Aussi frappadingue qu'irrésistible
-
Ce tome contient une histoire complète qui nécessite une petite connaissance du personnage pour pouvoir en apprécier tous les détails. Il regroupe les 4 épisodes de la minisérie, initialement publiés en 2020, coécrits par Jimmy Palmiotti & Amanda Conner, dessinés et encrés par cette dernière, avec une mise en couleurs réalisée par Paul Mounts (épisode 1) puis par Alex Sinclair pour les épisodes 2 à 4. Conner a également réalisé les couvertures. Les couvertures variantes ont été réalisées par Derrick Chew (superbe dans le genre affiche pour film d'action dans une veine réaliste), Art Adams (imparable avec un dessin très comics), Ian MacDonald, Terry & Rachel Dodson. Il contient également une histoire courte de 8 pages, en noir, blanc et rouge, écrite par Palmiotti & Conner, et dessinée par Chad Hardin.
Sur une plage paradisiaque, Harley Quinn est en train de se dorer au soleil en dégustant une grappe de raisin, avec Pamela Isley, allongée à ses côtés, et Red Tool tenant la grappe de raisin. Ce dernier déclare qu'il a soif. Superman apparaît avec un plateau sur lequel se trouvent des rafraîchissements. Ayant accompli la volonté de Harley, il lui demande de dire où elles détiennent Jimmy Olsen. Harley va pour reprendre quelques grains sur la grappe, mais ils ont comme une odeur de fromage. Elle se réveille dans son petit immeuble de Coney Island, sur son lit, avec sept autres personnes, le pied de l'une d'elle étant sous sa narine. Elle se lève discrètement sans réveiller personne en tenant toujours Bernie son castor en peluche, dans ses bras. Elle monte sur le toit en terrasse pour profiter de l'air de la nuit. Elle voit la fumée d'un incendie au loin, et Power Girl passe la saluer avec des sacs de nourriture pour chat dans les bras. Harley se jette dans ses bras, lui demande ce qu'elle fait avec autant de nourriture pour chat dans les bras, et lui dit qu'elle a besoin d'une faveur. Elle souhaite que Kara lui fasse des diamants avec des morceaux de charbon pressurisés dans ses mains, parce qu'elle doit payer des créanciers, et qu'ainsi ça lui évitera de commettre des crimes pour disposer de l'argent. Sans surprise, Kara n'accède pas à sa demande.
En fait tout a commencé il y a quelques semaines quand Pamela et Harley passait des vacances en amoureuses sur une minuscule île avec un unique cocotier. Égale à elle-même, Harley avait fait exprès de ne pas jeter l'ancre du bateau pour qu'il soit emporté par l'océan, et qu'elles passent ainsi plus de temps toutes seules en amoureuses. Étrangement, Pamela l'avait mal pris, surtout en découvrant que son amante s'était goinfrée en dévorant toutes les maigres provisions. Cette situation avait été de courte durée, car Sy Borgman et Zena étaient venus les chercher en hélicoptère. De retour à New York, Pamela avait pris ses distances avec la fofolle. Pendant leur absence, le cabinet de prêts Defeo était venu réclamer ses traites et ses nervis avaient passé Big Tony à tabac pour bien montrer l'obligation de payer les traites en retard. Puis ils avaient mis le feu à l'hôtel, obligeant Harley à abriter tous ses amis qui y étaient logés. Kara ayant refusé, il ne reste plus à Harley qu'à aller rendre visite à Big Tony à l'hôpital, puis à mettre à exécution un plan devant lui rapporter beaucoup d'argent, de quoi éponger ses dettes.
En 2013, l'éditeur DC Comics lance une nouvelle série Harley Quinn en la confiant à Amanda Conner & Jimmy Palmiotti. En 2016, il relance sa ligne de comics dans une opération appelée Rebirth, et c'est à nouveau le même duo de coscénaristes qui écrit sa nouvelle série. Ensemble, ils ont coécrit une centaine d'épisodes avec ce personnage. Du coup, le lecteur régulier a déjà une petite idée de l'approche du personnage qu'il va trouver. Son intérêt augmente encore un peu en ayant conscience qu'Amanda Conner dessine elle-même cette histoire. Effectivement, il retrouve bien les éléments développés par le couple de créateurs dans la série mensuelle : son petit immeuble à Coney Island, la catapulte pour se rendre à Manhattan, Bernie son castor en peluche en fort mauvais état, le gang des Harley (Antonia Moore, Carlita Alvarez, Erica Zhang, Harvey Quinn, Shona Choudhury), Sy Borgman et Zena, sans oublier son gérant Big Tony, Egg-Fu, et sa relation avec Pamela Isley. S'il a lu les séries mensuelles, le lecteur éprouve la sensation de revenir à la maison, sinon il est possible qu'il s'interroge sur certains de ces éléments souvent très décalés et bizarres (par exemple la peluche à moitié brûlée qui converse avec Harley). Dans le premier cas, il se demande alors l'intérêt de publier cette histoire dans la branche Black Label. Au bout de quelques séquences, il ressent le fait que l'histoire se déroule de manière plus fluide, et que les auteurs peuvent mettre en scène la personnalité du personnage, sans filtre, sans avoir à se soucier du langage ou de la moralité de certaines actions. Elle apparaît beaucoup plus cohérente et consistante que dans la série mensuelle, sans effet de dilution.
Dans un premier temps, le lecteur peut se dire que les coscénaristes choisissent l'option de facilité pour Harley Quinn : jeune femme de moins de 30 ans, irresponsable, avec une compréhension de la réalité bien faussée, à la fois trop mignonne pour être vraie (avec ses petits chats, sa peluche, ses amies, ses élans du cœur) et trop criminelle pour pouvoir être laissée en liberté ou tolérée par les superhéros. En outre, l'artiste s'en donne à cœur joie pour les expressions de visage et les poses un peu théâtrales. Petit à petit, il devient difficile de résister à cette personne entière, avec des émotions honnêtes, des réactions de gamine, aussi bien quand elle montre son attachement émotionnel, que quand elle s'en prend physiquement à un ennemi. Ça donne lieu à des scènes totalement schizophréniques allant de Harley se jetant dans les bras de Kara l'expression d'un élan du cœur authentique, et quelques pages plus loin elle assassine un agresseur en lui enfonçant un crayon noir dans chaque oreille. Elle peut aussi bien être câlinée par Pamela que physiquement torturée par Joker qui entaille sa peau avec un couteau. Là non plus, la dessinatrice ne fait pas les choses à moitié et dose savamment ses dessins entre simplification comique et représentation réaliste, faisant que le lecteur ne puisse éprouver aucun doute sur le sadisme cruel de Joker pour son ancienne amante. Là aussi, le choix du Black Label fait sens pour pouvoir montrer franchement de tels actes, même sans tomber dans le gore, chose qui n'aurait pas été possible dans la série mensuelle, plus tout public.
Dans l'horizon d'attente du lecteur, figure également des situations loufoques et énormes, reflétant le comportement de l'héroïne. Il en a rapidement pour son content, car les coscénaristes se sont visiblement bien amusés à créer et à imaginer des événements improbables : un nervi mourant en tombant le crâne contre une batte de baseball hérissée de clous de charpentier, Renée Montoya qui aide Harley à attacher son soutien-gorge, Harley qui a fait exploser les toilettes, Alfred Pennyworth qui s'occupe de Bernie, Oswald Cobblepot qui se retrouve avec le caleçon sur les chevilles en faisant face à Batgirl, Huntress, Montoya, Red Tool et quelques autres, etc. Un peu plus marqué que dans la série mensuelle, Harley aime bien l'humour en dessous de la ceinture et l'humour scatologique : si le lecteur y est allergique, il ne tiendra pas bien longtemps dans ces épisodes. En particulier, elle aime bien les sous-entendus d'ordre sexuel avec Kara et Renée, et elle utilise souvent son castor avec un double sens, en anglais ce mot pouvant désigner le sexe féminin. Pour les lecteurs peu familiers du personnage, cet aspect de la personnalité de Harley fait sens, avec ses réactions régulières d'adolescente provocatrice.
L'entrain des auteurs est rapidement communicatif, et le lecteur ressent que Harley doit beaucoup au caractère d'Amanda qui peut ainsi laisser aller sa propre personnalité en profitant de la liberté que peu donner un tel personnage. Le lecteur est vite sous le charme innocent et malsain de Harley et il accepte facilement la structure du scénario dans lequel Harley Quinn va rencontrer fort opportunément plusieurs superhéroïnes en activité à Gotham. Il trouve plutôt élégant qu'elle ne se retrouve pas face à Batman, mais qu'elle puisse croiser le chemin de plusieurs personnages rattachés à sa mythologie. C'est légitime et logique car l'adversaire naturel de cette dame a les cheveux verts et aime bien porter des vêtements à dominante violet. Alors que les péripéties se succèdent rapidement, avec des dialogues apportant de la consistance aux personnages et aux événements sans devenir envahissants, cette jeune femme frappadingue acquiert une épaisseur psychologique inattendue, une partie de son comportement étant l'expression d'un syndrome de stress post traumatique, son passé de psychologue étant même évoqué avec pertinence.
Franchement, une histoire de Harley Quinn avec le sceau Black Label, réalisée par les auteurs de sa série mensuelle, il y a de quoi s'interroger sur le pourquoi. Rapidement à la lecture, l'intention apparaît : Amanda Conner & Jimmy Palmiotti bénéficient d'une plus grande liberté de ton et ils s'en servent pour aller plus loin dans la provocation pour étoffer leur personnage. Il est visible que les deux auteurs sont très investis dans le personnage et dans le récit, et c'est un régal de découvrir les planches soignées d'Amanda Conner, avec sa touche comique et fantasque inimitable.
Un petit album de format allongé, à l'italienne, réalisé par le belge Brecht Evens que je ne connaissais pas dans sa bibliographie. On y retrouve son dessin haut en couleurs et pour une fois c'est une suite de strips. De plus l'auteur y fait preuve de beaucoup d'humour, avec certaines chutes parfois sombres et morbides. Idulfania doit être une sorte de village onirique quelque peu moyenâgeux peuplé de personnages acteurs de ces petits strips, indépendants mais liés par ce monde qu'on voit en couverture mâtiné de Fantasy, où l'on trouve des nains, des géants, des chevaliers en armure, des oiseaux qui parlent faisant preuve d'inventivité, ou encore des gardiens de porte philosophes munis de hallebardes. J'ai appris par ailleurs que cela avait été publié à un rythme hebdomadaire dans le magazine belge Bruzz. Assez court et vite lu.
Voilà un bon p'tit vent de fraîcheur qui souffle avec ce premier album de la nouvelle collection Young Adult de chez Delcourt : Wave.
Alors ok, c'est effectivement ciblé, mais en trouvant un bon équilibre entre divertissement et problèmes sociétaux. Almudena est une ado qui va sur ses quinze ans ; elle habite avec sa mère aux Etats-Unis et n'a jamais connu son père. Mais voilà que sa mère doit partir faire une tournée de danse en Europe et va donc confier sa fille à son père pour 3 mois... Si le fait de rencontrer son père pour la première fois à cet âge est déjà compliqué, la barrière linguistique ne va pas améliorer les choses. En effet, le père d'Almudena est guatémaltèque et ne pipe pas un mot d'anglais... et Almudena pas un d'espagnol... Ajoutez à cela un logement en pleine rénovation : l'été s'annonce looooong et fastidieux ! Mais voilà, l'entourage de son père et le quartier même sont plein de surprises et de vie. La sinistrose annoncée va vite laisser place à un tourbillon de vie pétillant, à l'image de notre ado pleine de ressources.
Ça parle famille, gentrification, homosexualité, dans ce milieu des années 90', sans se prendre la tête et ça passe bien. Le tout est servi par un dessin assez simple mais expressif, qui valorise les nombreux personnages de cette tribu recomposée et explosive ; la mise en couleur est tout aussi peps, ce qui colle parfaitement avec le tout !
C'est à hauteur d'enfants que Marion Achard nous replonge dans l'horreur de la seconde guerre mondiale. Ce premier tome est axé sur le récit de Lilou qui a réussi à s'enfuir et se cacher après septembre 1943 pour échapper aux rafles. Le deuxième tome devrait nous raconter ce que sa soeur Mylaine a vécu après leur séparation à cette même période, arrêtée par les nazis.
On sent que Marion Achard a le goût du récit et de ce côté documenté/documentaire. J'avais déjà apprécié son travail avec ses albums Tamba l'enfant soldat et Le Zizi de l'ange - Chroniques d'un spectacle vivant. Après les enfants soldats et les intermittents, c'est donc du côté de sa propre famille qu'elle est allée creuser pour nous proposer ce récit formidablement mis en dessin par Toni Galmès, que je ne connaissais pas. Son trait rond et fin superbement mis en couleur à l'aquarelle colle à merveille avec cette vision d'enfant qui nous servira de focale.
Sans être ni trop mièvre ni trop dure dans les détails, l'histoire de cette guerre et des saletés qu'elle colporte est réaliste et juste, sans être édulcorée pour autant.
Voilà un album qui devrait plaire à un large public tant pour son contenu que son esthétique léchée.
Je suis curieux de découvrir le second volet de cette série
*** Tome 2 ***
Après le récit de Lilou dans le premier tome, c'est au tour de sa grande soeur Mylène de nous dévoiler ce qui lui est arrivé après cette descente de l'armée allemande dans leur planque. Si Lilou et ses parents ont pu être prévenus à temps et échapper à la rafle, ce n'est pas le cas de Mylène. Arrestation, interrogatoires, violences, puis déportation vers un camp de concentration... Le regard de Mylène nous plonge dans l'horreur nazi à hauteur d'enfant...
Comme dans le premier tome, le récit est réaliste et n'édulcore en rien le tragique de cette période et de l'horreur des camps de concentration. Plus dur que le premier tome, il n'en reste pas moins pétri de tendresse et d'humanité malgré l'horreur traversée.
Côté dessin Toni Galmès est toujours aussi doué et efficace, rendant cette histoire moins âpre à digérer. Son trait et sa mise en couleur à l'aquarelle sont juste magnifiques !
Un témoignage familial à travers des regards d'enfants qui auront survécu au pire traité de façon remarquable !
Je ne suis pas très familier de l'univers Moebius et c'est avec un œil naïf que je découvre ce double titre Arzach suivi de "L'Homme est il bon". Cinquante années ont passé depuis la sortie événement d'Arzach saluée à l'époque comme un chef d'œuvre par une grande partie de la presse européenne toutes tendances confondues. Un petit saut en arrière permettrait aux plus jeunes de se souvenir que les années 70 furent des années de "Déconstruction". Dans ce domaine, le 9eme art en était à l'expérimentation. Giraud/Moebius bien installé au sommet de la profession se risque à une expérimentation avant-gardiste avec une œuvre sans scénario et sans dialogue. Cette suite d'histoires sans autre lien que cet Arzach chevauchant une sorte de ptérodactyle au-dessus d'un monde inhospitalier laisse le lecteur libre de ses choix : faut-il chercher une cohérence scénaristique ? Faut-il simplement se laisser porter par un dessin d'une grande technicité ? Ou finalement se goinfrer de couleurs et de lumières qui singularisent à elles seules la narration ? Je lis cette œuvre comme un Milestone non conformiste. Une véritable œuvre de l'art qui explore les voies inconnues. Une œuvre qui mérite d'être pensée dans son contexte et qui s'accommode mal des notations et des classements. Un "truc" qui a sa place dans l'histoire et les écoles plus que sur les rayonnages des séries commerciales. Une étoile filante…
On est pas loin de la définition du culte.
Au sortir de la seconde guerre mondiale la famille Pelletier a du souci à se faire, trois des enfants du couple sont entendus par la police pour diverses malversations que d'habiles flashbacks vont nous expliquer. Ainsi, de Beyrouth à Saïgon en passant par Paris, les rejetons Pelletier sont confrontés à leurs passé pas toujours très reluisants.
J'ai trouvé cette histoire très bien conçue avec un background excellent retranscrit par C. De Metter, de l'ambiance parisienne à la vie dans un Vietnam alors colonisé. Avec un rythme trépidant il est difficile de lâcher la lecture et le dénouement est suffisamment malin pour dérouter le lecteur, tout au plus aurais-je aimé un final moins ouvert pour certains protagonistes, notamment ce brave Bouboule.
C. De Mettter fait encore une fois un excellent boulot.
5 ans après la conclusion de sa première série Clues, Mara nous propose de nouveau une série qu’elle réalise seule (« presque seule » devrais-je écrire puisqu’elle est assistée pour les couleurs par Suria Barbier et Carole Bride).
Après l’Angleterre Victorienne, elle nous plonge cette fois-ci dans le New York du début des années 30, où vont se rencontrer Ian Davenport, un jeune chercheur en spiritologie, et Nell Lovelace, une journaliste ambitieuse reléguée bien malgré elle à la rédaction d’articles consacrés à des événements paranormaux.
On retrouve dans cet album les ingrédients qui fonctionnaient déjà dans sa première série : des personnages au caractère bien marqué qui inspirent la sympathie, du mystère savamment distillé tout au long de l’album et un trait dynamique.
Si la scène du début qui se situe dans un environnement naturel n’est pas la plus réussie graphiquement, le dessin de Mara a bien progressé depuis ses premiers albums. Le dynamisme et l’expressivité des personnages restent son point fort, mais j’ai surtout relevé le travail des couleurs particulièrement réussi. La technique qu’elle avait déjà utilisée pour les trois premiers albums de « Clues » – mélange de lavis et de couleurs informatiques – donne un réel cachet à l’ensemble, et on sent le soin apporté au choix des ambiances.
Enfin l’album en lui-même est un très bel objet, avec les impressions en doré et le vernis sélectif sur la couverture, la mise en page dans le style Art Déco, et le carnet de croquis de la fin qui est bien intégré et apporte un vrai plus à l’album.
Un album de pur divertissement bien réalisé dont je lirai la suite avec plaisir.
(J'hésite entre 3 et 4... j'attends la suite pour remonter ma note).
--
Après avoir lu les deux tomes suivants, je remonte ma note.
J’ai beaucoup aimé l’évolution de l’histoire ; si l’aventure reste bien présente, elle vient davantage se mettre au service des relations entre les personnages. Et c’est justement les différents protagonistes, leurs histoires et leurs interactions qui m’ont beaucoup plu.
Mara a utilisé pour la construction de sa série la même structure que pour Clues, à savoir que le troisième tome est un flashback. Mais j’ai trouvé que dans le cas présent c’était beaucoup mieux amené et plus logique au niveau narratif que dans Clues.
Bref, j’ai beaucoup aimé les trois premiers tomes de cette série, et j’attends maintenant avec impatience la conclusion dans le quatrième tome.
C'est un feuilletage rapide et sa magnifique couverture qui m'ont fait craquer. Et là, c'est le jackpot.
Quel plaisir de retrouver le tandem de Goodnight paradise, il sera cette fois-ci accompagné par le génialissime Matt Hollingsworth à la couleur.
De la Fantasy comme on n'en voit pas souvent. Tous les ingrédients sont présents pour faire de ce récit une réussite.
Trois personnages principaux, Cerrin fils sion est un demi-elfe, Urghria est une pirate qui a perdu son équipage, ils vont s'associer pour aller voler des crânes d'orc sur l'île aux orcs pour faire fortune et ainsi s'extirper de leur condition misérable. Mais pour cela ils ont besoin de magie, Urghria va acheter un mage au temple, le triste Andune. Des protagonistes qui vous surprendront.
Un monde de désolation sous la coupe d'une religion qui ne pense qu'à son bien-être. Un monde où l'on peut découvrir des temples volants et leurs patriarches, des créatures fantastiques et des orcs. Un monde inégalitaire et violent où le sang coule à flot, où les crânes sont fracassés et les langues arrachées.
Un récit captivant et sans temps mort qui prend soin de bien planter le décor et les acteurs avec un zeste d'humour. Les surprises seront au rendez-vous, je ne m'attendais pas à une telle fin. Une triste parabole.
Une narration maîtrisée de bout en bout.
Joshua Dysart est un scénariste à suivre.
Le dessin est une tuerie, dans tous les sens du terme, Alberto Ponticelli a réalisé un travail fantastique. La mise en page audacieuse permet d'en prendre plein les mirettes, les décors sont fabuleux, que ce soit cette jungle sauvage ou la cité des orcs. Inventif, expressif, immersif et dynamique.
Il me faut aussi mettre en avant le travail extraordinaire de Matt Hollingsworth, ses choix de couleurs apportent une touche singulière à ce récit sanguinolent.
N'hésitez pas à feuilleter l'album en librairie, la galerie ne rend pas hommage à ce visuel de toute beauté. J'ai ajouté deux nouvelles images depuis.
Un indispensable pour tous les aficionados de Fantasy. Foncez, foncez et foncez.
Un comics à la puissance animale indéniable !
Âmes sensibles s'abstenir.
Gros coup de cœur.
"Tout peuple est ennemi de lui-même".
Quelques coquilles, une relecture de l'éditeur aurait été nécessaire.
Alors que les auteurs ont quelques albums à leurs actifs, c’est seulement avec ce tome que je les découvre.
Une plutôt chouette découverte puisque Compadres s’est avéré un bon petit moment de lecture. Ça ne sera certes pas un indispensable, on oscille entre le pas mal et le franchement bien mais l’album possède suffisamment d’atouts pour se démarquer.
Le premier qui saute aux yeux est évidemment la partie graphique assez atypique, ça passe ou ça casse. Perso je lui ai bien trouvé quelques défauts mais dans l’ensemble ça m’a bien plu. L’originalité du trait allié aux couleurs m’a vite emporté et participe pour beaucoup au charme de l’album. Il ne faut pas être allergique aux ambiances automnales.
L’histoire n’est pas en reste, ça se développe un peu vite pour vraiment s’attacher aux personnages mais le duo de héros fonctionne bien. J’ai surtout aimé le ton âpre et sans concession. Ce n’est pas une période pour les idéalistes. Un récit qui déroule.
Finalement un western que j’ai trouvé original et bien mené. Si le dessin ne vous fait pas peur, je vous encourage à tomber dessus.
3,5
La fin ne livre pas forcément toutes les clés. Ou alors je n’ai pas tout saisi, je ne sais pas. Mais qu’importe ! C’est une lecture que j’ai bien aimée. Un voyage original et angoissant, dans les méandres d’un vaisseau gigantesque.
Nous suivons un personnage solitaire, Lupo, qui erre et nous sert de guide, dans un univers aux airs post-apocalypse, peuplé de monstres et de bestioles mutantes dangereuses, de drones qui ne le sont pas moins. Et de quelques humains énigmatiques. Et surtout de vide, de couloirs sans fin, de coursives infinies : Amaury Bündgen a su mettre en place une ambiance étrange et originale. C’est le voyage en lui-même, plus que son objectif, qui nous prend aux tripes.
Le dessin use judicieusement du Noir et Blanc, adapté à cet univers froid et désespérant. Souvent avare de détails, et parfois hyper détaillé pour des plans larges de couloirs, je l’ai trouvé agréable et très fluide.
Je découvre cet auteur avec cet album, et je pense aller voir ce qu’il a fait depuis.
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
Indépendante depuis sa création en 1998, Cultura se donne pour mission de faire vivre et aimer la culture.
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
Harley Quinn & Birds Of Prey
Aussi frappadingue qu'irrésistible - Ce tome contient une histoire complète qui nécessite une petite connaissance du personnage pour pouvoir en apprécier tous les détails. Il regroupe les 4 épisodes de la minisérie, initialement publiés en 2020, coécrits par Jimmy Palmiotti & Amanda Conner, dessinés et encrés par cette dernière, avec une mise en couleurs réalisée par Paul Mounts (épisode 1) puis par Alex Sinclair pour les épisodes 2 à 4. Conner a également réalisé les couvertures. Les couvertures variantes ont été réalisées par Derrick Chew (superbe dans le genre affiche pour film d'action dans une veine réaliste), Art Adams (imparable avec un dessin très comics), Ian MacDonald, Terry & Rachel Dodson. Il contient également une histoire courte de 8 pages, en noir, blanc et rouge, écrite par Palmiotti & Conner, et dessinée par Chad Hardin. Sur une plage paradisiaque, Harley Quinn est en train de se dorer au soleil en dégustant une grappe de raisin, avec Pamela Isley, allongée à ses côtés, et Red Tool tenant la grappe de raisin. Ce dernier déclare qu'il a soif. Superman apparaît avec un plateau sur lequel se trouvent des rafraîchissements. Ayant accompli la volonté de Harley, il lui demande de dire où elles détiennent Jimmy Olsen. Harley va pour reprendre quelques grains sur la grappe, mais ils ont comme une odeur de fromage. Elle se réveille dans son petit immeuble de Coney Island, sur son lit, avec sept autres personnes, le pied de l'une d'elle étant sous sa narine. Elle se lève discrètement sans réveiller personne en tenant toujours Bernie son castor en peluche, dans ses bras. Elle monte sur le toit en terrasse pour profiter de l'air de la nuit. Elle voit la fumée d'un incendie au loin, et Power Girl passe la saluer avec des sacs de nourriture pour chat dans les bras. Harley se jette dans ses bras, lui demande ce qu'elle fait avec autant de nourriture pour chat dans les bras, et lui dit qu'elle a besoin d'une faveur. Elle souhaite que Kara lui fasse des diamants avec des morceaux de charbon pressurisés dans ses mains, parce qu'elle doit payer des créanciers, et qu'ainsi ça lui évitera de commettre des crimes pour disposer de l'argent. Sans surprise, Kara n'accède pas à sa demande. En fait tout a commencé il y a quelques semaines quand Pamela et Harley passait des vacances en amoureuses sur une minuscule île avec un unique cocotier. Égale à elle-même, Harley avait fait exprès de ne pas jeter l'ancre du bateau pour qu'il soit emporté par l'océan, et qu'elles passent ainsi plus de temps toutes seules en amoureuses. Étrangement, Pamela l'avait mal pris, surtout en découvrant que son amante s'était goinfrée en dévorant toutes les maigres provisions. Cette situation avait été de courte durée, car Sy Borgman et Zena étaient venus les chercher en hélicoptère. De retour à New York, Pamela avait pris ses distances avec la fofolle. Pendant leur absence, le cabinet de prêts Defeo était venu réclamer ses traites et ses nervis avaient passé Big Tony à tabac pour bien montrer l'obligation de payer les traites en retard. Puis ils avaient mis le feu à l'hôtel, obligeant Harley à abriter tous ses amis qui y étaient logés. Kara ayant refusé, il ne reste plus à Harley qu'à aller rendre visite à Big Tony à l'hôpital, puis à mettre à exécution un plan devant lui rapporter beaucoup d'argent, de quoi éponger ses dettes. En 2013, l'éditeur DC Comics lance une nouvelle série Harley Quinn en la confiant à Amanda Conner & Jimmy Palmiotti. En 2016, il relance sa ligne de comics dans une opération appelée Rebirth, et c'est à nouveau le même duo de coscénaristes qui écrit sa nouvelle série. Ensemble, ils ont coécrit une centaine d'épisodes avec ce personnage. Du coup, le lecteur régulier a déjà une petite idée de l'approche du personnage qu'il va trouver. Son intérêt augmente encore un peu en ayant conscience qu'Amanda Conner dessine elle-même cette histoire. Effectivement, il retrouve bien les éléments développés par le couple de créateurs dans la série mensuelle : son petit immeuble à Coney Island, la catapulte pour se rendre à Manhattan, Bernie son castor en peluche en fort mauvais état, le gang des Harley (Antonia Moore, Carlita Alvarez, Erica Zhang, Harvey Quinn, Shona Choudhury), Sy Borgman et Zena, sans oublier son gérant Big Tony, Egg-Fu, et sa relation avec Pamela Isley. S'il a lu les séries mensuelles, le lecteur éprouve la sensation de revenir à la maison, sinon il est possible qu'il s'interroge sur certains de ces éléments souvent très décalés et bizarres (par exemple la peluche à moitié brûlée qui converse avec Harley). Dans le premier cas, il se demande alors l'intérêt de publier cette histoire dans la branche Black Label. Au bout de quelques séquences, il ressent le fait que l'histoire se déroule de manière plus fluide, et que les auteurs peuvent mettre en scène la personnalité du personnage, sans filtre, sans avoir à se soucier du langage ou de la moralité de certaines actions. Elle apparaît beaucoup plus cohérente et consistante que dans la série mensuelle, sans effet de dilution. Dans un premier temps, le lecteur peut se dire que les coscénaristes choisissent l'option de facilité pour Harley Quinn : jeune femme de moins de 30 ans, irresponsable, avec une compréhension de la réalité bien faussée, à la fois trop mignonne pour être vraie (avec ses petits chats, sa peluche, ses amies, ses élans du cœur) et trop criminelle pour pouvoir être laissée en liberté ou tolérée par les superhéros. En outre, l'artiste s'en donne à cœur joie pour les expressions de visage et les poses un peu théâtrales. Petit à petit, il devient difficile de résister à cette personne entière, avec des émotions honnêtes, des réactions de gamine, aussi bien quand elle montre son attachement émotionnel, que quand elle s'en prend physiquement à un ennemi. Ça donne lieu à des scènes totalement schizophréniques allant de Harley se jetant dans les bras de Kara l'expression d'un élan du cœur authentique, et quelques pages plus loin elle assassine un agresseur en lui enfonçant un crayon noir dans chaque oreille. Elle peut aussi bien être câlinée par Pamela que physiquement torturée par Joker qui entaille sa peau avec un couteau. Là non plus, la dessinatrice ne fait pas les choses à moitié et dose savamment ses dessins entre simplification comique et représentation réaliste, faisant que le lecteur ne puisse éprouver aucun doute sur le sadisme cruel de Joker pour son ancienne amante. Là aussi, le choix du Black Label fait sens pour pouvoir montrer franchement de tels actes, même sans tomber dans le gore, chose qui n'aurait pas été possible dans la série mensuelle, plus tout public. Dans l'horizon d'attente du lecteur, figure également des situations loufoques et énormes, reflétant le comportement de l'héroïne. Il en a rapidement pour son content, car les coscénaristes se sont visiblement bien amusés à créer et à imaginer des événements improbables : un nervi mourant en tombant le crâne contre une batte de baseball hérissée de clous de charpentier, Renée Montoya qui aide Harley à attacher son soutien-gorge, Harley qui a fait exploser les toilettes, Alfred Pennyworth qui s'occupe de Bernie, Oswald Cobblepot qui se retrouve avec le caleçon sur les chevilles en faisant face à Batgirl, Huntress, Montoya, Red Tool et quelques autres, etc. Un peu plus marqué que dans la série mensuelle, Harley aime bien l'humour en dessous de la ceinture et l'humour scatologique : si le lecteur y est allergique, il ne tiendra pas bien longtemps dans ces épisodes. En particulier, elle aime bien les sous-entendus d'ordre sexuel avec Kara et Renée, et elle utilise souvent son castor avec un double sens, en anglais ce mot pouvant désigner le sexe féminin. Pour les lecteurs peu familiers du personnage, cet aspect de la personnalité de Harley fait sens, avec ses réactions régulières d'adolescente provocatrice. L'entrain des auteurs est rapidement communicatif, et le lecteur ressent que Harley doit beaucoup au caractère d'Amanda qui peut ainsi laisser aller sa propre personnalité en profitant de la liberté que peu donner un tel personnage. Le lecteur est vite sous le charme innocent et malsain de Harley et il accepte facilement la structure du scénario dans lequel Harley Quinn va rencontrer fort opportunément plusieurs superhéroïnes en activité à Gotham. Il trouve plutôt élégant qu'elle ne se retrouve pas face à Batman, mais qu'elle puisse croiser le chemin de plusieurs personnages rattachés à sa mythologie. C'est légitime et logique car l'adversaire naturel de cette dame a les cheveux verts et aime bien porter des vêtements à dominante violet. Alors que les péripéties se succèdent rapidement, avec des dialogues apportant de la consistance aux personnages et aux événements sans devenir envahissants, cette jeune femme frappadingue acquiert une épaisseur psychologique inattendue, une partie de son comportement étant l'expression d'un syndrome de stress post traumatique, son passé de psychologue étant même évoqué avec pertinence. Franchement, une histoire de Harley Quinn avec le sceau Black Label, réalisée par les auteurs de sa série mensuelle, il y a de quoi s'interroger sur le pourquoi. Rapidement à la lecture, l'intention apparaît : Amanda Conner & Jimmy Palmiotti bénéficient d'une plus grande liberté de ton et ils s'en servent pour aller plus loin dans la provocation pour étoffer leur personnage. Il est visible que les deux auteurs sont très investis dans le personnage et dans le récit, et c'est un régal de découvrir les planches soignées d'Amanda Conner, avec sa touche comique et fantasque inimitable.
Idulfania
Un petit album de format allongé, à l'italienne, réalisé par le belge Brecht Evens que je ne connaissais pas dans sa bibliographie. On y retrouve son dessin haut en couleurs et pour une fois c'est une suite de strips. De plus l'auteur y fait preuve de beaucoup d'humour, avec certaines chutes parfois sombres et morbides. Idulfania doit être une sorte de village onirique quelque peu moyenâgeux peuplé de personnages acteurs de ces petits strips, indépendants mais liés par ce monde qu'on voit en couverture mâtiné de Fantasy, où l'on trouve des nains, des géants, des chevaliers en armure, des oiseaux qui parlent faisant preuve d'inventivité, ou encore des gardiens de porte philosophes munis de hallebardes. J'ai appris par ailleurs que cela avait été publié à un rythme hebdomadaire dans le magazine belge Bruzz. Assez court et vite lu.
Almudena - Le Temps d'un été
Voilà un bon p'tit vent de fraîcheur qui souffle avec ce premier album de la nouvelle collection Young Adult de chez Delcourt : Wave. Alors ok, c'est effectivement ciblé, mais en trouvant un bon équilibre entre divertissement et problèmes sociétaux. Almudena est une ado qui va sur ses quinze ans ; elle habite avec sa mère aux Etats-Unis et n'a jamais connu son père. Mais voilà que sa mère doit partir faire une tournée de danse en Europe et va donc confier sa fille à son père pour 3 mois... Si le fait de rencontrer son père pour la première fois à cet âge est déjà compliqué, la barrière linguistique ne va pas améliorer les choses. En effet, le père d'Almudena est guatémaltèque et ne pipe pas un mot d'anglais... et Almudena pas un d'espagnol... Ajoutez à cela un logement en pleine rénovation : l'été s'annonce looooong et fastidieux ! Mais voilà, l'entourage de son père et le quartier même sont plein de surprises et de vie. La sinistrose annoncée va vite laisser place à un tourbillon de vie pétillant, à l'image de notre ado pleine de ressources. Ça parle famille, gentrification, homosexualité, dans ce milieu des années 90', sans se prendre la tête et ça passe bien. Le tout est servi par un dessin assez simple mais expressif, qui valorise les nombreux personnages de cette tribu recomposée et explosive ; la mise en couleur est tout aussi peps, ce qui colle parfaitement avec le tout !
Quand la nuit tombe
C'est à hauteur d'enfants que Marion Achard nous replonge dans l'horreur de la seconde guerre mondiale. Ce premier tome est axé sur le récit de Lilou qui a réussi à s'enfuir et se cacher après septembre 1943 pour échapper aux rafles. Le deuxième tome devrait nous raconter ce que sa soeur Mylaine a vécu après leur séparation à cette même période, arrêtée par les nazis. On sent que Marion Achard a le goût du récit et de ce côté documenté/documentaire. J'avais déjà apprécié son travail avec ses albums Tamba l'enfant soldat et Le Zizi de l'ange - Chroniques d'un spectacle vivant. Après les enfants soldats et les intermittents, c'est donc du côté de sa propre famille qu'elle est allée creuser pour nous proposer ce récit formidablement mis en dessin par Toni Galmès, que je ne connaissais pas. Son trait rond et fin superbement mis en couleur à l'aquarelle colle à merveille avec cette vision d'enfant qui nous servira de focale. Sans être ni trop mièvre ni trop dure dans les détails, l'histoire de cette guerre et des saletés qu'elle colporte est réaliste et juste, sans être édulcorée pour autant. Voilà un album qui devrait plaire à un large public tant pour son contenu que son esthétique léchée. Je suis curieux de découvrir le second volet de cette série *** Tome 2 *** Après le récit de Lilou dans le premier tome, c'est au tour de sa grande soeur Mylène de nous dévoiler ce qui lui est arrivé après cette descente de l'armée allemande dans leur planque. Si Lilou et ses parents ont pu être prévenus à temps et échapper à la rafle, ce n'est pas le cas de Mylène. Arrestation, interrogatoires, violences, puis déportation vers un camp de concentration... Le regard de Mylène nous plonge dans l'horreur nazi à hauteur d'enfant... Comme dans le premier tome, le récit est réaliste et n'édulcore en rien le tragique de cette période et de l'horreur des camps de concentration. Plus dur que le premier tome, il n'en reste pas moins pétri de tendresse et d'humanité malgré l'horreur traversée. Côté dessin Toni Galmès est toujours aussi doué et efficace, rendant cette histoire moins âpre à digérer. Son trait et sa mise en couleur à l'aquarelle sont juste magnifiques ! Un témoignage familial à travers des regards d'enfants qui auront survécu au pire traité de façon remarquable !
Arzach
Je ne suis pas très familier de l'univers Moebius et c'est avec un œil naïf que je découvre ce double titre Arzach suivi de "L'Homme est il bon". Cinquante années ont passé depuis la sortie événement d'Arzach saluée à l'époque comme un chef d'œuvre par une grande partie de la presse européenne toutes tendances confondues. Un petit saut en arrière permettrait aux plus jeunes de se souvenir que les années 70 furent des années de "Déconstruction". Dans ce domaine, le 9eme art en était à l'expérimentation. Giraud/Moebius bien installé au sommet de la profession se risque à une expérimentation avant-gardiste avec une œuvre sans scénario et sans dialogue. Cette suite d'histoires sans autre lien que cet Arzach chevauchant une sorte de ptérodactyle au-dessus d'un monde inhospitalier laisse le lecteur libre de ses choix : faut-il chercher une cohérence scénaristique ? Faut-il simplement se laisser porter par un dessin d'une grande technicité ? Ou finalement se goinfrer de couleurs et de lumières qui singularisent à elles seules la narration ? Je lis cette œuvre comme un Milestone non conformiste. Une véritable œuvre de l'art qui explore les voies inconnues. Une œuvre qui mérite d'être pensée dans son contexte et qui s'accommode mal des notations et des classements. Un "truc" qui a sa place dans l'histoire et les écoles plus que sur les rayonnages des séries commerciales. Une étoile filante… On est pas loin de la définition du culte.
Le Grand Monde
Au sortir de la seconde guerre mondiale la famille Pelletier a du souci à se faire, trois des enfants du couple sont entendus par la police pour diverses malversations que d'habiles flashbacks vont nous expliquer. Ainsi, de Beyrouth à Saïgon en passant par Paris, les rejetons Pelletier sont confrontés à leurs passé pas toujours très reluisants. J'ai trouvé cette histoire très bien conçue avec un background excellent retranscrit par C. De Metter, de l'ambiance parisienne à la vie dans un Vietnam alors colonisé. Avec un rythme trépidant il est difficile de lâcher la lecture et le dénouement est suffisamment malin pour dérouter le lecteur, tout au plus aurais-je aimé un final moins ouvert pour certains protagonistes, notamment ce brave Bouboule. C. De Mettter fait encore une fois un excellent boulot.
Spirite
5 ans après la conclusion de sa première série Clues, Mara nous propose de nouveau une série qu’elle réalise seule (« presque seule » devrais-je écrire puisqu’elle est assistée pour les couleurs par Suria Barbier et Carole Bride). Après l’Angleterre Victorienne, elle nous plonge cette fois-ci dans le New York du début des années 30, où vont se rencontrer Ian Davenport, un jeune chercheur en spiritologie, et Nell Lovelace, une journaliste ambitieuse reléguée bien malgré elle à la rédaction d’articles consacrés à des événements paranormaux. On retrouve dans cet album les ingrédients qui fonctionnaient déjà dans sa première série : des personnages au caractère bien marqué qui inspirent la sympathie, du mystère savamment distillé tout au long de l’album et un trait dynamique. Si la scène du début qui se situe dans un environnement naturel n’est pas la plus réussie graphiquement, le dessin de Mara a bien progressé depuis ses premiers albums. Le dynamisme et l’expressivité des personnages restent son point fort, mais j’ai surtout relevé le travail des couleurs particulièrement réussi. La technique qu’elle avait déjà utilisée pour les trois premiers albums de « Clues » – mélange de lavis et de couleurs informatiques – donne un réel cachet à l’ensemble, et on sent le soin apporté au choix des ambiances. Enfin l’album en lui-même est un très bel objet, avec les impressions en doré et le vernis sélectif sur la couverture, la mise en page dans le style Art Déco, et le carnet de croquis de la fin qui est bien intégré et apporte un vrai plus à l’album. Un album de pur divertissement bien réalisé dont je lirai la suite avec plaisir. (J'hésite entre 3 et 4... j'attends la suite pour remonter ma note). -- Après avoir lu les deux tomes suivants, je remonte ma note. J’ai beaucoup aimé l’évolution de l’histoire ; si l’aventure reste bien présente, elle vient davantage se mettre au service des relations entre les personnages. Et c’est justement les différents protagonistes, leurs histoires et leurs interactions qui m’ont beaucoup plu. Mara a utilisé pour la construction de sa série la même structure que pour Clues, à savoir que le troisième tome est un flashback. Mais j’ai trouvé que dans le cas présent c’était beaucoup mieux amené et plus logique au niveau narratif que dans Clues. Bref, j’ai beaucoup aimé les trois premiers tomes de cette série, et j’attends maintenant avec impatience la conclusion dans le quatrième tome.
L'Île aux orcs
C'est un feuilletage rapide et sa magnifique couverture qui m'ont fait craquer. Et là, c'est le jackpot. Quel plaisir de retrouver le tandem de Goodnight paradise, il sera cette fois-ci accompagné par le génialissime Matt Hollingsworth à la couleur. De la Fantasy comme on n'en voit pas souvent. Tous les ingrédients sont présents pour faire de ce récit une réussite. Trois personnages principaux, Cerrin fils sion est un demi-elfe, Urghria est une pirate qui a perdu son équipage, ils vont s'associer pour aller voler des crânes d'orc sur l'île aux orcs pour faire fortune et ainsi s'extirper de leur condition misérable. Mais pour cela ils ont besoin de magie, Urghria va acheter un mage au temple, le triste Andune. Des protagonistes qui vous surprendront. Un monde de désolation sous la coupe d'une religion qui ne pense qu'à son bien-être. Un monde où l'on peut découvrir des temples volants et leurs patriarches, des créatures fantastiques et des orcs. Un monde inégalitaire et violent où le sang coule à flot, où les crânes sont fracassés et les langues arrachées. Un récit captivant et sans temps mort qui prend soin de bien planter le décor et les acteurs avec un zeste d'humour. Les surprises seront au rendez-vous, je ne m'attendais pas à une telle fin. Une triste parabole. Une narration maîtrisée de bout en bout. Joshua Dysart est un scénariste à suivre. Le dessin est une tuerie, dans tous les sens du terme, Alberto Ponticelli a réalisé un travail fantastique. La mise en page audacieuse permet d'en prendre plein les mirettes, les décors sont fabuleux, que ce soit cette jungle sauvage ou la cité des orcs. Inventif, expressif, immersif et dynamique. Il me faut aussi mettre en avant le travail extraordinaire de Matt Hollingsworth, ses choix de couleurs apportent une touche singulière à ce récit sanguinolent. N'hésitez pas à feuilleter l'album en librairie, la galerie ne rend pas hommage à ce visuel de toute beauté. J'ai ajouté deux nouvelles images depuis. Un indispensable pour tous les aficionados de Fantasy. Foncez, foncez et foncez. Un comics à la puissance animale indéniable ! Âmes sensibles s'abstenir. Gros coup de cœur. "Tout peuple est ennemi de lui-même". Quelques coquilles, une relecture de l'éditeur aurait été nécessaire.
Compadres
Alors que les auteurs ont quelques albums à leurs actifs, c’est seulement avec ce tome que je les découvre. Une plutôt chouette découverte puisque Compadres s’est avéré un bon petit moment de lecture. Ça ne sera certes pas un indispensable, on oscille entre le pas mal et le franchement bien mais l’album possède suffisamment d’atouts pour se démarquer. Le premier qui saute aux yeux est évidemment la partie graphique assez atypique, ça passe ou ça casse. Perso je lui ai bien trouvé quelques défauts mais dans l’ensemble ça m’a bien plu. L’originalité du trait allié aux couleurs m’a vite emporté et participe pour beaucoup au charme de l’album. Il ne faut pas être allergique aux ambiances automnales. L’histoire n’est pas en reste, ça se développe un peu vite pour vraiment s’attacher aux personnages mais le duo de héros fonctionne bien. J’ai surtout aimé le ton âpre et sans concession. Ce n’est pas une période pour les idéalistes. Un récit qui déroule. Finalement un western que j’ai trouvé original et bien mené. Si le dessin ne vous fait pas peur, je vous encourage à tomber dessus. 3,5
Ion Mud
La fin ne livre pas forcément toutes les clés. Ou alors je n’ai pas tout saisi, je ne sais pas. Mais qu’importe ! C’est une lecture que j’ai bien aimée. Un voyage original et angoissant, dans les méandres d’un vaisseau gigantesque. Nous suivons un personnage solitaire, Lupo, qui erre et nous sert de guide, dans un univers aux airs post-apocalypse, peuplé de monstres et de bestioles mutantes dangereuses, de drones qui ne le sont pas moins. Et de quelques humains énigmatiques. Et surtout de vide, de couloirs sans fin, de coursives infinies : Amaury Bündgen a su mettre en place une ambiance étrange et originale. C’est le voyage en lui-même, plus que son objectif, qui nous prend aux tripes. Le dessin use judicieusement du Noir et Blanc, adapté à cet univers froid et désespérant. Souvent avare de détails, et parfois hyper détaillé pour des plans larges de couloirs, je l’ai trouvé agréable et très fluide. Je découvre cet auteur avec cet album, et je pense aller voir ce qu’il a fait depuis.