Les derniers avis (31172 avis)

Par Cacal69
Note: 4/5
Couverture de la série Archer & Armstrong (Barry Windsor-Smith)
Archer & Armstrong (Barry Windsor-Smith)

Ce pavé de 400 pages reprend les numéros 0 à 12 de la série Archer & Armstrong volume 1, ceux où Barry Windsor-Smith intervient. Une série publiée de 1992 à 1994 et n'ayant pas dépassé le numéro 27. Au début des années 90, Barry Windsor-Smith quitte Marvel, il ne se reconnaît plus dans ce qu'on lui propose de réaliser, il veut faire autre chose (Marvel lui a refusé la réalisation d'un projet sur Hulk, tant mieux pour nous, il peaufinera ce projet qui donnera des années plus tard Monstres, son chef-d’œuvre). Il va passer deux ans chez Valiant où il va collaborer sur plusieurs comics dont ce Archer & Armstrong avec l'aide de Jim Shooter et Bob Layton au scénario pour les deux premiers épisodes. Un pavé qui va vous trimballer dans les histoires foutraques d'un duo d'aventuriers, deux personnages aux tempéraments très différents. Archer est un jeune homme un peu naïf, après être passé par une expérience de mort imminente, il va se réfugier dans un monastère bouddhiste pour y apprendre les arts martiaux. Le bedonnant Armstrong est un immortel avec des superpouvoirs, il aime profiter de la vie, surtout des boissons alcoolisées. Il est considéré comme le diable par une conspiration religieuse (La Secte) qui n'a de cesse de vouloir l'éliminer. Un album qui se veut une parodie du genre super-héros, l'humour et les situations cocasses sont omniprésents. Un album aux nombreuses références à la pop culture, je vous invite à regarder la galerie. Un album qui fait voyager, on va partir pour un monde inconnu via un portail temporel, on va faire un petit tour au XVIIe siècle où l'œuvre d'Alexandre Dumas est revisitée et enfin un road Trip de l'Italie à l'Angleterre en passant par la France. Et pendant ces tribulations, on fera la connaissance d'une déesse grecque, d'un dinosaure en guise d'animal de compagnie et de personnages connus. L'humour et la dérision sont les moteurs de ce comics, sauf pour le passage sur la religion et ses prédateurs sexuels. Une lecture singulière, les dialogues font un peu datés, des facilités scénaristiques (choix assumés par BWS), les péripéties se suivent sans véritables liens (hormis la sacoche perdue d'Armstrong), mais j'ai pris plaisir à suivre notre ascète et notre sac à vin. A part les numéros 7 (Art Nichols) et 9 (Bernard Chang), c'est BWS qui est à la manœuvre pour le dessin et le résultat est dans l'ensemble de très bonne facture, malgré les différents encreurs. Ils n'écrasent pas les crayonnés du maître, on reconnaît son style inimitable. Sa mise en page est toujours d'une précision chirurgicale. Un ensemble harmonieux, mais le meilleur reste le numéro 0 où BWS réalise l'encrage. Pour ceux qui ont lu Freebooters, la ressemblance entre Armstrong et Axus est frappante. Je suis orphelin de la colorisation de BWS, celle de Maurice Fontenot est plus classique mais le résultat est vraiment pas mal. En cadeau, les couvertures VO de BWS avant chaque chapitre. Superbe. En marge d'Archer et Armstrong, en bonus les numéros 6 et 7 d'Éternal Warrior réalisés par BWS dans un univers plus violent. Très sympathique. Une œuvre surprenante. Barry Windsor-Smith est une mine d'or et ce comics une jolie pépite.

24/03/2025 (modifier)
Couverture de la série Islander
Islander

Premier épisode d'une trilogie dystopique qui nous emporte avec d'autres réfugiés climatiques jusqu'en Islande. Avec les dessins magnifiques de Corentin Rouge et un scénario post-apocalyptique signé Caryl Férey. On avait déjà bien aimé Sangoma, un polar en Afrique du Sud aux parfums exotiques de sorcellerie et nous retrouvons ici ce duo très efficace : Caryl Férey au scénario, Corentin Rouge au dessin. Les revoici avec Islander, premier tome (intitulé : L'exil) d'une trilogie. Dans un futur proche, l'Europe est à feu et à sang et les réfugiés affluent dans les ports pour gagner "les îles épargnées". Le port du Havre est un nouveau Calais où trop de migrants se pressent pour embarquer sur de trop rares bateaux et tenter de gagner l'Écosse, dernier refuge. Il y a là un homme âgé que l'on appelle le Prof, deux jeunes femmes (des sœurs semble-t-il) et Raph, un passeur. Un autre migrant mystérieux, sans passeport. Tout comme en Méditerranée aujourd'hui, la traversée ne sera pas de tout repos et tous n'arriveront pas ... en Islande. Une Islande curieusement séparée en deux avec, au nord, un état sécessionniste de Reykjavík. Pourquoi le prof voulait se rendre coûte que coûte en Islande ? Pourquoi cette île est-elle coupée en deux ? Et quel est donc ce mystérieux projet Islander ? Même si Reykjavík n'a rien à voir avec Le Cap, les échos sont nombreux avec Sangoma : magnifiques dessins, regard inquiétant sur la couverture de l'album, discussions houleuses au parlement, contexte sociopolitique à la base même de l'intrigue, liens complexes entre les personnages, histoires de famille au sombre passé, ... Après Sangoma, on retrouve avec beaucoup de plaisir les dessins très réalistes de Corentin Rouge qui flirtent parfois avec la précision photo. Les traits des visages et les regards sont esquissés avec une grande expressivité et une précision méticuleuse pour donner vie aux personnages. La mise en page est dynamique, du vrai cinéma, ce qui est idéal pour les thrillers de Caryl Férey. Mais Corentin Rouge ne se limite pas à des portraits serrés, il excelle également à capturer la splendeur des paysages islandais, nous offrant des fresques grandioses, certaines s'étalant sur deux pages. Côté scénario, ce premier volume nous laisse forcément un peu sur notre faim, c'est naturel : Caryl Férey met en place les décors et les bases de son histoire en trois épisodes et ce n'est que le premier. Il y a peu d'explications (elles viendront plus tard !) mais le contexte semble propice à une bonne histoire où plusieurs personnages aux passés mystérieux et aux liens complexes vont s'entrecroiser. On attend la suite avec impatience ! (Une suite qui n'est pas prévue pour cette année ... hélas). Et puis il y a ce contexte d'Europe dévastée, affamée (sans doute par des catastrophes climatiques), que fuient les migrants en quête de terres plus accueillantes : une inversion des rôles plutôt bien vue mais qui nous fait grimacer et nous oblige à ouvrir les yeux sur une réalité qui, même si aujourd'hui n'est pas "la nôtre", pourrait bien le devenir (morale : on est toujours le migrant de quelqu'un). [...] - Nous avons fermé nos frontières face à l'afflux de réfugiés européens. Mais des navires continuent d'arriver malgré nos lois !!! Les illégaux sont trop nombreux ! [...] Nous devons faire face à la grogne de nos administrés, qui se crispent sous la menace démographique des réfugiés. Il faut être drastiques !

24/03/2025 (modifier)
Par pol
Note: 4/5
Couverture de la série Hoka Hey !
Hoka Hey !

Voilà franchement un bel album que j'avais un peu loupé à sa sortie, mais les très bons avis ici m'ont permis de me rattraper. Ca commence par une superbe édition, l'objet, grand format, est très joli, nous avons un écrin vraiment qualitatif : couverture épaisse, papier de qualité. Ca continue à l'intérieur avec un dessin remarquable. Le trait est soigné et esthétique, les bouilles des personnages sont remarquables, à commencer par le jeune Georges qui attire la sympathie juste avec sa bonne tête. Décors et couleurs ne sont pas en reste, puisse que niveau ambiance c'est également la grande classe. On voyage dans les paysages ouest américain tout au long de l'album. Coté histoire c'est un western, un genre très codifié dans lequel il n'est pas facile d'être original et de se sortir du lot. Je ne sais pas si ce récit est original, en tout cas il réussi clairement à se démarquer. Les personnages sont attachants, il y a juste ce qu'il faut dans leur quête pour donner la curiosité de la suivre. Aller, il y a peut être quelques minis longueurs dans le 2e tiers. Mais surtout, il y a une intensité dramatique qui fonctionne à merveille. Ce petit Georges né indien, élevé comme un blanc est tiraillé entre les deux cultures. Sa soif de comprendre ses origines, sa volonté de se faire accepter par ses nouveaux compagnons d'infortune, et bien sur le danger ambiant qui guette la troupe. Autant d'éléments qui donnent un récit agréable, triste et surtout intense et dramatique à la fin. Un final qui m'a plutôt touché et qui fait de cette BD un grand cru.

24/03/2025 (modifier)
Par cac
Note: 4/5
Couverture de la série Moi, Fadi - Le Frère volé
Moi, Fadi - Le Frère volé

Dans la lignée de l'Arabe du futur, sa série phare, quoique ce n'est pas la seule, Riad Sattouf nous raconte un projet de longue date à coup sûr. Il s'agit ni plus ni moins que du rapt de son petit frère par son père syrien qui le déracine à sa vie bretonne un matin sur le trajet de l'école pour l'emporter au pays, contre l'avis de sa mère bien sûr. Dans ce premier tome, on voit très peu la France et la réaction familiale dont celle de Riad, un modèle pour son frère Fadi. Cela part vite vers la nouvelle vie en Syrie. Son père essaie de faire passer la pilule à Fadi en lui faisant des cadeaux notamment une game boy, ou équivalent, dont il rêve, mais le fait de ne pas parler arabe, la vie scolaire bien plus violente ou encore la nourriture sont un choc. Sans parler du manque de sa mère. Encore une fois l'auteur a un vrai talent de raconteur d'histoire, le rythme est bon et malgré la lourdeur du sujet il y a beaucoup d'humour, par exemple quand le père nourrit son fils qu'avec des oeufs durs ce qui manque un peu de diversité, j'étais plié de rire. Le père parait tout gentil et débonnaire mais il fait montre à plusieurs reprises d'accès de violence incroyables, notamment auprès d'un professeur violent ou sur un gamin qui pénètre dans sa propriété. Je ne sais pas combien de tomes sont prévus mais je suivrai.

23/03/2025 (modifier)
Par cac
Note: 4/5
Couverture de la série Ernestine
Ernestine

Ernestine est une petite fille de 9 ans qui se comporte comme une jeune adulte en fac de lettres, fumant et lisant des romans pas de son âge. Elle ne dit pas non au whisky et fait même une petite fugue à Cuba, ce qui n'inquiète a priori que sa mère et pas vraiment son père dilettante, artiste peintre, ni son frère ainé pas très futé. Le dessin fait enfantin, on pourrait le rapprocher de ce que propose Anouk Ricard. En tout cas ça ne paie pas de mine et l'intérieur est corrosif. Le ton est déjà donné dès qu'on tourne la couverture trouée (technique et gag semblable à Ducky Coco d'Anouk Ricard encore une fois - je ne dis pas qu'il y a copiage mais juste concomitance de similitudes, les 2 albums étant sortis à quelques semaines près). Je ne connaissais pas l'autrice a priori déjà rodée aux strips. Ici ce sont quelques chapitres de la vie d'Ernestine. Cela peut faire penser à la série Blaise aussi au niveau de l'humour.

23/03/2025 (modifier)
Couverture de la série Charly 9
Charly 9

Charly 9 est, en quelque sorte, la biographie du roi de France "éponyme" malheureusement connu pour être responsable du massacre de la Saint-Barthélemy, l'un des plus grands massacres de notre Histoire. Le récit se centre sur sa chute progressive dans la folie, les manigances de son entourage n'ayant pas hésité à le sacrifier et l'utiliser pour leurs basses besognes. Je n'ai pas lu le roman de Jean Teulé dont cet album est l'adaptation (tout ce que je connais de son style d'écriture, d'ailleurs, viens de Entrez dans la danse, le seul de ses romans que j'ai lu pour le moment), je ne pourrais donc pas m'exprimer sur les différences entre les deux supports. Je note tout de même deux/trois références au monde de la bande-dessinée dans les dessins, notamment Johan et Pirlouit et Lucky Luke. L'histoire est prenante, on ressent bien tout du long les séquelles de cet acte immonde sur la psyché de Charles IX et sur le Royaume de France. Le récit est dur, cruel, et étrangement drôle par moment, notamment grâce aux dialogues (que Jean Teulé sait si bien écrire). La scène d'ouverture avec l'augmentation progressive du nombre de victimes anticipées en est un bon exemple. L'œuvre est très bonne et c'est une lecture que je recommande sincèrement. J'avoue que la mise en scène aurait méritée quelques fois un peu plus de folie (même si les jeux sur les styles de dessins et l'utilisation magnifique du rouge à plusieurs reprises restent de très bonnes idées).

23/03/2025 (modifier)
Couverture de la série Lucien (Carayol/Sénégas)
Lucien (Carayol/Sénégas)

Un récit qui nous fait suivre Lucien, un grand dadais un peu simplet, un gros costaud pataud, souffre-douleur car différent et sans défense. Un être qui peine à s’exprimer, et donc à être compris – dans tous les sens du terme. Seul l’un des gamins qui persécutaient Lucien, lorsque celui-ci officiait comme balayeur, va passer outre l’étrangeté du bonhomme pour lui offrir son amitié. Même si Lucien n’en prendra connaissance – d’une belle façon – que bien plus tard. Trop tard et pour peu de temps hélas. Le récit, qui joue sur la fragilité des êtres, l’acceptation de la différence, l’exploitation des faiblesses des autres, et donc sur l’amitié, mêle passages quasi poétiques et beaucoup d’autres d’une grande violence (physique et psychologique) et d'une grande noirceur. C’est un récit poignant et terrible je trouve. Pour accompagner ce récit, le dessin de Sénégas se révèle parfaitement adéquat. En effet, le trait, simple et faussement brouillon, parfois usant de simples esquisses, est à la fois efficace et très bon. Très beau en tout cas. Certaines planches m’ont fait songer – malgré les différences de style – à certains albums récents de Larcenet (publiés chez Dargaud ou chez Les Rêveurs). Une belle et triste histoire dont le fond et la forme peuvent surprendre car rien n'est classique ici. Mais c'est une chouette lecture.

23/03/2025 (modifier)
Couverture de la série Adabana
Adabana

En trois tomes, Adabana propose un thriller psychologique intense où vérité et mensonge s’entremêlent. L’intrigue captivante, portée par un dessin sombre et expressif, nous plonge dans une enquête troublante sur la mémoire et la culpabilité. Chaque révélation bouleverse nos certitudes, rendant la lecture aussi prenante qu’inquiétante. Un récit court, mais marquant.

23/03/2025 (modifier)
Par Ludo
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Bellatrix
Bellatrix

Personnellement j’ai dévoré tous les albums du monde d’Aldebaran et ça a encore été le cas avec Bellatrix. J’apprécie particulièrement le bon mix entre aventure et une approche pas trop rapide permettant d’appréhender la profondeur des sentiments des protagonistes. De plus, l’auteur amène différentes réflexions / observations pouvant être prolongées par nos propres réflexions, voire un débat avec d’autres lecteurs. Léo parvient à renouveler les aventures des héroïnes et les mondes découverts, de sorte qu’on ne se lasse pas. Il est vrai que les thèmes de l’émancipation de la femme ou la présence de leaders religieux / conservateurs reviennent dans quasi chaque cycle. Mais ceci est plutôt cohérent et il semble logique qu’un peuple plus évolué scientifiquement soit aussi plus évolué sur ces points. De plus, ça reflète malheureusement l’évolution politique actuelle.

22/03/2025 (modifier)
Par Canarde
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Marcie
Marcie

Merci Grogro d'avoir attiré mon attention sur cet album qui était fait pour moi ! Cette femme d'âge moyen, (comme dans la chanson des Rita Mitsouko, et son prénom si proche de la fameuse Marcia Baila... il y a anguille sous roche...) qui essaye de devenir elle-même avec l'aide de sa fille et de son nouveau patron (lui aussi entre deux âges et encore un peu "pré-metoo"...) elle me va comme un gant. Dessin aquarellé confortable aussi, comme Cati Baur sait le faire (je l'avais repérée dans la tétralogie des 5 soeurs adaptée d'une série de romans jeunesse) : expressive et audacieuse dans les couleurs, mais sans chercher la perfection graphique : on se reconnaît dans son geste spontané. L'idée de transformer cette observation sociale en enquête parfaitement capilotractée, et cinotractée, (parce qu'elle court deux lièvres à la fois : un voleur de chien et un amant dégonflé...) peut paraître casse-gueule sur le papier, mais c'est le caractère joyeux de l'ensemble (dessin, personnages et scénario) et intergénérationnel aussi, qui emporte l'adhésion et met du baume au cœur. À conseiller aux lectrices et lecteurs entre deux âges qui ont un petit coup de mou, mais peut-être aussi à leurs enfants dans une sorte de thérapie familiale ! À conseiller aussi aux amateurisses des dessins de Camille Jourdy, Clara Lodewick ou même de Sempé...

22/03/2025 (modifier)