Dans la lignée de Chris Ware et de son Jimmy Corrigan (autre lecture excellente à lire de toute urgence), Clowes nous narre la vie de plusieurs protagonistes dans une petite ville américaine des USA somme toute assez tranquille.
Ici, point de violence, de drogues, ou d'armes à feu, et pourtant, sous l'apparente tranquillité du dessin et des destins des personnages se cachent une violence et une rage de vivre (plutôt de non vivre) qui bouillonnent de plus en plus fort et farouchement au fil des pages sans finalement ne jamais éclaté à la surface.
C'est tout simple, j'ai franchement aimé. Vraiment, grand et beau moment de lecture que je recommande à toutes et à tous.
Décidément, Cyril Pedrosa est en grande forme en ce moment !
Avant 2007, on le connaissait surtout pour son formidable coup de crayon (dans Ring Circus notamment), mais depuis le très remarqué Trois ombres, on sait qu'il est également un excellent raconteur d'histoire... Mais alors que ce dernier titre lorgnait vers la veine sombre et poétique, il change complètement de registre pour nous fournir avec "Auto Bio" un portrait drôlatique de sa vie quotidienne d'écolo militant !
Changement de registre, mais avec non moins de talent ! Il y a fort longtemps que je n'avais autant ri à la lecture d'une BD d'humour, je dois dire. C'est sans doute dû au fait que les gags parlent à l'écolo boboïsante qui sommeille en moi, mais pas seulement.
Pedrosa se moque de lui-même en se présentant comme un écolo convaincu, tiraillé entre ses convictions, sa famille plus extrême que lui-même, et les conséquences que cela à sur le quotidien, quand on doit résister à une envie de saucisses en boîtes, se priver de fromage ou empêcher son propriétaire adorable d'asperger son jardin d'engrais et de désherbant...
Pedrosa manie à la perfection le difficile art de l'autodérision, du gag et de la chute. Son dessin est toujours aussi excellent, bien que dépourvu de la recherche esthétique qui faisaient le bonheur du lecteur dans ses précédents ouvrages, mais qui serait hors de propos dans une BD d'humour. Le dessin, la mise en scène, le choix judicieux des couleurs... Tout concourt à la recherche de l'effet comique.
J'avoue que je n'attendais pas du tout Pedrosa dans ce registre... la surprise n'en est que meilleure !
Un vrai coup de cœur !
Que c’est beau !
Quel plaisir de découvrir une histoire qui semble avoir été écrite pour soi. Qui semble entrer en résonance avec nos propres doutes, nos questions les plus intimes, nos douleurs les plus cachées… Ca a été le cas pour moi lors de ma lecture de « La Maison dans les blés ». L’histoire de ce gars qui a tout ce dont on peut rêver (famille, argent, gloire) mais qui malgré tout peine à trouver le bonheur m’a beaucoup touché, et je pense que toute personne ayant atteint l’âge de se poser des questions existentielles sur sa vie devrait savoir de quoi je parle.
Alors c’est sûr, il faut jouer le jeu. Déjà ce genre de questions existentielles n’est pas la tasse de thé de tout le monde. Ensuite, tout semble trop parfait dans cette rencontre passionnée : le mec est beau, riche et musclé, la jeune fille a un corps de rêve et une mentalité libertine (j’ai transpiré sur certaines scènes très chaudes !), elle est animée d’une sagesse bien improbable pour son âge, elle est très philosophique, le coin est superbe (les amoureux de la nature vont être servis). Bref, on se rapproche plus du conte de fée où tout est parfait que d’une histoire d’amour réaliste je trouve (les animaux dotés de parole renforcent d’ailleurs cette impression).
Mais alors si on accroche, quel voyage ! La poésie est omniprésente, les textes sont beaux, le dessin est en parfaite adéquation avec le ton de l’histoire. Il a même quelques touches d’humour de très bon goût (ralala, j’ai littéralement explosé de rire sur la scène du marché).
Voilà, une œuvre de toute évidente très personnelle, qui m’a tout simplement bouleversé. Le résumé du site de l’éditeur parle d’ « un ouvrage personnel qui devrait séduire tous ceux qui aiment les histoires d’amour et de désir… » Et là tout est dit. Un grand bravo à l’auteur !
Les deux auteurs de Sanctuary et Heat nous livrent ici l'adaptation du roman le plus populaire en Chine, Les Trois Royaumes, basés sur des faits historiques.
Cette mouture est une adaptation très libre : le héros est par exemple un japonais de l'époque qui décide de conquérir la Chine pour les yeux de sa douce.
On y retrouve tout ce qui fait à mes yeux le charme des autres œuvres du duo d'auteurs : aventures, érotisme latent, bravoure et émotion. J'ai eu un peu de mal les 50 premières pages, appréciant nettement plus le Japon moderne que la Chine ancienne. Mais le talent de conteur de Buronson et le trait délicat de Ikegami m'ont vite fait plongé dans l'histoire (et les deux premiers tomes ont été lus d'un seul coup).
En bref, ça se dévore, et la fin d'un tome se finit toujours avec un beau cliffhanger.
Note sur les deux premiers volumes : entre 4 et 4,5/5 + coup de cœur. Si ça continue comme ça, cela risque même de devenir un 5/5.
Bon, je suis par habitude assez réfractaire aux prix et autres médailles un peu trop clinquantes qui ont souvent pour moi un arrière goût commercial trop prononcé. Ceci expliquant cela, c'est donc avec assez de réticence et très tardivement (depuis son prix à Angoulème) que j'ai mis le nez dans cette BD après l'avoir achetée pour la bibliothèque où je travaille.
En partant de très bas, je suis arrivé très haut, très loin, comme rarement cela m'était arrivé avec une BD depuis bien bien longtemps ! Une pure merveille, un bijou de la BD à mon sens ! Tout tient dans un paradoxe qui fait également sa force : d'un côté, une universalité du décor et des personnages (tout le monde s'y retrouve), renforcée par l'absence de texte. De l'autre, une porte grande ouverte sur l'imaginaire de chacun (cette planche magique uniquement composée d'une myriade de petites cases de nuages !!!).
Et tout se tient ! L'absence de texte ne dessert aucunement l'histoire, mais comme je le disais, renforce au contraire l'imaginaire qui nous est distillé ! Et tout ceci se construit autour d'une mise en page très élaborée, et d'un graphisme très réaliste dans un univers fantastique proche du surréalisme. On nage en pleine poésie graphique !
L'histoire enfin. Si le thème de l'immigration n'a en soi rien d'exceptionnel, il est traité avec une rare originalité et simplicité, tout en évitant les pièges et les caricatures. On suit le parcours de cet immigré et de ses difficultés quotidiennes, porté par la force du dessin tout en crayonné en sépia de Shaun Tan.
Ne faites donc pas comme moi et pour cette fois fiez vous au Grand Prix qu'Angoulème lui a décerné, et plongez dans cette BD ! Passer à côté serait un crime !
Attention ! Prévoyez beaucoup de temps libre devant vous pour lire ce pavé ! Parce qu’une fois la lecture commencée, vous aurez bien du mal à refermer cette bd avant la fin !
« Les ensembles contraires » est une autobiographie de Kris et Eric T..
Le récit met en scène leur rencontre et l’amitié qui va s’en découler (et qui apparemment dure toujours !).
L’histoire débute en 1989, Christophe est puni par ses parents car il a passé une mauvaise année scolaire… ceux-ci lui interdisent de jouer au football. Christophe par l’intermédiaire d’un des amis va en compensation s’inscrire à un club de ping-pong. En fait, c’est plus pour draguer les filles que pour réellement jouer que Christophe va apprendre à être pongiste… c’est lors d’un tournoi que notre apprenti joueur va se lier amitié avec Eric…
Ce premier tome raconte la période entre la fin de l’adolescence et le début de la vie professionnelle des deux amis. Il y raconte leurs premiers émois amoureux et leurs premières déceptions aussi. Surtout, le récit est un témoignage sur la solidarité entre deux êtres issus de milieux différents : Christophe est né dans une famille aisée alors qu’Eric vient d’une famille à la situation non enviable.
Ainsi, tout au long de cette lecture, j’ai partagé la joie et les moments de détresse de ces jeunes gens. A aucun moment, je n’ai ressenti de l’ennui à suivre leurs péripéties, l’album alterne entre les passages festifs, romantiques et… difficiles, sans longueurs inutiles.
Que ceux qui n’aiment pas les bds larmoyantes soient rassurés, ce premier tome comporte des scènes très touchantes mais elles ne penchent jamais vers le mélodramatique.
Le dénouement est terriblement inquiétant concernant l’avenir d’Eric…
Le dessin de Nicoby d’un coup de crayon épais m’est apparu parfaitement adapté à cette histoire. Son découpage est excellent et apparaît original dans certains passages comme lorsqu’Eric raconte à Christophe ce qu’il fait comme études.
La mise en scène m’est apparue elle-aussi adaptée à l’histoire avec ses tons qui varient selon le lieu et surtout l’intensité dramatique des séquences.
Ce premier tome de « Les ensembles contraires » confirme tout le bien que je pense de Kris : un scénariste sensible qui propose des histoires proches de nous et touchantes, qui s’intéresse au passé (Coupures irlandaises, Un homme est mort) et qui est surtout doué pour la narration !
Le récit met en scène un récit autobiographique sur l’amitié entre deux hommes issus de milieux différents, il comporte une fin qui donne l’envie de connaître impatiemment la suite !
« Les ensembles contraires » est, pour moi, un des albums les plus marquants de ce premier semestre 2008.
Des bons sentiments dans tokyo babylon ? On n'a pas dû lire la même chose o_o ! C'est sûr, face aux victimes Subaru va pas leur envoyer une tarte dans la tête, c'est normal qu'il se montre gentil, ça me parait même logique ! Sinon ce manga est très poignant. Je dirais même que c'est le meilleur de Clamp. Il est bien supérieur à X, trop méli mélo, et bien plus intéressant !
Car contrairement à X, Tokyo Babylon se situe dans la vie de tous les jours. On n'est pas dans des méandres fantastiques comme pour X, même s'il y a un peu de fantastique ! Mais Tokyo Babylon est avant tout une critique ou une analyse de la société actuelle à travers les yeux de Subaru, jeune medium qui a la particularité d'être dans l'empathie face à ce qu'il vit. Et ça peut même le ronger voir le tuer ! Donc il va rencontrer des gens qui subissent ou vivent des situations pas faciles et là Clamp nous raconte un sujet de société différent à chaque histoire de manière très approfondie et qui donne à réfléchir !
On va rencontrer une victime d'Ijime qui va se terminer de manière vraiment dramatique, une jeune fille victime d'une tournante (viol collectif), et des sujets aussi variés que l'immigration, la place d'une personne âgée dans la société, l'adultère... et contrairement à ce qui est dit dans les autres critiques, à part les victimes qui ne demandaient pas à subir tout ça, les personnages de leurs entourages sont vraiment cruels que ça soit des lycéennes, la famille du grand père ou les violeurs qui sont sans aucun scrupule !
On voit aussi l'enfance de Subaru qui n'est pas sans rappeler l'enfance de Lucy de "Elfend Lied" et notamment un passage avec un chien dans ce manga. Même les gosses peuvent être cruels ! Mais Tokyo Babylon parle aussi des relations ambiguës entre Subaru et son ami Seichiro qui cache bien des secrets ! Encore un fou psychopathe celui là -_- !
A lire ! Subaru est un perso extrêmement attachant et très humaniste quoi qu'un peu efféminé ou sensible ! Mais il est bien plus intéressant que son jumeau froid et insensible de X ! Il serait dommage de passer à côte au profit de X ou des oeuvres plus récentes de Clamp très commerciales ! Même si l'aspect graphique est très simpliste, c'est le style que Clamp a voulu donner à Tokyo Babylon, un chef d'oeuvre qui analyse avec justesse et recul la société dans laquelle on vit.
Franchement les critiques sont vraiment abusées ! Je ne vois pas ce qu'il y a de guimauve dans Vidéo Girl Aï : donnez des exemples ! Ce manga est un des plus poignants que j'ai lus. C'est une fable sur le sentiment amoureux. Les situations sont parfois d'un réalisme étonnant !
Tous les personnages sont très émouvants, il est difficile de ne pas être ému par leurs souffrances ou leurs déboires ! Les personnages sont loin d'avoir des vies simples. Ils souffrent énormément. Katsura parle de mort, de viols à travers Moemi avec une justesse rarement atteinte et une émotion rare !
I"s c'est pas mal mais c'est loin d'être aussi profond que Vidéo Girl Aï ! Dans I"s, tout reste assez artificiel. A part Ishitaka, les personnages féminins ne sont même pas développés ! Alors que dans Vidéo Girl Aï, les jeunes filles sont toutes développées, que ça soit Ai, Moemi ou Nobuko, on rentre dans leur intimité ! Vidéo Girl Aï, c'est un manga très intimiste mais jamais vulgaire car traité avec beaucoup de pudeur et de recul ! On a l'impression par moment de vivre à travers les personnages tellement ils nous semblent proches !
Vidéo Girl Aï, c'est l'histoire d'amour de deux êtres déçus qui se donnent l'un à l'autre sans limite même s'ils mettent du temps pour le comprendre.
A lire d'urgence !
Malgré un début avec un humour qui rappelle Ranma 1/2, "Fruits basket" parle au fur et à mesure de ses volumes de sujets plutôt graves avec beaucoup de justesse, comme la mort, la solitude, la perversion psychologique, se reconstruire après avoir vécu des traumatismes, les liens mères-enfants, les secrets de familles, la névrose, la peur de l'abandon en plus du passage vers l'âge adulte, la culpabilité ou l'amour !
Les personnages paraissent drôles et simplistes au premier abord mais il n'en est rien. Ils ont une psychologie très approfondie et pas que les principaux mais toute la famille Soma + les amis qui les entourent ! Ils ont tous leurs histoires plus ou moins tragiques, leurs blessures, leurs problèmes ! "Fruits basket" parle de l'humain avec une certaine réflexion qui n'a rien à envier à un Evangelion ! Donc ne vous fiez pas aux premiers volumes car plus on avance plus ça devient tragique et mature même s'il y a toujours de l'humour !
Un des meilleurs shojo qui existent ! Le dessin est un peu simpliste mais original et maîtrisé, surtout les expressions du visage et les ambiances lourdes et pesantes très ancrées pour montrer le côté dramatique d'une scène.
Big Brother existe et il est coréen. Il a réussi là où d'autres dictateurs ont échoué. Son peuple est tout le temps en surveillance et croit tout ce qu'il dit (ou fait semblant pour ne pas avoir d'ennui). C'est ce que j'ai retenu de 'Pyongyang', la bd la plus sombre que j'ai lue. Bon. Il existe des séries beaucoup plus glauques comme Ayako ou Idées Noires, mais c'étaient des oeuvres de fiction alors qu'ici c'est la réalité. Il y a des gens qui vivent réellement comme ça et je ne crois pas que je vais l'oublier tellement cela m'a marqué.
Guy Delisle nous présente des tranches de vie de ce qu'il a vécu. On voit des monuments à la gloire de Kim Jong-il, le peuple obligé de faire du 'volontariat', un musée faisant croire que toute la planète aime la Corée du Nord (sauf évidemment les Américains qui sont fourbes et cruels), etc. C'est vraiment intéressant et passionnant même si, comme je l'ai déjà écrit, j'ai ressenti un certain malaise car des personnes vivent ça toute leur vie.
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Ice Haven
Dans la lignée de Chris Ware et de son Jimmy Corrigan (autre lecture excellente à lire de toute urgence), Clowes nous narre la vie de plusieurs protagonistes dans une petite ville américaine des USA somme toute assez tranquille. Ici, point de violence, de drogues, ou d'armes à feu, et pourtant, sous l'apparente tranquillité du dessin et des destins des personnages se cachent une violence et une rage de vivre (plutôt de non vivre) qui bouillonnent de plus en plus fort et farouchement au fil des pages sans finalement ne jamais éclaté à la surface. C'est tout simple, j'ai franchement aimé. Vraiment, grand et beau moment de lecture que je recommande à toutes et à tous.
Auto Bio
Décidément, Cyril Pedrosa est en grande forme en ce moment ! Avant 2007, on le connaissait surtout pour son formidable coup de crayon (dans Ring Circus notamment), mais depuis le très remarqué Trois ombres, on sait qu'il est également un excellent raconteur d'histoire... Mais alors que ce dernier titre lorgnait vers la veine sombre et poétique, il change complètement de registre pour nous fournir avec "Auto Bio" un portrait drôlatique de sa vie quotidienne d'écolo militant ! Changement de registre, mais avec non moins de talent ! Il y a fort longtemps que je n'avais autant ri à la lecture d'une BD d'humour, je dois dire. C'est sans doute dû au fait que les gags parlent à l'écolo boboïsante qui sommeille en moi, mais pas seulement. Pedrosa se moque de lui-même en se présentant comme un écolo convaincu, tiraillé entre ses convictions, sa famille plus extrême que lui-même, et les conséquences que cela à sur le quotidien, quand on doit résister à une envie de saucisses en boîtes, se priver de fromage ou empêcher son propriétaire adorable d'asperger son jardin d'engrais et de désherbant... Pedrosa manie à la perfection le difficile art de l'autodérision, du gag et de la chute. Son dessin est toujours aussi excellent, bien que dépourvu de la recherche esthétique qui faisaient le bonheur du lecteur dans ses précédents ouvrages, mais qui serait hors de propos dans une BD d'humour. Le dessin, la mise en scène, le choix judicieux des couleurs... Tout concourt à la recherche de l'effet comique. J'avoue que je n'attendais pas du tout Pedrosa dans ce registre... la surprise n'en est que meilleure ! Un vrai coup de cœur !
La Maison dans les blés
Que c’est beau ! Quel plaisir de découvrir une histoire qui semble avoir été écrite pour soi. Qui semble entrer en résonance avec nos propres doutes, nos questions les plus intimes, nos douleurs les plus cachées… Ca a été le cas pour moi lors de ma lecture de « La Maison dans les blés ». L’histoire de ce gars qui a tout ce dont on peut rêver (famille, argent, gloire) mais qui malgré tout peine à trouver le bonheur m’a beaucoup touché, et je pense que toute personne ayant atteint l’âge de se poser des questions existentielles sur sa vie devrait savoir de quoi je parle. Alors c’est sûr, il faut jouer le jeu. Déjà ce genre de questions existentielles n’est pas la tasse de thé de tout le monde. Ensuite, tout semble trop parfait dans cette rencontre passionnée : le mec est beau, riche et musclé, la jeune fille a un corps de rêve et une mentalité libertine (j’ai transpiré sur certaines scènes très chaudes !), elle est animée d’une sagesse bien improbable pour son âge, elle est très philosophique, le coin est superbe (les amoureux de la nature vont être servis). Bref, on se rapproche plus du conte de fée où tout est parfait que d’une histoire d’amour réaliste je trouve (les animaux dotés de parole renforcent d’ailleurs cette impression). Mais alors si on accroche, quel voyage ! La poésie est omniprésente, les textes sont beaux, le dessin est en parfaite adéquation avec le ton de l’histoire. Il a même quelques touches d’humour de très bon goût (ralala, j’ai littéralement explosé de rire sur la scène du marché). Voilà, une œuvre de toute évidente très personnelle, qui m’a tout simplement bouleversé. Le résumé du site de l’éditeur parle d’ « un ouvrage personnel qui devrait séduire tous ceux qui aiment les histoires d’amour et de désir… » Et là tout est dit. Un grand bravo à l’auteur !
Lord
Les deux auteurs de Sanctuary et Heat nous livrent ici l'adaptation du roman le plus populaire en Chine, Les Trois Royaumes, basés sur des faits historiques. Cette mouture est une adaptation très libre : le héros est par exemple un japonais de l'époque qui décide de conquérir la Chine pour les yeux de sa douce. On y retrouve tout ce qui fait à mes yeux le charme des autres œuvres du duo d'auteurs : aventures, érotisme latent, bravoure et émotion. J'ai eu un peu de mal les 50 premières pages, appréciant nettement plus le Japon moderne que la Chine ancienne. Mais le talent de conteur de Buronson et le trait délicat de Ikegami m'ont vite fait plongé dans l'histoire (et les deux premiers tomes ont été lus d'un seul coup). En bref, ça se dévore, et la fin d'un tome se finit toujours avec un beau cliffhanger. Note sur les deux premiers volumes : entre 4 et 4,5/5 + coup de cœur. Si ça continue comme ça, cela risque même de devenir un 5/5.
Là où vont nos pères
Bon, je suis par habitude assez réfractaire aux prix et autres médailles un peu trop clinquantes qui ont souvent pour moi un arrière goût commercial trop prononcé. Ceci expliquant cela, c'est donc avec assez de réticence et très tardivement (depuis son prix à Angoulème) que j'ai mis le nez dans cette BD après l'avoir achetée pour la bibliothèque où je travaille. En partant de très bas, je suis arrivé très haut, très loin, comme rarement cela m'était arrivé avec une BD depuis bien bien longtemps ! Une pure merveille, un bijou de la BD à mon sens ! Tout tient dans un paradoxe qui fait également sa force : d'un côté, une universalité du décor et des personnages (tout le monde s'y retrouve), renforcée par l'absence de texte. De l'autre, une porte grande ouverte sur l'imaginaire de chacun (cette planche magique uniquement composée d'une myriade de petites cases de nuages !!!). Et tout se tient ! L'absence de texte ne dessert aucunement l'histoire, mais comme je le disais, renforce au contraire l'imaginaire qui nous est distillé ! Et tout ceci se construit autour d'une mise en page très élaborée, et d'un graphisme très réaliste dans un univers fantastique proche du surréalisme. On nage en pleine poésie graphique ! L'histoire enfin. Si le thème de l'immigration n'a en soi rien d'exceptionnel, il est traité avec une rare originalité et simplicité, tout en évitant les pièges et les caricatures. On suit le parcours de cet immigré et de ses difficultés quotidiennes, porté par la force du dessin tout en crayonné en sépia de Shaun Tan. Ne faites donc pas comme moi et pour cette fois fiez vous au Grand Prix qu'Angoulème lui a décerné, et plongez dans cette BD ! Passer à côté serait un crime !
Les Ensembles contraires
Attention ! Prévoyez beaucoup de temps libre devant vous pour lire ce pavé ! Parce qu’une fois la lecture commencée, vous aurez bien du mal à refermer cette bd avant la fin ! « Les ensembles contraires » est une autobiographie de Kris et Eric T.. Le récit met en scène leur rencontre et l’amitié qui va s’en découler (et qui apparemment dure toujours !). L’histoire débute en 1989, Christophe est puni par ses parents car il a passé une mauvaise année scolaire… ceux-ci lui interdisent de jouer au football. Christophe par l’intermédiaire d’un des amis va en compensation s’inscrire à un club de ping-pong. En fait, c’est plus pour draguer les filles que pour réellement jouer que Christophe va apprendre à être pongiste… c’est lors d’un tournoi que notre apprenti joueur va se lier amitié avec Eric… Ce premier tome raconte la période entre la fin de l’adolescence et le début de la vie professionnelle des deux amis. Il y raconte leurs premiers émois amoureux et leurs premières déceptions aussi. Surtout, le récit est un témoignage sur la solidarité entre deux êtres issus de milieux différents : Christophe est né dans une famille aisée alors qu’Eric vient d’une famille à la situation non enviable. Ainsi, tout au long de cette lecture, j’ai partagé la joie et les moments de détresse de ces jeunes gens. A aucun moment, je n’ai ressenti de l’ennui à suivre leurs péripéties, l’album alterne entre les passages festifs, romantiques et… difficiles, sans longueurs inutiles. Que ceux qui n’aiment pas les bds larmoyantes soient rassurés, ce premier tome comporte des scènes très touchantes mais elles ne penchent jamais vers le mélodramatique. Le dénouement est terriblement inquiétant concernant l’avenir d’Eric… Le dessin de Nicoby d’un coup de crayon épais m’est apparu parfaitement adapté à cette histoire. Son découpage est excellent et apparaît original dans certains passages comme lorsqu’Eric raconte à Christophe ce qu’il fait comme études. La mise en scène m’est apparue elle-aussi adaptée à l’histoire avec ses tons qui varient selon le lieu et surtout l’intensité dramatique des séquences. Ce premier tome de « Les ensembles contraires » confirme tout le bien que je pense de Kris : un scénariste sensible qui propose des histoires proches de nous et touchantes, qui s’intéresse au passé (Coupures irlandaises, Un homme est mort) et qui est surtout doué pour la narration ! Le récit met en scène un récit autobiographique sur l’amitié entre deux hommes issus de milieux différents, il comporte une fin qui donne l’envie de connaître impatiemment la suite ! « Les ensembles contraires » est, pour moi, un des albums les plus marquants de ce premier semestre 2008.
Tokyo Babylon
Des bons sentiments dans tokyo babylon ? On n'a pas dû lire la même chose o_o ! C'est sûr, face aux victimes Subaru va pas leur envoyer une tarte dans la tête, c'est normal qu'il se montre gentil, ça me parait même logique ! Sinon ce manga est très poignant. Je dirais même que c'est le meilleur de Clamp. Il est bien supérieur à X, trop méli mélo, et bien plus intéressant ! Car contrairement à X, Tokyo Babylon se situe dans la vie de tous les jours. On n'est pas dans des méandres fantastiques comme pour X, même s'il y a un peu de fantastique ! Mais Tokyo Babylon est avant tout une critique ou une analyse de la société actuelle à travers les yeux de Subaru, jeune medium qui a la particularité d'être dans l'empathie face à ce qu'il vit. Et ça peut même le ronger voir le tuer ! Donc il va rencontrer des gens qui subissent ou vivent des situations pas faciles et là Clamp nous raconte un sujet de société différent à chaque histoire de manière très approfondie et qui donne à réfléchir ! On va rencontrer une victime d'Ijime qui va se terminer de manière vraiment dramatique, une jeune fille victime d'une tournante (viol collectif), et des sujets aussi variés que l'immigration, la place d'une personne âgée dans la société, l'adultère... et contrairement à ce qui est dit dans les autres critiques, à part les victimes qui ne demandaient pas à subir tout ça, les personnages de leurs entourages sont vraiment cruels que ça soit des lycéennes, la famille du grand père ou les violeurs qui sont sans aucun scrupule ! On voit aussi l'enfance de Subaru qui n'est pas sans rappeler l'enfance de Lucy de "Elfend Lied" et notamment un passage avec un chien dans ce manga. Même les gosses peuvent être cruels ! Mais Tokyo Babylon parle aussi des relations ambiguës entre Subaru et son ami Seichiro qui cache bien des secrets ! Encore un fou psychopathe celui là -_- ! A lire ! Subaru est un perso extrêmement attachant et très humaniste quoi qu'un peu efféminé ou sensible ! Mais il est bien plus intéressant que son jumeau froid et insensible de X ! Il serait dommage de passer à côte au profit de X ou des oeuvres plus récentes de Clamp très commerciales ! Même si l'aspect graphique est très simpliste, c'est le style que Clamp a voulu donner à Tokyo Babylon, un chef d'oeuvre qui analyse avec justesse et recul la société dans laquelle on vit.
Vidéo Girl Aï
Franchement les critiques sont vraiment abusées ! Je ne vois pas ce qu'il y a de guimauve dans Vidéo Girl Aï : donnez des exemples ! Ce manga est un des plus poignants que j'ai lus. C'est une fable sur le sentiment amoureux. Les situations sont parfois d'un réalisme étonnant ! Tous les personnages sont très émouvants, il est difficile de ne pas être ému par leurs souffrances ou leurs déboires ! Les personnages sont loin d'avoir des vies simples. Ils souffrent énormément. Katsura parle de mort, de viols à travers Moemi avec une justesse rarement atteinte et une émotion rare ! I"s c'est pas mal mais c'est loin d'être aussi profond que Vidéo Girl Aï ! Dans I"s, tout reste assez artificiel. A part Ishitaka, les personnages féminins ne sont même pas développés ! Alors que dans Vidéo Girl Aï, les jeunes filles sont toutes développées, que ça soit Ai, Moemi ou Nobuko, on rentre dans leur intimité ! Vidéo Girl Aï, c'est un manga très intimiste mais jamais vulgaire car traité avec beaucoup de pudeur et de recul ! On a l'impression par moment de vivre à travers les personnages tellement ils nous semblent proches ! Vidéo Girl Aï, c'est l'histoire d'amour de deux êtres déçus qui se donnent l'un à l'autre sans limite même s'ils mettent du temps pour le comprendre. A lire d'urgence !
Fruits Basket
Malgré un début avec un humour qui rappelle Ranma 1/2, "Fruits basket" parle au fur et à mesure de ses volumes de sujets plutôt graves avec beaucoup de justesse, comme la mort, la solitude, la perversion psychologique, se reconstruire après avoir vécu des traumatismes, les liens mères-enfants, les secrets de familles, la névrose, la peur de l'abandon en plus du passage vers l'âge adulte, la culpabilité ou l'amour ! Les personnages paraissent drôles et simplistes au premier abord mais il n'en est rien. Ils ont une psychologie très approfondie et pas que les principaux mais toute la famille Soma + les amis qui les entourent ! Ils ont tous leurs histoires plus ou moins tragiques, leurs blessures, leurs problèmes ! "Fruits basket" parle de l'humain avec une certaine réflexion qui n'a rien à envier à un Evangelion ! Donc ne vous fiez pas aux premiers volumes car plus on avance plus ça devient tragique et mature même s'il y a toujours de l'humour ! Un des meilleurs shojo qui existent ! Le dessin est un peu simpliste mais original et maîtrisé, surtout les expressions du visage et les ambiances lourdes et pesantes très ancrées pour montrer le côté dramatique d'une scène.
Pyongyang
Big Brother existe et il est coréen. Il a réussi là où d'autres dictateurs ont échoué. Son peuple est tout le temps en surveillance et croit tout ce qu'il dit (ou fait semblant pour ne pas avoir d'ennui). C'est ce que j'ai retenu de 'Pyongyang', la bd la plus sombre que j'ai lue. Bon. Il existe des séries beaucoup plus glauques comme Ayako ou Idées Noires, mais c'étaient des oeuvres de fiction alors qu'ici c'est la réalité. Il y a des gens qui vivent réellement comme ça et je ne crois pas que je vais l'oublier tellement cela m'a marqué. Guy Delisle nous présente des tranches de vie de ce qu'il a vécu. On voit des monuments à la gloire de Kim Jong-il, le peuple obligé de faire du 'volontariat', un musée faisant croire que toute la planète aime la Corée du Nord (sauf évidemment les Américains qui sont fourbes et cruels), etc. C'est vraiment intéressant et passionnant même si, comme je l'ai déjà écrit, j'ai ressenti un certain malaise car des personnes vivent ça toute leur vie.