Qu'on me donne l'envie d'avoir envie.
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Ce tome regroupe les 6 épisodes de la minisérie parue en 2003. Il contient une histoire complète avec Thanos comme personnage principal.
Dès la première page, Thanos soliloque au profit du lecteur sur un fond noir en indiquant que s'il vient de détruire l'univers ce n'est pas pour les raisons que l'on pourrait croire. Il estime que c'était son destin de détruire toute réalité après avoir joué avec le cube cosmique, puis avec le Gant de l'Infini. le récit passe ensuite à l'ascension d'Akhenaten, un pharaon de l'Égypte antique, telle que perçue dans un flash télépathique par Jean Grey. Thor est le premier à percevoir le retour d'Akhenaten depuis Asgard. Puis Silver Surfer découvre les traces destructrices de son passage. Dès son arrivée sur Terre, Akhenaten rassemble les dirigeants de tous les pays pour leur expliquer comment la race humaine va obéir sous son nouveau règne. Doctor Doom (Victor von Doom) commence immédiatement à réfléchir à comment s'accaparer le pouvoir d'Akhenaten. Thanos organise autour de lui une petite équipe de 5 superhéros pour ourdir et mettre en œuvre son propre plan d'action.
Jim Starlin a créé le personnage de Thanos qui est apparu pour la première fois dans l'épisode 55 de la série Iron Man en février 1973. Tout au long de la carrière de Jim Starlin chez Marvel Comics, Thanos n'était pas loin, que ce soit contre Captain Marvel, contre Adam Warlock , contre Silver Surfer (1990), dans la saga des Infinity (Le défi de Thanos : le Gant de l'infini en 1991, La guerre de l'infini en 1992, et La Croisade de l'infini en 1993), ou en solo dans Thanos: le gouffre de l'Infini (2002).
Cette histoire se déroule peu de temps après Infinity Abyss et elle s'inscrit dans la série des histoires Marvel estampillées The end, telles que Hulk - La fin (Peter David & Dale Keown) ou X-Men - The end (Chris Claremont & Sean Chen). Elle peut donc être considérée dans la continuité ou non, suivant la préférence du lecteur.
Une dizaine d'années après Infinity Gauntlet, Jim Starlin semble bien parti pour retrouver ses mêmes thèmes de prédilection et ses mêmes tics narratifs : une nouvelle menace à l'échelle de la destruction de l'univers, une nouvelle source de pouvoir, Thanos à la position toujours moralement ambiguë et des superhéros en veux-tu en voilà qui ne servent à rien. Eh bien oui, la tripotée de superhéros qui apparaissent sporadiquement ne sert qu'à montrer à quel point ils sont inefficaces contre la menace d'Akhenaten. Starlin redonne le même rôle à Doctor Doom : essayer de barboter la source de pouvoir pour son propre usage, au nez et à la barbe de tout le monde. Les entités cosmiques (Eternity, Lord Chaos, Master Order et les autres) font office de figurants de luxe ; il ne manque qu'Uatu à l'appel. Effectivement, Starlin dévoile une autre menace derrière celle d'Akhenaten. Rien ne semble avoir changé depuis Infinity Gauntlet et ses suites. Et pourtant Adam Warlock n'a droit qu'à trois ou quatre répliques ; le centre du récit s'est déplacé de Warlock vers Thanos de manière drastique.
Les 6 épisodes sont dessinés par Jim Starlin, et encrés par Al Milgrom, avec qui il a déjà collaboré à plusieurs reprises (ils ont même pris l'habitude de cosigner sous le nom de Gemini). Milgrom effectue un travail soigné, appliqué et méticuleux, qui met bien en valeur la finesse des détails de Starlin. Il emploie toutefois un trait légèrement plus épais que celui de Starlin, le lecteur amoureux de Starlin notera une petite perte de finesse. Starlin se permet de s'affranchir des décors dans 2 types de situations. La première correspond à Thanos s'adressant à un auditeur invisible sur fond noir ; elle est pleinement justifiée et l'absence de décors constitue un élément important de la narration. La deuxième correspond aux scènes dans une dimension mystique où Christie Scheele (responsable des couleurs) et Starlin jouent avec l'infographie pour établir des camaïeux de couleurs avec des formes géométriques en lieu et place d'un décor en bonne et due forme. le résultat n'est pas très convaincant car il ressemble à une utilisation basique des capacités d'un logiciel de dessin peu sophistiqué.
Malgré ce défaut, il est évident que le projet tenait à cœur de Starlin vu le temps qu'il a passé pour arriver à ce niveau de détails sur les personnages et les décors (dans les autres scènes). Il s'est appliqué à reproduire l'apparence de chaque superhéros conformément aux comics de l'époque (il y a parfois des costumes bizarres, et même 2 ou 3 personnages que je n'ai pas su reconnaître). La mise en page repose sur des cases bien rectangulaires dont le nombre varie de 9 par page, à quelques illustrations en double page pour accentuer une foule ou une action déterminante. le conseil des dieux de différents panthéons fait ressortir à quel point les costumes sont dessinés dans le moindre détail. L'apparence moderne d'Akhenaten fait preuve d'originalité. Il y a un gros travail sur les textures de matériaux qu'il s'agisse de pierres ou de rideaux. La mise en scène des combats est intelligente dans la mesure où le lecteur peut retracer les mouvements de chaque protagoniste. Et Starlin organise de jolis mouvements de caméras dans les séquences les plus longues.
Finalement le lecteur constate que Jim Starlin (et Al Milgrom) a investi beaucoup de temps dans l'illustration de cette histoire, pour aboutir à un aspect visuel descriptif immersif quels que soient les localisations, les personnages et les actions. À un premier niveau de lecture, les agissements de Thanos reprennent la structure de la série des crossovers estampillés Infinity, sans tomber dans la parodie, en innovant sur ces schémas, et en tenant les promesses du titre et de la première page : la fin de l'univers. le fan de Starlin reconnaîtra également dans le personnage d'Akhenaten, le retour de motifs utilisés dans l'Odyssée de la Métamorphose. le résultat est savoureux, intriguant et suffisamment imaginatif pour maintenir le suspense jusqu'au bout.
Et comme dans les crossovers Infinity, Jim Starlin inclut un ou deux métacommentaires dans son récit. le premier apparaît quand Thanos finit par se trouver en situation de détruire l'univers (et ce n'est pas que le pouvoir absolu corrompt absolument). Je vous laisse la surprise de découvrir le deuxième métacommentaire, très ironique, à destination des lecteurs de comics de superhéros et des éditeurs Marvel et DC. The end est donc à ranger parmi les meilleurs récits cosmiques de Jim Starlin, où il reprend une structure qu'il maîtrise pour y inclure des éléments novateurs et aboutir à une fable efficace, à plusieurs niveaux de lecture. Après ce récit, Jim Starlin a débuté une série mensuelle consacrée à Thanos dont les premiers épisodes sont réunis dans Thanos rédemption (2003).
Posons les bases: 1972, ce manga date de 1972. Comment est-on passé de manga de sabre où on avait la vraie vie de samouraï avec des personnages bien écrits (on a quand même la prouesse ici de faire vivre un personnage de 3 ans quasiment muet dans un monde bien trop violent pour lui avec justesse), une violence bien dosée, et un dessin inventif, à des récits creux uniquement basés sur la surenchère de bagarre et aucun enjeux?
Bref vous l'aurez compris j'ai adoré.
Je ne m'attendais à rien en lisant cette BD, j'ai mangé les 4 tomes en 1 seule nuit et je n'ai pas touché à un autre livre avant une quatrième relecture. J'ai été dans la tête de Polza du début à la fin, j'ai été porté par sa vie tout du long de ces 4 lectures, et au final je pense qu'on a tous un Polza en nous qui attend qu'on l'aide pour ne pas sombrer dans l'entre tombe de Blast. C'est à lire, relire et rererelire.
Très belle BD. J'étais sceptique au départ à cause du style de dessin que je trouvais trop enfantin, ça me rappelle Mario^^. Finalement, je m'y suis habitué. Les émotions sont bien retranscrites, de manière simple mais efficace. Et la colorisation est vraiment bien.
J'ai beaucoup aimé le personnage secondaire, qui m'a fait sourire à plusieurs reprises. Côté scénario même si certaines grandes lignes sont prévisibles, on prend plaisir à poursuivre la lecture.
L'auteur, qui est infirmier, nous raconte l'histoire touchante d'une personne pleine de vie et de projets qui apprend qu'elle a un cancer. Il est particulièrement bien placé pour raconter cette histoire, et il le fait avec brio, trouvant un bon équilibre entre les moments amusants et émouvants.
Bien que le schéma narratif soit classique et quelque peu prévisible, je trouve qu'il est parfaitement maîtrisé. C'est ce qui m'a poussé à continuer ma lecture avec plaisir. Le nombre conséquent de pages est très appréciable, permettant de savourer l'histoire tranquillement, comme un bon film.
J'ai failli lâcher une larme, il a réussi à me faire passer par tous types d'émotions tout au long de ma lecture, et rien que pour ça, cela mérite une belle note qui se démarque des autres.
Une BD à avoir dans sa bibliothèque sans hésiter.
C'est l'histoire de Thanos et de Francis Castle qui…
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Ce tome contient la minisérie consacrée au personnage apparu pour la première fois dans l'épisode 13 de la série Thanos écrit par Donny Cates, qu'il vaut mieux avoir lu avant. Il s'agit d'une version alternative de Frank Castle, prenant sa source sur la Terre TR66. Il comprend les 5 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2018, écrits par Donny Cates, dessinés et encrés par Dylan Burnett, et mis en couleurs par Antonio Fabela. Il comprend également le numéro 1 de Thanos Legacy (2018), également écrit par Donny Cates, dessiné et encré par Brian Level, avec une mise en couleurs de Jordan Boyd. Les couvertures ont été réalisées par Geoff Shaw. le tome contient également les couvertures alternatives réalisées par Mark Brooks, Mike Deodato junior, Stephanie Hans, J. Scott Campbell, Ron Lim, Gerardo Zaffino, Declan Shalvey, Ivan Shavrin (*2), Jamal Campbell, Superlog (*3).
Francis Castle a été un soldat au Vietnam. Il a vu sa famille mourir dans une guerre des gangs. Il a mené une guerre contre les gangs. Il est mort, tué par Thanos. Il a fini en enfer, d'où il est revenu en tant qu'Esprit de la Vengeance. Il a affronté Galactus, Thanos, et il est mort à plusieurs reprises. Francis Castle coule des jours paisibles au Valhalla, tout en restant ombrageux, et en n'hésitant à remettre à leur place les dieux qui ne lui reviennent pas. Dernier dieu en date à s'être fait castagner par Castle : Koldaxe. Castle s'est isolé sur une pente herbue d'où il admire Bifrost, en terminant sa bière. Odin vient le trouver pour essayer de comprendre pourquoi Castle ne peut pas bien se tenir. Ce dernier lui explique qu'il ne peut pas accepter la récompense du Valhalla. Odin lui indique qu'il a le pouvoir de lui rendre ses pouvoirs et de le réinsérer dans le monde normal à l'endroit et à l'époque de son choix.
Francis Castle prend le casque du Ghost Rider dans ses mains, et il est possédé sur le champ par l'esprit de la vengeance, retrouvant son apparence de Ghost Rider, avec crâne enflammé et sa personnalité troublée d'individu possédé. Conformément à sa promesse, Odin envoie Castle à l'endroit et au moment où il l'a demandé : sur Titan (une lune de Saturne). Cosmic Ghost Rider se rend directement dans la chambre de Thanos, encore enfant. Il dégaine son arme et s'apprête à tuer l'enfant de sang-froid. Castle se rend compte qu'il est incapable d'abattre un enfant à bout portant, même Thanos, parce que rien ne dit que cet enfant ne pourra pas dévier de son destin, de celui des autres lui-même dans d'autres réalités. Il n'a donc qu'une seule solution : prendre Thanos sous sa responsabilité et lui prodiguer une éducation de telle sorte à ce que Thanos ne devienne pas un dictateur meurtrier en masse.
Avec sa reprise de Doctor Strange fin 2017 et de Thanos début 2018, Donny Cates devient un scénariste providentiel pour Marvel, capable d'insuffler un regain d'intérêt dans les personnages qu'on lui confie, et de faire du neuf. Au vu de l'accueil très positif de Cosmic Ghost Rider dans la série Thanos, les responsables éditoriaux lui commandent une minisérie sur le personnage, avant de l'intégrer dans la série Guardians of the Galaxy, les 2 écrites par Donny Cates. le lecteur se rend bien compte qu'il s'agit d'un personnage dérivatif dont les aventures se déroulent dans une autre dimension que celle de la Terre 616, sans conséquence sur la continuité ou sur l'ordre de l'univers partagé Marvel. Ce ne peut donc être qu'une histoire de divertissement, avec peut-être des idées dedans. Son horizon d'attente ainsi fixé, il a quand même du mal à résister à la curiosité de voir ce que peut donner la motivation obsessionnelle de Frank (ici Francis) Castle, avec les pouvoirs de Ghost Rider, s'en prenant au massacreur ultime qu'est Thanos. Il espère bien que le scénariste utilise la richesse de l'univers partagé Marvel, tout en ne ressassant pas les mêmes intrigues, et mettant à profit la liberté que lui donne l'environnement d'un univers parallèle.
C'est exactement ce que fait Donny Cates, avec la volonté d'en donner pour argent au lecteur. Alors que ce dernier peut supposer que le scénariste se lance dans une variation sur Ogami Itt? et son fils Daigoro dans Lone Wolf & Cub, Cates emmène vite le scénario vers d'autres configurations. de la même manière, en voyant arriver Galactus, le lecteur se dit que le récit est parti pour une énième dévoration de planète, et là encore la situation évolue rapidement et est réglée en 1 épisode. le lecteur a compris que Cates utilise effectivement les ressources de l'univers partagé Marvel, sans devoir être corseté par le carcan de la continuité car il est dans un univers parallèle, sans limite, mais sans non plus transformer son récit en un catalogue de superhéros et supercriminels en lieu et place d'un scénario en bonne et due forme. le scénariste n'hésite pas à s'amuser avec des personnages improbables comme l'amalgame d'Howard le canard et du Juggernaut, conférant un bon niveau de divertissement sans prétention à l'ensemble. Dans le même temps, l'intrigue reste focalisée sur le but que s'est fixé Cosmic Ghost Rider : changer le destin de Thanos, ou tout du moins voir si Thanos est condamné à devenir le génocidaire ultime.
Dylan Burnett est un jeune artiste qui dessine dans un registre représentatif comme la majorité des dessinateurs de comics, avec un bon degré de détails dans la description. Il sait doser le niveau d'éléments représentés dans chaque case pour un maximum d'efficacité. Au fil des différentes séquences, le lecteur peut voir les feuilles de la végétation de la jungle, les arbres de Central Park, le pont Bifröst zébrant l'espace, les étranges façades de Titan, le bar dans lequel Cosmic Ghost Rider va descendre quelques verres en attendant Galani; les champs parsemés d'éolienne dans un monde en paix, etc. Dans le même temps, Dylan Burnett est d'une rare efficacité pour s'économiser et ne pas dessiner les décors quand il le peut. L'épisode 3 constitue un cas d'école, tellement il est exemplaire : 20 pages sans décor, si ce n'est un immeuble détruit et quelques sols déformés par les impacts. Il s'agit donc d'un affrontement épique entre Cosmic Ghost Rider et de nombreux superhéros qui l'assaillent successivement. L'artiste s'en donne à cœur joie pour montrer les coups portés, les décharges d'énergie, les corps éventrés, les costumes improbables de superhéros. le lecteur peut très bien ne pas s'apercevoir qu'il n'y a pas de décor tellement ça pète de partout, les personnages sont baroques, les énergies crépitent. Les dessins sont très complétés et nourris par une mise en couleur riche et vive, une grande réussite. Dylan Burnet & Antonio Fabela réussissent à montrer une bataille épique, visuellement intéressante du début à la fin, malgré l'absence de décor, et sans recourir à une chorégraphie millimétrée. En outre, le lecteur sort de cet épisode avec le sourire aux lèvres, car le dessinateur n'hésite pas à user de la licence artistique pour exagérer les coups portés, les expressions des visages, la destruction.
Effectivement, les dessins sont en phase avec la tonalité du scénario, sérieux, violents, avec un humour pince-sans-rire qui fait mouche. Il embrasse toute la démesure de ce cavalier sur une moto de l'espace, avec une tête enflammée, ainsi que le caractère improbable d'une enfant violet avec un goût pour la violence, ou encore le côté métaphorique d'un individu géant qui mange des planètes. Cosmic Ghost Rider utilise une chaîne enflammée de plusieurs centaines de mètres de long, mais aussi des armes à feu, sans parler de sa capacité à projeter du feu de l'enfer. Quel spectacle pyrotechnique à la fois premier degré (il faut voir l'état de ses adversaires), à la fois ridicule dans la surenchère (pourquoi aurait-il besoin d'armes à feu en plus du reste ?). Quand Cosmic Ghost Rider retire son casque et reprend des traits humains, le lecteur peut voir le visage d'un homme âgé (> 50 ans) aux cheveux blancs, manquant d'assurance quant à la réalité de ce qu'il vit. Les mimiques de Thanos enfant sont irrésistibles. le lecteur apprécie d'autant plus cette expressivité que Donny Cates ne se contente pas d'une intrigue échevelée et loufoque, il brosse le portrait assez émouvant de Francis Castle, toujours accablé par la culpabilité de la mort de sa femme et de ses enfants, à l'équilibre mental fragile du fait de sa possession par un démon.
En découvrant l'existence de cette minisérie, le lecteur espère y trouver un récit loufoque et endiablé. Il est comblé au-delà de ses espérances, à la fois par le scénario et par les dessins qui tirent le meilleur parti possible de la richesse de l'univers partagé Marvel, de l'absence de contrainte de continuité, par des scènes d'action spectaculaires, avec quelques moments d'humour, avec une utilisation très directe et perspicace des voyages dans le temps, et par un personnage principal tragique à sa manière. 5 étoiles.
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Thanos Legacy 1 (20 pages) - Thanos est assis sur son trône et s'interroge sur ce qu'il léguera à l'univers, à la manière dont ses actes seront jugés. Mais il doit encore affronter un dernier adversaire.
Donny Cates utilise cet épisode pour s'interroger sur le testament de Thanos, mais surtout pour boucler quelques intrigues secondaires en suspens et expliquer le sort final du personnage. le lecteur qui n'a pas suivi la dernière série Thanos risque d'être un peu perdu, et pas entièrement convaincu par les cartouches de texte du narrateur omniscient, manquant soit de cynisme, soit d'emphase. Brian Level se montre plus convaincant, mais pas aussi truculent que Dylan Burnett. La dernière page montre clairement qu'il s'agit d'une forme de prologue à une autre histoire, celle à venir dans la série Gardians of the Galaxy écrite par Donny Cates.
Pour ceux qui connaissent ce dessinateur, il est incontournable dans le monde de la BD. Il est notamment passé en France pour bosser un temps avec Moebius qu'il avait rencontré sur le tournage de Tron. Il a également travaillé sur le storyboard de Matrix.
Il a le style graphique le plus fouillé que je n'ai jamais vu. Chaque case fourmille de détail : c'est complètement hors norme. Vous pouvez passer 10 minutes par dessin pour essayer tout voir.
Par contre, le scenario est souvent maladroit et n'est que prétexte pour admirer le style de Geof.
J'aimerais qu'un scénariste de renom collabore avec lui pour claquer un masterpiece total !
Pour moi l'un des meilleurs mangas que j'ai eu à lire. Dedans il y a de tout, mais en plus c'est cohérent et passionnant. On s'attache facilement aux personnages et on a toujours envie de lire le tome suivant.
L'un des gros points forts c'est également le dessin, il a beau être très détaillé, il reste également très lisible.
Désolé, mais je trouve incompréhensible qu'une série soit jugée si sévèrement après seulement deux tomes (d'ailleurs, quel intérêt de critiquer une série de 25 tomes après en avoir lu seulement 2 ?). Pour ma part, je suis obligé de donner 5 étoiles à cette série tant elle m'a bouleversé. C'est le premier manga de ma vie qui m'a fait verser une larme.
Une grosse claque !
La force de ce manga réside dans l'évolution de son personnage principal. S'arrêter à sa jeunesse serait une grave erreur. C'est une œuvre très bien construite, et il faut la lire comme le parcours d'un enfant perturbé jusqu'à sa délivrance. L'auteur pose les bases, prend son temps, et arriver au 25eme tomes, on se rend compte que c'était magnifiquement bien orchestré.
La dernière partie du manga semble presque appartenir à une autre œuvre, tant le ton change radicalement, et c'est pour le meilleur. Je vous la recommande vivement, surtout si vous traversez une période de votre vie où vous êtes en quête de sagesse, capable de remise en question, et avez une vision utopique. Ce manga sera alors un véritable bol d'air frais pour votre esprit. Cependant, il faudra d'abord affronter ses démons pour en apprécier toute la beauté.
C'est toujours un peu vrai mes histoires.
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Ce tome constitue une anthologie de douze histoires courtes réalisées par Edmond Baudoin en noir & blanc. Elles sont initialement parues dans le magazine de bande dessinée et de culture, appelé Jade, publié par les éditions 6 Pieds sous terre depuis 1991. le présent recueil est paru en 1999.
Beyrouth, quatre pages : Edmond Baudoin effectue un séjour dans une zone militarisée de Beyrouth. Il y a des hommes qui en tuent d'autres. C'est tout près de la place des canons. La ligne verte. Une espèce de long terrain vague qui coupait la ville en deux. Il se fait la réflexion que ce pourrait être le décor d'un film d'anticipation, à ceci près qu'il n'y a pas de bande originale. Il entend des poules : un soldat lui explique ce qu'il en retourne. Justice immanente, quatre pages : dans la rue par un matin de ciel gris, vraiment gris, Edmond sort pour se rendre au café en bas de chez lui, passant par la boulangerie avant pour s'acheter un pain aux raisins. Il voit un homme au volant d'un gros quatre-quatre en train de traiter une femme de prostituée, lui reprocher que tout ce qui l'intéresse, c'est de tortiller son derrière jusqu'à quatre heures du matin dans une boîte, et de se faire prendre par derrière par le premier venu. le mime, quatre pages : c'est un mime un peu minable. Il est grimé comme Charlot, de la poudre blanche sur le visage, debout sur un tabouret… Peut-être une caisse. Edmond ne se souvient plus. À ses pieds, un lecteur de cassettes diffuse inlassablement les musiques des films de Chaplin. Edmond ne sait pas combien d'années il l'a vu, au coin de la place Saint Germain, en face des Deux Magots, tout près de la station de métro. À force de persévérance, les années passant, cet homme est devenu indispensable à ce morceau de trottoir. Il avait autant d'importance pour la poésie de Paris, qu'une statue, un monument, un jardin. Il était peut-être autant photographié que le Danton de pierre deux cents mètres plus loin. Et puis Edmond ne l'a plus vu.
Malaise avec une petite fille, deux pages : à Nice en août 1996, Edmond n'a pas trop le moral. Alors il voyage. Il s'en va vers le Nord, la Suisse, l'Allemagne, la Belgique. À Bruxelles, il loge chez des amis. L'affaire Dutroux donne une teinte livide à cette fin d'été. Son moral ne grimpe pas. Comment est-ce foutu à l'intérieur de certains cerveaux ? Sur le quai du métro, quatre pages : Edmond attend le métro avec une copine. Un aveugle arrive sondant devant lui avec sa canne blanche. Soudain il la brandit en l'air et il la jette sur la voie. Un jeune homme descend pour aller la chercher. En terrasse, quatre pages : deux jeunes demoiselles papotent assises en terrasse. Un jeune homme s'approche d'elle, leur déclarant que sa mère l'a abandonné à la table d'à côté, et leur demandant si elles veulent bien l'adopter. Les aimer toutes, trois pages : trente-et-un visages de demoiselle en gros plan, suivi de vingt-huit autres sur la page suivante, et d'une case avec le bassin dénudée d'une autre, et une case avec une jeune femme ayant dénudé la partie droite de son corps.
Edmond Baudoin est né en 1942 à Nice. Sa carrière de bédéiste a commencé en 1981, avec la publication de ses premières œuvres par l'éditeur Futuropolis à compter de 1981. Il a reçu l'Alph-Art du meilleur album, pour Couma acò, en 1992. le lecteur ne sait pas sur quoi il va tomber en entamant le présent album. Il comprend rapidement qu'il s'agit d'une collection d'histoires courtes, toutes racontées à la première personne. Dans la dernière, l'auteur explique à sa compagne du moment que c'est toujours un peu vrai ses histoires. Il ne raconte pas tout, il fait de petits arrangements. le lecteur n'a pas de raison de mettre en doute sa parole, et il accepte que chaque petite histoire se soit bien produite, et que Edmond Baudoin en a été l'acteur ou le spectateur. Les six premières correspondent à une situation de la vie quotidienne (ou presque en ce qui concerne son séjour à Beyrouth), la seconde moitié concerne les relations amoureuses, avec un rapport physique. S'il a déjà lu une bande dessinée en noir & blanc de cet auteur, le lecteur identifie immédiatement ses caractéristiques. Les formes sont détourées avec un trait parfois charbonneux, souvent gras, avec un rendu à la fois spontané et esquissé, mais aussi précis et attestant d'un regard personnel sur les êtres humains et les environnements. Il retrouve également la propension de l'auteur à raconter l'histoire dans un texte qui court en bas des cases, ces dernières montrant ce qu'il dit, ou bien mettant en scène les actions des personnages alors qu'ils sont en train de parler.
Dans le même temps, le lecteur voit que l'artiste expérimente en toute discrétion. La raison d'être d'une histoire ne réside pas dans le fait de lui servir de support pour essayer une technique de dessin, ou mettre à l'épreuve une mise en page, ce qui fait que le lecteur peut très bien ne pas prendre conscience de ce fait. S'il prend un peu de recul, cela devient une évidence. La première histoire est racontée sous la forme de quatre pages, contenant chacune trois cases de la largeur de la page. Dans la deuxième histoire, l'artiste semble avoir abandonné le pinceau au profit de la plume, ce qui donne un aspect plus griffé à ses dessins. Dans la quatrième, il n'y a aucun dialogue, aucun cartouche de texte, mais des dessins de la largeur de la page avec une bordure, et un texte qui court en dessous sans bordure. La mise en page de la suivante surprend le lecteur : des cases alignées en bande, avec des phylactères pour les personnages, une forme très traditionnelle. Il faut un peu de temps pour que la première page de la suivante fasse son impression : des cases où l'artiste semble s'être laissé guider par le trait du pinceau, plutôt que d'avoir cherché à construire ses traits pour une description classique. Avec la septième histoire, l'évidence saute aux yeux : trois pages avec presque uniquement des visages de femmes en gros plans. Dans l'histoire suivante, l'essai se trouve dans les phylactères : chacun des deux personnages prononcent leur dialogue à haute voix, et le lecteur peut lire le fond de leur pensée qu'ils n'osent pas formuler dans un autre phylactère avec une bordure différente, écrit dans une graphie manuscrite. Dans la dernière histoire, Baudoin intègre vingt-quatre pages constituant le patron d'une proposition pour un éditeur de manga, parfaitement lisibles, ainsi que les trois pages de Passe le temps, une histoire publiée par l'éditeur Futuropolis en 1982, racontant la même anecdote avec des variations.
Ces cases aux traits bruts avec du texte peuvent rebuter un instant le lecteur. Puis, il commence la première histoire : localisation totalement inattendue, texte très agréable à lire, concis et porteur de l'état d'esprit d'Edmond, et un instant improbable avec ces cris de poule, puis une chanson des Rolling Stones à fond. Deuxième histoire : peut-être que l'auteur a rajouté la chute pour une forme de vengeance morale, mais le moment est bien saisi : cet homme qui insulte une femme, confortablement assis sur le fauteuil de son 4*4. le souvenir du mime : une impression produite en le voyant faire son numéro, un ressenti personnel (un peu de gêne), une sensation qui évolue avec le temps qui passe. le malaise provoqué par l'affaire Dutroux. le comportement sortant de la normalité, d'un aveugle sur le quai du métro. L'incrédulité de nature très différente chez un jeune homme, et chez la jeune femme qui se retrouvent au lit ensemble. le sentiment de solitude pendant l'acte sexuel. La manière de raconter un souvenir, en fonction de l'inspiration du moment. Autant de sensations, d'émotions fugaces que l'auteur sait faire partager avec naturel et conviction. Indubitablement, Edmond Baudoin sait parler avec le cœur, avec les sentiments pour faire partager son état d'esprit, son expérience de la vie, sur chacun de ces sujets.
Bien évidemment, l'histoire à base de visages de femmes en gros plans transcrit le comportement d'un homme à femmes, ce qui ne représente qu'un petit pourcentage du lectorat de l'auteur. En même temps, chaque lecteur fait ainsi l'expérience d'une fascination pour les visages féminins, pour l'éternel féminin, d'une appétence inextinguible, irraisonnée, jusqu'au constat de l'auteur : il faudrait enfin qu'il accepte l'évidence, il ne pourra pas toutes les aimer. Un ressenti encore du côté de la résignation, pas encore du côté de l'acceptation. le lecteur fait également l'expérience de regarder la réalité par les yeux de l'artiste. Lorsqu'il prend en main la bande dessinée, il considère l'esquisse en quatrième de couverture, pas bien certain de ce qu'elle représente. Après la première histoire, vient une esquisse au pinceau : un homme nu assis sur un tabouret. Entre la deuxième et la troisième, une femme en longue robe noire, en train de danser, représentée à deux moments différents. Il y a ainsi un dessin au pinceau entre chaque histoire, également un moment éphémère capturé par le mouvement du pinceau.
Chroniques de l'éphémère : un titre énigmatique qui ne permet pas de se faire une idée de ce qu'il y a dans cette bande dessinée. Le lecteur découvre douze historiettes, racontées avec un trait de pinceau agile, expressif et concis, des phrases portant toute la personnalité de l'auteur, une histoire illustrée à la plume. À chaque fois, Edmond Baudoin sait offrir toute la spécificité de cet instant éphémère, ainsi que toute son universalité qui parle au lecteur, quelle que soit sa propre personnalité, son propre parcours de vie. Une expérience de l'humanité dans tout ce qu'elle a d'éphémère, mais aussi d'éternel.
En lisant Saga, j'ai été transporté dans un univers sans limites, peuplé de créatures étranges et de mondes en guerre. L'histoire d'amour entre Alana et Marko, deux amants que tout oppose, m'a profondément touché. Leur fuite désespérée pour protéger leur fille, Hazel, m'a tenue en haleine à chaque page.
Les dialogues sont vifs, parfois crus, mais toujours authentiques. J'ai ri, j'ai frissonné, et j'ai même versé une larme. Les personnages, qu'ils soient humains, robots ou extraterrestres, sont complexes et attachants. J'ai aimé les suivre dans leurs aventures, leurs doutes et leurs combats.
Le dessin, bien que déroutant au début, s'est révélé parfaitement adapté à cet univers foisonnant. Les couleurs contrastées ajoutent une dimension visuelle unique. Et puis, cette idée de mélanger space opera et soap opera, c'est tout simplement génial !
Saga est une série qui m'a captivé du début à la fin. Si vous cherchez une BD originale, pleine d'action, d'amour et d'humour, je vous la recommande chaudement.
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Thanos - La Fin de l'univers Marvel
Qu'on me donne l'envie d'avoir envie. - Ce tome regroupe les 6 épisodes de la minisérie parue en 2003. Il contient une histoire complète avec Thanos comme personnage principal. Dès la première page, Thanos soliloque au profit du lecteur sur un fond noir en indiquant que s'il vient de détruire l'univers ce n'est pas pour les raisons que l'on pourrait croire. Il estime que c'était son destin de détruire toute réalité après avoir joué avec le cube cosmique, puis avec le Gant de l'Infini. le récit passe ensuite à l'ascension d'Akhenaten, un pharaon de l'Égypte antique, telle que perçue dans un flash télépathique par Jean Grey. Thor est le premier à percevoir le retour d'Akhenaten depuis Asgard. Puis Silver Surfer découvre les traces destructrices de son passage. Dès son arrivée sur Terre, Akhenaten rassemble les dirigeants de tous les pays pour leur expliquer comment la race humaine va obéir sous son nouveau règne. Doctor Doom (Victor von Doom) commence immédiatement à réfléchir à comment s'accaparer le pouvoir d'Akhenaten. Thanos organise autour de lui une petite équipe de 5 superhéros pour ourdir et mettre en œuvre son propre plan d'action. Jim Starlin a créé le personnage de Thanos qui est apparu pour la première fois dans l'épisode 55 de la série Iron Man en février 1973. Tout au long de la carrière de Jim Starlin chez Marvel Comics, Thanos n'était pas loin, que ce soit contre Captain Marvel, contre Adam Warlock , contre Silver Surfer (1990), dans la saga des Infinity (Le défi de Thanos : le Gant de l'infini en 1991, La guerre de l'infini en 1992, et La Croisade de l'infini en 1993), ou en solo dans Thanos: le gouffre de l'Infini (2002). Cette histoire se déroule peu de temps après Infinity Abyss et elle s'inscrit dans la série des histoires Marvel estampillées The end, telles que Hulk - La fin (Peter David & Dale Keown) ou X-Men - The end (Chris Claremont & Sean Chen). Elle peut donc être considérée dans la continuité ou non, suivant la préférence du lecteur. Une dizaine d'années après Infinity Gauntlet, Jim Starlin semble bien parti pour retrouver ses mêmes thèmes de prédilection et ses mêmes tics narratifs : une nouvelle menace à l'échelle de la destruction de l'univers, une nouvelle source de pouvoir, Thanos à la position toujours moralement ambiguë et des superhéros en veux-tu en voilà qui ne servent à rien. Eh bien oui, la tripotée de superhéros qui apparaissent sporadiquement ne sert qu'à montrer à quel point ils sont inefficaces contre la menace d'Akhenaten. Starlin redonne le même rôle à Doctor Doom : essayer de barboter la source de pouvoir pour son propre usage, au nez et à la barbe de tout le monde. Les entités cosmiques (Eternity, Lord Chaos, Master Order et les autres) font office de figurants de luxe ; il ne manque qu'Uatu à l'appel. Effectivement, Starlin dévoile une autre menace derrière celle d'Akhenaten. Rien ne semble avoir changé depuis Infinity Gauntlet et ses suites. Et pourtant Adam Warlock n'a droit qu'à trois ou quatre répliques ; le centre du récit s'est déplacé de Warlock vers Thanos de manière drastique. Les 6 épisodes sont dessinés par Jim Starlin, et encrés par Al Milgrom, avec qui il a déjà collaboré à plusieurs reprises (ils ont même pris l'habitude de cosigner sous le nom de Gemini). Milgrom effectue un travail soigné, appliqué et méticuleux, qui met bien en valeur la finesse des détails de Starlin. Il emploie toutefois un trait légèrement plus épais que celui de Starlin, le lecteur amoureux de Starlin notera une petite perte de finesse. Starlin se permet de s'affranchir des décors dans 2 types de situations. La première correspond à Thanos s'adressant à un auditeur invisible sur fond noir ; elle est pleinement justifiée et l'absence de décors constitue un élément important de la narration. La deuxième correspond aux scènes dans une dimension mystique où Christie Scheele (responsable des couleurs) et Starlin jouent avec l'infographie pour établir des camaïeux de couleurs avec des formes géométriques en lieu et place d'un décor en bonne et due forme. le résultat n'est pas très convaincant car il ressemble à une utilisation basique des capacités d'un logiciel de dessin peu sophistiqué. Malgré ce défaut, il est évident que le projet tenait à cœur de Starlin vu le temps qu'il a passé pour arriver à ce niveau de détails sur les personnages et les décors (dans les autres scènes). Il s'est appliqué à reproduire l'apparence de chaque superhéros conformément aux comics de l'époque (il y a parfois des costumes bizarres, et même 2 ou 3 personnages que je n'ai pas su reconnaître). La mise en page repose sur des cases bien rectangulaires dont le nombre varie de 9 par page, à quelques illustrations en double page pour accentuer une foule ou une action déterminante. le conseil des dieux de différents panthéons fait ressortir à quel point les costumes sont dessinés dans le moindre détail. L'apparence moderne d'Akhenaten fait preuve d'originalité. Il y a un gros travail sur les textures de matériaux qu'il s'agisse de pierres ou de rideaux. La mise en scène des combats est intelligente dans la mesure où le lecteur peut retracer les mouvements de chaque protagoniste. Et Starlin organise de jolis mouvements de caméras dans les séquences les plus longues. Finalement le lecteur constate que Jim Starlin (et Al Milgrom) a investi beaucoup de temps dans l'illustration de cette histoire, pour aboutir à un aspect visuel descriptif immersif quels que soient les localisations, les personnages et les actions. À un premier niveau de lecture, les agissements de Thanos reprennent la structure de la série des crossovers estampillés Infinity, sans tomber dans la parodie, en innovant sur ces schémas, et en tenant les promesses du titre et de la première page : la fin de l'univers. le fan de Starlin reconnaîtra également dans le personnage d'Akhenaten, le retour de motifs utilisés dans l'Odyssée de la Métamorphose. le résultat est savoureux, intriguant et suffisamment imaginatif pour maintenir le suspense jusqu'au bout. Et comme dans les crossovers Infinity, Jim Starlin inclut un ou deux métacommentaires dans son récit. le premier apparaît quand Thanos finit par se trouver en situation de détruire l'univers (et ce n'est pas que le pouvoir absolu corrompt absolument). Je vous laisse la surprise de découvrir le deuxième métacommentaire, très ironique, à destination des lecteurs de comics de superhéros et des éditeurs Marvel et DC. The end est donc à ranger parmi les meilleurs récits cosmiques de Jim Starlin, où il reprend une structure qu'il maîtrise pour y inclure des éléments novateurs et aboutir à une fable efficace, à plusieurs niveaux de lecture. Après ce récit, Jim Starlin a débuté une série mensuelle consacrée à Thanos dont les premiers épisodes sont réunis dans Thanos rédemption (2003).
Lone Wolf & Cub
Posons les bases: 1972, ce manga date de 1972. Comment est-on passé de manga de sabre où on avait la vraie vie de samouraï avec des personnages bien écrits (on a quand même la prouesse ici de faire vivre un personnage de 3 ans quasiment muet dans un monde bien trop violent pour lui avec justesse), une violence bien dosée, et un dessin inventif, à des récits creux uniquement basés sur la surenchère de bagarre et aucun enjeux? Bref vous l'aurez compris j'ai adoré.
Blast
Je ne m'attendais à rien en lisant cette BD, j'ai mangé les 4 tomes en 1 seule nuit et je n'ai pas touché à un autre livre avant une quatrième relecture. J'ai été dans la tête de Polza du début à la fin, j'ai été porté par sa vie tout du long de ces 4 lectures, et au final je pense qu'on a tous un Polza en nous qui attend qu'on l'aide pour ne pas sombrer dans l'entre tombe de Blast. C'est à lire, relire et rererelire.
Je suis au-delà de la mort !
Très belle BD. J'étais sceptique au départ à cause du style de dessin que je trouvais trop enfantin, ça me rappelle Mario^^. Finalement, je m'y suis habitué. Les émotions sont bien retranscrites, de manière simple mais efficace. Et la colorisation est vraiment bien. J'ai beaucoup aimé le personnage secondaire, qui m'a fait sourire à plusieurs reprises. Côté scénario même si certaines grandes lignes sont prévisibles, on prend plaisir à poursuivre la lecture. L'auteur, qui est infirmier, nous raconte l'histoire touchante d'une personne pleine de vie et de projets qui apprend qu'elle a un cancer. Il est particulièrement bien placé pour raconter cette histoire, et il le fait avec brio, trouvant un bon équilibre entre les moments amusants et émouvants. Bien que le schéma narratif soit classique et quelque peu prévisible, je trouve qu'il est parfaitement maîtrisé. C'est ce qui m'a poussé à continuer ma lecture avec plaisir. Le nombre conséquent de pages est très appréciable, permettant de savourer l'histoire tranquillement, comme un bon film. J'ai failli lâcher une larme, il a réussi à me faire passer par tous types d'émotions tout au long de ma lecture, et rien que pour ça, cela mérite une belle note qui se démarque des autres. Une BD à avoir dans sa bibliothèque sans hésiter.
Cosmic Ghost Rider
C'est l'histoire de Thanos et de Francis Castle qui… - Ce tome contient la minisérie consacrée au personnage apparu pour la première fois dans l'épisode 13 de la série Thanos écrit par Donny Cates, qu'il vaut mieux avoir lu avant. Il s'agit d'une version alternative de Frank Castle, prenant sa source sur la Terre TR66. Il comprend les 5 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2018, écrits par Donny Cates, dessinés et encrés par Dylan Burnett, et mis en couleurs par Antonio Fabela. Il comprend également le numéro 1 de Thanos Legacy (2018), également écrit par Donny Cates, dessiné et encré par Brian Level, avec une mise en couleurs de Jordan Boyd. Les couvertures ont été réalisées par Geoff Shaw. le tome contient également les couvertures alternatives réalisées par Mark Brooks, Mike Deodato junior, Stephanie Hans, J. Scott Campbell, Ron Lim, Gerardo Zaffino, Declan Shalvey, Ivan Shavrin (*2), Jamal Campbell, Superlog (*3). Francis Castle a été un soldat au Vietnam. Il a vu sa famille mourir dans une guerre des gangs. Il a mené une guerre contre les gangs. Il est mort, tué par Thanos. Il a fini en enfer, d'où il est revenu en tant qu'Esprit de la Vengeance. Il a affronté Galactus, Thanos, et il est mort à plusieurs reprises. Francis Castle coule des jours paisibles au Valhalla, tout en restant ombrageux, et en n'hésitant à remettre à leur place les dieux qui ne lui reviennent pas. Dernier dieu en date à s'être fait castagner par Castle : Koldaxe. Castle s'est isolé sur une pente herbue d'où il admire Bifrost, en terminant sa bière. Odin vient le trouver pour essayer de comprendre pourquoi Castle ne peut pas bien se tenir. Ce dernier lui explique qu'il ne peut pas accepter la récompense du Valhalla. Odin lui indique qu'il a le pouvoir de lui rendre ses pouvoirs et de le réinsérer dans le monde normal à l'endroit et à l'époque de son choix. Francis Castle prend le casque du Ghost Rider dans ses mains, et il est possédé sur le champ par l'esprit de la vengeance, retrouvant son apparence de Ghost Rider, avec crâne enflammé et sa personnalité troublée d'individu possédé. Conformément à sa promesse, Odin envoie Castle à l'endroit et au moment où il l'a demandé : sur Titan (une lune de Saturne). Cosmic Ghost Rider se rend directement dans la chambre de Thanos, encore enfant. Il dégaine son arme et s'apprête à tuer l'enfant de sang-froid. Castle se rend compte qu'il est incapable d'abattre un enfant à bout portant, même Thanos, parce que rien ne dit que cet enfant ne pourra pas dévier de son destin, de celui des autres lui-même dans d'autres réalités. Il n'a donc qu'une seule solution : prendre Thanos sous sa responsabilité et lui prodiguer une éducation de telle sorte à ce que Thanos ne devienne pas un dictateur meurtrier en masse. Avec sa reprise de Doctor Strange fin 2017 et de Thanos début 2018, Donny Cates devient un scénariste providentiel pour Marvel, capable d'insuffler un regain d'intérêt dans les personnages qu'on lui confie, et de faire du neuf. Au vu de l'accueil très positif de Cosmic Ghost Rider dans la série Thanos, les responsables éditoriaux lui commandent une minisérie sur le personnage, avant de l'intégrer dans la série Guardians of the Galaxy, les 2 écrites par Donny Cates. le lecteur se rend bien compte qu'il s'agit d'un personnage dérivatif dont les aventures se déroulent dans une autre dimension que celle de la Terre 616, sans conséquence sur la continuité ou sur l'ordre de l'univers partagé Marvel. Ce ne peut donc être qu'une histoire de divertissement, avec peut-être des idées dedans. Son horizon d'attente ainsi fixé, il a quand même du mal à résister à la curiosité de voir ce que peut donner la motivation obsessionnelle de Frank (ici Francis) Castle, avec les pouvoirs de Ghost Rider, s'en prenant au massacreur ultime qu'est Thanos. Il espère bien que le scénariste utilise la richesse de l'univers partagé Marvel, tout en ne ressassant pas les mêmes intrigues, et mettant à profit la liberté que lui donne l'environnement d'un univers parallèle. C'est exactement ce que fait Donny Cates, avec la volonté d'en donner pour argent au lecteur. Alors que ce dernier peut supposer que le scénariste se lance dans une variation sur Ogami Itt? et son fils Daigoro dans Lone Wolf & Cub, Cates emmène vite le scénario vers d'autres configurations. de la même manière, en voyant arriver Galactus, le lecteur se dit que le récit est parti pour une énième dévoration de planète, et là encore la situation évolue rapidement et est réglée en 1 épisode. le lecteur a compris que Cates utilise effectivement les ressources de l'univers partagé Marvel, sans devoir être corseté par le carcan de la continuité car il est dans un univers parallèle, sans limite, mais sans non plus transformer son récit en un catalogue de superhéros et supercriminels en lieu et place d'un scénario en bonne et due forme. le scénariste n'hésite pas à s'amuser avec des personnages improbables comme l'amalgame d'Howard le canard et du Juggernaut, conférant un bon niveau de divertissement sans prétention à l'ensemble. Dans le même temps, l'intrigue reste focalisée sur le but que s'est fixé Cosmic Ghost Rider : changer le destin de Thanos, ou tout du moins voir si Thanos est condamné à devenir le génocidaire ultime. Dylan Burnett est un jeune artiste qui dessine dans un registre représentatif comme la majorité des dessinateurs de comics, avec un bon degré de détails dans la description. Il sait doser le niveau d'éléments représentés dans chaque case pour un maximum d'efficacité. Au fil des différentes séquences, le lecteur peut voir les feuilles de la végétation de la jungle, les arbres de Central Park, le pont Bifröst zébrant l'espace, les étranges façades de Titan, le bar dans lequel Cosmic Ghost Rider va descendre quelques verres en attendant Galani; les champs parsemés d'éolienne dans un monde en paix, etc. Dans le même temps, Dylan Burnett est d'une rare efficacité pour s'économiser et ne pas dessiner les décors quand il le peut. L'épisode 3 constitue un cas d'école, tellement il est exemplaire : 20 pages sans décor, si ce n'est un immeuble détruit et quelques sols déformés par les impacts. Il s'agit donc d'un affrontement épique entre Cosmic Ghost Rider et de nombreux superhéros qui l'assaillent successivement. L'artiste s'en donne à cœur joie pour montrer les coups portés, les décharges d'énergie, les corps éventrés, les costumes improbables de superhéros. le lecteur peut très bien ne pas s'apercevoir qu'il n'y a pas de décor tellement ça pète de partout, les personnages sont baroques, les énergies crépitent. Les dessins sont très complétés et nourris par une mise en couleur riche et vive, une grande réussite. Dylan Burnet & Antonio Fabela réussissent à montrer une bataille épique, visuellement intéressante du début à la fin, malgré l'absence de décor, et sans recourir à une chorégraphie millimétrée. En outre, le lecteur sort de cet épisode avec le sourire aux lèvres, car le dessinateur n'hésite pas à user de la licence artistique pour exagérer les coups portés, les expressions des visages, la destruction. Effectivement, les dessins sont en phase avec la tonalité du scénario, sérieux, violents, avec un humour pince-sans-rire qui fait mouche. Il embrasse toute la démesure de ce cavalier sur une moto de l'espace, avec une tête enflammée, ainsi que le caractère improbable d'une enfant violet avec un goût pour la violence, ou encore le côté métaphorique d'un individu géant qui mange des planètes. Cosmic Ghost Rider utilise une chaîne enflammée de plusieurs centaines de mètres de long, mais aussi des armes à feu, sans parler de sa capacité à projeter du feu de l'enfer. Quel spectacle pyrotechnique à la fois premier degré (il faut voir l'état de ses adversaires), à la fois ridicule dans la surenchère (pourquoi aurait-il besoin d'armes à feu en plus du reste ?). Quand Cosmic Ghost Rider retire son casque et reprend des traits humains, le lecteur peut voir le visage d'un homme âgé (> 50 ans) aux cheveux blancs, manquant d'assurance quant à la réalité de ce qu'il vit. Les mimiques de Thanos enfant sont irrésistibles. le lecteur apprécie d'autant plus cette expressivité que Donny Cates ne se contente pas d'une intrigue échevelée et loufoque, il brosse le portrait assez émouvant de Francis Castle, toujours accablé par la culpabilité de la mort de sa femme et de ses enfants, à l'équilibre mental fragile du fait de sa possession par un démon. En découvrant l'existence de cette minisérie, le lecteur espère y trouver un récit loufoque et endiablé. Il est comblé au-delà de ses espérances, à la fois par le scénario et par les dessins qui tirent le meilleur parti possible de la richesse de l'univers partagé Marvel, de l'absence de contrainte de continuité, par des scènes d'action spectaculaires, avec quelques moments d'humour, avec une utilisation très directe et perspicace des voyages dans le temps, et par un personnage principal tragique à sa manière. 5 étoiles. - Thanos Legacy 1 (20 pages) - Thanos est assis sur son trône et s'interroge sur ce qu'il léguera à l'univers, à la manière dont ses actes seront jugés. Mais il doit encore affronter un dernier adversaire. Donny Cates utilise cet épisode pour s'interroger sur le testament de Thanos, mais surtout pour boucler quelques intrigues secondaires en suspens et expliquer le sort final du personnage. le lecteur qui n'a pas suivi la dernière série Thanos risque d'être un peu perdu, et pas entièrement convaincu par les cartouches de texte du narrateur omniscient, manquant soit de cynisme, soit d'emphase. Brian Level se montre plus convaincant, mais pas aussi truculent que Dylan Burnett. La dernière page montre clairement qu'il s'agit d'une forme de prologue à une autre histoire, celle à venir dans la série Gardians of the Galaxy écrite par Donny Cates.
Le Shaolin Cowboy
Pour ceux qui connaissent ce dessinateur, il est incontournable dans le monde de la BD. Il est notamment passé en France pour bosser un temps avec Moebius qu'il avait rencontré sur le tournage de Tron. Il a également travaillé sur le storyboard de Matrix. Il a le style graphique le plus fouillé que je n'ai jamais vu. Chaque case fourmille de détail : c'est complètement hors norme. Vous pouvez passer 10 minutes par dessin pour essayer tout voir. Par contre, le scenario est souvent maladroit et n'est que prétexte pour admirer le style de Geof. J'aimerais qu'un scénariste de renom collabore avec lui pour claquer un masterpiece total !
Le Chef de Nobunaga
Pour moi l'un des meilleurs mangas que j'ai eu à lire. Dedans il y a de tout, mais en plus c'est cohérent et passionnant. On s'attache facilement aux personnages et on a toujours envie de lire le tome suivant. L'un des gros points forts c'est également le dessin, il a beau être très détaillé, il reste également très lisible.
Vinland Saga
Désolé, mais je trouve incompréhensible qu'une série soit jugée si sévèrement après seulement deux tomes (d'ailleurs, quel intérêt de critiquer une série de 25 tomes après en avoir lu seulement 2 ?). Pour ma part, je suis obligé de donner 5 étoiles à cette série tant elle m'a bouleversé. C'est le premier manga de ma vie qui m'a fait verser une larme. Une grosse claque ! La force de ce manga réside dans l'évolution de son personnage principal. S'arrêter à sa jeunesse serait une grave erreur. C'est une œuvre très bien construite, et il faut la lire comme le parcours d'un enfant perturbé jusqu'à sa délivrance. L'auteur pose les bases, prend son temps, et arriver au 25eme tomes, on se rend compte que c'était magnifiquement bien orchestré. La dernière partie du manga semble presque appartenir à une autre œuvre, tant le ton change radicalement, et c'est pour le meilleur. Je vous la recommande vivement, surtout si vous traversez une période de votre vie où vous êtes en quête de sagesse, capable de remise en question, et avez une vision utopique. Ce manga sera alors un véritable bol d'air frais pour votre esprit. Cependant, il faudra d'abord affronter ses démons pour en apprécier toute la beauté.
Chroniques de l'éphémère
C'est toujours un peu vrai mes histoires. - Ce tome constitue une anthologie de douze histoires courtes réalisées par Edmond Baudoin en noir & blanc. Elles sont initialement parues dans le magazine de bande dessinée et de culture, appelé Jade, publié par les éditions 6 Pieds sous terre depuis 1991. le présent recueil est paru en 1999. Beyrouth, quatre pages : Edmond Baudoin effectue un séjour dans une zone militarisée de Beyrouth. Il y a des hommes qui en tuent d'autres. C'est tout près de la place des canons. La ligne verte. Une espèce de long terrain vague qui coupait la ville en deux. Il se fait la réflexion que ce pourrait être le décor d'un film d'anticipation, à ceci près qu'il n'y a pas de bande originale. Il entend des poules : un soldat lui explique ce qu'il en retourne. Justice immanente, quatre pages : dans la rue par un matin de ciel gris, vraiment gris, Edmond sort pour se rendre au café en bas de chez lui, passant par la boulangerie avant pour s'acheter un pain aux raisins. Il voit un homme au volant d'un gros quatre-quatre en train de traiter une femme de prostituée, lui reprocher que tout ce qui l'intéresse, c'est de tortiller son derrière jusqu'à quatre heures du matin dans une boîte, et de se faire prendre par derrière par le premier venu. le mime, quatre pages : c'est un mime un peu minable. Il est grimé comme Charlot, de la poudre blanche sur le visage, debout sur un tabouret… Peut-être une caisse. Edmond ne se souvient plus. À ses pieds, un lecteur de cassettes diffuse inlassablement les musiques des films de Chaplin. Edmond ne sait pas combien d'années il l'a vu, au coin de la place Saint Germain, en face des Deux Magots, tout près de la station de métro. À force de persévérance, les années passant, cet homme est devenu indispensable à ce morceau de trottoir. Il avait autant d'importance pour la poésie de Paris, qu'une statue, un monument, un jardin. Il était peut-être autant photographié que le Danton de pierre deux cents mètres plus loin. Et puis Edmond ne l'a plus vu. Malaise avec une petite fille, deux pages : à Nice en août 1996, Edmond n'a pas trop le moral. Alors il voyage. Il s'en va vers le Nord, la Suisse, l'Allemagne, la Belgique. À Bruxelles, il loge chez des amis. L'affaire Dutroux donne une teinte livide à cette fin d'été. Son moral ne grimpe pas. Comment est-ce foutu à l'intérieur de certains cerveaux ? Sur le quai du métro, quatre pages : Edmond attend le métro avec une copine. Un aveugle arrive sondant devant lui avec sa canne blanche. Soudain il la brandit en l'air et il la jette sur la voie. Un jeune homme descend pour aller la chercher. En terrasse, quatre pages : deux jeunes demoiselles papotent assises en terrasse. Un jeune homme s'approche d'elle, leur déclarant que sa mère l'a abandonné à la table d'à côté, et leur demandant si elles veulent bien l'adopter. Les aimer toutes, trois pages : trente-et-un visages de demoiselle en gros plan, suivi de vingt-huit autres sur la page suivante, et d'une case avec le bassin dénudée d'une autre, et une case avec une jeune femme ayant dénudé la partie droite de son corps. Edmond Baudoin est né en 1942 à Nice. Sa carrière de bédéiste a commencé en 1981, avec la publication de ses premières œuvres par l'éditeur Futuropolis à compter de 1981. Il a reçu l'Alph-Art du meilleur album, pour Couma acò, en 1992. le lecteur ne sait pas sur quoi il va tomber en entamant le présent album. Il comprend rapidement qu'il s'agit d'une collection d'histoires courtes, toutes racontées à la première personne. Dans la dernière, l'auteur explique à sa compagne du moment que c'est toujours un peu vrai ses histoires. Il ne raconte pas tout, il fait de petits arrangements. le lecteur n'a pas de raison de mettre en doute sa parole, et il accepte que chaque petite histoire se soit bien produite, et que Edmond Baudoin en a été l'acteur ou le spectateur. Les six premières correspondent à une situation de la vie quotidienne (ou presque en ce qui concerne son séjour à Beyrouth), la seconde moitié concerne les relations amoureuses, avec un rapport physique. S'il a déjà lu une bande dessinée en noir & blanc de cet auteur, le lecteur identifie immédiatement ses caractéristiques. Les formes sont détourées avec un trait parfois charbonneux, souvent gras, avec un rendu à la fois spontané et esquissé, mais aussi précis et attestant d'un regard personnel sur les êtres humains et les environnements. Il retrouve également la propension de l'auteur à raconter l'histoire dans un texte qui court en bas des cases, ces dernières montrant ce qu'il dit, ou bien mettant en scène les actions des personnages alors qu'ils sont en train de parler. Dans le même temps, le lecteur voit que l'artiste expérimente en toute discrétion. La raison d'être d'une histoire ne réside pas dans le fait de lui servir de support pour essayer une technique de dessin, ou mettre à l'épreuve une mise en page, ce qui fait que le lecteur peut très bien ne pas prendre conscience de ce fait. S'il prend un peu de recul, cela devient une évidence. La première histoire est racontée sous la forme de quatre pages, contenant chacune trois cases de la largeur de la page. Dans la deuxième histoire, l'artiste semble avoir abandonné le pinceau au profit de la plume, ce qui donne un aspect plus griffé à ses dessins. Dans la quatrième, il n'y a aucun dialogue, aucun cartouche de texte, mais des dessins de la largeur de la page avec une bordure, et un texte qui court en dessous sans bordure. La mise en page de la suivante surprend le lecteur : des cases alignées en bande, avec des phylactères pour les personnages, une forme très traditionnelle. Il faut un peu de temps pour que la première page de la suivante fasse son impression : des cases où l'artiste semble s'être laissé guider par le trait du pinceau, plutôt que d'avoir cherché à construire ses traits pour une description classique. Avec la septième histoire, l'évidence saute aux yeux : trois pages avec presque uniquement des visages de femmes en gros plans. Dans l'histoire suivante, l'essai se trouve dans les phylactères : chacun des deux personnages prononcent leur dialogue à haute voix, et le lecteur peut lire le fond de leur pensée qu'ils n'osent pas formuler dans un autre phylactère avec une bordure différente, écrit dans une graphie manuscrite. Dans la dernière histoire, Baudoin intègre vingt-quatre pages constituant le patron d'une proposition pour un éditeur de manga, parfaitement lisibles, ainsi que les trois pages de Passe le temps, une histoire publiée par l'éditeur Futuropolis en 1982, racontant la même anecdote avec des variations. Ces cases aux traits bruts avec du texte peuvent rebuter un instant le lecteur. Puis, il commence la première histoire : localisation totalement inattendue, texte très agréable à lire, concis et porteur de l'état d'esprit d'Edmond, et un instant improbable avec ces cris de poule, puis une chanson des Rolling Stones à fond. Deuxième histoire : peut-être que l'auteur a rajouté la chute pour une forme de vengeance morale, mais le moment est bien saisi : cet homme qui insulte une femme, confortablement assis sur le fauteuil de son 4*4. le souvenir du mime : une impression produite en le voyant faire son numéro, un ressenti personnel (un peu de gêne), une sensation qui évolue avec le temps qui passe. le malaise provoqué par l'affaire Dutroux. le comportement sortant de la normalité, d'un aveugle sur le quai du métro. L'incrédulité de nature très différente chez un jeune homme, et chez la jeune femme qui se retrouvent au lit ensemble. le sentiment de solitude pendant l'acte sexuel. La manière de raconter un souvenir, en fonction de l'inspiration du moment. Autant de sensations, d'émotions fugaces que l'auteur sait faire partager avec naturel et conviction. Indubitablement, Edmond Baudoin sait parler avec le cœur, avec les sentiments pour faire partager son état d'esprit, son expérience de la vie, sur chacun de ces sujets. Bien évidemment, l'histoire à base de visages de femmes en gros plans transcrit le comportement d'un homme à femmes, ce qui ne représente qu'un petit pourcentage du lectorat de l'auteur. En même temps, chaque lecteur fait ainsi l'expérience d'une fascination pour les visages féminins, pour l'éternel féminin, d'une appétence inextinguible, irraisonnée, jusqu'au constat de l'auteur : il faudrait enfin qu'il accepte l'évidence, il ne pourra pas toutes les aimer. Un ressenti encore du côté de la résignation, pas encore du côté de l'acceptation. le lecteur fait également l'expérience de regarder la réalité par les yeux de l'artiste. Lorsqu'il prend en main la bande dessinée, il considère l'esquisse en quatrième de couverture, pas bien certain de ce qu'elle représente. Après la première histoire, vient une esquisse au pinceau : un homme nu assis sur un tabouret. Entre la deuxième et la troisième, une femme en longue robe noire, en train de danser, représentée à deux moments différents. Il y a ainsi un dessin au pinceau entre chaque histoire, également un moment éphémère capturé par le mouvement du pinceau. Chroniques de l'éphémère : un titre énigmatique qui ne permet pas de se faire une idée de ce qu'il y a dans cette bande dessinée. Le lecteur découvre douze historiettes, racontées avec un trait de pinceau agile, expressif et concis, des phrases portant toute la personnalité de l'auteur, une histoire illustrée à la plume. À chaque fois, Edmond Baudoin sait offrir toute la spécificité de cet instant éphémère, ainsi que toute son universalité qui parle au lecteur, quelle que soit sa propre personnalité, son propre parcours de vie. Une expérience de l'humanité dans tout ce qu'elle a d'éphémère, mais aussi d'éternel.
Saga
En lisant Saga, j'ai été transporté dans un univers sans limites, peuplé de créatures étranges et de mondes en guerre. L'histoire d'amour entre Alana et Marko, deux amants que tout oppose, m'a profondément touché. Leur fuite désespérée pour protéger leur fille, Hazel, m'a tenue en haleine à chaque page. Les dialogues sont vifs, parfois crus, mais toujours authentiques. J'ai ri, j'ai frissonné, et j'ai même versé une larme. Les personnages, qu'ils soient humains, robots ou extraterrestres, sont complexes et attachants. J'ai aimé les suivre dans leurs aventures, leurs doutes et leurs combats. Le dessin, bien que déroutant au début, s'est révélé parfaitement adapté à cet univers foisonnant. Les couleurs contrastées ajoutent une dimension visuelle unique. Et puis, cette idée de mélanger space opera et soap opera, c'est tout simplement génial ! Saga est une série qui m'a captivé du début à la fin. Si vous cherchez une BD originale, pleine d'action, d'amour et d'humour, je vous la recommande chaudement.