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Couverture de la série Sa Majesté des Mouches
Sa Majesté des Mouches

Je n’ai jamais lu le roman – pourtant célèbre – de Golding, mais je connais depuis longtemps les grandes lignes de cette histoire. Cette adaptation a été l’occasion de me plonger un peu plus dans cette histoire qui donne une vision très noire – et hélas réaliste – de la nature humaine. Golding l’a écrite au sortir de la seconde guerre mondiale – à laquelle il a participé – et cette noirceur trouve probablement son origine dans cette boucherie. L’album est épais, mais se lit relativement rapidement. D’abord parce que la narration, très fluide, est captivante. Ensuite parce qu’il n’y a pas beaucoup de dialogues. Mais De Jongh, avec une économie de moyens, arrive facilement à faire passer l’essentiel – en restant je pense fidèle au texte d’origine. C’est ainsi que ces enfants, seuls rescapés d’un accident d’avion, sur une île déserte, vont peu à peu passer de vacanciers sur une plage idyllique à participants d’un drame sauvage. Le basculement progressif est bien montré. Et, au final, le récit est glaçant, mettant à nu le mal, qui d’habitude est davantage masqué. Avec une fin édifiante et là encore très noire : c’est un navire militaire, sombre et menaçant, qui apporte les « secours ». Comme s’il n’y avait finalement pas d’échappatoire. Le dessin de De Jongh est lui aussi très bon. Fluide et dynamique, avec une colorisation jouant sur un assombrissement progressif. Bref, une lecture hautement recommandable !

22/02/2025 (modifier)
Couverture de la série Une Aventure de Jeanne Picquigny
Une Aventure de Jeanne Picquigny

Le premier tome donne le ton, et nous emporte dans une aventure qui, même si elle se situe dans le premier tiers du XXème siècle, fait penser aux romans de Rider Haggard sur la découverte des trésors cachés de l’Afrique. Il y a aussi un peu du souffle romanesque hollywoodien de la grande époque (quelques scènes avec les porteurs et quelques aventures m’ont aussi fait penser aux Tarzan avec Weissmuller que j’ai regardés enfant). Même si Fred Bernard apporte beaucoup de légèreté à son récit, en faisant de Jeanne une héroïne forte, une femme moderne et libérée. L’album suivant la voit partager vedette et récit avec Love Peacock, aventurier inclassable : on s’écarte de l’Afrique et de la quête du père, pour entrer dans quelque chose de plus décousu – mais pas moins intéressant, vers l’Amérique du sud et caribéenne. Les personnages secondaires – féminins surtout – apportent originalité et dynamisme à l’intrigue. (J’ai lu ces deux albums dans un album intégrale les regroupant) « La patience du tigre », nous envoie en Asie et « La paresse du Panda » prend la suite, les deux albums (à la pagination très conséquente) se laissent lire agréablement, même si j’ai été un chouia moins captivé par ce qui s’y passait que dans le tome inaugural. Mais globalement ça reste une série plus que sympathique. Le dessin faussement brouillon (un peu inégal parfois) de Bernard est agréable, et beaucoup de personnages secondaires – eux-aussi féminins – donnent du coffre à cette série, qui a su revisiter quelques lieux communs de l’aventure exotique et romanesque. Note réelle 3,5/5.

22/02/2025 (modifier)
Couverture de la série Shin Zero
Shin Zero

« Go go Power Rangers ! Tin nin nin ! Go go Power Rangers ! You mighty morphin’ Power Rangers ! » Non mais attendez, partez pas ! D’accord il est question de Sentai ici, mais pas que, surtout dans ce premier tome introductif, aller, parlons un peu de ce Shin Zero. Bon les Sentai tout le monde voit ce que c’est grosso modo, ou faites vos recherches ça nous fera gagner du temps. Dans une réalité alternative, en 2008 dans un pays fictif qui ne dit pas son nom mais qui ressemble fortement à un Japon tendance très cosmopolite (des noms comme Héloïse côtoie aussi bien Satoichi que Warren ou Nikki), les Kaiju (encore une fois, Google est votre ami) ont disparu. Le dernier super boss a pris une branlée en 1995 et depuis la paix règne sur le pays. Comment recycler donc ces super héros en costume lycra devenus un peu encombrant ? Ils se sont uberisé tiens (termes un peu anachroniques en 2008 mais bon, ça passe) : mission de sauvetage de chat dans les arbres, vigiles de super marché, ou encore cassage de gueules de petits caïds en bas des cités pour les missions les plus dangereuses. L’idée paraît un peu bête de prime abord, on a du mal à y croire, mais dans le pays du 0 % de taux de chômage et où les Sentai font presque figure d’institution (on en voit au Japon faire des animations commerciales dans des supérettes), bah finalement ça tient debout. Alors c’est bien beau tout ça, mais il faut que ça raconte quelque chose c’te histoire. C’est là qu’on suit cinq tranches de vies, cinq jeunes galériens qui vivent en colocation dans un appartement d’une cité HLM et qui enfilent le costume de super héros pour « arrondir » les fins de mois. Ils y sont tous : force rouge, le « leader » de la bande, des muscles, du cœur, mais pas de cerveau et surtout pas de perspectives d’avenir. Ce n’est pas en faisant carrière chez Uber Sentai qu’il gagnera sa vie ou le respect des autres vu que les Sentai, de nos jours, c’est un peu la loose. Force jaune, sa cousine, une jeune maman célibataire battante qui veut s’en sortir grâce à ses études d’avocate. Force rose, une lesbienne un peu bourrue à fort caractère, personnage le moins intéressant je trouve pour le moment. Force verte, l’intello premier de la classe, dommage qu’il soit un peu le cliché du dégonflé traître immature émotionnel qui mate en loucedé comme un gros pervers force bleue. Force bleue d’ailleurs, meilleure pote du vert, éduquée catho tradi, pas très intéressée par les études et préfère l’argent facile d’internet. Cinq personnages bien écrits, bien développés, dont l’évolution est très prenante à suivre. Vous inquiétez pas, il y a de la baston aussi, il y a une sous-intrigue avec un retour possible des Kaiju, des enquêtes à la mords-moi le nœud dignes de vos séries live d’enfance (Power Rangers, Bioman, Winspector etc.) Il y a un jolie mélange entre hommage et récit original. C’est superbement dessiné, on reconnaît bien le trait de Singelin qui s’est « mangaïsé » pour l’occasion en alliant son style habituel (déjà un mélange des genres) avec une touche un poil plus manga (j’sais pas si c’est bien clair dit comme cela…). On retrouve ses marottes habituelles avec les cités HLM dégueulasses en guise de toile de fond, les petits personnages kawai qu’on voit par-ci par-là… c’est du niveau des meilleurs mangas japonais, sauf que lui n’a pas une armée d’assistants pour fignoler… Un récit accrocheur sur l’apprentissage de l’âge adulte, on sent que Bablet y a mis du sien, peut être son propre vécu même. En tout cas cette chroniques socialo-culturelle m’a mise l’eau à la bouche. To be continued, donc.

22/02/2025 (modifier)
Couverture de la série Le Fil de l'Histoire raconté par Ariane & Nino
Le Fil de l'Histoire raconté par Ariane & Nino

La série est une entrée en matière, une mise en images de périodes historiques pour aider le jeune public à mieux visualiser et retenir ses connaissances sur le sujet. Les albums sont courts, les informations se doivent donc d'être concises et facilement compréhensibles, pour plus d'informations il faudra bien souvent approfondir via des recherches ailleurs mais le but ici reste avant tout de présenter sérieusement et simplement des informations historiques. Un petit rappel des principaux personnages de ces évènements et un fil chronologique sont fournis à la fin, afin d'avoir une meilleure visualisation et un petit "pense-bête" sous la main. Les histoires sont toujours racontées par Ariane à son petit frère Nino. Chaque album commence par une ou deux pages de vie quotidienne de ces deux enfants, permettant à Nino de poser une question ou de faire un constat, lançant ainsi sa sœur dans une explication afin de mieux lui faire comprendre certaines choses. Je trouve que ces mises en situations sont intéressantes et bienvenues, elles permettent aux enfants elleux-même de comprendre pourquoi apprendre sur ces évènements du passé est important et peut leur être utile dans le présent. Cela leur permet également de se sentir impliqué-e-s si, comme Nino, iels connaissent assez peu le sujet du jour. La série est simple, courte et facilement trouvable, j'en conseille sincèrement la lecture à un jeune public. (Note réelle 3,5)

22/02/2025 (modifier)
Couverture de la série L'Incroyable Histoire de la Médecine
L'Incroyable Histoire de la Médecine

Cette série a bien du mérite. En effet elle permet de mettre un visage et une histoire sur un grand nombre de noms qui patronnent les plus grands hôpitaux français: Necker, Bichat, Laënnec et les autres ne seront plus des noms vides après la lecture de cette intéressante encyclopédie. Il faut dire que le Pr Fabiani a un certain talent de conteur et que son récit sait capter l'attention de son lectorat. Sa construction chronologique et thématique est très dynamique. Les chapitres sont introduits par un texte très concis ( souvent une demi page) qui va à l'essentiel et laisse la place à un texte plus fourni qui accompagne la partie BD. Il y a un bon équilibre entre le dessin de Bercovici qui amène du dynamisme à travers un trait humoristique. Le récit propose beaucoup d'anecdotes dans leur contexte historique et qui donnent du sens à certains épisodes dramatiques du passé. Le Pr Fabiani met en lumière certains passages mal connus comme la relation difficile entre la Révolution de 89 et l'Hôpital ou la mise au point d'outils incontournables ( les gants, le stéthoscope). Le métier de médecin s'est beaucoup féminisée ces dernières décennies et la série n'oublie pas le rôle majeur des femmes dans l'histoire des soins ( un chapitre sur les infirmières et un sur les sages-femmes entre autres). Une lecture instructive et distrayante traitée d'une façon à être accessible à un très large public.

21/02/2025 (modifier)
Par karibou79
Note: 4/5
Couverture de la série Le Sommeil du Monstre
Le Sommeil du Monstre

Alors là, j'en veux à Mr Bilal. Il nous offre avec le premier tome ce que je considère un album magistral, un 6/5. Chaque planche est une oeuvre d'art mélangeant les techniques. La narration est riche, chaque bribe d'information fait tourner l'imagination d'un monde dont on ne sait pas s'il est futuriste ou une adaptation de l'actuel. Le ton est sombre (y sont abordés les thèmes de l'hyper-sécurisation, le fanatisme, les villes sont froides...), les personnages sont durs mais l'espoir et les sentiments tapis au fond des âmes. Et puis, comme pour les autres séries de cet auteur unique, les tomes suivants sont moins ambitieux, plus bavards, plus épurés. D'une trilogie, on passe à une tétralogie sortant à une cadence interminable. Alors je relis le tome 1 en attendant que la conclusion puisse me donner le même uppercut. Et finalement, non. La série n'est pas mauvaise, loin de là, mais le sommet atteint au début laisse peu de chances à ce qui n'est "que" bon.

21/02/2025 (modifier)
Par Présence
Note: 4/5
Couverture de la série Le Temps perdu
Le Temps perdu

Décrivez le monde où vous vivez en insistant sur ses aspects les plus pittoresques. - Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. La première édition date de 2013. Il a été réalisé par Rodolphe (scénario, de son vrai nom Rodolphe Daniel Jacquette), Vink (dessins et couleurs, de son vrai nom Vinh Khoa), et Cine (couleurs, l'épouse de Vink). Il comprend 56 pages de bande dessinée en couleurs. Il se termine par 12 pages d'études graphiques allant du croquis à l'illustration peinte en double page, et par un court texte de remerciements rédigé par Vink. Ce dernier est également l'auteur de la série Le Moine fou et de sa suite Les Voyages de He Pao. Guillaume Romain est un auteur de bande dessinée, en train de revenir au volant de sa voiture, du Salon de Cursac, un festival de bande dessinée. En ce dimanche soir, la route lui semble encore trop longue pour terminer son voyage, et il décide de s'arrêter à une auberge appelée Le temps perdu. Il est accueilli par l'hôtelière Marie Brune, à qui il demande une chambre. Elle lui tend les clés de la numéro 11, avec douche et WC. Guillaume Romain monte à l'étage et ouvre la porte. Il éprouve une vague impression de déjà-vu. Il pose son sac et se dirige vers la salle de bain pour se laver les dents. Il passe devant une gravure intitulée La pays du temps perdu, qui montre un bûcheron tenant une hache levée et s'apprêtant à cogner un tronc, dans une forêt. En tant que dessinateur, Guillaume Romain apprécie la composition de la gravure et la touche du doigt. Il se retrouve aspiré à l'intérieur de la gravure, se tenant dans la forêt, à côté du bûcheron qui lui adresse la parole. Guillaume lui demande où il peut se diriger ; le bûcheron lui indique la direction du bourg et lui confirme qu'ils sont bien dans une gravure. Le bûcheron est bien content de pouvoir poser sa hache ; Guillaume Romain se met en marche vers le bourg. Il croise un garçon assis sur une branche, essayant de trouver des éléments pittoresques dans ce qui l'entoure pour faire sa rédaction. Il s'appelle Yoyo. L'adulte et l'enfant décident de faire chemin ensemble vers le bourg. Le garçon demande à Guillaume de se taire car il a entendu un groupe de soldats devant eux. Le garde champêtre indique aux 4 soldats, 3 autres soldats qui sont en train de sortir de terre. Les quatre premiers aident les autres à s'extirper de la terre et à se nettoyer. Le sergent Plume prend leur tête et commence à marcher au pas, en levant bien haut la jambe. Guillaume et Yoyo sortent du bois et arrive à proximité du bourg. Ils entendent des notes de musique. Il s'agit du colporteur qui joue de la vielle, des notes vertes et bleues. Yoyo indique à Guillaume de se boucher les oreilles car ces notes ravissent et ensorcellent, ce qui lui permet de voler les enfants, de les emmener et de les revendre à l'autre bout du monde. Un garçon et une fillette qui jouent dans le jardin tombent sous le charme des notes, et suivent le colporteur en changeant de couleur, lui en bleu, elle en vert. Le lecteur peut aussi bien être attiré par le scénariste à la carrière impressionnante, que par le dessinateur à la sensibilité remarquable, que par le programme du titre ou de la couverture. Dès le départ, les auteurs proposent une mise en abîme, avec la mise en scène d'un personnage principal, lui-même auteur de bandes dessinées. La situation banale de la nuit d'hôtel bascule dès la page 5 dans la situation fantastique où Guillaume Romain peut pénétrer dans le monde des gravures, demandant une suspension consentie d'incrédulité au lecteur. Sous réserve qu'il accepte d'y consentir, l'intrigue se révèle charmante, facile à suivre. Guillaume Romain est fasciné par ces gravures, et par ce qu'il découvre en accompagnant Yoyo. Ces séquences à l'intérieur des gravures se parent d'onirisme, qu'il s'agisse des soldats en train de pousser en terre, ou de l'arrachage d'une maison. Le lecteur y repère facilement des allusions à des contes, comme le joueur de flûte de Hamelin, ou la belle figure de proue d'un navire de pirates. Mais ces contes sont comme gauchis, avec un déroulement ou une fin bizarre et non-conforme à la forme classique. Certaines séquences reposent sur des caractéristiques macabres, telles les photographies de Ciao qui révèlent les individus dont la mort est proche, où le conteur dont la cervelle se vide et qui se creuse littéralement la tête pour chercher des traînées d'histoires, des lambeaux de rêves, dans une image littérale assez dérangeante. Il est vraisemblable que le lecteur comprenne le fin mot de l'histoire assez rapidement, mais cela ne l'empêche pas d'apprécier cette bande dessinée. S'il est tombé amoureux des pages de Vink dans la série Le moine fou, il hâte de retrouver cet artiste. Si son regard a été arrêté par la couverture, il a feuilleté la BD et il a pu constater que les pages intérieures présentent un même niveau de qualité. Vink dessine dans un registre descriptif et réaliste, avec un détourage léger des différentes formes, un trait discret noir ou brun. Les formes ainsi détourées sont ensuite nourries par la peinture de Cine qui vient elle aussi représenter les éléments, comme une technique de couleur directe. Cette technique de représentation marie la précision des traits encrés, avec la richesse de la peinture. L'intégration des traits et de la peinture atteint un niveau fusionnel qui fait que le lecteur ne peut imaginer à quoi ressemblerait une case sans la peinture ou sans les traits. Dans la postface, Vink précise qu'il a dessiné les personnages d'après des modèles et le lecteur peut constater la cohérence parfaite des traits de leur visage tout du long de la bande dessinée, ce qui leur donne une forte personnalité visuelle. L'artiste a choisi une approche naturaliste, avec des gestes posés pour les différents protagonistes, des expressions variées et nuancées, des tenues vestimentaires réalistes et différentes suivant les occupations. Certains des personnages dans le monde des gravures présentent des caractéristiques sortant plus de l'ordinaire, à commencer par les étranges soldats qui poussent comme des champignons, Beau qui semble souffrir de nanisme, la silhouette déformée du plus grand conteur de tout le pays et son habit de ménestrel, ou encore Rose et sa forte poitrine. Pour tous, le lecteur apprécie l'impression de vie qui se dégage d'eux, la manière dont la couleur directe apporte des reliefs à leurs vêtements, la texture de la peau, leur langage corporel. La première page commence par une case de la largeur de la page, montrant un panoramique d'une grande zone herbue, avec un village dans le lointain, et quelques arbres. L'attention du lecteur est également retenue par les belles couleurs ciel. Il y a visiblement de longues bandes de nuages éthérés qui retiennent les derniers rayons du soleil, avec des teintes jaune, orangée, violette. Vink & Cine n'appliquent pas des teintes vives ou agressives, mas des teintes pastel, l'aquarelle s'avérant parfaite pour rendre compte des nuances délicates. Dans une case en dessous sur la même page, le ciel a viré vers des teintes plus violettes, attestant de la diminution de la luminosité. S'il y est sensible, le lecteur peut alors prêter attention aux différents rendus du ciel au fil des séquences : un beau ciel bleu de printemps en page 8, un ciel dans une nouvelle teinte de violet en page 13, un ciel bleu avec des nuages plus consistants dans un nouveau panorama en page 18, un ciel menaçant d'orage en page 24, un ciel étoilé en page 40, un ciel d'été en page 58. Vink représente les différents environnements de manière réaliste. Le lecteur éprouve l'impression de repérer l'hôtel et d'y pénétrer avec Guillaume Romain, de regarder l'accueil, la chambre, les gravures, etc. Il regarde les différentes façades de maisons et de bâtiments, que ce soit l'alignement dans la rue où habite Romain, ou celles du village dans la première gravure. L'artiste sait aussi bien décrire une chambre d'hôtel, qu'une chambre noire, ou une salle aménagée pour un banquet de mariage. Vink & Cine sont encore meilleurs pour transcrire l'impression qui se dégage des environnements naturels. Guillaume Romain avance dans un sous-bois, avec de très belles couleurs pour les feuillages, le ruisseau, les feuilles tombées au sol, etc. Un peu plus loin (en page 18), il piquenique avec Yoyo et Beau, et le lecteur s'installerait bien à leurs côtés, sur l'herbe accueillante, à l'ombre d'un bel arbre, avec une vue dégagée sur le village. Vers la fin, Guillaume Romain est train de passer la débroussailleuse, et le lecteur peut identifier les différentes plantes formant la végétation. Il constate aussi que Vink n'a pas oublié d'équiper Guillaume avec ses équipements de protection individuelle. Le lecteur se laisse gentiment emmener dans ce récit sur le temps perdu, celui que Guillaume Romain perd en voyageant dans les gravures, et bien sûr celui qu'il retrouve. Il se laisse prendre au jeu des contes un peu bizarres et décalés pour essayer de comprendre la métaphore. Il prend plaisir à côtoyer ces personnages bienveillants et constructifs. Il ne sait trop comment réagir quand l'auteur explicite chaque séquence onirique à la fin tome, partagé entre la découverte de la solution qui lui indique s'il avait bien deviné, et une pointe de regret à voir ainsi l'onirisme s'évanouir au profit du réel. En revanche, il a pu se plonger dans des endroits pleinement matérialisés, avec une sensibilité d'artiste pour les décrire, et assister à une forme de remémoration très plaisante.

21/02/2025 (modifier)
Par Cacal69
Note: 4/5
Couverture de la série Sphères
Sphères

J'attends cette série de pied ferme depuis plusieurs semaines. Alain Brion est un auteur de grand talent, j'ai adoré son travail sur le tome 10 d'Androïdes et sur L'Epopée de Gilgamesh. Je suis toujours à la recherche d'Excalibur - Chroniques. Nous sommes en 2544 et le monde a changé. Je vais te faire un petit topo succinct de la situation : - 2055 _ Création de la station Mars-One. - 2123 _ Mars-One devient une colonie de peuplement. - 2138 _ Exploration de Vénus et Mercure. - 2203 _ Exploration de Jupiter et rencontre avec les sphères. - 2205 _ Découverte des axolotls sous la glace d'Europe. - 2494 _ La "Pax Ultimata" de la religion de l'Ultime et du Consortium spatial s'impose. L'album commence par une présentation des 8 personnages principaux et d'une chronologie de la conquête spaciale (plus complète que celle ci-dessus). Alain Brion nous dépeint un monde sous l'emprise d'une religion unique et d'un consortium, deux entités qui font la pluie et le beau temps sur Terre et dans l'espace. Un pouvoir qui pourrait être mis à mal par un petit animal découvert sur un satellite de Jupiter : l'axolotl, aux propriétés surprenantes. En parallèle, on va suivre le retour du colonel Prax'x après 300 ans de cryogénisation, il n'a pas oublié les 3 sphères disparues dans la tache rouge de Jupiter et de la navigatrice Nell'o, une jeune femme mal dans sa peau qui trouve du réconfort dans une substance psychoactive. Un récit qui démarre sur des bases qui ne sont pas novatrices, mais Brion a le savoir-faire pour rendre son récit captivant. Il impose un rythme lent qui permet de cerner les personnages et de poser les premières pierres aux fondations de l'intrigue, tout en nous faisant naviguer de la Terre à la station Mars-One en passant par le satellite Europe. Un scénario qui tient la route, la narration est maîtrisée et les protagonistes sont crédibles et charismatiques. Un premier tome qui met l'eau à la bouche. Le trait de Brion a un grain à nul autre pareil, une texture réaliste pour une immersion dans ce space opéra aux décors soignés, que ce soit la ville futuriste, les vaisseaux spatiaux ou la station orbitale. Les personnages ne sont pas en reste. Il faut prendre son temps, le moindre détail est un ravissement. La mise en couleur est magnifique. Une mise en page non académique. Un rendu époustouflant ! Impatient de savoir ce qui se cache derrière ces 3 sphères.

20/02/2025 (modifier)
Par karibou79
Note: 4/5
Couverture de la série Lanfeust de Troy
Lanfeust de Troy

Un bonheur pour ado de fin de collège: un univers exotique, des bourrins sanguinaires, des seconds rôles comiques, des méchants vraiment méchants et des bombasses. Tout ce que le JDR proposait de mieux dans les années 90 est plaqué sur image. Le charadesign est sympa, les détails des vêtements, accessoires et bâtiments sont immersifs, rien à redire. Mais avec le temps, on voit de plus en plus le côté mysogine et graveleux et. Alors forcément ça relativise la note pour une BD qui se lit et relit sinon sans ennui. Edit: je viens de lire qu'il a remporté l'Alph-Art jeunesse des 9-12 ans. Franchement pour l'exemple et le côté gore de certains combats, je ne le conseillerai sûrement pas à un gamin ou une gamine de 9 ans. ------------------------------------- MàJ après relecture des 8 tomes: Je passe la note de 3 à 4 car l'alchimie entre les personnages est exemplaire, chacun est bien fouillé mais ne prend pas la couverture vers lui. De temps à temps à autres, la scène sera dédiée à Hébus et ses mouches, à Cian et son plan mariage, à Nicolède gérant ce qu'il peut encore gérer, à Cixi et son tempérament qui ne demande qu'à s'enflammer et exploser, à Lanfeust tantôt valeureux tantôt neuneu. Les contrées sont des clichés du jeu de rôle mais il fait bon s'y promener. Et il y a tous ces jeux de mots glissés par-ci par-là qui ne demandent qu'à être découverts. Contrairement aux Chroniques de la lune noire, l'auteur évite la surenchère d'action (si l'on met de côté le tome final) et exploite bien chaque pouvoir ou capacité. Malheureusement, les 2 derniers tomes tirent en longueur avec de très sérieuses affaires de cœur qui dénote avec le ton badin 2 pages avant et 2 pages plus tard et beaucoup trop de clins d'oeil bien appuyés (Astérix, Arzach, Zorro...) qui font rire puis soupirer. Lanfeust bâtissait sa propre légende, dommage qu'elle pencha vers le fan service, Gottferdom ! La fin expédiée laisse sur sa faim mais cette série nous aura tellement fait voyager qu'on passe l'éponge.

24/12/2021 (MAJ le 20/02/2025) (modifier)
Par karibou79
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Les Contes de la ruelle
Les Contes de la ruelle

3.5 + coup de coeur = 4 Le premier avis compile tous les mots qui me sont venus à l'esprit: quiétude, douceur, fantastique, poésie... oui, cela peut paraître mièvre pour un lectorat adulte Occidental mais le public Asiatique aime se laisser emporter par la romance ou la nostalgie. L'auteur a sacrément changé son style en optant pour des aquarelles éthèrant l'atmosphère. Je redoutais un récit gnangnan en découvrant ce papy à la bouche très bizarrement dessinée et tenant des propos semblant à l'Ouest mais suis rapidement tombé sous le charme. Les histoires ne sont pas de qualité égale mais l'une ou l'autre fera toujours mouche (celle des timbres me concernant) et pourront même faire verser une petite larme lorsqu'arrivera la fin du livre et le moment de quitter ce joyeux quartier insouciant..

20/02/2025 (modifier)