Quand c’est bon, il faut le dire !!
Et ce tome est très très bon. Et l’univers des Contes de la Pieuvre c’est plus que bon, c’est magique !!
Chaque tome apporte sa pierre à l’édifice et construit un monde de plus en plus fascinant dans lequel Gess m’emporte systématiquement. Je suis un grand admiratif de son travail, idées, talent déployés avec cette série (avant aussi mais celle ci a un goût particulier).
J’ai dévoré ce dernier tome autour de Fannie qui sonne comme une quintessence des divers cailloux semés au préalable. La narration étrangement différente de d’habitude m’a vraiment bien plu avec ce p’tit côté puzzle. C’est toujours soigné, fait dans une grande cohérence. Bref un plaisir de s’y perdre.
Le seul défaut descellé, c’est que si les histoires se veulent indépendantes (de la série j’entends), je ne démarrerais pas spécialement par ce tome pour la découvrir.
J’ai été bien attristé quand mon libraire m’a appris que la série ne se vendait pas trop. C’est franchement une tuerie à mes yeux, un truc de haute volée. Si vous ne la connaissez pas encore je vous envie. Go vous y perdre ;)
Un récit choral bien mené. Dessin et narration sont agréables, fluides.
J’ai bien aimé aussi la construction d’ensemble du récit. En effet, cette architecture donne du sel à des récits particuliers qui auraient pu être banals pris individuellement. Ici, la somme justifie les parties.
Le cœur du récit est donné par plusieurs parties d’échecs jouées par une vieille dame et un visiteur bénévole de sa maison de retraite. Elle lui apprend à jouer, lui donne des leçons (dans tous les sens du terme d’ailleurs). Mais rapidement on se rend compte que la plupart de ses commentaires échiquéens illustrent ce qui arrive aux différents protagonistes, qu’ils ont un caractère métaphorique.
Je connais bien ce jeu, et j’ai vraiment apprécié ces passages, intéressants en eux-mêmes, et qui finissent par parfaitement coller avec les mésaventures amoureuses vécues par tous les protagonistes de l’album (que nous voyons sur la couverture).
Si les toutes premières pages nous submergent un peu de personnages, tout se clarifie assez rapidement, et leurs différentes interactions se complètent bien, jusqu’aux dernières pages, où tous les hasards (parfois « heureux », mais on est près à accepter certaines facilités) qui les unissent sont rappelés au lecteur.
A part les quelques facilités évoquées, on peut éventuellement reprocher à Pinel d’avoir multiplié les happy-end, d’avoir choisi une version sucrée de la vie sentimentale de tous les personnages. Mais après tout pourquoi pas ? Ici ça passe. Surtout que le dernier pied de nez – de la seule personne qui ne cherchait pas de relation sentimentale en fait – est un poil amusant et cynique. J’ai d’ailleurs longtemps cru que cette dernière leçon, ce « secret » pour gagner aux échecs allait n’être qu’un mystère jamais révélé.
Une lecture feel good sympathique.
Vous avez vu le film Jean-Philippe ? Quand Luchini se réveille dans un monde où plus personne ne connait Johnny Halliday. Bon ben, Love Not Dead c'est un peu pareil, un matin le héros se lève et plus personne ne sait ce qu'est l'Amour. Non seulement ce sentiment, a disparu mais en plus il n'a visiblement jamais existé. Voilà l'idée saugrenue qui donne le top départ à ce petit album humoristique, qui renferme un bon gros délire.
Notre héros va essayer de comprendre ce qui c'est passé, et il va essayer d'expliquer à qui veut bien l'écouter comme l'amour c'était bien. Famille, amis, le gars du coin de la rue, son psy, tout le monde aura droit à son laïus.
Qu'on se le dise, l'album n'est pas à mettre entre toutes les mains. Le ton est vite donné. Si les gens ne savent pas ce qu'est être amoureux, en revanche ils savent parfaitement ce que c'est que baiser à tout bout de champ. Avec pleins de partenaires. C'est comme ça. Du coup, l'humour est assez trash, mais il fonctionne vraiment bien. On se marre pas mal, si on n'est pas trop prude bien sur.
En 4 cases par page, on enchaine les petits strips, qui vont tous tourner autour de cette histoire d'Amour disparu. C'est globalement bien décalé, et de temps en temps c'est donc assez vulgaire. Ce qui est bien, c'est que c'est pas tout le temps justement, et en général on le voit pas trop venir. Une réplique trash succédant à une réplique banale. Quand on commence un strip, on ne sait pas comment il va finir. C'est parce que c'est inattendu que ça marche bien. L'ensemble est plutôt décalé, et souvent drôle.
Le dessin assez simple colle très bien à cette ambiance qui ne se prend pas au sérieux. Ca ne fera pas rire tout le monde, mais moi j'y reviendrais bien volontiers.
Attirée par les coups de cœurs des autres avis et la jolie couverture, j'ai décidé d'essayer la lecture de cet album un peu à l'aveugle, ne connaissant que son statut de conte et le fait qu'il s'agit d'une adaptation d'un roman lui aussi avec de bons retours (mais que je n'ai pas lu).
Eh bien, ce n'est certainement pas moi qui vais faire baisser sa note : c'est très bon !
Au début, on s'attend à une réécriture de "La Princesse au petit pois" (la comparaison est même faite dans l'introduction), mais ici pas de ça, le sujet est tout autre. Pas de princesse délicate, nous suivons Sadima, une femme de chambre fière et maline qui, a défaut de se plaindre d'un petit poids, va devoir comprendre et déceler les mystères de l'étrange maison de son hôte.
L'histoire m'a beaucoup surprise. En bien. La maison (et l'histoire par la même occasion) est une gigantesque métaphore sur une blessure familiale, une femme mariée de force, enfermée contre son gré, se sentant être dépecée petit à petit, morceau après morceau, et faisant souffrir son fils sans même s'en rendre compte, lui-même se sentant progressivement se perdre et tomber en lambeaux. La symbolique des morceaux de corps et de la quête pour retrouver ce qui lui manque (et le choix de l'endroit où se trouve ce morceau manquant) est vraiment intéressante et très jolie à voir. Le parallèle avec les contes et les princesses délicates qui se marient avec le beau prince est plus profonde qu'il n'y parait au premier abord, c'est bien des rapports homme-femme et du statut d'objet de désir de ces dernières aux yeux des premiers, des risques qu'elles encourent et des violences qu'elles subissent, qu'il s'agit. La souffrance de la mère, son spectre et le drame l'entourant qui hante encore la maison, le fils qui apparaît au début comme étant si étrange qu'on s'attendrait à ce qu'il y ait une mauvaise surprise là-dessous, et notre héroïne qui ne se laisse pas faire et se tient droite, ...
Franchement, une histoire aux enjeux féministes très prenante.
Et la forme est sans nul doute une des grandes forces de cet album. Le dessin de Mayalen Goust est magnifique, jouant sur les couleurs, les formes, les non-dits (avec de belles symboliques parfois, notamment pour l'acte sexuel), ... La représentation de la maison, symbole de cette famille au lourd passé, symbole du foyer causant la perte des jeunes femmes aussi, toujours changeante et étouffante, est très bien rendue. On la sent vivante, prédatrice, mourante aussi.
La mise en scène et le découpage de l'action sont parfois assez originaux, on joue quelques fois avec les codes-mêmes de la bande-dessinée.
Non, il n'y a pas à dire, en plus d'être une très belle histoire, nous avons surtout ici un très bel album !
Un professeur en archeologie qui traque des reliques sacrées sous l'Allemagne Nazi ... ? Oui ... ? J'ai entendu "Indiana Jones et Les Aventuriers de l'arche perdue" au fond de la salle ? C'est vrai, cette thématique vous paraîtra recyclée, mais il y a des choses pas mal dans cette trilogie...
Un premier tome qui vaut 5 étoiles selon moi, une narration avec un francais soutenu peu commun dans le monde de la BD, des références historiques qui nous font revivre les années 30 et l'avènement du nazisme. Le dessin lui, est vraiment bon, des couleurs sombres qui collent à cette atmosphère de guerre pesante, des images qui basculent dans un terne nostalgique aux recits de flashback.
Peut être un soucis qui réside dans la partie fantaisiste de la saga, abordée dans les 2 tomes suivants, pas toujours bien traitée ; Une fin qui semble avoir été expédiée et l'on se retrouve avec beauuucoup de question sans réponse... c'est frustrant.
Tome 1 : 5 étoiles
Tome 2 : 4 étoiles
Tome 3 : 3.5 étoiles
Un manga qui adapte un light novel qui met en vedette une héroïne terrienne qui s'est réincarnée dans un monde fantastique d'inspiration européenne, que c'est original !
Il y a quand même des trucs originaux: par exemple, l'héroïne ne possède pas un pouvoir surpuissant rien qu'en naissant et elle travaille pour maitriser une magie qui est différente des autres. Elle est aussi lesbienne et finit par déclarer son amour avec l'ancienne fiancée de son frère le prince après que celui-ci la répudie et l'humilie en public. La relation entre les deux peut faire un peu peur au début parce que l'héroïne est un peu trop directe et force les choses sur la fille qu'elle aime, et cela donne des moments un peu gênants, mais ça finit par se calmer et leur relation évolue graduellement de manière naturelle.
L'univers est assez intéressant et le scénario contient des retournements de situations que je n'avais pas vu venir. C'est plus original qu'on pourrait le penser au premier coup d'œil. Les personnages sont attachants, l'histoire se lit bien et le dessin est pas mal.
Avec une compagne africaine et un fils métis cette série ado m'a immédiatement parlé. La thématique de la coiffure est vraiment importante pour des populations très métissées. C'est le cas de Marlène d'origine Dominicaine (13 ans) qui doit affronter un double challenge. Une chevelure frisée pleine de nœuds qui part dans tous les sens et la comparaison avec sa cousine Diana (15 ans) qui est blonde et lisse comme une Suédoise. Cette thématique peut paraître futile avec nos yeux d'Européen mais ce n'est pas le cas pour un grand nombre de familles immigrées comme celle de Marlène qui désire s'intégrer aux USA. Le discours sur les apparences qui divise la maman et Tia Ruby est aussi très présent dans les familles qui ont un long passé de stigmatisation due à leurs origines ( notamment Noire comme l'explique Tia). Avoir une chevelure impeccable, c'est déjà éviter des critiques et moqueries et porter haut le visuel de la famille.
Le scénario de Claribel Ortega traite ce sujet avec beaucoup de finesse et d'intelligence. Sur un sujet peu visité, l'autrice développe avec doigté une voie pour rester soi même tout en acceptant une "obligation" d'image au monde si omniprésente aujourd'hui avec la toute puissance du numérique.
Le graphisme de Rose Bousamra est particulièrement attractif pour un lectorat assez jeune. C'est très expressif et ses héroïnes sont toutes très touchantes. La mise en couleur vive apporte un bon confort de lecture qui égaye des passages sombres comme le harcèlement que subit Marlène.
Une belle lecture pour ado mais pas que pour comprendre une certaine intériorité de nombreuses personnes ( pas seulement filles).
J'avais déjà été scotché par le talent de ces deux auteurs avec Sangoma - Les Damnés de Cape Town et voilà que Caryl Ferey et Corentin Rouge remettent cela avec le premier album de leur nouvelle trilogie.
Les deux auteurs surfent sur l'actualité avec ce nouveau récit, qui s'appuie sur les migrations de population, peut-être pour des raisons climatiques ou autres cataclysmes (guerre, épidémie...), on n'en saura pas plus dans ce premier volume.
Mais la politique n'est pas absente non plus, entre les nationalistes et les libéraux Islandais.
Mais le lecteur s'attachera surtout à suivre le destin de quelques personnages dont le professeur Zyzek, la fragile Livia, l’énigmatique Liam et une famille Islandaise déchirée par des choix politiques différents.
On ne sait pas trop où cela va nous mener mais c'est vraiment passionnant, et malgré ses 156 pages, on ne s'ennuie pas une seconde. Un véritable page-turner que cet album !
Mais c'est le dessin magnifique de Corentin Rouge qui captive le lecteur. Un dessin réaliste dans des décors somptueux. Les pleines pages ou les doubles pages sont d'une beauté à couper le souffle.
En tout cas, un de mes coups de cœur de ce début d'année.
Une intrigue passionnante.
A dévorer !
Cet album peut se révéler d’une lecture austère. Mais il est riche et vraiment très intéressant.
C’est l’adaptation d’un livre de Philippe Sands, grand avocat qui est amené à prononcer une conférence dans la ville ukrainienne de Lviv en 2010.
Alors que cette ville ne lui disait rien, il va découvrir de fils en aiguilles qu’elle a été le berceau d’une partie de sa famille, en particulier d’un grand-père. Et le lieu de vie et de formation de deux éminents juristes, qui ont été à l’origine de l’idée de génocide pour l’un, et d’une partie des idées ayant mené aux réquisitoires des procès de Nuremberg.
Son histoire personnelle rejoint donc la grande Histoire. Car Lemberg – dont le nom ne me disait rien non plus – a elle aussi connu un vingtième siècle mouvementé. En effet, sa situation géographique et les soubresauts de l’Histoire l’ont tour à tour faite Austro-hongroise, Polonaise, Soviétique, Allemande et Ukrainienne. Et elle a été durant la seconde guerre mondiale au cœur du génocide subi par les Juifs, avec la personne d’Otto Frank comme maître d’œuvre du crime.
Voilà un décor très riche, et très bien planté. Et je dois dire que le récit est passionnant à suivre. Car Sands mène, à partir de quelques documents épars, une véritable enquête policière pour reconstituer la vie et le destin de sa famille, en même temps qu’il retrace l’action de Frank et de ses sbires dans la région, jusqu’aux procès de Nuremberg. Le mélange des deux aspects fonctionne très bien.
On est autant intéressé par les destins variables (souvent tragiques) de ses lointains proches, que par les débats autour des notions de crime contre l’humanité ou de génocide.
Le dessin de Picaud – que je découvre ici – est très bon. Sans doute un peu froid, son trait fin et classique accompagne bien le récit lui aussi presque « clinique » d’une catastrophe.
Dani Futuro était une série récurrente du journal Tintin dans les années 70. Et à l’époque les séries de science-fiction n’étaient pas forcément nombreuses. Dani est un enfant du passé qui est resté endormi dans une capsule projetée dans l'espace pendant plus de 130 ans. Il fait vite la connaissance d’Iris qui va tomber sous son charme, même si les deux héros n’ont aucune relation sentimentale. Dani et Iris ne sont donc pas les Olivier Rameau et Colombe Tire-d’aile des temps futurs. Cette histoire de héros endormi qui se réveille après des années d’hibernation fait furieusement penser aux Naufragés du temps de Paul Gillon, même si la comparaison s’arrête là. Chaque histoire de Dani Futuro se lit indépendamment et ce n’est donc pas une saga.
La série vaut avant tout par la qualité du trait de Gimenez. A mon sens le dessin n’est pas servi par la mise en couleur de l’époque bien trop « flashy » à mon sens. Les éditions Fluide Glacial qui ont également publié des œuvres de Carlos Gimenez y étaient bien inspirées de publier ses histoires en noir et blanc, car ce grand auteur espagnol maîtrise fort bien le contraste des deux couleurs.
Les histoires de Mora sont inégales. On commence par des histoires courtes dans le tome 1 puis on passe à des histoires en 44 ou 46 où Dani Futuro explore des planètes où règne l’anarchie. Honnêtement les scénarios ne sont pas toujours d’une grande qualité même si les albums se laissent lire. A noter que la série est parue initialement dans la collection Jeune Europe en format broché pour les 5 premiers albums, puis en format cartonné pour les deux derniers. Entre ces deux périodes il s’est écoulé près de 5 ans et on le voit très bien dans le style de Carlos Gimenez qui au début des années 80 est bien plus épuré que dans les années 70.
Bien que de qualité inégale, cette série n’est donc pas dénuée d’intérêt et mérite d’être redécouverte.
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Fannie la renoueuse
Quand c’est bon, il faut le dire !! Et ce tome est très très bon. Et l’univers des Contes de la Pieuvre c’est plus que bon, c’est magique !! Chaque tome apporte sa pierre à l’édifice et construit un monde de plus en plus fascinant dans lequel Gess m’emporte systématiquement. Je suis un grand admiratif de son travail, idées, talent déployés avec cette série (avant aussi mais celle ci a un goût particulier). J’ai dévoré ce dernier tome autour de Fannie qui sonne comme une quintessence des divers cailloux semés au préalable. La narration étrangement différente de d’habitude m’a vraiment bien plu avec ce p’tit côté puzzle. C’est toujours soigné, fait dans une grande cohérence. Bref un plaisir de s’y perdre. Le seul défaut descellé, c’est que si les histoires se veulent indépendantes (de la série j’entends), je ne démarrerais pas spécialement par ce tome pour la découvrir. J’ai été bien attristé quand mon libraire m’a appris que la série ne se vendait pas trop. C’est franchement une tuerie à mes yeux, un truc de haute volée. Si vous ne la connaissez pas encore je vous envie. Go vous y perdre ;)
Échecs
Un récit choral bien mené. Dessin et narration sont agréables, fluides. J’ai bien aimé aussi la construction d’ensemble du récit. En effet, cette architecture donne du sel à des récits particuliers qui auraient pu être banals pris individuellement. Ici, la somme justifie les parties. Le cœur du récit est donné par plusieurs parties d’échecs jouées par une vieille dame et un visiteur bénévole de sa maison de retraite. Elle lui apprend à jouer, lui donne des leçons (dans tous les sens du terme d’ailleurs). Mais rapidement on se rend compte que la plupart de ses commentaires échiquéens illustrent ce qui arrive aux différents protagonistes, qu’ils ont un caractère métaphorique. Je connais bien ce jeu, et j’ai vraiment apprécié ces passages, intéressants en eux-mêmes, et qui finissent par parfaitement coller avec les mésaventures amoureuses vécues par tous les protagonistes de l’album (que nous voyons sur la couverture). Si les toutes premières pages nous submergent un peu de personnages, tout se clarifie assez rapidement, et leurs différentes interactions se complètent bien, jusqu’aux dernières pages, où tous les hasards (parfois « heureux », mais on est près à accepter certaines facilités) qui les unissent sont rappelés au lecteur. A part les quelques facilités évoquées, on peut éventuellement reprocher à Pinel d’avoir multiplié les happy-end, d’avoir choisi une version sucrée de la vie sentimentale de tous les personnages. Mais après tout pourquoi pas ? Ici ça passe. Surtout que le dernier pied de nez – de la seule personne qui ne cherchait pas de relation sentimentale en fait – est un poil amusant et cynique. J’ai d’ailleurs longtemps cru que cette dernière leçon, ce « secret » pour gagner aux échecs allait n’être qu’un mystère jamais révélé. Une lecture feel good sympathique.
Love Not Dead
Vous avez vu le film Jean-Philippe ? Quand Luchini se réveille dans un monde où plus personne ne connait Johnny Halliday. Bon ben, Love Not Dead c'est un peu pareil, un matin le héros se lève et plus personne ne sait ce qu'est l'Amour. Non seulement ce sentiment, a disparu mais en plus il n'a visiblement jamais existé. Voilà l'idée saugrenue qui donne le top départ à ce petit album humoristique, qui renferme un bon gros délire. Notre héros va essayer de comprendre ce qui c'est passé, et il va essayer d'expliquer à qui veut bien l'écouter comme l'amour c'était bien. Famille, amis, le gars du coin de la rue, son psy, tout le monde aura droit à son laïus. Qu'on se le dise, l'album n'est pas à mettre entre toutes les mains. Le ton est vite donné. Si les gens ne savent pas ce qu'est être amoureux, en revanche ils savent parfaitement ce que c'est que baiser à tout bout de champ. Avec pleins de partenaires. C'est comme ça. Du coup, l'humour est assez trash, mais il fonctionne vraiment bien. On se marre pas mal, si on n'est pas trop prude bien sur. En 4 cases par page, on enchaine les petits strips, qui vont tous tourner autour de cette histoire d'Amour disparu. C'est globalement bien décalé, et de temps en temps c'est donc assez vulgaire. Ce qui est bien, c'est que c'est pas tout le temps justement, et en général on le voit pas trop venir. Une réplique trash succédant à une réplique banale. Quand on commence un strip, on ne sait pas comment il va finir. C'est parce que c'est inattendu que ça marche bien. L'ensemble est plutôt décalé, et souvent drôle. Le dessin assez simple colle très bien à cette ambiance qui ne se prend pas au sérieux. Ca ne fera pas rire tout le monde, mais moi j'y reviendrais bien volontiers.
D'or et d'oreillers
Attirée par les coups de cœurs des autres avis et la jolie couverture, j'ai décidé d'essayer la lecture de cet album un peu à l'aveugle, ne connaissant que son statut de conte et le fait qu'il s'agit d'une adaptation d'un roman lui aussi avec de bons retours (mais que je n'ai pas lu). Eh bien, ce n'est certainement pas moi qui vais faire baisser sa note : c'est très bon ! Au début, on s'attend à une réécriture de "La Princesse au petit pois" (la comparaison est même faite dans l'introduction), mais ici pas de ça, le sujet est tout autre. Pas de princesse délicate, nous suivons Sadima, une femme de chambre fière et maline qui, a défaut de se plaindre d'un petit poids, va devoir comprendre et déceler les mystères de l'étrange maison de son hôte. L'histoire m'a beaucoup surprise. En bien. La maison (et l'histoire par la même occasion) est une gigantesque métaphore sur une blessure familiale, une femme mariée de force, enfermée contre son gré, se sentant être dépecée petit à petit, morceau après morceau, et faisant souffrir son fils sans même s'en rendre compte, lui-même se sentant progressivement se perdre et tomber en lambeaux. La symbolique des morceaux de corps et de la quête pour retrouver ce qui lui manque (et le choix de l'endroit où se trouve ce morceau manquant) est vraiment intéressante et très jolie à voir. Le parallèle avec les contes et les princesses délicates qui se marient avec le beau prince est plus profonde qu'il n'y parait au premier abord, c'est bien des rapports homme-femme et du statut d'objet de désir de ces dernières aux yeux des premiers, des risques qu'elles encourent et des violences qu'elles subissent, qu'il s'agit. La souffrance de la mère, son spectre et le drame l'entourant qui hante encore la maison, le fils qui apparaît au début comme étant si étrange qu'on s'attendrait à ce qu'il y ait une mauvaise surprise là-dessous, et notre héroïne qui ne se laisse pas faire et se tient droite, ... Franchement, une histoire aux enjeux féministes très prenante. Et la forme est sans nul doute une des grandes forces de cet album. Le dessin de Mayalen Goust est magnifique, jouant sur les couleurs, les formes, les non-dits (avec de belles symboliques parfois, notamment pour l'acte sexuel), ... La représentation de la maison, symbole de cette famille au lourd passé, symbole du foyer causant la perte des jeunes femmes aussi, toujours changeante et étouffante, est très bien rendue. On la sent vivante, prédatrice, mourante aussi. La mise en scène et le découpage de l'action sont parfois assez originaux, on joue quelques fois avec les codes-mêmes de la bande-dessinée. Non, il n'y a pas à dire, en plus d'être une très belle histoire, nous avons surtout ici un très bel album !
L'Oeil des Dobermans
Un professeur en archeologie qui traque des reliques sacrées sous l'Allemagne Nazi ... ? Oui ... ? J'ai entendu "Indiana Jones et Les Aventuriers de l'arche perdue" au fond de la salle ? C'est vrai, cette thématique vous paraîtra recyclée, mais il y a des choses pas mal dans cette trilogie... Un premier tome qui vaut 5 étoiles selon moi, une narration avec un francais soutenu peu commun dans le monde de la BD, des références historiques qui nous font revivre les années 30 et l'avènement du nazisme. Le dessin lui, est vraiment bon, des couleurs sombres qui collent à cette atmosphère de guerre pesante, des images qui basculent dans un terne nostalgique aux recits de flashback. Peut être un soucis qui réside dans la partie fantaisiste de la saga, abordée dans les 2 tomes suivants, pas toujours bien traitée ; Une fin qui semble avoir été expédiée et l'on se retrouve avec beauuucoup de question sans réponse... c'est frustrant. Tome 1 : 5 étoiles Tome 2 : 4 étoiles Tome 3 : 3.5 étoiles
Magical Revolution - La Princesse Réincarnée et la Jeune Prodige
Un manga qui adapte un light novel qui met en vedette une héroïne terrienne qui s'est réincarnée dans un monde fantastique d'inspiration européenne, que c'est original ! Il y a quand même des trucs originaux: par exemple, l'héroïne ne possède pas un pouvoir surpuissant rien qu'en naissant et elle travaille pour maitriser une magie qui est différente des autres. Elle est aussi lesbienne et finit par déclarer son amour avec l'ancienne fiancée de son frère le prince après que celui-ci la répudie et l'humilie en public. La relation entre les deux peut faire un peu peur au début parce que l'héroïne est un peu trop directe et force les choses sur la fille qu'elle aime, et cela donne des moments un peu gênants, mais ça finit par se calmer et leur relation évolue graduellement de manière naturelle. L'univers est assez intéressant et le scénario contient des retournements de situations que je n'avais pas vu venir. C'est plus original qu'on pourrait le penser au premier coup d'œil. Les personnages sont attachants, l'histoire se lit bien et le dessin est pas mal.
Frizzy
Avec une compagne africaine et un fils métis cette série ado m'a immédiatement parlé. La thématique de la coiffure est vraiment importante pour des populations très métissées. C'est le cas de Marlène d'origine Dominicaine (13 ans) qui doit affronter un double challenge. Une chevelure frisée pleine de nœuds qui part dans tous les sens et la comparaison avec sa cousine Diana (15 ans) qui est blonde et lisse comme une Suédoise. Cette thématique peut paraître futile avec nos yeux d'Européen mais ce n'est pas le cas pour un grand nombre de familles immigrées comme celle de Marlène qui désire s'intégrer aux USA. Le discours sur les apparences qui divise la maman et Tia Ruby est aussi très présent dans les familles qui ont un long passé de stigmatisation due à leurs origines ( notamment Noire comme l'explique Tia). Avoir une chevelure impeccable, c'est déjà éviter des critiques et moqueries et porter haut le visuel de la famille. Le scénario de Claribel Ortega traite ce sujet avec beaucoup de finesse et d'intelligence. Sur un sujet peu visité, l'autrice développe avec doigté une voie pour rester soi même tout en acceptant une "obligation" d'image au monde si omniprésente aujourd'hui avec la toute puissance du numérique. Le graphisme de Rose Bousamra est particulièrement attractif pour un lectorat assez jeune. C'est très expressif et ses héroïnes sont toutes très touchantes. La mise en couleur vive apporte un bon confort de lecture qui égaye des passages sombres comme le harcèlement que subit Marlène. Une belle lecture pour ado mais pas que pour comprendre une certaine intériorité de nombreuses personnes ( pas seulement filles).
Islander
J'avais déjà été scotché par le talent de ces deux auteurs avec Sangoma - Les Damnés de Cape Town et voilà que Caryl Ferey et Corentin Rouge remettent cela avec le premier album de leur nouvelle trilogie. Les deux auteurs surfent sur l'actualité avec ce nouveau récit, qui s'appuie sur les migrations de population, peut-être pour des raisons climatiques ou autres cataclysmes (guerre, épidémie...), on n'en saura pas plus dans ce premier volume. Mais la politique n'est pas absente non plus, entre les nationalistes et les libéraux Islandais. Mais le lecteur s'attachera surtout à suivre le destin de quelques personnages dont le professeur Zyzek, la fragile Livia, l’énigmatique Liam et une famille Islandaise déchirée par des choix politiques différents. On ne sait pas trop où cela va nous mener mais c'est vraiment passionnant, et malgré ses 156 pages, on ne s'ennuie pas une seconde. Un véritable page-turner que cet album ! Mais c'est le dessin magnifique de Corentin Rouge qui captive le lecteur. Un dessin réaliste dans des décors somptueux. Les pleines pages ou les doubles pages sont d'une beauté à couper le souffle. En tout cas, un de mes coups de cœur de ce début d'année. Une intrigue passionnante. A dévorer !
Retour à Lemberg
Cet album peut se révéler d’une lecture austère. Mais il est riche et vraiment très intéressant. C’est l’adaptation d’un livre de Philippe Sands, grand avocat qui est amené à prononcer une conférence dans la ville ukrainienne de Lviv en 2010. Alors que cette ville ne lui disait rien, il va découvrir de fils en aiguilles qu’elle a été le berceau d’une partie de sa famille, en particulier d’un grand-père. Et le lieu de vie et de formation de deux éminents juristes, qui ont été à l’origine de l’idée de génocide pour l’un, et d’une partie des idées ayant mené aux réquisitoires des procès de Nuremberg. Son histoire personnelle rejoint donc la grande Histoire. Car Lemberg – dont le nom ne me disait rien non plus – a elle aussi connu un vingtième siècle mouvementé. En effet, sa situation géographique et les soubresauts de l’Histoire l’ont tour à tour faite Austro-hongroise, Polonaise, Soviétique, Allemande et Ukrainienne. Et elle a été durant la seconde guerre mondiale au cœur du génocide subi par les Juifs, avec la personne d’Otto Frank comme maître d’œuvre du crime. Voilà un décor très riche, et très bien planté. Et je dois dire que le récit est passionnant à suivre. Car Sands mène, à partir de quelques documents épars, une véritable enquête policière pour reconstituer la vie et le destin de sa famille, en même temps qu’il retrace l’action de Frank et de ses sbires dans la région, jusqu’aux procès de Nuremberg. Le mélange des deux aspects fonctionne très bien. On est autant intéressé par les destins variables (souvent tragiques) de ses lointains proches, que par les débats autour des notions de crime contre l’humanité ou de génocide. Le dessin de Picaud – que je découvre ici – est très bon. Sans doute un peu froid, son trait fin et classique accompagne bien le récit lui aussi presque « clinique » d’une catastrophe.
Dani Futuro
Dani Futuro était une série récurrente du journal Tintin dans les années 70. Et à l’époque les séries de science-fiction n’étaient pas forcément nombreuses. Dani est un enfant du passé qui est resté endormi dans une capsule projetée dans l'espace pendant plus de 130 ans. Il fait vite la connaissance d’Iris qui va tomber sous son charme, même si les deux héros n’ont aucune relation sentimentale. Dani et Iris ne sont donc pas les Olivier Rameau et Colombe Tire-d’aile des temps futurs. Cette histoire de héros endormi qui se réveille après des années d’hibernation fait furieusement penser aux Naufragés du temps de Paul Gillon, même si la comparaison s’arrête là. Chaque histoire de Dani Futuro se lit indépendamment et ce n’est donc pas une saga. La série vaut avant tout par la qualité du trait de Gimenez. A mon sens le dessin n’est pas servi par la mise en couleur de l’époque bien trop « flashy » à mon sens. Les éditions Fluide Glacial qui ont également publié des œuvres de Carlos Gimenez y étaient bien inspirées de publier ses histoires en noir et blanc, car ce grand auteur espagnol maîtrise fort bien le contraste des deux couleurs. Les histoires de Mora sont inégales. On commence par des histoires courtes dans le tome 1 puis on passe à des histoires en 44 ou 46 où Dani Futuro explore des planètes où règne l’anarchie. Honnêtement les scénarios ne sont pas toujours d’une grande qualité même si les albums se laissent lire. A noter que la série est parue initialement dans la collection Jeune Europe en format broché pour les 5 premiers albums, puis en format cartonné pour les deux derniers. Entre ces deux périodes il s’est écoulé près de 5 ans et on le voit très bien dans le style de Carlos Gimenez qui au début des années 80 est bien plus épuré que dans les années 70. Bien que de qualité inégale, cette série n’est donc pas dénuée d’intérêt et mérite d’être redécouverte.