J'ai vraiment apprécié. On reprend des thèmes certes classiques, mais avec une façon de les mélanger par petites touches, sans en faire jamais trop, en utilisant la Nouvelle-Orléans comme toile de fond mais pas pour dominer l'histoire, ce qui change agréablement.
3.5
Les albums de commande sur les musées se succèdent et hormis des exceptions cela a jusqu'à présent surtout donné des albums à l'intérêt limité.
J'avais un peu peur au début que ça soit le cas avec cet album parce que c'est muet pendant un bon paquet de pages, où on voit des gens se promener dans le musée et admirer les œuvres d'arts. Le dessin de Chabouté est bon et il reproduit bien les statues, mais c'est quand même léger comme scénario et j'ai cru que cela allait être comme ça tout le long de l'album.
Heureusement, le dialogue arrive enfin et on voit enfin où l'auteur voulait en venir. Faire bouger les œuvres d'art la nuit n'est pas une idée nouvelle, mais Chabouté l'utilise très bien. Petit à petit, le récit a fini par me conquérir. Les dialogues sont bien écrits avec des moments poétiques et les œuvres d'art ont chacune leur personnalité propre.
À lire pour les amateurs d'arts.
Bon j’ai 68 ans, je n’ai lu que les 2 premiers empruntés à la bibliothèque communale d’Etterbeek et j’adore. Je souris avec beaucoup de plaisir et j’ai hâte d’aller emprunter les bd suivantes. Plein de clins d’œil sympas aussi bien du passé que du présent. Le dessin caricatural faut aimer, mais je m’y suis habituée. L’humour j’aime vraiment bien.... Le dessin d’ambiance est précis et reflète vraiment les décors d’une époque, celle de ma jeunesse...
D’Albert Cohen, je n’ai lu que « Belle du seigneur » (que j’avais plutôt aimé, malgré certaines longueurs). Je découvre cet autre texte, du moins dans la version sans doute personnelle et un tant soit peu « raccourcie » de Luz.
C’est en tout cas une lecture agréable et fluide. Luz, avec une économie de moyens – l’album est quasiment muet – réussit à faire passer énormément d’émotions, et le message de stupeur, de douleur et de tolérance de Cohen est ici bien retranscrit.
Nous suivons donc un gamin (le jeune Cohen d’une dizaine d’années) qui, se baladant dans la rue, est pris à parti par un bonimenteur, qui le repousse avec mépris en le traitant de sale youpin. La suite n’est qu’une fuite éperdue du gosse, cherchant à comprendre ce qu’il est en tant que juif, ce qu’il est pour qu’on le traite comme un « méchant ». Douleur et incompréhension poursuivent le gamin, qui n’arrive pas à se faire au rejet subi pour une raison absurde.
L’album se conclut par des extraits du livre de Cohen, un texte ciselé dénonçant – en tentant de le désamorcer – l’antisémitisme et plus généralement la haine de l’autre du fait de ses prétendues différences. Cohen faisant appel à la fraternité humaine (le texte a été écrit dans un premier jet en 1945, ce qui lui donnait une résonance encore plus forte).
Le dessin de Luz est ici un peu minimaliste, proche du dessin de presse (ou de Sempé, ou Reiser). Mais il parvient à faire passer tous les sentiments du gamin, et le message de Cohen efficacement.
C’est un album très vite lu, mais qui est vraiment réussi. A l’heure ou les différents racisme (et pas forcément uniquement l’antisémitisme) refleurissent de plus belle, voilà un texte et un album qui mériteraient d’être davantage lus.
Waouh !
Voilà un album un peu – beaucoup – oppressant, prenant, dans lequel on entre et qu’on traverse en apnée. Au sortir, des étoiles nous sortent des yeux et les mots sont de toutes les couleurs.
J’ai lu l’intégrale de la série d’une traite, captivé par le fond et la forme de ce récit exigeant. Exigeant pour le lecteur, car c’est dense. Mais c’est aussi l’exigence de l’auteur qui saute aux yeux. En effet, David B. ne cède à aucune facilité, ne s’accorde aucun passe-droit, pour raconter sa vie, et la maladie de son frère, autour de laquelle elle va grandement s’articuler.
Un récit sans doute cathartique, dans lequel l’auteur ne cache pas ses errances, la violence et/ou la bêtise de certaines de ses actions ou réactions – vis-à-vis de son frère entre autres. Cette mise à nu révèle un être écorché. Mais c’est aussi la genèse d’un auteur, de ses sources d’inspiration, qu’il nous est donné de voir, et cet aspect est aussi captivant.
Une autobiographie sans concession, où la famille Beauchard se perd dans une quête désespérée de solutions, testant à peu près tout ce que les médecines diverses, les élucubrations et utopies variées, peuvent proposer : gourous, charlatans, médecins plus ou moins inspirés et à l’écoute ont été consultés. Certains épisodes ont un côté humoristique involontaire, mais malgré les tâtonnements, les erreurs, les incompréhensions, l’amour transparait. Mais l’ascension du Haut Mal se poursuit néanmoins.
David B. réussit à garder une certaine pudeur, tout en ne cachant pas grand-chose de ses pensées – y compris lorsqu’elles sont malsaines. C’est une grande réussite du genre. Et les amateurs de l’auteur – dont je suis – y trouveront aussi les clés de son univers créatif.
Je finis par ce qui fait aussi la valeur de cette œuvre, le dessin. La maîtrise du Noir et Blanc, avec un trait gras caractéristique. Un dessin parfois stylisé, avec des cases souvent chargées. C’est aussi un plaisir des yeux.
Une œuvre très personnelle, mais pas hermétique. Une grande et belle œuvre.
Cette BD est le genre d'excellent documentaire dont je raffole. Loin de nous perdre dans les méandres de la complexité du jeu politique, elle arrive à faire ressortir toute l'ampleur du dossier du financement libyen de Sarkozy. Une affaire si pourrie et si complexe que personne ne semble avoir encore osée l'adapter en série, d'ailleurs ...
La BD est complexe, puisqu'il faut s'accrocher pour suivre les différents protagonistes de l'affaire (même si une partie des têtes est assez connu des français), mais qui arrive à naviguer avec la voix off pour expliquer les différents tenants et aboutissants de l'affaire. En la lisant, on se rend vite compte que la question du financement de la campagne n'est qu'une petite partie de l'affaire, l'autre étant la guerre en Libye, une salle guerre (y en a-t-il seulement eu des propres ?) qui a brisé un pays et plongé cette partie du monde dans un marasme qui fait encore écho aujourd'hui ...
Lors de la lecture, il est difficile de ne pas s'énerver contre cette accumulation de preuves apportées (lettres, échanges, conversations, relevés de banques ...) qui témoignent de l'ampleur de ce financement et laissent la porte ouverte à tout ce qui n'est pas connu. Et surtout, l'impunité de ces hommes politiques qui échangent des valises de billet comme on échange des cartes pokémon, le tout en jouant la vie des Libyens, l'amitié des dictateurs et le jeu des entreprises qui pillent l'Afrique. C'est horrible de voir l'échange avec Sarkozy lorsque ce dernier interdit à l'Union Africaine de venir régler les soucis en Libye, la France faisant encore une fois office de gardien de SON Afrique, pourvoyeuse de richesse.
La BD est une excellente introduction à cette affaire dont les relents de pourriture sont encore si fort aujourd'hui. Elle énerve, elle donne envie de dire "tous pourris" ou de s'engager encore plus violemment en politique. Une BD que je recommande fortement.
Beaucoup pensent que la BD n’est juste qu’une distraction, mais en réalité c’est beaucoup plus que cela, on apprend dans divers domaines, on s’évade, on se questionne, et on ressent des émotions à la lecture. Oscar et la dame rose m’a particulièrement touché ; c’est beau, bien raconté, bien dessiné. Pas de mièvrerie, le ton est juste. Je ne connaissais pas l’auteur original mais peu importe, je ne vois pas ce que le roman pourrait m’apporter de plus. L’émotion est grandissante à la lecture même si on devine la fin, on est complètement pris par les personnages si attachants. En tout cas la collaboration entre scénariste et dessinatrice fonctionne bien. Un très bon moment de lecture.
Je ne savais pas trop à quoi m'attendre en attaquant la lecture de cet album, j'étais juste curieux d'en découvrir un peu plus sur cette légende de l'art contemporain chinois que représente Ai Weiwei. Pour avoir suivi de études artistiques et philosophiques, la présentation de l'album ne pouvait pas être plus percutante pour titiller ma curiosité.
Pour réaliser cet album, Ai Weiwei s'est entouré de deux auteurs engagés, ce qui n'est pas étonnant de sa part. Elettra Stamboulis, scenariste et experte en art est italo-grecque ; Gianluca Constantini est dessinateur de BD italien. Tous deux font preuve d'un engagement certain et mettent leur art et leur talent au service de leurs causes. On notera que la magnifique couverture est de Ai Weiwei.
C'est donc au travers du zodiaque chinois que nous allons suivre les réflexions de cet artiste chinois. Ce qui nous donne douze chapitres où chaque anima donnera lieu aux réflexions de l'auteur, partant de son quotidien avec son fils ou des rencontres avec ses quelques amis en Chine, ou remontant le temps pour nous narrer sa jeunesse ou celle de ses parents. Son père poète mis au ban par Mao lui a d'une certaine façon montré la voie qu'il perpétue. C'est cette réflexion sur la force de l'art contre l'hégémonie d'un système qui est intéressante ; la liberté, surtout d'expression, dérange les dictatures. A travers son parcours, on découvre donc cette quête de soi et de liberté intimement liés qui l'ont conduit aux quatre coins du monde, mais aussi aux pires geôles chinoises.
Le trait fin et réaliste de Gianluca Constantini surprend au début, mais il est des plus efficace et expressif pour passer aussi bien d'une scène du quotidien au figures légendaires du folklore chinois.
Au final, un très bel album pour les curieux de l'artiste et ceux aiment réfléchir sur la force de l'art et la liberté d'expression. Et pour ça, Ai Weiwei ne nous déçoit pas ! (Je vous renvoie à la dernière case de l'album ;) )
Décidément, Christian Paty nous régale avec ses animaux ! Après la bonne série Le Pré derrière l'église et Uluru qu'il avait réalisé avec Didier Crisse au scénario, il se lance en solo pour ce dernier album qui se déroule dans le grand Nord.
C'est dans ce décor glaciaire (qui nous change de la chaleur torride de l'Australie -voir Uluru) que nous allons suivre le parcours initiatique de Renn, un jeune ours blanc adopté par une harde de rennes... Ne cherchons pas de rationalité dans cette adoption, et pour ceux qui tiqueraient, vous n'avez pourtant rien dit quand tout ce beau petit monde parlait ;) . Renn grandit donc dans cette nouvelle famille et se lie d'amitié avec le jeune Renne Solveig. C'est au cours de l'une de leurs escapades qu'ils trouvent un crâne d'ours dont Renn se pare, sans réussir à le retirer par la suite. La vieille shamane de la harde voit dans cet objet une relique sacré qui ferait de Renn un élu ! Dans le même temps, une jeune renne est retrouvé égorgé et Renn s'en retrouve accusé et banni du clan. Il entame donc un long voyage qui lui révèlera bien des secrets...
C'est toujours un plaisir de retrouver les bouilles si expressives des animaux croqués par Christian Pati. Ses chèvres et autres moutons de la série Le Pré derrière l'église m'avaient déjà beaucoup fait marrer, on les retrouves par la bande avec ce clan de rennes tout aussi truculents. Mais d'autres animaux inattendus s'invitent aussi à la fête, comme cette bande de singes japonais qui est un vrai régal !
On retrouve aussi avec plaisir cette touche mystique et shamanique qui s'invite dans ses histoires ; c'est fait de belle manière et intelligemment, apportant profondeur au récit et lui permettant des scènes graphiques impressionnantes.
Bref, encore un très bon tome, tout en humour et en aventure ; un album qui ravira aussi bien petits et grands lecteurs !
C'est après ma lecture que je découvre que cet album fait parti de la sélection du prochain festival d'Angoulême. Et je valide ! Voilà une BD originale au charme certain et aux formidables ambiances.
Une météorite fonce bille en tête vers la Terre, mais loin des scénario catastrophe des blockbusters US, c'est sur le quotidien d'une poignée de personnages liés par leur proximité de vie (une ville dont on ne sait pas grand chose ni où elle se situe) que va focaliser notre duo d'auteurs. Bienvenue dans la "vraie vie" ! Que ce soient les problèmes d'ados, la pénibilité au travail en tant qu'aide soignante auprès de petits vieux plus ou moins aigris et désobligeants, le train-train managérial d'une bande d'employés dans une grande enseigne genre Ikea ou la vie singulière d'un simple d'esprit, on se retrouve bien loin des impératifs qu'une catastrophe annoncée aurait pu mettre sur le devant de la scène.
Pour autant, ces tranches de vies qui s’interpénètrent nous accrochent ; on rentre dans ces vies chaotiques un peu par effraction, et on s'y complet, on est bien avec cette brochette de bras-cassés. L'ambiance sombre et hivernale qui se rajoute à la catastrophe annoncée contraste singulièrement avec la bienveillance qui se dégage de ces destins croisés. Le dessin de Tommy Redolfi est pour ça d'une redoutable efficacité, à l'aune de ses découpages parfois très aérés qui viennent casser le rythme d'un gaufrier 6x6 de ce format à l'italienne ; ça apporte une petite touche de poésie et de mélancolie qui conforte à merveille l'ambiance générale qui se dégage de cet album.
Une très belle découverte, qui conforte le talent de Tommy Redolfi que j'avais découvert d'ailleurs à Angoulême avec l'album Holy Wood - Portrait fantasmé de Marilyn Monroe.
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Holly Ann
J'ai vraiment apprécié. On reprend des thèmes certes classiques, mais avec une façon de les mélanger par petites touches, sans en faire jamais trop, en utilisant la Nouvelle-Orléans comme toile de fond mais pas pour dominer l'histoire, ce qui change agréablement.
Musée
3.5 Les albums de commande sur les musées se succèdent et hormis des exceptions cela a jusqu'à présent surtout donné des albums à l'intérêt limité. J'avais un peu peur au début que ça soit le cas avec cet album parce que c'est muet pendant un bon paquet de pages, où on voit des gens se promener dans le musée et admirer les œuvres d'arts. Le dessin de Chabouté est bon et il reproduit bien les statues, mais c'est quand même léger comme scénario et j'ai cru que cela allait être comme ça tout le long de l'album. Heureusement, le dialogue arrive enfin et on voit enfin où l'auteur voulait en venir. Faire bouger les œuvres d'art la nuit n'est pas une idée nouvelle, mais Chabouté l'utilise très bien. Petit à petit, le récit a fini par me conquérir. Les dialogues sont bien écrits avec des moments poétiques et les œuvres d'art ont chacune leur personnalité propre. À lire pour les amateurs d'arts.
Les Vieux Fourneaux
Bon j’ai 68 ans, je n’ai lu que les 2 premiers empruntés à la bibliothèque communale d’Etterbeek et j’adore. Je souris avec beaucoup de plaisir et j’ai hâte d’aller emprunter les bd suivantes. Plein de clins d’œil sympas aussi bien du passé que du présent. Le dessin caricatural faut aimer, mais je m’y suis habituée. L’humour j’aime vraiment bien.... Le dessin d’ambiance est précis et reflète vraiment les décors d’une époque, celle de ma jeunesse...
Ô vous, frères humains
D’Albert Cohen, je n’ai lu que « Belle du seigneur » (que j’avais plutôt aimé, malgré certaines longueurs). Je découvre cet autre texte, du moins dans la version sans doute personnelle et un tant soit peu « raccourcie » de Luz. C’est en tout cas une lecture agréable et fluide. Luz, avec une économie de moyens – l’album est quasiment muet – réussit à faire passer énormément d’émotions, et le message de stupeur, de douleur et de tolérance de Cohen est ici bien retranscrit. Nous suivons donc un gamin (le jeune Cohen d’une dizaine d’années) qui, se baladant dans la rue, est pris à parti par un bonimenteur, qui le repousse avec mépris en le traitant de sale youpin. La suite n’est qu’une fuite éperdue du gosse, cherchant à comprendre ce qu’il est en tant que juif, ce qu’il est pour qu’on le traite comme un « méchant ». Douleur et incompréhension poursuivent le gamin, qui n’arrive pas à se faire au rejet subi pour une raison absurde. L’album se conclut par des extraits du livre de Cohen, un texte ciselé dénonçant – en tentant de le désamorcer – l’antisémitisme et plus généralement la haine de l’autre du fait de ses prétendues différences. Cohen faisant appel à la fraternité humaine (le texte a été écrit dans un premier jet en 1945, ce qui lui donnait une résonance encore plus forte). Le dessin de Luz est ici un peu minimaliste, proche du dessin de presse (ou de Sempé, ou Reiser). Mais il parvient à faire passer tous les sentiments du gamin, et le message de Cohen efficacement. C’est un album très vite lu, mais qui est vraiment réussi. A l’heure ou les différents racisme (et pas forcément uniquement l’antisémitisme) refleurissent de plus belle, voilà un texte et un album qui mériteraient d’être davantage lus.
L'Ascension du Haut Mal
Waouh ! Voilà un album un peu – beaucoup – oppressant, prenant, dans lequel on entre et qu’on traverse en apnée. Au sortir, des étoiles nous sortent des yeux et les mots sont de toutes les couleurs. J’ai lu l’intégrale de la série d’une traite, captivé par le fond et la forme de ce récit exigeant. Exigeant pour le lecteur, car c’est dense. Mais c’est aussi l’exigence de l’auteur qui saute aux yeux. En effet, David B. ne cède à aucune facilité, ne s’accorde aucun passe-droit, pour raconter sa vie, et la maladie de son frère, autour de laquelle elle va grandement s’articuler. Un récit sans doute cathartique, dans lequel l’auteur ne cache pas ses errances, la violence et/ou la bêtise de certaines de ses actions ou réactions – vis-à-vis de son frère entre autres. Cette mise à nu révèle un être écorché. Mais c’est aussi la genèse d’un auteur, de ses sources d’inspiration, qu’il nous est donné de voir, et cet aspect est aussi captivant. Une autobiographie sans concession, où la famille Beauchard se perd dans une quête désespérée de solutions, testant à peu près tout ce que les médecines diverses, les élucubrations et utopies variées, peuvent proposer : gourous, charlatans, médecins plus ou moins inspirés et à l’écoute ont été consultés. Certains épisodes ont un côté humoristique involontaire, mais malgré les tâtonnements, les erreurs, les incompréhensions, l’amour transparait. Mais l’ascension du Haut Mal se poursuit néanmoins. David B. réussit à garder une certaine pudeur, tout en ne cachant pas grand-chose de ses pensées – y compris lorsqu’elles sont malsaines. C’est une grande réussite du genre. Et les amateurs de l’auteur – dont je suis – y trouveront aussi les clés de son univers créatif. Je finis par ce qui fait aussi la valeur de cette œuvre, le dessin. La maîtrise du Noir et Blanc, avec un trait gras caractéristique. Un dessin parfois stylisé, avec des cases souvent chargées. C’est aussi un plaisir des yeux. Une œuvre très personnelle, mais pas hermétique. Une grande et belle œuvre.
Sarkozy Kadhafi - Des billets et des bombes
Cette BD est le genre d'excellent documentaire dont je raffole. Loin de nous perdre dans les méandres de la complexité du jeu politique, elle arrive à faire ressortir toute l'ampleur du dossier du financement libyen de Sarkozy. Une affaire si pourrie et si complexe que personne ne semble avoir encore osée l'adapter en série, d'ailleurs ... La BD est complexe, puisqu'il faut s'accrocher pour suivre les différents protagonistes de l'affaire (même si une partie des têtes est assez connu des français), mais qui arrive à naviguer avec la voix off pour expliquer les différents tenants et aboutissants de l'affaire. En la lisant, on se rend vite compte que la question du financement de la campagne n'est qu'une petite partie de l'affaire, l'autre étant la guerre en Libye, une salle guerre (y en a-t-il seulement eu des propres ?) qui a brisé un pays et plongé cette partie du monde dans un marasme qui fait encore écho aujourd'hui ... Lors de la lecture, il est difficile de ne pas s'énerver contre cette accumulation de preuves apportées (lettres, échanges, conversations, relevés de banques ...) qui témoignent de l'ampleur de ce financement et laissent la porte ouverte à tout ce qui n'est pas connu. Et surtout, l'impunité de ces hommes politiques qui échangent des valises de billet comme on échange des cartes pokémon, le tout en jouant la vie des Libyens, l'amitié des dictateurs et le jeu des entreprises qui pillent l'Afrique. C'est horrible de voir l'échange avec Sarkozy lorsque ce dernier interdit à l'Union Africaine de venir régler les soucis en Libye, la France faisant encore une fois office de gardien de SON Afrique, pourvoyeuse de richesse. La BD est une excellente introduction à cette affaire dont les relents de pourriture sont encore si fort aujourd'hui. Elle énerve, elle donne envie de dire "tous pourris" ou de s'engager encore plus violemment en politique. Une BD que je recommande fortement.
Oscar et la dame rose
Beaucoup pensent que la BD n’est juste qu’une distraction, mais en réalité c’est beaucoup plus que cela, on apprend dans divers domaines, on s’évade, on se questionne, et on ressent des émotions à la lecture. Oscar et la dame rose m’a particulièrement touché ; c’est beau, bien raconté, bien dessiné. Pas de mièvrerie, le ton est juste. Je ne connaissais pas l’auteur original mais peu importe, je ne vois pas ce que le roman pourrait m’apporter de plus. L’émotion est grandissante à la lecture même si on devine la fin, on est complètement pris par les personnages si attachants. En tout cas la collaboration entre scénariste et dessinatrice fonctionne bien. Un très bon moment de lecture.
Zodiaque (Weiwei)
Je ne savais pas trop à quoi m'attendre en attaquant la lecture de cet album, j'étais juste curieux d'en découvrir un peu plus sur cette légende de l'art contemporain chinois que représente Ai Weiwei. Pour avoir suivi de études artistiques et philosophiques, la présentation de l'album ne pouvait pas être plus percutante pour titiller ma curiosité. Pour réaliser cet album, Ai Weiwei s'est entouré de deux auteurs engagés, ce qui n'est pas étonnant de sa part. Elettra Stamboulis, scenariste et experte en art est italo-grecque ; Gianluca Constantini est dessinateur de BD italien. Tous deux font preuve d'un engagement certain et mettent leur art et leur talent au service de leurs causes. On notera que la magnifique couverture est de Ai Weiwei. C'est donc au travers du zodiaque chinois que nous allons suivre les réflexions de cet artiste chinois. Ce qui nous donne douze chapitres où chaque anima donnera lieu aux réflexions de l'auteur, partant de son quotidien avec son fils ou des rencontres avec ses quelques amis en Chine, ou remontant le temps pour nous narrer sa jeunesse ou celle de ses parents. Son père poète mis au ban par Mao lui a d'une certaine façon montré la voie qu'il perpétue. C'est cette réflexion sur la force de l'art contre l'hégémonie d'un système qui est intéressante ; la liberté, surtout d'expression, dérange les dictatures. A travers son parcours, on découvre donc cette quête de soi et de liberté intimement liés qui l'ont conduit aux quatre coins du monde, mais aussi aux pires geôles chinoises. Le trait fin et réaliste de Gianluca Constantini surprend au début, mais il est des plus efficace et expressif pour passer aussi bien d'une scène du quotidien au figures légendaires du folklore chinois. Au final, un très bel album pour les curieux de l'artiste et ceux aiment réfléchir sur la force de l'art et la liberté d'expression. Et pour ça, Ai Weiwei ne nous déçoit pas ! (Je vous renvoie à la dernière case de l'album ;) )
Le Voyage de Renn
Décidément, Christian Paty nous régale avec ses animaux ! Après la bonne série Le Pré derrière l'église et Uluru qu'il avait réalisé avec Didier Crisse au scénario, il se lance en solo pour ce dernier album qui se déroule dans le grand Nord. C'est dans ce décor glaciaire (qui nous change de la chaleur torride de l'Australie -voir Uluru) que nous allons suivre le parcours initiatique de Renn, un jeune ours blanc adopté par une harde de rennes... Ne cherchons pas de rationalité dans cette adoption, et pour ceux qui tiqueraient, vous n'avez pourtant rien dit quand tout ce beau petit monde parlait ;) . Renn grandit donc dans cette nouvelle famille et se lie d'amitié avec le jeune Renne Solveig. C'est au cours de l'une de leurs escapades qu'ils trouvent un crâne d'ours dont Renn se pare, sans réussir à le retirer par la suite. La vieille shamane de la harde voit dans cet objet une relique sacré qui ferait de Renn un élu ! Dans le même temps, une jeune renne est retrouvé égorgé et Renn s'en retrouve accusé et banni du clan. Il entame donc un long voyage qui lui révèlera bien des secrets... C'est toujours un plaisir de retrouver les bouilles si expressives des animaux croqués par Christian Pati. Ses chèvres et autres moutons de la série Le Pré derrière l'église m'avaient déjà beaucoup fait marrer, on les retrouves par la bande avec ce clan de rennes tout aussi truculents. Mais d'autres animaux inattendus s'invitent aussi à la fête, comme cette bande de singes japonais qui est un vrai régal ! On retrouve aussi avec plaisir cette touche mystique et shamanique qui s'invite dans ses histoires ; c'est fait de belle manière et intelligemment, apportant profondeur au récit et lui permettant des scènes graphiques impressionnantes. Bref, encore un très bon tome, tout en humour et en aventure ; un album qui ravira aussi bien petits et grands lecteurs !
Les Météores
C'est après ma lecture que je découvre que cet album fait parti de la sélection du prochain festival d'Angoulême. Et je valide ! Voilà une BD originale au charme certain et aux formidables ambiances. Une météorite fonce bille en tête vers la Terre, mais loin des scénario catastrophe des blockbusters US, c'est sur le quotidien d'une poignée de personnages liés par leur proximité de vie (une ville dont on ne sait pas grand chose ni où elle se situe) que va focaliser notre duo d'auteurs. Bienvenue dans la "vraie vie" ! Que ce soient les problèmes d'ados, la pénibilité au travail en tant qu'aide soignante auprès de petits vieux plus ou moins aigris et désobligeants, le train-train managérial d'une bande d'employés dans une grande enseigne genre Ikea ou la vie singulière d'un simple d'esprit, on se retrouve bien loin des impératifs qu'une catastrophe annoncée aurait pu mettre sur le devant de la scène. Pour autant, ces tranches de vies qui s’interpénètrent nous accrochent ; on rentre dans ces vies chaotiques un peu par effraction, et on s'y complet, on est bien avec cette brochette de bras-cassés. L'ambiance sombre et hivernale qui se rajoute à la catastrophe annoncée contraste singulièrement avec la bienveillance qui se dégage de ces destins croisés. Le dessin de Tommy Redolfi est pour ça d'une redoutable efficacité, à l'aune de ses découpages parfois très aérés qui viennent casser le rythme d'un gaufrier 6x6 de ce format à l'italienne ; ça apporte une petite touche de poésie et de mélancolie qui conforte à merveille l'ambiance générale qui se dégage de cet album. Une très belle découverte, qui conforte le talent de Tommy Redolfi que j'avais découvert d'ailleurs à Angoulême avec l'album Holy Wood - Portrait fantasmé de Marilyn Monroe.