Inès, ou l’un des derniers sujets tabou de notre société : la violence conjugale. Il faut du cran pour s’atteler à ce genre de sujets tant la tâche va être difficile, tant il est possible de passer du cliché lourd au grotesque lourd.
Le dessin marque d’emblée le malaise, tout comme la première planche. Noir et dégradés de gris, le dessin est simpliste à l’extrême. Les ombres omniprésentes rendent admirablement l’atmosphère lourde du huis clos que nous allons vivre. Car toute la BD se situe dans l’appartement d’un couple avec une fille. Les cadrages ne sont pas vraiment innovants et plutôt monotones, mais les dessins transcrivent bien dans leur noirceur et leur âpreté l’état intérieur de la femme.
J’ai déjà débordé sur le scénario, donc nous avons une enfant qui pleure, un couple « normal » aux yeux des autres. Pourtant de l’intérieur c’est dramatique : violences physique et morale de cet homme sur cette femme avec la présence de cette petite fille qui démultiplie l’émotion et la force violente. Ce couple de voisin est intéressant, ils sont plus jeunes. La femme s’étonne du bruit, des pleurs et va oser se mêler à l’intimité des voisins en allant demander si tout va bien. Son ami la moque plus ou moins gentiment lui qui ne veut pas entendre. L’homme va ouvrir et renvoyer chez elle cette voisine au bon sentiment en disant que tout va bien et que sa fille est juste un peu capricieuse. La réalité est autre la mère est bloquée dans les toilettes que frappe l’homme tandis que la petite fille appelle sa mère… Les pensées de la femme sont écrites, lui joue sur ses faiblesse, elle donne du crédit à ses paroles et actions. La journée sera un moment sans lui parti travailler, elle voudra s’accorder un temps de répits en jouant avec sa fille sans pour autant oublier. Elle profite d’une pause tout en pensant au prochain orage. La suite sera une soirée bière avec un collègue ramené par là. Elle se demandera s’il régira devant les traces de coup, lui sera gêné. Il a vu forcément, mais peut il intervenir, doit il intervenir, il le fera finalement par une timide réprimande lorsque les paroles seront trop dures mais celle-ci sera immédiatement annihilée par le persécuteur par une pirouette en disant que c’est de l’humour… On est mal à l’aise on se demande si ce n’est pas nous qui sommes là, gênés et impuissants, n’osant pas intervenir, devinant mais n’étant pas surs, ne voulant pas voir pour ne pas se gêner nous même en nous entrainant dans les problèmes d’autrui.
La fin est tragique. Quand on pense que ne sont ici présentés que deux journées du calvaire de cette femme on remercie l’auteur de ne pas en avoir écrit plus.
Dans cette courte BD au dessin adapté dans son trait violent se dressent pêle-mêle, indifférence, violence intellectuelle et physique, devoir, oubli, relation à autrui, éducation, individualisme, autorité, vie/mort, fuite, aliénation, non intervention, égoïsme… C’est bouleversant, très bien écrit, une vraie claque à la lecture.
Acheter ce livre me parait très tendu, je ne me vois pas avec cette bombe noire à la maison, je ne me vois pas un soir vouloir lire cette BD pour passer un bon moment. Au contraire cette BD dérange, fait du bien à notre individualisme, bouscule. La lire me parait salutaire tant elle nous fait prendre conscience de notre propre individualisme face à la détresse d’autrui. Alors cette BD n’apporte pas de solution au problème, ne dit pas comment éviter le drame, elle le présente dans son horreur et sa tension si bien transcrite. Il me semble d’ailleurs que l’œuvre est construite en miroir, et j’ai l’effroi de penser que le jeune couple voisin sera lui-même dans cette situation tant les réactions de l’homme de ce couple ma paraissent faire naître celles du meurtrier…
A nous maintenant de réfléchir et de savoir ce que nous ferions et de ne pas tomber dans ce drame…
Voici pour moi une des meilleures BD jeunesse de ces dernières années !
Rares sont en effet celles qui arrivent réellement à me faire rire, ce que réussi sans conteste Julien Neel avec ses héroïnes. Ça nous change de Titeuf et de son humour pipi/caca...
Car ce qui fait la force de cette BD jeunesse, c'est justement les caractères forts des personnages et leurs relations. Lou, bien sûr, jeune fille de plus en plus mature et qu'on voit évoluer et grandir au fil des albums ; sa mère, post-ado-écrivaine de SF, quand elle lâche sa console de jeu, aux piètres talents culinaires et rebelle éternelle qui tient tant bien que vaille les rênes de sa famille mono parentale.
Et forcément ça swingue ! C'est plein de tendresse, de clins d'œil, de sentiments, tout en évitant la mièvrerie. Ce coup de zoom sur une tranche de vie très actuelle est vraiment une réussite.
Côté dessin, c'est plein de fraicheur également ! Un dessin rond, doux, expressif et très coloré. J'ai bien aimé et trouvé que ça collait parfaitement à l'ambiance de l'univers.
Julien Neel nous offre donc une série qui fait mouche tant graphiquement que sur l'histoire qu'il nous raconte. A lire de toute urgence, toute génération confondue !
Bon voilà, je commence : je tiens juste à préciser que mes mangas favoris sont Berserk et Gantz.
Et bien sûr, ce manga que j'aime plus que tout qui est "Coq de combat" qui est vraiment un manga qui a plus de souffrance que tous les autres. Pourquoi me direz-vous ? Parce que ce manga pourrait être une histoire réelle sur certains points ! Et je trouve l'histoire magnifique. Voilà, il ne faut pas mettre 5 sur 5 à n'importe quoi. Ce manga est celui qui fait partie des plus beaux. Voilà pourquoi je mets cette note. Merci.
Il est des sujets très sensibles pour lesquels un auteur se doit de faire extrêmement attention au ton employé.
Trop mièvre, son récit deviendra anodin.
Trop larmoyant, on lui reprochera son apitoiement sur lui-même.
Trop véhément, il rebutera le lecteur, qui se sentira agressé.
Avec « Inès », Loïc Dauvilliers et Jérôme D’Aviau parviennent à nous livrer une œuvre poignante, digne du délicat sujet traité : la violence conjugale.
Ce portrait interpelle autant qu’il émeut. Les auteurs ont en effet l’intelligence de ne pas tomber dans la sensiblerie mais bien de laisser l’implacable poids des actes faire son œuvre. Sentiment de culpabilité de la femme battue, jalousie aveugle et machisme primaire du mari violent, aveu d’impuissance de voisins si proches mais respectueux de la vie privée d’autrui, honte et compassion du collègue de travail qui, lui non plus, ne désire pas se mêler de ce qui ne le regarde pas.
Mais Inès le regarde, et au travers de son regard, c’est nous que les auteurs touchent. Nous voulons crier ! Hurler et jurer qu’au grand jamais nous ne laisserions une telle situation se développer dans notre univers, … mais nous craignons finalement d’adopter le même comportement que ces si passifs voisins.
Œuvre poignante. Pour ce tragique destin d’une mère et de sa fille.
Œuvre miroir. Pour ces témoins dont nous craignons d’être le reflet.
Œuvre mature. Par sa maîtrise du huis clos et son art graphique, simple et dépouillé.
Œuvre majeure.
Je n’aurais pas su abandonner Inès en cours de route. Et bien après le terme de cette lecture, je reste sous le choc.
… et me reviennent en mémoire ces paroles d’un morceau de Fish : « It’s nobody’s business, this family business », tel un écho musical pour cette œuvre graphique d’importance (Fish – Vigil in a Wilderness of Mirrors – Family Business – 1990).
J'ai eu du mal à passer le pas et enfin lire cette série - A chaque fois j'en repoussais l'achat, le dessin avait un effet un peu repoussoir pour moi. Bref, achat effectué le WE dernier, et lecture dans la foulée.
Alors le dessin est effectivement pas très glorieux, surtout les personnages, qui sont plutôt mal foutus, génériques, le trait du dessinateur est un peu sans âme, sans style. Les décors sont eux plus inspirés, ainsi que la composition des planches, qui pêchent tout de même parfois par une "sur-mise en page" un peu flagrante - comme une volonté de trop en faire. Mais ça se tient dans l'ensemble, la colorisation est elle aussi plutôt correcte, même si elle n'est pas très inspirée non plus (c'est très dégradé Photoshop tout ça).
Cette série ne brille donc pas par ses qualités artistiques, (même si tout cela reste plutôt de très bonne qualité), il faut chercher ailleurs pour y déceler ses vraies qualités.
En Fait c'est le découpage narratif, et son scénario, vraiment intéressant qui donnent un cachet vraiment particulier a UW1 - c'est très bien découpé, les personnages, sont bien fouillés, les rebondissements bien calculés, la cohérence de l'ensemble bien documentée - On est happé dès le début par l'histoire, et on a du mal à décrocher ensuite, même si sur la fin, ça s'embrouille un peu, UW1 c'est du solide.
On aurait presque envie d'en voir une adaptation au cinéma.
WE3 est une BD intéressante à mes yeux pour deux raisons.
La première est que pour une fois une histoire écrite par de Grant Morrison est facile à comprendre (le mal de tête en lisant 7 Soldiers), ce qui est plutôt rare chez ce célèbre scénariste.
Les héros de cette triste aventure sont des animaux tout gentils à la base, un chat, un chien, un lapin. Innocentes boules de poils transformées en machines à détruire.
Un évènement fait que les trois monstres pathétiques que sont devenus ces bêtes, se retrouvent face à leurs créateurs, des hommes, dépeints comme étant sans scrupules ni morale.
Une armada est déployée pour traquer 3 pauvres petites créatures génétiquement manipulées, inintelligentes qui ne parviennent à s'exprimer que phonétiquement « WE3 » quand ils tentent de parler. Ceci accouplé au fait qu'ils souffrent et sont totalement désorientés fait que dés le début on les sent condamnés.
Quand les trois compères sont acculés, la gentille ballade des animaux mécaniques vire vite au massacre, étalage de violences spectaculaires à l'appui. Démontrant si il en était encore besoin que la connerie qu'est capable de développer l'industrie des armes est sans limites.
L'histoire ne finit ni mal ni bien, après les blessures la vie continue.
A part ça rien de bien extraordinaire dans cette histoire, rien de bien révolutionnaire au premier abord. Mais finalement le plus important n'est pas là, je ne crois pas que cette BD ait était construite pour être lue... je pense plutôt que c'est pour être vue...
Et on en arrive à la deuxième raison. Frank Quitely entre en scène et explose tout. Les dessins sont extraordinaires, ceux qui ont vu Superman dessiné par Quitely comprendront. Son style très réaliste ne manque pas de force. Et là Quitely se lâche !
Le découpage insuffle un rythme cinématographique à l'ensemble.
Le sang giclant abondamment est extrêmement rouge, couleurs outrancières, les angles de vues très bien choisis pour mettre l'action en vedette. Spectaculaire et explosif ? Assurément.
A regretter que cette BD contiennent des mots, heureusement ni dialogues ni textes ne sont trop longs ni complexes pour atténuer la frénésie graphique.
A lire.
JJJ
Juste pour rajouter ma pierre dans cette liste, je viens de le finir, j'avais acheté la collec complète et franchement j'ai adoré ! Je l'ai fini en à peu près 3 mois. Ne pas trop attendre entre les volumes, ça aide carrément car y'a vraiment pas mal de personnages secondaires (qui apportent vraiment un sens dans l'histoire) et des noeuds dans le scénario qui font que par moment on met un petit temps à se rappeler d'où vient cette scène etc...
Personnellement, pour la fin, c'est vrai que l'on ne tombe pas dans ce que l'on attendait, mais en même temps l'auteur arrive à créer une ambiance digne du "monstre". Une mise en scène maitrisée qui met enfin la lumière sur tout, et montre le vrais coté du monstre, et non celui que l'on s'était imaginé sur de fausses estimations. Quelque part, le lecteur se retrouve un peu à faire la même erreur que le commissaire Runge, en se contentant des données objectives vues sur les pages, sans essayer de creuser lui même plus loin dans le pourquoi du comment. La surprise finale ne peut-être que totale !
Niveau rythme, aucun repos, chaque chapitre se termine sur une intrigue insupportable qui pousse à continuer à lire. Monster est donc un manga qui se dévore. (compter entre 1h et 1h30 par tome)
En tout cas, de tous les mangas que j'ai lus, Monster tiens le sommet ! C'est LE manga à lire même si on n’est pas un adepte des thrillers ! (je lisais quasi que des shonen avant, pour dire...)
Vraiment le top cet ouvrage !
Du coup, 20th Century Boys du même auteur sera bientôt dans mes étagères !
Ce crossover Wolverine – Hulk, c’est la classe absolue en matière de comics, et une belle démonstration que le comics le plus mainstream peut donner dans l’originalité quand un éditeur comme Marvel décide de faire confiance à un artiste plus « underground » comme Sam Keith.
Rappelant un peu le ton poétique du Petit prince de St Exupéry (sisi !), Delivrance est un récit touchant et humoristique aux dialogues délicieusement décalés. Graphiquement, c’est simplement explosif, très cartoonesque, plein de ruptures de tons toujours justifiées et, ce qui est le plus important quand on met en scène un personnage comme Hulk, très punchy !
Ce livre a été largement commenté, à juste raison. L'ouvrage est imposant : 350 pages sur du papier qui sent bon (du vrai papier, pas une sorte de film tout fin qui brille). Le dessin de l'auteur est absolument superbe, les planches se succèdent sans se ressembler. Les images sont choisies et on ne peut s'empêcher d'être impatient de les découvrir au fur et à mesure que l'on avance dans la lecture.
Je parle de lecture, il y a pourtant très peu de texte, mais il s'agit bien d'une véritable bande dessinée. En effet, la forme du récit respecte tous les codes du genre et c'est en cela que l'on peut vraiment parler d'un ouvrage "culte".
Enfin arrive chez nous « Umbrella Academy ».
Série phénomène constituée de mini séries, très originale par bien des aspects. Cette série est écrite par Gerard Way (le chanteur du groupe My Chemical Romance que je ne connais pas du tout...) et dessinée par Gabriel Ba.
Pas mal de célébrités venues de la télé, du cinoche ou simplement de la littérature classique, tentent avec plus ou moins de succès de briller en tant que scénaristes de comics, mais Gerard Way s'impose dés le premier épisode comme un scribe d'envergure. Loin de simplement sacrifier à une mode, l'artiste crée un univers à la fois ultra référentiel cohérent et riche, à la lecture on ne peut qu'être admiratif devant tant de maitrise pour une première œuvre.
Parlons de ce qui frappe au premier abord, l'esthétique que donne à la série les dessins de Gabriel Ba, il créé un univers particulier, que l'on ne peut affilier à aucune époque, les décors font penser à un univers situé quelque part entre un monde steampunk et gothique, c'est très surprenant et ça colle parfaitement au ton de la série, parfois sombre, parfois décalé, faisant souvent preuve d'esprit et d'un humour subtil. Pour ce qui est des personnages, même constat, l'artiste arrive à surprendre, Ils sont costumés bien sur, mais leurs apparences ne sont pas des plus glorieuses, loin de là même, encore une fois ça colle bien avec leurs caractères et leurs pseudonymes, qui sont pour le coup aussi bien trouvé que l'originalité de leurs pouvoirs. Des pouvoirs qu'ils ne connaissent, ni ne maitrisent totalement.
On sent dés le départ, puis tout au long de la lecture d’ailleurs, une vraie symbiose entre celui qui écrit et celui qui dessine, à tel point que j'ai du mal à parler de l'un sans l'autre, et ça, ça fait vraiment plaisir.
Le travail du coloriste, Dave Stewart, est excellent et élève encore le magnifique travail de Gabriel Ba.
Entrons dans le vif du sujet. Qu'abrite donc « Umbrella Academy »?
Il s'agit d'un groupe de héros. Un de plus ? Ce n'est pas si simple. A une époque indéfinie, lors d'un évènement particulier, quarante trois enfants naquirent tous en même temps un peu partout sur terre, souvent de mères célibataires n'ayant montré aucun signe de grossesse. Une grande partie périrent ou furent abandonnés. Un scientifique milliardaire et quelque peu excentrique, Sir Reginald Hargreeves aka "Le Monocle", adopta les sept enfants survivant et les coupa du monde, espérant exploiter chez eux des capacités hors du commun. Après une brève médiatisation de l’affaire, un silence total sur le sujet fut imposé, du sans doute à l’isolement des enfants. Dix ans plus tard, ce fut le commencement...
Après quelques pages introductives, l'histoire démarre sur des chapeaux de roues, on retrouve nos élèves surdoués, en train de combattre pour la survie du monde, leur adversaire est un monstre métallique hors du commun : La Tour Eiffel.
Le lieu de l'action, Paris, pour ce chapitre, est représenté de façon vieillotte, légèrement farfelue, l'architecture est indéfinissable avec sa vue d'ensemble sur des maisons légèrement biscornues. Les passants peuplant les rues ne sont pas en reste de point de vue de l'aspect, le style est spécial à l'image des gendarmes de la ville, véritables pandores à moustaches affublés de képis rouges. Les rues ont une apparence qui pourrait aussi bien coller au début du siècle dernier, qu'à une vision volontairement cliché que l'on pourrait avoir de ce même début du siècle dernier. Une apparence étrange semblant issue d’un flou souvenir. Le monde présenté est clairement imaginaire. Comme dans bien des séquences, un décalage subtil se fait sentir et rend le tout surprenant car le ton utilisé ainsi que les gadgets sont très actuels.
L'action de cette séquence est d'un dynamisme rare, à l'image des autres scènes d'action de la BD, véritables morceaux d'anthologie fusant en tout sens.
Par la suite les éléments se mettent en place, les explications n'arrivent pas en bloc, ni simplement une après l’autres, la trame n'est pas étalée de manière chronologique. Entre sauts dans le passé quand brillait la splendeur du jeune groupe et retours vers le futur où il semble devenu plus pathétiques... Qu’a-t-il bien pu se passer pour que les membres de l'Académie évoluent en ce sens ? Certains éléments de réponses sont apportés selon les saynètes, d'autres pas... Il y a beaucoup d'ellipses narratives, l'intrigue sautant allègrement d'une période à l'autre. L'ensemble est tout de même très lisible, bénéficiant d’une construction scénaristique en béton armée. L'auteur nous embarque dans une farandole ménageant des surprises petit à petit, réussissant l'exploit de rendre cette première partie riche et indépendante, tout en donnant une furieuse envie au lecteur d'en avaler la suite.
Au vu de ce premier recueil, il est indéniable que l'histoire est complètement construite quelque part dans la tête de Gerard Way et que le jeu du chat et de la souris promet d'être passionnant par la suite. Ceci-dit, je n’ai pas eu besoin d’atteindre la dernière page pour être conquis.
Pour conclure, excusez mon autopsie un peu poussive, mais j'avais envie de dire pourquoi cette série mérite d'être lue, d'être aimée, de dire pourquoi il ne s'agit pas par exemple d'une simple resucée des X-Men. Même si les similitudes sont nombreuses et certaines ressemblances évidentes (comme les X-Men, les membres de l'Académie sont des surdoués qui luttent pour un monde avec lequel ils ne sont pas en phase). Je ne m’étendrai pas plus sur ce point, les références ne si limitant pas qu’aux X-Men de toutes façons…
« Umbrella Academy » est un hommage aux comics de super héros, qui en donne une vision différente, qui bouscule les codes établis, la dramaturgie est poussée. C’est frais.
Ajoutez à ça le fait que les couvertures de James Jean, incluses dans l’album, sont magnifiques.
« Umbrella Academy » est à découvrir, que l'on aime les super pouvoirs ou pas.
JJJ
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Inès, ou l’un des derniers sujets tabou de notre société : la violence conjugale. Il faut du cran pour s’atteler à ce genre de sujets tant la tâche va être difficile, tant il est possible de passer du cliché lourd au grotesque lourd. Le dessin marque d’emblée le malaise, tout comme la première planche. Noir et dégradés de gris, le dessin est simpliste à l’extrême. Les ombres omniprésentes rendent admirablement l’atmosphère lourde du huis clos que nous allons vivre. Car toute la BD se situe dans l’appartement d’un couple avec une fille. Les cadrages ne sont pas vraiment innovants et plutôt monotones, mais les dessins transcrivent bien dans leur noirceur et leur âpreté l’état intérieur de la femme. J’ai déjà débordé sur le scénario, donc nous avons une enfant qui pleure, un couple « normal » aux yeux des autres. Pourtant de l’intérieur c’est dramatique : violences physique et morale de cet homme sur cette femme avec la présence de cette petite fille qui démultiplie l’émotion et la force violente. Ce couple de voisin est intéressant, ils sont plus jeunes. La femme s’étonne du bruit, des pleurs et va oser se mêler à l’intimité des voisins en allant demander si tout va bien. Son ami la moque plus ou moins gentiment lui qui ne veut pas entendre. L’homme va ouvrir et renvoyer chez elle cette voisine au bon sentiment en disant que tout va bien et que sa fille est juste un peu capricieuse. La réalité est autre la mère est bloquée dans les toilettes que frappe l’homme tandis que la petite fille appelle sa mère… Les pensées de la femme sont écrites, lui joue sur ses faiblesse, elle donne du crédit à ses paroles et actions. La journée sera un moment sans lui parti travailler, elle voudra s’accorder un temps de répits en jouant avec sa fille sans pour autant oublier. Elle profite d’une pause tout en pensant au prochain orage. La suite sera une soirée bière avec un collègue ramené par là. Elle se demandera s’il régira devant les traces de coup, lui sera gêné. Il a vu forcément, mais peut il intervenir, doit il intervenir, il le fera finalement par une timide réprimande lorsque les paroles seront trop dures mais celle-ci sera immédiatement annihilée par le persécuteur par une pirouette en disant que c’est de l’humour… On est mal à l’aise on se demande si ce n’est pas nous qui sommes là, gênés et impuissants, n’osant pas intervenir, devinant mais n’étant pas surs, ne voulant pas voir pour ne pas se gêner nous même en nous entrainant dans les problèmes d’autrui. La fin est tragique. Quand on pense que ne sont ici présentés que deux journées du calvaire de cette femme on remercie l’auteur de ne pas en avoir écrit plus. Dans cette courte BD au dessin adapté dans son trait violent se dressent pêle-mêle, indifférence, violence intellectuelle et physique, devoir, oubli, relation à autrui, éducation, individualisme, autorité, vie/mort, fuite, aliénation, non intervention, égoïsme… C’est bouleversant, très bien écrit, une vraie claque à la lecture. Acheter ce livre me parait très tendu, je ne me vois pas avec cette bombe noire à la maison, je ne me vois pas un soir vouloir lire cette BD pour passer un bon moment. Au contraire cette BD dérange, fait du bien à notre individualisme, bouscule. La lire me parait salutaire tant elle nous fait prendre conscience de notre propre individualisme face à la détresse d’autrui. Alors cette BD n’apporte pas de solution au problème, ne dit pas comment éviter le drame, elle le présente dans son horreur et sa tension si bien transcrite. Il me semble d’ailleurs que l’œuvre est construite en miroir, et j’ai l’effroi de penser que le jeune couple voisin sera lui-même dans cette situation tant les réactions de l’homme de ce couple ma paraissent faire naître celles du meurtrier… A nous maintenant de réfléchir et de savoir ce que nous ferions et de ne pas tomber dans ce drame…
Lou !
Voici pour moi une des meilleures BD jeunesse de ces dernières années ! Rares sont en effet celles qui arrivent réellement à me faire rire, ce que réussi sans conteste Julien Neel avec ses héroïnes. Ça nous change de Titeuf et de son humour pipi/caca... Car ce qui fait la force de cette BD jeunesse, c'est justement les caractères forts des personnages et leurs relations. Lou, bien sûr, jeune fille de plus en plus mature et qu'on voit évoluer et grandir au fil des albums ; sa mère, post-ado-écrivaine de SF, quand elle lâche sa console de jeu, aux piètres talents culinaires et rebelle éternelle qui tient tant bien que vaille les rênes de sa famille mono parentale. Et forcément ça swingue ! C'est plein de tendresse, de clins d'œil, de sentiments, tout en évitant la mièvrerie. Ce coup de zoom sur une tranche de vie très actuelle est vraiment une réussite. Côté dessin, c'est plein de fraicheur également ! Un dessin rond, doux, expressif et très coloré. J'ai bien aimé et trouvé que ça collait parfaitement à l'ambiance de l'univers. Julien Neel nous offre donc une série qui fait mouche tant graphiquement que sur l'histoire qu'il nous raconte. A lire de toute urgence, toute génération confondue !
Coq de combat
Bon voilà, je commence : je tiens juste à préciser que mes mangas favoris sont Berserk et Gantz. Et bien sûr, ce manga que j'aime plus que tout qui est "Coq de combat" qui est vraiment un manga qui a plus de souffrance que tous les autres. Pourquoi me direz-vous ? Parce que ce manga pourrait être une histoire réelle sur certains points ! Et je trouve l'histoire magnifique. Voilà, il ne faut pas mettre 5 sur 5 à n'importe quoi. Ce manga est celui qui fait partie des plus beaux. Voilà pourquoi je mets cette note. Merci.
Inès
Il est des sujets très sensibles pour lesquels un auteur se doit de faire extrêmement attention au ton employé. Trop mièvre, son récit deviendra anodin. Trop larmoyant, on lui reprochera son apitoiement sur lui-même. Trop véhément, il rebutera le lecteur, qui se sentira agressé. Avec « Inès », Loïc Dauvilliers et Jérôme D’Aviau parviennent à nous livrer une œuvre poignante, digne du délicat sujet traité : la violence conjugale. Ce portrait interpelle autant qu’il émeut. Les auteurs ont en effet l’intelligence de ne pas tomber dans la sensiblerie mais bien de laisser l’implacable poids des actes faire son œuvre. Sentiment de culpabilité de la femme battue, jalousie aveugle et machisme primaire du mari violent, aveu d’impuissance de voisins si proches mais respectueux de la vie privée d’autrui, honte et compassion du collègue de travail qui, lui non plus, ne désire pas se mêler de ce qui ne le regarde pas. Mais Inès le regarde, et au travers de son regard, c’est nous que les auteurs touchent. Nous voulons crier ! Hurler et jurer qu’au grand jamais nous ne laisserions une telle situation se développer dans notre univers, … mais nous craignons finalement d’adopter le même comportement que ces si passifs voisins. Œuvre poignante. Pour ce tragique destin d’une mère et de sa fille. Œuvre miroir. Pour ces témoins dont nous craignons d’être le reflet. Œuvre mature. Par sa maîtrise du huis clos et son art graphique, simple et dépouillé. Œuvre majeure. Je n’aurais pas su abandonner Inès en cours de route. Et bien après le terme de cette lecture, je reste sous le choc. … et me reviennent en mémoire ces paroles d’un morceau de Fish : « It’s nobody’s business, this family business », tel un écho musical pour cette œuvre graphique d’importance (Fish – Vigil in a Wilderness of Mirrors – Family Business – 1990).
Universal War One
J'ai eu du mal à passer le pas et enfin lire cette série - A chaque fois j'en repoussais l'achat, le dessin avait un effet un peu repoussoir pour moi. Bref, achat effectué le WE dernier, et lecture dans la foulée. Alors le dessin est effectivement pas très glorieux, surtout les personnages, qui sont plutôt mal foutus, génériques, le trait du dessinateur est un peu sans âme, sans style. Les décors sont eux plus inspirés, ainsi que la composition des planches, qui pêchent tout de même parfois par une "sur-mise en page" un peu flagrante - comme une volonté de trop en faire. Mais ça se tient dans l'ensemble, la colorisation est elle aussi plutôt correcte, même si elle n'est pas très inspirée non plus (c'est très dégradé Photoshop tout ça). Cette série ne brille donc pas par ses qualités artistiques, (même si tout cela reste plutôt de très bonne qualité), il faut chercher ailleurs pour y déceler ses vraies qualités. En Fait c'est le découpage narratif, et son scénario, vraiment intéressant qui donnent un cachet vraiment particulier a UW1 - c'est très bien découpé, les personnages, sont bien fouillés, les rebondissements bien calculés, la cohérence de l'ensemble bien documentée - On est happé dès le début par l'histoire, et on a du mal à décrocher ensuite, même si sur la fin, ça s'embrouille un peu, UW1 c'est du solide. On aurait presque envie d'en voir une adaptation au cinéma.
NOU3 (WE3)
WE3 est une BD intéressante à mes yeux pour deux raisons. La première est que pour une fois une histoire écrite par de Grant Morrison est facile à comprendre (le mal de tête en lisant 7 Soldiers), ce qui est plutôt rare chez ce célèbre scénariste. Les héros de cette triste aventure sont des animaux tout gentils à la base, un chat, un chien, un lapin. Innocentes boules de poils transformées en machines à détruire. Un évènement fait que les trois monstres pathétiques que sont devenus ces bêtes, se retrouvent face à leurs créateurs, des hommes, dépeints comme étant sans scrupules ni morale. Une armada est déployée pour traquer 3 pauvres petites créatures génétiquement manipulées, inintelligentes qui ne parviennent à s'exprimer que phonétiquement « WE3 » quand ils tentent de parler. Ceci accouplé au fait qu'ils souffrent et sont totalement désorientés fait que dés le début on les sent condamnés. Quand les trois compères sont acculés, la gentille ballade des animaux mécaniques vire vite au massacre, étalage de violences spectaculaires à l'appui. Démontrant si il en était encore besoin que la connerie qu'est capable de développer l'industrie des armes est sans limites. L'histoire ne finit ni mal ni bien, après les blessures la vie continue. A part ça rien de bien extraordinaire dans cette histoire, rien de bien révolutionnaire au premier abord. Mais finalement le plus important n'est pas là, je ne crois pas que cette BD ait était construite pour être lue... je pense plutôt que c'est pour être vue... Et on en arrive à la deuxième raison. Frank Quitely entre en scène et explose tout. Les dessins sont extraordinaires, ceux qui ont vu Superman dessiné par Quitely comprendront. Son style très réaliste ne manque pas de force. Et là Quitely se lâche ! Le découpage insuffle un rythme cinématographique à l'ensemble. Le sang giclant abondamment est extrêmement rouge, couleurs outrancières, les angles de vues très bien choisis pour mettre l'action en vedette. Spectaculaire et explosif ? Assurément. A regretter que cette BD contiennent des mots, heureusement ni dialogues ni textes ne sont trop longs ni complexes pour atténuer la frénésie graphique. A lire. JJJ
Monster
Juste pour rajouter ma pierre dans cette liste, je viens de le finir, j'avais acheté la collec complète et franchement j'ai adoré ! Je l'ai fini en à peu près 3 mois. Ne pas trop attendre entre les volumes, ça aide carrément car y'a vraiment pas mal de personnages secondaires (qui apportent vraiment un sens dans l'histoire) et des noeuds dans le scénario qui font que par moment on met un petit temps à se rappeler d'où vient cette scène etc... Personnellement, pour la fin, c'est vrai que l'on ne tombe pas dans ce que l'on attendait, mais en même temps l'auteur arrive à créer une ambiance digne du "monstre". Une mise en scène maitrisée qui met enfin la lumière sur tout, et montre le vrais coté du monstre, et non celui que l'on s'était imaginé sur de fausses estimations. Quelque part, le lecteur se retrouve un peu à faire la même erreur que le commissaire Runge, en se contentant des données objectives vues sur les pages, sans essayer de creuser lui même plus loin dans le pourquoi du comment. La surprise finale ne peut-être que totale ! Niveau rythme, aucun repos, chaque chapitre se termine sur une intrigue insupportable qui pousse à continuer à lire. Monster est donc un manga qui se dévore. (compter entre 1h et 1h30 par tome) En tout cas, de tous les mangas que j'ai lus, Monster tiens le sommet ! C'est LE manga à lire même si on n’est pas un adepte des thrillers ! (je lisais quasi que des shonen avant, pour dire...) Vraiment le top cet ouvrage ! Du coup, 20th Century Boys du même auteur sera bientôt dans mes étagères !
Wolverine Hulk - La Délivrance
Ce crossover Wolverine – Hulk, c’est la classe absolue en matière de comics, et une belle démonstration que le comics le plus mainstream peut donner dans l’originalité quand un éditeur comme Marvel décide de faire confiance à un artiste plus « underground » comme Sam Keith. Rappelant un peu le ton poétique du Petit prince de St Exupéry (sisi !), Delivrance est un récit touchant et humoristique aux dialogues délicieusement décalés. Graphiquement, c’est simplement explosif, très cartoonesque, plein de ruptures de tons toujours justifiées et, ce qui est le plus important quand on met en scène un personnage comme Hulk, très punchy !
Alpha... directions / Beta... civilisations/Gamma... visions
Ce livre a été largement commenté, à juste raison. L'ouvrage est imposant : 350 pages sur du papier qui sent bon (du vrai papier, pas une sorte de film tout fin qui brille). Le dessin de l'auteur est absolument superbe, les planches se succèdent sans se ressembler. Les images sont choisies et on ne peut s'empêcher d'être impatient de les découvrir au fur et à mesure que l'on avance dans la lecture. Je parle de lecture, il y a pourtant très peu de texte, mais il s'agit bien d'une véritable bande dessinée. En effet, la forme du récit respecte tous les codes du genre et c'est en cela que l'on peut vraiment parler d'un ouvrage "culte".
Umbrella Academy
Enfin arrive chez nous « Umbrella Academy ». Série phénomène constituée de mini séries, très originale par bien des aspects. Cette série est écrite par Gerard Way (le chanteur du groupe My Chemical Romance que je ne connais pas du tout...) et dessinée par Gabriel Ba. Pas mal de célébrités venues de la télé, du cinoche ou simplement de la littérature classique, tentent avec plus ou moins de succès de briller en tant que scénaristes de comics, mais Gerard Way s'impose dés le premier épisode comme un scribe d'envergure. Loin de simplement sacrifier à une mode, l'artiste crée un univers à la fois ultra référentiel cohérent et riche, à la lecture on ne peut qu'être admiratif devant tant de maitrise pour une première œuvre. Parlons de ce qui frappe au premier abord, l'esthétique que donne à la série les dessins de Gabriel Ba, il créé un univers particulier, que l'on ne peut affilier à aucune époque, les décors font penser à un univers situé quelque part entre un monde steampunk et gothique, c'est très surprenant et ça colle parfaitement au ton de la série, parfois sombre, parfois décalé, faisant souvent preuve d'esprit et d'un humour subtil. Pour ce qui est des personnages, même constat, l'artiste arrive à surprendre, Ils sont costumés bien sur, mais leurs apparences ne sont pas des plus glorieuses, loin de là même, encore une fois ça colle bien avec leurs caractères et leurs pseudonymes, qui sont pour le coup aussi bien trouvé que l'originalité de leurs pouvoirs. Des pouvoirs qu'ils ne connaissent, ni ne maitrisent totalement. On sent dés le départ, puis tout au long de la lecture d’ailleurs, une vraie symbiose entre celui qui écrit et celui qui dessine, à tel point que j'ai du mal à parler de l'un sans l'autre, et ça, ça fait vraiment plaisir. Le travail du coloriste, Dave Stewart, est excellent et élève encore le magnifique travail de Gabriel Ba. Entrons dans le vif du sujet. Qu'abrite donc « Umbrella Academy »? Il s'agit d'un groupe de héros. Un de plus ? Ce n'est pas si simple. A une époque indéfinie, lors d'un évènement particulier, quarante trois enfants naquirent tous en même temps un peu partout sur terre, souvent de mères célibataires n'ayant montré aucun signe de grossesse. Une grande partie périrent ou furent abandonnés. Un scientifique milliardaire et quelque peu excentrique, Sir Reginald Hargreeves aka "Le Monocle", adopta les sept enfants survivant et les coupa du monde, espérant exploiter chez eux des capacités hors du commun. Après une brève médiatisation de l’affaire, un silence total sur le sujet fut imposé, du sans doute à l’isolement des enfants. Dix ans plus tard, ce fut le commencement... Après quelques pages introductives, l'histoire démarre sur des chapeaux de roues, on retrouve nos élèves surdoués, en train de combattre pour la survie du monde, leur adversaire est un monstre métallique hors du commun : La Tour Eiffel. Le lieu de l'action, Paris, pour ce chapitre, est représenté de façon vieillotte, légèrement farfelue, l'architecture est indéfinissable avec sa vue d'ensemble sur des maisons légèrement biscornues. Les passants peuplant les rues ne sont pas en reste de point de vue de l'aspect, le style est spécial à l'image des gendarmes de la ville, véritables pandores à moustaches affublés de képis rouges. Les rues ont une apparence qui pourrait aussi bien coller au début du siècle dernier, qu'à une vision volontairement cliché que l'on pourrait avoir de ce même début du siècle dernier. Une apparence étrange semblant issue d’un flou souvenir. Le monde présenté est clairement imaginaire. Comme dans bien des séquences, un décalage subtil se fait sentir et rend le tout surprenant car le ton utilisé ainsi que les gadgets sont très actuels. L'action de cette séquence est d'un dynamisme rare, à l'image des autres scènes d'action de la BD, véritables morceaux d'anthologie fusant en tout sens. Par la suite les éléments se mettent en place, les explications n'arrivent pas en bloc, ni simplement une après l’autres, la trame n'est pas étalée de manière chronologique. Entre sauts dans le passé quand brillait la splendeur du jeune groupe et retours vers le futur où il semble devenu plus pathétiques... Qu’a-t-il bien pu se passer pour que les membres de l'Académie évoluent en ce sens ? Certains éléments de réponses sont apportés selon les saynètes, d'autres pas... Il y a beaucoup d'ellipses narratives, l'intrigue sautant allègrement d'une période à l'autre. L'ensemble est tout de même très lisible, bénéficiant d’une construction scénaristique en béton armée. L'auteur nous embarque dans une farandole ménageant des surprises petit à petit, réussissant l'exploit de rendre cette première partie riche et indépendante, tout en donnant une furieuse envie au lecteur d'en avaler la suite. Au vu de ce premier recueil, il est indéniable que l'histoire est complètement construite quelque part dans la tête de Gerard Way et que le jeu du chat et de la souris promet d'être passionnant par la suite. Ceci-dit, je n’ai pas eu besoin d’atteindre la dernière page pour être conquis. Pour conclure, excusez mon autopsie un peu poussive, mais j'avais envie de dire pourquoi cette série mérite d'être lue, d'être aimée, de dire pourquoi il ne s'agit pas par exemple d'une simple resucée des X-Men. Même si les similitudes sont nombreuses et certaines ressemblances évidentes (comme les X-Men, les membres de l'Académie sont des surdoués qui luttent pour un monde avec lequel ils ne sont pas en phase). Je ne m’étendrai pas plus sur ce point, les références ne si limitant pas qu’aux X-Men de toutes façons… « Umbrella Academy » est un hommage aux comics de super héros, qui en donne une vision différente, qui bouscule les codes établis, la dramaturgie est poussée. C’est frais. Ajoutez à ça le fait que les couvertures de James Jean, incluses dans l’album, sont magnifiques. « Umbrella Academy » est à découvrir, que l'on aime les super pouvoirs ou pas. JJJ