Bon, je suis bien embêtée, là, parce que Pierig m’a piqué mon avis, il a juste changé le pseudo, pfff… :p ;)
Plus sérieusement, je ne saurais dire mieux que lui pour exprimer ce que je pense de cette réjouissante série. L’idée de départ, déjà, est sympathique et en plus elle bénéficie ici d’une excellente exploitation, tant au niveau du scénario, que de celui du graphisme.
Chaque planche est désopilante, ne serait-ce que par les expressions que Bravo prête à ses ours nains. Comme d’autres l’ont dit avant moi, c’est de l’humour intelligent, avec un second degré sans doute plus accessible aux adultes qu’aux enfants, mais chaque âge peut y trouver son compte, à mon avis.
Le scénario détourne habilement les contes de notre enfance, y insérant quelques clins d’œil historico-politiques (Hansel et Gretel en Aryens bon teint ! J) assez jubilatoires. Amusant d’ailleurs, ce point commun avec cet autre album de contes détournés qu’est Le Petit Mamadou Poucet. ;)
Bref, moi aussi je vous en conseille la lecture, quand à l’achat, à vous de voir…
Cette bande dessinée a bercé mon enfance. Je l'ai découverte par hasard vers 11-12 ans dans la bibliothèque municipale de ma ville natale.
Grand amateur du "haut Moyen-Âge" et faisant de nombreuses recherches sur la chevalerie, les légendes Arthuriennes et sur les moines-chevalier (Templiers et hospitaliers) notamment dans ma région (le Haut QUERCY berceau ma famille maternelle). L'élégance des dessins sans montrer le geste vif et violent (comme la plupart des BD actuelle) et le contexte du scénario, en font une bande dessinée vraiment de référence aussi bien que celles beaucoup plus connues comme TINTIN ou ASTERIX ou même LUCKY LUKE. Ce sont des auteurs de la même période. Il faut savoir que la première apparition de CHEVALIER ARDENT s'est faite en janvier 1966 dans le n°1 du JOURNAL DE TINTIN. Ceci explique peut être cela. C'est une génération de dessinateurs très complet et évolutif dans le temps, sans être indémodable pour autant.
Comme je l'ai dit, je pense que François Crenhals a voulu expliquer sa vision du Moyen-Âge, d'ailleurs, il disait que le Moyen-Âge n'était franchement pas sa passion première durant son enfance. Pour lui, quand il était enfant, le Moyen-Âge se contentait de dates, de guerres et de chevaliers et princesses, c'était tout. Plus tard, il se passionna pour cette période et à garder ce côté romanesque de l'époque, et montrant une foule d'indice sur ce que pouvait être cette période avec une finesse presque enfantine et naïve.
Ses dessins se rapprochent beaucoup des ouvrages de Corneille, où le code d'honneur, de loyauté et fidélité passaient avant tout. Il n'oublie pas non plus les difficultés des plus démunis, et le rapport du servage par rapport au suzerain. Il n'oublie pas non plus les manipulations du pouvoir et les intérêts du roi, du royaume et de ses seigneurs. Tout y est, de manière peut être "naïve et romanesque" mais juste et accessible à tous. Je recommande particulièrement cette BD.
Disons-le tout de suite : j'ai carrément flashé sur les dessins dont la qualité graphique saute indubitablement aux yeux.
Les planches sont denses, très maîtrisées et la précision du trait s'allie à une véritable inventivité sur les costumes et la structure architecturale métissée mi-new yorkaise mi-orientale de cette étrange et formidable cité. Les vues plongeantes et les panoramiques sont franchement saisissants. Cette uchronie s'inscrit bien dans la tradition SF de l'anticipation urbaine où la ville est au centre des expériences les plus audacieuses rappelant tout le courant des utopistes russes et italiens qui ont su exprimer de la manière la plus évocatrice qui soit, le mythe métropolitain futuriste.
La mise en couleur et les éclairages sont eux aussi à la hauteur avec une belle finition et une palette très élargie et très raffinée des couleurs.
La construction scénaristique est élaborée et efficace et on est vite happé par l'histoire.
Les personnages ne sont pas en reste et sont admirablement campés avec des personnalités bien affirmées. Les personnages féminins principaux ont des caractères forts et le personnage de Zack, loin d'être monolithique est d'abord présenté sous un jour pas vraiment positif puisqu'il est supposé être au service de l'Utopie Fondamentaliste.
On finit donc la lecture avec à la fois une parfaite connaissance du contexte et une belle mise en haleine. "New Byzance" est un magnifique album. On en redemande...
"Jusqu’à ce que la mort nous sépare" ne m’a pas tout de suite attirée.
Un titre pompeux, qui sonne « romantique » et qui semblait, de loin, être une traduction vaseuse du titre originel. De plus, la couverture du tome 1, vert flash, avec cette petite fille bizarre me donnait plus envie de le cacher sous une pile de vieux livres poussiéreux plutôt que de le ramener chez moi. Pourtant…
A la recherche d’une nouvelle série qui « dénotait » par rapport aux autres (aucune envie de retomber dans une série longue et commerciale), je me suis laissée quand même tenter par l’envie de feuilleter cette nouvelle acquisition de Ki-oon.
Tout d’abord, le trait est déjà très bien maîtrisé dès le premier tome. Couplé à des fonds minimalistes mais tout aussi précis, on apprécie déjà ce petit détail qui fait souvent toute la différence lors des scènes de combats. Car oui, "Jusqu’à ce que la mort nous sépare" est bien un seinen. Je ne m’aventure pas à le classer dans le shônen, car certaines scènes et surtout, le personnage principal me semblent trop « sombres » pour pouvoir paraître dans des magazines destinés pour les jeunes adolescents. Ce qui n’est pas pour me déplaire.
Ensuite vient l’histoire. Sur fond de « guerre de technologie » entre gangs internationaux et d’autres organisations mafieuses, on mélange un peu de science-fiction (car il faut bien avouer que toutes ces technologies semblent un peu trop poussées par certains côtés), on y ajoute des personnages aux backgrounds prometteurs et on saupoudre le tout d’un zeste d’humour à petites doses et vous obtenez un scénario assez lourd pour tenir en haleine le lecteur sur plusieurs tomes.
Enfin parlons de l’adaptation. Rien à redire. Le papier est de très bonne qualité, l’encre ne bave pas et aucune coquille à l’horizon. Ki-oon fait fort, encore une fois. Seul bémol peut-être, le prix qui est fort élevé (plus de 8€ en Belgique, c’est un crève porte-monnaie). Mais s’il faut payer un ou deux euros en plus pour conserver une telle qualité, je vote pour !
Bien entendu, je n’ai pu lire que les deux premiers tomes. Je ne peux donc pas vous donner un avis très poussé, car bien que le volume d’un tome soit conséquent et qu’il s’y passe énormément de choses sans bombarder le lecteur d’informations, je pense qu’attendre encore un ou deux tomes n'est pas superflu. J’éditerai alors mon avis pour confirmer (ou infirmer il faudra voir) mon avis.
Mais pour le moment un conseil : faites-vous plaisir et jetez-y un petit coup d’œil ;)
Suite à mon précédent coup de cœur portant sur la série Yiu, premières missions
Je m'étais depuis penché sur la série principale "Yiu" avec beaucoup d'enthousiasme.
La sortie du sixième tome "l'apocalypse ou le livre des splendeurs" me donne l'occasion de vous livrer ici mes impressions.
Tout d'abord, si j'avais connu cette série en découvrant le tome 1, sans en connaître plus, je pense que j'aurais réagi comme l'on fait certains ici : une suite de "tableaux", certes très beaux, mais au contenu scénaristique assez pauvre finalement. Et pourtant, quel pied j'ai pris, en connaissant la série dérivée et en découvrant cet historique du monde tel qu'imaginé par les auteurs !
Puis, au fur et à mesure des tomes, cette société est habilement détaillée tout au long du récit et des péripéties de Yiu au long de cette nouvelle mission. Car en fait, il s'agit d'une nouvelle (ultime ?) mission de Yiu qui nous est présentée sur les sept tomes que prévoient les auteurs... D'où peut-être aussi cette impression que le scénario n'avance pas vite... C'est vrai que c'est très lent par rapport à une première mission racontée en un seul tome à 200 à l'heure ! La narration elle aussi est très lente, peut-être parfois un peu "pompeuse" à mon goût... Mais je trouve que l'ambiance rendue au fur et à mesure, de plus en plus pesante, oppressante est assez incroyable. Et à chaque fin de tome, l'envie d'ouvrir le suivant est bien réelle, preuve pour ma part d'un scénario bien mené...
Espérons maintenant que le tome 7 mettra moins de temps pour sortir que le tome 6 (deux ans et demi de réalisation).
Côté graphique, le trait fin et hyper dynamique des première missions laisse la place à un travail beaucoup plus gras, plus statique, qui m'a perturbé au début, je ne reconnaissais pas bien l'héroïne (qui change beaucoup je trouve tout au long de la série...). J'ai l'impression qu'il y a eu un changement de dessinateur pendant cette série (je n'ai pas vérifié). La mise en page, le découpage, sont par contre toujours aussi bien foutus. Le travail qui m'a vraiment impressionné est celui sur la couleur (qui évolue aussi au fil des tomes). C'est vraiment très très beau et l'ambiance apocalyptique dans lequel baigne cette histoire est très bien rendue.
Le tome 6 est assez exceptionnel sur ce point.
Difficile de noter cette série !
Les tomes ne se ressemblent pas tous, l'évolution du graphisme est assez visible.
Côté scénario, après un 1er tome "narratif", nous avons droit à 3 tomes hyper violent et très speed, le cinquième pour moi étant le meilleur jusqu'à maintenant car faisant vraiment avancer l'histoire. Le sixième tome - au demeurant très bon et dans lequel beaucoup de choses prennent place- est à mes yeux plus une "préparation" au final qui risque d'être grandiose et surprenant !
A ceux qui se sont arrêtés au premier tome je dis : replonger vous dedans, ça vaut le coup !
Une série majeure de science fiction à mon avis, avec une héroïne "hors normes" !
Ouch, après la lecture de Batman - Secrets du même Sam Kieth j'étais enthousiaste à l'idée de lire ce Batman Lobo j'ai été déçu.
Une histoire peu passionnante, confuse et semblant amputée à cause d'un découpage largement trop rapide, l'ensemble est difficile à suivre. Difficile de parler d'ellipses en lisant on a parfois l'impression de sauter des pages entières. Et cette rencontre entre Batman et Lobo n'apporte rien ni à l'un ni à l'autre personnage. La présence de Jim Gordon, toujours plaisante dans un Batman, est ici plus qu'anecdotique, le commissaire est carrément transparent.
Après la sublime histoire de Batman et du Joker, qui elle explorait les personnages de manière viscérale, que nous a offerte l'auteur dans Secrets, il y a de quoi se poser des questions...
Ce Batman Lobo sent l'œuvre de commande peu inspirée, les deux héros se rencontrent, se castagnent un peu, s'allient pour lutter contre une créature qui semble sortir du film Hidden et, à la fin, chacun rentre chez soi... Super. Pour la psychologie, Bats est montré comme un rigide d'esprit qui ne s'arrête pas de répéter que tuer c'est mal et Lobo comme un castagneur de salon qui pue de la gueule et dit des gros mots... C'est fouillé quoi...
J'imagine la déception pour le lecteur qui découvrira Lobo dans cette histoire, Simon Bisley doit bien rire.
Quant aux dessins, ce n'est guère mieux. Le style de Sam Kieth que j'aime tant manque ici cruellement d'éclat. Trop d'angles, trop peu d'inspiration dans le trait, trop de vide dans les cases. Seule la représentation de quelques courbes féminines sauve une partie des planches où elles apparaissent.
Pourtant Keith est d'habitude brillant, son style grotesque, ses personnages hypertrophiés, le relief qu'il donne à ses dessins pour les rendre vivants, sont autant d'éléments qui placent à mes yeux cet artiste dans la catégorie des grands, de ces dessinateurs qui tranchent réellement avec la production de comics habituelle...
Hélas n'est pas Corben, ni Bisley qui veut.
Si ce Batman cosmique n'est pas totalement inintéressant car il offre quelques belles séquences tout de même, il reste un ratage qui ne s'adresse guère qu'aux complétistes.
JJJ
Alors là, je ne comprends pas pourquoi les avis sont si modestes pour cette série. Peut-être n'y a-t-il tout simplement pas un réel engouement pour ce type de récit. Parce que pour les amateurs du genre, c'est du bonbon !
L'épervier est donc une histoire de corsaires, de batailles et de vieux bateaux. L'histoire est très classique avec son lot d'éléments clichés mais le tout est diablement efficace. C'est une série qui démontre une réelle maîtrise de l'art de la bande dessinée, à tous les niveaux. Les cadrages, la mise en scène, la narration, la construction de l'intrigue et du scénario. Et le tout est mené par un seul et même auteur ! C'est ce qui m'impressionne le plus.
Maintenant, j'aimerais surtout parler du dessin qui donne toute sa valeur à cette BD. C'est du dessin réaliste comme on en voit rarement. On voit tout de suite que tout est calculé, documenté, vérifié, de la couleur du chapeau du capitaine aux poulies de son navire. Il y a eu un travail de documentation colossal, je n'ose même pas m'imaginer. Rien que les bateaux ont dû demander des centaines d'heures de travail et de recherche. Je n'ai donc pas eu le choix de croire à l'histoire qu'on me racontait, elle semblait réelle ! Le seul petit bémol, comme dans beaucoup de BD réalistes, ce sont les visages des personnages qui finissent tous par se ressembler. Mais il suffit d'avoir l'oeil attentif pour surmonter cette légère difficulté de lecture.
En bref, l'épervier est une série très classique sans trop de surprises, mais qui maîtrise les bonnes vieilles règles de la bande dessinée. C'est pourquoi c'est un délice à lire, surtout pour les amateurs d'histoires de corsaires et autres aventuriers du XVIIIième siècle.
J'ai du mal à comprendre cette aura qu'à actuellement Manu Larcenet dans le monde de la BD. Certes, il lui arrive d'être drôle, et j'avoue aussi que les dessins et les couleurs sont aussi réussis. Mais il y en a eu - et il y en a - de bien plus grands que lui...
"Le retour à la terre" est peut-être ce qu'il a fait de meilleur. Humour, tendresse, et vécu. Nous avons eu nous aussi notre "retour à la terre", et lorsque nous feuilletons cette BD, c'est un peu comme si nous regardions un album photo... merci !
Cette BD, et sa suite "Zapata, en temps de guerre", est une véritable révélation de ce qu'il y a de plus (ou moins) enfoui à l'intérieur de chacun de nous, habitants de France et d'Europe occidentale.
A lire absolument, pour comprendre, à travers les réflexions et les tribulations de quelqu'un comme vous et moi, pourquoi nous marchons dans un monde dont la maladie s'appelle "mondialisation".
Voilà une plongée fantasmagorique dans l'univers angoissant d'un bateau de guerre. Plongée dans tous les sens, vers le fond toujours plus profond des machines du Belliqueux et vers le pire pour les protagonistes de cette aventure.
Cette histoire est comme un rêve qui tourne un peu au cauchemar avec toute la force et la nervosité du dessin de Blain pour les superbes décors.
Pour ma part j'y suis venu après avoir lu Isaac et je n'ai pas été déçu.
A découvrir sans hésiter car tout est déjà en place chez Blain dans cette BD.
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Les Sept Ours Nains
Bon, je suis bien embêtée, là, parce que Pierig m’a piqué mon avis, il a juste changé le pseudo, pfff… :p ;) Plus sérieusement, je ne saurais dire mieux que lui pour exprimer ce que je pense de cette réjouissante série. L’idée de départ, déjà, est sympathique et en plus elle bénéficie ici d’une excellente exploitation, tant au niveau du scénario, que de celui du graphisme. Chaque planche est désopilante, ne serait-ce que par les expressions que Bravo prête à ses ours nains. Comme d’autres l’ont dit avant moi, c’est de l’humour intelligent, avec un second degré sans doute plus accessible aux adultes qu’aux enfants, mais chaque âge peut y trouver son compte, à mon avis. Le scénario détourne habilement les contes de notre enfance, y insérant quelques clins d’œil historico-politiques (Hansel et Gretel en Aryens bon teint ! J) assez jubilatoires. Amusant d’ailleurs, ce point commun avec cet autre album de contes détournés qu’est Le Petit Mamadou Poucet. ;) Bref, moi aussi je vous en conseille la lecture, quand à l’achat, à vous de voir…
Chevalier Ardent
Cette bande dessinée a bercé mon enfance. Je l'ai découverte par hasard vers 11-12 ans dans la bibliothèque municipale de ma ville natale. Grand amateur du "haut Moyen-Âge" et faisant de nombreuses recherches sur la chevalerie, les légendes Arthuriennes et sur les moines-chevalier (Templiers et hospitaliers) notamment dans ma région (le Haut QUERCY berceau ma famille maternelle). L'élégance des dessins sans montrer le geste vif et violent (comme la plupart des BD actuelle) et le contexte du scénario, en font une bande dessinée vraiment de référence aussi bien que celles beaucoup plus connues comme TINTIN ou ASTERIX ou même LUCKY LUKE. Ce sont des auteurs de la même période. Il faut savoir que la première apparition de CHEVALIER ARDENT s'est faite en janvier 1966 dans le n°1 du JOURNAL DE TINTIN. Ceci explique peut être cela. C'est une génération de dessinateurs très complet et évolutif dans le temps, sans être indémodable pour autant. Comme je l'ai dit, je pense que François Crenhals a voulu expliquer sa vision du Moyen-Âge, d'ailleurs, il disait que le Moyen-Âge n'était franchement pas sa passion première durant son enfance. Pour lui, quand il était enfant, le Moyen-Âge se contentait de dates, de guerres et de chevaliers et princesses, c'était tout. Plus tard, il se passionna pour cette période et à garder ce côté romanesque de l'époque, et montrant une foule d'indice sur ce que pouvait être cette période avec une finesse presque enfantine et naïve. Ses dessins se rapprochent beaucoup des ouvrages de Corneille, où le code d'honneur, de loyauté et fidélité passaient avant tout. Il n'oublie pas non plus les difficultés des plus démunis, et le rapport du servage par rapport au suzerain. Il n'oublie pas non plus les manipulations du pouvoir et les intérêts du roi, du royaume et de ses seigneurs. Tout y est, de manière peut être "naïve et romanesque" mais juste et accessible à tous. Je recommande particulièrement cette BD.
Uchronie[s] - New Byzance
Disons-le tout de suite : j'ai carrément flashé sur les dessins dont la qualité graphique saute indubitablement aux yeux. Les planches sont denses, très maîtrisées et la précision du trait s'allie à une véritable inventivité sur les costumes et la structure architecturale métissée mi-new yorkaise mi-orientale de cette étrange et formidable cité. Les vues plongeantes et les panoramiques sont franchement saisissants. Cette uchronie s'inscrit bien dans la tradition SF de l'anticipation urbaine où la ville est au centre des expériences les plus audacieuses rappelant tout le courant des utopistes russes et italiens qui ont su exprimer de la manière la plus évocatrice qui soit, le mythe métropolitain futuriste. La mise en couleur et les éclairages sont eux aussi à la hauteur avec une belle finition et une palette très élargie et très raffinée des couleurs. La construction scénaristique est élaborée et efficace et on est vite happé par l'histoire. Les personnages ne sont pas en reste et sont admirablement campés avec des personnalités bien affirmées. Les personnages féminins principaux ont des caractères forts et le personnage de Zack, loin d'être monolithique est d'abord présenté sous un jour pas vraiment positif puisqu'il est supposé être au service de l'Utopie Fondamentaliste. On finit donc la lecture avec à la fois une parfaite connaissance du contexte et une belle mise en haleine. "New Byzance" est un magnifique album. On en redemande...
Jusqu'à ce que la mort nous sépare
"Jusqu’à ce que la mort nous sépare" ne m’a pas tout de suite attirée. Un titre pompeux, qui sonne « romantique » et qui semblait, de loin, être une traduction vaseuse du titre originel. De plus, la couverture du tome 1, vert flash, avec cette petite fille bizarre me donnait plus envie de le cacher sous une pile de vieux livres poussiéreux plutôt que de le ramener chez moi. Pourtant… A la recherche d’une nouvelle série qui « dénotait » par rapport aux autres (aucune envie de retomber dans une série longue et commerciale), je me suis laissée quand même tenter par l’envie de feuilleter cette nouvelle acquisition de Ki-oon. Tout d’abord, le trait est déjà très bien maîtrisé dès le premier tome. Couplé à des fonds minimalistes mais tout aussi précis, on apprécie déjà ce petit détail qui fait souvent toute la différence lors des scènes de combats. Car oui, "Jusqu’à ce que la mort nous sépare" est bien un seinen. Je ne m’aventure pas à le classer dans le shônen, car certaines scènes et surtout, le personnage principal me semblent trop « sombres » pour pouvoir paraître dans des magazines destinés pour les jeunes adolescents. Ce qui n’est pas pour me déplaire. Ensuite vient l’histoire. Sur fond de « guerre de technologie » entre gangs internationaux et d’autres organisations mafieuses, on mélange un peu de science-fiction (car il faut bien avouer que toutes ces technologies semblent un peu trop poussées par certains côtés), on y ajoute des personnages aux backgrounds prometteurs et on saupoudre le tout d’un zeste d’humour à petites doses et vous obtenez un scénario assez lourd pour tenir en haleine le lecteur sur plusieurs tomes. Enfin parlons de l’adaptation. Rien à redire. Le papier est de très bonne qualité, l’encre ne bave pas et aucune coquille à l’horizon. Ki-oon fait fort, encore une fois. Seul bémol peut-être, le prix qui est fort élevé (plus de 8€ en Belgique, c’est un crève porte-monnaie). Mais s’il faut payer un ou deux euros en plus pour conserver une telle qualité, je vote pour ! Bien entendu, je n’ai pu lire que les deux premiers tomes. Je ne peux donc pas vous donner un avis très poussé, car bien que le volume d’un tome soit conséquent et qu’il s’y passe énormément de choses sans bombarder le lecteur d’informations, je pense qu’attendre encore un ou deux tomes n'est pas superflu. J’éditerai alors mon avis pour confirmer (ou infirmer il faudra voir) mon avis. Mais pour le moment un conseil : faites-vous plaisir et jetez-y un petit coup d’œil ;)
Yiu
Suite à mon précédent coup de cœur portant sur la série Yiu, premières missions Je m'étais depuis penché sur la série principale "Yiu" avec beaucoup d'enthousiasme. La sortie du sixième tome "l'apocalypse ou le livre des splendeurs" me donne l'occasion de vous livrer ici mes impressions. Tout d'abord, si j'avais connu cette série en découvrant le tome 1, sans en connaître plus, je pense que j'aurais réagi comme l'on fait certains ici : une suite de "tableaux", certes très beaux, mais au contenu scénaristique assez pauvre finalement. Et pourtant, quel pied j'ai pris, en connaissant la série dérivée et en découvrant cet historique du monde tel qu'imaginé par les auteurs ! Puis, au fur et à mesure des tomes, cette société est habilement détaillée tout au long du récit et des péripéties de Yiu au long de cette nouvelle mission. Car en fait, il s'agit d'une nouvelle (ultime ?) mission de Yiu qui nous est présentée sur les sept tomes que prévoient les auteurs... D'où peut-être aussi cette impression que le scénario n'avance pas vite... C'est vrai que c'est très lent par rapport à une première mission racontée en un seul tome à 200 à l'heure ! La narration elle aussi est très lente, peut-être parfois un peu "pompeuse" à mon goût... Mais je trouve que l'ambiance rendue au fur et à mesure, de plus en plus pesante, oppressante est assez incroyable. Et à chaque fin de tome, l'envie d'ouvrir le suivant est bien réelle, preuve pour ma part d'un scénario bien mené... Espérons maintenant que le tome 7 mettra moins de temps pour sortir que le tome 6 (deux ans et demi de réalisation). Côté graphique, le trait fin et hyper dynamique des première missions laisse la place à un travail beaucoup plus gras, plus statique, qui m'a perturbé au début, je ne reconnaissais pas bien l'héroïne (qui change beaucoup je trouve tout au long de la série...). J'ai l'impression qu'il y a eu un changement de dessinateur pendant cette série (je n'ai pas vérifié). La mise en page, le découpage, sont par contre toujours aussi bien foutus. Le travail qui m'a vraiment impressionné est celui sur la couleur (qui évolue aussi au fil des tomes). C'est vraiment très très beau et l'ambiance apocalyptique dans lequel baigne cette histoire est très bien rendue. Le tome 6 est assez exceptionnel sur ce point. Difficile de noter cette série ! Les tomes ne se ressemblent pas tous, l'évolution du graphisme est assez visible. Côté scénario, après un 1er tome "narratif", nous avons droit à 3 tomes hyper violent et très speed, le cinquième pour moi étant le meilleur jusqu'à maintenant car faisant vraiment avancer l'histoire. Le sixième tome - au demeurant très bon et dans lequel beaucoup de choses prennent place- est à mes yeux plus une "préparation" au final qui risque d'être grandiose et surprenant ! A ceux qui se sont arrêtés au premier tome je dis : replonger vous dedans, ça vaut le coup ! Une série majeure de science fiction à mon avis, avec une héroïne "hors normes" !
Batman / Lobo
Ouch, après la lecture de Batman - Secrets du même Sam Kieth j'étais enthousiaste à l'idée de lire ce Batman Lobo j'ai été déçu. Une histoire peu passionnante, confuse et semblant amputée à cause d'un découpage largement trop rapide, l'ensemble est difficile à suivre. Difficile de parler d'ellipses en lisant on a parfois l'impression de sauter des pages entières. Et cette rencontre entre Batman et Lobo n'apporte rien ni à l'un ni à l'autre personnage. La présence de Jim Gordon, toujours plaisante dans un Batman, est ici plus qu'anecdotique, le commissaire est carrément transparent. Après la sublime histoire de Batman et du Joker, qui elle explorait les personnages de manière viscérale, que nous a offerte l'auteur dans Secrets, il y a de quoi se poser des questions... Ce Batman Lobo sent l'œuvre de commande peu inspirée, les deux héros se rencontrent, se castagnent un peu, s'allient pour lutter contre une créature qui semble sortir du film Hidden et, à la fin, chacun rentre chez soi... Super. Pour la psychologie, Bats est montré comme un rigide d'esprit qui ne s'arrête pas de répéter que tuer c'est mal et Lobo comme un castagneur de salon qui pue de la gueule et dit des gros mots... C'est fouillé quoi... J'imagine la déception pour le lecteur qui découvrira Lobo dans cette histoire, Simon Bisley doit bien rire. Quant aux dessins, ce n'est guère mieux. Le style de Sam Kieth que j'aime tant manque ici cruellement d'éclat. Trop d'angles, trop peu d'inspiration dans le trait, trop de vide dans les cases. Seule la représentation de quelques courbes féminines sauve une partie des planches où elles apparaissent. Pourtant Keith est d'habitude brillant, son style grotesque, ses personnages hypertrophiés, le relief qu'il donne à ses dessins pour les rendre vivants, sont autant d'éléments qui placent à mes yeux cet artiste dans la catégorie des grands, de ces dessinateurs qui tranchent réellement avec la production de comics habituelle... Hélas n'est pas Corben, ni Bisley qui veut. Si ce Batman cosmique n'est pas totalement inintéressant car il offre quelques belles séquences tout de même, il reste un ratage qui ne s'adresse guère qu'aux complétistes. JJJ
L'Epervier
Alors là, je ne comprends pas pourquoi les avis sont si modestes pour cette série. Peut-être n'y a-t-il tout simplement pas un réel engouement pour ce type de récit. Parce que pour les amateurs du genre, c'est du bonbon ! L'épervier est donc une histoire de corsaires, de batailles et de vieux bateaux. L'histoire est très classique avec son lot d'éléments clichés mais le tout est diablement efficace. C'est une série qui démontre une réelle maîtrise de l'art de la bande dessinée, à tous les niveaux. Les cadrages, la mise en scène, la narration, la construction de l'intrigue et du scénario. Et le tout est mené par un seul et même auteur ! C'est ce qui m'impressionne le plus. Maintenant, j'aimerais surtout parler du dessin qui donne toute sa valeur à cette BD. C'est du dessin réaliste comme on en voit rarement. On voit tout de suite que tout est calculé, documenté, vérifié, de la couleur du chapeau du capitaine aux poulies de son navire. Il y a eu un travail de documentation colossal, je n'ose même pas m'imaginer. Rien que les bateaux ont dû demander des centaines d'heures de travail et de recherche. Je n'ai donc pas eu le choix de croire à l'histoire qu'on me racontait, elle semblait réelle ! Le seul petit bémol, comme dans beaucoup de BD réalistes, ce sont les visages des personnages qui finissent tous par se ressembler. Mais il suffit d'avoir l'oeil attentif pour surmonter cette légère difficulté de lecture. En bref, l'épervier est une série très classique sans trop de surprises, mais qui maîtrise les bonnes vieilles règles de la bande dessinée. C'est pourquoi c'est un délice à lire, surtout pour les amateurs d'histoires de corsaires et autres aventuriers du XVIIIième siècle.
Le Retour à la terre
J'ai du mal à comprendre cette aura qu'à actuellement Manu Larcenet dans le monde de la BD. Certes, il lui arrive d'être drôle, et j'avoue aussi que les dessins et les couleurs sont aussi réussis. Mais il y en a eu - et il y en a - de bien plus grands que lui... "Le retour à la terre" est peut-être ce qu'il a fait de meilleur. Humour, tendresse, et vécu. Nous avons eu nous aussi notre "retour à la terre", et lorsque nous feuilletons cette BD, c'est un peu comme si nous regardions un album photo... merci !
Garduno, en temps de paix
Cette BD, et sa suite "Zapata, en temps de guerre", est une véritable révélation de ce qu'il y a de plus (ou moins) enfoui à l'intérieur de chacun de nous, habitants de France et d'Europe occidentale. A lire absolument, pour comprendre, à travers les réflexions et les tribulations de quelqu'un comme vous et moi, pourquoi nous marchons dans un monde dont la maladie s'appelle "mondialisation".
Le réducteur de vitesse
Voilà une plongée fantasmagorique dans l'univers angoissant d'un bateau de guerre. Plongée dans tous les sens, vers le fond toujours plus profond des machines du Belliqueux et vers le pire pour les protagonistes de cette aventure. Cette histoire est comme un rêve qui tourne un peu au cauchemar avec toute la force et la nervosité du dessin de Blain pour les superbes décors. Pour ma part j'y suis venu après avoir lu Isaac et je n'ai pas été déçu. A découvrir sans hésiter car tout est déjà en place chez Blain dans cette BD.