Je ne connaissais pas Cati Baur, réalisant après ma lecture qu'elle était l'autrice de Pisse-Mémé, mais j'ai été immédiatement séduit par cette histoire menée de bout en bout comme un savon sur lequel on glisse en sortant de la douche. Paf ! T'arrive à la fin, et c'est déjà fini et c'était trop bien.
Le trait de l'autrice évoque celui de Camille Jourdy, soit un petit trait frais et léger qui semble vous prendre dans le creux de la main, jouissant d'un colorisation sans esbroufe. C'est très agréable à lire et ne souffre d'aucune critique, tout comme les dialogues qui articulent très bien la narration. Les personnages respirent la vie vraie et on s'attache à eux d'emblée. En outre, c'est très drôle et l'humour n'est jamais forcé.
Marcie est une cinquantenaire en pleine crise de préménopause qui cherche un second souffle professionnel. Poussée par sa fille, elle devient détective privée. Dans un premier temps, elle résout des affaires de chiens volés avant de se voir confier une sombre histoire de suicide, potentiellement maquillé. Le scénario est très bien ficelé. Marcie enquête sur cette fille "tombée" d'une fenêtre, et en s'investissant dans cette affaire, elle va peu à peu avancer vers la résolution de sa crise existentielle : en effet, sans rien dévoiler, on peut se contenter de dire qu'il y a en effet des situations renversées dans cette BD, des effets de miroir.
Oui, ce récit simple regorge de petites subtilités qui lui donnent toute sa saveur. Une lecture très agréable, à la fois légère et palpitante, crédible et hors du commun, avec des personnages aussi vrais que nature. Bonne surprise !
J’aime beaucoup les nouvelles de Lovecraft, malgré le style ampoulé et vieillot, mais je n’ai jamais été attiré par leurs adaptations graphiques, préférant laisser court à mon imagination. La magnifique expo Tanabe à Angoulême 2025 m’a pourtant convaincu de franchir le pas.
« Les Montagnes hallucinées » n’est pas ma nouvelle préférée - je la trouve un peu longue (il s’agit d’ailleurs plutôt d’un roman court), mais c’est celle qui m’intriguait le plus au niveau adaptation graphique, car les délires hallucinatoires et la ville à la « géométrie impossible » du roman présentaient un sacré challenge… et je dois avouer que je ressors bluffé de ma lecture. Les planches sont vraiment magnifiques, et Tanabe a selon moi parfaitement retranscrit l’ambiance horrifique et la froideur mortelle du récit original.
L’adaptation de l’histoire est fidèle, je l’ai à nouveau trouvée un peu longuette, mais il faut avouer qu’elle reste prenante malgré son âge.
Une expérience positive, que je retenterai sans doute avec l’adaptation de mes nouvelles préférées (La Couleur tombée du ciel et L'Abomination de Dunwich).
Une fois de plus, je partage l'avis de Noirdésir ! ;-)
J'ai passé un très bon moment avec ce western moderne. Certes, il y a quelques redondances avec les échanges entre le protagoniste et son petit compagnon, mais ça passe bien, ça vient ponctuer comme une morale chaque péripétie (ça reste du Matz quand même, il faut bien qu'il fasse quelques grandes phrases) et l'animal a une bonne bouille...
L'histoire est intéressante et instructive (avec cet historique de la protection des témoins), la tension est palpable et l'action, si on met de côté les flash-back, est finalement ramassée (quelques jours qui se concentrent autour du procès).
J'ai apprécié le découpage cinématographique, les clins d'oeil réjouissants au fil des pages, l'ambiance réussie des années 60-70 avec des marqueurs de l'époque habilement parsemés ici ou là, des personnages consistants et un dessin que personnellement j'ai beaucoup aimé (les paysages notamment sont superbes, la compagne de Giu' aussi) c'était chouette !
Certains ont évoqué une histoire qui s'étirait un peu, mais pour ma part, j'aurais pu suivre encore le parcours du camping-car de Giu' dans ces grands espaces lumineux et arides, même si là encore, je trouve la conclusion très satisfaisante.
A chaque fois c’est pareil ! Quand je vais au festival d’Angoulême, pas moyen de trouver une seule personne durant les 4 jours du festival, adepte du génialissime Léo. Pas grave au final car je vais rester sur mes positions et je ne vais surtout pas renier mes goûts.
N’en déplaise donc à mes détracteurs – j’ai les noms – avec Centaurus nous voilà de nouveau dans un monde imaginé par Léo et son colistier habituel Rodolphe. Petite précision sur cette série Léo n’est pas au dessin mais au scénario avec son complice. Les illustrations ont été confiées à Zoran Janjetov qui reprend habilement le style Léo.
Le décor est planté dés le premier album. Nous sommes transportés dans un futur où l'humanité, à bord d'un gigantesque vaisseau-monde, cherche une nouvelle planète habitable après la destruction de la Terre.
"Terre promise" : Le premier tome nous plonge immédiatement dans une intrigue palpitante et les défis auxquels les personnages doivent faire face. Le vaisseau-monde arrive enfin à proximité de Vera, une planète potentiellement habitable. L'équipage est envoyé en reconnaissance, découvrant un monde mystérieux et dangereux
"Terre étrangère" : L'équipe d'exploration découvre que Vera est peuplée de créatures étranges et hostiles. Ils doivent naviguer dans cet environnement inconnu tout en essayant de maintenir la communication avec le vaisseau-monde.
"Terre de folie" : Les tensions montent à bord du vaisseau-monde alors que les explorateurs rapportent des découvertes troublantes. Les mystères de Vera commencent à se dévoiler, révélant des secrets qui pourraient changer le cours de l'humanité.
"Terre d'angoisse" : Les explorateurs font face à des dangers encore plus grands alors qu'ils approfondissent leurs recherches sur Vera. Le suspense est à son comble alors que les personnages luttent pour survivre et comprendre les mystères de cette nouvelle planète.
"Terre de mort" : Le dernier tome de la série est un crescendo d'action et de révélations. Les explorateurs doivent faire face à des défis mortels pour sauver l'humanité et découvrir la vérité derrière les mystères de Vera.
Vous ne pouvez lire ces 5 albums d’une seule traite. L’exaltation est bien présente. Que dire des paysages fantastiques et de sa faune mystérieuse. Un régal pour les yeux.
Le suspens est bien là tout au long de votre lecture. La fin nous invite à découvrir encore et encore de nouveaux mondes.
C’est de nouveau un chef-d’œuvre de la science-fiction, qui saura toucher les lecteurs les plus exigeants et les passionnés de récits interstellaires.
Cette brève série ne manque pas de qualités même si elle présente des défauts dans sa cohérence globale. 3 tomes sur l'Afrique ( ceux de Tripp) et un tome en URSS ( avec Barcelo) qui vient un peu casser l'unité d'ensemble. Gallard le gars lambda, pétri de bons sentiments, qui fait la nique à deux des services secrets les plus puissants (Russes et Sud Af) des années 80, cela limite un peu la crédibilité du personnage. Ce qui est plus intéressant est la maturité croissante du message de Tripp dans la série. Pour les trois opus africains, la thématique du racisme est très présente. Gaillard va de plus en plus s'impliquer dans cette problématique pour arriver au climax du tome 4 qui le conduit à l'acte sans retour possible. Loin de la belle Zoubida, Jacques sera conduit (manipulé ?) par la belle Laurie, agent double Sud Africaine et sa conscience, à tremper ses mains dans le sang. C'est comme si Tripp changeait de registre et passait de la fiction au documentaire à charge contre la torture effectuée par les services de sureté Sud Africains contre les activistes de l'ANC. La page 21 du tome 4 est édifiante dans son réalisme morbide montrant les cadavres atrocement torturés des jeunes hommes noirs.
Le final ouvert et brutal laisse Gallard vers un inconnu pour le héros qui n'intéresse ni Tripp ni les lecteurs pour se poser une ultime question sur le devenir de l'Afrique du Sud. Deux ans après la parution de la série, De Klerk et Mandela apporteront un début de réponse.
Malgré son concept fort, j'avoue n'avoir pas été immédiatement séduit par cette série. Le premier tome fonctionne, mais en choisissant de nous immerger très progressivement dans son univers, met du temps à faire démarrer l'intrigue. On se perd un peu dans le jargon technique, dans les échanges financiers, et on se demande si on va arriver à suivre.
Et puis le tome 2 arrive, et là, on sait qu'on va adorer. Le récit s'envole, les personnages se creusent, et les tournants pris par la narration deviennent un peu moins prévisibles, presque surprenant par moments. Et surtout, Dorison sait exploiter à 200% le fond de son sujet ! Après son premier tome d'exposition, il pose les vrais dilemmes dans ce tome 2 assez brillant, on comprend mieux où il veut nous mener. A ce titre, l'implacable tome 3 clôt merveilleusement la série, d'une manière parfaitement cohérente, toujours avec la profondeur qu'on attend d'un tel récit dystopique. La réflexion sur l'humanité, le libre arbitre, et notre avenir est vraiment bien menée et nous pose de vraies questions, sans que jamais, on ne se fasse écraser par un didactisme pesant.
Le dessin d'Allart est très efficace et participe bien à nous immerger dans cet univers d'hypocrisie et de faux-fuyants. De belles couleurs, un trait souple, un réalise jamais excessif, on y est, on y croit.
Bref, tout cela est très beau, et si, finalement, je n'ai eu qu'une petite réserve à la fin de cette lecture, c'est que, quelque part, j'ai eu un peu l'impression d'avoir déjà vu cette histoire. Le lien n'est pas évident de prime abord, mais quand on a vu The Truman Show, il est vraiment difficile de ne pas y voir de grosses résonances avec le tome 3. On est loin du plagiat, bien évidemment, mais tout de même, les parallèles sont très nombreux, même si j'éviterai de les lister ici pour ne pas gâcher la surprise d'éventuels futurs lecteurs.
Ce rapprochement un peu trop évident à mes yeux, est loin de disqualifier la série, mais cela lui enlève ce petit côté vraiment unique qui caractérise les grands chefs-d'œuvre. En l'état, on a déjà une excellente trilogie, agréable à lire, et très bien menée, qui nous fait déjà envisager avec le plus grand plaisir la perspective de la relire un jour. C'est déjà énorme.
Waw, très simple mais une belle claque quand-même !
Betty Boob c'est une histoire (semi) muette parlant de deux choses : le cancer et le rapport au corps (particulièrement ici le corps féminin).
Notre protagoniste, dont nous ne connaissons pas le réel prénom, perd son sein et ses cheveux à cause d'un cancer et doit apprendre à vivre sa vie après cela. Elle souffre de son image, son petit ami a du mal à la regarder dans les yeux, ne la désire plus, elle se sent observée et jugée partout où elle va, elle tente désespérément de trouver un moyen de récupérer son sein, … Jusqu'à ce que, finalement, elle tombe sur une troupe de cabaret burlesque qui décide de la prendre sous son aile. Là, parmi d'autres femmes aux corps hors normes (en surpoids, à la poitrine plate, avec une prothèse de jambe, avec beaucoup de tatouages, …) elle va enfin apprendre à ne plus subir les conséquences de sa maladie et, mieux encore, apprendre à aimer son corps et reprendre le contrôle de sa vie.
C'est très beau. D'une part visuellement, le dessin de Julie Rocheleau est travaillé, possède une belle patte et elle se permet de jouer avec les couleurs et la représentation fantasque pour illustrer ses scènes.
Mais le fond est tout aussi joli. J'aime beaucoup le sujet du corps, de la perception que nous avons de ne corps et du rôle qu'elle joue sur notre bien être. Tout ce propos sur le corps féminin, particulièrement enfermé dans des standards de beautés strictes dans notre société, et ce rejet et cette difficulté à accepter les corps hors-normes, sortant des carcans, m'a profondément parlé. Et l'aspect très positif, très doux et bon enfant du récit, qui parvient à aborder des moments durs (comme l'abandon d'êtres chers ou encore les stigmates de la maladie) tout en gardant ce ton léger et optimiste... moi ça me touche sincèrement. L'histoire est fantasque à souhait, laissant volontiers le réalisme pour l'illustration rêveuse et le symbolique, et ça ça marche très bien sur moi.
Un coup de cœur et une lecture recommandée pour ma part.
Cet album est un conte nous racontant l'histoire de Céleste, géante désireuse de découvrir le monde et qui réalisera lors de ses voyages que son statut de femme est malheureusement son réel handicap en société.
En effet, dans ses aventures, Céleste est assez peu gênée de sa taille gigantesque (si ce n'est au début). Sa taille est en réalité plus souvent utilisée comme symbole de son sentiment de ne pas appartenir au même monde que les autres, d'être hors-norme. Une scène laisse même entendre que sa taille de géante pourrait être une représentation de la grandeur des femmes, de la Femme, qui se trouve en elle, une forme de réappropriation de l'espace de vie féminine.
Oui, vous l'aurez devinez au résumé, ceci est un conte féministe.
Au-delà du féminisme, c'est un conte sur l'ouverture à l'autre, sur les stigmates causés par une société cultivant les inégalités, pourchassant et éliminant les différences et souhaitant contrôler ce qui ne la regarde pas (on aborde même le sujet des relations amoureuses non-monogames, plus ouvertes, plus libres). Dans cette société aux allures médiévales, l'histoire aborde le sujet de la féminité, du statut des femmes sont un patriarcat étouffant, des créations des femmes pour s'en sortir, partir ou tout simplement grandir. Comme souvent, on utilise à un moment un personnage de sorcière pour symboliser la femme de science pourchassée par les hommes souhaitant la contrôler. J'ai également bien aimé que le sujet des femmes dans les troupes de saltimbanques et d'artistes itinérants dans les sociétés médiévales ait été abordé ici, c'était une de mes parties préférées lorsque j'avais étudié l’histoire des arts scéniques.
Bref, Géante raconte l'histoire d'une jeune femme mûrissant, découvrant le monde et apprenant de ses découvertes, et qui, par la force de ses expériences et de ses convictions, créera petit à petit une communauté qui lui convienne et qui lui semble juste.
Peut-être trop idéaliste mais ça fait du bien.
(Note réelle 3,5)
Alors ça, c'est glauque à souhait.
Jolies ténèbres, c'est un conte macabre, un récit fantastique mêlant les joies enfantines aux horreurs plus sombres et cruelles du monde réel. Tout commence dans l'esprit d'une jeune fille… morte. Oui, ici, nous allons suivre des petits êtres humanoïdes tout droit sortis de l'imaginaire d'une enfant et qui vont devoir tenter de survivre hors de sa tête lorsque celle-ci meurt en pleine forêt dans des circonstances inconnues. Le sujet, en réalité, ne sera pas la mort de la jeune fille en elle-même (si ce n'est à la rigueur que tout ce récit pourrait être interprété comme une métaphore pour la mort symbolique de l'enfance et un passage forcé et dramatique à l'âge adulte et ses horreurs plus froides). Ici, nous allons suivre ces petits personnages à l'apparence si innocente progressivement se transformer en monstres. Vols, inégalités, meurtres, survie en milieu hostiles, … On comprend très rapidement que l'on ne nous raconte pas ici une histoire joyeuse.
Comme le nom de l'album l'indique, nous avons ici un croisement du beau, du mignon, de l'idéal (de l'idéalisé, même) et du terrifiant, du monstrueux, du froid, du réel. Seuls une poignée de personnages semblent objectivement sympathiques, mais bien évidemment, comme souvent dans ce genre de récit, ce sont elleux qui subiront les pires tragédies.
Aurore, notre protagoniste, est une jeune rêveuse, souhaitant l'entraide, la paix avec les animaux et tout simplement que tout le monde puisse vivre en harmonie. Cette histoire est celle de ses désillusion, de la perte de son innocence, de sa découverte presque trop cruelle des pires aspects de l'humanité. Elle qui n'était qu'une sorte de poupée idéalisée au début, ne rêvant que de fêtes, de thés et de son beau prince, elle finira traumatisée, froide, monstrueuse à son tour.
L'album retourne, met sincèrement mal à l'aise par moment, et surtout réussi son pari de faire de ce récit une rencontre entre une leçon de vie poétique et imagée et une version horrifique du roman "Les Chapardeurs" de Mary Norton.
Le dessin de Kerascoët est, comme toujours, très beau. Iels arrivent toujours à donner des visages et des apparences adorables à leurs personnages, ce qui aide beaucoup pour le contraste avec les évènements affreux que ces petits êtres vivent. Les dernières planches beaucoup plus froides et terrifiantes m'ont vraiment bluffée.
L'album m'a sincèrement retournée. C'est glauque, prenant, angoissant, …
La lecture est on ne peut plus recommandée pour moi.
Je n'ai franchement aucune affinité avec toute cette histoire, dont je ne connais pas le film d'ailleurs (American Sniper). Mais Nury et Brüno qui s'associent pour parler de ça, c'est suffisant pour me donner envie. Et j'ai donc commencé la BD sans trop d'attente, ce qui m'a permis de complètement l'apprécier.
En effet, la BD pose deux conditions pour une lecture agréable : ne pas s'attendre à une histoire exhaustive, ne pas s'attendre à une considération sur les personnes. Ne connaissant pas l'histoire, donc, j'ai été surpris que l'ensemble présente les faits et (presque) que les faits. Les auteurs ne se posent jamais en père-la-morale et se contentent de présenter tout les personnages, leurs idées, comment cette journée arriva et ce qu'il en résultat. Mais aussi la suite, avec la veuve de Chris Kyle, tout ce qui s'est passé autour de son image etc ...
Ce qui fait la confusion possible de plusieurs lecteurs et lectrices, c'est que la BD semble vouloir explorer cette histoire aux personnages assez peu manichéen, alors que le propos des auteurs me semble tout autre. Bien qu'il ne mette que les faits allant jusqu'à retranscrire des interviews télévisuelles, c'est dans l'organisation des pages que j'ai senti ce qui se jouait. Pour moi (du haut de mon expérience de lecteur), les auteurs veulent utiliser cette histoire pour présenter une société, la société américaine, dans toutes ses contradictions. Une société qui ne s'occupe pas de la santé de ses milliers de vétérans, fasciné par les armes à feux, embrassant la violence comme solution (le slogan est incroyable !), utilisant toute histoire pour faire de l'argent, capitalisant sur le succès populaire ...
Pour moi, cette BD est surtout une constatation de ce qu'est l'Amérique de Chris Kyle. Une Amérique qui ne fait pas du tout rêver et qui semble surtout un échec cuisant. Voir la jeune veuve sortir livre sur livre et créer des sociétés en profitant de la mort de son mari me parait indécent, mais c'est l'Amérique ! Voir les personnages utilisés en tout sens, les procès s'empiler, les interviews (parfois lunaire) se succéder, le tout baigné des valeurs bien USA (arme, protestantisme, procès, argent ...). C'est une fin bien amère qui est présentée, à mon gout, lorsque l'on voit encore une page de mort qui s'entasse, morts anonymes qui ne seront jamais déplorés ... La BD est une enquête sur un sujet qui n'est pas le meurtre de Chris Kyle et dont j'ai l'impression que le sous-titre est le plus important : une histoire Américaine.
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Je ne connaissais pas Cati Baur, réalisant après ma lecture qu'elle était l'autrice de Pisse-Mémé, mais j'ai été immédiatement séduit par cette histoire menée de bout en bout comme un savon sur lequel on glisse en sortant de la douche. Paf ! T'arrive à la fin, et c'est déjà fini et c'était trop bien. Le trait de l'autrice évoque celui de Camille Jourdy, soit un petit trait frais et léger qui semble vous prendre dans le creux de la main, jouissant d'un colorisation sans esbroufe. C'est très agréable à lire et ne souffre d'aucune critique, tout comme les dialogues qui articulent très bien la narration. Les personnages respirent la vie vraie et on s'attache à eux d'emblée. En outre, c'est très drôle et l'humour n'est jamais forcé. Marcie est une cinquantenaire en pleine crise de préménopause qui cherche un second souffle professionnel. Poussée par sa fille, elle devient détective privée. Dans un premier temps, elle résout des affaires de chiens volés avant de se voir confier une sombre histoire de suicide, potentiellement maquillé. Le scénario est très bien ficelé. Marcie enquête sur cette fille "tombée" d'une fenêtre, et en s'investissant dans cette affaire, elle va peu à peu avancer vers la résolution de sa crise existentielle : en effet, sans rien dévoiler, on peut se contenter de dire qu'il y a en effet des situations renversées dans cette BD, des effets de miroir. Oui, ce récit simple regorge de petites subtilités qui lui donnent toute sa saveur. Une lecture très agréable, à la fois légère et palpitante, crédible et hors du commun, avec des personnages aussi vrais que nature. Bonne surprise !
Les Montagnes hallucinées (Tanabe)
J’aime beaucoup les nouvelles de Lovecraft, malgré le style ampoulé et vieillot, mais je n’ai jamais été attiré par leurs adaptations graphiques, préférant laisser court à mon imagination. La magnifique expo Tanabe à Angoulême 2025 m’a pourtant convaincu de franchir le pas. « Les Montagnes hallucinées » n’est pas ma nouvelle préférée - je la trouve un peu longue (il s’agit d’ailleurs plutôt d’un roman court), mais c’est celle qui m’intriguait le plus au niveau adaptation graphique, car les délires hallucinatoires et la ville à la « géométrie impossible » du roman présentaient un sacré challenge… et je dois avouer que je ressors bluffé de ma lecture. Les planches sont vraiment magnifiques, et Tanabe a selon moi parfaitement retranscrit l’ambiance horrifique et la froideur mortelle du récit original. L’adaptation de l’histoire est fidèle, je l’ai à nouveau trouvée un peu longuette, mais il faut avouer qu’elle reste prenante malgré son âge. Une expérience positive, que je retenterai sans doute avec l’adaptation de mes nouvelles préférées (La Couleur tombée du ciel et L'Abomination de Dunwich).
Le Serpent et le Coyote
Une fois de plus, je partage l'avis de Noirdésir ! ;-) J'ai passé un très bon moment avec ce western moderne. Certes, il y a quelques redondances avec les échanges entre le protagoniste et son petit compagnon, mais ça passe bien, ça vient ponctuer comme une morale chaque péripétie (ça reste du Matz quand même, il faut bien qu'il fasse quelques grandes phrases) et l'animal a une bonne bouille... L'histoire est intéressante et instructive (avec cet historique de la protection des témoins), la tension est palpable et l'action, si on met de côté les flash-back, est finalement ramassée (quelques jours qui se concentrent autour du procès). J'ai apprécié le découpage cinématographique, les clins d'oeil réjouissants au fil des pages, l'ambiance réussie des années 60-70 avec des marqueurs de l'époque habilement parsemés ici ou là, des personnages consistants et un dessin que personnellement j'ai beaucoup aimé (les paysages notamment sont superbes, la compagne de Giu' aussi) c'était chouette ! Certains ont évoqué une histoire qui s'étirait un peu, mais pour ma part, j'aurais pu suivre encore le parcours du camping-car de Giu' dans ces grands espaces lumineux et arides, même si là encore, je trouve la conclusion très satisfaisante.
Centaurus
A chaque fois c’est pareil ! Quand je vais au festival d’Angoulême, pas moyen de trouver une seule personne durant les 4 jours du festival, adepte du génialissime Léo. Pas grave au final car je vais rester sur mes positions et je ne vais surtout pas renier mes goûts. N’en déplaise donc à mes détracteurs – j’ai les noms – avec Centaurus nous voilà de nouveau dans un monde imaginé par Léo et son colistier habituel Rodolphe. Petite précision sur cette série Léo n’est pas au dessin mais au scénario avec son complice. Les illustrations ont été confiées à Zoran Janjetov qui reprend habilement le style Léo. Le décor est planté dés le premier album. Nous sommes transportés dans un futur où l'humanité, à bord d'un gigantesque vaisseau-monde, cherche une nouvelle planète habitable après la destruction de la Terre. "Terre promise" : Le premier tome nous plonge immédiatement dans une intrigue palpitante et les défis auxquels les personnages doivent faire face. Le vaisseau-monde arrive enfin à proximité de Vera, une planète potentiellement habitable. L'équipage est envoyé en reconnaissance, découvrant un monde mystérieux et dangereux "Terre étrangère" : L'équipe d'exploration découvre que Vera est peuplée de créatures étranges et hostiles. Ils doivent naviguer dans cet environnement inconnu tout en essayant de maintenir la communication avec le vaisseau-monde. "Terre de folie" : Les tensions montent à bord du vaisseau-monde alors que les explorateurs rapportent des découvertes troublantes. Les mystères de Vera commencent à se dévoiler, révélant des secrets qui pourraient changer le cours de l'humanité. "Terre d'angoisse" : Les explorateurs font face à des dangers encore plus grands alors qu'ils approfondissent leurs recherches sur Vera. Le suspense est à son comble alors que les personnages luttent pour survivre et comprendre les mystères de cette nouvelle planète. "Terre de mort" : Le dernier tome de la série est un crescendo d'action et de révélations. Les explorateurs doivent faire face à des défis mortels pour sauver l'humanité et découvrir la vérité derrière les mystères de Vera. Vous ne pouvez lire ces 5 albums d’une seule traite. L’exaltation est bien présente. Que dire des paysages fantastiques et de sa faune mystérieuse. Un régal pour les yeux. Le suspens est bien là tout au long de votre lecture. La fin nous invite à découvrir encore et encore de nouveaux mondes. C’est de nouveau un chef-d’œuvre de la science-fiction, qui saura toucher les lecteurs les plus exigeants et les passionnés de récits interstellaires.
Jacques Gallard
Cette brève série ne manque pas de qualités même si elle présente des défauts dans sa cohérence globale. 3 tomes sur l'Afrique ( ceux de Tripp) et un tome en URSS ( avec Barcelo) qui vient un peu casser l'unité d'ensemble. Gallard le gars lambda, pétri de bons sentiments, qui fait la nique à deux des services secrets les plus puissants (Russes et Sud Af) des années 80, cela limite un peu la crédibilité du personnage. Ce qui est plus intéressant est la maturité croissante du message de Tripp dans la série. Pour les trois opus africains, la thématique du racisme est très présente. Gaillard va de plus en plus s'impliquer dans cette problématique pour arriver au climax du tome 4 qui le conduit à l'acte sans retour possible. Loin de la belle Zoubida, Jacques sera conduit (manipulé ?) par la belle Laurie, agent double Sud Africaine et sa conscience, à tremper ses mains dans le sang. C'est comme si Tripp changeait de registre et passait de la fiction au documentaire à charge contre la torture effectuée par les services de sureté Sud Africains contre les activistes de l'ANC. La page 21 du tome 4 est édifiante dans son réalisme morbide montrant les cadavres atrocement torturés des jeunes hommes noirs. Le final ouvert et brutal laisse Gallard vers un inconnu pour le héros qui n'intéresse ni Tripp ni les lecteurs pour se poser une ultime question sur le devenir de l'Afrique du Sud. Deux ans après la parution de la série, De Klerk et Mandela apporteront un début de réponse.
HSE - Human Stock Exchange
Malgré son concept fort, j'avoue n'avoir pas été immédiatement séduit par cette série. Le premier tome fonctionne, mais en choisissant de nous immerger très progressivement dans son univers, met du temps à faire démarrer l'intrigue. On se perd un peu dans le jargon technique, dans les échanges financiers, et on se demande si on va arriver à suivre. Et puis le tome 2 arrive, et là, on sait qu'on va adorer. Le récit s'envole, les personnages se creusent, et les tournants pris par la narration deviennent un peu moins prévisibles, presque surprenant par moments. Et surtout, Dorison sait exploiter à 200% le fond de son sujet ! Après son premier tome d'exposition, il pose les vrais dilemmes dans ce tome 2 assez brillant, on comprend mieux où il veut nous mener. A ce titre, l'implacable tome 3 clôt merveilleusement la série, d'une manière parfaitement cohérente, toujours avec la profondeur qu'on attend d'un tel récit dystopique. La réflexion sur l'humanité, le libre arbitre, et notre avenir est vraiment bien menée et nous pose de vraies questions, sans que jamais, on ne se fasse écraser par un didactisme pesant. Le dessin d'Allart est très efficace et participe bien à nous immerger dans cet univers d'hypocrisie et de faux-fuyants. De belles couleurs, un trait souple, un réalise jamais excessif, on y est, on y croit. Bref, tout cela est très beau, et si, finalement, je n'ai eu qu'une petite réserve à la fin de cette lecture, c'est que, quelque part, j'ai eu un peu l'impression d'avoir déjà vu cette histoire. Le lien n'est pas évident de prime abord, mais quand on a vu The Truman Show, il est vraiment difficile de ne pas y voir de grosses résonances avec le tome 3. On est loin du plagiat, bien évidemment, mais tout de même, les parallèles sont très nombreux, même si j'éviterai de les lister ici pour ne pas gâcher la surprise d'éventuels futurs lecteurs. Ce rapprochement un peu trop évident à mes yeux, est loin de disqualifier la série, mais cela lui enlève ce petit côté vraiment unique qui caractérise les grands chefs-d'œuvre. En l'état, on a déjà une excellente trilogie, agréable à lire, et très bien menée, qui nous fait déjà envisager avec le plus grand plaisir la perspective de la relire un jour. C'est déjà énorme.
Betty Boob
Waw, très simple mais une belle claque quand-même ! Betty Boob c'est une histoire (semi) muette parlant de deux choses : le cancer et le rapport au corps (particulièrement ici le corps féminin). Notre protagoniste, dont nous ne connaissons pas le réel prénom, perd son sein et ses cheveux à cause d'un cancer et doit apprendre à vivre sa vie après cela. Elle souffre de son image, son petit ami a du mal à la regarder dans les yeux, ne la désire plus, elle se sent observée et jugée partout où elle va, elle tente désespérément de trouver un moyen de récupérer son sein, … Jusqu'à ce que, finalement, elle tombe sur une troupe de cabaret burlesque qui décide de la prendre sous son aile. Là, parmi d'autres femmes aux corps hors normes (en surpoids, à la poitrine plate, avec une prothèse de jambe, avec beaucoup de tatouages, …) elle va enfin apprendre à ne plus subir les conséquences de sa maladie et, mieux encore, apprendre à aimer son corps et reprendre le contrôle de sa vie. C'est très beau. D'une part visuellement, le dessin de Julie Rocheleau est travaillé, possède une belle patte et elle se permet de jouer avec les couleurs et la représentation fantasque pour illustrer ses scènes. Mais le fond est tout aussi joli. J'aime beaucoup le sujet du corps, de la perception que nous avons de ne corps et du rôle qu'elle joue sur notre bien être. Tout ce propos sur le corps féminin, particulièrement enfermé dans des standards de beautés strictes dans notre société, et ce rejet et cette difficulté à accepter les corps hors-normes, sortant des carcans, m'a profondément parlé. Et l'aspect très positif, très doux et bon enfant du récit, qui parvient à aborder des moments durs (comme l'abandon d'êtres chers ou encore les stigmates de la maladie) tout en gardant ce ton léger et optimiste... moi ça me touche sincèrement. L'histoire est fantasque à souhait, laissant volontiers le réalisme pour l'illustration rêveuse et le symbolique, et ça ça marche très bien sur moi. Un coup de cœur et une lecture recommandée pour ma part.
Géante - Histoire de celle qui parcourut le monde à la recherche de la liberté
Cet album est un conte nous racontant l'histoire de Céleste, géante désireuse de découvrir le monde et qui réalisera lors de ses voyages que son statut de femme est malheureusement son réel handicap en société. En effet, dans ses aventures, Céleste est assez peu gênée de sa taille gigantesque (si ce n'est au début). Sa taille est en réalité plus souvent utilisée comme symbole de son sentiment de ne pas appartenir au même monde que les autres, d'être hors-norme. Une scène laisse même entendre que sa taille de géante pourrait être une représentation de la grandeur des femmes, de la Femme, qui se trouve en elle, une forme de réappropriation de l'espace de vie féminine. Oui, vous l'aurez devinez au résumé, ceci est un conte féministe. Au-delà du féminisme, c'est un conte sur l'ouverture à l'autre, sur les stigmates causés par une société cultivant les inégalités, pourchassant et éliminant les différences et souhaitant contrôler ce qui ne la regarde pas (on aborde même le sujet des relations amoureuses non-monogames, plus ouvertes, plus libres). Dans cette société aux allures médiévales, l'histoire aborde le sujet de la féminité, du statut des femmes sont un patriarcat étouffant, des créations des femmes pour s'en sortir, partir ou tout simplement grandir. Comme souvent, on utilise à un moment un personnage de sorcière pour symboliser la femme de science pourchassée par les hommes souhaitant la contrôler. J'ai également bien aimé que le sujet des femmes dans les troupes de saltimbanques et d'artistes itinérants dans les sociétés médiévales ait été abordé ici, c'était une de mes parties préférées lorsque j'avais étudié l’histoire des arts scéniques. Bref, Géante raconte l'histoire d'une jeune femme mûrissant, découvrant le monde et apprenant de ses découvertes, et qui, par la force de ses expériences et de ses convictions, créera petit à petit une communauté qui lui convienne et qui lui semble juste. Peut-être trop idéaliste mais ça fait du bien. (Note réelle 3,5)
Jolies ténèbres
Alors ça, c'est glauque à souhait. Jolies ténèbres, c'est un conte macabre, un récit fantastique mêlant les joies enfantines aux horreurs plus sombres et cruelles du monde réel. Tout commence dans l'esprit d'une jeune fille… morte. Oui, ici, nous allons suivre des petits êtres humanoïdes tout droit sortis de l'imaginaire d'une enfant et qui vont devoir tenter de survivre hors de sa tête lorsque celle-ci meurt en pleine forêt dans des circonstances inconnues. Le sujet, en réalité, ne sera pas la mort de la jeune fille en elle-même (si ce n'est à la rigueur que tout ce récit pourrait être interprété comme une métaphore pour la mort symbolique de l'enfance et un passage forcé et dramatique à l'âge adulte et ses horreurs plus froides). Ici, nous allons suivre ces petits personnages à l'apparence si innocente progressivement se transformer en monstres. Vols, inégalités, meurtres, survie en milieu hostiles, … On comprend très rapidement que l'on ne nous raconte pas ici une histoire joyeuse. Comme le nom de l'album l'indique, nous avons ici un croisement du beau, du mignon, de l'idéal (de l'idéalisé, même) et du terrifiant, du monstrueux, du froid, du réel. Seuls une poignée de personnages semblent objectivement sympathiques, mais bien évidemment, comme souvent dans ce genre de récit, ce sont elleux qui subiront les pires tragédies. Aurore, notre protagoniste, est une jeune rêveuse, souhaitant l'entraide, la paix avec les animaux et tout simplement que tout le monde puisse vivre en harmonie. Cette histoire est celle de ses désillusion, de la perte de son innocence, de sa découverte presque trop cruelle des pires aspects de l'humanité. Elle qui n'était qu'une sorte de poupée idéalisée au début, ne rêvant que de fêtes, de thés et de son beau prince, elle finira traumatisée, froide, monstrueuse à son tour. L'album retourne, met sincèrement mal à l'aise par moment, et surtout réussi son pari de faire de ce récit une rencontre entre une leçon de vie poétique et imagée et une version horrifique du roman "Les Chapardeurs" de Mary Norton. Le dessin de Kerascoët est, comme toujours, très beau. Iels arrivent toujours à donner des visages et des apparences adorables à leurs personnages, ce qui aide beaucoup pour le contraste avec les évènements affreux que ces petits êtres vivent. Les dernières planches beaucoup plus froides et terrifiantes m'ont vraiment bluffée. L'album m'a sincèrement retournée. C'est glauque, prenant, angoissant, … La lecture est on ne peut plus recommandée pour moi.
L'Homme qui tua Chris Kyle
Je n'ai franchement aucune affinité avec toute cette histoire, dont je ne connais pas le film d'ailleurs (American Sniper). Mais Nury et Brüno qui s'associent pour parler de ça, c'est suffisant pour me donner envie. Et j'ai donc commencé la BD sans trop d'attente, ce qui m'a permis de complètement l'apprécier. En effet, la BD pose deux conditions pour une lecture agréable : ne pas s'attendre à une histoire exhaustive, ne pas s'attendre à une considération sur les personnes. Ne connaissant pas l'histoire, donc, j'ai été surpris que l'ensemble présente les faits et (presque) que les faits. Les auteurs ne se posent jamais en père-la-morale et se contentent de présenter tout les personnages, leurs idées, comment cette journée arriva et ce qu'il en résultat. Mais aussi la suite, avec la veuve de Chris Kyle, tout ce qui s'est passé autour de son image etc ... Ce qui fait la confusion possible de plusieurs lecteurs et lectrices, c'est que la BD semble vouloir explorer cette histoire aux personnages assez peu manichéen, alors que le propos des auteurs me semble tout autre. Bien qu'il ne mette que les faits allant jusqu'à retranscrire des interviews télévisuelles, c'est dans l'organisation des pages que j'ai senti ce qui se jouait. Pour moi (du haut de mon expérience de lecteur), les auteurs veulent utiliser cette histoire pour présenter une société, la société américaine, dans toutes ses contradictions. Une société qui ne s'occupe pas de la santé de ses milliers de vétérans, fasciné par les armes à feux, embrassant la violence comme solution (le slogan est incroyable !), utilisant toute histoire pour faire de l'argent, capitalisant sur le succès populaire ... Pour moi, cette BD est surtout une constatation de ce qu'est l'Amérique de Chris Kyle. Une Amérique qui ne fait pas du tout rêver et qui semble surtout un échec cuisant. Voir la jeune veuve sortir livre sur livre et créer des sociétés en profitant de la mort de son mari me parait indécent, mais c'est l'Amérique ! Voir les personnages utilisés en tout sens, les procès s'empiler, les interviews (parfois lunaire) se succéder, le tout baigné des valeurs bien USA (arme, protestantisme, procès, argent ...). C'est une fin bien amère qui est présentée, à mon gout, lorsque l'on voit encore une page de mort qui s'entasse, morts anonymes qui ne seront jamais déplorés ... La BD est une enquête sur un sujet qui n'est pas le meurtre de Chris Kyle et dont j'ai l'impression que le sous-titre est le plus important : une histoire Américaine.