Me voilà assez satisfait de pouvoir donner le deuxième avis de ce one-shot qui, à en croire mon prédécesseur, vaudrait pleinement le détour…
Si personnellement je ne vais pas attribuer la note ultime, je dois vraiment admettre que cet album est d’excellente qualité et mérite une bonne place dans la bibliothèque!
Décidément, la collection Rivages/Casterman/Noir devient synonyme de qualité.
L’histoire est l’atout principal ; normal me direz-vous, ce n’est jamais qu’une adaptation d’un roman qui a eu son succès. Certes, mais encore fallait-il sortir une adaptation de cette trempe ! La tension est présente, l’enquête en milieu hostile est prenante, l’intrigue chiffrée est séduisante.
Le style graphique est réaliste, proche selon moi de la signature Ponzio (Le Complexe du chimpanzé, Genetiks). La coloration est bien adaptée à l’ambiance générale du récit. C’est donc très correct, sans être exceptionnel.
Bref, pour le prix demandé (16 €), vous n’êtes absolument pas volés, ni en quantité, ni en qualité !
Imaginez… quelques notes de « l’homme à l’harmonica » titillent vos oreilles, les vrillent bientôt. Le vent, le sable, la chaleur s’insinuent dans votre esprit. La musique enfle, gonfle ses notes et vous emmène là où les auteurs souhaitent vous rencontrer : dans « il était une (autre) fois dans l’ Ouest ».
Le scénario ?… une ville de ce vieil Ouest sauvage, un shérif aux méthodes radicales qui en ont fait une sorte de légende, un rien de sexe, de la violence et –surtout- un inconnu qui y débarque en traînant deux cadavres. Seulement voilà : l’homme dit s’appeler Jedediah Cooper, comme le nom inscrit sur la tombe du dernier homme qui avait osé défier le shérif… alors : « résurrection » ?.. ou ?…
Je m’attendais à quelque chose d’explosif. En réalité, il s’agit plutôt –et c’est ce qui en fait sa force- d’un western intimiste où l’image « parle » souvent plus qu’un texte. Cette ville d’ailleurs est une sorte de personnage à part entière. Elle respire et vit, tirant sa substance de ce que devait être l’Ouest de la fin des années 1800. Ce western tire aussi sa force visuelle par une colorisation aux tons « crépusculaires » qui préfigure elle aussi cette sorte de « fin du temps des cow-boys ».
Au dessin ?… Guérineau (Le chant des Stryges) montre ici –et de quelle façon- une autre facette de son talent. Jouant des archétypes du genre, il distille la tension, joue sur les regards des intervenants, effectue des cadrages serrés… un peu comme ces « spaghetti westerns » qui me sont chers. A sa façon, Guérineau fait « sentir » ses pages, balance des silences qui sont d’autant efficaces.
Un grand western ?.. sûrement. Un « autre » western ?… aussi. Un scénario ciselé, efficace, diabolique dans sa construction se marie avec un dessin somptueux par moments. Histoire, dessin, couleurs : une excellente alchimie des trois genres pour un tome vraiment captivant.
Question manga, en France, on n’en fait pas des masses, mais ça se développe. Et les auteurs de sentaï school nous montrent très clairement ici que, quand même, faut pas déconner, on est capable de quelque chose en matière de manga. On a donc un scénario de base tout simple, sur lequel s'appuient tout un tas d'histoires, reliées ou non entre elles, à savoir, un groupe d'élèves hyper-motivés intègrent une école de héros avec l'intention ferme de devenir LES meilleurs.
On trouve donc un humour tout simplement génial, le petit détail au fond de la case qui te fait éclater de rire, et des allusions à d'autres séries, anciennes ou récentes, allant de "pokémon" à "Hannibal lecter", en passant par "la petite maison dans la prairie" et "Saint Seya".
D'accord, il faut un minimum de culture manga pour tout saisir, mais pas grand chose, et le dessin excellent fait tout pour nous faciliter la tâche.
Pour tout amateur de parodies et curieux !
Comment dire : en tant que guide sur le vin, je mettrais 5/5. C'est drôle, pédagogique, innovant, surprenant. Je n'avais jamais vu personne dire d'un vin qu'il ressemble à un concert de Queen, à l'Angélus de Millet ou à la danse de Salomé. Ca donne une envie irrésistible de courir s'inscrire aux cours du Savour Club le plus proche ou de s'offrir un WE découverte-dégustation à Vosne-Romanée (le terroir de prédilection des auteurs, apparemment...).
Notre bon vieux pinard vu par les yeux amoureux de buveurs de thé nourris au zen et au bûshido paraît d'un rafraîchissant exotisme.
En tant que BD, c'est très bien aussi, mais plus classique. Une quête à la Dan Brown, en moins mystique. La galerie de personnages et les nombreuses intrigues secondaires courtes offrent une réjouissante variété qui permet d'avaler comme un roman ce copieux cours d'oenologie.
La facilité des mangaka à passer en une case du style 'Albator' au style 'Dragon Ball' surprend mais fait sourire.
La classification des personnages selon leur type physique laisse plus songeur : visage caucasoïde, yeux larges, cheveux clairs pour les héros, visage mongoloïde, yeux bridés, cheveux noirs pour les personnages secondaires...
Boulet est devenu, avec Lewis Trondheim ou M. le Chien, l'une des figures de proue du blog BD, nouvelle forme de publication en feuilleton à mon avis promise à un grand avenir. Il s'agit ici, classiquement, d'un journal intime un peu romancé, où la vie intérieure de l'auteur joue un rôle central. Classiquement, parce que tous les jeunes auteurs qui se lancent sur ce nouveau support, proches par l'âge et le parcours de formation, se connaissent, se lisent, se copient et fatalement, se ressemblent un peu...
De blog un peu nombriliste et adolescent au début, où l'on raconte sa petite vie à ses copains qui la connaissent déjà, Boulet est passé à une lecture plus distanciée et plus adulte du monde. Potache et 'private joke' au début, son humour a su évoluer vers un second degré réjouissant. Car si une mélancolie à la Manu Larcenet pointe parfois, on rit souvent du sens de l'observation -et de l'autodérision- de Boulet.
Le trait, précis, nerveux, gourmand, derrière lequel on devine une grande maîtrise technique, sert très bien l'univers tolkieno-desprogiens de Boulet.
A suivre !
Tiens ? Une nouvelle parution panini. Une couverture noire sur laquelle se découpent cinq visages patibulaires, comme reliés entre eux par un halo rougeoyant, dirigeant tous leurs regards au même endroit.
Le tout vu en perspective venue du sol. Inutile de dire qu'à la simple vision de cette image on n'a pas très envie d'être la chose qui intéresse ces cinq personnages à ce moment. Quand on lit le résumé inscrit sur le quatrième plat, rien de bien révolutionnaire ne semble se dégager de l'histoire... Pourtant une petite phrase en bas attire l'attention : La bombe que vous tenez entre les mains, c'est le premier volume de la nouvelle série de Garth Ennis et Darick Robertson..
Pour ceux qui l'ignorent, Garth Ennis est celui qui a écrit Preacher. Darick Robertson, celui qui a dessiné Transmetropolitan.
Si je ne connaissais pas déjà la série The Boys cela aurait suffit à me séduire, la connaissant et voyant cet album matérialisé n'a fait qu'accentuer mon envie de le dévorer.
Pour les fan boys, une BD de Garth Ennis est toujours un évènement particulier, on sait que quel que soit le sujet abordé, cela va prêter à la controverse et aux polémiques.
The Boys n'échappe pas à la règle et dès les premières pages Garth frappe fort.
Le scénario s'articule autour d'une idée maintes fois utilisée depuis qu'Alan Moore et Dave Gibbons ont abordé le thème dans Watchmen.
Aux éternelles questions Quelle est la place des Super-Héros dans la société ? Comment la société les perçoit-elles ? Qui nous garde de nos gardiens ?
Nombreux-ont été les éléments de réponse apportés par de nombreux auteurs dans les comics avec plus ou moins de succès artistique. Au tour de Garth Ennis de livrer sa vision et il semble vouloir régler ses comptes avec les Supers, oh je sais il avait déjà abordé frontalement le sujet dans La Pro mais il ne faisait qu'écorner gentiment un mythe, là il semble bien décider à le détruire. Dans le monde des Boys, les gens ayant du pouvoir sont des pourris qui se permettent toutes les exactions, pas un n'est bon, pas même ceux qui sont censés les garder. On peut bien entendu y voir une parabole de notre société, ce n'est certainement pas fortuit.
Libre a chacun de penser qu'Ennis enfonce des portes ouvertes, mais à sa manière Garth Ennis les défonce, son discours est sans compromis, c'est irrévérencieux, graveleux, crade et très amusant, oui, ce scénariste sait faire preuve de beaucoup d'humour. Mention spéciale pour les dialogues très en verve, mais les dialogues d'Ennis sont toujours très bons.
Dès les premières pages ça frappe très fort, avant d'avoir vu la présentation des personnages en entier, le lecteur est plongé dans un bain de folie sanglante.
Le ton est donné, les "Boys" entrent en scène, la galerie de protagonistes est gratinée, ils sont cinq : Billy Butcher : Le chef, Crème : Une armoire à glace très raisonnable, la Fille : Un personnage énigmatique, le Français : Un psychopathe… et surtout P'tit Hughie qui emprunte les traits de Simon Pegg (qui rédige en passant la préface de l'album) et fait office de fil rouge dans cette histoire.
Les références aux séries existantes ou ayant existé pullulent, cela a du gêner DC a tel point que cette série a été interrompue (parue originellement dans la ligne Wildstorm) au bout de six numéros. Depuis Dynamite a pris le relais et la série continue son bonhomme de chemin, récoltant un succès tant critique que commercial qui ne doit pas déplaire à son nouvel éditeur...
Ce premier tome reprenant les six premiers épisodes présente la reconstruction du groupe et leur première aventure. A noter que si l'on a droit à quelques révélations importantes sur les personnages, beaucoup d'éléments demeurent dans l'ombre, comme par exemple les liens sous-jacent entre certains personnages que l'on ne fait que percevoir et qui laissent deviner que l'on n'est pas au bout de nos peines.
Darick Robertson met son talent au service de l'histoire, dessinateur imaginatif il affiche une grande forme sur The Boys, son trait, épais et percutant, se démarque de l'imagerie comics habituelle, ceux qui ont lu Transmet comprendront... Le travail de Robertson rend l'ambiance bien crasseuse, ce qui ne gâte rien.
J'ai été conquis par ce premier tome, même si je doute fort que The Boys fasse l'unanimité. Je suis heureux de voir que Garth Ennis laisse enfin libre court à sa démesure scénaristique, ouf, il était temps.
A lire pour ceux qui cherchent une lecture pêchue, une bonne déconnade ou une nouvelle série bien déjantée.
JJJ
Shutter Island… Quelle excellente découverte que cette adaptation du roman du même nom ! C’est pour compenser l’achat de la "grosse production Desberg" du moment que ma libraire m’a très fortement suggéré l’acquisition de cet excellent thriller.
Tout commence le plus simplement du monde, comme dans la plupart de ce genre d’histoire.
Deux marshals fédéraux se rendent à Shutter Island. Cette île déserte se trouve être une "prison hôpital", lieu de résidence affecté aux déments les plus dangereux. Les 2 hommes y sont envoyés pour y retrouver une patiente qui a vraisemblablement disparu...
Ambiance glauque et oppressante très réussie.
Dessins sombres et verdâtres.
Le parfait huis clos.
Mais pas seulement.
Sur ces bases solides et classiques qui auraient déjà suffi à bâtir une très bonne histoire, viennent se greffer plusieurs idées très originales et inattendues. Effectivement il ne s’agit pas seulement d’une simple enquête : psychologie des personnages "ordinaires" et aliénés très soignée, petite énigme chiffrée, tempête tropicale, participe au charme de ce "thriller en île".
Mais ce qui séduit et étonne le plus c'est :
- La complexité que prend l’histoire au moment où est révélée une des motivations supplémentaires du "héros" à se rendre sur cette île.
- Et, bien sûr, le retournement de situation extrêmement bien pensé et véritablement inattendu à la fin de l’histoire.
Je me suis même surpris à la relire immédiatement pour goûter tous les détails qui m’avaient échappé en première lecture et qui, après la révélation finale, trouvent tout leur sens. La fin est certes déconcertante, mais elle a le mérite de nous laisser une libre interprétation des évènements passés et futurs.
Tiré d'un livre de Dennis Lehane, un de ces auteurs de polars que l'on dévore sans pause, il est normal qu’il y ait de la "matière". Mais pour ma part, même si je n’ai pas lu le livre, je dois avouer que cette adaptation m'a vraiment pris aux tripes.
Gros gros coup de cœur ! !
(19/20)
Quel plaisir, mais quel plaisir de revoir Hermann à son plus haut niveau.
Après un décevant Afrika, Hermann renoue avec l'aventure (avec un A majuscule).
Ses planches sont simplement magnifiques et il a su jouer avec les contrastes pour les couleurs (les scènes de nuit sont tout simplement superbes et la couleur de la mer des Caraïbes nous invite au plongeon...).
Encore une fois, Hermann s'est attaché les talents de son fils (Yves H.) pour nous proposer une histoire de pirates, qui certes ne révolutionnera pas le genre, mais qui est très agréable à lire.
Même si, à son habitude, Yves H. ne nous propose pas un schéma linéaire mais plutôt une galerie de personnages et plusieurs destinées entrelacées, dont on ne sait où il veut nous amener.
Si les pirates ont le vent en poupe au cinéma, comme le souligne Yves H. dans le dossier réservé à l'édition des 20 ans d'Aire libre (limitée à 2500 exemplaires), cela faisait longtemps que je n'avais pas vu une course au trésor aussi réussie en bd. Car tous les canons du genre sont présents (le trésor, un pirate sosie de Barbe noire, les trahisons, le gibet...).
Toujours dans l'édition spéciale des 20 ans d'Aire Libre, que je vous invite à découvrir, des superbes illustrations inédites d'Hermann complètent le récit. En outre, mais je crois que cela a déjà fait l'objet d'une publication antérieure, quelques pages du story board du film Pirates de Roman Polanski, et esquissée par Hermann, nous est proposée.
Alors embarquez sur le "Skull & Bones" pour des aventures qui (avantage de la collection Aire Libre) ne s'éterniseront pas sur une dizaine de volumes mais sur deux opus.
Découverte par hasard en librairie, cette série ne m'inspirait pas au premier regard... Pourtant deux personnes coup sur coup n'en ont dit beaucoup de bien. Je me suis donc laissé tenter, il est vrai que le prix avait un côté rassurant. En effet, 234 pages il me semble, pour 12 euros (12 tomes à 1 euro) c'est plutôt sympa même pour du petit format.
Je précise que j'ai découvert cette série quelques jours après la sortie du dernier tome de la saison 1, j'ai donc pu profiter de l'intégralité de l'intrigue le soir même.
J'ai dévoré cette série. Le premier épisode laisse plutôt sceptique pourtant l'histoire allant, elle se complexifie et rebondit de façon très inattendue.
Les êtres qui composent les personnages sont je crois une première dans la pluralité (animaux, humains, déjà c'est rare... mais y'a pas qu'eux) et cela fonctionne étrangement très bien.
Un gros coup de coeur pour les dessins de l'architecture de la Cité 14 qui sont d'une grande richesse et font ainsi bien ressentir cet univers.
Il s'agit à mon sens de la découverte de l'année, tant sur la forme (à quand la saison deux) que sur la richesse du scénario, la création d'un univers fantastique et pourtant si réel.
N'hésitez pas un seul instant à vous procurer la première saison, seule sortie au moment où j'écris ces lignes.
Je suis un ami du scénariste de Neverland et je tenais à intervenir sur ce forum en toute honnêteté, je veux dire non seulement en me présentant mais en donnant le fond de ma pensée.
Je ne lis pas beaucoup de BD et j'ai acheté aussi Cavales, du même scénariste, dont le scénario est plus stéréotypé. Ici il faut jouer le jeu d'une certaine fantaisie, mais ça paye assez vite : tous les fils se recoupent rapidement et le personnage principal est d'une telle fidélité à lui-même qu'on suit très bien ses décisions. J'ai bien aimé cette volonté de résister à toute forme de violence, du vol supposé de sa plante à l'utilisation de son intervention à la télévision, en passant par son rapport ambigu au groupe de gamins... Il y a de l'utopie dans cette BD, c'est pour ça que j'aime bien le dessin aussi, et le titre...
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Shutter Island
Me voilà assez satisfait de pouvoir donner le deuxième avis de ce one-shot qui, à en croire mon prédécesseur, vaudrait pleinement le détour… Si personnellement je ne vais pas attribuer la note ultime, je dois vraiment admettre que cet album est d’excellente qualité et mérite une bonne place dans la bibliothèque! Décidément, la collection Rivages/Casterman/Noir devient synonyme de qualité. L’histoire est l’atout principal ; normal me direz-vous, ce n’est jamais qu’une adaptation d’un roman qui a eu son succès. Certes, mais encore fallait-il sortir une adaptation de cette trempe ! La tension est présente, l’enquête en milieu hostile est prenante, l’intrigue chiffrée est séduisante. Le style graphique est réaliste, proche selon moi de la signature Ponzio (Le Complexe du chimpanzé, Genetiks). La coloration est bien adaptée à l’ambiance générale du récit. C’est donc très correct, sans être exceptionnel. Bref, pour le prix demandé (16 €), vous n’êtes absolument pas volés, ni en quantité, ni en qualité !
Après la nuit
Imaginez… quelques notes de « l’homme à l’harmonica » titillent vos oreilles, les vrillent bientôt. Le vent, le sable, la chaleur s’insinuent dans votre esprit. La musique enfle, gonfle ses notes et vous emmène là où les auteurs souhaitent vous rencontrer : dans « il était une (autre) fois dans l’ Ouest ». Le scénario ?… une ville de ce vieil Ouest sauvage, un shérif aux méthodes radicales qui en ont fait une sorte de légende, un rien de sexe, de la violence et –surtout- un inconnu qui y débarque en traînant deux cadavres. Seulement voilà : l’homme dit s’appeler Jedediah Cooper, comme le nom inscrit sur la tombe du dernier homme qui avait osé défier le shérif… alors : « résurrection » ?.. ou ?… Je m’attendais à quelque chose d’explosif. En réalité, il s’agit plutôt –et c’est ce qui en fait sa force- d’un western intimiste où l’image « parle » souvent plus qu’un texte. Cette ville d’ailleurs est une sorte de personnage à part entière. Elle respire et vit, tirant sa substance de ce que devait être l’Ouest de la fin des années 1800. Ce western tire aussi sa force visuelle par une colorisation aux tons « crépusculaires » qui préfigure elle aussi cette sorte de « fin du temps des cow-boys ». Au dessin ?… Guérineau (Le chant des Stryges) montre ici –et de quelle façon- une autre facette de son talent. Jouant des archétypes du genre, il distille la tension, joue sur les regards des intervenants, effectue des cadrages serrés… un peu comme ces « spaghetti westerns » qui me sont chers. A sa façon, Guérineau fait « sentir » ses pages, balance des silences qui sont d’autant efficaces. Un grand western ?.. sûrement. Un « autre » western ?… aussi. Un scénario ciselé, efficace, diabolique dans sa construction se marie avec un dessin somptueux par moments. Histoire, dessin, couleurs : une excellente alchimie des trois genres pour un tome vraiment captivant.
Sentaï School
Question manga, en France, on n’en fait pas des masses, mais ça se développe. Et les auteurs de sentaï school nous montrent très clairement ici que, quand même, faut pas déconner, on est capable de quelque chose en matière de manga. On a donc un scénario de base tout simple, sur lequel s'appuient tout un tas d'histoires, reliées ou non entre elles, à savoir, un groupe d'élèves hyper-motivés intègrent une école de héros avec l'intention ferme de devenir LES meilleurs. On trouve donc un humour tout simplement génial, le petit détail au fond de la case qui te fait éclater de rire, et des allusions à d'autres séries, anciennes ou récentes, allant de "pokémon" à "Hannibal lecter", en passant par "la petite maison dans la prairie" et "Saint Seya". D'accord, il faut un minimum de culture manga pour tout saisir, mais pas grand chose, et le dessin excellent fait tout pour nous faciliter la tâche. Pour tout amateur de parodies et curieux !
Les Gouttes de Dieu
Comment dire : en tant que guide sur le vin, je mettrais 5/5. C'est drôle, pédagogique, innovant, surprenant. Je n'avais jamais vu personne dire d'un vin qu'il ressemble à un concert de Queen, à l'Angélus de Millet ou à la danse de Salomé. Ca donne une envie irrésistible de courir s'inscrire aux cours du Savour Club le plus proche ou de s'offrir un WE découverte-dégustation à Vosne-Romanée (le terroir de prédilection des auteurs, apparemment...). Notre bon vieux pinard vu par les yeux amoureux de buveurs de thé nourris au zen et au bûshido paraît d'un rafraîchissant exotisme. En tant que BD, c'est très bien aussi, mais plus classique. Une quête à la Dan Brown, en moins mystique. La galerie de personnages et les nombreuses intrigues secondaires courtes offrent une réjouissante variété qui permet d'avaler comme un roman ce copieux cours d'oenologie. La facilité des mangaka à passer en une case du style 'Albator' au style 'Dragon Ball' surprend mais fait sourire. La classification des personnages selon leur type physique laisse plus songeur : visage caucasoïde, yeux larges, cheveux clairs pour les héros, visage mongoloïde, yeux bridés, cheveux noirs pour les personnages secondaires...
Notes
Boulet est devenu, avec Lewis Trondheim ou M. le Chien, l'une des figures de proue du blog BD, nouvelle forme de publication en feuilleton à mon avis promise à un grand avenir. Il s'agit ici, classiquement, d'un journal intime un peu romancé, où la vie intérieure de l'auteur joue un rôle central. Classiquement, parce que tous les jeunes auteurs qui se lancent sur ce nouveau support, proches par l'âge et le parcours de formation, se connaissent, se lisent, se copient et fatalement, se ressemblent un peu... De blog un peu nombriliste et adolescent au début, où l'on raconte sa petite vie à ses copains qui la connaissent déjà, Boulet est passé à une lecture plus distanciée et plus adulte du monde. Potache et 'private joke' au début, son humour a su évoluer vers un second degré réjouissant. Car si une mélancolie à la Manu Larcenet pointe parfois, on rit souvent du sens de l'observation -et de l'autodérision- de Boulet. Le trait, précis, nerveux, gourmand, derrière lequel on devine une grande maîtrise technique, sert très bien l'univers tolkieno-desprogiens de Boulet. A suivre !
The Boys
Tiens ? Une nouvelle parution panini. Une couverture noire sur laquelle se découpent cinq visages patibulaires, comme reliés entre eux par un halo rougeoyant, dirigeant tous leurs regards au même endroit. Le tout vu en perspective venue du sol. Inutile de dire qu'à la simple vision de cette image on n'a pas très envie d'être la chose qui intéresse ces cinq personnages à ce moment. Quand on lit le résumé inscrit sur le quatrième plat, rien de bien révolutionnaire ne semble se dégager de l'histoire... Pourtant une petite phrase en bas attire l'attention : La bombe que vous tenez entre les mains, c'est le premier volume de la nouvelle série de Garth Ennis et Darick Robertson.. Pour ceux qui l'ignorent, Garth Ennis est celui qui a écrit Preacher. Darick Robertson, celui qui a dessiné Transmetropolitan. Si je ne connaissais pas déjà la série The Boys cela aurait suffit à me séduire, la connaissant et voyant cet album matérialisé n'a fait qu'accentuer mon envie de le dévorer. Pour les fan boys, une BD de Garth Ennis est toujours un évènement particulier, on sait que quel que soit le sujet abordé, cela va prêter à la controverse et aux polémiques. The Boys n'échappe pas à la règle et dès les premières pages Garth frappe fort. Le scénario s'articule autour d'une idée maintes fois utilisée depuis qu'Alan Moore et Dave Gibbons ont abordé le thème dans Watchmen. Aux éternelles questions Quelle est la place des Super-Héros dans la société ? Comment la société les perçoit-elles ? Qui nous garde de nos gardiens ? Nombreux-ont été les éléments de réponse apportés par de nombreux auteurs dans les comics avec plus ou moins de succès artistique. Au tour de Garth Ennis de livrer sa vision et il semble vouloir régler ses comptes avec les Supers, oh je sais il avait déjà abordé frontalement le sujet dans La Pro mais il ne faisait qu'écorner gentiment un mythe, là il semble bien décider à le détruire. Dans le monde des Boys, les gens ayant du pouvoir sont des pourris qui se permettent toutes les exactions, pas un n'est bon, pas même ceux qui sont censés les garder. On peut bien entendu y voir une parabole de notre société, ce n'est certainement pas fortuit. Libre a chacun de penser qu'Ennis enfonce des portes ouvertes, mais à sa manière Garth Ennis les défonce, son discours est sans compromis, c'est irrévérencieux, graveleux, crade et très amusant, oui, ce scénariste sait faire preuve de beaucoup d'humour. Mention spéciale pour les dialogues très en verve, mais les dialogues d'Ennis sont toujours très bons. Dès les premières pages ça frappe très fort, avant d'avoir vu la présentation des personnages en entier, le lecteur est plongé dans un bain de folie sanglante. Le ton est donné, les "Boys" entrent en scène, la galerie de protagonistes est gratinée, ils sont cinq : Billy Butcher : Le chef, Crème : Une armoire à glace très raisonnable, la Fille : Un personnage énigmatique, le Français : Un psychopathe… et surtout P'tit Hughie qui emprunte les traits de Simon Pegg (qui rédige en passant la préface de l'album) et fait office de fil rouge dans cette histoire. Les références aux séries existantes ou ayant existé pullulent, cela a du gêner DC a tel point que cette série a été interrompue (parue originellement dans la ligne Wildstorm) au bout de six numéros. Depuis Dynamite a pris le relais et la série continue son bonhomme de chemin, récoltant un succès tant critique que commercial qui ne doit pas déplaire à son nouvel éditeur... Ce premier tome reprenant les six premiers épisodes présente la reconstruction du groupe et leur première aventure. A noter que si l'on a droit à quelques révélations importantes sur les personnages, beaucoup d'éléments demeurent dans l'ombre, comme par exemple les liens sous-jacent entre certains personnages que l'on ne fait que percevoir et qui laissent deviner que l'on n'est pas au bout de nos peines. Darick Robertson met son talent au service de l'histoire, dessinateur imaginatif il affiche une grande forme sur The Boys, son trait, épais et percutant, se démarque de l'imagerie comics habituelle, ceux qui ont lu Transmet comprendront... Le travail de Robertson rend l'ambiance bien crasseuse, ce qui ne gâte rien. J'ai été conquis par ce premier tome, même si je doute fort que The Boys fasse l'unanimité. Je suis heureux de voir que Garth Ennis laisse enfin libre court à sa démesure scénaristique, ouf, il était temps. A lire pour ceux qui cherchent une lecture pêchue, une bonne déconnade ou une nouvelle série bien déjantée. JJJ
Shutter Island
Shutter Island… Quelle excellente découverte que cette adaptation du roman du même nom ! C’est pour compenser l’achat de la "grosse production Desberg" du moment que ma libraire m’a très fortement suggéré l’acquisition de cet excellent thriller. Tout commence le plus simplement du monde, comme dans la plupart de ce genre d’histoire. Deux marshals fédéraux se rendent à Shutter Island. Cette île déserte se trouve être une "prison hôpital", lieu de résidence affecté aux déments les plus dangereux. Les 2 hommes y sont envoyés pour y retrouver une patiente qui a vraisemblablement disparu... Ambiance glauque et oppressante très réussie. Dessins sombres et verdâtres. Le parfait huis clos. Mais pas seulement. Sur ces bases solides et classiques qui auraient déjà suffi à bâtir une très bonne histoire, viennent se greffer plusieurs idées très originales et inattendues. Effectivement il ne s’agit pas seulement d’une simple enquête : psychologie des personnages "ordinaires" et aliénés très soignée, petite énigme chiffrée, tempête tropicale, participe au charme de ce "thriller en île". Mais ce qui séduit et étonne le plus c'est : - La complexité que prend l’histoire au moment où est révélée une des motivations supplémentaires du "héros" à se rendre sur cette île. - Et, bien sûr, le retournement de situation extrêmement bien pensé et véritablement inattendu à la fin de l’histoire. Je me suis même surpris à la relire immédiatement pour goûter tous les détails qui m’avaient échappé en première lecture et qui, après la révélation finale, trouvent tout leur sens. La fin est certes déconcertante, mais elle a le mérite de nous laisser une libre interprétation des évènements passés et futurs. Tiré d'un livre de Dennis Lehane, un de ces auteurs de polars que l'on dévore sans pause, il est normal qu’il y ait de la "matière". Mais pour ma part, même si je n’ai pas lu le livre, je dois avouer que cette adaptation m'a vraiment pris aux tripes. Gros gros coup de cœur ! ! (19/20)
Le Diable des sept mers
Quel plaisir, mais quel plaisir de revoir Hermann à son plus haut niveau. Après un décevant Afrika, Hermann renoue avec l'aventure (avec un A majuscule). Ses planches sont simplement magnifiques et il a su jouer avec les contrastes pour les couleurs (les scènes de nuit sont tout simplement superbes et la couleur de la mer des Caraïbes nous invite au plongeon...). Encore une fois, Hermann s'est attaché les talents de son fils (Yves H.) pour nous proposer une histoire de pirates, qui certes ne révolutionnera pas le genre, mais qui est très agréable à lire. Même si, à son habitude, Yves H. ne nous propose pas un schéma linéaire mais plutôt une galerie de personnages et plusieurs destinées entrelacées, dont on ne sait où il veut nous amener. Si les pirates ont le vent en poupe au cinéma, comme le souligne Yves H. dans le dossier réservé à l'édition des 20 ans d'Aire libre (limitée à 2500 exemplaires), cela faisait longtemps que je n'avais pas vu une course au trésor aussi réussie en bd. Car tous les canons du genre sont présents (le trésor, un pirate sosie de Barbe noire, les trahisons, le gibet...). Toujours dans l'édition spéciale des 20 ans d'Aire Libre, que je vous invite à découvrir, des superbes illustrations inédites d'Hermann complètent le récit. En outre, mais je crois que cela a déjà fait l'objet d'une publication antérieure, quelques pages du story board du film Pirates de Roman Polanski, et esquissée par Hermann, nous est proposée. Alors embarquez sur le "Skull & Bones" pour des aventures qui (avantage de la collection Aire Libre) ne s'éterniseront pas sur une dizaine de volumes mais sur deux opus.
Cité 14 - Saison 1
Découverte par hasard en librairie, cette série ne m'inspirait pas au premier regard... Pourtant deux personnes coup sur coup n'en ont dit beaucoup de bien. Je me suis donc laissé tenter, il est vrai que le prix avait un côté rassurant. En effet, 234 pages il me semble, pour 12 euros (12 tomes à 1 euro) c'est plutôt sympa même pour du petit format. Je précise que j'ai découvert cette série quelques jours après la sortie du dernier tome de la saison 1, j'ai donc pu profiter de l'intégralité de l'intrigue le soir même. J'ai dévoré cette série. Le premier épisode laisse plutôt sceptique pourtant l'histoire allant, elle se complexifie et rebondit de façon très inattendue. Les êtres qui composent les personnages sont je crois une première dans la pluralité (animaux, humains, déjà c'est rare... mais y'a pas qu'eux) et cela fonctionne étrangement très bien. Un gros coup de coeur pour les dessins de l'architecture de la Cité 14 qui sont d'une grande richesse et font ainsi bien ressentir cet univers. Il s'agit à mon sens de la découverte de l'année, tant sur la forme (à quand la saison deux) que sur la richesse du scénario, la création d'un univers fantastique et pourtant si réel. N'hésitez pas un seul instant à vous procurer la première saison, seule sortie au moment où j'écris ces lignes.
Neverland
Je suis un ami du scénariste de Neverland et je tenais à intervenir sur ce forum en toute honnêteté, je veux dire non seulement en me présentant mais en donnant le fond de ma pensée. Je ne lis pas beaucoup de BD et j'ai acheté aussi Cavales, du même scénariste, dont le scénario est plus stéréotypé. Ici il faut jouer le jeu d'une certaine fantaisie, mais ça paye assez vite : tous les fils se recoupent rapidement et le personnage principal est d'une telle fidélité à lui-même qu'on suit très bien ses décisions. J'ai bien aimé cette volonté de résister à toute forme de violence, du vol supposé de sa plante à l'utilisation de son intervention à la télévision, en passant par son rapport ambigu au groupe de gamins... Il y a de l'utopie dans cette BD, c'est pour ça que j'aime bien le dessin aussi, et le titre...