Et si tout n'était que mensonges ?
Évidemment, avec ce titre, la religion va être au centre du récit. D'abord avec Judas Iscariot en personnage principal, mais deux autres protagonistes vont avoir des rôles majeurs : Jésus et le diable.
Si Judas n'avait pas facilité l'arrestation de Jésus, l'histoire n'aurait plus la même résonance, il n'aurait pas été jugé par Ponce Pilate, crucifié sur la croix et ressuscité trois jours plus tard. Car comme le souligne l'apôtre Paul : « Et si le Christ n'est pas ressuscité, notre prédication est vaine, et vaine aussi est votre foi. », sa résurrection est le cœur de la foi chrétienne.
A sa mort Jésus descend à l'Hadès et là... Jeff Loveness nous en donne sa version, en réunissant nos trois personnages pour un "Qui a trahi qui ?".
Un scénario inventif et bien construit, il puise dans la bible pour être au plus proche des évangiles. C'est cet aspect du récit qui met du grain à moudre dans la tête du lecteur, tout en suivant en parallèle les interrogations de Judas. Un Judas qui dégage une belle humanité. Rien n'est totalement noir ou totalement blanc.
Une fin qui ne pouvait que se terminer ainsi, et elle me satisfait.
Si j'ai autant aimé ce récit, Jakub Rebelka n'y est pas étranger. Sa composition graphique est totalement immersive avec le grand soin apporté aux décors, aux détails vestimentaires, à sa mise en page, à son trait gras et géométrie et à ses choix de couleurs. Un style à nul autre pareil, d'une efficacité redoutable.
Une reconstitution minutieuse de cette période historique et la partie se situant aux enfers sent le souffre et la putréfaction.
Très très beau !
Un comics très original sur le fond et sur la forme.
Mais un comics que je ne peux ni conseiller, ni déconseiller, le sujet risque d'en laisser certains sur le carreau.
Coup de cœur.
"Nul n'a plus grand amour que celui-ci : Donner sa vie pour ses amis."
Jean,15 : 13.
Une des meilleures lectures pour moi de cette année ! j'étais passé à coté de cette première page un peu mièvre, (surtout si on la voit en timbre poste sur le site BDthèque ! ) et le sous-titre apportait une nuance dépressive qui ne m'avait pas attirée.
Mais quand on ouvre ce gros album joufflu en librairie, tout coloré, avec une profusion de cases par page, et assez peu de bulles, ça a quelque chose du jeu de l'oie... Un faux air de "Sempé" pour sa belle observation de notre quotidien et un humour jamais cynique ou ironique, simplement les yeux qui se plissent quand les joues remontent... Une réaction spontanée à une situation dont le ridicule nous est familier, comme si nous avions vécu cent fois ces situations en choisissant d'être agacé les mauvais jours et amusé les bons. Et ici , l'autrice nous met dans de bonnes dispositions, une sorte de calme dans l'observation. Dans chaque case un détail retient notre attention et ouvre des souvenirs dans nos cerveaux.
Le fait d'avoir commencé la lecture de cet album dans un café d'une petite ville de la France moche a du jouer un rôle dans ce sentiment de reconnaissance, comme si les échos de la machine à café étaient la bande son des images qui défilaient devant moi. Je ne savais pas que cette BD avait été adaptée en film , et je crois que je n'irai pas le voir parce que les dessins de "Camille Jourdy" ont une capacité d'évocation vraiment saisissante. De vrais acteurs refermeront les portes que les dessins ont ouvertes. Les visages, en très peu de traits, captent juste ce qui est nécessaire pour fixer notre affection. Il y a aussi une parenté avec les dessins et même le scénario de Merel par "Clara Lodewick" : Une sorte d'amour du commun, les vies ordinaires, les café du coin, les maisons sans caractère... Et les canards.
Cependant, pour Juliette (tiens c'est aussi un prenom feminin qui donne le titre !) le ressort dramatique est moins noir :
C'est une histoire qui ressemble à nos histoires, une tranche de vie qui rassemble celles qui ont des enfants, celles qui n'en ont pas, des cousins et des beaux-frères, des gros, des maigres, des bavards, des taiseux, des célibataires, des mariés, des divorcés, des maris et des amants, des enfants et des grand-mères, des secrets et des grandes déclarations, des copains et des voisines, des lettres d'amour anonymes, du champagne dans une bouteille en plastic et du gratin trop salé, des étagères et des balançoires...
La France de Raymond Depardon dans un scénario bien ficelé et réaliste. Je m'y suis reconnue tout autant que dans celle de Proust !
Je fais un peu les choses à l’envers, puisque je ne découvre cette autobiographie qu’en 2024, après avoir lu toutes les autres œuvres de Tillie Walden publiées en France… et j’ai beaucoup aimé.
Certes, il ne s’agit que d’une énième histoire adolescente intimiste, et je doute que les allergiques au genre trouvent un quelconque intérêt aux élucubrations nombrilistes de l’autrice. J’ai personnellement trouvé la protagoniste attachante, son récit touchant et émouvant, et le ton très juste. Elle parle des difficultés de l’adolescence, du harcèlement scolaire, de son homosexualité assumée depuis un très jeune âge, mais qu’elle a eu du mal à révéler à ses proches. Le patinage artistique propose un background riche et une réflexion intéressante, et occupe une place centrale dans la vie de l’adolescente mais aussi du récit.
La mise en image est réussie, j’aime beaucoup le trait de Walden, précis et maitrisé malgré une apparence esquissée… il en ressort une tendresse et une fébrilité qui transcendent le récit.
Une énième autobiographie adolescente, certes, mais qui m’a captivé et beaucoup touché.
Je ne partais pas convaincu par ce mélange des genres, mais j'avoue que je suis sorti de ma lecture plus que surpris et j'ai beaucoup apprécié ce premier tome.
D'une, le dessin de Vax est de très bonne facture (mention spéciale pour ses dragons !!!), ensuite le scénario tient plus que très bien la route, pour une idée qui paraissait aussi casse gueule. Nicolas Jarry a su trouver les bons dosages pour son melting pot historico-fantastique avec des personnages intéressants et développé une relation humains/dragons qui fait sens.
La narration coule de source grâce a un très bon découpage de Vax ; on se laisse prendre par ce récit au bout de quelques pages pour ne pas le lâcher avant la fin. Les scènes de batailles sont des plus réussies ! Bref, une très bonne mise en bouche !
*** Tome 2 ***
Dans ce 2e tome, Nicolas Jarry nous propose de replonger dans les méandres de la première Guerre Mondiale en suivant le par cours de Frank Luke.
Ce jeune cow-boy américain de 12 ans vois sa vie réduite à peu de chose après qu'un dragon ait englouti le troupeau familial et ruiné dans la foulée la famille. Frank ne rêve que de vengeance et s'engage donc dans le conflit européen qui vient d'éclater pour aller bouffer du dragon. On suit donc cet engagement et son évolution au sein de l'armée de l'air qui va l'amener à affronter l'un des plus terrible dragon qui sème la terreur sur les champs de bataille français...
Je ressors un brin déçu par ce second tome, tant le 1er m'avait agréablement surpris. Pour le coup, la trame de cet opus reste un peu trop classique et prévisible. Côté dessin Léoni et Negrin assurent le contrat avec un trait réaliste qui fait le job et quelques très belles scènes de batailles aériennes.
Bref, un tome qui ne casse pas des briques ; je passe la série à 3.5/5 en attendant de voir ce que le 3e donnera, en espérant qu'il sera plus dans l'esprit du 1er.
*** Tome 3 ***
Si le premier tome reste jusqu’ici le meilleur à mes yeux, ce 3e opus m'a quand même davantage intéressé que le précédent.
C'est en effet l'originalité du contexte choisi qui m'a intéressé : la guerre civile angolaise qui a suivi l'indépendance officielle du pays en 1975, ancienne colonie portugaise. Je ne connaissais rien de cette transition, le fait est qu'elle s'est faite dans la douleur. Les indépendantistes s'éparpillaient déjà dans au moins 3 partis, quand la guerre civile a éclaté, ça ne s'est pas arrangé.
C'est donc dans ce contexte que notre jeune héroïne va se retrouver embrigader par une des milices para-militaire (le MPLA) comme de nombreux enfants. Leur chef sème la terreur grâce au dragon qu'il contrôle, les récalcitrants finissant rapidement en en-cas ou calciné proprement... Mais notre jeune Anica, 13 ans ne compte pas faire carrière et réussit à s'enfuir ; elle a toujours en mémoire l'histoire du Kongamato que lui racontait son grand-père : une créature légendaire venait parfois se mettre au service des guerriers de son village lorsque le malheur frappait...
Si l'histoire reste assez prévisible, elle n'en reste pas moins agréable, servie par un dessin efficace. Une bonne BD pop-corn.
Je reste sur une notation globale à 3.5/5
Je ne connais pas le jeux vidéo dont est tiré cette série et c'est la première série de Tillie Walden que je lis.
J'avoue ne pas avoir été emballé plus que ça par ce premier tome qui nous propose de suivre la jeune Clémentine dans ce monde post apocalypse où les zombies pullulent (walkind dead quoi !).
Déjà, l'introduction qui nous montre la fuite de Clémentine abandonnant le jeune AJ (si j'ai bien suivi c'est pour faire la transition entre la fin du jeu et le récit qui va suivre), franchement, ça paraît déjà peu vraisemblable ; allez hop ! Je me tire en abandonnant mon jeune meilleur pote pour aller "vivre ma vie" ! Quand on réalise en plus que notre Clémentine est amputée d'un pied et qu'elle caracole en béquille en milieu hostile (et je vous parle même pas de la neige qu'elle va affronter après !), on lui donne quand même des chances de survies toutes relatives...
Mais bon, passé ce gros bémol, on la suit ensuite pour un périple audacieux. Elle croise le chemin d'un jeune Hamish très naïf et décide de faire un bout de chemin avec lui. C'est comme ça qu'il vont rencontrer un groupe d'ados qui a décidé de construire en haut d'une station de ski un camp pour se mettre à l'abri des zombies. Rien de très original, de nouveau ; l'intérêt va venir de la psychologie de ce groupe d'ados, heureusement.
Côté dessin, si je ne suis pas particulièrement fan du coup de crayon de Tillie Walden, j'avoue apprécier les ambiances qu'elle arrive à poser. C'est sombre et angoissant à souhait pour un tel sujet.
Je suivrai la suite plus par curiosité que par addiction.
(note réelle : 2.5/5)
*** Tome 2 ***
Et bien comme quoi des fois il faut persévérer ! J'ai fini ce second volet en passant largement par dessus les réserves que j'avais émis après ma lecture du tome 1.
Car c'est vrai qu’elle est attachante cette Clémentine. Faut dire qu'elle en bave ! Après leur fuite des montagnes, c'est cette fois sur une île que notre petite troupe va se poser pour nous proposer un quasi "huis-clos" sur ce nouvel Eden espéré. Et on a envie d'y croire pour eux...
Mais forcément, rien ne se passe jamais comme espéré et nos ados vont encore en baver !
C'est l'occasion de découvrir de nouveaux personnages auxquels on s'attache, mais qui, comme souvent dans walking dead, ne feront pas tous de vieux os...
Le tragique est toujours au rendez-vous !
Pour le coup, j'ai aussi du m'habituer au coup de crayon de Tillie Walden car j'ai d'autant plus apprécié son travail et surtout les ambiances qu'elle pose au fil des planches. C'est toujours aussi sombre, vaporeux et angoissant : parfait pour ce récit !
Il me reste maintenant à attendre la suite avec une certaine impatience !
(Je monte ma note à 4/5)
Voici une nouvelle courte série post-apocalyptique prévue en 2 tomes.
Haruo Iwamune nous propose de suivre le périple d'une jeune fille et de son drôle d'animal de compagnie (on dirait une sorte de Pikachu) à travers ce qui reste de la civilisation humaine. Son objectif est de tenter de retrouver des survivants et de décontaminer les zones qu'elle traverse. Mais les ruines qu'elle traverse semblent désespérément vides...
On remarquera tout d'abord la splendide couverture que nous propose Delcourt, et qui donne très envie de découvrir ce qui se cache derrière. Une très belle invitation ! Bon, c'est loin d'être rose, l'humanité semble avoir été décimée par une virus assez radical, et notre jeune héroïne bien solitaire passe une grande partie de ses journées à incinérer les cadavres qu'elle découvre.
Le dessin est agréable, surtout quand il s'agit des mornes ruines ou bâtisses qu'explore notre Saya Ishimitsu. On sent que l'auteur s'amuse et se plait à représenter de tels décors et leurs détails. Je suis par contre plus mitigé sur la représentation des visages que je trouve plutôt sommaires. Côté ambiance, on est plus proche de "Je suis une légende" que de Blame !. Le récit évolue au fil de courts chapitres qui ponctuent l'évolution de notre héroïne et qui nous font découvrir petit à petit son environnement. C'est assez lent, on est rarement dans l'action mais plutôt dans le contemplatif.
Le résumé proposé "Une histoire où la solitude côtoie de somptueuses ruines" est des plus perspicace !
Reste qu'on aimerait qu'il se passe quand même un peu plus de choses ou que les révélations sur les points d'interrogations soient plus nombreuses ; la suite et fin du second tome nous en apprendra davantage je l'espère.
*** Tome 2 ***
Voilà un second tome qui m'a plu, même si ce n'est pas encore la fin comme je l'avais cru.
On retrouve notre "jeune fille" et son familier qui arpentent les ruines de notre civilisation pour poursuivre leur mission de recherche d'être vivants et de décontamination. L'intrigue va se poser un assez long moment dans une bibliothèque où elle va faire la "connaissance" de la seule entité rescapée du secteur : un robot du genre Wall-E qui a lui pour mission de récupérer tous les ouvrages non restitués depuis la catastrophe. C'est assez cocasse, mais notre héroïne se prête au jeu et va l'aider dans son objectif tout en poursuivant le sien. C'est à cette occasion qu'elle va faire la rencontre de deux nouveaux protagonistes qui vont apporter de nouvelles perspectives à ce récit...
J'ai beaucoup apprécié ces chapitres sur la bibliothèque et sur la symbolique de la conservation des savoirs qui en découlent. Haruo Iwamune distille questions et réflexions de façon subtile au fil d'un récit où l'ambiance l’emporte sur l'action, ce qui est assez rare dans les mangas.
Son dessin reste égal et toujours aussi imposant dans ses décors de ville en ruine.
Pour le coup, je suis vraiment curieux de découvrir la suite.
Je monte ma note à 4/5
Encore une série que j'ai acquise car faisant partie des immanquables de BDthèque !
Le premier diptyque, sorti en 1996, est centré autour de l'enquête de Matthew Montgomery, Haut-fonctionnaire au Ministère, suite à l'assassinat sauvage de sa femme et de sa fille dont il peine à comprendre l'origine (un dessin étant gravé au couteau sur le corps de sa fille). Le scénario, bien que classique, est suffisamment prenant pour que l'on aie du mal à refermer la BD avant de connaitre le fin mot de l'histoire. Mais c'est surtout par son ambiance dans la plus pure tradition des westerns que cette série sort du lot : les cow-boys aux gueules cassées sentent la sueur et les vapeurs d'alcool et la plupart des femmes jouent de leur charme dans des saloons miteux où la violence est omniprésente. Un seul reproche pourrait concerner le fait que cela se lit un peu trop vite et qu'hormis la chute finale qui peut légèrement surprendre, le reste de l'histoire est relativement linéaire et sans beaucoup de surprise. Côté dessin, le fait que le héros soit basé sur le visage de Sean Connery ne m'a pas dérangé outre mesure et j'ai particulièrement apprécié la dynamique du trait de Mariani.
Le second diptyque se situe avant les deux premiers tomes et relate les événements ayant conduit "Étoile du désert" à être arrachée à sa terre natale puis vendue au plus offrant en tant que prostituée. Je dois dire que j'ai eu plus de mal à entrer dans ce second cycle sans trop savoir pourquoi. Le dessin et la colorisation de Labiano, que je trouve moins bons que dans le premier diptyque, expliquent peut-être en partie cela. Ce préquel s'achève toutefois de meilleure manière et j'ai particulièrement apprécié le parallèle entre l'héroïne "Étoile du désert", indienne dont la colonisation va lui être fatale, et Maria, fille de colon, ouvrant progressivement les yeux sur le sort réservé aux indiens par les blancs.
Une série de très bonne facture sur laquelle pourront se jeter sans hésitation les amateurs de westerns classiques.
SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 7,5/10
GRAPHISME (Dessin, colorisation) : 7/10
NOTE GLOBALE : 14,5/20
Un album au format comics avec une jolie jaquette, c'est elle qui a attiré mon regard. Les noms de Neil Gaiman et de Philip Craig Russel ont fini de me convaincre de repartir avec l'album. Deux noms associés à de nombreux comics.
J'ai un faible pour tout ce qui touche à la mythologie, par contre je dois reconnaître être un peu creux sur la mythologie nordique. Évidemment je connais quelques dieux et les grandes lignes de leurs aventures.
Je profite donc de l'adaptation du roman du même nom de Gaiman pour combler mes lacunes. Gaiman s'est appuyé sur des textes historiques pour réinterpréter avec malice ces contes et ces légendes. Et le résultat dépasse mes espérances.
J'ai pris un grand plaisir à suivre les péripéties d'Odin, Thor, Freya, Tyr.... et du facétieux Loki. Un Loki bien différent de celui de l'univers Marvel.
Une lecture captivante et enrichissante qui rétablira quelques vérités. Vous apprendrez pourquoi Odin est borgne, pourquoi le manche du marteau de Thor est si court, vous saurez tout sur les enfants de Loki et plus encore.
Chaque chapitre se concentre sur une légende, des dieux qui ressemblent à de grands enfants, le tout sur un ton léger avec un soupçon d'humour. Jouissif !
Visuellement, c'est très beau. De Philip Craig Russel à Jill Thompson en passant par Mike Mignola ou Jerry Ordway, dans des styles très différents, ils font preuves de maîtrise tout en gardant une certaine harmonie graphique. Des couleurs lumineuses. Une mise en page dynamique. Que demander de plus ? En cadeau les superbes couvertures alternatives de David Mack.
Vous voulez tout savoir sur la mythologie viking ? Alors cette série est faite pour vous.
Une série qui commence par les origines du monde et qui se terminera par le ragnarök.
Vivement la suite !
Tome 2.
Un tome deux toujours aussi jouissif avec "l'hydromel des poètes" ou encore "les pommes d'immortalité". Un album au ton un peu moins léger, le ragnarök approche. Mais toujours aussi captivant à lire, sans oublier la petite pointe d'humour.
Toujours cette harmonie graphique avec Matt Horak, Mark Buckingham, Gabriel Hernandez et Sandy Jarrel. Très beau dans des styles différents. Et toujours en bonus les magnifiques couvertures alternatives de David Mack
Tome 3.
Ce dernier volume conclut de bien belle manière les aventures des dieux nordiques avec la mort de Balder et le Ragnarök. C'est toujours aussi plaisant à lire, tout en s'instruisant.
Visuellement, j'ai pris plaisir à retrouver David Rubin et Philip Craig Russel ainsi que de voir débarquer Colleen Doran. Un cahier graphique en fin d'album avec entre autres les superbes couvertures alternatives de David Mack.
Malgré les nombreux dessinateurs aux styles différents, l'harmonie graphique est conservé pour mon plus grand plaisir. Très beau.
Je ne peux que recommander chaudement cette série à ceux qui veulent découvrir la mythologie nordique.
Une BD qui prend le temps de raconter, de poser une ambiance, et de nous immerger dans une époque. L’histoire se déroule pendant les années 1930, en plein Dust Bowl, cette période où les tempêtes de sable ont ravagé les grandes plaines des États-Unis. On suit John, un jeune photographe envoyé par une administration fédérale US pour documenter la misère des fermiers, et très vite, son regard change. Ce qu’il pensait être un simple reportage devient quelque chose de plus personnel.
Graphiquement, c’est superbe. Les dessins alternent entre des couleurs terreuses, presque étouffantes, et des moments de clarté qui donnent de l’air. Aimée de Jongh joue beaucoup sur les textures et la lumière pour retranscrire cette poussière omniprésente, cette lourdeur qui colle à la peau. Les portraits qu’elle croque sont saisissants, remplis d’humanité, et on sent son admiration pour les photographes de l’époque, comme Dorothea Lange, qui ont inspiré l’histoire.
Le récit, lui, avance doucement mais sûrement. Ce n’est pas une BD qui mise sur les rebondissements, mais sur une progression intérieure. John commence par observer, puis il se heurte à des dilemmes : comment rendre justice à ces gens ? Comment raconter leur histoire sans les trahir ? Ces questions donnent toute sa force à l’album, en écho à notre rapport actuel aux images et à leur impact.
C’est une lecture qui marque par sa sincérité. Elle ne cherche pas à faire grandiloquent, juste à raconter quelque chose de vrai, avec des personnages qui sonnent justes et des émotions qui restent. Une belle réussite, à la fois visuellement et narrativement.
Note 3,5
J'ai découvert Aimée de Jongh avec le très bon Jours de sable et la pensais bien en mesure de relever le challenge de cette adaptation graphique d'un texte culte.
Assez fidèle au roman de Golding (dont elle a d'ailleurs gardé les textes tels quels, sans tous les prendre bien sûr), elle s’approprie le récit tout en jouant sur l’impact visuel, avec des dessins qui passent doucement d’une ambiance lumineuse et naïve à des tonalités sombres, rouges, pour accompagner la descente vers le chaos.
Le trait est fluide, aéré, et rend la lecture facile sans pour autant simplifier le propos. Certaines planches marquent. C’est brutal sans en faire trop, laissant la violence s’installer sans la surjouer. De Jongh privilégie les non-dits, les silences, et ça fonctionne, même si je regrette un peu un côté édulcoré par rapport à l'original. Le choix de conserver certaines phrases clés du roman, tout en élaguant les passages les plus denses, donne une version allégée, qui perd un peu son essence, forcément. On retrouve les grandes questions sur la nature humaine du récit : la fragilité de l’ordre, et cette idée que, livrés à eux-mêmes, les hommes – même des enfants – peuvent sombrer. Mais l'ensemble perd quand même en tension dramatique par rapport à l'original, il faut bien le dire.
C’est une adaptation fluide et efficace, qui permet de redécouvrir le texte sous un autre angle. Moins cru que le roman, mais une belle porte d’entrée dans cette histoire.
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Et si tout n'était que mensonges ? Évidemment, avec ce titre, la religion va être au centre du récit. D'abord avec Judas Iscariot en personnage principal, mais deux autres protagonistes vont avoir des rôles majeurs : Jésus et le diable. Si Judas n'avait pas facilité l'arrestation de Jésus, l'histoire n'aurait plus la même résonance, il n'aurait pas été jugé par Ponce Pilate, crucifié sur la croix et ressuscité trois jours plus tard. Car comme le souligne l'apôtre Paul : « Et si le Christ n'est pas ressuscité, notre prédication est vaine, et vaine aussi est votre foi. », sa résurrection est le cœur de la foi chrétienne. A sa mort Jésus descend à l'Hadès et là... Jeff Loveness nous en donne sa version, en réunissant nos trois personnages pour un "Qui a trahi qui ?". Un scénario inventif et bien construit, il puise dans la bible pour être au plus proche des évangiles. C'est cet aspect du récit qui met du grain à moudre dans la tête du lecteur, tout en suivant en parallèle les interrogations de Judas. Un Judas qui dégage une belle humanité. Rien n'est totalement noir ou totalement blanc. Une fin qui ne pouvait que se terminer ainsi, et elle me satisfait. Si j'ai autant aimé ce récit, Jakub Rebelka n'y est pas étranger. Sa composition graphique est totalement immersive avec le grand soin apporté aux décors, aux détails vestimentaires, à sa mise en page, à son trait gras et géométrie et à ses choix de couleurs. Un style à nul autre pareil, d'une efficacité redoutable. Une reconstitution minutieuse de cette période historique et la partie se situant aux enfers sent le souffre et la putréfaction. Très très beau ! Un comics très original sur le fond et sur la forme. Mais un comics que je ne peux ni conseiller, ni déconseiller, le sujet risque d'en laisser certains sur le carreau. Coup de cœur. "Nul n'a plus grand amour que celui-ci : Donner sa vie pour ses amis." Jean,15 : 13.
Juliette - Les Fantômes reviennent au Printemps
Une des meilleures lectures pour moi de cette année ! j'étais passé à coté de cette première page un peu mièvre, (surtout si on la voit en timbre poste sur le site BDthèque ! ) et le sous-titre apportait une nuance dépressive qui ne m'avait pas attirée. Mais quand on ouvre ce gros album joufflu en librairie, tout coloré, avec une profusion de cases par page, et assez peu de bulles, ça a quelque chose du jeu de l'oie... Un faux air de "Sempé" pour sa belle observation de notre quotidien et un humour jamais cynique ou ironique, simplement les yeux qui se plissent quand les joues remontent... Une réaction spontanée à une situation dont le ridicule nous est familier, comme si nous avions vécu cent fois ces situations en choisissant d'être agacé les mauvais jours et amusé les bons. Et ici , l'autrice nous met dans de bonnes dispositions, une sorte de calme dans l'observation. Dans chaque case un détail retient notre attention et ouvre des souvenirs dans nos cerveaux. Le fait d'avoir commencé la lecture de cet album dans un café d'une petite ville de la France moche a du jouer un rôle dans ce sentiment de reconnaissance, comme si les échos de la machine à café étaient la bande son des images qui défilaient devant moi. Je ne savais pas que cette BD avait été adaptée en film , et je crois que je n'irai pas le voir parce que les dessins de "Camille Jourdy" ont une capacité d'évocation vraiment saisissante. De vrais acteurs refermeront les portes que les dessins ont ouvertes. Les visages, en très peu de traits, captent juste ce qui est nécessaire pour fixer notre affection. Il y a aussi une parenté avec les dessins et même le scénario de Merel par "Clara Lodewick" : Une sorte d'amour du commun, les vies ordinaires, les café du coin, les maisons sans caractère... Et les canards. Cependant, pour Juliette (tiens c'est aussi un prenom feminin qui donne le titre !) le ressort dramatique est moins noir : C'est une histoire qui ressemble à nos histoires, une tranche de vie qui rassemble celles qui ont des enfants, celles qui n'en ont pas, des cousins et des beaux-frères, des gros, des maigres, des bavards, des taiseux, des célibataires, des mariés, des divorcés, des maris et des amants, des enfants et des grand-mères, des secrets et des grandes déclarations, des copains et des voisines, des lettres d'amour anonymes, du champagne dans une bouteille en plastic et du gratin trop salé, des étagères et des balançoires... La France de Raymond Depardon dans un scénario bien ficelé et réaliste. Je m'y suis reconnue tout autant que dans celle de Proust !
Spinning
Je fais un peu les choses à l’envers, puisque je ne découvre cette autobiographie qu’en 2024, après avoir lu toutes les autres œuvres de Tillie Walden publiées en France… et j’ai beaucoup aimé. Certes, il ne s’agit que d’une énième histoire adolescente intimiste, et je doute que les allergiques au genre trouvent un quelconque intérêt aux élucubrations nombrilistes de l’autrice. J’ai personnellement trouvé la protagoniste attachante, son récit touchant et émouvant, et le ton très juste. Elle parle des difficultés de l’adolescence, du harcèlement scolaire, de son homosexualité assumée depuis un très jeune âge, mais qu’elle a eu du mal à révéler à ses proches. Le patinage artistique propose un background riche et une réflexion intéressante, et occupe une place centrale dans la vie de l’adolescente mais aussi du récit. La mise en image est réussie, j’aime beaucoup le trait de Walden, précis et maitrisé malgré une apparence esquissée… il en ressort une tendresse et une fébrilité qui transcendent le récit. Une énième autobiographie adolescente, certes, mais qui m’a captivé et beaucoup touché.
Guerres & Dragons
Je ne partais pas convaincu par ce mélange des genres, mais j'avoue que je suis sorti de ma lecture plus que surpris et j'ai beaucoup apprécié ce premier tome. D'une, le dessin de Vax est de très bonne facture (mention spéciale pour ses dragons !!!), ensuite le scénario tient plus que très bien la route, pour une idée qui paraissait aussi casse gueule. Nicolas Jarry a su trouver les bons dosages pour son melting pot historico-fantastique avec des personnages intéressants et développé une relation humains/dragons qui fait sens. La narration coule de source grâce a un très bon découpage de Vax ; on se laisse prendre par ce récit au bout de quelques pages pour ne pas le lâcher avant la fin. Les scènes de batailles sont des plus réussies ! Bref, une très bonne mise en bouche ! *** Tome 2 *** Dans ce 2e tome, Nicolas Jarry nous propose de replonger dans les méandres de la première Guerre Mondiale en suivant le par cours de Frank Luke. Ce jeune cow-boy américain de 12 ans vois sa vie réduite à peu de chose après qu'un dragon ait englouti le troupeau familial et ruiné dans la foulée la famille. Frank ne rêve que de vengeance et s'engage donc dans le conflit européen qui vient d'éclater pour aller bouffer du dragon. On suit donc cet engagement et son évolution au sein de l'armée de l'air qui va l'amener à affronter l'un des plus terrible dragon qui sème la terreur sur les champs de bataille français... Je ressors un brin déçu par ce second tome, tant le 1er m'avait agréablement surpris. Pour le coup, la trame de cet opus reste un peu trop classique et prévisible. Côté dessin Léoni et Negrin assurent le contrat avec un trait réaliste qui fait le job et quelques très belles scènes de batailles aériennes. Bref, un tome qui ne casse pas des briques ; je passe la série à 3.5/5 en attendant de voir ce que le 3e donnera, en espérant qu'il sera plus dans l'esprit du 1er. *** Tome 3 *** Si le premier tome reste jusqu’ici le meilleur à mes yeux, ce 3e opus m'a quand même davantage intéressé que le précédent. C'est en effet l'originalité du contexte choisi qui m'a intéressé : la guerre civile angolaise qui a suivi l'indépendance officielle du pays en 1975, ancienne colonie portugaise. Je ne connaissais rien de cette transition, le fait est qu'elle s'est faite dans la douleur. Les indépendantistes s'éparpillaient déjà dans au moins 3 partis, quand la guerre civile a éclaté, ça ne s'est pas arrangé. C'est donc dans ce contexte que notre jeune héroïne va se retrouver embrigader par une des milices para-militaire (le MPLA) comme de nombreux enfants. Leur chef sème la terreur grâce au dragon qu'il contrôle, les récalcitrants finissant rapidement en en-cas ou calciné proprement... Mais notre jeune Anica, 13 ans ne compte pas faire carrière et réussit à s'enfuir ; elle a toujours en mémoire l'histoire du Kongamato que lui racontait son grand-père : une créature légendaire venait parfois se mettre au service des guerriers de son village lorsque le malheur frappait... Si l'histoire reste assez prévisible, elle n'en reste pas moins agréable, servie par un dessin efficace. Une bonne BD pop-corn. Je reste sur une notation globale à 3.5/5
Walking Dead - Clementine
Je ne connais pas le jeux vidéo dont est tiré cette série et c'est la première série de Tillie Walden que je lis. J'avoue ne pas avoir été emballé plus que ça par ce premier tome qui nous propose de suivre la jeune Clémentine dans ce monde post apocalypse où les zombies pullulent (walkind dead quoi !). Déjà, l'introduction qui nous montre la fuite de Clémentine abandonnant le jeune AJ (si j'ai bien suivi c'est pour faire la transition entre la fin du jeu et le récit qui va suivre), franchement, ça paraît déjà peu vraisemblable ; allez hop ! Je me tire en abandonnant mon jeune meilleur pote pour aller "vivre ma vie" ! Quand on réalise en plus que notre Clémentine est amputée d'un pied et qu'elle caracole en béquille en milieu hostile (et je vous parle même pas de la neige qu'elle va affronter après !), on lui donne quand même des chances de survies toutes relatives... Mais bon, passé ce gros bémol, on la suit ensuite pour un périple audacieux. Elle croise le chemin d'un jeune Hamish très naïf et décide de faire un bout de chemin avec lui. C'est comme ça qu'il vont rencontrer un groupe d'ados qui a décidé de construire en haut d'une station de ski un camp pour se mettre à l'abri des zombies. Rien de très original, de nouveau ; l'intérêt va venir de la psychologie de ce groupe d'ados, heureusement. Côté dessin, si je ne suis pas particulièrement fan du coup de crayon de Tillie Walden, j'avoue apprécier les ambiances qu'elle arrive à poser. C'est sombre et angoissant à souhait pour un tel sujet. Je suivrai la suite plus par curiosité que par addiction. (note réelle : 2.5/5) *** Tome 2 *** Et bien comme quoi des fois il faut persévérer ! J'ai fini ce second volet en passant largement par dessus les réserves que j'avais émis après ma lecture du tome 1. Car c'est vrai qu’elle est attachante cette Clémentine. Faut dire qu'elle en bave ! Après leur fuite des montagnes, c'est cette fois sur une île que notre petite troupe va se poser pour nous proposer un quasi "huis-clos" sur ce nouvel Eden espéré. Et on a envie d'y croire pour eux... Mais forcément, rien ne se passe jamais comme espéré et nos ados vont encore en baver ! C'est l'occasion de découvrir de nouveaux personnages auxquels on s'attache, mais qui, comme souvent dans walking dead, ne feront pas tous de vieux os... Le tragique est toujours au rendez-vous ! Pour le coup, j'ai aussi du m'habituer au coup de crayon de Tillie Walden car j'ai d'autant plus apprécié son travail et surtout les ambiances qu'elle pose au fil des planches. C'est toujours aussi sombre, vaporeux et angoissant : parfait pour ce récit ! Il me reste maintenant à attendre la suite avec une certaine impatience ! (Je monte ma note à 4/5)
Mission in the apocalypse
Voici une nouvelle courte série post-apocalyptique prévue en 2 tomes. Haruo Iwamune nous propose de suivre le périple d'une jeune fille et de son drôle d'animal de compagnie (on dirait une sorte de Pikachu) à travers ce qui reste de la civilisation humaine. Son objectif est de tenter de retrouver des survivants et de décontaminer les zones qu'elle traverse. Mais les ruines qu'elle traverse semblent désespérément vides... On remarquera tout d'abord la splendide couverture que nous propose Delcourt, et qui donne très envie de découvrir ce qui se cache derrière. Une très belle invitation ! Bon, c'est loin d'être rose, l'humanité semble avoir été décimée par une virus assez radical, et notre jeune héroïne bien solitaire passe une grande partie de ses journées à incinérer les cadavres qu'elle découvre. Le dessin est agréable, surtout quand il s'agit des mornes ruines ou bâtisses qu'explore notre Saya Ishimitsu. On sent que l'auteur s'amuse et se plait à représenter de tels décors et leurs détails. Je suis par contre plus mitigé sur la représentation des visages que je trouve plutôt sommaires. Côté ambiance, on est plus proche de "Je suis une légende" que de Blame !. Le récit évolue au fil de courts chapitres qui ponctuent l'évolution de notre héroïne et qui nous font découvrir petit à petit son environnement. C'est assez lent, on est rarement dans l'action mais plutôt dans le contemplatif. Le résumé proposé "Une histoire où la solitude côtoie de somptueuses ruines" est des plus perspicace ! Reste qu'on aimerait qu'il se passe quand même un peu plus de choses ou que les révélations sur les points d'interrogations soient plus nombreuses ; la suite et fin du second tome nous en apprendra davantage je l'espère. *** Tome 2 *** Voilà un second tome qui m'a plu, même si ce n'est pas encore la fin comme je l'avais cru. On retrouve notre "jeune fille" et son familier qui arpentent les ruines de notre civilisation pour poursuivre leur mission de recherche d'être vivants et de décontamination. L'intrigue va se poser un assez long moment dans une bibliothèque où elle va faire la "connaissance" de la seule entité rescapée du secteur : un robot du genre Wall-E qui a lui pour mission de récupérer tous les ouvrages non restitués depuis la catastrophe. C'est assez cocasse, mais notre héroïne se prête au jeu et va l'aider dans son objectif tout en poursuivant le sien. C'est à cette occasion qu'elle va faire la rencontre de deux nouveaux protagonistes qui vont apporter de nouvelles perspectives à ce récit... J'ai beaucoup apprécié ces chapitres sur la bibliothèque et sur la symbolique de la conservation des savoirs qui en découlent. Haruo Iwamune distille questions et réflexions de façon subtile au fil d'un récit où l'ambiance l’emporte sur l'action, ce qui est assez rare dans les mangas. Son dessin reste égal et toujours aussi imposant dans ses décors de ville en ruine. Pour le coup, je suis vraiment curieux de découvrir la suite. Je monte ma note à 4/5
L'Etoile du Désert
Encore une série que j'ai acquise car faisant partie des immanquables de BDthèque ! Le premier diptyque, sorti en 1996, est centré autour de l'enquête de Matthew Montgomery, Haut-fonctionnaire au Ministère, suite à l'assassinat sauvage de sa femme et de sa fille dont il peine à comprendre l'origine (un dessin étant gravé au couteau sur le corps de sa fille). Le scénario, bien que classique, est suffisamment prenant pour que l'on aie du mal à refermer la BD avant de connaitre le fin mot de l'histoire. Mais c'est surtout par son ambiance dans la plus pure tradition des westerns que cette série sort du lot : les cow-boys aux gueules cassées sentent la sueur et les vapeurs d'alcool et la plupart des femmes jouent de leur charme dans des saloons miteux où la violence est omniprésente. Un seul reproche pourrait concerner le fait que cela se lit un peu trop vite et qu'hormis la chute finale qui peut légèrement surprendre, le reste de l'histoire est relativement linéaire et sans beaucoup de surprise. Côté dessin, le fait que le héros soit basé sur le visage de Sean Connery ne m'a pas dérangé outre mesure et j'ai particulièrement apprécié la dynamique du trait de Mariani. Le second diptyque se situe avant les deux premiers tomes et relate les événements ayant conduit "Étoile du désert" à être arrachée à sa terre natale puis vendue au plus offrant en tant que prostituée. Je dois dire que j'ai eu plus de mal à entrer dans ce second cycle sans trop savoir pourquoi. Le dessin et la colorisation de Labiano, que je trouve moins bons que dans le premier diptyque, expliquent peut-être en partie cela. Ce préquel s'achève toutefois de meilleure manière et j'ai particulièrement apprécié le parallèle entre l'héroïne "Étoile du désert", indienne dont la colonisation va lui être fatale, et Maria, fille de colon, ouvrant progressivement les yeux sur le sort réservé aux indiens par les blancs. Une série de très bonne facture sur laquelle pourront se jeter sans hésitation les amateurs de westerns classiques. SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 7,5/10 GRAPHISME (Dessin, colorisation) : 7/10 NOTE GLOBALE : 14,5/20
La Mythologie Viking
Un album au format comics avec une jolie jaquette, c'est elle qui a attiré mon regard. Les noms de Neil Gaiman et de Philip Craig Russel ont fini de me convaincre de repartir avec l'album. Deux noms associés à de nombreux comics. J'ai un faible pour tout ce qui touche à la mythologie, par contre je dois reconnaître être un peu creux sur la mythologie nordique. Évidemment je connais quelques dieux et les grandes lignes de leurs aventures. Je profite donc de l'adaptation du roman du même nom de Gaiman pour combler mes lacunes. Gaiman s'est appuyé sur des textes historiques pour réinterpréter avec malice ces contes et ces légendes. Et le résultat dépasse mes espérances. J'ai pris un grand plaisir à suivre les péripéties d'Odin, Thor, Freya, Tyr.... et du facétieux Loki. Un Loki bien différent de celui de l'univers Marvel. Une lecture captivante et enrichissante qui rétablira quelques vérités. Vous apprendrez pourquoi Odin est borgne, pourquoi le manche du marteau de Thor est si court, vous saurez tout sur les enfants de Loki et plus encore. Chaque chapitre se concentre sur une légende, des dieux qui ressemblent à de grands enfants, le tout sur un ton léger avec un soupçon d'humour. Jouissif ! Visuellement, c'est très beau. De Philip Craig Russel à Jill Thompson en passant par Mike Mignola ou Jerry Ordway, dans des styles très différents, ils font preuves de maîtrise tout en gardant une certaine harmonie graphique. Des couleurs lumineuses. Une mise en page dynamique. Que demander de plus ? En cadeau les superbes couvertures alternatives de David Mack. Vous voulez tout savoir sur la mythologie viking ? Alors cette série est faite pour vous. Une série qui commence par les origines du monde et qui se terminera par le ragnarök. Vivement la suite ! Tome 2. Un tome deux toujours aussi jouissif avec "l'hydromel des poètes" ou encore "les pommes d'immortalité". Un album au ton un peu moins léger, le ragnarök approche. Mais toujours aussi captivant à lire, sans oublier la petite pointe d'humour. Toujours cette harmonie graphique avec Matt Horak, Mark Buckingham, Gabriel Hernandez et Sandy Jarrel. Très beau dans des styles différents. Et toujours en bonus les magnifiques couvertures alternatives de David Mack Tome 3. Ce dernier volume conclut de bien belle manière les aventures des dieux nordiques avec la mort de Balder et le Ragnarök. C'est toujours aussi plaisant à lire, tout en s'instruisant. Visuellement, j'ai pris plaisir à retrouver David Rubin et Philip Craig Russel ainsi que de voir débarquer Colleen Doran. Un cahier graphique en fin d'album avec entre autres les superbes couvertures alternatives de David Mack. Malgré les nombreux dessinateurs aux styles différents, l'harmonie graphique est conservé pour mon plus grand plaisir. Très beau. Je ne peux que recommander chaudement cette série à ceux qui veulent découvrir la mythologie nordique.
Jours de sable
Une BD qui prend le temps de raconter, de poser une ambiance, et de nous immerger dans une époque. L’histoire se déroule pendant les années 1930, en plein Dust Bowl, cette période où les tempêtes de sable ont ravagé les grandes plaines des États-Unis. On suit John, un jeune photographe envoyé par une administration fédérale US pour documenter la misère des fermiers, et très vite, son regard change. Ce qu’il pensait être un simple reportage devient quelque chose de plus personnel. Graphiquement, c’est superbe. Les dessins alternent entre des couleurs terreuses, presque étouffantes, et des moments de clarté qui donnent de l’air. Aimée de Jongh joue beaucoup sur les textures et la lumière pour retranscrire cette poussière omniprésente, cette lourdeur qui colle à la peau. Les portraits qu’elle croque sont saisissants, remplis d’humanité, et on sent son admiration pour les photographes de l’époque, comme Dorothea Lange, qui ont inspiré l’histoire. Le récit, lui, avance doucement mais sûrement. Ce n’est pas une BD qui mise sur les rebondissements, mais sur une progression intérieure. John commence par observer, puis il se heurte à des dilemmes : comment rendre justice à ces gens ? Comment raconter leur histoire sans les trahir ? Ces questions donnent toute sa force à l’album, en écho à notre rapport actuel aux images et à leur impact. C’est une lecture qui marque par sa sincérité. Elle ne cherche pas à faire grandiloquent, juste à raconter quelque chose de vrai, avec des personnages qui sonnent justes et des émotions qui restent. Une belle réussite, à la fois visuellement et narrativement.
Sa Majesté des Mouches
Note 3,5 J'ai découvert Aimée de Jongh avec le très bon Jours de sable et la pensais bien en mesure de relever le challenge de cette adaptation graphique d'un texte culte. Assez fidèle au roman de Golding (dont elle a d'ailleurs gardé les textes tels quels, sans tous les prendre bien sûr), elle s’approprie le récit tout en jouant sur l’impact visuel, avec des dessins qui passent doucement d’une ambiance lumineuse et naïve à des tonalités sombres, rouges, pour accompagner la descente vers le chaos. Le trait est fluide, aéré, et rend la lecture facile sans pour autant simplifier le propos. Certaines planches marquent. C’est brutal sans en faire trop, laissant la violence s’installer sans la surjouer. De Jongh privilégie les non-dits, les silences, et ça fonctionne, même si je regrette un peu un côté édulcoré par rapport à l'original. Le choix de conserver certaines phrases clés du roman, tout en élaguant les passages les plus denses, donne une version allégée, qui perd un peu son essence, forcément. On retrouve les grandes questions sur la nature humaine du récit : la fragilité de l’ordre, et cette idée que, livrés à eux-mêmes, les hommes – même des enfants – peuvent sombrer. Mais l'ensemble perd quand même en tension dramatique par rapport à l'original, il faut bien le dire. C’est une adaptation fluide et efficace, qui permet de redécouvrir le texte sous un autre angle. Moins cru que le roman, mais une belle porte d’entrée dans cette histoire.