Une BD ose aller au-devant de ce peuple qui a toujours subi de nombreuses situations d'ostracisme, voire d'extermination que sont les Gitans. C'est Kkrist Mirror, dessinateur de presse, qui en se rendant à plusieurs reprises au fameux pèlerinage des Saintes-Maries de la Mer, qui nous permet d'en savoir un peu plus sur cet évènement religieux de première importance.
Les gens du voyage y sont montrés dans un contexte festif, à un moment où ils arrivent des quatre coins de l'Europe pour se recueillir autour de processions et de rituels très codés. L'ensemble des planches sont des instantanés, des croquis tout droit sortis des carnets de voyage de l'auteur, et on sent tout son respect, voire sa fascination dans son trait et ses commentaires. Les hommes, les femmes et les enfants sont beaux, riants, graves, recueillis, détendus...
C'est pas mal, le trait réaliste de l'auteur permet à ces instantanés de garder le cachet de l'authenticité. A noter que la partie "croquis" est complétée par des textes de spécialistes des Gitans, un enseignant et un ethnologue qui connaissent vraiment leur univers. Seul petit hic, on ne rentre pas vraiment dans leur intimité, Mirror reste un spectateur assez passif, c'est dommage pour qu'on comprenne pleinement les motivations et la ferveur entourant ce pèlerinage.
On est loin, enfin, d’une histoire destinée aux moins de douze ans… Le fantastique, ces dernières années, nous montrait les vampires comme des super héros, et non comme des créatures surnaturelles. Les séries HBO ont pour habitude de considérer qu’elles s’adressent à des personnes intelligentes et cultivées. C’est l’impression que l’on a quand on se plonge dans la lecture de « Lord Faureston ». Et c’est foutrement agréable…
Le rythme est dû à un savant découpage, et pas à des scènes d’action éparpillées en nombre susceptible de donner le change. Le rythme est associé -très faussement- à la vitesse. Ici, l’affaire est admirablement démontrée: le dialogue, le peaufinage des personnalités, les rapports de séduction (peut-être le centre absolu de ce qu‘est une histoire réellement vampirique), créent le rythme, sans artifice. Et c’est, encore une fois, une vraie histoire vampirique.
Le surnaturel est par essence difficile à admettre, et rare, pour le moins, ce qui est ici mis en place avec une justesse étonnante, car c’est par le truchement du personnage principal -le colérique Drake- que l’on est confronté à l’étrange. En cela, nous avons une œuvre totalement « stokerienne ».
Etonnant. Et parfait. Aucune inquiétude quant à la suite. Juste une terrible impatience…
Plusieurs œuvres littéraires, dessinées ou non, m'ont beaucoup marqué. Clandestine en fait clairement partie, du moins son premier tome. On y découvre les rêveries et l'apprentissage de la vie d'une petite fille (la scénariste apparemment), abandonnée par sa mère et "élevée" par sa grand-mère et son arrière-grand-mère.
Le dessin plutôt épuré, très expressif, est aussi très beau. Je ne connais pas le dessinateur, et son style a l'air différent de ce qu'il fait d'habitude d'après ce que j'ai pu lire, mais j'avoue avoir adoré son trait de crayon sur Clandestine.
Clandestine est une œuvre poétique comme j'en ai rarement vu, plein de sensibilité et de tendresse, sonnant particulièrement juste dans la vision du monde de cette enfant. J'ai souvent eu les tripes nouées, parfois la larme à l'œil, et toujours pour pas grand chose : une simple attitude, ou une pensée tendre, le tout appuyé par ce dessin extrêmement fort.
Une BD qui ne parlera peut-être pas à tout le monde, mais une merveille à mes yeux.
Heureuse surprise, inattendue !
Souvent entendu parler, jamais lu, je me disais, bêtement, que ce héros n’allait pas m’intéresser et pourtant nous avons à faire, là, à un très bon thriller avec un personnage principal bigrement bien rendu …
Une pauvre jeune femme russe, prostituée, contre son gré par son mari dès son arrivée sur le sol américain, va tout faire pour s'extraire de toute cette horreur. Elle est aidée par un chef comptable du FBI notre héros.
Mon résumé simplifié n'est pas très alléchant ?
Evidemment je n’en dis pas trop mais, de ce départ, je dirai banal, notre si bon scénariste, nous sort une histoire magistralement mise en œuvre et en scène, bien pensée, agréable à lire, ou le faux-semblant, cohabite avec humanité familiale, détresse psychologique, personnage abject dénué de sentiments etc.
Comme le dit Pol cette série ne paie pas de mine. Dessins juste corrects, personnage principal attachant mais pour qui, à première vue, on ressentirait plutôt indifférence qu’admiration. Pourtant c’est bien cela qu'il advient à la lecture de cette série. Ce personnage banal va se révéler, et forcer notre admiration, sans que cela paraissent bizarre ou irréaliste, on se dit juste que l’on ne s’attendait pas à cela de lui. Qu’il est moins sot qu’il n'y paraît, jusqu’au moment ou on se rend compte qu’il est juste plus intelligent que nous, ou, du moins, plus intelligent que moi. (Pas difficile dirons certain…je ne relèverais pas…).
Ne pas se fier aux apparences… ou plutôt si ! Ainsi on a de très bonne surprise à la lecture de cette série.
Un scénario captivant bien construit bien réfléchi bien en aval. Du bon boulot. Pour tous les amateurs de polar, que du bonheur !
Un dessin pas extra, mais finalement cela aide à banalisé le héros.
Un cadre, un univers vraiment crédible et agréable.
Les personnalités des protagonistes sont au petit oignon, avec un coup de cœur pour notre comptable.
(16/20)
Nous sommes en 1971. Jack Kirby quitte Marvel où il travaillait et dépose sa table à dessin chez DC. Il y restera jusqu’en 1976 où il repartira à nouveau chez Marvel.
Mais pendant ces cinq années, Kirby créera de nouvelles séries et plantera les bases d’une de ses plus belles : Kamandi.
A son départ, les aventures de ce « garçon » seront reprises par un collectif d’auteurs.
Mais cette présente série, c’est du « pur jus Jack Kirby ».
L’histoire générale est simple : celle de la survie d’un garçon, le dernier de la race humaine, dans un monde qu’il a connu mais qui, ravagé, n’existe plus.
Et j’ai apprécié, comme encore maintenant, ainsi qu’une très large frange du lectorat de l’époque. Il faut dire que le décor général planté fait penser à celui de »La planète des singes ». Qui plus est, les aventures d’une personne isolée dans un monde inconnu, hostile même, ont toujours eu de l’attrait (ex : Robinson Crusoë).
Nonobstant ce postulat, Kirby est quand même arrivé à innover, tant dans les décors que dans les « personnages ». Il joue aussi des atmosphères, balance de nombreuses et nouvelles idées, ne se restreint pas dans l’action et –souvent- en met plein la vue grâce à sa maîtrise graphique.
Un trait vif, sec, nerveux est ainsi mis au service d’une série qui l’est tout autant.
Un peu, si pas, oublié de la nouvelle génération de lecteurs, Kamandi ne l’est pas des « anciens » et fait toujours –comme je le constate souvent- l’objet de l’attention de collectionneurs dans des bourses lors de festivals BD.
Une chouette création.
C’est pas trop récent. Je ne connaissais pas. C’est fait. Et j’ai eu affaire à quelque chose de très bien fait.
L’histoire ?… bonne, mais ce n’est pas cela qui va renouveler le genre. MAIS la note fantastique qui se dégage du récit fait que ce dernier, très rapidement, devient accrocheur et ne vous lâche ainsi dire plus.
Mais cette « Mary », c’est surtout le dessin qui m’a attiré. Outre mes collections de BDs, j’ai « hérité » d’une vieille librairie –voici quelques années- de centaines de vieux chromos des années 50 que l’on découpait et collait dans les cahiers d’histoire, de géographie, de sciences naturelles… de religion aussi.
Et le dessin de « Mary », la composition graphique, m’a fait replonger avec délices dans cette sorte d’imagerie d’Epinal qui sent si bon mes jeunes années.
« Mary », ce sont des cases où suintent des ambiances plutôt que des dessins de batailles, d’abordages, de combats sanglants.
« Mary », c’est une histoire où se mêlent le conte, le fantastique, le merveilleux dans une mise en page qui fleure bon les récits dessinés des années d’avant-guerre (celle de 40).
« Mary », c’est un ensemble de petites compositions sur lesquelles on s’attarde, où l’on prend son temps de « regarder une image ».
« Mary », c’est aussi une colorisation où les nuances des tons utilisés jouent avec douceur entre ombre et lumière pour donner un véritable cachet aux diverses scènes.
« Mary »… c’est beau. Une sorte de pureté dans le dessin et la couleur qui ravissent l’œil, le retiennent.
« Mary » ?…. quelque chose de rare ; et cette rareté m’est précieuse.
Mais que voilà une série qui m’a très agréablement surpris ! Ah que oui !…
Ce sont d’abord les couvertures accrocheuses, comme celles de ces romans dits « de gare » qui eurent leurs années de gloire dans les années 20 et 30…
C’est ensuite un scénario qui fleure bon ces vieux films de cape et d’épée d’André Hunebelle et autres où Jean Marais pourfendait le lâche et défendait la veuve et l’orphelin. Aaaah… ces « Capitan », « le Bossu », « le miracle des loups », « le Capitaine Fracasse » et autres « Masque de fer » ; des films bondissants qui ne demandaient qu’une chose : plaire au public, ce sans arrière-pensées.
C’est un peu de cet esprit que j’ai retrouvé ici : je me suis retrouvé en 1686 sous Louis XIV. Et bardaf, un méchant Marquis enlève la jolie sœur d’un comte ; s’appropriant une carte où un fabuleux trésor dormirait dans une île perdue des mers du Sud.
Et c’est parti pour l’aventure avec un grand « A ». Tous les poncifs de la bonne « BD de pirates » sont ici réunis dans un scénario où ne se trouve quasi aucun temps mort ; des développements attractifs et attachants tiennent vraiment le lecteur en haleine qui passe de page en page avec un vrai plaisir de lecture.
Le dessin ?… Un bien beau et bon style réaliste au trait nerveux qui met en valeur certaines trognes à ne pas rencontrer un soir d’orage ! Le graphisme d’ailleurs m’a un peu fait penser à celui de De Moor dans sa série « Cori le Moussaillon » de très bonne mémoire également.
C’est vrai que ce genre de dessin –assez académique- fait un peu « temps passé » ; mais c’est ce qui donne vrai charme récurent à cette série.
Vérifié dans mes fiches, ce François Jarry est inconnu au bataillon. Pas possible. Ben oui, cette série est la seule œuvre qu’il ait jamais réalisée pour la BD. Jarry ?… c’est un architecte. Et pour son plaisir, il a imaginé et dessiné cette geste en quelque 500 planches, ce sur une période de 10 ans. Il en sera normalement édité 12 tomes. Je suis déjà preneur. Directement.
Jarry ?.. quelqu’un que j’aimerais VRAIMENT rencontrer pour lui signifier ma reconnaissance de m’avoir fait passer de vraiment très bons moments de lecture.
Excellent
Mon coup de coeur du moment.
Déjà, le tome 1 m'avait bien plu. Et le deuxième tome ne fait que confirmer ce que je pense: nous avons ici une très bonne BD.
Le dessin (style manga) et les couleurs (fort flash) pourraient en rebuter certains. Mais ce serait à tort, car le tout est fort bien réussi et se marie parfaitement (feuilletez l'album, cela vous parlera plus que ces quelques mots). De plus, les décors sont vraiment sublimes...
Et le scénar n'est pas en reste.
Bien sûr, une histoire avec le diable, une vieille vampire et encore d'autres créatures, on pourrait dire que c'est banal, déjà vu, ... Oui, mais avec Kara, le thème est habillement abordé sous un autre jour, ce qui rafraîchit le genre et suscite de l'intérêt...
Et ce deuxième tome, avec une partie de la vie du Christ: très très bon!
Bref, vous avez compris, une série à ne pas manquer...
Wanted a été annoncé comme étant l’anti Watchmen par absolu.
Il y a un peu de cela dans le sens où les aventures du jeune Wesley, passant de l’état de loser absolu et cocu à celui de super vilain violeur, infect et revanchard sur une société alternative complètement dingue.
Imaginez une super guerre secrète où tous les vilains auraient éliminé les superhéros du globe ! Ne leur reste donc plus qu’à choisir entre assumer leur identité secrètement (en endormant la société un peu comme les films Matrix) et se distraire dans des mondes parallèles ou bien jouir de leur usufruit en plein jour !
Wesley ignore complètement cette situation, il ignore même qu’il est le fils du plus grand des tueurs. Au décès de ce dernier, à lui donc d’assumer le patrimoine génétique et de devenir le numéro un par le rejet de tout ce qu’il avait appris jusqu’à présent et le long apprentissage d’une vie sans foi ni loi bien plus excitante !
Il faut bien avouer que dès le départ et que l’on aie vu le film ou pas (qui emprunte des alternatives scénaristiques fort différentes en remplaçant les super héros par des tueurs), on s’en prend plein les mirettes car le récit est fort attrayant, les dessins et couleurs réussis et les différentes scènes s’enchaînent sans temps mort !
Cette relecture trash (bien atténuée dans le long métrage d’ailleurs) a quelque chose de jouissif et d’éminemment fun dans le plaisir immédiat qu’elle procure. Les scènes d’action succèdent aux scènes d’exposition et le tout se suit avec une facilité déconcertante. Le récit distille moult petites allusions à d’autres héros (la cape de Superman, les comédiens de la série télévisée Batman) assez facilement reconnaissables et les différents protagonistes créés pour l’occasion ne sont que des reflets de personnages issus de l’univers Marvel ou DC Comics (avec une galerie assez épatante des némésis de Batman).
Wesley s’apparenterait plutôt à Bullseye (le Tireur de "Daredevil") et Mr Rictus au Joker hormis le fait qu’ici le scénariste tire à boulets rouges surtout sur la conception même des comics de façon intelligente (la fameuse série des « Et si… » revue de manière acide et impolie ! :) ).
Le dernier chapitre ainsi que sa conclusion s’adressant directement à nous m’a plus amusé que choqué et c’est avec le sourire aux lèvres que l’on referme l’ouvrage.
A noter une très belle édition de la part de Delcourt et une postface intéressante de Mark Millar expliquant l’origine de cette œuvre unique en son genre. Par contre pour avoir eu l’édition originale entre les mains, je dois signaler un petit bémol quant aux choix d’avoir réduit une double page présentant Wesley en train de dégainer son flingue sur une seule page pour l’édition française, pas très sérieux de reconditionner la pagination. A l’exception de cette remarque et pour peu que vous soyez fans de comics qui ne se prennent pas au sérieux de façon addictive, foncez car tout est bon dans le cochon ! :)
Cette BD est un ovni. A la fois roman, poésie et BD classique, elle joue sur tous ces tableaux à la fois avec beaucoup de talent. On peut être dérouté par la voix off, très présente, très littéraire, qui contredit le ton plus dynamique et rigolo des dialogues.
Mais je me suis progressivement laissé prendre aux charmes de cet album. D'abord parce que l'histoire est belle et profonde et qu'on peut tous se reconnaître dans les peurs de cette gamine et ensuite parce que l'auteur ne verse jamais dans le mélo bien que l'histoire, très sombre, qu'elle a apparemment vécue, pourrait l'y conduire. Et puis, j'ai beaucoup aimé le dessin très sobre et élégant de Marc-Rénier qui fait exister cette petite fille avec beaucoup de tendresse. J'avoue que j'ai versé ma larme à plus d'un moment ce qui est rare avec moi pour une BD. Au point que j'ai continué à penser à cette lecture encore quelques jours après l'avoir terminée.
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Gitans
Une BD ose aller au-devant de ce peuple qui a toujours subi de nombreuses situations d'ostracisme, voire d'extermination que sont les Gitans. C'est Kkrist Mirror, dessinateur de presse, qui en se rendant à plusieurs reprises au fameux pèlerinage des Saintes-Maries de la Mer, qui nous permet d'en savoir un peu plus sur cet évènement religieux de première importance. Les gens du voyage y sont montrés dans un contexte festif, à un moment où ils arrivent des quatre coins de l'Europe pour se recueillir autour de processions et de rituels très codés. L'ensemble des planches sont des instantanés, des croquis tout droit sortis des carnets de voyage de l'auteur, et on sent tout son respect, voire sa fascination dans son trait et ses commentaires. Les hommes, les femmes et les enfants sont beaux, riants, graves, recueillis, détendus... C'est pas mal, le trait réaliste de l'auteur permet à ces instantanés de garder le cachet de l'authenticité. A noter que la partie "croquis" est complétée par des textes de spécialistes des Gitans, un enseignant et un ethnologue qui connaissent vraiment leur univers. Seul petit hic, on ne rentre pas vraiment dans leur intimité, Mirror reste un spectateur assez passif, c'est dommage pour qu'on comprenne pleinement les motivations et la ferveur entourant ce pèlerinage.
D
On est loin, enfin, d’une histoire destinée aux moins de douze ans… Le fantastique, ces dernières années, nous montrait les vampires comme des super héros, et non comme des créatures surnaturelles. Les séries HBO ont pour habitude de considérer qu’elles s’adressent à des personnes intelligentes et cultivées. C’est l’impression que l’on a quand on se plonge dans la lecture de « Lord Faureston ». Et c’est foutrement agréable… Le rythme est dû à un savant découpage, et pas à des scènes d’action éparpillées en nombre susceptible de donner le change. Le rythme est associé -très faussement- à la vitesse. Ici, l’affaire est admirablement démontrée: le dialogue, le peaufinage des personnalités, les rapports de séduction (peut-être le centre absolu de ce qu‘est une histoire réellement vampirique), créent le rythme, sans artifice. Et c’est, encore une fois, une vraie histoire vampirique. Le surnaturel est par essence difficile à admettre, et rare, pour le moins, ce qui est ici mis en place avec une justesse étonnante, car c’est par le truchement du personnage principal -le colérique Drake- que l’on est confronté à l’étrange. En cela, nous avons une œuvre totalement « stokerienne ». Etonnant. Et parfait. Aucune inquiétude quant à la suite. Juste une terrible impatience…
Clandestine
Plusieurs œuvres littéraires, dessinées ou non, m'ont beaucoup marqué. Clandestine en fait clairement partie, du moins son premier tome. On y découvre les rêveries et l'apprentissage de la vie d'une petite fille (la scénariste apparemment), abandonnée par sa mère et "élevée" par sa grand-mère et son arrière-grand-mère. Le dessin plutôt épuré, très expressif, est aussi très beau. Je ne connais pas le dessinateur, et son style a l'air différent de ce qu'il fait d'habitude d'après ce que j'ai pu lire, mais j'avoue avoir adoré son trait de crayon sur Clandestine. Clandestine est une œuvre poétique comme j'en ai rarement vu, plein de sensibilité et de tendresse, sonnant particulièrement juste dans la vision du monde de cette enfant. J'ai souvent eu les tripes nouées, parfois la larme à l'œil, et toujours pour pas grand chose : une simple attitude, ou une pensée tendre, le tout appuyé par ce dessin extrêmement fort. Une BD qui ne parlera peut-être pas à tout le monde, mais une merveille à mes yeux.
Lloyd Singer (Makabi)
Heureuse surprise, inattendue ! Souvent entendu parler, jamais lu, je me disais, bêtement, que ce héros n’allait pas m’intéresser et pourtant nous avons à faire, là, à un très bon thriller avec un personnage principal bigrement bien rendu … Une pauvre jeune femme russe, prostituée, contre son gré par son mari dès son arrivée sur le sol américain, va tout faire pour s'extraire de toute cette horreur. Elle est aidée par un chef comptable du FBI notre héros. Mon résumé simplifié n'est pas très alléchant ? Evidemment je n’en dis pas trop mais, de ce départ, je dirai banal, notre si bon scénariste, nous sort une histoire magistralement mise en œuvre et en scène, bien pensée, agréable à lire, ou le faux-semblant, cohabite avec humanité familiale, détresse psychologique, personnage abject dénué de sentiments etc. Comme le dit Pol cette série ne paie pas de mine. Dessins juste corrects, personnage principal attachant mais pour qui, à première vue, on ressentirait plutôt indifférence qu’admiration. Pourtant c’est bien cela qu'il advient à la lecture de cette série. Ce personnage banal va se révéler, et forcer notre admiration, sans que cela paraissent bizarre ou irréaliste, on se dit juste que l’on ne s’attendait pas à cela de lui. Qu’il est moins sot qu’il n'y paraît, jusqu’au moment ou on se rend compte qu’il est juste plus intelligent que nous, ou, du moins, plus intelligent que moi. (Pas difficile dirons certain…je ne relèverais pas…). Ne pas se fier aux apparences… ou plutôt si ! Ainsi on a de très bonne surprise à la lecture de cette série. Un scénario captivant bien construit bien réfléchi bien en aval. Du bon boulot. Pour tous les amateurs de polar, que du bonheur ! Un dessin pas extra, mais finalement cela aide à banalisé le héros. Un cadre, un univers vraiment crédible et agréable. Les personnalités des protagonistes sont au petit oignon, avec un coup de cœur pour notre comptable. (16/20)
Kamandi
Nous sommes en 1971. Jack Kirby quitte Marvel où il travaillait et dépose sa table à dessin chez DC. Il y restera jusqu’en 1976 où il repartira à nouveau chez Marvel. Mais pendant ces cinq années, Kirby créera de nouvelles séries et plantera les bases d’une de ses plus belles : Kamandi. A son départ, les aventures de ce « garçon » seront reprises par un collectif d’auteurs. Mais cette présente série, c’est du « pur jus Jack Kirby ». L’histoire générale est simple : celle de la survie d’un garçon, le dernier de la race humaine, dans un monde qu’il a connu mais qui, ravagé, n’existe plus. Et j’ai apprécié, comme encore maintenant, ainsi qu’une très large frange du lectorat de l’époque. Il faut dire que le décor général planté fait penser à celui de »La planète des singes ». Qui plus est, les aventures d’une personne isolée dans un monde inconnu, hostile même, ont toujours eu de l’attrait (ex : Robinson Crusoë). Nonobstant ce postulat, Kirby est quand même arrivé à innover, tant dans les décors que dans les « personnages ». Il joue aussi des atmosphères, balance de nombreuses et nouvelles idées, ne se restreint pas dans l’action et –souvent- en met plein la vue grâce à sa maîtrise graphique. Un trait vif, sec, nerveux est ainsi mis au service d’une série qui l’est tout autant. Un peu, si pas, oublié de la nouvelle génération de lecteurs, Kamandi ne l’est pas des « anciens » et fait toujours –comme je le constate souvent- l’objet de l’attention de collectionneurs dans des bourses lors de festivals BD. Une chouette création.
Mary la Noire
C’est pas trop récent. Je ne connaissais pas. C’est fait. Et j’ai eu affaire à quelque chose de très bien fait. L’histoire ?… bonne, mais ce n’est pas cela qui va renouveler le genre. MAIS la note fantastique qui se dégage du récit fait que ce dernier, très rapidement, devient accrocheur et ne vous lâche ainsi dire plus. Mais cette « Mary », c’est surtout le dessin qui m’a attiré. Outre mes collections de BDs, j’ai « hérité » d’une vieille librairie –voici quelques années- de centaines de vieux chromos des années 50 que l’on découpait et collait dans les cahiers d’histoire, de géographie, de sciences naturelles… de religion aussi. Et le dessin de « Mary », la composition graphique, m’a fait replonger avec délices dans cette sorte d’imagerie d’Epinal qui sent si bon mes jeunes années. « Mary », ce sont des cases où suintent des ambiances plutôt que des dessins de batailles, d’abordages, de combats sanglants. « Mary », c’est une histoire où se mêlent le conte, le fantastique, le merveilleux dans une mise en page qui fleure bon les récits dessinés des années d’avant-guerre (celle de 40). « Mary », c’est un ensemble de petites compositions sur lesquelles on s’attarde, où l’on prend son temps de « regarder une image ». « Mary », c’est aussi une colorisation où les nuances des tons utilisés jouent avec douceur entre ombre et lumière pour donner un véritable cachet aux diverses scènes. « Mary »… c’est beau. Une sorte de pureté dans le dessin et la couleur qui ravissent l’œil, le retiennent. « Mary » ?…. quelque chose de rare ; et cette rareté m’est précieuse.
Les Fils de l'aventure
Mais que voilà une série qui m’a très agréablement surpris ! Ah que oui !… Ce sont d’abord les couvertures accrocheuses, comme celles de ces romans dits « de gare » qui eurent leurs années de gloire dans les années 20 et 30… C’est ensuite un scénario qui fleure bon ces vieux films de cape et d’épée d’André Hunebelle et autres où Jean Marais pourfendait le lâche et défendait la veuve et l’orphelin. Aaaah… ces « Capitan », « le Bossu », « le miracle des loups », « le Capitaine Fracasse » et autres « Masque de fer » ; des films bondissants qui ne demandaient qu’une chose : plaire au public, ce sans arrière-pensées. C’est un peu de cet esprit que j’ai retrouvé ici : je me suis retrouvé en 1686 sous Louis XIV. Et bardaf, un méchant Marquis enlève la jolie sœur d’un comte ; s’appropriant une carte où un fabuleux trésor dormirait dans une île perdue des mers du Sud. Et c’est parti pour l’aventure avec un grand « A ». Tous les poncifs de la bonne « BD de pirates » sont ici réunis dans un scénario où ne se trouve quasi aucun temps mort ; des développements attractifs et attachants tiennent vraiment le lecteur en haleine qui passe de page en page avec un vrai plaisir de lecture. Le dessin ?… Un bien beau et bon style réaliste au trait nerveux qui met en valeur certaines trognes à ne pas rencontrer un soir d’orage ! Le graphisme d’ailleurs m’a un peu fait penser à celui de De Moor dans sa série « Cori le Moussaillon » de très bonne mémoire également. C’est vrai que ce genre de dessin –assez académique- fait un peu « temps passé » ; mais c’est ce qui donne vrai charme récurent à cette série. Vérifié dans mes fiches, ce François Jarry est inconnu au bataillon. Pas possible. Ben oui, cette série est la seule œuvre qu’il ait jamais réalisée pour la BD. Jarry ?… c’est un architecte. Et pour son plaisir, il a imaginé et dessiné cette geste en quelque 500 planches, ce sur une période de 10 ans. Il en sera normalement édité 12 tomes. Je suis déjà preneur. Directement. Jarry ?.. quelqu’un que j’aimerais VRAIMENT rencontrer pour lui signifier ma reconnaissance de m’avoir fait passer de vraiment très bons moments de lecture. Excellent
Le Bleu du Ciel
Mon coup de coeur du moment. Déjà, le tome 1 m'avait bien plu. Et le deuxième tome ne fait que confirmer ce que je pense: nous avons ici une très bonne BD. Le dessin (style manga) et les couleurs (fort flash) pourraient en rebuter certains. Mais ce serait à tort, car le tout est fort bien réussi et se marie parfaitement (feuilletez l'album, cela vous parlera plus que ces quelques mots). De plus, les décors sont vraiment sublimes... Et le scénar n'est pas en reste. Bien sûr, une histoire avec le diable, une vieille vampire et encore d'autres créatures, on pourrait dire que c'est banal, déjà vu, ... Oui, mais avec Kara, le thème est habillement abordé sous un autre jour, ce qui rafraîchit le genre et suscite de l'intérêt... Et ce deuxième tome, avec une partie de la vie du Christ: très très bon! Bref, vous avez compris, une série à ne pas manquer...
Wanted (J.G. Jones)
Wanted a été annoncé comme étant l’anti Watchmen par absolu. Il y a un peu de cela dans le sens où les aventures du jeune Wesley, passant de l’état de loser absolu et cocu à celui de super vilain violeur, infect et revanchard sur une société alternative complètement dingue. Imaginez une super guerre secrète où tous les vilains auraient éliminé les superhéros du globe ! Ne leur reste donc plus qu’à choisir entre assumer leur identité secrètement (en endormant la société un peu comme les films Matrix) et se distraire dans des mondes parallèles ou bien jouir de leur usufruit en plein jour ! Wesley ignore complètement cette situation, il ignore même qu’il est le fils du plus grand des tueurs. Au décès de ce dernier, à lui donc d’assumer le patrimoine génétique et de devenir le numéro un par le rejet de tout ce qu’il avait appris jusqu’à présent et le long apprentissage d’une vie sans foi ni loi bien plus excitante ! Il faut bien avouer que dès le départ et que l’on aie vu le film ou pas (qui emprunte des alternatives scénaristiques fort différentes en remplaçant les super héros par des tueurs), on s’en prend plein les mirettes car le récit est fort attrayant, les dessins et couleurs réussis et les différentes scènes s’enchaînent sans temps mort ! Cette relecture trash (bien atténuée dans le long métrage d’ailleurs) a quelque chose de jouissif et d’éminemment fun dans le plaisir immédiat qu’elle procure. Les scènes d’action succèdent aux scènes d’exposition et le tout se suit avec une facilité déconcertante. Le récit distille moult petites allusions à d’autres héros (la cape de Superman, les comédiens de la série télévisée Batman) assez facilement reconnaissables et les différents protagonistes créés pour l’occasion ne sont que des reflets de personnages issus de l’univers Marvel ou DC Comics (avec une galerie assez épatante des némésis de Batman). Wesley s’apparenterait plutôt à Bullseye (le Tireur de "Daredevil") et Mr Rictus au Joker hormis le fait qu’ici le scénariste tire à boulets rouges surtout sur la conception même des comics de façon intelligente (la fameuse série des « Et si… » revue de manière acide et impolie ! :) ). Le dernier chapitre ainsi que sa conclusion s’adressant directement à nous m’a plus amusé que choqué et c’est avec le sourire aux lèvres que l’on referme l’ouvrage. A noter une très belle édition de la part de Delcourt et une postface intéressante de Mark Millar expliquant l’origine de cette œuvre unique en son genre. Par contre pour avoir eu l’édition originale entre les mains, je dois signaler un petit bémol quant aux choix d’avoir réduit une double page présentant Wesley en train de dégainer son flingue sur une seule page pour l’édition française, pas très sérieux de reconditionner la pagination. A l’exception de cette remarque et pour peu que vous soyez fans de comics qui ne se prennent pas au sérieux de façon addictive, foncez car tout est bon dans le cochon ! :)
Clandestine
Cette BD est un ovni. A la fois roman, poésie et BD classique, elle joue sur tous ces tableaux à la fois avec beaucoup de talent. On peut être dérouté par la voix off, très présente, très littéraire, qui contredit le ton plus dynamique et rigolo des dialogues. Mais je me suis progressivement laissé prendre aux charmes de cet album. D'abord parce que l'histoire est belle et profonde et qu'on peut tous se reconnaître dans les peurs de cette gamine et ensuite parce que l'auteur ne verse jamais dans le mélo bien que l'histoire, très sombre, qu'elle a apparemment vécue, pourrait l'y conduire. Et puis, j'ai beaucoup aimé le dessin très sobre et élégant de Marc-Rénier qui fait exister cette petite fille avec beaucoup de tendresse. J'avoue que j'ai versé ma larme à plus d'un moment ce qui est rare avec moi pour une BD. Au point que j'ai continué à penser à cette lecture encore quelques jours après l'avoir terminée.