J’adore la genèse de « L'Histoire d'un vilain rat ». Bryan Talbot voulait écrire une histoire se déroulant dans la magnifique région anglaise du Lake District (où ma femme et moi adorons partir en vacances). Ne voulant pas réaliser un simple reportage, il a commencé à formuler l’histoire d’une jeune femme SDF fuyant Londres pour partir sur les traces de Beatrix Potter, l’autrice des livres jeunesse « Peter Rabbit » (Pierre Lapin en français), elle-même originaire du Lake District. Il ne lui manquait plus qu’une raison pour cette fuite. Suite à des recherches sur les abus infantiles, Bryan Talbot fut bouleversé par ce fléau plus que jamais d’actualité, et en fit finalement le thème central de cet album (lire notre interview de 2024 pour plus d’infos sur la genèse de cet album).
L’histoire, fictive mais inspirée de témoignages réels, est parfaitement racontée, et les déboires de Hélène m’ont captivé et beaucoup touché. Il s’agit d’un pur roman graphique qui devrait plaire aux amateurs du genre. Le ton est juste et finalement plutôt optimiste et éducatif, la morale étant qu’il faut parler de ce genre d’abus pour faire avancer les choses.
La mise en image est adaptée à ce genre d’histoire, et propose quelques trouvailles originales (le rat géant, les suicides imaginés, les hallucinations). Et puis les paysages du Lake District en deuxième moitié d’album sont un délice pour les yeux.
J’ai personnellement passé un excellent moment de lecture. La réédition chez Delirium est l’occasion rêvée de découvrir ce chouette album.
« L’Appel des bouts du monde » est un long témoignage de Joëlle, jeune infirmière, raconté en BD par Catherine Monnot-Berranger. Elle nous parle de son engagement humanitaire dans de nombreux pays en situation de guerre ou de crise, en Afrique, en Asie, au proche orient ou encore à Haïti…
L’album propose plusieurs niveaux de réflexion : la raison de son engagement prolongé, le conflit entre ses valeurs et les situations locales souvent compliquées (les femmes ne sont pas toujours bien vues dans les pays qu’elle part aider), le concept de la neutralité qui fait qu’il faut soigner les oppresseurs et les opprimés, l’évolution de l’humanitaire au cours des décennies… et puis la loterie de la vie, avec ces gens « nés au mauvais endroit et au mauvais moment, par un hasard absurde. »
La mise en image est efficace mais un peu sobre, je trouve que les couleurs sont un peu ternes et ne mettent pas en valeur les paysages souvent magnifiques.
Une lecture un peu longue mais enrichissante, Joëlle est une personne qui force le respect.
J’ai prêté mes Loucas en classe et TOUT le monde a voulu les lire !! Les dessins sont superbes, surtout vers la fin de la série ! L’intrigue est bien réfléchie et je m’étonne à chaque fois de voir ce que les proches de Louca lui font “subir” ! Je suis en stress depuis que j’ai lu le 11 de savoir la suite !!! J’ai hâte que le prochain sorte en librairie !
Le couple - en BD comme à la ville - Savoia/Sowa adapte le roman de Gaël Faye "Petit Pays", roman qui retrace l'enfance du compositeur/interprète de RAP.
Un album sur le génocide Rwandais, mais aussi sur cette haine latente entre Hutus et Tutsis au Burundi. Et pour comprendre le pourquoi de cette haine ethnique, je vous renvoie à Rwanda - À la poursuite des génocidaires et les conséquences de la colonisation.
C'est à travers les yeux d'enfant de Gaël Faye que l'on va découvrir son histoire. Son enfance va lui être volée, son insouciance et sa joie de vivre vont faire place à l'incompréhension devant cette violence, ces morts et cette haine viscérale entre deux ethnies pourtant si semblables (même langue, mêmes croyances...).
Un récit qui ne peut pas laisser indifférent, la narration maîtrisée de Sowa permet de ressentir les émotions de ce garçon qui voit éclater sa cellule familiale sur fond de guerre.
Un témoignage bouleversant.
Le dessin de Savoia ne fait pas partie de ceux que je préfère, mais je lui reconnais une grande lisibilité, d'être expressif et un savoir-faire dans la mise en page. Les couleurs sont très belles.
Du bon boulot.
Une lecture recommandée, mais à compléter avec Rwanda - À la poursuite des génocidaires.
Une nouvelle fois, Gess réussit son pari, continuant à développer cet univers de la Pieuvre, dans un Paris fin de siècle dont il reconstitue bien l’ambiance. Avec une bonne dose de fantastique, qui passe bien.
Ici, j’ai trouvé que la Pieuvre était un peu plus en retrait du cœur de l’intrigue. Même si la Bouche joue un rôle certain (du coup, ceux qui voudront découvrir cet univers gagneront je pense à commencer par d’autres albums, tous aussi bons, mais où le mode de fonctionnement de cette mafia très spéciale est sans doute plus développé). On suit donc ici plutôt d’autres « talents », en particulier Fannie, qui a la capacité de pénétrer dans la pensée des autres, une sorte de coucou psychique.
La narration est agréable et, comme d’habitude, le rendu visuel très plaisant. La colorisation, le contour des planches, tout est chouette. Et Gess – sans pour autant se lancer dans des pleines pages minutieuses – reconstitue très bien le Paris de la fin du XIXème siècle.
Ces albums de Gess développent un univers très original et emballant, et il n’est pas trop tard pour le découvrir. « Fannie la renoueuse » est à la – très bonne – hauteur des trois autres albums.
Nos amours contingentes sont au final bien peu face à notre amour nécessaire.
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Ce tome contient une biographie partielle de Simone de Beauvoir entre 1947 et 1951. Sa première édition date de 2023. Il a été réalisé par Ingrid Chabbert pour le scénario, Anne-Perrine Couët pour les dessins, et Alessandra Alexakis pour les couleurs. Il compte cent-huit pages de bande dessinée.
En 1951, Nelson Algren est installé à sa table de travail, devant la fenêtre grande ouverte : sa machine à écrire est posée sur la table devant lui, avec une feuille insérée, prête à l’emploi. Le chat Doubleday vient se frotter à la machine en ronronnant. L’écrivain regarde par la fenêtre, deux femmes sont assises sur des chaises longues en train de discuter, lui tournant le dos. Elles rient, ce qui a le don d’énerver Nelson. Il ferme les rideaux et se lève pour aller donner à manger au chat dans la cuisine. Elles rient encore. Le soir, il est allongé sur le canapé avec un plaid sur les jambes, en train de fumer en regardant le plafond. Simone rentre dans la pièce et lui annonce qu’elle va se coucher, elle va rejoindre le lit glacial qu’il a délaissé. Il se tourne pour écraser son mégot dans un cendrier et lui souhaite une bonne nuit. Il se relève, se met à sa table de travail et tape inlassablement une seule et unique phrase, ligne après ligne : Ne couche jamais avec une femme qui a plus d’ennui que toi.
En février 1947, Simone de Beauvoir voyage dans un train. En ouvrant son sac, elle fait tomber un papier que sa voisine ramasse et lui tend ; elle le déplie : y figure le nom de Nelson Algren avec son numéro de téléphone. Arrivée à la gare de Chicago, elle descend en manquant de tomber du fait sol glissant, et elle remarque le consul qui tient une pancarte à son nom. Il lui souhaite la bienvenue à Chicago et la fait monter dans sa voiture avec chauffeur. Il lui explique que son assistante a préparé un programme, et il lui a demandé ne pas trop surcharger car elle a souvent la main lourde. Il la dépose à son hôtel, le Palmer House. Elle gagne sa chambre avec ses bagages. Elle enlève ses chaussures et s’allonge sur le lit. Puis elle reprend le papier plié, décroche le combiné, et demande à ce qu’on lui passe le numéro correspondant. Nelson Algren se trouve dans sa cuisine, et il raccroche au nez de son interlocutrice par trois fois. Simone de Beauvoir finit par avoir la présence d’esprit de demander à l’opératrice d’expliquer à Nelson Algren qui elle est, avant qu’elle ne le lui passe. Ayant ainsi surmonté la barrière de la langue, elle se présente à l’écrivain : elle a eu ses coordonnées par sa chère amie Madame Guggenheim, une bien piètre hôtesse, mais charmante néanmoins. Elle lui dit qu’elle n’est à Chicago que pour quelques heures et qu’elle cherche un bon ami avec qui boire un verre et découvrir la ville. Il lui propose qu’ils se retrouvent dans un petit café dans une heure. Sur place, il lui propose d’aller au comptoir, car il trouve cela tellement plus sympathique. Ils prennent chacun un whisky : lui sans glace, elle avec.
Les autrices ont choisi une période bien précise dans la vie de Simone de Beauvoir (1909-1986) : celle de sa relation avec l’écrivain Nelson Algren (1909-1981) bien sûr, met aussi celle de la rédaction et de la publication de son essai Le deuxième sexe (1949). Le lecteur apprécie d’autant plus cette tranche de biographie qu’il a en tête l’importance de cet essai qui soutient que l'image de la femme est une construction sociale et aliénante. Il lui suffit également d’avoir une vague idée sur la forme de la relation la liant à Jean-Paul Sartre (1905-1980), qui est mise en scène en contrepoint de celle avec Algren. Le présent ouvrage aborde l’une et l’autre de ces composantes. Le lecteur sourit en découvrant la philosophe prononcer la célèbre phrase en page cinquante-neuf : On ne naît pas femme on le devient, c’est une évidence, on se forme on lutte, on compose avec la majorité assourdissante. Dans la page précédente, elle évoque la discussion qui lui a donné l’idée d’écrire sur les femmes, une remarque de Sartre qui lui a demandé ce qu’être signifiait pour elle : Tout de même vous n’avez pas été élevée de la même manière qu’un garçon, il faudrait y regarder de plus près. Alors qu’elle évoque ce projet avec son amant américain, celui-ci lui fait remarquer que cette description de la condition féminine est peu comme celle des Noirs-Américains ici, qu’il y a de grandes similitudes, et qu’elle devrait rencontrer Richard Wright (1908-1960), il lui parlera de l’oppression des noirs comme personne. Elle se dit qu’elle devrait lire son roman Native Son (1940, Un enfant du pays).
Par la force des choses, le lecteur aborde donc ces pages avec en tête l’idée que la vie même de Simone de Beauvoir a nourri ses écrits, aussi bien autobiographiques que philosophiques. Il connaît peut-être moins l’œuvre de Nelson Algren et sa vie, ou même cette époque de la vie de l’écrivaine. Tout commence en 1951, enfin la bande dessinée commence par un bond dans le futur, ou plutôt commence avec la fin de la dernière séquence du tome, et la fin de la relation entre les deux amants. Dans ces quatre pages, le lecteur note l’amertume qui s’est installée entre eux, et la phrase avec laquelle l’écrivain noircit la feuille dans la machine à écrire. Il apprécie le trait fin de la dessinatrice, pour détourer chaque objet, chaque meuble et les personnages. Elle réalise des cases dans un registre réaliste et descriptif. Elle s’applique à donner à voir les différents environnements : la maison avec des meubles bon marché et de nombreux livres sur les étagères et en pile, la ligne d’immeubles de Chicago vue depuis le lac Michigan, la belle chambre dans un hôtel de standing contrastant avec l’appartement modeste d’Algren dans un quartier populaire, un bar populaire, le métro aérien, une grande salle chic de réception, un gigantesque hall d’aéroport, la statue de la Liberté, un voyage sur un bateau avec une roue à aubes, la foule à la Nouvelle Orléans, une pyramide à degré au Mexique, un marché très coloré au Guatemala, un boxe de ring, et bien sûr le café de Flore à Paris.
La dessinatrice donne une allure normale à ses différents personnages, et elle sait reproduire l’apparence des individus connus, à commencer par le couple. Elle utilise un trait fin, un peu lâche pour en délimiter les contours, ce qui leur confère une forme de vie. Elle apporte un soin particulier aux toilettes de Simone de Beauvoir et aux tenues vestimentaires en général, veillant à ce qu’elles correspondent bien à la réalité de l’époque. Le lecteur apprécie la qualité de la coordination entre scénariste et dessinatrice, qui ont le souci de penser leur narration en termes visuels, en évitant les longues enfilades de têtes en train de parler. Ainsi les personnages sont souvent représentés en train de deviser tout en vaquant à leurs occupations : cuisiner, rectifier sa coiffure, observer les autres clients du bar, manger, se promener, s’occuper du chat, jouer aux cartes, écrire bien sûr. Le lecteur se rend compte qu’il sourit de temps à autre quand un visage exprime une émotion avec candeur, avec une jeunesse inattendue. La narration visuelle se montre graphique lors des rapports sexuels : nudité complète et de front, variation dans les positions, sans tomber dans la performance athlétique.
De fait, le lecteur comprend que la vie que mène Simone de Beauvoir pendant ces quatre années, et certainement durant toute sa vie, s’avère bien différente de celle de la majorité des femmes de son époque. En page vingt-quatre, alors qu’elle sort le soir dans la rue avec Algren, elle lui fait remarquer qu’elle n’a jamais marché derrière un homme, et elle le rejoint pour marcher à sa hauteur. Ce moment trouve un écho en page quatre-vingt-huit où elle marche derrière lui dans une zone désertique, en signe de leur éloignement émotionnel. Le lecteur peut voir une femme follement amoureuse de cet écrivain américain : un homme qui vit dans un quartier populaire, qui pratique la boxe, et dont elle va se charger de faire traduire ses romans en France. Elle se montre honnête avec lui : aucune promesse de mariage ou de couple stable, aucune intention de rompre avec Jean-Paul Sartre. En page soixante-six, celui-ci embrasse Simone sur le sommet de la tête, en lui disant que leurs amours continentes sont au final bien peu face à leur amour nécessaire, en l’appelant par le surnom de Castor. Le lecteur sourit en pensant à la différence entre les deux hommes : Nelson Algren qu’il voit monter sur un ring de boxe pour s’entrainer, et sa déclaration qu’écrire s’apparente à un match de boxe, en comparaison de l’intellectuel germanopratin. À ce titre, la réunion dans le café de Flore de Simone de Beauvoir avec ses deux amants apparaît assez déstabilisante. Ainsi, les autrices font exister la philosophe dans sa vie amoureuse, montrant comme son œuvre se nourrit de sa relation avec Algren et respectivement, tout en montrant sa vie passionnée.
Le nom de la collection s’applique parfaitement à cette relation, à savoir Dyade : réunion de deux principes qui se complètent réciproquement. Le lecteur découvre la relation qui a uni Simone de Beauvoir alors en phase de conception de son essai Le deuxième sexe, à Nelson Algren, en train de rédiger L’homme au bras d’or. La narration visuelle s’avère vivante, mettant en scène deux êtres humains amoureux et chacun avec son caractère. Chaque scène vient montrer les interactions entre ces deux écrivains, faisant apparaître comment l’un inspire l’autre et réciproquement. Une belle relation bénéfique à chacun.
Image client
J'ai déjà lu quelques histoires de Tsutsui. Ici on est dans le réalisme des années 2020 avec un homme qui décide lors de la pandémie de Covid de réaliser son rêve à savoir se replier chez lui sans en sortir. Il profite de ses économies d'une vie de salariat et organise toute sa vie dans ce but. Il loue un petit appartement, aménage un conduit pour le vide-ordures et se fait livrer tout ce qu'il a besoin par un équivalent d'Amazon.
Neet = not in employment education or training. Ce sont des personnes qui ne travaillent pas et ne sont plus en formation non plus.
Le récit est à la première personne et très prenant malgré un sujet qui ne parait pas plus intéressant que cela de prime abord pour tenir sur la longueur. Il n'aborde pas les vraies raisons d'une telle coupure du monde mais décrit de manière très terre à terre comment l'homme organise sa vie. Le passage où il essaie de communiquer avec sa nouvelle voisine à travers un jeu vidéo est assez drôle. L'auteur instille aussi du suspense quand un homme inconnu essaie de pénétrer dans l'appartement. A compléter avec le tome 2.
Indéniablement mon coup de cœur graphique de l’année 2024.
Pour un premier album, l’auteur en impose, il assure tout seul et fait preuve d’une grande maîtrise.
L’objet est superbe et l’intérieur l’est tout autant. On déguste chaque planche, le monde déployé possède un petit côté loufoque et absurde qui a su m’attraper. C’est fait avec beaucoup de talent.
Je conseille vivement à ceux qui aiment les expériences narratives. Hâte de lire la suite.
Une BD franchement sympatoche.
Le titre me laissait penser à un certain dépaysement géographique mais il n’en sera rien. En guise d’intrigue, nous aurons droit à un road movie de 2 potes entre Paris et Biarritz.
Vendu comme ça mouais, en plus nos 2 protagonistes m’ont souvent énervé … sauf que l’album possède un sacré petit plus. Je n’en dirais pas plus pour ne pas gâcher la surprise mais ça décolle.
On ajoute à ça une narration et des choix musicaux agréables qui accompagnent chaque étapes du voyage. Une partie graphique solide, ça m’a bien amusé de découvrir P-D Goux dans un genre contemporain.
Non franchement un chouette album et qui sait jouer avec les émotions.
J’ai tout de suite été pris par l’histoire. On commence dans un petit village italien où un garçon anglais découvre une nouvelle vie. L’enfance, l’amitié, les mystères… Tout est là pour donner envie de continuer. Le premier tome installe bien l’ambiance et les questions qui entourent les personnages. Puis, on fait un saut dans le temps, et là, tout change. Le deuxième tome est plus rapide, plus mystérieux. J’ai aimé les révélations, même si j’aurais voulu que certains moments soient un peu plus développés.
Ce que j’ai aimé, c’est la façon dont cette BD parle du temps qui passe. On suit ces enfants qui grandissent et qui se retrouvent adultes avec des souvenirs et des secrets. Il y a aussi l’idée du choc entre deux cultures, avec cette famille anglaise qui s’installe dans un village fermé aux étrangers. Enfin, il y a le côté fantastique qui arrive peu à peu et qui donne une autre dimension à l’histoire. Par moments, j’ai trouvé ça un peu surprenant, mais au final, ça fonctionne bien.
Les quatre enfants sont attachants. On les voit jouer, découvrir la vie et se lier d’amitié. Puis, quand on les retrouve adultes, ils ont changé, mais leur lien est toujours là. J’ai trouvé que leurs relations sonnaient juste. J’aurais aimé passer plus de temps avec eux avant qu’ils ne repartent dans cette grande aventure. Certains moments sont un peu rapides, mais on ressent bien leur histoire commune.
Les dessins sont superbes. Les paysages, la mer, la lumière… On sent vraiment la chaleur du Sud. Les visages sont expressifs, on voit grandir les personnages et on les reconnaît sans problème. Les couleurs changent entre les deux tomes, ce qui renforce la différence entre l’enfance et l’âge adulte. J’ai trouvé ça très bien fait.
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L'Histoire d'un vilain rat
J’adore la genèse de « L'Histoire d'un vilain rat ». Bryan Talbot voulait écrire une histoire se déroulant dans la magnifique région anglaise du Lake District (où ma femme et moi adorons partir en vacances). Ne voulant pas réaliser un simple reportage, il a commencé à formuler l’histoire d’une jeune femme SDF fuyant Londres pour partir sur les traces de Beatrix Potter, l’autrice des livres jeunesse « Peter Rabbit » (Pierre Lapin en français), elle-même originaire du Lake District. Il ne lui manquait plus qu’une raison pour cette fuite. Suite à des recherches sur les abus infantiles, Bryan Talbot fut bouleversé par ce fléau plus que jamais d’actualité, et en fit finalement le thème central de cet album (lire notre interview de 2024 pour plus d’infos sur la genèse de cet album). L’histoire, fictive mais inspirée de témoignages réels, est parfaitement racontée, et les déboires de Hélène m’ont captivé et beaucoup touché. Il s’agit d’un pur roman graphique qui devrait plaire aux amateurs du genre. Le ton est juste et finalement plutôt optimiste et éducatif, la morale étant qu’il faut parler de ce genre d’abus pour faire avancer les choses. La mise en image est adaptée à ce genre d’histoire, et propose quelques trouvailles originales (le rat géant, les suicides imaginés, les hallucinations). Et puis les paysages du Lake District en deuxième moitié d’album sont un délice pour les yeux. J’ai personnellement passé un excellent moment de lecture. La réédition chez Delirium est l’occasion rêvée de découvrir ce chouette album.
L’Appel des bouts du monde - Une vie d'humanitaire
« L’Appel des bouts du monde » est un long témoignage de Joëlle, jeune infirmière, raconté en BD par Catherine Monnot-Berranger. Elle nous parle de son engagement humanitaire dans de nombreux pays en situation de guerre ou de crise, en Afrique, en Asie, au proche orient ou encore à Haïti… L’album propose plusieurs niveaux de réflexion : la raison de son engagement prolongé, le conflit entre ses valeurs et les situations locales souvent compliquées (les femmes ne sont pas toujours bien vues dans les pays qu’elle part aider), le concept de la neutralité qui fait qu’il faut soigner les oppresseurs et les opprimés, l’évolution de l’humanitaire au cours des décennies… et puis la loterie de la vie, avec ces gens « nés au mauvais endroit et au mauvais moment, par un hasard absurde. » La mise en image est efficace mais un peu sobre, je trouve que les couleurs sont un peu ternes et ne mettent pas en valeur les paysages souvent magnifiques. Une lecture un peu longue mais enrichissante, Joëlle est une personne qui force le respect.
Louca
J’ai prêté mes Loucas en classe et TOUT le monde a voulu les lire !! Les dessins sont superbes, surtout vers la fin de la série ! L’intrigue est bien réfléchie et je m’étonne à chaque fois de voir ce que les proches de Louca lui font “subir” ! Je suis en stress depuis que j’ai lu le 11 de savoir la suite !!! J’ai hâte que le prochain sorte en librairie !
Petit pays
Le couple - en BD comme à la ville - Savoia/Sowa adapte le roman de Gaël Faye "Petit Pays", roman qui retrace l'enfance du compositeur/interprète de RAP. Un album sur le génocide Rwandais, mais aussi sur cette haine latente entre Hutus et Tutsis au Burundi. Et pour comprendre le pourquoi de cette haine ethnique, je vous renvoie à Rwanda - À la poursuite des génocidaires et les conséquences de la colonisation. C'est à travers les yeux d'enfant de Gaël Faye que l'on va découvrir son histoire. Son enfance va lui être volée, son insouciance et sa joie de vivre vont faire place à l'incompréhension devant cette violence, ces morts et cette haine viscérale entre deux ethnies pourtant si semblables (même langue, mêmes croyances...). Un récit qui ne peut pas laisser indifférent, la narration maîtrisée de Sowa permet de ressentir les émotions de ce garçon qui voit éclater sa cellule familiale sur fond de guerre. Un témoignage bouleversant. Le dessin de Savoia ne fait pas partie de ceux que je préfère, mais je lui reconnais une grande lisibilité, d'être expressif et un savoir-faire dans la mise en page. Les couleurs sont très belles. Du bon boulot. Une lecture recommandée, mais à compléter avec Rwanda - À la poursuite des génocidaires.
Fannie la renoueuse
Une nouvelle fois, Gess réussit son pari, continuant à développer cet univers de la Pieuvre, dans un Paris fin de siècle dont il reconstitue bien l’ambiance. Avec une bonne dose de fantastique, qui passe bien. Ici, j’ai trouvé que la Pieuvre était un peu plus en retrait du cœur de l’intrigue. Même si la Bouche joue un rôle certain (du coup, ceux qui voudront découvrir cet univers gagneront je pense à commencer par d’autres albums, tous aussi bons, mais où le mode de fonctionnement de cette mafia très spéciale est sans doute plus développé). On suit donc ici plutôt d’autres « talents », en particulier Fannie, qui a la capacité de pénétrer dans la pensée des autres, une sorte de coucou psychique. La narration est agréable et, comme d’habitude, le rendu visuel très plaisant. La colorisation, le contour des planches, tout est chouette. Et Gess – sans pour autant se lancer dans des pleines pages minutieuses – reconstitue très bien le Paris de la fin du XIXème siècle. Ces albums de Gess développent un univers très original et emballant, et il n’est pas trop tard pour le découvrir. « Fannie la renoueuse » est à la – très bonne – hauteur des trois autres albums.
Les Matins doux
Nos amours contingentes sont au final bien peu face à notre amour nécessaire. - Ce tome contient une biographie partielle de Simone de Beauvoir entre 1947 et 1951. Sa première édition date de 2023. Il a été réalisé par Ingrid Chabbert pour le scénario, Anne-Perrine Couët pour les dessins, et Alessandra Alexakis pour les couleurs. Il compte cent-huit pages de bande dessinée. En 1951, Nelson Algren est installé à sa table de travail, devant la fenêtre grande ouverte : sa machine à écrire est posée sur la table devant lui, avec une feuille insérée, prête à l’emploi. Le chat Doubleday vient se frotter à la machine en ronronnant. L’écrivain regarde par la fenêtre, deux femmes sont assises sur des chaises longues en train de discuter, lui tournant le dos. Elles rient, ce qui a le don d’énerver Nelson. Il ferme les rideaux et se lève pour aller donner à manger au chat dans la cuisine. Elles rient encore. Le soir, il est allongé sur le canapé avec un plaid sur les jambes, en train de fumer en regardant le plafond. Simone rentre dans la pièce et lui annonce qu’elle va se coucher, elle va rejoindre le lit glacial qu’il a délaissé. Il se tourne pour écraser son mégot dans un cendrier et lui souhaite une bonne nuit. Il se relève, se met à sa table de travail et tape inlassablement une seule et unique phrase, ligne après ligne : Ne couche jamais avec une femme qui a plus d’ennui que toi. En février 1947, Simone de Beauvoir voyage dans un train. En ouvrant son sac, elle fait tomber un papier que sa voisine ramasse et lui tend ; elle le déplie : y figure le nom de Nelson Algren avec son numéro de téléphone. Arrivée à la gare de Chicago, elle descend en manquant de tomber du fait sol glissant, et elle remarque le consul qui tient une pancarte à son nom. Il lui souhaite la bienvenue à Chicago et la fait monter dans sa voiture avec chauffeur. Il lui explique que son assistante a préparé un programme, et il lui a demandé ne pas trop surcharger car elle a souvent la main lourde. Il la dépose à son hôtel, le Palmer House. Elle gagne sa chambre avec ses bagages. Elle enlève ses chaussures et s’allonge sur le lit. Puis elle reprend le papier plié, décroche le combiné, et demande à ce qu’on lui passe le numéro correspondant. Nelson Algren se trouve dans sa cuisine, et il raccroche au nez de son interlocutrice par trois fois. Simone de Beauvoir finit par avoir la présence d’esprit de demander à l’opératrice d’expliquer à Nelson Algren qui elle est, avant qu’elle ne le lui passe. Ayant ainsi surmonté la barrière de la langue, elle se présente à l’écrivain : elle a eu ses coordonnées par sa chère amie Madame Guggenheim, une bien piètre hôtesse, mais charmante néanmoins. Elle lui dit qu’elle n’est à Chicago que pour quelques heures et qu’elle cherche un bon ami avec qui boire un verre et découvrir la ville. Il lui propose qu’ils se retrouvent dans un petit café dans une heure. Sur place, il lui propose d’aller au comptoir, car il trouve cela tellement plus sympathique. Ils prennent chacun un whisky : lui sans glace, elle avec. Les autrices ont choisi une période bien précise dans la vie de Simone de Beauvoir (1909-1986) : celle de sa relation avec l’écrivain Nelson Algren (1909-1981) bien sûr, met aussi celle de la rédaction et de la publication de son essai Le deuxième sexe (1949). Le lecteur apprécie d’autant plus cette tranche de biographie qu’il a en tête l’importance de cet essai qui soutient que l'image de la femme est une construction sociale et aliénante. Il lui suffit également d’avoir une vague idée sur la forme de la relation la liant à Jean-Paul Sartre (1905-1980), qui est mise en scène en contrepoint de celle avec Algren. Le présent ouvrage aborde l’une et l’autre de ces composantes. Le lecteur sourit en découvrant la philosophe prononcer la célèbre phrase en page cinquante-neuf : On ne naît pas femme on le devient, c’est une évidence, on se forme on lutte, on compose avec la majorité assourdissante. Dans la page précédente, elle évoque la discussion qui lui a donné l’idée d’écrire sur les femmes, une remarque de Sartre qui lui a demandé ce qu’être signifiait pour elle : Tout de même vous n’avez pas été élevée de la même manière qu’un garçon, il faudrait y regarder de plus près. Alors qu’elle évoque ce projet avec son amant américain, celui-ci lui fait remarquer que cette description de la condition féminine est peu comme celle des Noirs-Américains ici, qu’il y a de grandes similitudes, et qu’elle devrait rencontrer Richard Wright (1908-1960), il lui parlera de l’oppression des noirs comme personne. Elle se dit qu’elle devrait lire son roman Native Son (1940, Un enfant du pays). Par la force des choses, le lecteur aborde donc ces pages avec en tête l’idée que la vie même de Simone de Beauvoir a nourri ses écrits, aussi bien autobiographiques que philosophiques. Il connaît peut-être moins l’œuvre de Nelson Algren et sa vie, ou même cette époque de la vie de l’écrivaine. Tout commence en 1951, enfin la bande dessinée commence par un bond dans le futur, ou plutôt commence avec la fin de la dernière séquence du tome, et la fin de la relation entre les deux amants. Dans ces quatre pages, le lecteur note l’amertume qui s’est installée entre eux, et la phrase avec laquelle l’écrivain noircit la feuille dans la machine à écrire. Il apprécie le trait fin de la dessinatrice, pour détourer chaque objet, chaque meuble et les personnages. Elle réalise des cases dans un registre réaliste et descriptif. Elle s’applique à donner à voir les différents environnements : la maison avec des meubles bon marché et de nombreux livres sur les étagères et en pile, la ligne d’immeubles de Chicago vue depuis le lac Michigan, la belle chambre dans un hôtel de standing contrastant avec l’appartement modeste d’Algren dans un quartier populaire, un bar populaire, le métro aérien, une grande salle chic de réception, un gigantesque hall d’aéroport, la statue de la Liberté, un voyage sur un bateau avec une roue à aubes, la foule à la Nouvelle Orléans, une pyramide à degré au Mexique, un marché très coloré au Guatemala, un boxe de ring, et bien sûr le café de Flore à Paris. La dessinatrice donne une allure normale à ses différents personnages, et elle sait reproduire l’apparence des individus connus, à commencer par le couple. Elle utilise un trait fin, un peu lâche pour en délimiter les contours, ce qui leur confère une forme de vie. Elle apporte un soin particulier aux toilettes de Simone de Beauvoir et aux tenues vestimentaires en général, veillant à ce qu’elles correspondent bien à la réalité de l’époque. Le lecteur apprécie la qualité de la coordination entre scénariste et dessinatrice, qui ont le souci de penser leur narration en termes visuels, en évitant les longues enfilades de têtes en train de parler. Ainsi les personnages sont souvent représentés en train de deviser tout en vaquant à leurs occupations : cuisiner, rectifier sa coiffure, observer les autres clients du bar, manger, se promener, s’occuper du chat, jouer aux cartes, écrire bien sûr. Le lecteur se rend compte qu’il sourit de temps à autre quand un visage exprime une émotion avec candeur, avec une jeunesse inattendue. La narration visuelle se montre graphique lors des rapports sexuels : nudité complète et de front, variation dans les positions, sans tomber dans la performance athlétique. De fait, le lecteur comprend que la vie que mène Simone de Beauvoir pendant ces quatre années, et certainement durant toute sa vie, s’avère bien différente de celle de la majorité des femmes de son époque. En page vingt-quatre, alors qu’elle sort le soir dans la rue avec Algren, elle lui fait remarquer qu’elle n’a jamais marché derrière un homme, et elle le rejoint pour marcher à sa hauteur. Ce moment trouve un écho en page quatre-vingt-huit où elle marche derrière lui dans une zone désertique, en signe de leur éloignement émotionnel. Le lecteur peut voir une femme follement amoureuse de cet écrivain américain : un homme qui vit dans un quartier populaire, qui pratique la boxe, et dont elle va se charger de faire traduire ses romans en France. Elle se montre honnête avec lui : aucune promesse de mariage ou de couple stable, aucune intention de rompre avec Jean-Paul Sartre. En page soixante-six, celui-ci embrasse Simone sur le sommet de la tête, en lui disant que leurs amours continentes sont au final bien peu face à leur amour nécessaire, en l’appelant par le surnom de Castor. Le lecteur sourit en pensant à la différence entre les deux hommes : Nelson Algren qu’il voit monter sur un ring de boxe pour s’entrainer, et sa déclaration qu’écrire s’apparente à un match de boxe, en comparaison de l’intellectuel germanopratin. À ce titre, la réunion dans le café de Flore de Simone de Beauvoir avec ses deux amants apparaît assez déstabilisante. Ainsi, les autrices font exister la philosophe dans sa vie amoureuse, montrant comme son œuvre se nourrit de sa relation avec Algren et respectivement, tout en montrant sa vie passionnée. Le nom de la collection s’applique parfaitement à cette relation, à savoir Dyade : réunion de deux principes qui se complètent réciproquement. Le lecteur découvre la relation qui a uni Simone de Beauvoir alors en phase de conception de son essai Le deuxième sexe, à Nelson Algren, en train de rédiger L’homme au bras d’or. La narration visuelle s’avère vivante, mettant en scène deux êtres humains amoureux et chacun avec son caractère. Chaque scène vient montrer les interactions entre ces deux écrivains, faisant apparaître comment l’un inspire l’autre et réciproquement. Une belle relation bénéfique à chacun. Image client
Neeting Life
J'ai déjà lu quelques histoires de Tsutsui. Ici on est dans le réalisme des années 2020 avec un homme qui décide lors de la pandémie de Covid de réaliser son rêve à savoir se replier chez lui sans en sortir. Il profite de ses économies d'une vie de salariat et organise toute sa vie dans ce but. Il loue un petit appartement, aménage un conduit pour le vide-ordures et se fait livrer tout ce qu'il a besoin par un équivalent d'Amazon. Neet = not in employment education or training. Ce sont des personnes qui ne travaillent pas et ne sont plus en formation non plus. Le récit est à la première personne et très prenant malgré un sujet qui ne parait pas plus intéressant que cela de prime abord pour tenir sur la longueur. Il n'aborde pas les vraies raisons d'une telle coupure du monde mais décrit de manière très terre à terre comment l'homme organise sa vie. Le passage où il essaie de communiquer avec sa nouvelle voisine à travers un jeu vidéo est assez drôle. L'auteur instille aussi du suspense quand un homme inconnu essaie de pénétrer dans l'appartement. A compléter avec le tome 2.
La Trahison d'Olympe
Indéniablement mon coup de cœur graphique de l’année 2024. Pour un premier album, l’auteur en impose, il assure tout seul et fait preuve d’une grande maîtrise. L’objet est superbe et l’intérieur l’est tout autant. On déguste chaque planche, le monde déployé possède un petit côté loufoque et absurde qui a su m’attraper. C’est fait avec beaucoup de talent. Je conseille vivement à ceux qui aiment les expériences narratives. Hâte de lire la suite.
Fidji
Une BD franchement sympatoche. Le titre me laissait penser à un certain dépaysement géographique mais il n’en sera rien. En guise d’intrigue, nous aurons droit à un road movie de 2 potes entre Paris et Biarritz. Vendu comme ça mouais, en plus nos 2 protagonistes m’ont souvent énervé … sauf que l’album possède un sacré petit plus. Je n’en dirais pas plus pour ne pas gâcher la surprise mais ça décolle. On ajoute à ça une narration et des choix musicaux agréables qui accompagnent chaque étapes du voyage. Une partie graphique solide, ça m’a bien amusé de découvrir P-D Goux dans un genre contemporain. Non franchement un chouette album et qui sait jouer avec les émotions.
Où le regard ne porte pas...
J’ai tout de suite été pris par l’histoire. On commence dans un petit village italien où un garçon anglais découvre une nouvelle vie. L’enfance, l’amitié, les mystères… Tout est là pour donner envie de continuer. Le premier tome installe bien l’ambiance et les questions qui entourent les personnages. Puis, on fait un saut dans le temps, et là, tout change. Le deuxième tome est plus rapide, plus mystérieux. J’ai aimé les révélations, même si j’aurais voulu que certains moments soient un peu plus développés. Ce que j’ai aimé, c’est la façon dont cette BD parle du temps qui passe. On suit ces enfants qui grandissent et qui se retrouvent adultes avec des souvenirs et des secrets. Il y a aussi l’idée du choc entre deux cultures, avec cette famille anglaise qui s’installe dans un village fermé aux étrangers. Enfin, il y a le côté fantastique qui arrive peu à peu et qui donne une autre dimension à l’histoire. Par moments, j’ai trouvé ça un peu surprenant, mais au final, ça fonctionne bien. Les quatre enfants sont attachants. On les voit jouer, découvrir la vie et se lier d’amitié. Puis, quand on les retrouve adultes, ils ont changé, mais leur lien est toujours là. J’ai trouvé que leurs relations sonnaient juste. J’aurais aimé passer plus de temps avec eux avant qu’ils ne repartent dans cette grande aventure. Certains moments sont un peu rapides, mais on ressent bien leur histoire commune. Les dessins sont superbes. Les paysages, la mer, la lumière… On sent vraiment la chaleur du Sud. Les visages sont expressifs, on voit grandir les personnages et on les reconnaît sans problème. Les couleurs changent entre les deux tomes, ce qui renforce la différence entre l’enfance et l’âge adulte. J’ai trouvé ça très bien fait.