Décidemment, que de bonnes choses en ce début d'année ! Ce nouvel essai de Nicolas Puzenat vient s'ajouter à la liste.
J'aime d'emblée son dessin, qui tout au long de ma lecture, m'évoquait tout un tas de trucs plutôt chouette. Dans certaines cases, j'étais chez Duchazeau et son Dieu qui pue, Dieu qui pète. Mélangeant les techniques, Puzenat donne naissance à un univers exotique totalement original, comme il l'avait déjà fait pour Megafauna. Il pousse cependant le bouchon. Ici, on pourrait aussi bien se trouver sur les berges du Mékong, au fin fond de l'Afrique, dans la jungle péruvienne, les statues évoquant quant à elles celles de l'ile de Pâque. Graphiquement, ce mélange répond à un mix de techniques du meilleur effet. Les ciels, les atmosphères du soir, pour ne rien dire des effets de flammes dues à l'incendie, tout concourt à nous mettre ailleurs. Les couleurs sont excellemment bien choisies.
L'histoire est elle à la hauteur et brille notamment par plusieurs détails qui apportent une richesse supplémentaire, ajoutent du sens. C'est bien entendu le cas de cette affaire de chuchoteurs. Ca, c'est la grosses idée. Les chuchoteurs, symboles de notre héritage familial, de nos conventions sociales, du poids de l'histoire, de nos voix intérieures, cette lutte morale qui tempête parfois sous les cranes... J'aime les personnages dont je me sens très proches, que ce soit le cuisto, sa servante ou son amante. Cette curieuse relation à trois est très belle à suivre, et la fin est plutôt déroutant, mais bien posée. Un mot tout de même de l'incendie évoqué dans cette BD, et que l'actualité vient étonnement percuter : comment en effet ne pas songer à l'incendie qui vient de ravager Los Angeles ?
Encore un bon coup de cœur, tiens !
J'étais curieux de découvrir le dernier Paco Roca ; ça fait quelques années que je suis son travail et j'appréhende toujours un peu, car à mon sens il est capable du meilleur comme du très moyen (même si c'est souvent vers le haut que la balance penche). Avec "L'abîme de l'oubli", on retrouve le meilleur, Paco Roca utilisant à nouveau un de ses thèmes fétiche, la mémoire, pour déterrer le l'oubli les tragiques exécutions post guerre civile espagnole. Il s'appuie cette fois sur le savoir faire du scénariste et journaliste Rodrigo Terrasa pour faire sortir de l'oubli les milliers de victimes du franquisme délibérément vouées à l'oubli.
Car ce que je ne savais pas (ou avait oublié ?) c'est que les victimes du franquismes ne furent pas seulement celles de la période de guerre civile. Plus d'un an et semi après sa fin, des vagues d'arrestations et d'exécutions ont fait rage dans toute l'Espagne faisant des dizaines de milliers de morts. La dictature du Caudillo n'était pas du genre à oublier ni à pardonner ! De nombreuses fosses communes ont ainsi fleuri dans de nombreux cimetières sans qu'on identifie ni n'autorise cette dernière pour que l'oubli règne ; et comme le dit l'écrivain Michel Folco, "Mourir n'est rien, c'est être oublié qui est terrible."
C'est ce qu'aura vécu toute sa vie Pepica Celda ; son père sera exécuté alors qu'elle a 8 ans le 14 septembre 1940 ; plus jamais elle ne pleurera ; elle passera sa vie à chercher à retrouver le corps de son père pour l'enterrer à côté de celui de sa mère, comme elle le lui avait promis.
C'est tout ce travail de recherches, face à la volonté de tout faire pour que la mémoire de ces personnes soit effacée, qui est ici mis en valeur. C'est aussi et toujours cette omerta et cette volonté de ne pas remuer le passé de cette douloureuse période qui est mise en exergue. La société espagnole, ou du moins sa composante droitière, a tout fait pour ne surtout pas laisser ressurgir ces remugles dérangeants d'une période qu'elle peine à assumer. C'est enfin la réhabilitation de personnes qui sont de véritables "héros" à leur échelle pour permettre ce travail de souvenir : ce fossoyeur qui collecta pendant des années le moindre indice possible et les dissimula pour permettre plus tard que des familles retrouvent leur disparus et puissent leur offrir une sépulture digne est profondément marquant.
Bref, de son trait si singulier, réaliste et minimaliste tout à la fois, Paco Roca aidé de Rodigo Terrasa, rendent leur fierté et leur dignité à ces personnes qui se sont battu pour que la mémoire soit retrouvée et qu'on oubli pas ni ces gens assassinés ni les horreurs commises par le Franquisme.
Une BD documentaire très bien faite, qui pose une question en couverture et y répond à la fin avec une réponse qui ne va pas plaire à tout le monde ... Mais qui a le mérite de remettre l'église au centre du village sur la question épineuse et souvent débattue de l'immigration.
Il est rigolo de voir que le sujet de l'immigration, de l'immigré, revient sans cesse dans nos débats publics avec en permanence le même bout de la lorgnette : la violence (qu'ils exercent, qu'on exerce) et la répression. Mais en s'intéressant à eux en tant qu'humain, on découvre bien des choses. La BD commence en Europe, dévoilant la politique sécuritaire européenne qui nous coûte des millions pour permettre à ces gens de risquer leur vie en tentant de rentrer, tandis que nous fermons de plus en plus les frontières. Après ce tour d'horizon, la BD passe en Afrique où nous découvrons les migrants, ces fameuses personnes qui tentent le passage vers l'Europe. Les noms, les visages, les vies... Tout devient tout à coup tangible, ce ne sont plus "des migrants", masse informes de gens venus nous envahir, mais des humains qui ont un vécu, une vie. Et leurs histoires sont autant de façons de vivre la misère, l'espoir, les malheurs. Les trajets longs, coûteux, les morts, les disparus, les viols, tout ceux qui ne reviendront pas ...
Et à la fin, on change à nouveau : direction le Sénégal. Ici, c'est un aperçu du "Pourquoi ?" qui sera présenté. Non exhaustif, mais néanmoins très représentatif, il symbolise ce que ces personnes fuient. Et ce qui les fait fuir est le même monstre qui les empêchera de passer : le capitalisme. Celui qui aime la main-d’œuvre corvéable à merci pour des salaires de misères. Celui qui fait tourner une industrie de l'armement en temps de paix, parce que le business n'attend pas. Celui qui va vider les eaux des pêcheurs du Sénégal avec des traités ratifiés par des élites corrompus, qui affameront les locaux et les pousseront à partir. Cette partie est pleine d'espoir, sur des gens qui s'organisent, des personnes qui veulent changer les choses. Mais elle met surtout en lumière ce que c'est, l'immigration : la résultante de nos politiques, que nous votons et maintenons en consommant, en ne luttant pas et en restant passif.
La BD se conclut sur un ensemble de portraits de la réalité des migrants en France aujourd'hui. Des parcours de vie divers, depuis l'Afrique jusqu'aux pays de l'Est, chacun venu sans papiers et parfois régularisé, parfois non. Travaillant dans la pénibilité et le déni du droit du travail, pour des salaires de misère et souvent en danger, exploité dans leurs horaires, ils se taisent car "non-légaux". Mais toujours aussi humain, non ?
Cette BD n'est pas un manuel de solution mais de réponse. Pourquoi viennent-ils ? Pourquoi l'Europe ? Comment peuvent-ils risquer leurs vies ainsi ? La réponse fait mal : regardons-nous dans un miroir. Nous voulons leur poissons pas cher, et leurs métaux précieux pour nos téléphones. Nous voulons de la main-d’œuvre dans nos pays vieillissant. Nous soutenons ces politiques en votant pour des partis, en restant dans l'instrumentalisation de la peur, celle de l'autre, l'immigré, le voleur, le dangereux. Nous nous coupons d'une humanité, nous pillons le monde avec nos entreprises, nous les soutenons par nos supermarchés, et nous votons pour qu'ils continuent. Le problème, c'est le capitalisme. Et si nous le soutenons, en définitive, le problème c'est nous.
La vie, c'est comme la piscine.
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Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. La première édition date de 2019. Il a été réalisé par Zidrou (Benoît Drousie) pour le scénario, et par Laurent Bonneau pour les dessins et les couleurs.
Dans une petite station balnéaire, Assane Ndiaye (surnommé Nutella) est en train de regarder la mer dorée par le soleil, derrière ses lunettes de soleil. Il est assis au comptoir d'une paillote et s'allume une clope en songeant qu'il y a toujours quelqu'un pour t'apprendre à nager, mais jamais personne pour t'apprendre à te noyer. La serveuse (avec un badge marqué Consuela, mais en fait c'est la robe de la précédente) lui demande s'il va se baigner. Au vu de sa réponse négative, elle lui propose de venir se baigner avec elle en fin de service. Inspecteur de police, Assane Ndiaye se souvient quand il s'est retrouvé à contempler le cadavre de Giorgia Bocelli, 17 ans, nue sur le plateau de la morgue, avec son tatouage Hello Kitty sur l'intérieur de la cuisse droite. C'était une entraîneuse travaillant au bar Le Phare, à qui on a arraché cinq dents à vif et trois ongles aux pieds. Il repense aussi à ses séances à la piscine, à cette belle nageuse en combinaison, avec bonnet et lunettes, sa façon d'enchaîner les longueurs, avec des demi-tours impeccables. Il se superpose l'image de la tête d'une femme maintenue de force sous l'eau d'une piscine privée, jusqu'à ce qu'elle s'asphyxie. deux hommes la torturent pour lui arracher des informations. À un autre moment, Light (le collègue de Nutella) l'amène jusqu'à la piscine municipale.
À la piscine municipale, la belle nageuse arrive dans une robe à fleur. Dans le couloir, elle dit bonjour à Édith, une femme de 87 ans, déjà en maillot de bain, qui s'apprête à rejoindre le bassin. Celui-ci est très lumineux grâce à une grande baie vitrée, légèrement entrouverte, et un superbe vitrail non figuratif. La belle nageuse s'approche de son casier, alors qu'Assane est déjà en maillot. Il l'observe et la contemple à la dérobée. Il demande à Maïtena, la femme de ménage si elle la connaît. Cette dernière se moque de lui en disant qu'elle ne souhaite pas renseigner un flic. Light et Nutella se trouvent au bord du bassin de la piscine privée devant une magnifique demeure. C'est le jardinier et sa femme qui ont trouvé le corps d'Adriana Totti, 23 ans, celle à qui on a maintenu la tête sous l'eau, puis brûlée avec le barbecue à 2.500 degrés, puis achevée de trois balles dans la tête. Nutella ne comprend pas comment Light peut être en train de manger un hamburger devant un tel spectacle. La barista sert son café à Assane, avec beaucoup de crème fraîche comme il l'a demandé. Elle lui fait observer qu'il n'a pas répondu à sa proposition de venir se baigner avec elle le soir.
Cette bande dessinée constitue une étrange lecture. Cela commence comme un polar bien noir avec ces assassinats sadiques, avec un inspecteur désabusé, à qui il manque une forme d'envie ou d'entrain. Dès la première page, les dessins occupent une place prépondérante dans la narration, avec seulement 3 cases qui sont de la largeur de la page. Le mode de rendu se focalise plus sur l'impression donnée par ce spectacle de soleil qui commence à décliner, que sur les détails concrets de la plage, de la mer, ou des nuages. Le lecteur ressent que cette page est en phase avec l'état d'esprit d'Assane Ndiaye, que son état d'esprit colore la manière dont il perçoit ce qui l'entoure. Il s'agit donc d'un polar où l'enquête est indissolublement liée à l'environnement dans laquelle elle se déroule, mais aussi à la personnalité de celui qui la mène. Il faut un peu de temps au lecteur pour se rendre compte que toutes les scènes ne se déroulent pas dans un ordre chronologique, et qu'il y a au moins deux fils chronologiques qui s'entremêlent. Cette construction narrative ne gêne en rien la compréhension du récit, le lecteur se rendant compte qu'une partie de ce qu'il découvre constitue des souvenirs qui reviennent à l'esprit du personnage principal, ou des éclairages sur une sensation, une émotion.
Le lecteur se laisse donc emmener par ce savant désordre chronologique et accompagne Assane Ndiaye à la morgue ou sur les lieux du crime. Les images montrent le corps dénudé de la première victime sur la table de la morgue, avec son étrange tatouage, une partie des coups portés à la deuxième victime, et mentionne la troisième victime. Le lecteur observe les réactions des deux inspecteurs : l'un blasé, l'autre affecté dans une mesure difficile à apprécier. Light semble compenser ce contact avec les pires exactions des êtres humains, en se gorgeant de sucre et de graisse, comme en atteste son obésité assumée. Une remarque en passant de Ndiaye permet de comprendre que l'accumulation d'horreurs lui pèse, et qu'il aspire à un autre métier. Le scénariste fait le nécessaire pour étoffer un peu le personnage principal, indiquer qu'il est impliqué dans son métier, mais qu'il apprécierait que sa profession ne l'oblige pas à contempler les horreurs commises par les pires représentants de l'humanité. Au final, d'ailleurs, il le voit plus en train de draguer gentiment qu'en train de travailler. Au travers de la nageuse, Zidrou met en scène personnage féminin mystérieux, abimé par la vie, ayant certainement accompli des actes répréhensibles. Le lecteur se sent un peu moins concerné par l'enquête qui avance sans réelle difficulté, de cadavre en découverte d'indice bien pratique.
Le lecteur se prête d'autant plus volontiers au jeu de la construction du récit, que les planches font la part belle aux grandes images, avec trois ou quatre cases par planche, et souvent des cases panoramiques de la largeur de la page. Le lecteur commence par admirer ce début de coucher de soleil et le jeu de lumière qu'il génère. Par la suite, il découvre le bâtiment de la piscine dans un dessin en double page, puis le bassin de la piscine dans un dessin pleine page (p. 21). Il voit la voiture des enquêteurs sur l'autoroute dans un autre dessin en pleine page, p. 41. À deux reprises, l'artiste représente la côte avec la mer, dans un dessein en double page, une fois de jour, une fois de nuit. Laurent Bonneau réalise lui-même sa mise en couleurs, en couleur directe, avec une approche oscillant entre naturalisme et impressionnisme. Lorsqu'il bascule dans ce deuxième mode, cela a pour effet d'installer une ambiance qui entre en résonance avec l'état d'esprit du personnage principal, sa manière d'être songeur, de ressentir un affect particulier. Le lecteur se rend aussi compte que l'artiste utilise aussi l'aquarelle pour saisir avec une exactitude surnaturelle l'impression que produit la masse d'eau dans le bassin de la piscine, le jeu des lumières, mêlant de manière étonnante des éléments descriptifs précis, avec une colorisation rendant compte de sensations.
Laurent Bonneau joue sur le degré de précision des traits de contour, de manière à s'adapter à la nature de la scène, à mettre en avant plutôt une représentation descriptive, ou plutôt une représentation d'impression, de sensation. En fonction de la sensibilité du lecteur et des scènes concernées, le résultat peut être extraordinaire, ou juste correct. Par exemple, en pages 9 & 10, quatre cases montrent l'intérieur d'une boîte de nuit. Les traits de contour se font un peu plus lâches et imprécis, avec une colorisation jouant sur des tons verdâtres et violets pour rendre compte de l'éclairage tamisé. Le lecteur a l'impression de se tenir aux côtés des protagonistes dans cette ambiance feutrée. Les sensations sont encore plus immergeantes quand la mystérieuse nageuse plonge dans le bassin dans une savante structure de cases sur deux pages, en pages 14 & 15. L'impression devient plus mitigée quand le dessinateur se contente de trois cases de la largeur de la page, avec uniquement des têtes en train parler, comme la discussion entre Nutella et Light en page 61. Les camaïeux en fond de case n'apportent pas grand-chose en termes d'émotion et les 3 cases semblent assez vides en termes narratifs.
Le lecteur tombe sous le charme de très belles pages, et ne prête pas forcément une grande attention au mélange des fils chronologiques, d'autant que les informations sont dispensées avec parcimonie et que l'incidence d'un fil sur l'autre n'est pas patente. Sans qu'il s'en désintéresse, il se dit que cet entrelacement est plus une technique pour rythmer la narration par des séquences courtes de nature différente, plutôt qu'un jeu de réponses les unes entre les autres, pour faire ressortir des points communs ou des oppositions. Ayant achevé sa lecture, il comprend mieux pourquoi Zidrou a choisi cette structure qui se révèle plus complexe que prévue, transformant l'enquête en une histoire à chute, dont l'effet est rétroactif. Le scénariste a réussi un exercice de style périlleux, sans perdre son lecteur, en jouant sur une juxtaposition lisible qui cache bien son jeu.
En ouvrant cette BD, le lecteur n'est pas trop sûr de ce qui l'attend : une enquête sur des meurtres sordides, en bord de mer. Il commence déjà par apprécier la qualité picturale de la narration visuelle, avec des pages aux couleurs envoutantes. Il suit une intrigue assez linéaire, étrangement réarrangée en plusieurs fils temporels. Il savoure le plaisir visuel de lecture en ressentant un début d'affection pour Assane Ndiaye. Il s'incline devant l'habileté de la structure du scénario, tout en ressentant un effet exercice de style un peu artificiel.
Bon, le premier tome ne m'avait pas fait une très bonne impression : une jeune fille vient tout juste de perdre sa mère, celle-ci lui a légué une boîte à musique qui se révèle caché l'unique passage vers un monde extraordinaire appelé Pandorient, peuplé de créatures étranges et diverses, et elle se révèlera plus ou moins chargée du rôle de protectrice de cette boîte et par la même occasion des habitants de ce monde. Classique, mais peut toujours être bien tourné. Ce premier album n'y arrivait pas, rythme beaucoup trop rapide, impression de survoler l'histoire à ma lecture, pas vraiment d'attache avec les personnages, le tout n'était sauvé que par le dessin magnifique et le très beau travail de lumières.
Généralement, j'aime toujours donner sa chance jusqu'au bout à une série, me disant qu'un miracle peut toujours se produire, qu'une série peut toujours s'améliorer, qu'il faut parfois laisser le temps à une œuvre de se révéler. Bien souvent les séries que je lis, regarde ou écoute n'arrivent pas à relever la barre et je reste finalement dans mon ressenti initial. Il est bon de tomber quelques fois sur les exceptions !
Oui : dès le tome deux, la série s'améliore. Meilleur rythme, début d'une intrigue filée (qui commence à devenir intéressante dès le tome trois), introduction de personnages hauts en couleurs, meilleure caractérisations des personnages que l'on connaissait déjà, un traitement du sujet du deuil de l'héroïne plus poussé, un humour qui reste bon enfant mais parvient à être plus fin, plus juste, le tout, encore une fois, avec un dessin magnifique, vif et rayonnant (littéralement, je trouve sincèrement le travail de Gijé sur la lumière remarquable). Non contente de se révéler très bonne, cette série a même réussi à me déclencher un coup de cœur ! Comme ça, sans prévenir, au détour du troisième album !
Tout n'est pas parfait pour autant, il y a notamment une intrigue du tome quatre, liée à une discrimination des relations inter-espèces, dont j'ai trouvé la résolution beaucoup trop rapide et facile. Pas de quoi me faire lever les sourcils non plus, la série a toujours eu un petit côté candide sur les bords, mais tout de même.
J'aimerais vous parler de plusieurs choses qui m'ont plus, mais les albums étant courts et les intrigues mine de rien assez simples, je préfère tout de même vous laisser les découvrir. Mais croyez moi, même si elles sont simples, après le premier album un peu mou, ça vaut sincèrement la lecture, ne serait-ce que par curiosité.
Pas de nouvelles pour la suite de la série depuis quatre ans, je croise les doigts pour qu'elle ne soit pas abandonnée, il y a vraiment du bon potentiel dans cette série jeunesse et l'intrigue filée autours de la Pandoccident intrigue et est pour le moment laissée en suspens.
(Note réelle 3,5)
Petite note au passage, pour la blagounette, je note une légère coquille narrative au quatrième album : une pandorientale, ne connaissant rien de notre monde donc, référence à un moment Roméo.
C’est à la faveur d’un papier sur Planète BD que j’ai eu connaissance de cette BD pour le moins discrète. La critique était enthousiaste, le graphique, bien que particulier, me plaisait, je me la suis procurée.
Derrière une couverture assez anodine, on découvre une histoire basée sur des faits réels, première bonne surprise (je n’ai lu la critique des confrères qu’aujourd’hui, me contentant des quatre étoiles pour la lire). Drôle d’histoire que celle-là : celle d’un couple allemand venu, au début des années trente, recommencer sa vie sur l’archipel des Galapagos, alors désert. Mais croyant fuir les vicissitudes du monde moderne, ils attirent au contraire une horde de curieux. Il y a là matière à créer une bonne histoire, ce que Michaël Olbrechts n’a pas manqué de faire.
Le scénario est bien construit. On sent la tension monter progressivement, en même temps que s’installe une ambiance malsaine. Dès le début en réalité, on sent bien que le culte revendiqué par Friedrich Ritter, personnage central de cette histoire, pour Nietzsche, va tôt ou tard être confronté à une toute autre réalité. Tout cela est bien amené. Quelques flashbacks éclairent des facettes des personnages et rythment la narration, la conduisant inexorablement à son acmé. Et on n’est pas déçu.
Le dessin est particulier. Il fait songer à celui de Dumontheuil, mais Dumontheuil qui aurait fait du Tintin dévergondé, pour faire vite. J’aime bien, surtout que les choix de colorisation sont francs, et résonnent bien avec le style. Les expressions sont en outre très bien rendues. Il y a un peu d’humour. La conclusion ne déçoit pas. Tout bien.
Merci aux copains de Planète BD, et en particulier à Quentin Haegman, pour avoir attiré mon attention sur cette BD, et relayé de fait cette anecdote bien décalée.
Ça faisait longtemps que je n'avais pas eu ça : finir de lire une BD avec le souffle coupée. Quelle puissance évocatrice, quelle force dans son scénario et quelle fin ! Je dois bien le dire, narrativement on est dans une solidité à toute épreuve !
Je me doutais que ça allait être pas mal, au vu de nombreux avis positifs. Mais à ce point c'était pas prévu. L'histoire est simple, mais parfaitement bien mise en scène. Le découpage en chapitres réguliers avec un narrateur différent à chaque fois, proposant une chute souvent surprenante, entraine dans l'histoire qui reste pourtant dense et chargée en thématiques. Que ce soit la question du pouvoir et des empires, de l'humanité, de la violence et des systèmes de domination, tout est analysé d'une façon ou d'une autre, tourné autour de ce singe incarnant une némésis divine. A titre purement personnel, j'y ai vu une métaphore intéressante : l'humanité se déchirant pour des futiles jeu de pouvoirs, tandis qu'une menace délétère se profile derrière, prête à les mettre tous en pièces.
La BD est servie par le dessin impeccable de Roger. Tout est parfaitement mis en scène : la colorisation, l'organisation des planches, la violence, la tension, les actions brutales et chorégraphiées ... Tout s'accorde pour rendre une ambiance désespérée de fin des temps, de monde en ruine. Le tout est aussi porté par la narration qui se fait bien souvent intérieure, privilégiant le peu de de dialogues. De fait, elle permet de parler avant tout visuellement, contrastant les discours et les attitudes, permettant de ressentir pleinement ce qui se joue.
Cette BD n'a pas démérité son succès. Elle est singulière, étonnante et franchement dingue même. Tant dans son scénario sans concessions, d'une violence rare mais aussi implacable, dans son humanité qui transparait en quelques cases autour de personnages qu'on aurait imaginé bien différent, que dans son propos presque nihiliste et fataliste. Une BD sur la violence, mais qui exprime aussi tout ce dont l'être humain est capable. Une réussite indéniable, je rejoins le concert de louanges.
Quelle belle... surprise ! Pourtant j'ai commencé ce triptyque avec le frein à main. Une série girly jeune ado, un dessin manga que je n'affectionne pas et un précédent avis très négatif auraient du me décourager assez vite. Que nenni, une œuvre centrée sur un ballet de Tchaïkovski cela mérite une certaine attention. Le conte de " La belle au bois dormant" étant par nature un conte fantastique on ne peut pas reprocher à l'autrice de reprendre les ressors fantastiques du récit. Ainsi j'ai tout de suite accroché à la fluidité et la vivacité du scénario de Karina. De plus l'autrice utilise un vocabulaire de très bonne facture avec des dialogues d'un bon niveau jeunesse. Karina modernise le conte en le positionnant dans l'ambiance d'une prestigieuse école de musique et danse classique. Là encore plusieurs scènes sonnent très juste et m'ont rappelé certains passages de la série tv "Un, Dos, Tres" très appréciée par mes enfants et aussi par moi-même). L'autrice fait progresser son récit de façon convaincante en augmentant la tension dramatique jusqu'à mi T3. Evidemment la règle du happy end est respectée mais c'est bien fait.
Je le répète le graphisme Manga n'est pas ma tasse de thé. J'y retrouve toujours les mêmes réserves comme des visages trop lisses voire figés, ou des déformations abusives (assez peu utilisées ici). Toutefois cela n'a pas gêné ma lecture. Au contraire ce côté lisse convient plutôt bien à l'univers du ballet classique. De plus les nombreuses scènes de danse classique sont vraiment réussies avec beaucoup de grâce et d'élégance. Le vocabulaire et la construction des scènes de répétition montrent que l'autrice connait son sujet.
En ce qui concerne les extérieurs, l'autrice à travaillé de nombreux détails dans une architecture haussmannienne assez froide. Finalement à mes yeux cela reste une très bonne série pour jeunes ados avec un support culturel très intéressant.
L'autrice raconte la relation toxique qu'elle a eu avec un manipulateur narcissique.
C'est un ouvrage intéressant qui montre malheureusement une situation banale où une personne vulnérable finit en couple avec un manipulateur qui petit à petit détruit la confiance de sa victime et la contrôle totalement. Il y a des scènes assez dure à voir car c'est basé sur des faits réels qui sont arrivés à l'autrice, ce n'est pas de la fiction. Il y a un peu d'humour pour atténuer l'ambiance, mais les moments où son petit ami l'abuse en lui criant dessus ne sont pas très plaisants à voir. En plus de parler de ce qu'elle a vécu, l'autrice fait une partie documentaire pour prévenir les gens sur les manipulateurs narcissiques avec notamment un tableau sur les caractéristiques de ce type de personne et c'est très bien fait.
Je ne sais pas trop quoi dire de plus que ce que les autres posteurs ont déjà écrit. Un one-shot à lire absolument si on est intéressé par les thèmes abordés par l'autrice.
C'est certainement la révélation de l'année.
Son auteur,Sixtine Dano, nouvelle dans le monde de la bande dessinée, nous offre un one shot parfaitement maitrisé aussi bien au niveau scénario, qu'au niveau graphique.
En abordant ce thème de la prostitution estudiantine, elle évite clichés et toute forme de voyeurisme.
Dans sa postface, elle nous avoue s'être inspirée de témoignage de six jeunes femmes et d'un homme pour créer son personnage de Raphaëlle,
Nous suivons donc les aventures de Raphaëlle, étudiante de 1ère année d'architecture qui va vite se retrouver sur des applications de rencontre, sous le pseudo de Sibylinne, pour des relations tarifées, pour pouvoir financer ses études. Entrecoupé de flashes back , qui m'ont un peu déstabilisé dans ma lecture, c'est presque le destin normal d'une jeune fille qui nous est relaté. Le côté très juvénile donnée à Raphaëlle apporte un sentiment de malaise dans son rôle d'escort girl.
Mais c'est surtout le dessin à l'encre et au fusain de Sixtine Dano qui donne au récit une sensualité délicate et un côté réaliste.
Un premier album réussi, auteur à suivre !
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Aux soirs de grande ardeur
Décidemment, que de bonnes choses en ce début d'année ! Ce nouvel essai de Nicolas Puzenat vient s'ajouter à la liste. J'aime d'emblée son dessin, qui tout au long de ma lecture, m'évoquait tout un tas de trucs plutôt chouette. Dans certaines cases, j'étais chez Duchazeau et son Dieu qui pue, Dieu qui pète. Mélangeant les techniques, Puzenat donne naissance à un univers exotique totalement original, comme il l'avait déjà fait pour Megafauna. Il pousse cependant le bouchon. Ici, on pourrait aussi bien se trouver sur les berges du Mékong, au fin fond de l'Afrique, dans la jungle péruvienne, les statues évoquant quant à elles celles de l'ile de Pâque. Graphiquement, ce mélange répond à un mix de techniques du meilleur effet. Les ciels, les atmosphères du soir, pour ne rien dire des effets de flammes dues à l'incendie, tout concourt à nous mettre ailleurs. Les couleurs sont excellemment bien choisies. L'histoire est elle à la hauteur et brille notamment par plusieurs détails qui apportent une richesse supplémentaire, ajoutent du sens. C'est bien entendu le cas de cette affaire de chuchoteurs. Ca, c'est la grosses idée. Les chuchoteurs, symboles de notre héritage familial, de nos conventions sociales, du poids de l'histoire, de nos voix intérieures, cette lutte morale qui tempête parfois sous les cranes... J'aime les personnages dont je me sens très proches, que ce soit le cuisto, sa servante ou son amante. Cette curieuse relation à trois est très belle à suivre, et la fin est plutôt déroutant, mais bien posée. Un mot tout de même de l'incendie évoqué dans cette BD, et que l'actualité vient étonnement percuter : comment en effet ne pas songer à l'incendie qui vient de ravager Los Angeles ? Encore un bon coup de cœur, tiens !
L'abîme de l'oubli
J'étais curieux de découvrir le dernier Paco Roca ; ça fait quelques années que je suis son travail et j'appréhende toujours un peu, car à mon sens il est capable du meilleur comme du très moyen (même si c'est souvent vers le haut que la balance penche). Avec "L'abîme de l'oubli", on retrouve le meilleur, Paco Roca utilisant à nouveau un de ses thèmes fétiche, la mémoire, pour déterrer le l'oubli les tragiques exécutions post guerre civile espagnole. Il s'appuie cette fois sur le savoir faire du scénariste et journaliste Rodrigo Terrasa pour faire sortir de l'oubli les milliers de victimes du franquisme délibérément vouées à l'oubli. Car ce que je ne savais pas (ou avait oublié ?) c'est que les victimes du franquismes ne furent pas seulement celles de la période de guerre civile. Plus d'un an et semi après sa fin, des vagues d'arrestations et d'exécutions ont fait rage dans toute l'Espagne faisant des dizaines de milliers de morts. La dictature du Caudillo n'était pas du genre à oublier ni à pardonner ! De nombreuses fosses communes ont ainsi fleuri dans de nombreux cimetières sans qu'on identifie ni n'autorise cette dernière pour que l'oubli règne ; et comme le dit l'écrivain Michel Folco, "Mourir n'est rien, c'est être oublié qui est terrible." C'est ce qu'aura vécu toute sa vie Pepica Celda ; son père sera exécuté alors qu'elle a 8 ans le 14 septembre 1940 ; plus jamais elle ne pleurera ; elle passera sa vie à chercher à retrouver le corps de son père pour l'enterrer à côté de celui de sa mère, comme elle le lui avait promis. C'est tout ce travail de recherches, face à la volonté de tout faire pour que la mémoire de ces personnes soit effacée, qui est ici mis en valeur. C'est aussi et toujours cette omerta et cette volonté de ne pas remuer le passé de cette douloureuse période qui est mise en exergue. La société espagnole, ou du moins sa composante droitière, a tout fait pour ne surtout pas laisser ressurgir ces remugles dérangeants d'une période qu'elle peine à assumer. C'est enfin la réhabilitation de personnes qui sont de véritables "héros" à leur échelle pour permettre ce travail de souvenir : ce fossoyeur qui collecta pendant des années le moindre indice possible et les dissimula pour permettre plus tard que des familles retrouvent leur disparus et puissent leur offrir une sépulture digne est profondément marquant. Bref, de son trait si singulier, réaliste et minimaliste tout à la fois, Paco Roca aidé de Rodigo Terrasa, rendent leur fierté et leur dignité à ces personnes qui se sont battu pour que la mémoire soit retrouvée et qu'on oubli pas ni ces gens assassinés ni les horreurs commises par le Franquisme.
A qui profite l'exil ? - Le Business des frontières fermées
Une BD documentaire très bien faite, qui pose une question en couverture et y répond à la fin avec une réponse qui ne va pas plaire à tout le monde ... Mais qui a le mérite de remettre l'église au centre du village sur la question épineuse et souvent débattue de l'immigration. Il est rigolo de voir que le sujet de l'immigration, de l'immigré, revient sans cesse dans nos débats publics avec en permanence le même bout de la lorgnette : la violence (qu'ils exercent, qu'on exerce) et la répression. Mais en s'intéressant à eux en tant qu'humain, on découvre bien des choses. La BD commence en Europe, dévoilant la politique sécuritaire européenne qui nous coûte des millions pour permettre à ces gens de risquer leur vie en tentant de rentrer, tandis que nous fermons de plus en plus les frontières. Après ce tour d'horizon, la BD passe en Afrique où nous découvrons les migrants, ces fameuses personnes qui tentent le passage vers l'Europe. Les noms, les visages, les vies... Tout devient tout à coup tangible, ce ne sont plus "des migrants", masse informes de gens venus nous envahir, mais des humains qui ont un vécu, une vie. Et leurs histoires sont autant de façons de vivre la misère, l'espoir, les malheurs. Les trajets longs, coûteux, les morts, les disparus, les viols, tout ceux qui ne reviendront pas ... Et à la fin, on change à nouveau : direction le Sénégal. Ici, c'est un aperçu du "Pourquoi ?" qui sera présenté. Non exhaustif, mais néanmoins très représentatif, il symbolise ce que ces personnes fuient. Et ce qui les fait fuir est le même monstre qui les empêchera de passer : le capitalisme. Celui qui aime la main-d’œuvre corvéable à merci pour des salaires de misères. Celui qui fait tourner une industrie de l'armement en temps de paix, parce que le business n'attend pas. Celui qui va vider les eaux des pêcheurs du Sénégal avec des traités ratifiés par des élites corrompus, qui affameront les locaux et les pousseront à partir. Cette partie est pleine d'espoir, sur des gens qui s'organisent, des personnes qui veulent changer les choses. Mais elle met surtout en lumière ce que c'est, l'immigration : la résultante de nos politiques, que nous votons et maintenons en consommant, en ne luttant pas et en restant passif. La BD se conclut sur un ensemble de portraits de la réalité des migrants en France aujourd'hui. Des parcours de vie divers, depuis l'Afrique jusqu'aux pays de l'Est, chacun venu sans papiers et parfois régularisé, parfois non. Travaillant dans la pénibilité et le déni du droit du travail, pour des salaires de misère et souvent en danger, exploité dans leurs horaires, ils se taisent car "non-légaux". Mais toujours aussi humain, non ? Cette BD n'est pas un manuel de solution mais de réponse. Pourquoi viennent-ils ? Pourquoi l'Europe ? Comment peuvent-ils risquer leurs vies ainsi ? La réponse fait mal : regardons-nous dans un miroir. Nous voulons leur poissons pas cher, et leurs métaux précieux pour nos téléphones. Nous voulons de la main-d’œuvre dans nos pays vieillissant. Nous soutenons ces politiques en votant pour des partis, en restant dans l'instrumentalisation de la peur, celle de l'autre, l'immigré, le voleur, le dangereux. Nous nous coupons d'une humanité, nous pillons le monde avec nos entreprises, nous les soutenons par nos supermarchés, et nous votons pour qu'ils continuent. Le problème, c'est le capitalisme. Et si nous le soutenons, en définitive, le problème c'est nous.
Les Brûlures
La vie, c'est comme la piscine. - Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. La première édition date de 2019. Il a été réalisé par Zidrou (Benoît Drousie) pour le scénario, et par Laurent Bonneau pour les dessins et les couleurs. Dans une petite station balnéaire, Assane Ndiaye (surnommé Nutella) est en train de regarder la mer dorée par le soleil, derrière ses lunettes de soleil. Il est assis au comptoir d'une paillote et s'allume une clope en songeant qu'il y a toujours quelqu'un pour t'apprendre à nager, mais jamais personne pour t'apprendre à te noyer. La serveuse (avec un badge marqué Consuela, mais en fait c'est la robe de la précédente) lui demande s'il va se baigner. Au vu de sa réponse négative, elle lui propose de venir se baigner avec elle en fin de service. Inspecteur de police, Assane Ndiaye se souvient quand il s'est retrouvé à contempler le cadavre de Giorgia Bocelli, 17 ans, nue sur le plateau de la morgue, avec son tatouage Hello Kitty sur l'intérieur de la cuisse droite. C'était une entraîneuse travaillant au bar Le Phare, à qui on a arraché cinq dents à vif et trois ongles aux pieds. Il repense aussi à ses séances à la piscine, à cette belle nageuse en combinaison, avec bonnet et lunettes, sa façon d'enchaîner les longueurs, avec des demi-tours impeccables. Il se superpose l'image de la tête d'une femme maintenue de force sous l'eau d'une piscine privée, jusqu'à ce qu'elle s'asphyxie. deux hommes la torturent pour lui arracher des informations. À un autre moment, Light (le collègue de Nutella) l'amène jusqu'à la piscine municipale. À la piscine municipale, la belle nageuse arrive dans une robe à fleur. Dans le couloir, elle dit bonjour à Édith, une femme de 87 ans, déjà en maillot de bain, qui s'apprête à rejoindre le bassin. Celui-ci est très lumineux grâce à une grande baie vitrée, légèrement entrouverte, et un superbe vitrail non figuratif. La belle nageuse s'approche de son casier, alors qu'Assane est déjà en maillot. Il l'observe et la contemple à la dérobée. Il demande à Maïtena, la femme de ménage si elle la connaît. Cette dernière se moque de lui en disant qu'elle ne souhaite pas renseigner un flic. Light et Nutella se trouvent au bord du bassin de la piscine privée devant une magnifique demeure. C'est le jardinier et sa femme qui ont trouvé le corps d'Adriana Totti, 23 ans, celle à qui on a maintenu la tête sous l'eau, puis brûlée avec le barbecue à 2.500 degrés, puis achevée de trois balles dans la tête. Nutella ne comprend pas comment Light peut être en train de manger un hamburger devant un tel spectacle. La barista sert son café à Assane, avec beaucoup de crème fraîche comme il l'a demandé. Elle lui fait observer qu'il n'a pas répondu à sa proposition de venir se baigner avec elle le soir. Cette bande dessinée constitue une étrange lecture. Cela commence comme un polar bien noir avec ces assassinats sadiques, avec un inspecteur désabusé, à qui il manque une forme d'envie ou d'entrain. Dès la première page, les dessins occupent une place prépondérante dans la narration, avec seulement 3 cases qui sont de la largeur de la page. Le mode de rendu se focalise plus sur l'impression donnée par ce spectacle de soleil qui commence à décliner, que sur les détails concrets de la plage, de la mer, ou des nuages. Le lecteur ressent que cette page est en phase avec l'état d'esprit d'Assane Ndiaye, que son état d'esprit colore la manière dont il perçoit ce qui l'entoure. Il s'agit donc d'un polar où l'enquête est indissolublement liée à l'environnement dans laquelle elle se déroule, mais aussi à la personnalité de celui qui la mène. Il faut un peu de temps au lecteur pour se rendre compte que toutes les scènes ne se déroulent pas dans un ordre chronologique, et qu'il y a au moins deux fils chronologiques qui s'entremêlent. Cette construction narrative ne gêne en rien la compréhension du récit, le lecteur se rendant compte qu'une partie de ce qu'il découvre constitue des souvenirs qui reviennent à l'esprit du personnage principal, ou des éclairages sur une sensation, une émotion. Le lecteur se laisse donc emmener par ce savant désordre chronologique et accompagne Assane Ndiaye à la morgue ou sur les lieux du crime. Les images montrent le corps dénudé de la première victime sur la table de la morgue, avec son étrange tatouage, une partie des coups portés à la deuxième victime, et mentionne la troisième victime. Le lecteur observe les réactions des deux inspecteurs : l'un blasé, l'autre affecté dans une mesure difficile à apprécier. Light semble compenser ce contact avec les pires exactions des êtres humains, en se gorgeant de sucre et de graisse, comme en atteste son obésité assumée. Une remarque en passant de Ndiaye permet de comprendre que l'accumulation d'horreurs lui pèse, et qu'il aspire à un autre métier. Le scénariste fait le nécessaire pour étoffer un peu le personnage principal, indiquer qu'il est impliqué dans son métier, mais qu'il apprécierait que sa profession ne l'oblige pas à contempler les horreurs commises par les pires représentants de l'humanité. Au final, d'ailleurs, il le voit plus en train de draguer gentiment qu'en train de travailler. Au travers de la nageuse, Zidrou met en scène personnage féminin mystérieux, abimé par la vie, ayant certainement accompli des actes répréhensibles. Le lecteur se sent un peu moins concerné par l'enquête qui avance sans réelle difficulté, de cadavre en découverte d'indice bien pratique. Le lecteur se prête d'autant plus volontiers au jeu de la construction du récit, que les planches font la part belle aux grandes images, avec trois ou quatre cases par planche, et souvent des cases panoramiques de la largeur de la page. Le lecteur commence par admirer ce début de coucher de soleil et le jeu de lumière qu'il génère. Par la suite, il découvre le bâtiment de la piscine dans un dessin en double page, puis le bassin de la piscine dans un dessin pleine page (p. 21). Il voit la voiture des enquêteurs sur l'autoroute dans un autre dessin en pleine page, p. 41. À deux reprises, l'artiste représente la côte avec la mer, dans un dessein en double page, une fois de jour, une fois de nuit. Laurent Bonneau réalise lui-même sa mise en couleurs, en couleur directe, avec une approche oscillant entre naturalisme et impressionnisme. Lorsqu'il bascule dans ce deuxième mode, cela a pour effet d'installer une ambiance qui entre en résonance avec l'état d'esprit du personnage principal, sa manière d'être songeur, de ressentir un affect particulier. Le lecteur se rend aussi compte que l'artiste utilise aussi l'aquarelle pour saisir avec une exactitude surnaturelle l'impression que produit la masse d'eau dans le bassin de la piscine, le jeu des lumières, mêlant de manière étonnante des éléments descriptifs précis, avec une colorisation rendant compte de sensations. Laurent Bonneau joue sur le degré de précision des traits de contour, de manière à s'adapter à la nature de la scène, à mettre en avant plutôt une représentation descriptive, ou plutôt une représentation d'impression, de sensation. En fonction de la sensibilité du lecteur et des scènes concernées, le résultat peut être extraordinaire, ou juste correct. Par exemple, en pages 9 & 10, quatre cases montrent l'intérieur d'une boîte de nuit. Les traits de contour se font un peu plus lâches et imprécis, avec une colorisation jouant sur des tons verdâtres et violets pour rendre compte de l'éclairage tamisé. Le lecteur a l'impression de se tenir aux côtés des protagonistes dans cette ambiance feutrée. Les sensations sont encore plus immergeantes quand la mystérieuse nageuse plonge dans le bassin dans une savante structure de cases sur deux pages, en pages 14 & 15. L'impression devient plus mitigée quand le dessinateur se contente de trois cases de la largeur de la page, avec uniquement des têtes en train parler, comme la discussion entre Nutella et Light en page 61. Les camaïeux en fond de case n'apportent pas grand-chose en termes d'émotion et les 3 cases semblent assez vides en termes narratifs. Le lecteur tombe sous le charme de très belles pages, et ne prête pas forcément une grande attention au mélange des fils chronologiques, d'autant que les informations sont dispensées avec parcimonie et que l'incidence d'un fil sur l'autre n'est pas patente. Sans qu'il s'en désintéresse, il se dit que cet entrelacement est plus une technique pour rythmer la narration par des séquences courtes de nature différente, plutôt qu'un jeu de réponses les unes entre les autres, pour faire ressortir des points communs ou des oppositions. Ayant achevé sa lecture, il comprend mieux pourquoi Zidrou a choisi cette structure qui se révèle plus complexe que prévue, transformant l'enquête en une histoire à chute, dont l'effet est rétroactif. Le scénariste a réussi un exercice de style périlleux, sans perdre son lecteur, en jouant sur une juxtaposition lisible qui cache bien son jeu. En ouvrant cette BD, le lecteur n'est pas trop sûr de ce qui l'attend : une enquête sur des meurtres sordides, en bord de mer. Il commence déjà par apprécier la qualité picturale de la narration visuelle, avec des pages aux couleurs envoutantes. Il suit une intrigue assez linéaire, étrangement réarrangée en plusieurs fils temporels. Il savoure le plaisir visuel de lecture en ressentant un début d'affection pour Assane Ndiaye. Il s'incline devant l'habileté de la structure du scénario, tout en ressentant un effet exercice de style un peu artificiel.
La Boite à musique
Bon, le premier tome ne m'avait pas fait une très bonne impression : une jeune fille vient tout juste de perdre sa mère, celle-ci lui a légué une boîte à musique qui se révèle caché l'unique passage vers un monde extraordinaire appelé Pandorient, peuplé de créatures étranges et diverses, et elle se révèlera plus ou moins chargée du rôle de protectrice de cette boîte et par la même occasion des habitants de ce monde. Classique, mais peut toujours être bien tourné. Ce premier album n'y arrivait pas, rythme beaucoup trop rapide, impression de survoler l'histoire à ma lecture, pas vraiment d'attache avec les personnages, le tout n'était sauvé que par le dessin magnifique et le très beau travail de lumières. Généralement, j'aime toujours donner sa chance jusqu'au bout à une série, me disant qu'un miracle peut toujours se produire, qu'une série peut toujours s'améliorer, qu'il faut parfois laisser le temps à une œuvre de se révéler. Bien souvent les séries que je lis, regarde ou écoute n'arrivent pas à relever la barre et je reste finalement dans mon ressenti initial. Il est bon de tomber quelques fois sur les exceptions ! Oui : dès le tome deux, la série s'améliore. Meilleur rythme, début d'une intrigue filée (qui commence à devenir intéressante dès le tome trois), introduction de personnages hauts en couleurs, meilleure caractérisations des personnages que l'on connaissait déjà, un traitement du sujet du deuil de l'héroïne plus poussé, un humour qui reste bon enfant mais parvient à être plus fin, plus juste, le tout, encore une fois, avec un dessin magnifique, vif et rayonnant (littéralement, je trouve sincèrement le travail de Gijé sur la lumière remarquable). Non contente de se révéler très bonne, cette série a même réussi à me déclencher un coup de cœur ! Comme ça, sans prévenir, au détour du troisième album ! Tout n'est pas parfait pour autant, il y a notamment une intrigue du tome quatre, liée à une discrimination des relations inter-espèces, dont j'ai trouvé la résolution beaucoup trop rapide et facile. Pas de quoi me faire lever les sourcils non plus, la série a toujours eu un petit côté candide sur les bords, mais tout de même. J'aimerais vous parler de plusieurs choses qui m'ont plus, mais les albums étant courts et les intrigues mine de rien assez simples, je préfère tout de même vous laisser les découvrir. Mais croyez moi, même si elles sont simples, après le premier album un peu mou, ça vaut sincèrement la lecture, ne serait-ce que par curiosité. Pas de nouvelles pour la suite de la série depuis quatre ans, je croise les doigts pour qu'elle ne soit pas abandonnée, il y a vraiment du bon potentiel dans cette série jeunesse et l'intrigue filée autours de la Pandoccident intrigue et est pour le moment laissée en suspens. (Note réelle 3,5) Petite note au passage, pour la blagounette, je note une légère coquille narrative au quatrième album : une pandorientale, ne connaissant rien de notre monde donc, référence à un moment Roméo.
Galapagos
C’est à la faveur d’un papier sur Planète BD que j’ai eu connaissance de cette BD pour le moins discrète. La critique était enthousiaste, le graphique, bien que particulier, me plaisait, je me la suis procurée. Derrière une couverture assez anodine, on découvre une histoire basée sur des faits réels, première bonne surprise (je n’ai lu la critique des confrères qu’aujourd’hui, me contentant des quatre étoiles pour la lire). Drôle d’histoire que celle-là : celle d’un couple allemand venu, au début des années trente, recommencer sa vie sur l’archipel des Galapagos, alors désert. Mais croyant fuir les vicissitudes du monde moderne, ils attirent au contraire une horde de curieux. Il y a là matière à créer une bonne histoire, ce que Michaël Olbrechts n’a pas manqué de faire. Le scénario est bien construit. On sent la tension monter progressivement, en même temps que s’installe une ambiance malsaine. Dès le début en réalité, on sent bien que le culte revendiqué par Friedrich Ritter, personnage central de cette histoire, pour Nietzsche, va tôt ou tard être confronté à une toute autre réalité. Tout cela est bien amené. Quelques flashbacks éclairent des facettes des personnages et rythment la narration, la conduisant inexorablement à son acmé. Et on n’est pas déçu. Le dessin est particulier. Il fait songer à celui de Dumontheuil, mais Dumontheuil qui aurait fait du Tintin dévergondé, pour faire vite. J’aime bien, surtout que les choix de colorisation sont francs, et résonnent bien avec le style. Les expressions sont en outre très bien rendues. Il y a un peu d’humour. La conclusion ne déçoit pas. Tout bien. Merci aux copains de Planète BD, et en particulier à Quentin Haegman, pour avoir attiré mon attention sur cette BD, et relayé de fait cette anecdote bien décalée.
Le Dieu-Fauve
Ça faisait longtemps que je n'avais pas eu ça : finir de lire une BD avec le souffle coupée. Quelle puissance évocatrice, quelle force dans son scénario et quelle fin ! Je dois bien le dire, narrativement on est dans une solidité à toute épreuve ! Je me doutais que ça allait être pas mal, au vu de nombreux avis positifs. Mais à ce point c'était pas prévu. L'histoire est simple, mais parfaitement bien mise en scène. Le découpage en chapitres réguliers avec un narrateur différent à chaque fois, proposant une chute souvent surprenante, entraine dans l'histoire qui reste pourtant dense et chargée en thématiques. Que ce soit la question du pouvoir et des empires, de l'humanité, de la violence et des systèmes de domination, tout est analysé d'une façon ou d'une autre, tourné autour de ce singe incarnant une némésis divine. A titre purement personnel, j'y ai vu une métaphore intéressante : l'humanité se déchirant pour des futiles jeu de pouvoirs, tandis qu'une menace délétère se profile derrière, prête à les mettre tous en pièces. La BD est servie par le dessin impeccable de Roger. Tout est parfaitement mis en scène : la colorisation, l'organisation des planches, la violence, la tension, les actions brutales et chorégraphiées ... Tout s'accorde pour rendre une ambiance désespérée de fin des temps, de monde en ruine. Le tout est aussi porté par la narration qui se fait bien souvent intérieure, privilégiant le peu de de dialogues. De fait, elle permet de parler avant tout visuellement, contrastant les discours et les attitudes, permettant de ressentir pleinement ce qui se joue. Cette BD n'a pas démérité son succès. Elle est singulière, étonnante et franchement dingue même. Tant dans son scénario sans concessions, d'une violence rare mais aussi implacable, dans son humanité qui transparait en quelques cases autour de personnages qu'on aurait imaginé bien différent, que dans son propos presque nihiliste et fataliste. Une BD sur la violence, mais qui exprime aussi tout ce dont l'être humain est capable. Une réussite indéniable, je rejoins le concert de louanges.
La Belle Endormie
Quelle belle... surprise ! Pourtant j'ai commencé ce triptyque avec le frein à main. Une série girly jeune ado, un dessin manga que je n'affectionne pas et un précédent avis très négatif auraient du me décourager assez vite. Que nenni, une œuvre centrée sur un ballet de Tchaïkovski cela mérite une certaine attention. Le conte de " La belle au bois dormant" étant par nature un conte fantastique on ne peut pas reprocher à l'autrice de reprendre les ressors fantastiques du récit. Ainsi j'ai tout de suite accroché à la fluidité et la vivacité du scénario de Karina. De plus l'autrice utilise un vocabulaire de très bonne facture avec des dialogues d'un bon niveau jeunesse. Karina modernise le conte en le positionnant dans l'ambiance d'une prestigieuse école de musique et danse classique. Là encore plusieurs scènes sonnent très juste et m'ont rappelé certains passages de la série tv "Un, Dos, Tres" très appréciée par mes enfants et aussi par moi-même). L'autrice fait progresser son récit de façon convaincante en augmentant la tension dramatique jusqu'à mi T3. Evidemment la règle du happy end est respectée mais c'est bien fait. Je le répète le graphisme Manga n'est pas ma tasse de thé. J'y retrouve toujours les mêmes réserves comme des visages trop lisses voire figés, ou des déformations abusives (assez peu utilisées ici). Toutefois cela n'a pas gêné ma lecture. Au contraire ce côté lisse convient plutôt bien à l'univers du ballet classique. De plus les nombreuses scènes de danse classique sont vraiment réussies avec beaucoup de grâce et d'élégance. Le vocabulaire et la construction des scènes de répétition montrent que l'autrice connait son sujet. En ce qui concerne les extérieurs, l'autrice à travaillé de nombreux détails dans une architecture haussmannienne assez froide. Finalement à mes yeux cela reste une très bonne série pour jeunes ados avec un support culturel très intéressant.
Tant pis pour l'amour, ou comment j'ai survécu à un manipulateur
L'autrice raconte la relation toxique qu'elle a eu avec un manipulateur narcissique. C'est un ouvrage intéressant qui montre malheureusement une situation banale où une personne vulnérable finit en couple avec un manipulateur qui petit à petit détruit la confiance de sa victime et la contrôle totalement. Il y a des scènes assez dure à voir car c'est basé sur des faits réels qui sont arrivés à l'autrice, ce n'est pas de la fiction. Il y a un peu d'humour pour atténuer l'ambiance, mais les moments où son petit ami l'abuse en lui criant dessus ne sont pas très plaisants à voir. En plus de parler de ce qu'elle a vécu, l'autrice fait une partie documentaire pour prévenir les gens sur les manipulateurs narcissiques avec notamment un tableau sur les caractéristiques de ce type de personne et c'est très bien fait. Je ne sais pas trop quoi dire de plus que ce que les autres posteurs ont déjà écrit. Un one-shot à lire absolument si on est intéressé par les thèmes abordés par l'autrice.
Sibylline - Chroniques d'une escort girl
C'est certainement la révélation de l'année. Son auteur,Sixtine Dano, nouvelle dans le monde de la bande dessinée, nous offre un one shot parfaitement maitrisé aussi bien au niveau scénario, qu'au niveau graphique. En abordant ce thème de la prostitution estudiantine, elle évite clichés et toute forme de voyeurisme. Dans sa postface, elle nous avoue s'être inspirée de témoignage de six jeunes femmes et d'un homme pour créer son personnage de Raphaëlle, Nous suivons donc les aventures de Raphaëlle, étudiante de 1ère année d'architecture qui va vite se retrouver sur des applications de rencontre, sous le pseudo de Sibylinne, pour des relations tarifées, pour pouvoir financer ses études. Entrecoupé de flashes back , qui m'ont un peu déstabilisé dans ma lecture, c'est presque le destin normal d'une jeune fille qui nous est relaté. Le côté très juvénile donnée à Raphaëlle apporte un sentiment de malaise dans son rôle d'escort girl. Mais c'est surtout le dessin à l'encre et au fusain de Sixtine Dano qui donne au récit une sensualité délicate et un côté réaliste. Un premier album réussi, auteur à suivre !