Les derniers avis (31133 avis)

Par grogro
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Chevalier Brayard
Chevalier Brayard

Lue entre deux lectures plus « urgentes », ce Chevalier Brayard est parvenu à me captiver de bout en bout. C’est un mélange de plein d’ingrédients qui font mouche, à commencer par un scénario à la mode rabelaisienne. Je précise que j’ai abordé ma lecture avec la certitude qu’il s’agissait d’un premier tome, alors que nenni. J’ai d’abord aimé le dessin et les choix de colorisation qui évoquent tous deux ceux du Marquis d’Anaon. C’est d’une grande clareté, c’est dynamique et expressif. Le petit Jesus en culotte de velours. Je me suis lancé dans cette lecture sans rien connaitre du scénario, un simple feuillettage m’ayant convaincu de faire cette escapade. Je dois dire que j’ai trouvé cette histoire surprenante, quand même ! Son côté très rocambolesque, clairement affiché, est maitrisé. Le patchwork de personnages est assez improbable, et les dialogues décalés n’ont pas oublié d’être drôles (bien que peut-être un peu systématique parfois, il est vrai). Le ton est celui du récit picaresque. On songera - un peu - aux Indes fourbes. L’entrée dans ce road trippes médiéval, tout comme sa conclusion, emprunte beaucoup au western… ainsi que le ton qui, on ne le sent pas tellement venir le long de ce déroulé [ATTENTION : RISQUE IMPORTANT DE SPOUALE] tournera au tragique. J’avoue que sur la fin, j’étais tellement dedans que j'en fus fort bouleversé. Bref ! Le cadre est vite posé, et les personnages taillés dans le bois d’olivier millénaire avec néanmoins cette touche moderne qui lui confèrent toute son actualité. Je trouve cette histoire riche à souhait, et bien moins anecdotique qu’il n’y parait. Le ton grivois permet de masquer l’arrivée de cette fin tragique et tellement frustr… géniale ! J’ai failli dire frustrante mais parce que j’attendais une suite ! Non, rien à redire. C’est une chouette BD, sure de son dessin, fourmillant de références et de sous-textes, et l'on pourra y trouver de nombreuses scènes susceptibles de jouer cette fonction de parabole. Dans Chevalier Brayard, il y est question de racisme, de sexualité, de religion, de la mort et bien d’autres choses encore. Je ne boude pas un tel plaisir.

17/02/2025 (modifier)
Couverture de la série Béa Wolf
Béa Wolf

Ma lecture aura au moins comblé une carence importante puisque je ne connaissais pas la légende de Beowulf ni l'histoire passionnante du codex qui a traversé les siècles. Pour en revenir à la série de Weinersmith et Boulet je dois dire que j'ai été très impressionné par la narration textuelle. A l'exemple de De Cape et de Crocs la construction poétique d'une grande complexité dans la syntaxe avec le respect du sens à travers cette multitude d'assonances et d'allitérations est une prouesse remarquable. Du début à la fin je n'ai pas noté de faiblesse dans la cohérence du récit qui mêle fond et forme dans une même quête du respect d'un texte qui oscille entre tradition orale et écrite à la manière des psaumes ou des textes épiques de l'antiquité. La prouesse est double puisque Aude Pasquier ( injustement omise sur la couverture) réussit à rendre en français la poésie et l'originalité du texte original anglais. C'est si intelligemment fait que même l'esprit humoristique qui ouvre la lecture au plus large public est aussi de la partie. C'est le graphisme de Boulet qui a la responsabilité de faire résonner cette facette humoristique de la narration. Je pourrais lui reprocher un manque de liant entre les divers illustrations proposées. Cela rend la lecture moins fluide que pour une BD classique mais la qualité des planches dans les expressions, les détails et la diversité des personnages est telle que cela a effacé ma légère réserve. Une lecture originale qui sort des sentiers battus pour un vrai moment de plaisir linguistique.

17/02/2025 (modifier)
Par Présence
Note: 4/5
Couverture de la série Punisher - La Fin
Punisher - La Fin

Et Dieu reconnaîtra les siens… - La troisième guerre mondiale a eu lieu alors que Frank Castle était en prison. Par un heureux coup du sort, il a survécu à l'apocalypse nucléaire. Après 1 an passé dans un abri antiatomique, il sort pour accomplir une dernière mission de punition. Dans les années 2000, Marvel a décidé d'offrir la possibilité à plusieurs créateurs d'écrire la dernière histoire de différents héros sous le titre générique de The end : Hulk par Peter David, X-Men par Chris Claremont, Marvel Universe par Jim Starlin par exemple. Ici Ennis respecte à la lettre le principe pour un voyage dans des États-Unis radioactifs. Le résultat m'a laissé sur ma fin parce qu'Ennis se contente d'aligner les scènes attendues de désolation et des effets de radiations intenses, sans beaucoup d'inventivité par rapport à d'autres récits de même nature. Et il finit à nouveau sur un long dialogue explicatif qui fait baisser l'intensité du récit. Cotés illustrations, je me faisais une joie de retrouver Richard Corben (dessinateur underground de Den), étant revenu aux dessins pour la branche MAX de Marvel (Starr the Slayer & Haunt of Horror) ou pour Mike Mignola (Hellboy in Mexico). C'est toujours un grand plaisir pour moi de retrouver ses dessins mélangeant des touches de photoréalismes, avec des visages plus cartoons et un don pour l'horreur et le grotesque. Malgré mon grand respect pour Corben, je dois reconnaître qu'il était en dessous de ses capacités. Il y a des cases magnifiques : l'ombre mangeant le visage de Castle la nuit dans un bus remplis de cadavres de personnes s'étant suicidées. Il transcrit à merveille le craquèlement de la peau sous l'effet des radiations, et le sang qui coule des crevasses au visage. Mais les visions du monde post apocalyptique restent assez communes et son style ironique dessert le caractère monolithique et premier degré de Castle.

17/02/2025 (modifier)
Par Josq
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Zaroff
Zaroff

L'enthousiasme de notre ami Agecanonix était tel que je ne pouvais pas passer à côté de cette bande dessinée ! Après avoir découvert le merveilleux film de 1932 récemment, je me suis donc lancé dans cette suite dessinée, et indéniablement, c'est du très, très bon boulot ! Faire revivre ce personnage détestable et fascinant n'était pas chose aisée, mais Sylvain Runberg a trouvé un excellent point de départ, permettant de renouveler les bases du scénario original tout en perpétuant l'univers dans la grande continuité de ce qu'instaurait le film de Pichel et Schoedsack. Cette idée d'opposer au général Zaroff une autre psychopathe permet de mettre en scène un nouveau duel où, cette fois, il devient difficile de déterminer qui, des deux adversaires, est la proie et qui est le chasseur. Les personnage sont très bien dessinés, et surtout très nuancés, par leurs actes et leurs dialogues, joliment écrits. Ainsi, Zaroff se découvre une âme en étant obligé de sauver la famille de sa sœur, mais pour autant, il ne devient pas un "gentil". Cela reste un psychopathe, un chasseur qui aime le goût du sang, mais au fond duquel sommeille toutefois un homme loyal. Heureusement, le scénario nous offre donc également les personnages de la sœur du général russe et de ses enfants, auxquels on aura moins de scrupules à s'attacher qu'au personnage principal. Le second tome, avec son intrigue plus axée "guerre, espionnage", tend peut-être un peu trop à faire de Zaroff un héros dont on questionne moins régulièrement les actions, sans parler du recours assez facile (quoique logique) aux nazis comme grands méchants inexcusables du récit. Toutefois, le scénario nous rappelle toujours, de manière ponctuelle mais prenante, les horreurs dont le comte est capable, notamment dans un cliffhanger particulièrement réussi. Le récit est raconté sur un ton très réaliste, et prend le temps de développer chacune de ses péripéties, malgré quelques raccourcis narratifs vraiment pas méchants (genre la civière qui surgit de nulle part sans précision d'une quelconque ellipse temporelle ayant permis sa confection), un défaut qui sera quelque peu exacerbé dans le deuxième tome. Dans le premier tome, la crédibilité est donc bien de mise dans ce duel entre deux esprits tout aussi tordus l'un que l'autre, à la fois terrifiants et envoûtants. Dans le second tome, il manque peut-être à opposer à Zaroff un esprit aussi brillant que lui pour que le récit soit de la même qualité. Dans tous les cas, le récit est parfaitement servi par le dessin de François Miville-Deschênes, d'une précision ahurissante et donc d'une beauté stupéfiante. Vraiment, chaque case est un pur plaisir à regarder. Je n'aime pas toujours quand le dessin est hyper-réaliste (à la Bergèse dans les Buck Danny de 2005-2006, par exemple), mais ici, Miville-Deschênes réussit à faire quelque chose de très fluide. Notamment, l'alchimie entre les personnages et les paysages (élément essentiel dans les histoires mettant en scène le comte Zaroff) est admirable, il n'y a pas le côté trop statique qu'on trouve souvent quand le dessin essaye d'être le plus réaliste possible. Ici, pas un trait en trop, l'équilibre est parfait ! Seul (très) léger reproche : il est peut-être un peu trop propre par rapport au ton du récit. Quand ça devient vraiment sanglant, on a parfois un petit peu de peine à ressentir l'impact d'une blessure ou d'un coup de griffe. Ou encore le visage blessé du général Zaroff est bien trop lisse par rapport à ce à quoi on aurait pu s'attendre. Mais bon, ça n'entame pas la qualité incroyable du dessin. Ainsi, alors que le pari de reprendre la nouvelle initiale et le film de 1932 avec la même intensité semblait perdu d'avance, Runberg et Miville-Deschênes réussissent pourtant à créer un résultat à la hauteur des œuvres initiales. Rien n'est édulcoré, aucun élément de base n'est trahi, et la continuité est parfaitement entretenue jusqu'à des cliffhangers de grande qualité, qui résument parfaitement l'esprit de cette bande dessinée : ne rien trahir, trouver le juste équilibre. Clairement, c'est une mission accomplie pour les deux auteurs !

20/04/2021 (MAJ le 16/02/2025) (modifier)
Par Jdd
Note: 4/5
Couverture de la série Le Rêve du Tchernobog (La Révolution des damnés)
Le Rêve du Tchernobog (La Révolution des damnés)

Si le déroulé du scénario - une aventure développant la relation entre deux personnages et leurs lots de traumas - rappelle d'autres oeuvres, et si l'aventure n'est pas aussi dense que la taille de la BD pouvait l'espérer, le mélange de contexte historique et conte folklorique est original. Mais c'est surtout visuellement que la bd marque. Le mélange de techniques graphiques, le jeu de couleurs, la mise en page : tout claque l'oeil. Quand on sait que l'intégral a mis du temps à se boucler, ne boudons pas le plaisir : une bd qui mérite d'être plus soutenue, après une sortie plutôt confidentielle dans ma ville. Merci pour cette sortie !

15/02/2025 (modifier)
Couverture de la série Alouette
Alouette

Dans Alouette, Andréa Delcorte nous entraîne aux côtés d’une héroïne livrée à elle-même sur une île inconnue et inhospitalière. En quête de Pilou, elle doit affronter un environnement oppressant : une nature qui semble toxique, des créatures menaçantes, et surtout des visions troublantes. Peu à peu, des fragments de son passé resurgissent, entremêlant souvenirs douloureux et hallucinations. À travers ce récit, l’auteur explore avec finesse la mémoire traumatique. Alouette, marquée par une enfance difficile et des épreuves brutales, se retrouve confrontée à ses propres démons dans un monde où la frontière entre illusion et réalité se fait de plus en plus floue. Comme elle, le lecteur avance en terrain incertain, pris dans un labyrinthe sensoriel jusqu’au dénouement. Le dessin, sombre et immersif, accentue cette atmosphère suffocante, renforçant le sentiment de perte de repères. Alouette est une œuvre marquante, à la fois crue et poétique, qui nous happe jusqu’à la dernière page.

15/02/2025 (modifier)
Couverture de la série Rose
Rose

J'ai passé un très agréable moment de lecture avec cette série. Le fantastique et le thriller sont deux genres qui se marient bien comme le prouve le scénario de Lapière et Alibert. La narration est précise avec différents niveaux d'investigations qui s'imbriquent parfaitement. Entre les mystères du passé et ceux du présent la très attachante Rose doit faire preuve de beaucoup de pugnacité et de courage pour y voir clair. Elle est bien aidée par trois sympathiques fantômes. Dédoublement de personnalité, fantômes, sorcières du passé, j'ai tout d'abord cru que la série visait un public assez jeune mais certaines propositions s'adressent à un public plus averti. Le graphisme de Valérie Vernay m'avait aussi orienté vers un lectorat assez jeune. Le trait est simple mais efficace, il rend bien dans les scènes d'intériorité de Rose. Grâce à son dessin l'autrice parvient parfaitement à nous faire passer d'une scène réaliste à une scène surnaturelle sans heurt. Une lecture très plaisante pour un large public.

15/02/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 4/5
Couverture de la série La Marche Brume
La Marche Brume

De la fantasy dans un décor qui présente un soupçon de post-apocalyptique, voilà qui est original et surtout très bien réalisé. Tempérance est une jeune ogresse qui a été recueillie et élevée par une communauté de vieilles sorcières attachantes. Toutes se protègent de la Brume, un brouillard noir qui parait doté de volonté et a détruit la civilisation humaine il y a longtemps. Quand les sbires de celle-ci parviennent un jour à abattre leurs protections magiques (en fait, des courges), Tempérance est obligée de se rebiffer et de montrer qu'elle est capable de voir dans la Brume et de combattre ses créatures avec son... kung-fu. Oui, il y a de l'humour dans cette BD, mais il s'intègre parfaitement bien et rien ne parait loufoque. On est dans de la bonne fantasy humaniste, avec surtout d'excellents personnages. Le discours est un peu féministe et écologique, avec une communauté de femmes qui voient les hommes comme une menace et prônent le retour à la Nature, mais il est discret et naturellement appuyé, ne présentant aucun pamphlet agaçant. Et surtout on s'en fiche tant chacune de ces femmes est attachante, amusante ou intéressante : ce sont les personnages et l'histoire qui comptent, pas un éventuel message caché derrière. Il y a une vraie intrigue, une vraie menace et deux vrais mystères : l'origine et les intentions de la Brume d'une part, et l'origine et les pouvoirs cachés de Tempérance. En outre, les assez rares éléments postapocalyptiques apportent une touche d'originalité dans ce qui aurait pu être une simple histoire de fantasy. Le tout est mis en scène avec le dessin très sympathique de Stéphane Fert, dont le style, les couleurs et les ambiances brumeuses sont parfaitement adaptées à l'histoire. J'ai passé un excellent moment et j'ai hâte de lire la suite, avec un peu d'appréhension toutefois car la décision que prend Tempérance en fin de premier tome me laisse craindre une suite un peu plus convenue et moins attachante. Je croise les doigts pour me tromper.

15/02/2025 (modifier)
Par sloane
Note: 4/5
Couverture de la série Islander
Islander

Mais que fait la police des avis impatients ? En voilà un troisième alors que le tome deux n'est, dixit les deux auteurs, qu'en cours d'achèvement. En même temps impossible d'attendre vu la qualité tant du récit que du dessin. Soyons clairs, mon avis ne sera pas objectif, un j'aime beaucoup le travail de Corentin Rouge et Caryl Ferey fait partie de mon top trois des auteurs de thrillers. C'est vous dire mon plaisir en apprenant que les deux seraient présents à Angoulême cette année. C'est ainsi qu'avec une joie de midinette j'ai pu échanger (au grand dam des gens pressés derrière moi) avec les auteurs. Quelle histoire, surfant sur des thèmes très actuels, immigration, dérèglement climatique C.Ferey nous embarque dans un lieu peu exploré en bandes dessinées, l'Islande pays propice aux grands espaces plutôt magnifiques. Non ce scénariste n'est pas le frère de C.Bec, ici point de théories conspirationnistes, point de forces cosmiques ou que sais-je. Seulement un récit riche et dense qui tient en haleine de la première à la dernière case. Le dessin de C.Rouge n'est pas en reste dans un style expressif du meilleur goût, certaines planches sont absolument splendides et ne sont pas sans me rappeler le style de W.Vance. Ai-je dit que je conseillais l'achat, non alors c'est fait et pour Yann135 pas de tome trois, l'an prochain Caryl Ferey part en immersion pour plusieurs mois aux Etats-Unis auprès de la nation Sioux partie intégrante de son prochain roman.

15/02/2025 (modifier)
Par sloane
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série La Cuisine des ogres
La Cuisine des ogres

Par les dieux que c'est bien, que c'est beau. Comme certains de mes petits camarades dans les avis précédents, lorsque je vois une BD signée Jean Baptiste Andreae je ne réfléchis pas une seconde et fébrilement je prends le dit objet avec un mélange de joie contenue et de fébrilité, quand vais-je enfin pouvoir me poser pour lire la chose ? Depuis MangeCoeur et Azimut je voue à Mr Andreae et à son dessin une sorte de culte. Richesse des décors, foisonnement des détails, à tel point que j'ai lu la BD deux fois de suite. La première pour découvrir et la deuxième pour me concentrer sur tous ces petits détails dont je parlais plus haut. Voilà quelqu'un qui sait ce que veut dire remplissage d'une case ; ce terme de remplissage pourrait paraitre péjoratif, mais pour moi il n'en est rien tant cela concourt à la magnificence du rendu final. Pour ce qui est de l'histoire en elle même l'univers du conte ainsi présenté répond parfaitement aux critères du genre, un savant mélange de passages "qui font peur" : le hachoir géant et puis des plages d'une grande poésie. Parfaite alchimie entre le merveilleux, le fantastique et la noirceur cet album ravira les grands comme les plus petits. Un seul regret j'aurais aimé que cela soit plus long. Encore une réussite.

15/02/2025 (modifier)