J’ai beaucoup aimé ce récit. Il s’en dégage beaucoup de vie alors que le sujet est marqué par de multiples décès. La destinée du fils de Rembrandt est en effet marquée par de nombreux épisodes dramatiques mais @Robin parvient à nous toucher sans tomber dans le pathos.
L’aspect historique est soigné. J’ai ainsi découvert de nombreuses facettes de la vie de Rembrandt que je ne connaissais pas. Et je pourrais élargir ce constat à la reconstitution de la ville d’Amsterdam au XVIIème siècle alors même que le dessin de l’auteur est des plus épurés (avec des petits airs de Sempé, je trouve).
Mais derrière cette dimension historique, ce qui m’aura surtout marqué, c’est cette histoire d’amour qui s’étire sur une longue période et qui résiste à bien des aléas. Il y avait tellement de raisons pour que Titus et Magdalena ne s’unissent jamais. Et pourtant, quelle belle histoire d’amour, marquée par les drames mais toujours portée par la vie !
A titre personnel, j’ai été emporté. Je me sens plus instruit et les personnages m’ont touché. Que demander de plus ?
Cet avis porte sur l’ensemble du diptyque Frenchmen/Pawnee. Je ne me vois en effet mal écrire deux avis chacun portant sur une moitié d’histoire alors que l’intérêt du récit réside dans l’homogénéité de son ensemble. En effet, Frenchmen s’arrête alors que deux des trois principaux protagonistes sont en mauvaise posture et Pawnee reprend sur des bases que ne peut justifier que l’évolution des personnages dans Frenchmen.
Ce diptyque est à mes yeux l’œuvre la plus réussie de Patrick Prugne. Le contexte historique est intéressant et sa grande connaissance du sujet nous donne le sentiment de lire une œuvre réaliste. Les personnages sont bien développés, avec un premier tome (Frenchmen, donc) qui nous les montre encore jeunes et inexpérimentés, puis marqués par leur découverte de ce nouveau monde et de sa beauté (du moins pour deux des personnages) mais aussi refroidis par la cruauté des hommes. La seconde moitié du récit nous permet de les retrouver quelques années plus tard. De la sorte, on peut mieux comprendre le cheminement des deux garçons et leur évolution, tout en s’engageant dans les pas de la troisième larronne qui, elle, découvre le continent américain.
C’est classique, bien foutu, avec quelques deus ex machina pas trop gênants (la manière dont ces personnages vont finir par se retrouver résulte quand même d’un hasard des plus heureux et des moins crédibles mais qu’importe) et une fin satisfaisante.
Au niveau du dessin, c’est tout simplement superbe. Les aquarelles de Patrick Prugne sont autant d’accroche-l-œil et certaines de ses illustrations ne feraient pas tâche dans un musée. Malgré la richesse du dessin, le récit demeure fluide et agréable à suivre, l’artiste ayant réussi à garder l’équilibre et la complémentarité entre les deux domaines (dessin et texte).
Un peu trop classique pour que je sois follement enthousiaste mais trop bien fait pour que je dise autre chose que « Franchement bien » (mais j’insiste, je juge ici le diptyque dans sa globalité).
Cet avis porte sur l’ensemble du diptyque Frenchmen/Pawnee. Je ne me vois en effet mal écrire deux avis chacun portant sur une moitié d’histoire alors que l’intérêt du récit réside dans l’homogénéité de son ensemble. En effet, Frenchmen s’arrête alors que deux des trois principaux protagonistes sont en mauvaise posture et Pawnee reprend sur des bases que ne peut justifier que l’évolution des personnages dans Frenchmen.
Ce diptyque est à mes yeux l’œuvre la plus réussie de Patrick Prugne. Le contexte historique est intéressant et sa grande connaissance du sujet nous donne le sentiment de lire une œuvre réaliste. Les personnages sont bien développés, avec un premier tome (Frenchmen, donc) qui nous les montre encore jeunes et inexpérimentés, puis marqués par leur découverte de ce nouveau monde et de sa beauté (du moins pour deux des personnages) mais aussi refroidis par la cruauté des hommes. La seconde moitié du récit nous permet de les retrouver quelques années plus tard. De la sorte, on peut mieux comprendre le cheminement des deux garçons et leur évolution, tout en s’engageant dans les pas de la troisième larronne qui, elle, découvre le continent américain.
C’est classique, bien foutu, avec quelques deus ex machina pas trop gênants (la manière dont ces personnages vont finir par se retrouver résulte quand même d’un hasard des plus heureux et des moins crédibles mais qu’importe) et une fin satisfaisante.
Au niveau du dessin, c’est tout simplement superbe. Les aquarelles de Patrick Prugne sont autant d’accroche-l-œil et certaines de ses illustrations ne feraient pas tâche dans un musée. Malgré la richesse du dessin, le récit demeure fluide et agréable à suivre, l’artiste ayant réussi à garder l’équilibre et la complémentarité entre les deux domaines (dessin et texte).
Un peu trop classique pour que je sois follement enthousiaste mais trop bien fait pour que je dise autre chose que « Franchement bien » (mais j’insiste, je juge ici le diptyque dans sa globalité).
S’il me faut faire un reproche à cet album, c’est au niveau du dessin. En effet, je trouve que Eric Powell dessine très mal les enfants. Ceux-ci se retrouvent affublés de têtes de vieillards.
Voilà… c’est tout pour les reproches. Le reste est juste excellent.
Le travail de reconstitution dégage une impression de sérieux mais aussi un sentiment de neutralité qui l’empêche de sombrer dans le sensationnalisme sans occulter le caractère sordide de l‘affaire.
Resituer l’affaire dans son époque permet de mieux comprendre son impact sur la culture américaine.
Le découpage en courts chapitres ne donne qu’une envie : lire le suivant.
Malgré sa forme de documentaire, le récit est dynamique et prenant.
A titre personnel, j’avais une vision d’Ed Gein principalement forgée par sa réinterprétation sous les traits de Norman Bates. J’ai donc appris plusieurs choses même si je n’ai pas été surpris par la majeure partie de ces révélations. Ce genre de personnage intrigue, dégoûte et fascine à la fois et le talent des auteurs est de faire coexister ces différents sentiments au travers d’une analyse à la fois clinique et humaine des faits.
Franchement, dans le domaine des biographies de serial killers en bd, cet album est sans doute ce que j’ai lu de mieux.
Ils ne nous trompent pas sur la marchandise, car, de fait, les auteurs ne nous proposent pas une biographie… mais nous invitent à découvrir le peintre au travers de ses œuvres, une balade pleine de fantaisie pour évoquer l’un des grands maîtres du surréalisme.
J’ai trouvé le procédé adéquat même si déstabilisant. Mine de rien, on apprend pas mal de chose sur René Magritte et certains liens entre l’artiste, son vécu et ses œuvres permettent de mieux comprendre ces dernières. Et pourtant, tout instructif qu’il soit, ce récit est un rêve éveillé dans lequel l’humour occupe une grande place. Du coup, la lecture est très ludique.
Côté dessin, l’hommage à Magritte est réussi. On croise au fil des planches un bon paquet de ses œuvres, dont les plus célèbres mais même hors de ces reproductions, le style de Thomas Campi est parfaitement en harmonie avec le genre surréaliste tel que pratiqué par Magritte.
Au final, j’ai trouvé ici un bel hommage à René Magritte réalisé par deux auteurs qui semblent réellement aimer le peintre. Franchement pas mal bien !
C’est le genre de couverture qui ne m’attire pas du tout. Trop symbolique, elle me laisse craindre un récit hermétique auquel il me serait impossible de m’accrocher.
Heureusement pour moi, cette lecture m’ayant été vivement conseillée, je me suis lancé… et dès les premières pages lues, j’ai su que ça allait me plaire. Echecs est une comédie romantique pur jus bâtie sur le principe du récit choral. Nous suivons ainsi plusieurs personnages qui vont se croiser, se rapprocher, s’éloigner voire ne jamais se rencontrer. Le lien entre eux : l’amour.
L’auteur, Victor Pinel, use de la symbolique du jeu d’échec pour cataloguer ses personnages. Nous trouvons ainsi des pions, des fous, des tours, des cavaliers, des reines et des rois. Cette profusion de personnages pourrait déboucher sur un récit confus dans lequel on ne sait plus trop qui est qui. Il n’en est pourtant rien. Certes, parfois, on se demande bien « mais c’est qui encore, celle-là ? » mais en règle générale, les personnages étant très bien typés, leurs univers étant bien différenciés, les histoires ont beau s’entrecouper, on ne s’emmêle pas les pinceaux.
Plusieurs histoires sont touchantes et le spectre est assez large. On n’évite pas certains clichés (le plus gros étant celui de l’acteur qui voudrait tout lâcher, retrouver l’anonymat et la simplicité de sentiments sincères) ni l’histoire du couple homosexuel (à titre personnel, je m’en fous un peu mais mes dernières lectures m’ont fait me demander s’il existait encore des histoires romantiques sans lien avec la communauté LGBTQ+) mais à côté de cela, certains couples sont plus originaux et, surtout, me parlent plus.
La conclusion est un peu trop insistante à mon goût et certaines « révélations » me semblaient tellement évidentes depuis bien longtemps qu’elles ne m’ont en rien surpris, mais je ne vais pas bouder mon plaisir. Il est en effet rare de tomber sur ce genre de comédie romantique sans sombrer dans les très gros clichés et, la majeure partie du temps, cet album y parvient. Franchement bien, donc, un album que je conseillerais sans hésitations à ceux qui ont aimé « Malgré tout » (le dessin de Victor Pinel n’est d’ailleurs pas sans rappeler celui de Jordi Lafebre, école espagnole oblige ?)
Encore un album que je n'aurais pas lu sans fréquenter BDtheque. Merci donc aux précédents aviseurs !
L’atmosphère est lourde dès les premières pages. On est plongé dans un village reculé des Ardennes, entre superstitions et secrets. Silence, un grand gaillard muet et simple d’esprit, y travaille pour Mauvy, un fermier dur et brutal. Il ne parle pas, il écrit sur une ardoise, avec des mots phonétiques maladroits qui trahissent une innocence presque enfantine. Son monde, c’est la forêt et les animaux, loin de la méchanceté des hommes. Mais tout ça tient à un fil.
Le dessin, en noir et blanc, porte tout. Chaque trait est pensé pour peser. La neige, les granges, les arbres… tout est dense, presque étouffant. Les ombres s’étirent, les paysages semblent vivants, comme un écho de ce qui couve sous la surface. Comès ne laisse rien au hasard. Même les cadrages, souvent serrés, nous gardent prisonniers de cette tension sourde.
L’histoire avance lentement, à la manière d’une tragédie inévitable. La Sorcière, aveugle mais terriblement lucide, apparaît comme une figure clé, pleine de mystère et de rancunes anciennes. Le village tout entier semble ligué contre quelque chose qu’on ne comprend pas tout de suite. La peur est partout. On cloue une chouette sur une porte, on consulte un sorcier pour un mal de ventre, on murmure plus qu’on ne parle.
Au cœur de tout ça, Silence reste un personnage attachant. Il traverse les drames sans toujours les comprendre, mais il en devient peu à peu le centre. Quand il découvre ce qu’il n’aurait jamais dû voir, tout bascule. Les révélations arrivent par petites touches, presque comme un poison qui se diffuse. Pas de grands éclats, mais une montée en puissance qui prend aux tripes. C'est vraiment bien amené.
Un récit dur, qui marque autant par ce qu’il montre que par ce qu’il laisse deviner. Pas besoin d’en faire trop : tout est là, dans le dessin, dans les silences, dans les non-dits. Une œuvre qui me restera clairement en tête et qui a toute sa place dans les immanquables BDTheque.
Ça c'est du punk dans l'âme, dans le corps et dans la musique ! J'ai vraiment aimé cette BD et arrivé à la moitié je savais que j'aimerai quelle que soit la fin.
La BD m'a beaucoup fait penser à Transmetropolitan dans l'âme : c'est une BD violente et sans concession qui brocarde l'Amérique catholique et ses valeurs pourries, tout en proposant une vraie réflexion sur la foi et sur ses problématiques. L'histoire aborde de nombreux sujets, que ce soit la téléréalité déviante, l'industrie du divertissement, la foi comme arme politique (surtout en Amérique), la violence sociétale, le punk et son message contestataire, le changement climatique (la BD date de 2013 quand même !) ... A travers la vie de Chris, alias le Jésus ressuscité, c’est tout une vision de l'Amérique qui est brocardée dans les grandes largeurs.
Le message est le cœur de la BD, qui se permet d'être parfois très simpliste sur d'autres choses. Les personnages obéissent à des archétypes, ainsi Slate est un grand patron de boite méchant (même si un dialogue le montre surtout comme un ultra-capitaliste qui espère faire profit de tout quitte à flinguer la vie d'autrui), Thomas est un Punisher au grand cœur qui doit remettre en question sa foi ... Mais en même temps, Gwen est une bonne représentation de jeune femme pas très éduquée, prête à faire quelque chose d'assez énorme pour un peu d'argent sans se rendre compte des conséquences. Sarah Epstein est la scientifique prête à vendre son âme au diable pour pouvoir faire ses recherches qui vont aider le monde (ici, c'est la lutte contre le réchauffement climatique qui est en jeu). Sous couvert de simplicité, chaque personnage est un archétype qui permet d'explorer une thématique que l'auteur ne se prive pas d'approfondir de façon parfois surprenante. J'ai été surpris que Slate sort du méchant caractériel pendant quelques pages pour devenir un type qui se pose des vrais questions. L'humain transparait derrière la caricature.
Je dis caricature et le terme n'est pas galvaudé. L'ensemble reste léger et simple dans sa narration : Thomas est trop fort pour tout ce qui est de la bagarre (gros muscles, engins puissants et gros pistolets), Sarah est une prix Nobel donc sait tout sur tout ... C'est un artifice que j'accepte puisque c'est un outil narratif pour le reste. De la même façon, et malgré l'amour de l'auteur pour le punk, je sens que ce style est choisi pour son opposition virulente au système capitaliste. Mais cette caricature n'est pas une facilité, et la fin volontairement violente met bien en lumière son propos, athéiste et sociétal : si on ne croit pas en Dieu, au Paradis et à l'Enfer, il ne reste plus que nous pour punir les salauds ...
Sous couvert d'une BD provocatrice, athée et nihiliste, "Punk rock Jesus" est un pamphlet contre le capitalisme, les industries du divertissement et toute forme de croyance religieuse. Il y a une histoire truculente qui sert d'exutoire à un auteur qui se lâche dans son commentaire, faisant de son héros Chris le véhicule de ses idées, et j'avoue que je les aime beaucoup.
C'est une BD qui se veut violente et iconoclaste, sans demi-mesure, et c'est parfait comme ça.
Tout d'abord, saluons la beauté de l'objet. La couverture est mystérieuse, mais ce qui frappe c'est l'impression qui a été réalisé sur la tranche de l'album et qui donne encore un peu plus un coté mystique à cet album. Celui-ci sera le théâtre d'un conte fantastique, les insomnies de Guerlain, le héros, seront rythmées par des phénomènes étranges, des corneilles, des bruits, des silhouettes... Il règne ici une ambiance ésotérique dans laquelle notre héros va devoir affronter les fantomes de son passé. Il s'installe avec son jeune fils dans un manoir dans lequel il a passé son enfance, mais assez bizarrement il 'en a aucun souvenir.
Il ne faut que quelques pages pour tomber sous le charme du coup de crayon de Gaëlle Geniller. Son trait est minutieux, simple et esthétique, les personnages ont des visages qui les rendent attachants dès le premier coup d'oeil. C'est donc un plaisir de rentrer dans cette histoire, de découvrir Guerlain et son fils. Rapidement il se passe des évènements un peu étrange, limite paranormaux. L'ambiance qui s'installe progressivement mêle rêveries, poésie et surnaturel. On ne sait pas trop ce qui se trame ni qui rode dans le manoir la nuit. Est ce qu'on va tomber sur un fantôme bien ou mal veillant ?
Ce sera le fil rouge de l'album, ça fonctionne bien, et on a envie de réponses mais ce huis clos tarde à livrer. Derrière cette histoire, il y a forcement une dimension personnelle que l'auteur à voulu exprimer ici, de manière assez originale. Un bel album, très plaisant à lire, ne serait est ce que pour son graphisme plein de bonne humeur, qui donne le sourire à lui tout seul.
Un jour, on a trente ans, et on se retrouve à contempler un paysage de jungle après avoir planté une jeep de location. Julia Wertz commence son récit ici. Mais pour comprendre ce moment de chaos, il faut remonter quelques années, quand elle décide de prendre le virage compliqué de la sobriété. On y retrouve tout ce qui fait la patte de Wertz : cet humour acerbe, ses punchlines désarmantes, et ce regard sans concession sur elle-même. Le chemin qu'elle raconte est loin d’être linéaire : des groupes de parole improbables, des rechutes, des relations bancales. Avec cette honnêteté brutale, Julia ne triche jamais, ni avec son lecteur, ni avec elle-même.
Le trait de Julia Wertz reste fidèle à son style : simple, direct, parfois un peu brut, mais il y a quelque chose de profondément authentique qui transparaît. Ce n’est pas pour le dessin qu’on est là, mais pour cette capacité à raconter, à captiver avec des moments du quotidien, à rendre les petits détails universels. Certes, les décors sont minimalistes et les dialogues parfois denses, mais cela sert le propos. On a l’impression d’être avec elle, dans son salon en désordre, à écouter une amie nous confier ce qu’elle a sur le cœur.
Ce qui rend cette lecture si forte, c’est l’équilibre qu’elle trouve entre humour et gravité. Elle ne cherche jamais à édulcorer son expérience, mais elle ne sombre pas non plus dans le pathos comme d'autres peuvent le faire. Au fil des pages, on rit, on s’émeut, on réfléchit. Sa capacité à transformer des moments difficiles en récits riches de sens est impressionnante. Elle offre une réflexion sincère sur l’addiction, les relations, et la manière dont on peut réapprendre à vivre.
On sort de cet album avec l’impression d’avoir partagé un moment unique. Une lecture qui touche par sa vérité, par cette manière si propre à Julia Wertz de raconter la vie sans masque, et par cette résilience qui s’en dégage. Un témoignage fort, qui fait réfléchir et qui, au passage, ne manque pas de nous faire sourire.
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Le Fils de Rembrandt
J’ai beaucoup aimé ce récit. Il s’en dégage beaucoup de vie alors que le sujet est marqué par de multiples décès. La destinée du fils de Rembrandt est en effet marquée par de nombreux épisodes dramatiques mais @Robin parvient à nous toucher sans tomber dans le pathos. L’aspect historique est soigné. J’ai ainsi découvert de nombreuses facettes de la vie de Rembrandt que je ne connaissais pas. Et je pourrais élargir ce constat à la reconstitution de la ville d’Amsterdam au XVIIème siècle alors même que le dessin de l’auteur est des plus épurés (avec des petits airs de Sempé, je trouve). Mais derrière cette dimension historique, ce qui m’aura surtout marqué, c’est cette histoire d’amour qui s’étire sur une longue période et qui résiste à bien des aléas. Il y avait tellement de raisons pour que Titus et Magdalena ne s’unissent jamais. Et pourtant, quelle belle histoire d’amour, marquée par les drames mais toujours portée par la vie ! A titre personnel, j’ai été emporté. Je me sens plus instruit et les personnages m’ont touché. Que demander de plus ?
Pawnee
Cet avis porte sur l’ensemble du diptyque Frenchmen/Pawnee. Je ne me vois en effet mal écrire deux avis chacun portant sur une moitié d’histoire alors que l’intérêt du récit réside dans l’homogénéité de son ensemble. En effet, Frenchmen s’arrête alors que deux des trois principaux protagonistes sont en mauvaise posture et Pawnee reprend sur des bases que ne peut justifier que l’évolution des personnages dans Frenchmen. Ce diptyque est à mes yeux l’œuvre la plus réussie de Patrick Prugne. Le contexte historique est intéressant et sa grande connaissance du sujet nous donne le sentiment de lire une œuvre réaliste. Les personnages sont bien développés, avec un premier tome (Frenchmen, donc) qui nous les montre encore jeunes et inexpérimentés, puis marqués par leur découverte de ce nouveau monde et de sa beauté (du moins pour deux des personnages) mais aussi refroidis par la cruauté des hommes. La seconde moitié du récit nous permet de les retrouver quelques années plus tard. De la sorte, on peut mieux comprendre le cheminement des deux garçons et leur évolution, tout en s’engageant dans les pas de la troisième larronne qui, elle, découvre le continent américain. C’est classique, bien foutu, avec quelques deus ex machina pas trop gênants (la manière dont ces personnages vont finir par se retrouver résulte quand même d’un hasard des plus heureux et des moins crédibles mais qu’importe) et une fin satisfaisante. Au niveau du dessin, c’est tout simplement superbe. Les aquarelles de Patrick Prugne sont autant d’accroche-l-œil et certaines de ses illustrations ne feraient pas tâche dans un musée. Malgré la richesse du dessin, le récit demeure fluide et agréable à suivre, l’artiste ayant réussi à garder l’équilibre et la complémentarité entre les deux domaines (dessin et texte). Un peu trop classique pour que je sois follement enthousiaste mais trop bien fait pour que je dise autre chose que « Franchement bien » (mais j’insiste, je juge ici le diptyque dans sa globalité).
Frenchman
Cet avis porte sur l’ensemble du diptyque Frenchmen/Pawnee. Je ne me vois en effet mal écrire deux avis chacun portant sur une moitié d’histoire alors que l’intérêt du récit réside dans l’homogénéité de son ensemble. En effet, Frenchmen s’arrête alors que deux des trois principaux protagonistes sont en mauvaise posture et Pawnee reprend sur des bases que ne peut justifier que l’évolution des personnages dans Frenchmen. Ce diptyque est à mes yeux l’œuvre la plus réussie de Patrick Prugne. Le contexte historique est intéressant et sa grande connaissance du sujet nous donne le sentiment de lire une œuvre réaliste. Les personnages sont bien développés, avec un premier tome (Frenchmen, donc) qui nous les montre encore jeunes et inexpérimentés, puis marqués par leur découverte de ce nouveau monde et de sa beauté (du moins pour deux des personnages) mais aussi refroidis par la cruauté des hommes. La seconde moitié du récit nous permet de les retrouver quelques années plus tard. De la sorte, on peut mieux comprendre le cheminement des deux garçons et leur évolution, tout en s’engageant dans les pas de la troisième larronne qui, elle, découvre le continent américain. C’est classique, bien foutu, avec quelques deus ex machina pas trop gênants (la manière dont ces personnages vont finir par se retrouver résulte quand même d’un hasard des plus heureux et des moins crédibles mais qu’importe) et une fin satisfaisante. Au niveau du dessin, c’est tout simplement superbe. Les aquarelles de Patrick Prugne sont autant d’accroche-l-œil et certaines de ses illustrations ne feraient pas tâche dans un musée. Malgré la richesse du dessin, le récit demeure fluide et agréable à suivre, l’artiste ayant réussi à garder l’équilibre et la complémentarité entre les deux domaines (dessin et texte). Un peu trop classique pour que je sois follement enthousiaste mais trop bien fait pour que je dise autre chose que « Franchement bien » (mais j’insiste, je juge ici le diptyque dans sa globalité).
Ed Gein - Autopsie d'un tueur en série
S’il me faut faire un reproche à cet album, c’est au niveau du dessin. En effet, je trouve que Eric Powell dessine très mal les enfants. Ceux-ci se retrouvent affublés de têtes de vieillards. Voilà… c’est tout pour les reproches. Le reste est juste excellent. Le travail de reconstitution dégage une impression de sérieux mais aussi un sentiment de neutralité qui l’empêche de sombrer dans le sensationnalisme sans occulter le caractère sordide de l‘affaire. Resituer l’affaire dans son époque permet de mieux comprendre son impact sur la culture américaine. Le découpage en courts chapitres ne donne qu’une envie : lire le suivant. Malgré sa forme de documentaire, le récit est dynamique et prenant. A titre personnel, j’avais une vision d’Ed Gein principalement forgée par sa réinterprétation sous les traits de Norman Bates. J’ai donc appris plusieurs choses même si je n’ai pas été surpris par la majeure partie de ces révélations. Ce genre de personnage intrigue, dégoûte et fascine à la fois et le talent des auteurs est de faire coexister ces différents sentiments au travers d’une analyse à la fois clinique et humaine des faits. Franchement, dans le domaine des biographies de serial killers en bd, cet album est sans doute ce que j’ai lu de mieux.
Magritte - Ceci n'est pas une biographie
Ils ne nous trompent pas sur la marchandise, car, de fait, les auteurs ne nous proposent pas une biographie… mais nous invitent à découvrir le peintre au travers de ses œuvres, une balade pleine de fantaisie pour évoquer l’un des grands maîtres du surréalisme. J’ai trouvé le procédé adéquat même si déstabilisant. Mine de rien, on apprend pas mal de chose sur René Magritte et certains liens entre l’artiste, son vécu et ses œuvres permettent de mieux comprendre ces dernières. Et pourtant, tout instructif qu’il soit, ce récit est un rêve éveillé dans lequel l’humour occupe une grande place. Du coup, la lecture est très ludique. Côté dessin, l’hommage à Magritte est réussi. On croise au fil des planches un bon paquet de ses œuvres, dont les plus célèbres mais même hors de ces reproductions, le style de Thomas Campi est parfaitement en harmonie avec le genre surréaliste tel que pratiqué par Magritte. Au final, j’ai trouvé ici un bel hommage à René Magritte réalisé par deux auteurs qui semblent réellement aimer le peintre. Franchement pas mal bien !
Échecs
C’est le genre de couverture qui ne m’attire pas du tout. Trop symbolique, elle me laisse craindre un récit hermétique auquel il me serait impossible de m’accrocher. Heureusement pour moi, cette lecture m’ayant été vivement conseillée, je me suis lancé… et dès les premières pages lues, j’ai su que ça allait me plaire. Echecs est une comédie romantique pur jus bâtie sur le principe du récit choral. Nous suivons ainsi plusieurs personnages qui vont se croiser, se rapprocher, s’éloigner voire ne jamais se rencontrer. Le lien entre eux : l’amour. L’auteur, Victor Pinel, use de la symbolique du jeu d’échec pour cataloguer ses personnages. Nous trouvons ainsi des pions, des fous, des tours, des cavaliers, des reines et des rois. Cette profusion de personnages pourrait déboucher sur un récit confus dans lequel on ne sait plus trop qui est qui. Il n’en est pourtant rien. Certes, parfois, on se demande bien « mais c’est qui encore, celle-là ? » mais en règle générale, les personnages étant très bien typés, leurs univers étant bien différenciés, les histoires ont beau s’entrecouper, on ne s’emmêle pas les pinceaux. Plusieurs histoires sont touchantes et le spectre est assez large. On n’évite pas certains clichés (le plus gros étant celui de l’acteur qui voudrait tout lâcher, retrouver l’anonymat et la simplicité de sentiments sincères) ni l’histoire du couple homosexuel (à titre personnel, je m’en fous un peu mais mes dernières lectures m’ont fait me demander s’il existait encore des histoires romantiques sans lien avec la communauté LGBTQ+) mais à côté de cela, certains couples sont plus originaux et, surtout, me parlent plus. La conclusion est un peu trop insistante à mon goût et certaines « révélations » me semblaient tellement évidentes depuis bien longtemps qu’elles ne m’ont en rien surpris, mais je ne vais pas bouder mon plaisir. Il est en effet rare de tomber sur ce genre de comédie romantique sans sombrer dans les très gros clichés et, la majeure partie du temps, cet album y parvient. Franchement bien, donc, un album que je conseillerais sans hésitations à ceux qui ont aimé « Malgré tout » (le dessin de Victor Pinel n’est d’ailleurs pas sans rappeler celui de Jordi Lafebre, école espagnole oblige ?)
Silence
Encore un album que je n'aurais pas lu sans fréquenter BDtheque. Merci donc aux précédents aviseurs ! L’atmosphère est lourde dès les premières pages. On est plongé dans un village reculé des Ardennes, entre superstitions et secrets. Silence, un grand gaillard muet et simple d’esprit, y travaille pour Mauvy, un fermier dur et brutal. Il ne parle pas, il écrit sur une ardoise, avec des mots phonétiques maladroits qui trahissent une innocence presque enfantine. Son monde, c’est la forêt et les animaux, loin de la méchanceté des hommes. Mais tout ça tient à un fil. Le dessin, en noir et blanc, porte tout. Chaque trait est pensé pour peser. La neige, les granges, les arbres… tout est dense, presque étouffant. Les ombres s’étirent, les paysages semblent vivants, comme un écho de ce qui couve sous la surface. Comès ne laisse rien au hasard. Même les cadrages, souvent serrés, nous gardent prisonniers de cette tension sourde. L’histoire avance lentement, à la manière d’une tragédie inévitable. La Sorcière, aveugle mais terriblement lucide, apparaît comme une figure clé, pleine de mystère et de rancunes anciennes. Le village tout entier semble ligué contre quelque chose qu’on ne comprend pas tout de suite. La peur est partout. On cloue une chouette sur une porte, on consulte un sorcier pour un mal de ventre, on murmure plus qu’on ne parle. Au cœur de tout ça, Silence reste un personnage attachant. Il traverse les drames sans toujours les comprendre, mais il en devient peu à peu le centre. Quand il découvre ce qu’il n’aurait jamais dû voir, tout bascule. Les révélations arrivent par petites touches, presque comme un poison qui se diffuse. Pas de grands éclats, mais une montée en puissance qui prend aux tripes. C'est vraiment bien amené. Un récit dur, qui marque autant par ce qu’il montre que par ce qu’il laisse deviner. Pas besoin d’en faire trop : tout est là, dans le dessin, dans les silences, dans les non-dits. Une œuvre qui me restera clairement en tête et qui a toute sa place dans les immanquables BDTheque.
Punk rock Jesus
Ça c'est du punk dans l'âme, dans le corps et dans la musique ! J'ai vraiment aimé cette BD et arrivé à la moitié je savais que j'aimerai quelle que soit la fin. La BD m'a beaucoup fait penser à Transmetropolitan dans l'âme : c'est une BD violente et sans concession qui brocarde l'Amérique catholique et ses valeurs pourries, tout en proposant une vraie réflexion sur la foi et sur ses problématiques. L'histoire aborde de nombreux sujets, que ce soit la téléréalité déviante, l'industrie du divertissement, la foi comme arme politique (surtout en Amérique), la violence sociétale, le punk et son message contestataire, le changement climatique (la BD date de 2013 quand même !) ... A travers la vie de Chris, alias le Jésus ressuscité, c’est tout une vision de l'Amérique qui est brocardée dans les grandes largeurs. Le message est le cœur de la BD, qui se permet d'être parfois très simpliste sur d'autres choses. Les personnages obéissent à des archétypes, ainsi Slate est un grand patron de boite méchant (même si un dialogue le montre surtout comme un ultra-capitaliste qui espère faire profit de tout quitte à flinguer la vie d'autrui), Thomas est un Punisher au grand cœur qui doit remettre en question sa foi ... Mais en même temps, Gwen est une bonne représentation de jeune femme pas très éduquée, prête à faire quelque chose d'assez énorme pour un peu d'argent sans se rendre compte des conséquences. Sarah Epstein est la scientifique prête à vendre son âme au diable pour pouvoir faire ses recherches qui vont aider le monde (ici, c'est la lutte contre le réchauffement climatique qui est en jeu). Sous couvert de simplicité, chaque personnage est un archétype qui permet d'explorer une thématique que l'auteur ne se prive pas d'approfondir de façon parfois surprenante. J'ai été surpris que Slate sort du méchant caractériel pendant quelques pages pour devenir un type qui se pose des vrais questions. L'humain transparait derrière la caricature. Je dis caricature et le terme n'est pas galvaudé. L'ensemble reste léger et simple dans sa narration : Thomas est trop fort pour tout ce qui est de la bagarre (gros muscles, engins puissants et gros pistolets), Sarah est une prix Nobel donc sait tout sur tout ... C'est un artifice que j'accepte puisque c'est un outil narratif pour le reste. De la même façon, et malgré l'amour de l'auteur pour le punk, je sens que ce style est choisi pour son opposition virulente au système capitaliste. Mais cette caricature n'est pas une facilité, et la fin volontairement violente met bien en lumière son propos, athéiste et sociétal : si on ne croit pas en Dieu, au Paradis et à l'Enfer, il ne reste plus que nous pour punir les salauds ... Sous couvert d'une BD provocatrice, athée et nihiliste, "Punk rock Jesus" est un pamphlet contre le capitalisme, les industries du divertissement et toute forme de croyance religieuse. Il y a une histoire truculente qui sert d'exutoire à un auteur qui se lâche dans son commentaire, faisant de son héros Chris le véhicule de ses idées, et j'avoue que je les aime beaucoup. C'est une BD qui se veut violente et iconoclaste, sans demi-mesure, et c'est parfait comme ça.
Minuit Passé
Tout d'abord, saluons la beauté de l'objet. La couverture est mystérieuse, mais ce qui frappe c'est l'impression qui a été réalisé sur la tranche de l'album et qui donne encore un peu plus un coté mystique à cet album. Celui-ci sera le théâtre d'un conte fantastique, les insomnies de Guerlain, le héros, seront rythmées par des phénomènes étranges, des corneilles, des bruits, des silhouettes... Il règne ici une ambiance ésotérique dans laquelle notre héros va devoir affronter les fantomes de son passé. Il s'installe avec son jeune fils dans un manoir dans lequel il a passé son enfance, mais assez bizarrement il 'en a aucun souvenir. Il ne faut que quelques pages pour tomber sous le charme du coup de crayon de Gaëlle Geniller. Son trait est minutieux, simple et esthétique, les personnages ont des visages qui les rendent attachants dès le premier coup d'oeil. C'est donc un plaisir de rentrer dans cette histoire, de découvrir Guerlain et son fils. Rapidement il se passe des évènements un peu étrange, limite paranormaux. L'ambiance qui s'installe progressivement mêle rêveries, poésie et surnaturel. On ne sait pas trop ce qui se trame ni qui rode dans le manoir la nuit. Est ce qu'on va tomber sur un fantôme bien ou mal veillant ? Ce sera le fil rouge de l'album, ça fonctionne bien, et on a envie de réponses mais ce huis clos tarde à livrer. Derrière cette histoire, il y a forcement une dimension personnelle que l'auteur à voulu exprimer ici, de manière assez originale. Un bel album, très plaisant à lire, ne serait est ce que pour son graphisme plein de bonne humeur, qui donne le sourire à lui tout seul.
Les Imbuvables ou comment j'ai arrêté de boire
Un jour, on a trente ans, et on se retrouve à contempler un paysage de jungle après avoir planté une jeep de location. Julia Wertz commence son récit ici. Mais pour comprendre ce moment de chaos, il faut remonter quelques années, quand elle décide de prendre le virage compliqué de la sobriété. On y retrouve tout ce qui fait la patte de Wertz : cet humour acerbe, ses punchlines désarmantes, et ce regard sans concession sur elle-même. Le chemin qu'elle raconte est loin d’être linéaire : des groupes de parole improbables, des rechutes, des relations bancales. Avec cette honnêteté brutale, Julia ne triche jamais, ni avec son lecteur, ni avec elle-même. Le trait de Julia Wertz reste fidèle à son style : simple, direct, parfois un peu brut, mais il y a quelque chose de profondément authentique qui transparaît. Ce n’est pas pour le dessin qu’on est là, mais pour cette capacité à raconter, à captiver avec des moments du quotidien, à rendre les petits détails universels. Certes, les décors sont minimalistes et les dialogues parfois denses, mais cela sert le propos. On a l’impression d’être avec elle, dans son salon en désordre, à écouter une amie nous confier ce qu’elle a sur le cœur. Ce qui rend cette lecture si forte, c’est l’équilibre qu’elle trouve entre humour et gravité. Elle ne cherche jamais à édulcorer son expérience, mais elle ne sombre pas non plus dans le pathos comme d'autres peuvent le faire. Au fil des pages, on rit, on s’émeut, on réfléchit. Sa capacité à transformer des moments difficiles en récits riches de sens est impressionnante. Elle offre une réflexion sincère sur l’addiction, les relations, et la manière dont on peut réapprendre à vivre. On sort de cet album avec l’impression d’avoir partagé un moment unique. Une lecture qui touche par sa vérité, par cette manière si propre à Julia Wertz de raconter la vie sans masque, et par cette résilience qui s’en dégage. Un témoignage fort, qui fait réfléchir et qui, au passage, ne manque pas de nous faire sourire.