descriptif, dépourvu d'acrimonie envers qui que ce soit. Elle expose ainsi les troubles dont elle a souffert et qui ont fortement pesé sur sa vie personnelle et amoureuse, ainsi que les consultations et les dialogues qui lui ont permis de comprendre et de surmonter ces troubles.

28/11/2024 (modifier)
Couverture de la série Tant pis pour l'amour, ou comment j'ai survécu à un manipulateur
Tant pis pour l'amour, ou comment j'ai survécu à un manipulateur

Une BD d’excellente facture. Et pourtant, elle ne m’a pleinement convaincu qu’à la sortie de sa deuxième moitié. La première partie n’est pas inintéressante, l’auteure raconte son histoire avec un manipulateur. Du roman graphique a tendance autobiographique, l’héroïne est touchante, on compatit mais on a aussi envie de la bousculer un peu (compliqué les sentiments). Le dessin est dans un style « blog féminin » mais il s’avère agréable, lisible et dans une narration maîtrisée. Il faut aimer le genre, perso la passion n’était pas trop là. En tout cas, ça se lit facilement. Heureusement, la prise de conscience et la libération de cette relation toxique arrive en milieu de tome. En fait, toute cette partie résonne comme un passage obligé à la suite. L’auteure quitte le récit « nombrilisme » et emmène le récit dans des sphères plus universelles sur ce qu’elle a vécu. Cette suite est d’un tout autre acabit, elle revient sur son sujet mais, un peu à la manière de Lou Lubie, de façon drôle et ludique. J’ai franchement apprécié, en plus d’apprendre plein de trucs sur ce type de comportement (que l’on peut extrapoler aux amis, familles, collègues …). Franchement bien, une bonne formule pour du chouette boulot. Dans le traitement, j ai trouvé ça bien plus pertinent que Il m'a volé ma vie par exemple.

27/11/2024 (modifier)
Par Titanick
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Les Indociles
Les Indociles

Comment dire tout le bien que je pense de cette œuvre sans plagier honteusement mes prédécesseurs ? Pour bien faire, je n’aurais pas dû lire leurs avis. Mais si je n’avais pas lu leurs avis, je n’aurais pas acheté la bd. Vous me suivez ? Parce que le genre sagas familiales au long cours n’est d’habitude pas ma tasse de thé. J’ai plus trouvé ici une impression d’une époque, celle de ces années où la rébellion des sixties prend lentement forme. Les jeunes veulent autre chose que le modèle patriarcal et religieux sclérosant. Lulu, Jo et Chiara, la fille d’immigrés italiens, rêvent de liberté et d’égalité dans un lieu communautaire où tout peut être à tous, même en amitié et en amour. C’est une époque que j’ai connue, mais d’un peu loin, avec mes yeux d’enfant, j’avais à peu près l’âge des petites sœurs de Lulu. Et tout ça me parle. Surtout qu’au fil des tomes on voit vieillir les personnages, et on les sent évoluer au gré de leurs expériences, pas toujours heureuses, de leurs désillusions aussi. Désillusions sur le fait de changer le monde, mais aussi sur la nature humaine, car tous n’ont pas forcément les mêmes aspirations. Même si Lulu s’accroche à leurs espoirs communs. Une belle lecture. Je les ai vu vivre, construire, pleurer, aimer, avec passion et avec une vérité dans les sentiments et les dialogues. Les auteurs n’ont pas pu tout inventer, il y a du réel là dedans ! Bien aimé aussi le dernier chapitre ajouté dans l’intégrale. Nos héros vieillissants, qui voient ce qui reste de leur communauté en miettes et ce que le monde est devenu, sans eux ou malgré eux. Touchant. Lisez les avis de Grogro et des autres, ils vous ont dit tout ça bien mieux que moi.

27/11/2024 (modifier)
Couverture de la série L'Anniversaire de Kim Jong-Il
L'Anniversaire de Kim Jong-Il

Un album réussi. Même si ça fait bizarre de parler de plaisir de lecture lorsque le sujet est aussi dur. Car il s’agit de présenter la vie dans l’une des dictatures les plus dures, un fossile stalinien anachronique qui broie les habitants de la Corée du Nord. Le premier tiers de l’album est presque humoristique. En effet, l’absurdité des injonctions pesant sur les Nord-Coréens, et le comportement béat et quasi fanatique de Jun Sang, le gamin dont nous allons suivre le destin et qui incarne au départ l’idéal du parfait admirateur de l’œuvre du grand leader Kim Jong-Il, tout pousse le lecteur à sourire, tant le ridicule, le grotesque l’emportent. Mais rapidement cette absurdité mène à l’horreur. L’euphorie disparait – comme les couleurs d’ailleurs – pour mettre en avant, en sus de la propagande et du culte de la personnalité (omniprésents), un appareil répressif féroce et aveugle. Les camps de concentration/rééducation, la famine institutionnalisée, transforment le pays en vaste prison. Et du coup on n’a plus envie de rire ou de sourire. Même si c’est une histoire inventée, elle est hélas tellement crédible – en tout cas par rapport à ce que l’on sait de ce régime – qu’elle en est glaçante. Mais la lecture est recommandée.

27/11/2024 (modifier)
Couverture de la série Les Nouvelles de la jungle (de Calais)
Les Nouvelles de la jungle (de Calais)

C’est un reportage très intéressant. Les problèmes évoqués n’ont pas été résolus, et le phénomène des migrants, leur accueil (ou leur refoulement) est encore plus d’actualité, hélas. Mais les auteurs ont réalisé là un reportage à la fois instructif et vivant. Le dessin est minimaliste, mais efficace et agréable, il fait parfaitement le travail. Surtout, l’entièreté des aspects, des intervenants, est ici présentée aux lecteurs, qui peut se faire une idée plus précise de la situation. Sur un sujet souvent mal traité (et maltraité) par les médias. L’autre point intéressant est que ça donne chair, figure humaine à ces migrants. On voit donc comment « fonctionnent » les camps de migrants, l’action des forces de l’ordre, celle des associations, et les relations parfois tendues entre migrants selon leur origine. On voit aussi comment l’État se désengage souvent de ses responsabilités (envers les migrants, mais aussi envers les populations riveraines des camps). Un très bon reportage, qui laisse quand même un goût amer, tant on se rend compte que rien n’est fait pour traiter les causes des problèmes évoqués ici.

27/11/2024 (modifier)
Couverture de la série L'Épouvanteur
L'Épouvanteur

Les romans de L'Épouvanteur sont des romans pré-adolescents que j'ai toujours un peu eu envie d'essayer étant jeune mais que je n'avais jamais vraiment pu lire. Je découvre donc l'histoire via ce premier album, adaptant vraisemblablement le premier roman dans son intégralité. L'histoire est bonne : on y suit Thomas, un jeune garçon apprenant les ficèles du métier d'épouvanteur, des gens chargés de protéger les gens des sorcières et des gobelins. J'ai beaucoup aimé le côté horrifique du récit, avec des sorcières à l'apparence monstrueuse, aux coutumes atroces (elles mangent de la chair humaine) et à la menace plus que réelle. J'ai également aimé Thomas, son côté réfléchis et débrouillard mis en contraste avec son côté encore un peu naïf et immature en font un protagoniste très intéressant. J'ai bien aimé sa relation, amicale mais chaotique, avec Alice, la jeune (presque) sorcière. Le dessin de Delaney est joli, plutôt stylisé. Ce n'est pas mon style de dessin préféré mais je trouve qu'il appui beaucoup le côté angoissant de certaines scènes (surtout de nuit, avec son jeu sur les noirs et les bleus). Bref, une bonne découvert et un lecture sympathique. Je compte lire la suite. (Note réelle 3,5)

27/11/2024 (modifier)
Par gruizzli
Note: 4/5
Couverture de la série Petit pays
Petit pays

Gael Faye avait fait parler de lui avec la publication de son roman, que je n'ai pas lu, mais son adaptation en BD me faisait de l’œil depuis longtemps. Et j'ai bien fait, puisque je suis tombé sur une BD qui arrive à montrer de l'intérieur ce qu'a été cette guerre au Burundi et le génocide Rwandais. J'avais déjà lu "La Fantaisie des Dieux" (que j'avais peu aimé) mais ici c'est plus intéressant, déjà parce que l'ensemble est vu à hauteur d'enfant qui ne comprend pas tout. Sa famille est tout autant un sujet que le génocide, montrant les difficultés de ce pays juste avant l'éclatement : les tensions ethniques, les problèmes de classes sociales et l'implication des français dans ce coin du monde (entre racisme et relent colonialiste). Lorsque tout commence à monter puis à éclater, l'enfant voit progressivement les massacres se rapprocher, la peur déborder. C'est mené encore une fois doucement, et la BD ne pose aucun regard critique sur l'ensemble. Pas de questionnement politique ou de regard tardif dessus, juste un vécu de l'intérieur et l'inquiétude, l'attente. La Bd est une lecture qui rappelle ce que c'est que vivre une guerre. Pas juste être dans la constatation postérieure, mais bel et bien vivre la peur, les massacres, l'inquiétude, les disparitions. Vite lue, elle immerge en quelques cases et donne parfois un gros coup au cœur lorsque tombent les pages sur le massacre. C'est une BD que je recommande, elle est franchement très bonne.

26/11/2024 (modifier)
Par gruizzli
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Le Champ des possibles
Le Champ des possibles

Quand je vois les autres BD sorties par l'autrice, je ne suis pas surpris ni du sujet ni de son traitement. Et franchement, je ne m'attendais pas à cette fin-là, ça c'est sur ! Mais en même temps, qu'est-ce que c'est joli... Cette BD n'est sans doute pas faite pour tout le monde, et je comprends l'avis de Ro avec ses réticences. Personnellement je ne les ai pas eues et je me suis immergé dans cette BD comme Marsu s'immerge dans ce monde virtuel. On pourrait s'attendre à une BD sur les mondes virtuels, leurs impacts et leurs dérives, mais l'histoire est bien plus personnelle et intime. Elle s'attarde sur les sentiments d'une jeune femme architecte, dont la vie bascule, partagée entre ses sentiments pour deux hommes différents. C'est lent, posé et pourtant j'ai été transporté ! Il faut dire que plusieurs choses m'ont réellement plu : déjà le personnage de Marsu, nuancée et complexe, absolument pas manichéenne. Je ne le dirais jamais assez, mais une femme bien écrite, c'est appréciable (et ça n'en fait pas "une femme forte" pour autant). Et en l'occurrence, j'étais à fond avec elle, comprenant ses doutes, ses hésitations, ses complexes. La BD peut être vue comme une apologie du polyamour, mais je trouve qu'elle parle surtout du fait d'aimer différemment chaque personne que l'on voit et ce qu'on fait ensuite. L'histoire est claire sur son point de vue et je suis totalement d'accord avec elle : on peut aimer différemment, on peut aimer plusieurs personnes, on peut ... on PEUT ! Il faut aussi que je mentionne le dessin, puisque cette dessinatrice dont j'avais déjà pu découvrir le dessin dans d'autres œuvres, à sortie le grand jeu. Non mais matez-moi ces planches ! Je vais encore être dithyrambique, mais c'est d'une beauté ! Déjà les personnages sont croqués avec une douceur dans le geste, les regards, c'est sublime. Et puis quelle utilisation des couleurs ! C'est le genre de planches qui donnent envie de rentrer dans le paysage et d'aller y habiter. J'insiste, mais l'utilisation des couleurs, la douceur qui se dégage de l'ensemble, les contrastes, l'architecture ... Tout est trop bien, j'adore ! Je ne sais pas si c'est le fait que de plus en plus de femmes s'emparent de ces sujets (je pense à Mélaka qui en parle en ce moment sur son blog) mais je trouve que ce genre de BD apporte un vent de fraicheur sur la question des relations humaines. Loin des considérations hétéronormées de base, la réduction au modèle familiale et l'injonction patriarcale pour que les femmes se reproduisent et fassent de bonnes mères/épouses, ce genre de BD propose de nouvelles façon de vivre, d'envisager la maternité, le couple, la vie ... Et pour une fois, aussi, c'est le bonheur qui prédomine au final. On peut vivre heureux en vivant différemment de cette norme que l'on nous inculque. Quel plaisir ! J'en ressors accompagné d'une vraie sensation positive, que je n'ai qu'une envie, vous partager.

26/11/2024 (modifier)
Par pm42
Note: 4/5
Couverture de la série Holly Ann
Holly Ann

J'ai vraiment apprécié. On reprend des thèmes certes classiques, mais avec une façon de les mélanger par petites touches, sans en faire jamais trop, en utilisant la Nouvelle-Orléans comme toile de fond mais pas pour dominer l'histoire, ce qui change agréablement.

26/11/2024 (modifier)