Les derniers avis (31170 avis)

Par Blue boy
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Le nirvana est ici
Le nirvana est ici

D’emblée, l’histoire démarre comme un thriller dont la tension ne se relâchera guère jusqu’à la fin. Mais ce qui renforce l’intérêt du livre, c’est la poésie et l’humour qui sont les autres ingrédients de ce récit très dynamique, abordant des thématiques sociales et sociétales très contemporaines, très universelles aussi, dans l’Allemagne des années 2020. A commencer par la question de l’immigration « clandestine », qui transforme les humains en marchandise, pris entre l’enclume des réseaux de passeurs ou de prostitution et le marteau des lois du pays de destination, de moins en moins accueillants. La narration est centrée sur cette adolescente, Tâm, dont les parents vietnamiens (qui ont évidemment pour patronyme Nguyen – prononcez « Nuit-hyène » !) sont arrivés dans cette banlieue de Berlin après avoir fui le communisme dans les années 70. Dotée d’une personnalité bien trempée, celle-ci va s’enticher de la jeune Hoa Binh, débarquant elle aussi du Vietnam mais recrutée sur place par des maquereaux professionnels, qui avaient pour but de la faire « travailler » en Occident… Après avoir réussi à fuir, Hoa Binh va devoir se cacher pour échapper à ses poursuivants, et sa chance sera de croiser la route de Tâm, qui se fera un devoir de la protéger, découvrant par la même occasion son attirance pour la jeune fille… Et c’est un autre point fort de l’album, une galerie de personnages très bien campés, parfois hauts en couleur, dont les routes vont se croiser à la faveur des événements. En contrepoint de Tâm, il y a Alex, le garçonnet blondinet et solitaire qui a pour marotte de faire voler son drone au milieu des barres hlm de son quartier. Celui-ci se réfugie souvent chez sa vieille copine Hella, une ancienne actrice forte en gueule qui survit dans sa cabane de jardin à l’aide de sa maigre retraite. Et puis il y a aussi Dennis, le frère aîné de Tâm, amateur de black metal un rien anémique, et Marina, la plus badass des ados du quartier, qui, en bonne dominatrice, a jeté son dévolu sur Dennis, donnant lieu aux scènes les plus hilarantes du livre. Oui, parce qu’on rit beaucoup aussi avec ce thriller captivant, qui n’oublie pas non plus de glisser des moments de tendresse et de poésie. Le trait vif de Mikael Ross n’y est pas pour rien, sachant d’adapter à toutes les situations. D’une tournure plus « manga » dans les scènes de course-poursuite, plus cartoon pour les passages humoristiques, et plus délicat pour les phases plus intimes, plus paisibles. On notera cette représentation du désir très pertinente par un rougeoiement auréolant la case entière lorsque Tâm se rapproche de Hoa Binh, une trouvaille simplissime et géniale, là où par un processus indicible et extrêmement touchant, l’amitié vire à l’amour passionnel… Cette seule touche de couleur justifie à elle seule le choix du noir et blanc, recentrant vers le registre amoureux une histoire qui aux yeux de certains aurait pu passer pour un simple thriller. Ode à l’amour autant qu’à la liberté, « Le nirvana est ici » s’impose comme une des meilleures surprises de ce début d’année. Je découvre avec cet album un auteur véritablement virtuose. L’Allemand Mikael Ross signe ici sa cinquième bande dessinée en tant que dessinateur, aux côtés du scénariste belge Nicolas Wouters (Les Pieds dans le Béton et Totem), et sa troisième en étant seul aux manettes (Apprendre à tomber et Ludwig et Beethoven). Non seulement on aura envie de découvrir voire redécouvrir ses précédentes productions, mais ce qui est certain, c’est qu’on ne va pas le lâcher comme ça ! Un coup de cœur, tout comme toi, frérot ;-)

31/03/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 4/5
Couverture de la série Sphères
Sphères

Cela commence au 23e siècle, dans le cadre d'un système solaire en voie de colonisation, avec un conflit larvé entre la Terre et ses colonies, décor rappelant celui de la série The Expanse, avec la promesse d'un contact extra-terrestre suite à l'apparition de trois mystérieuses sphères qui s'enfoncent sous la surface de Jupiter avant de n'en plus sortir. Puis c'est un saut supplémentaire de trois siècles dans le futur avec le réveil d'hibernation d'un colonel de l'armée obnubilé par ces sphères. Prenant le commandement de la petite station d'observation scientifique posée sur les glaces de lune Europe et de la communauté bigarrée qui la compose, il espère bien pouvoir les retrouver avec la technologie plus avancée de cette époque. C'est la promesse d'une série dans la lignée d'Universal War One qui m'a incité à acheter cette BD, et je n'ai pas été déçu. La narration de cette histoire prend son temps, à la manière d'un roman qui fouille autant son décor que ses personnages. Pour cela, on a droit à la description détaillée de ces derniers sur les pages de garde, décrivant leur origine, leurs ambitions et leur profil psychologique. C'est bien pratique pour éviter de perdre trop de temps en exposition de personnages au cours de la BD et cela permet de se focaliser sur une intrigue déjà suffisamment complexe. Car en un seul premier tome, on a déjà beaucoup de choses qui se mettent en place, une situation approfondie mêlant de nombreux protagonistes et éléments de décor, sans que cela se révèle indigeste. Situation futuriste héritée de la colonisation et des conflits du passé, une nouvelle religion monothéiste et un autre culte déjà dissident, une espère vivante découverte sur Europe, une drogue dont on verra qu'elle lui est liée, des traumatismes ou des ambitions scientifiques, militaires ou de carrière des uns et des autres, et bien sûr le mystère sur ces sphères extraterrestres dont presque tout le monde semble avoir oublié l'apparition des siècles plus tôt... Tous ces éléments d'histoire s'imbriquent pour former un récit plein de potentiel, raconté avec beaucoup de maturité et de sérieux. Et l'ensemble est mis en image avec un dessin d'excellente qualité qui se prête parfaitement au cadre de science-fiction. Bref, tout est impeccable pour un amateur de SF comme moi qui se réjouit de lire une histoire ambitieuse, crédible et prenante. Pourvu que la suite soit du même niveau !

31/03/2025 (modifier)
Par Blue boy
Note: 4/5
Couverture de la série Le Fantôme de l'Opéra (Brizzi)
Le Fantôme de l'Opéra (Brizzi)

Je l’avouerai tout de go, je n’ai jamais lu aucune œuvre de Gaston Leroux. Du « Fantôme de l’Opéra », devenu référence incontournable de la pop culture, je connais surtout la comédie rock flamboyante de Brian de Palma, « Phantom of the paradise ». Coutumiers des adaptations en bande dessinée, les frères Brizzi se sont emparés du roman avec un certain brio. L’histoire originale restant en elle-même assez simple, on peut affirmer sans trop se tromper que ce n’est pas à cet endroit que résidait le plus gros défi pour une adaptation. Et sur ce plan les auteurs semblent avoir respecté le scénario original dans sa linéarité, lequel raconte l’histoire d’un homme reclus dans les profondeurs du palais Garnier, dissimulant son visage monstrueux derrière un masque et amoureux d’une jeune cantatrice. La performance se situerait donc plutôt au niveau du dessin, et ici, force est de reconnaître que les jumeaux ont excellé. Leur style en crayonné noir et blanc est d’une beauté sans failles, parvenant à immerger le lecteur dans cette ambiance fin XIXe, nimbée de fantastique, alors que la littérature de l’époque assistait à l’éclosion du genre, notamment en France avec Guy de Maupassant ou Jules Verne, et dans les pays anglo-saxons avec H.G Wells, Mary Shelley, Bram Stocker, et bien sûr Edgar Allan Poe ou H.P. Lovecraft. Les cases se laissent admirer et s’apparentent à des tableaux lorsqu’elles s’épanouissent en pleine page. D’ailleurs, ne pourrait-on pas voir dans ce cheval blanc sortant de l’obscurité (p.98) une référence au « Cauchemar » de Füssli ? C’est avec un plaisir teinté d’effroi que l’on pénètre dans les coulisses obscures puis dans les caves profondes de ce palais Garnier magnifiquement représenté, avec un soin apporté aux détails, notamment pour l’architecture des lieux ou les sculptures baroques ornant la salle de spectacle. Tout cela est grandiose et juste bluffant. Au milieu de ces décors très réalistes, évoluent des personnages expressifs dont certains par leur aspect évoqueraient les caricatures d’Honoré Daumier, aux pifs protubérants et bedaines en avant… On ne s’attardera pas sur la consistance des protagonistes, mais à l’exception du personnage d’Erik le fantôme lui-même, qui se révèle le plus émouvant de l’histoire, on se moque un peu, il faut bien le dire, de savoir si leur profil correspond à l’œuvre originale, subjugués sommes-nous devant la splendeur graphique de l’objet. Si « Le Fantôme de l’Opéra » se veut un hommage à l’œuvre de Leroux (qui est aussi le récit touchant d’un amour impossible), c’est une réussite, tout au moins sur le plan du dessin — pour le reste, ceux qui ont lu l’œuvre originale seront mieux à même de juger, pour les autres, on a affaire à une lecture fluide et plaisante. Et si d’hommage il est question, cette adaptation en est incontestablement un, formidable, au célèbre bâtiment conçu par Charles Garnier.

29/03/2025 (modifier)
Par Cleck
Note: 4/5
Couverture de la série Sibylline - Chroniques d'une escort girl
Sibylline - Chroniques d'une escort girl

Une des BD "événement" de ce début d'année 2025. Un sujet fort, relativement tabou (la prostitution estudiantine occasionnelle) et le désir de l'évoquer avec délicatesse, sans jugement moral et sous un certain angle féministe. J'ai d'abord été conquis par les illustrations, mêlant magnifiquement encre et fusain en un tendre noir & blanc. Le trait rond séduit plutôt, le rythme est excellent, la mise en page réussie. Côté scénario, les développements féministes sont appréciés, même si discutables y compris d'un point de vue féministe ; je m'étonne par ailleurs que le rapport au corps et aux sentiments ne soit pas davantage travaillé (mon romantisme s'en accommode modérément), mais la BD ouvre déjà maintes thématiques pour lui reprocher le choix d'écarter celle-ci (néanmoins évidente selon moi). Enfin, la vision de la prostitution, longtemps "idyllique" ou paisiblement capitaliste, est heureusement bousculée par la rencontre finale apportant le nécessaire contre-point. Indiscutablement recommandable.

28/03/2025 (modifier)
Par Spooky
Note: 4/5
Couverture de la série Ça va aller, mademoiselle
Ça va aller, mademoiselle

Ce n'est pas la première fois qu'une BD parle d'hôpital psychiatrique. Sibylline, par exemple, en a parlé dans Sous l'entonnoir. Mais Blandine Denis, qui a elle aussi vécu un séjour de quelques jours dans ce type d'établissement, avait besoin d'en parler, elle qui était autrice de bande dessinée. Nous avons donc le récit de ce court séjour, sous forme d'instantanés, de discussions avec les autres patients et avec les soignants (mais assez peu dans cette catégorie), ainsi que quelques extraits d'introspection. Tout cela, avec le trait naïf, relâché de l'autrice, comporte de forts accents d'authenticité, de vérité, même si je soupçonne Blandine Denis d'avoir édulcoré certaines choses. Elle passe en revue de nombreux éléments, le côté Prison de l'HP, le rituel abrutissant des médicaments et des lieux limités, les discussions sans aucun enjeu...

28/03/2025 (modifier)
Par Cacal69
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Fantasy - Yourcenar / Alma
Fantasy - Yourcenar / Alma

Comme le titre l'indique, de la fantasy, mais avec une touche d'originalité. Un album qui dans son mode narratif me rappelle L'Orfèvre (Lozes) et Tremblez enfance Z46, mais une ressemblance toute relative, puisqu'ici pas besoin de retourner le bouquin ou plusieurs possibilités de compréhension. Donc, deux couvertures et deux sens de lecture. La première (Alma) se lit à l'européenne, tandis que la seconde (Yourcenar) se lit comme un manga. Les deux histoires se rejoignent en milieu d'album pour une fin identique, mais avec une vision différente suivant l'héroïne qui est au centre du récit. Vous pouvez commencer par l'une ou l'autre des histoires. Alma est une princesse qui a consacré sa jeunesse à un entraînement intensif. Elle est devenue une guerrière aguerrie et elle est enfin prête pour "la saignée". Un périple qui va l'emmener à la porte du royaume des dieux pour asseoir le pouvoir de la royauté. Yourcenar est une jeune géante et le rituel de passage chez l'oracle va bouleverser sa vie. Alors qu'elle pensait s'unir avec Tamarie, la prédiction de l'oracle est tout autre, elle va devoir attendre 1000 ans pour trouver l'amour. Deux récits distincts, l'un plutôt guerrier (Alma) et l'autre plus philosophique (Yourcenar) où la vengeance, l'amour, le sacrifice et le mensonge seront vos compagnons de voyage. Deux jeunes femmes au fort tempérament et dont les destins finiront par se croiser. Un album qui soulève beaucoup de questions et qui pousse à la réflexion, et la religion, le fait de vénérer des soi-disant dieux, sera le déclenchement de bien des malheurs (comme trop souvent hélas). Deux histoires complémentaires qui permettent de comprendre les positions des deux mondes. C'est brutal, touchant et ça reflète la part sombre de notre humanité pour un final qui réunira nos deux héroïnes pour l'éternité, mais pas dans un bel happy end. Laissez-vous surprendre. Le seul petit reproche, c'est parfois un peu trop verbeux, surtout Yourcenar, mais les nombreuses planches sans texte permettent de souffler et de repartir de plus belle. La partie graphique est grandiose. Un dessin expressif, créatif et immersif qui doit beaucoup aux choix des couleurs. Celles-ci sont magnifiques. Une mise en page qui en met plein les yeux, il y a d'ailleurs un effet miroir entre les deux récits. Superbe ! Encore un indispensable pour les aficionados de Fantasy après L'Île aux orcs. Et je vous invite à découvrir Bubble éditions. Coup de cœur.

28/03/2025 (modifier)
Par PAco
Note: 4/5
Couverture de la série Serial Killer Isekai
Serial Killer Isekai

En voilà une bonne surprise ! Avec cette nouvelle série, ça va grincer sévère (le petit avertissement "Pour public averti" n'est pas anodin...) et gicler aux entournures ! C'est en effet une sorte de Battle Royale entre serial killers que nous proposent Ichigo Hitotsubu (scénario) et Hiro (dessin). Un tueur en série finalement capturé et exécuté pensait en avoir fini avec cette vie de meurtres successifs, mais c'était sans compter sur une Déesse qui le réincarne dans un autre corps pour aller tuer 12 autres tueurs en série sur un nouveau monde. Et pour pimenter le tout, chaque autre réincarné dispose d'un talent particulier qui lui assure une certaine supériorité, vu que notre réincarné ne dispose que d'un catalogue présentant ses cibles et leurs talents respectifs... Heureusement, il est du genre malin... C'est très bien mené, les personnages sont intéressants et bien développés, le tout servi par un dessin fin et élégant qui conserve sa fluidité de lecture, même dans les scènes de combats. On se laisse donc vite embarquer par cette histoire et ce premier tome s'avale d'une traite ! Vivement la suite !

28/03/2025 (modifier)
Couverture de la série Catharsis
Catharsis

Comment survivre à l’impensable ? Au travers de courtes scènes souvent très intimes, Luz raconte comment il tente de surmonter son traumatisme suite à l’attentat de Charlie Hebdo, et de renouer avec son dessin. Ce dessin qui joue un rôle thérapeutique. Ce dessin qui l’accompagne dans sa reconstruction. Ce dessin d’une puissance incroyable, tant il parvient à retranscrire la noirceur, la sidération, l’angoisse, mais aussi l’amour et la vie qui reprennent le dessus. Ce qu’a vécu Luz est d’une telle violence qu’il me paraît utopique de vouloir comprendre ce qu’il a pu traverser suite à l’attentat (et qu’il doit encore traverser aujourd’hui, même dix ans après). Mais la force de cet album est justement de m’avoir donné le sentiment, le temps de ma lecture, de toucher du doigt sa détresse. Un album très poignant, dont la lecture continue de me marquer quelques semaines après.

28/03/2025 (modifier)
Par Alix
Note: 4/5
Couverture de la série La Première Couleur fut le Noir
La Première Couleur fut le Noir

La présence de cet album dans le catalogue de Mosquito surprend, cet éditeur publiant surtout des BDs d’aventure et d’action. Or, « La première couleur fut le noir » est une des autobiographies les plus noires que j’ai lues (et j’en ai lues beaucoup !). Anne-Sophie Servantie nous propose une (psych)analyse approfondie des évènements catastrophiques qui ont jonché sa vie, à commencer par deux formes de maltraitance infantile : l’endoctrinement religieux, sujet tabou dont on ne parle selon moi pas assez (on y viendra, j’en suis certain). Et surtout les abus sexuels perpétrés par un membre de sa famille pendant plusieurs années, la première fois alors qu’elle était âgée d’à peine 4 ans et demi (« oui enfin, presque 5 ans », comme lui rappelle sa maman). Elle aborde le manque de soutien de sa famille, sa colère, son désespoir, mais aussi sa survie, et son échappatoire principale, la peinture. Elle parle aussi de sa sclérose en plaque, se demande si « elle se serait déclenchée à cause de tout ça ». Puis l’album se termine sur un autre drame terrible, mais je n’en dirai pas plus pour ne pas spoiler l’effet de « surprise ». L’histoire est forcément larmoyante, l’autrice avoue même dans l’intro avoir « réalisé certaines planches en larmes ». La réalisation de l’album fut sans doute un processus cathartique et thérapeutique, mais la lecture reste assez ardue et minante pour le BDphile que je suis. Un album perturbant, qui m’a bouleversé, révolté, parfois mis mal à l’aise… en tout cas, j’admire l’honnêteté et le courage de l’autrice.

28/03/2025 (modifier)
Couverture de la série Centaures (Sumiyoshi)
Centaures (Sumiyoshi)

C'est par hasard que je suis tombée sur cette série dans les étagères de ma bibliothèque. Les dessins sur les tranches et sur les couvertures m'ont semblé très jolis et j'ai eu bien envie de voir de quoi il retournait. L'histoire se passe dans un Japon féodal où vivent principalement deux espèces : les centaures et les humains. Les premiers vivaient paisiblement dans leurs montagnes et leurs plaines, loin des humains, jusqu'à ce que ces derniers décident de venir sur les territoires centaures afin de les capturer et en faire des armes de guerre. Traqué-e-s, forcé-e-s à fuir et survivre pour éviter la mort sur les champs de batailles humains, les centaures n'ont plus beaucoup d'espoir. Quand Matsuzake, grand et fort centaure des montagne, se fait capturer par des humains, il fait la rencontre de Kohibari, un centaure des plaines amputé des deux bras qui va lui proposer un plan de fuite un peu fou. C'est une histoire de conflit entre deux espèces, de guerre, de cruauté, de survie, d'amour et d'espoir. Le récit se passe sur plusieurs époques. Les deux premiers albums nous racontent l'histoire et de la lutte de Matsuzake et de Kohibari en plein cœur du conflit avec les humains, les deux suivants se déroulent trente ans plus tard et nous racontent l'histoire de Gonta et Tanikaze qui quittent leur montagne pour voir si la cohabitation entre humain-e-s et centaures est possible, et les deux derniers reviennent dans le passé pour nous raconter la jeunesse de nos deux premiers protagonistes et enfin nous faire comprendre comment ils en sont arrivés là où nous les avons rencontrés. Le gros point fort de cette série est incontestablement son dessin. Les traits sont beaux, les mouvements vifs et toujours lisibles, l'encrage parvient toujours à donner de la profondeur aux ombrages et aux décors, iconisant également les personnages. C'est du bonbon pour les yeux. Je constate après recherche que l'autrice est également designer vidéoludique, notamment sur la saga Monster Hunter, et je ne suis pas très étonnée. Elle sait créer des chara-design convaincants et marquants avec peu de traits et de détails. Petits défauts tout de même, il en faut bien. La quasi-totalité des personnages féminins présentés dans cette série joue un rôle de love interest ou de poule pondeuse (pouliche pondeuse ?) pour un autre personnage masculin. Bon, chez certaines leur rôle ne se résume pas qu'à ça et elles parviennent à avoir suffisamment de personnalité et de motivations pour être de véritables personnages, mais trois/quatre d'entre elles ne jouent vraiment aucun autre rôle dans l'intrigue (sachant qu'il n'y a que huit personnages féminins en tout et que seuls quatre sont nommés). Une seule échappe à tout ça, ni romance ni marmot, je peux au moins me rassurer en disant qu'il y a une exception. Second défaut, spécifique à l'impression je dirais. En fait, la composition des images à l'impression, le découpage des cases et des phylactères, est à plusieurs reprises coupé trop court. On sent que la planche a été imprimée sur un papier plus petit et qu'une partie du haut a été coupée. Il y a plusieurs phylactères qui sont notamment coupés si bas qu'une partie de la première phrase est coupée. Rien de grave en soi, on arrive encore à lire, mais reconnaissons que c'est dommageable. La série reste très intéressante. Une lecture recommandée, ne serait-ce que pour les beaux dessins. (Note réelle 3,5)

28/03/2025 (modifier)