Un très bon premier tome !
Non content de nous raconter une histoire aux allures de conte, nous parlant d’écologie, de spiritualité et un peu de féminisme aussi, ce premier album arrive à être plus qu’une simple introduction à son récit et à son univers. Beaucoup de choses sont développées ici et, même si beaucoup restent en suspens, on ne ressort pas en se disant d’avoir assister à la simple lecture d’un incipit.
Petit spoil le temps de ce court paragraphe (spoil sans doute peu important in fine car il s’agit d’un aspect qui définira la suite de la série mais ça reste un twist qui surgit à la moitié de cet album).
J’ai beaucoup apprécié le fait de traiter le sujet post-apocalyptique sous l’angle d’un retour à la spiritualité et à une vie plus proche de la nature. Ce n’est pas nouveau mais c’est un type de récit qui me parle tout particulièrement.
Les dessins de Stéphane Fert sont, comme toujours, magnifiques. De belles couleurs vives jouant sur des contrastes sombres, des formes rondes et un style presque crayonné.
Sans doute pas du goût de tout le monde, personnellement je trouve ses dessins pleins de charme. Le cahier de brouillons à la fin est un vrai plus pour moi.
Une série que je vais suivre avec assiduité.
C’était très bien mais j’avoue que les avis élogieux que j’avais glané ici et là m’avaient presque trop bien vendu le truc.
Le résultat reste très bon, j’insiste, mais je m’attendais presque à une révélation.
Ne laissons pas ma petite déception faire entendre que l’album est mauvais : il est loin de l’être.
Sous ses airs d’une réécriture du mythe arthurien et de simple récit d’aventure, l’album se révèle être en fait un récit d’émancipation centré sur une adolescente, puis une critique de la condition de la femme, puis un récit illustrant le fait que le pouvoir et la vengeance transforment en monstre, puis en fait un peu de tout ça à la fois.
Comme les légendes, le récit d’aventure est ici plein de sous-textes et de réflexions.
Le dessin de Burniat est bon. Pas mon style préféré mais je lui reconnais beaucoup de qualités (notamment ses expressions du visage qui jouent beaucoup dans les instants comiques).
Car oui, c’est un récit comique aussi. Beaucoup de scène drôles jouent sur les expressions des personnages, donc, mais certaines jouent aussi sur les répliques. J’ai particulièrement aimé certains échanges entre Ysabelle et l’épée.
Bref, une vraie bonne lecture.
Ignorez ma légère complainte du début.
(Note réelle 3,5)
Le désir, ça se travaille, ça s'invente.
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Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. Son édition originale date de 2023. Il a été réalisé par Lauriane Chapeau pour le scénario et Loïc Verdier pour les dessins. La mise en couleurs a été réalisée par Chiara Di Francia, Arancia Studio et Loïc Verdier. Il comprend cent pages de bande dessinée.
Sur les quais de la Nouvelle-Orléans en 1917, Gustavo & Antonio deux frères métisses, discutent avec Herb derrière une palissade : ils sont en train de lui refourguer une caisse d’alcool de contrebande. L’acheteur hésite, mais les deux frères goûtent la camelote devant lui, ce qui l’incite à le faire également et il en est convaincu. L’affaire conclue, il indique que c’est la première fois qu’il vient dans cette ville et qu’il aimerait s’amuser un peu. Un copain lui a conseillé de se rendre à Storyville pour trouver des filles. Les deux frères lui recommandent l’établissement Make Love To Me. Après le départ de l’acheteur, ils rentrent chez eux, un pavillon du quartier Storyville. À l’intérieur, la mère Dolorès appelle sa fille Santa Maria Del Sol pour qu’elle vienne l’aider à la cuisine. Celle-ci interrompt ses caresses intimes, et descend rapidement. Les deux frères arrivent et tout le monde passe à table, la mère exigeant le silence pendant que chacun apprécie le repas. Après elle demande à ses fils quelle est la bonne nouvelle qu’ils voulaient annoncer. Ont-ils trouvé du travail ? L’un d’eux jettent une liasse de billets sur la table : ils ramènent de l’argent ! La mère intime à sa fille de monter dans sa chambre et elle exige ensuite que ses fils lui disent comment ils ont gagné cet argent.
Quelques instants plus tard, Gustavo et Antonio discutent sur la véranda, et Santa Maria descend discrètement par la balustrade. Elle demande à Gustavo qui est cette Nina dont il parlait. Elle finit par comprendre que cette femme travaille pour Madame Lala, au Make Love To Me, en tant que prostituée. Elle leur demande comment c’est là-bas, mais ils refusent de répondre, et elle est appelée par sa mère pour faire la vaisselle. Un peu plus tard dans la journée, elle accompagne sa mère faire les courses chez l’épicier. En chemin, elles passent devant l’église et Santa Maria discute avec Trevor en train de repeindre la clôture, pendant que sa mère continue pour aller chez l’épicier. La jeune fille demande à son ami s’il est déjà allé en maison close, s’il a déjà vu un minou, et elle finit par le traiter de puceau. Sur ces entrefaites, le révérend sort de l’église et demande à la jeune fille de laisser Trevor travailler. Elle va rejoindre sa mère, portant un panier vide à chaque main. Elle aperçoit ses deux frères sur le trottoir devant elle et elle décide de les suivre. Elle a deviné juste : ils se rendent à la maison de joie. Elle voit Quinn, une femme un peu âgée en sortir avec sa valise à la main. Elle l’aborde pour savoir si elle travaille ici. La prostituée lui répond : jusqu’à ce matin, mais ils ne veulent plus d’elle. Sa mère passe l’angle de rue et interpelle sa fille. Dans une chambre, Gustavo est persuadé d’avoir entendu la voix de sa sœur dehors.
Une histoire qui débute sur de bien étranges prémisses : une adolescente vierge de dix-sept ans qui va travailler dans une maison close. Le lecteur pense un moment à Miss Pas Touche (2006-2009) de Kerascoët & Hubert Boulard, mais ici l’héroïne assure des tâches domestiques, sans que les clients ne puissent acheter ses services. Le titre désigne un quartier historique du centre-ville de la Nouvelle-Orléans, passé à la postérité pour avoir abrité des activités liées à l’alcool, au jeu et à la prostitution. Santa Maria Del Sol appartient à une famille de métisses dont le père a disparu, il n’est même pas évoqué, avec deux frères plus âgés et une mère qui ne travaille pas. Elle éprouve une forte curiosité pour une maison close appelée Make Love To Me, tenue par Madame Lala. Cette curiosité est entretenue par le mystère des activités qui s’y déroulent à l’intérieur et par le mélange d’interdit et d’attraction qui l’entoure, ainsi que par l’évidente satisfaction de ses clients, à commencer par ses propres frères. Un concours de circonstances va l’amener à pénétrer dans cet établissement avec le projet d’assassiner Madame Lala. Elle va se heurter au principe de réalité de plein fouet, tout en générant une forme de compassion chez les prostituées et chez Madame Lala. Finalement embauchée, elle côtoie les prostituées, papote avec ces nouvelles collègues, et elle devient le témoin de quelques pratiques tarifiées. La situation se complique pour elle entre Trevor son amoureux, et le vicomte le propriétaire du clandé.
Avec un tel fil conducteur, le lecteur s’attend à une histoire assez glauque : des prostituées mal traitées, un quartier mal famé avec des trafics crapuleux, un racisme latent, une mainmise par le crime organisé, un environnement dans lequel une oie blanche n’a aucune chance. Fort heureusement, les dessins s’éloignent d’un style réaliste, avec une forme de description simplifiée, d’exagération dans la forme humaine, et un jeu d’acteurs parfois un peu surjoué pour donner plus de personnalité aux protagonistes. Dans les décors, le lecteur sent bien que l’artiste s’est inspiré de documents historiques pour reproduire le quartier de Storyville : les quais avec les bateaux à la forme caractéristique de cette époque et de cette région du monde, ainsi que l’animation pour gérer les marchandises, le quartier animé avec les constructions en dur, les immeubles de quelques étages et les balcons typiques, le quartier populaire avec ses maisons en bois et sa population métisse, le bayou avec son ponton de bois et sa végétation luxuriante, et bien sûr la maison close avec ses différentes pièces. Au vu du sujet, le lecteur est conscient de sa curiosité de voyeur : il regarde donc le monumental hall d’entrée avec ses tapis, son piano, son lustre, son ventilateur, les poutres apparentes, les canapés et les fauteuils, et ces dames qui attendent le client. Lors de la première visite de Santa Maria, il regarde comme elle plusieurs chambres avec leur décor, la forme du lit, les accessoires dont l’indispensable broc d’eau pour la toilette intime. Il regarde avec la même curiosité l’aménagement du bureau de Madame Lala. Il se rend compte en se familiarisant avec les lieux, que l’éclairage diffère d’une chambre à l’autre. Il découvre le dortoir des filles, la salle de bains commune avec ses baignoires. Il prend le temps d’apprécier la décoration particulière imaginée et réalisée par ces dames à l’occasion de Mardi Gras, à base de vulves.
L’artiste joue avec la forme humaine pour mieux faire ressortir l’état d’esprit de chaque personnage, son humeur. Ce choix se manifeste dans des visages aux traits souvent simplifiés, aux formes des yeux très malléables, aux silhouettes soient étirées, soit gonflées, aux pieds un tout petit peu trop effilés, aux gestes un tout petit peu caoutchouteux. Ces libertés par rapport à l’anatomie rigoureuse apportent un peu plus de vie dans les individus, les rendant plus sympathiques, sans être enfantins : leurs émotions sont ainsi plus apparentes et plus honnêtes, sans être infantiles ou naïves, en restant très adultes. Ce mode de représentation renforce l’empathie du lecteur pour les personnages, tout en tentant la réalité à distance, juste ce qu’il faut pour que la sensation de voyeurisme soit évitée. Les relations sexuelles sont représentées, y compris quelques pratiques moins conventionnelles, sans devenir pornographiques, l’érotisme y étant également absent, parce qu’il s’agit de personnages de papier. Le dessinateur parvient ainsi à éviter des descriptions trop réalistes qui seraient glauques, mais aussi à éviter une narration visuelle qui serait édulcorée, qui évoquerait les services des prostituées soit de manière inoffensive, soit de manière ludique.
La jeune Santa Maria Del Sol passe par une première phase de curiosité dévorante quant au plaisir dispensé dans l’établissement tenu par Madame Lala, puis par une phase de haine envers cette femme, pour enfin pénétrer dans cette entreprise et y être employée. La toute jeune femme exerce un autre métier que celui de prostituée, restant inaccessible aux clients, portant un regard différent sur ce métier, entre ingénuité et perspicacité. L’histoire devient celle de l’éveil de ces professionnelles, prenant conscience de ce qu’elles apportent à la société, et en particulier d’une facette de leur savoir-faire qu’il est possible de valoriser de façon disruptive dans la société de l’époque. Le lecteur se sent porté par cet espoir de changement, d’évolution positive. Dans le même temps, la scénariste ne donne pas dans l’angélisme. En arrivant devant l’établissement Make Love To Me, la jeune fille croise une prostituée dont la direction se sépare pour cause de date de péremption dépassée. La tolérance dont bénéficie cette maison découle des agissements de monsieur Williams surnommé le vicomte, qui dispose d’un flair politique qu’il met à profit pour se concilier les bonnes grâces, ou plutôt la protection de notables et responsables qu’il a su impliquer. Aucune des prostituées n’a choisi son métier par vocation, encore moins par plaisir. Le comportement de certains clients nécessite l’intervention de Johnny, métis à la carrure et à la musculature imposantes. Les maladies vénériennes peuvent s’avérer mortelles. Les ligues de vertu manifestent leur désapprobation publiquement dans la rue. Le risque de maltraitance de ces dames reste présent. La violence physique peut s’exercer de plusieurs manières.
Les auteurs plongent une jeune femme vierge dans la vie quotidienne d’une maison close, à une époque précise, dans un quartier identifié. La narration visuelle se tient en équilibre entre l’exagération et des éléments réalistes, tenant ainsi à distance le voyeurisme et le misérabilisme, avec des personnages expressifs, tout en montrant les contraintes sociales et le quotidien du métier. L’histoire parvient à un aussi bon équilibre entre l’entrain et l’optimisme de la jeunesse, et le principe de réalité d’une telle forme d’entreprise dans une société dont la tolérance a ses limites. Très réussi.
Si l'on pouvait résumer le professeur Stratus et ses aventures par un seul mot, ce serait nostalgie.
Le professeur Stratus est né en 1989 dans le journal de Tintin (version flamande), et a fait ses débuts dans Hello BD un an plus tard en France.
Nous sommes face à un trio de héros: le professeur Stratus, un de ses amis, et son majordome. Ces trois personnages vont parcourir le monde d'abord par dirigeable, puis par sous-marin, tous inspirés d'un univers très "Vernien".
Ce sont des récits d'aventure à l'ancienne, tout "hurle" les années 80, mais dans le bon sens du terme: graphisme, mais aussi scénario. Les héros sont très manichéens, à savoir sans vrai défauts, du côté du bien. Stratus se révèle être davantage un humaniste et enquêteur qu'un brillant savant (ses rares inventions servent davantage à transporter les personnages qu'autre chose), son ami fait office de Dr Watson, tandis que le majordome évoque irrésistiblement passe-partout par son à-propos, tout en plaçant son devoir au-dessus de tout.
C'est un peu basique, et pourtant cela marche. On prend beaucoup de plaisir à lire ces aventures. Une histoire se déroule en France, traitant des préjugés d'autrui, mais au lieu de briser la continuité Vernienne, elle apporte une parenthèse bienvenue.
Je lui met 4 étoiles, même si objectivement elle ne mérite que trois: cette série conviendra effectivement davantage à des plus jeunes...Ou des jeunes nés dans les années 70 et 80 qui sont devenus vieux. Les autres auront du mal. Mais faisant partie de la seconde catégorie, je ne boude pas mon plaisir
Je connaissais déjà Appollo mais je découvre enfin Tehem avec cet album. Et bien je dois dire que ma lecture fut des plus agréables.
Ils fournissent tous deux du superbe boulot. Le sujet déjà m’a bien accroché mais le traitement (en plus d’être didactique) m’a semblé franchement réussi.
J’ai aimé l’angle d’attaque de cette chronique, on suit l’abolition de l'esclavage sur l’île de la Réunion via le parcours d’Edmond.
Un beau pavé de plus de 150 pages d’une fluidité et lisibilité à toutes épreuves. Le tout est accessible, passionnant, instructif et bien réalisé.
Je suis raccord avec la remarque de Mac Arthur sur ce petit manque d’émotions mais ça ce ne ternit pas mon très bon ressenti en sortie de lecture.
Du bel ouvrage.
Voila le genre de récit simple et efficace que j'adore ! C'est basique, un scénario bien rodé sur une trame qui flirt avec le fantastique à la Stephen King (logique, vu l'auteur) pour parler de ces petites villes tranquille et de tout ce qui bout sous la surface. Et j'aime vraiment ça !
C'est simple, donc, mais prenant et pas simpliste. On assiste à l'histoire en suivant June, une final girl qui débarque dans la petite ville tranquille de son copain. Et puis s'installe l'ambiance, les différents protagonistes, les éléments de l'histoire. La tempête surgit et là, c'est le début du massacre. Et si je n'ai pas été retourné par le scénario, j'ai apprécié tout son déroulé et ses surprises franchement bien trouvées. Tout s'imbrique bien, jusqu'à une fin et une chute bien trouvée, que je trouve pleine de sens vis-à-vis de ces deux femmes (par rapport à tout les autres hommes) et ce que June incarne dès le début (étudiante en sociologie qui se veut au service des autres face à des flics bas du front).
L'histoire est servie par un dessin bien efficace et qui colle à l'ambiance poisseuse et lourde de cette tempête. Il y a une atmosphère qui se dégage très vite et qui prend. C'est le genre de BD dont il ne faut pas trop en attendre mais qui convient à merveille si on se laisse porter. Un régal !
Nous sommes dans un royaume anthropomorphique où le roi vieillissant (un lion, pas très original) du royaume sans nom en question se prépare à accueillir l'ambassadeur d'une alliance regroupant 2 royaumes et un empire afin d'établir de nouveaux liens commerciaux et diplomatiques.
L'analogie avec les 5 terres est évidente, et certains personnages ressemblent énormément à ceux du long-métrage Disney Zootopia.
Mais la comparaison s'arrête là: Zootopia est une fable sur la tolérance, les 5 terres une œuvre titanesque s'attachant à décrire en profondeur chacun des 5 royaumes en question à travers 6 tomes/royaume qui s'étirent en longueur avec un nombre incalculable de personnages, pas tous liés les uns aux autres.
Ici, en tout cas pour les deux premiers tomes, on se concentre sur le Royaume sans nom, il y a de nombreux personnages, mais tous bien construits, posés bien plus rapidement, et dont les destins sont encroisés de manière étroite.
L'histoire joue la part belle aux intrigues politiques et guerrières, c'est très bien construit, et surtout beaucoup plus direct. Après un tome introductif permettant de poser le cadre, le second opus va dans le vif du sujet à 100 à l'heures, petit à petit on découvre les éléments d'un grand jeu d'échec, sans aucun temps mort.
Et paradoxalement, cela réussit extrêmement bien à l'intrigue, très prenante, jouant sur les faux-semblants de manière efficace. Autant j'ai très vite fatigué avec les 5 terres qui s'étire jusqu'à plus soif, autant ce Royaume sans nom réussit à parfaitement conserver son équilibre et à maintenir mon intérêt éveillé. On pourrait reprocher à la série de nous montrer assez peu de choses des peuples de l'alliance, tout en ayant une ou deux faiblesse: on ne sait pas, par exemple, par quel moyen les carnivores se nourrissent en viande rouge, alors que le royaume se pose en opposition à un rival politique qui mange ses sujets sans vergogne (mais il faut aussi dire que les 5 terres lui fait carrément totalement l'impasse sur ce sujet!!! Au moins c'est évoqué), je considère malgré tout que le plus est l'ennemi du bien.
Pour le moment une très franche réussite pour moi.
Hé, hé, mais c'est qu'il n'est pas complètement mort le Sloane puisque le voilà de retour pour un excellent album prêté par le sieur Paco. Que voilà de la bonne SF. Une histoire originale dans un monde post apo qui lorgne vers d'autres titres que je ne citerais pas, mais que tout le monde reconnaitra.
Franchement le dessin de Ben Stenbeck sur des titres comme Hellboy et B.P.R.D n'était pas celui que je préfère, des traits trop anguleux, taillés à la hache. Ici joie et bonheur, le dessin est beaucoup plus fluide, presque épuré et grandement mis en valeur par la colorisation.
Pour en revenir à l'histoire disons que ça dégomme pas mal, âmes sensibles s'abstenir, mais bon qui a jamais imaginé un monde post apocalyptique rempli de Bisounours, la tension monte crescendo. Le personnage de l'IA est à mon sens très bien vu qui nous distille un petit peu d'humour et puis finalement même si les choses finissent un peu comme on pouvait s'y attendre, une petite note d'espoir pour les dernières cases. Mais il est bien connu que les cannibales ne mangent pas de plantes, penseront-ils à les arroser?
Vivement conseillé
Après avoir découvert Etienne Davodeau dans le très bon Rural ! je poursuis ma découverte de son œuvre avec ce très bel ouvrage.
Malgré les 10 années qui séparent les deux ouvrages, on ressent chez l'auteur un profond attachement à cette région d'Anjou ainsi qu'aux hommes qui la font vivre.
Petit amateur de vin j'ai pris beaucoup de plaisir à suivre l'initiation de Davodeau au travail de la vigne et de la cave.
J'ai trouvé par ailleurs qu'il avait très bien réussi à retranscrire la passion de Richard Leroy pour son terroir ainsi que sa philosophie.
Son approche étant très proche des agriculteurs "héros" de Rural !, on peut aisément penser qu'elle est partagée par l'auteur.
De la même manière j'ai bien aimé l'initiation de Leroy au monde de la BD, j'ai pu y apprendre pas mal de choses.
Mon seul petit bémol étant que j'ai trouvé cette initiation très condensée.
Toutefois ce décalage entre les deux partie correspondant peut être à la réalité du terrain.
Ce très bel ouvrage ravira les amateurs de BD et de vins.
Pour les autres, cette initiation croisée montrera la partie cachée du travail de ces deux créateurs de plaisirs
Une BD plutot réussie qui m'a été offerte et à coté de laquelle je serais peut-être passé tant le feuilletage des premières pages ne m'invitait pas plus que ça à poursuivre la lecture. Il faut dire que j'ai trouvé de prime abord le dessin assez suranné. Elégant certes mais un poil démodé. Cela colle bien avec cette histoire se passant en 1938 cela dit. Idem pour le lettrage, assez old school et peu lisible en fait, c'est peut etre en définitive ce qui m'a le plus rebuté. Il m'est même arrivé à plusieurs reprises de devoir relire une bulle, tant le lettrage utilisé n'est pas fluide et fouilli.
Dommage parce que dès qu'on s'intéresse un tant soit peu au récit on découvre un aspect inconnu de la fameuse émission de radio La Guerre des Mondes de Orson Wells qui aurait provoqué une panique générale. Voici pour le point de départ de cette histoire assez connue. Mais rapidement le récit dévie et on suit un romancier/journaliste, Douglas Burroughs, dont cette BD est l'adaptation - c'est d'ailleurs écrit en gras sur la couverture. Burroughs est en charge d'enquêter avec la police pour le compte de la radio CBS pour voir si l'émission de radio de Wells pourrait être tenue responsable de la fameuse panique générale, et plus particulièrement d'un double homicide. Rapidement les choses s'avèrent plus compliquées qu'elles n'y paraissent et sans trop en dévoiler, les personnages, les fausses pistes et les rebondissements se multiplient jusqu'au dénouement plutôt pas mal ficelé et digne d'un vrai bon roman policier.
Une belle découverte donc, avec en prime un "easter egg" plutot balèze que vous trouverez si comme moi vous voulez en savoir plus sur le roman de Douglas Burroughs dont cette oeuvre est adapatée. C'est une belle pirouette finale qui donne tout son sel à ce one-shot, et une élégante forme de mise en abîme pour nous faire nous interroger sur la valeur de l'information qui nous est présentée, sur les manipulations des médias et plus généralement sur ce qu'est la vérité. En cette période d'IA galopante, de deep fakes et de tentative manipulation des masses, poser ces questions est déjà en soit un acte citoyen et profondément républicain.
Note: 3.5/5
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La Marche Brume
Un très bon premier tome ! Non content de nous raconter une histoire aux allures de conte, nous parlant d’écologie, de spiritualité et un peu de féminisme aussi, ce premier album arrive à être plus qu’une simple introduction à son récit et à son univers. Beaucoup de choses sont développées ici et, même si beaucoup restent en suspens, on ne ressort pas en se disant d’avoir assister à la simple lecture d’un incipit. Petit spoil le temps de ce court paragraphe (spoil sans doute peu important in fine car il s’agit d’un aspect qui définira la suite de la série mais ça reste un twist qui surgit à la moitié de cet album). J’ai beaucoup apprécié le fait de traiter le sujet post-apocalyptique sous l’angle d’un retour à la spiritualité et à une vie plus proche de la nature. Ce n’est pas nouveau mais c’est un type de récit qui me parle tout particulièrement. Les dessins de Stéphane Fert sont, comme toujours, magnifiques. De belles couleurs vives jouant sur des contrastes sombres, des formes rondes et un style presque crayonné. Sans doute pas du goût de tout le monde, personnellement je trouve ses dessins pleins de charme. Le cahier de brouillons à la fin est un vrai plus pour moi. Une série que je vais suivre avec assiduité.
Furieuse
C’était très bien mais j’avoue que les avis élogieux que j’avais glané ici et là m’avaient presque trop bien vendu le truc. Le résultat reste très bon, j’insiste, mais je m’attendais presque à une révélation. Ne laissons pas ma petite déception faire entendre que l’album est mauvais : il est loin de l’être. Sous ses airs d’une réécriture du mythe arthurien et de simple récit d’aventure, l’album se révèle être en fait un récit d’émancipation centré sur une adolescente, puis une critique de la condition de la femme, puis un récit illustrant le fait que le pouvoir et la vengeance transforment en monstre, puis en fait un peu de tout ça à la fois. Comme les légendes, le récit d’aventure est ici plein de sous-textes et de réflexions. Le dessin de Burniat est bon. Pas mon style préféré mais je lui reconnais beaucoup de qualités (notamment ses expressions du visage qui jouent beaucoup dans les instants comiques). Car oui, c’est un récit comique aussi. Beaucoup de scène drôles jouent sur les expressions des personnages, donc, mais certaines jouent aussi sur les répliques. J’ai particulièrement aimé certains échanges entre Ysabelle et l’épée. Bref, une vraie bonne lecture. Ignorez ma légère complainte du début. (Note réelle 3,5)
Storyville - L'École du plaisir
Le désir, ça se travaille, ça s'invente. - Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. Son édition originale date de 2023. Il a été réalisé par Lauriane Chapeau pour le scénario et Loïc Verdier pour les dessins. La mise en couleurs a été réalisée par Chiara Di Francia, Arancia Studio et Loïc Verdier. Il comprend cent pages de bande dessinée. Sur les quais de la Nouvelle-Orléans en 1917, Gustavo & Antonio deux frères métisses, discutent avec Herb derrière une palissade : ils sont en train de lui refourguer une caisse d’alcool de contrebande. L’acheteur hésite, mais les deux frères goûtent la camelote devant lui, ce qui l’incite à le faire également et il en est convaincu. L’affaire conclue, il indique que c’est la première fois qu’il vient dans cette ville et qu’il aimerait s’amuser un peu. Un copain lui a conseillé de se rendre à Storyville pour trouver des filles. Les deux frères lui recommandent l’établissement Make Love To Me. Après le départ de l’acheteur, ils rentrent chez eux, un pavillon du quartier Storyville. À l’intérieur, la mère Dolorès appelle sa fille Santa Maria Del Sol pour qu’elle vienne l’aider à la cuisine. Celle-ci interrompt ses caresses intimes, et descend rapidement. Les deux frères arrivent et tout le monde passe à table, la mère exigeant le silence pendant que chacun apprécie le repas. Après elle demande à ses fils quelle est la bonne nouvelle qu’ils voulaient annoncer. Ont-ils trouvé du travail ? L’un d’eux jettent une liasse de billets sur la table : ils ramènent de l’argent ! La mère intime à sa fille de monter dans sa chambre et elle exige ensuite que ses fils lui disent comment ils ont gagné cet argent. Quelques instants plus tard, Gustavo et Antonio discutent sur la véranda, et Santa Maria descend discrètement par la balustrade. Elle demande à Gustavo qui est cette Nina dont il parlait. Elle finit par comprendre que cette femme travaille pour Madame Lala, au Make Love To Me, en tant que prostituée. Elle leur demande comment c’est là-bas, mais ils refusent de répondre, et elle est appelée par sa mère pour faire la vaisselle. Un peu plus tard dans la journée, elle accompagne sa mère faire les courses chez l’épicier. En chemin, elles passent devant l’église et Santa Maria discute avec Trevor en train de repeindre la clôture, pendant que sa mère continue pour aller chez l’épicier. La jeune fille demande à son ami s’il est déjà allé en maison close, s’il a déjà vu un minou, et elle finit par le traiter de puceau. Sur ces entrefaites, le révérend sort de l’église et demande à la jeune fille de laisser Trevor travailler. Elle va rejoindre sa mère, portant un panier vide à chaque main. Elle aperçoit ses deux frères sur le trottoir devant elle et elle décide de les suivre. Elle a deviné juste : ils se rendent à la maison de joie. Elle voit Quinn, une femme un peu âgée en sortir avec sa valise à la main. Elle l’aborde pour savoir si elle travaille ici. La prostituée lui répond : jusqu’à ce matin, mais ils ne veulent plus d’elle. Sa mère passe l’angle de rue et interpelle sa fille. Dans une chambre, Gustavo est persuadé d’avoir entendu la voix de sa sœur dehors. Une histoire qui débute sur de bien étranges prémisses : une adolescente vierge de dix-sept ans qui va travailler dans une maison close. Le lecteur pense un moment à Miss Pas Touche (2006-2009) de Kerascoët & Hubert Boulard, mais ici l’héroïne assure des tâches domestiques, sans que les clients ne puissent acheter ses services. Le titre désigne un quartier historique du centre-ville de la Nouvelle-Orléans, passé à la postérité pour avoir abrité des activités liées à l’alcool, au jeu et à la prostitution. Santa Maria Del Sol appartient à une famille de métisses dont le père a disparu, il n’est même pas évoqué, avec deux frères plus âgés et une mère qui ne travaille pas. Elle éprouve une forte curiosité pour une maison close appelée Make Love To Me, tenue par Madame Lala. Cette curiosité est entretenue par le mystère des activités qui s’y déroulent à l’intérieur et par le mélange d’interdit et d’attraction qui l’entoure, ainsi que par l’évidente satisfaction de ses clients, à commencer par ses propres frères. Un concours de circonstances va l’amener à pénétrer dans cet établissement avec le projet d’assassiner Madame Lala. Elle va se heurter au principe de réalité de plein fouet, tout en générant une forme de compassion chez les prostituées et chez Madame Lala. Finalement embauchée, elle côtoie les prostituées, papote avec ces nouvelles collègues, et elle devient le témoin de quelques pratiques tarifiées. La situation se complique pour elle entre Trevor son amoureux, et le vicomte le propriétaire du clandé. Avec un tel fil conducteur, le lecteur s’attend à une histoire assez glauque : des prostituées mal traitées, un quartier mal famé avec des trafics crapuleux, un racisme latent, une mainmise par le crime organisé, un environnement dans lequel une oie blanche n’a aucune chance. Fort heureusement, les dessins s’éloignent d’un style réaliste, avec une forme de description simplifiée, d’exagération dans la forme humaine, et un jeu d’acteurs parfois un peu surjoué pour donner plus de personnalité aux protagonistes. Dans les décors, le lecteur sent bien que l’artiste s’est inspiré de documents historiques pour reproduire le quartier de Storyville : les quais avec les bateaux à la forme caractéristique de cette époque et de cette région du monde, ainsi que l’animation pour gérer les marchandises, le quartier animé avec les constructions en dur, les immeubles de quelques étages et les balcons typiques, le quartier populaire avec ses maisons en bois et sa population métisse, le bayou avec son ponton de bois et sa végétation luxuriante, et bien sûr la maison close avec ses différentes pièces. Au vu du sujet, le lecteur est conscient de sa curiosité de voyeur : il regarde donc le monumental hall d’entrée avec ses tapis, son piano, son lustre, son ventilateur, les poutres apparentes, les canapés et les fauteuils, et ces dames qui attendent le client. Lors de la première visite de Santa Maria, il regarde comme elle plusieurs chambres avec leur décor, la forme du lit, les accessoires dont l’indispensable broc d’eau pour la toilette intime. Il regarde avec la même curiosité l’aménagement du bureau de Madame Lala. Il se rend compte en se familiarisant avec les lieux, que l’éclairage diffère d’une chambre à l’autre. Il découvre le dortoir des filles, la salle de bains commune avec ses baignoires. Il prend le temps d’apprécier la décoration particulière imaginée et réalisée par ces dames à l’occasion de Mardi Gras, à base de vulves. L’artiste joue avec la forme humaine pour mieux faire ressortir l’état d’esprit de chaque personnage, son humeur. Ce choix se manifeste dans des visages aux traits souvent simplifiés, aux formes des yeux très malléables, aux silhouettes soient étirées, soit gonflées, aux pieds un tout petit peu trop effilés, aux gestes un tout petit peu caoutchouteux. Ces libertés par rapport à l’anatomie rigoureuse apportent un peu plus de vie dans les individus, les rendant plus sympathiques, sans être enfantins : leurs émotions sont ainsi plus apparentes et plus honnêtes, sans être infantiles ou naïves, en restant très adultes. Ce mode de représentation renforce l’empathie du lecteur pour les personnages, tout en tentant la réalité à distance, juste ce qu’il faut pour que la sensation de voyeurisme soit évitée. Les relations sexuelles sont représentées, y compris quelques pratiques moins conventionnelles, sans devenir pornographiques, l’érotisme y étant également absent, parce qu’il s’agit de personnages de papier. Le dessinateur parvient ainsi à éviter des descriptions trop réalistes qui seraient glauques, mais aussi à éviter une narration visuelle qui serait édulcorée, qui évoquerait les services des prostituées soit de manière inoffensive, soit de manière ludique. La jeune Santa Maria Del Sol passe par une première phase de curiosité dévorante quant au plaisir dispensé dans l’établissement tenu par Madame Lala, puis par une phase de haine envers cette femme, pour enfin pénétrer dans cette entreprise et y être employée. La toute jeune femme exerce un autre métier que celui de prostituée, restant inaccessible aux clients, portant un regard différent sur ce métier, entre ingénuité et perspicacité. L’histoire devient celle de l’éveil de ces professionnelles, prenant conscience de ce qu’elles apportent à la société, et en particulier d’une facette de leur savoir-faire qu’il est possible de valoriser de façon disruptive dans la société de l’époque. Le lecteur se sent porté par cet espoir de changement, d’évolution positive. Dans le même temps, la scénariste ne donne pas dans l’angélisme. En arrivant devant l’établissement Make Love To Me, la jeune fille croise une prostituée dont la direction se sépare pour cause de date de péremption dépassée. La tolérance dont bénéficie cette maison découle des agissements de monsieur Williams surnommé le vicomte, qui dispose d’un flair politique qu’il met à profit pour se concilier les bonnes grâces, ou plutôt la protection de notables et responsables qu’il a su impliquer. Aucune des prostituées n’a choisi son métier par vocation, encore moins par plaisir. Le comportement de certains clients nécessite l’intervention de Johnny, métis à la carrure et à la musculature imposantes. Les maladies vénériennes peuvent s’avérer mortelles. Les ligues de vertu manifestent leur désapprobation publiquement dans la rue. Le risque de maltraitance de ces dames reste présent. La violence physique peut s’exercer de plusieurs manières. Les auteurs plongent une jeune femme vierge dans la vie quotidienne d’une maison close, à une époque précise, dans un quartier identifié. La narration visuelle se tient en équilibre entre l’exagération et des éléments réalistes, tenant ainsi à distance le voyeurisme et le misérabilisme, avec des personnages expressifs, tout en montrant les contraintes sociales et le quotidien du métier. L’histoire parvient à un aussi bon équilibre entre l’entrain et l’optimisme de la jeunesse, et le principe de réalité d’une telle forme d’entreprise dans une société dont la tolérance a ses limites. Très réussi.
Professeur Stratus
Si l'on pouvait résumer le professeur Stratus et ses aventures par un seul mot, ce serait nostalgie. Le professeur Stratus est né en 1989 dans le journal de Tintin (version flamande), et a fait ses débuts dans Hello BD un an plus tard en France. Nous sommes face à un trio de héros: le professeur Stratus, un de ses amis, et son majordome. Ces trois personnages vont parcourir le monde d'abord par dirigeable, puis par sous-marin, tous inspirés d'un univers très "Vernien". Ce sont des récits d'aventure à l'ancienne, tout "hurle" les années 80, mais dans le bon sens du terme: graphisme, mais aussi scénario. Les héros sont très manichéens, à savoir sans vrai défauts, du côté du bien. Stratus se révèle être davantage un humaniste et enquêteur qu'un brillant savant (ses rares inventions servent davantage à transporter les personnages qu'autre chose), son ami fait office de Dr Watson, tandis que le majordome évoque irrésistiblement passe-partout par son à-propos, tout en plaçant son devoir au-dessus de tout. C'est un peu basique, et pourtant cela marche. On prend beaucoup de plaisir à lire ces aventures. Une histoire se déroule en France, traitant des préjugés d'autrui, mais au lieu de briser la continuité Vernienne, elle apporte une parenthèse bienvenue. Je lui met 4 étoiles, même si objectivement elle ne mérite que trois: cette série conviendra effectivement davantage à des plus jeunes...Ou des jeunes nés dans les années 70 et 80 qui sont devenus vieux. Les autres auront du mal. Mais faisant partie de la seconde catégorie, je ne boude pas mon plaisir
Vingt-décembre - Chronique de l'abolition
Je connaissais déjà Appollo mais je découvre enfin Tehem avec cet album. Et bien je dois dire que ma lecture fut des plus agréables. Ils fournissent tous deux du superbe boulot. Le sujet déjà m’a bien accroché mais le traitement (en plus d’être didactique) m’a semblé franchement réussi. J’ai aimé l’angle d’attaque de cette chronique, on suit l’abolition de l'esclavage sur l’île de la Réunion via le parcours d’Edmond. Un beau pavé de plus de 150 pages d’une fluidité et lisibilité à toutes épreuves. Le tout est accessible, passionnant, instructif et bien réalisé. Je suis raccord avec la remarque de Mac Arthur sur ce petit manque d’émotions mais ça ce ne ternit pas mon très bon ressenti en sortie de lecture. Du bel ouvrage.
Basketful of heads
Voila le genre de récit simple et efficace que j'adore ! C'est basique, un scénario bien rodé sur une trame qui flirt avec le fantastique à la Stephen King (logique, vu l'auteur) pour parler de ces petites villes tranquille et de tout ce qui bout sous la surface. Et j'aime vraiment ça ! C'est simple, donc, mais prenant et pas simpliste. On assiste à l'histoire en suivant June, une final girl qui débarque dans la petite ville tranquille de son copain. Et puis s'installe l'ambiance, les différents protagonistes, les éléments de l'histoire. La tempête surgit et là, c'est le début du massacre. Et si je n'ai pas été retourné par le scénario, j'ai apprécié tout son déroulé et ses surprises franchement bien trouvées. Tout s'imbrique bien, jusqu'à une fin et une chute bien trouvée, que je trouve pleine de sens vis-à-vis de ces deux femmes (par rapport à tout les autres hommes) et ce que June incarne dès le début (étudiante en sociologie qui se veut au service des autres face à des flics bas du front). L'histoire est servie par un dessin bien efficace et qui colle à l'ambiance poisseuse et lourde de cette tempête. Il y a une atmosphère qui se dégage très vite et qui prend. C'est le genre de BD dont il ne faut pas trop en attendre mais qui convient à merveille si on se laisse porter. Un régal !
Le Royaume sans nom
Nous sommes dans un royaume anthropomorphique où le roi vieillissant (un lion, pas très original) du royaume sans nom en question se prépare à accueillir l'ambassadeur d'une alliance regroupant 2 royaumes et un empire afin d'établir de nouveaux liens commerciaux et diplomatiques. L'analogie avec les 5 terres est évidente, et certains personnages ressemblent énormément à ceux du long-métrage Disney Zootopia. Mais la comparaison s'arrête là: Zootopia est une fable sur la tolérance, les 5 terres une œuvre titanesque s'attachant à décrire en profondeur chacun des 5 royaumes en question à travers 6 tomes/royaume qui s'étirent en longueur avec un nombre incalculable de personnages, pas tous liés les uns aux autres. Ici, en tout cas pour les deux premiers tomes, on se concentre sur le Royaume sans nom, il y a de nombreux personnages, mais tous bien construits, posés bien plus rapidement, et dont les destins sont encroisés de manière étroite. L'histoire joue la part belle aux intrigues politiques et guerrières, c'est très bien construit, et surtout beaucoup plus direct. Après un tome introductif permettant de poser le cadre, le second opus va dans le vif du sujet à 100 à l'heures, petit à petit on découvre les éléments d'un grand jeu d'échec, sans aucun temps mort. Et paradoxalement, cela réussit extrêmement bien à l'intrigue, très prenante, jouant sur les faux-semblants de manière efficace. Autant j'ai très vite fatigué avec les 5 terres qui s'étire jusqu'à plus soif, autant ce Royaume sans nom réussit à parfaitement conserver son équilibre et à maintenir mon intérêt éveillé. On pourrait reprocher à la série de nous montrer assez peu de choses des peuples de l'alliance, tout en ayant une ou deux faiblesse: on ne sait pas, par exemple, par quel moyen les carnivores se nourrissent en viande rouge, alors que le royaume se pose en opposition à un rival politique qui mange ses sujets sans vergogne (mais il faut aussi dire que les 5 terres lui fait carrément totalement l'impasse sur ce sujet!!! Au moins c'est évoqué), je considère malgré tout que le plus est l'ennemi du bien. Pour le moment une très franche réussite pour moi.
Poussière d'os
Hé, hé, mais c'est qu'il n'est pas complètement mort le Sloane puisque le voilà de retour pour un excellent album prêté par le sieur Paco. Que voilà de la bonne SF. Une histoire originale dans un monde post apo qui lorgne vers d'autres titres que je ne citerais pas, mais que tout le monde reconnaitra. Franchement le dessin de Ben Stenbeck sur des titres comme Hellboy et B.P.R.D n'était pas celui que je préfère, des traits trop anguleux, taillés à la hache. Ici joie et bonheur, le dessin est beaucoup plus fluide, presque épuré et grandement mis en valeur par la colorisation. Pour en revenir à l'histoire disons que ça dégomme pas mal, âmes sensibles s'abstenir, mais bon qui a jamais imaginé un monde post apocalyptique rempli de Bisounours, la tension monte crescendo. Le personnage de l'IA est à mon sens très bien vu qui nous distille un petit peu d'humour et puis finalement même si les choses finissent un peu comme on pouvait s'y attendre, une petite note d'espoir pour les dernières cases. Mais il est bien connu que les cannibales ne mangent pas de plantes, penseront-ils à les arroser? Vivement conseillé
Les Ignorants
Après avoir découvert Etienne Davodeau dans le très bon Rural ! je poursuis ma découverte de son œuvre avec ce très bel ouvrage. Malgré les 10 années qui séparent les deux ouvrages, on ressent chez l'auteur un profond attachement à cette région d'Anjou ainsi qu'aux hommes qui la font vivre. Petit amateur de vin j'ai pris beaucoup de plaisir à suivre l'initiation de Davodeau au travail de la vigne et de la cave. J'ai trouvé par ailleurs qu'il avait très bien réussi à retranscrire la passion de Richard Leroy pour son terroir ainsi que sa philosophie. Son approche étant très proche des agriculteurs "héros" de Rural !, on peut aisément penser qu'elle est partagée par l'auteur. De la même manière j'ai bien aimé l'initiation de Leroy au monde de la BD, j'ai pu y apprendre pas mal de choses. Mon seul petit bémol étant que j'ai trouvé cette initiation très condensée. Toutefois ce décalage entre les deux partie correspondant peut être à la réalité du terrain. Ce très bel ouvrage ravira les amateurs de BD et de vins. Pour les autres, cette initiation croisée montrera la partie cachée du travail de ces deux créateurs de plaisirs
A Fake Story (d'après le roman de Douglas Burroughs)
Une BD plutot réussie qui m'a été offerte et à coté de laquelle je serais peut-être passé tant le feuilletage des premières pages ne m'invitait pas plus que ça à poursuivre la lecture. Il faut dire que j'ai trouvé de prime abord le dessin assez suranné. Elégant certes mais un poil démodé. Cela colle bien avec cette histoire se passant en 1938 cela dit. Idem pour le lettrage, assez old school et peu lisible en fait, c'est peut etre en définitive ce qui m'a le plus rebuté. Il m'est même arrivé à plusieurs reprises de devoir relire une bulle, tant le lettrage utilisé n'est pas fluide et fouilli. Dommage parce que dès qu'on s'intéresse un tant soit peu au récit on découvre un aspect inconnu de la fameuse émission de radio La Guerre des Mondes de Orson Wells qui aurait provoqué une panique générale. Voici pour le point de départ de cette histoire assez connue. Mais rapidement le récit dévie et on suit un romancier/journaliste, Douglas Burroughs, dont cette BD est l'adaptation - c'est d'ailleurs écrit en gras sur la couverture. Burroughs est en charge d'enquêter avec la police pour le compte de la radio CBS pour voir si l'émission de radio de Wells pourrait être tenue responsable de la fameuse panique générale, et plus particulièrement d'un double homicide. Rapidement les choses s'avèrent plus compliquées qu'elles n'y paraissent et sans trop en dévoiler, les personnages, les fausses pistes et les rebondissements se multiplient jusqu'au dénouement plutôt pas mal ficelé et digne d'un vrai bon roman policier. Une belle découverte donc, avec en prime un "easter egg" plutot balèze que vous trouverez si comme moi vous voulez en savoir plus sur le roman de Douglas Burroughs dont cette oeuvre est adapatée. C'est une belle pirouette finale qui donne tout son sel à ce one-shot, et une élégante forme de mise en abîme pour nous faire nous interroger sur la valeur de l'information qui nous est présentée, sur les manipulations des médias et plus généralement sur ce qu'est la vérité. En cette période d'IA galopante, de deep fakes et de tentative manipulation des masses, poser ces questions est déjà en soit un acte citoyen et profondément républicain. Note: 3.5/5