Dans Sur les Terres d'Horus, c'est à une captivante croisière, qui déborde largement le Dieu Fleuve, qu'Isabelle Dethan nous convie.
Des marais de Pa-Yom, aux déserts brûlants de Nubie, des escarpements rocheux de la Vallée des Rois, aux splendeurs de Pi-Ramsès, le trait d'Isabelle Dethan nous restitue une envoûtante Égypte pharaonique, en ces temps lointains dénommée Kemet — La Terre Noire. Noire dans certaines de ses âmes certes, mais sous le pinceau de notre scribe moderne, cette Égypte aujourd'hui disparue brille d'une myriade d'éclats chatoyants, qui nous donneraient fort envie d'y avoir vécu, ou de pouvoir nous y transporter par le biais de quelque magie possédée par les anciens prêtres de ce fascinant pays.
Alors, certes, l'Égypte qui revit ainsi par les aquarelles lumineuses d'Isabelle Dethan est une Égypte fictive. Et il serait assez illusoire de prendre Sur les Terres d'Horus pour un pur documentaire historique, car l'Histoire connaît des lacunes et des hésitations que les auteurs de fiction n'ont pas, et ne peuvent guère se permettre d'avoir. Il en va ainsi de la cour de pharaon, dont un égyptologue m'avait tranquillement expliqué qu'elle est ce que nous connaissons le plus mal de l'Égypte ancienne, et qu'il faut donc oublier espérer en restituer quoi que ce fut qui soit historique. De la vie de cour de pharaon, nous n'avons que des aperçus. De sa vie intime ou privée, il va de même. Si l'on excepte le harem, mieux connu, en particulier grâce au fameux complot qui eut lieu sous Ramsès III. Mais le harem et la cour, ce sont deux mondes différents.
Ces précautions étant posées, et malgré quelques autres simplifications regrettables (les vêtements, qui sont tous blancs ou presque, alors que les Égyptiens savaient teindre et tisser des vêtements multicolores), la tentative de restauration que propose Isabelle Dethan est bien trop sublime pour qu'on se laisse point emporter par elle en une douce contemplation rêveuse au fil d'un Nil remontant, ou descendant.
Et c'est d'ailleurs à elle que cette oeuvre doit l'essentiel des quatre étoiles que je lui ai attribuées.
Car si les décors sont sublimes, les aventures, elles, sont beaucoup moins convaincantes. La première histoire, centrée autour de Seth, m'a fait craindre le pire quand au réemploi d'un cliché éculé, et par ailleurs totalement faux. Néanmoins, Isabelle Dethan, qui s'était bien documentée, parvient à l'éviter. Cependant, voici encore une sourde conjuration sectaire orchestrée autour de Seth... Pas très original au final. Non plus que dans le lieu où se clôt le premier diptyque, grandiose certes, mais qui est un cliché vu et revu de la littérature d'aventure "dans l'Afrique méconnue" depuis le XIXe siècle.
Le second diptyque est, lui, certes un peu plus original, mais étalée sur deux tomes, cette histoire qui n'en valait qu'un ou un et demi perd en intensité ce qu'elle gagne à peine en profondeur. L'ennui, souvent, se profile à l'orée des pages du quatrième tome...
Cependant, et c'est là ce qui explique finalement les quatre étoiles au lieu des trois, Isabelle Dethan me semble réussir une belle galerie de personnages au fil de ses intrigues. C'est d'ailleurs en eux, dans les relations qui se tissent, se nouent et dénouent, dans l'évolution de leur psychologie, qu'Isabelle Dethan semble avoir porté toute son attention, faisant de ses intrigues policières presque un simple canevas secondaire. Du moins à mes yeux.
Les eut-elle cependant réussi, que cette BD — une des rares de qualité sur l'Égypte — eut incontestablement mérité la note maximale, avec les applaudissements enthousiastes du jury.
Quant à la suite, sise en Babylonie, voilà qui laisse le même jury des plus sceptiques. L'Égypte recélait-elle si peu de trésors qu'il fallut déjà l'abandonner ? Je comprends certes le désir d'Isabelle Dethan d'aller voir ailleurs, néanmoins nous voilà bien loin des Terres d'Horus, et j'eus de loin préféré que la restitution fictive de Kemet fut approfondie, et de nouvelles pistes ouvertes et explorées. Espérons que cela vienne pour de nouveaux tomes.
Après la lecture du 1er tome :
Je suis impressionné par la sincérité qui se dégage de cette BD. Si les auteurs mettent les formes, ils fournissent le fond sans fioritures !!!
Tout m'a plu dans ce premier tome :
- Le titre : impossible de trouver mieux pour résumer en si peu de mots les 2 personnages principaux (qui sont d'ailleurs les scénaristes puisqu'il s'agit d'une autobiographie croisée).
- Le scénario : des petites tranches de vie qui apportent une vision du quotidien des protagonistes. Certaines joyeuses, d'autres crues et difficiles. Mais l'ensemble s'appuyant sur les souvenirs, est fluide et captivant malgré la banalité de certains faits et gestes. La relation entre les 2 personnages évolue avec les décors et les rencontres. Cette BD est vivante.
- Le dessin : au service des scénaristes, il retranscrit simplement et fidèlement le récit. Il est même impressionnant dans son rendu pour les moments graves.
Petit plus perso : les lieux qui me sont familiers et les auteurs qui ont plus ou moins le même âge. Ces facteurs m'ont certainement aidé à mieux entrer dans leur histoire et me rappellent beaucoup de souvenirs.
Vivement le T2.
Coup de cœur pour cette petite (mais imposante) merveille !
Premièrement, la qualité d’édition tient toutes ses promesses. L’objet en tant que tel est magnifique ; un puissant « ouaw ! » précède l’ouverture impatiente de l’album.
L’histoire ensuite m’a, pour ma part, complètement charmé, envouté et transporté dans cette sérénité gentille, dans cette paix communicative, dans cet humour à la fois léger et dosé, dans cette fantaisie si particulière, dans cet univers enfantin mais recherché à la fois… Les personnages sont attachants, et la magie du récit fait le reste !
Les dessins sont à l’image de la construction du récit : simples mais magiques ! Je peux cependant reconnaître que certaines planches et personnages semblent figés. Qu’à cela ne tienne, le charme de l’ensemble opère.
En conclusion, je suis d’ores et déjà impatient de découvrir la suite. Cet album est un condensé (de 457 planches tout de même) de simplicité, de paix, de joie, d’aventure et de fantaisie. N’hésitez pas, plongez dans cet univers ; la lecture de cet album est simplement un moment de détente remarquable !
J'ai découvert Maliki grâce à son site, et franchement je n'ai jamais été déçue.
Il a une facilité à décrire les évènements de la vie quotidienne. J'imagine que les parisiens peuvent préférer cette bd, aux personnes de province, car il y a beaucoup de vécu autour de Paris.
Mais je trouve vraiment qu'il gagne à être connu.
Les dessins sont superbement bien faits... et je ne vais pas être originale pour ceux qui connaissent la bd... mais j'ai un petit faible pour... FEANOR... il est trop chou !!!
La qualité première et principale de ce titre est son réalisme.
C'est vraiment ce qui m'a frappé tout au long de ma lecture. Pas un instant je n'ai trouvé une situation illogique, saugrenue, étrange, décalée. On est dans du réalisme pur, un roman graphique d'excellente facture. Oh bien sûr, il y a quelques moments de comédie un peu burlesque, notamment avec le vieux milicien et le détective, mais cela permet seulement des moments de respiration dans l'atmosphère languide dans laquelle baigne l'histoire. On est dans un huis clos la plupart du temps, mais curieusement on ne se sent jamais à l'étroit dans ces bains, où cette jeune épouse traîne son malaise, la perte de l'être cher. Une perte inexpliquée, puisqu'il s'agit tout simplement d'une disparition.
Les personnages sont bien écrits, bien exploités, et les situations, comme je l'ai déjà dit, sont bien amenées.
Le seul reproche que je pourrais faire au dessin de Toyoda c'est que les trois personnages principaux (hommes et femme) se ressemblent un peu trop... Mais à part ça, c'est très maîtrisé, dans un style réaliste.
Le récit ménage des moments de silence, de captation du temps qui passe, des moments où la douleur de Kanae est palpable, dans ses yeux, dans son attitude, dans les objets qu'elle regarde.
Vraiment c'est une référence du genre, à lire bien évidemment. Le manga fait 300 pages, mais on les dévore sans peine.
Lue dans la foulée de Deus (après l’homme nouveau, l’homme primordial…), cette série part sur des bases plus réalistes mais paradoxalement, elle est plus audacieuse. En effet, Mathieu Gabella -dont je découvre le travail avec La Licorne- n’hésite pas à faire coexister l’histoire de la médecine au XVIième siècle, la célèbre série de tapisseries de la Dame à la Licorne et les chimères de la mythologie, dans un scénario gonflé mais plutôt cohérent et franchement séduisant.
Cette démarche, l’auteur s’en explique en fin d’album dans un sympathique bonus qui nous permet aussi de connaître le point de vue du dessinateur. Bonus qui nous livre également quelques détails biographiques de certains des illustres personnages mis en scène. Heureuse initiative !
Venons-en à l’histoire : Ambroise Paré, chirurgien qui s’illustrera par ses conceptions novatrices se retrouve embarqué dans une aventure mouvementée et fertile en découvertes, au côté de Nostradamus, d’Andrea Vésale (que je ne connaissais pas) de Paracelse, et d’autres encore dans un combat les opposant –pour faire simple !- à l’Eglise .
Le scénario est complexe, Gabella mettant à profit sa connaissance poussée de l’histoire de la médecine, et je trouve originale l’idée d’y introduire la Dame à la licorne, même si pour le moment son symbolisme n’est pas ou peu exploité. Il est complexe, mais reste néanmoins compréhensible, les dialogues (très vivants) amenant progressivement les divers éléments de l’intrigue.
J’ai beaucoup aimé ce mélange de réalisme historique et de fantastique débridé.
En outre, les personnages -Ambroise Paré en tête- sont rendus très vivants par le soin apporté aux dialogues, pleins d’humour, et au dessin de leur visage.
Le dessin justement, je le trouve somptueux. Les paysages sont magnifiques, les décors urbains d’une grande finesse, les cadrages toujours judicieux, et la mise en couleurs est de grande classe. Chaque case où apparaît l’une des fameuses tapisseries est un régal pour les yeux. A cet égard, la planche dans laquelle Nostradamus explique à Paré le rôle de ces tapisseries est tellement belle, que pour un peu elle éclipserait le nom écorché (à plusieurs reprises !! :| ) de Frascator !
J’aime aussi beaucoup les expressions qu’Anthony Jean donne à certains visages, selon les circonstances ; l’exemple que j’ai en tête c’est lorsque Paracelse s’écrie « De quel droit ! Je ne faisais pas partie de votre organisation ! Je la conchiais ! », la mine de Paré disant en aparté « Vous n’êtes pas le seul. » est vraiment excellente !
Quant à l’atelier secret de Léonard de Vinci ! C’est du grand art ! O_ô
Alors voilà, malgré quelques fautes d’accord ( :! ! ) et un nom écorché, 4 étoiles pas volées, vivement la suite !
Un petit lapin qui cherche à en finir par tous les moyens, inventant pour ce faire les stratagèmes les plus saugrenus...
Vraiment une BD très originale, et surtout marrante (si on est fan d'humour grinçant bien entendu) donc à découvrir et faire découvrir !
Me voilà assez satisfait de pouvoir donner le deuxième avis de ce one-shot qui, à en croire mon prédécesseur, vaudrait pleinement le détour…
Si personnellement je ne vais pas attribuer la note ultime, je dois vraiment admettre que cet album est d’excellente qualité et mérite une bonne place dans la bibliothèque!
Décidément, la collection Rivages/Casterman/Noir devient synonyme de qualité.
L’histoire est l’atout principal ; normal me direz-vous, ce n’est jamais qu’une adaptation d’un roman qui a eu son succès. Certes, mais encore fallait-il sortir une adaptation de cette trempe ! La tension est présente, l’enquête en milieu hostile est prenante, l’intrigue chiffrée est séduisante.
Le style graphique est réaliste, proche selon moi de la signature Ponzio (Le Complexe du chimpanzé, Genetiks). La coloration est bien adaptée à l’ambiance générale du récit. C’est donc très correct, sans être exceptionnel.
Bref, pour le prix demandé (16 €), vous n’êtes absolument pas volés, ni en quantité, ni en qualité !
Imaginez… quelques notes de « l’homme à l’harmonica » titillent vos oreilles, les vrillent bientôt. Le vent, le sable, la chaleur s’insinuent dans votre esprit. La musique enfle, gonfle ses notes et vous emmène là où les auteurs souhaitent vous rencontrer : dans « il était une (autre) fois dans l’ Ouest ».
Le scénario ?… une ville de ce vieil Ouest sauvage, un shérif aux méthodes radicales qui en ont fait une sorte de légende, un rien de sexe, de la violence et –surtout- un inconnu qui y débarque en traînant deux cadavres. Seulement voilà : l’homme dit s’appeler Jedediah Cooper, comme le nom inscrit sur la tombe du dernier homme qui avait osé défier le shérif… alors : « résurrection » ?.. ou ?…
Je m’attendais à quelque chose d’explosif. En réalité, il s’agit plutôt –et c’est ce qui en fait sa force- d’un western intimiste où l’image « parle » souvent plus qu’un texte. Cette ville d’ailleurs est une sorte de personnage à part entière. Elle respire et vit, tirant sa substance de ce que devait être l’Ouest de la fin des années 1800. Ce western tire aussi sa force visuelle par une colorisation aux tons « crépusculaires » qui préfigure elle aussi cette sorte de « fin du temps des cow-boys ».
Au dessin ?… Guérineau (Le chant des Stryges) montre ici –et de quelle façon- une autre facette de son talent. Jouant des archétypes du genre, il distille la tension, joue sur les regards des intervenants, effectue des cadrages serrés… un peu comme ces « spaghetti westerns » qui me sont chers. A sa façon, Guérineau fait « sentir » ses pages, balance des silences qui sont d’autant efficaces.
Un grand western ?.. sûrement. Un « autre » western ?… aussi. Un scénario ciselé, efficace, diabolique dans sa construction se marie avec un dessin somptueux par moments. Histoire, dessin, couleurs : une excellente alchimie des trois genres pour un tome vraiment captivant.
Question manga, en France, on n’en fait pas des masses, mais ça se développe. Et les auteurs de sentaï school nous montrent très clairement ici que, quand même, faut pas déconner, on est capable de quelque chose en matière de manga. On a donc un scénario de base tout simple, sur lequel s'appuient tout un tas d'histoires, reliées ou non entre elles, à savoir, un groupe d'élèves hyper-motivés intègrent une école de héros avec l'intention ferme de devenir LES meilleurs.
On trouve donc un humour tout simplement génial, le petit détail au fond de la case qui te fait éclater de rire, et des allusions à d'autres séries, anciennes ou récentes, allant de "pokémon" à "Hannibal lecter", en passant par "la petite maison dans la prairie" et "Saint Seya".
D'accord, il faut un minimum de culture manga pour tout saisir, mais pas grand chose, et le dessin excellent fait tout pour nous faciliter la tâche.
Pour tout amateur de parodies et curieux !
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
Indépendante depuis sa création en 1998, Cultura se donne pour mission de faire vivre et aimer la culture.
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
Sur les Terres d'Horus
Dans Sur les Terres d'Horus, c'est à une captivante croisière, qui déborde largement le Dieu Fleuve, qu'Isabelle Dethan nous convie. Des marais de Pa-Yom, aux déserts brûlants de Nubie, des escarpements rocheux de la Vallée des Rois, aux splendeurs de Pi-Ramsès, le trait d'Isabelle Dethan nous restitue une envoûtante Égypte pharaonique, en ces temps lointains dénommée Kemet — La Terre Noire. Noire dans certaines de ses âmes certes, mais sous le pinceau de notre scribe moderne, cette Égypte aujourd'hui disparue brille d'une myriade d'éclats chatoyants, qui nous donneraient fort envie d'y avoir vécu, ou de pouvoir nous y transporter par le biais de quelque magie possédée par les anciens prêtres de ce fascinant pays. Alors, certes, l'Égypte qui revit ainsi par les aquarelles lumineuses d'Isabelle Dethan est une Égypte fictive. Et il serait assez illusoire de prendre Sur les Terres d'Horus pour un pur documentaire historique, car l'Histoire connaît des lacunes et des hésitations que les auteurs de fiction n'ont pas, et ne peuvent guère se permettre d'avoir. Il en va ainsi de la cour de pharaon, dont un égyptologue m'avait tranquillement expliqué qu'elle est ce que nous connaissons le plus mal de l'Égypte ancienne, et qu'il faut donc oublier espérer en restituer quoi que ce fut qui soit historique. De la vie de cour de pharaon, nous n'avons que des aperçus. De sa vie intime ou privée, il va de même. Si l'on excepte le harem, mieux connu, en particulier grâce au fameux complot qui eut lieu sous Ramsès III. Mais le harem et la cour, ce sont deux mondes différents. Ces précautions étant posées, et malgré quelques autres simplifications regrettables (les vêtements, qui sont tous blancs ou presque, alors que les Égyptiens savaient teindre et tisser des vêtements multicolores), la tentative de restauration que propose Isabelle Dethan est bien trop sublime pour qu'on se laisse point emporter par elle en une douce contemplation rêveuse au fil d'un Nil remontant, ou descendant. Et c'est d'ailleurs à elle que cette oeuvre doit l'essentiel des quatre étoiles que je lui ai attribuées. Car si les décors sont sublimes, les aventures, elles, sont beaucoup moins convaincantes. La première histoire, centrée autour de Seth, m'a fait craindre le pire quand au réemploi d'un cliché éculé, et par ailleurs totalement faux. Néanmoins, Isabelle Dethan, qui s'était bien documentée, parvient à l'éviter. Cependant, voici encore une sourde conjuration sectaire orchestrée autour de Seth... Pas très original au final. Non plus que dans le lieu où se clôt le premier diptyque, grandiose certes, mais qui est un cliché vu et revu de la littérature d'aventure "dans l'Afrique méconnue" depuis le XIXe siècle. Le second diptyque est, lui, certes un peu plus original, mais étalée sur deux tomes, cette histoire qui n'en valait qu'un ou un et demi perd en intensité ce qu'elle gagne à peine en profondeur. L'ennui, souvent, se profile à l'orée des pages du quatrième tome... Cependant, et c'est là ce qui explique finalement les quatre étoiles au lieu des trois, Isabelle Dethan me semble réussir une belle galerie de personnages au fil de ses intrigues. C'est d'ailleurs en eux, dans les relations qui se tissent, se nouent et dénouent, dans l'évolution de leur psychologie, qu'Isabelle Dethan semble avoir porté toute son attention, faisant de ses intrigues policières presque un simple canevas secondaire. Du moins à mes yeux. Les eut-elle cependant réussi, que cette BD — une des rares de qualité sur l'Égypte — eut incontestablement mérité la note maximale, avec les applaudissements enthousiastes du jury. Quant à la suite, sise en Babylonie, voilà qui laisse le même jury des plus sceptiques. L'Égypte recélait-elle si peu de trésors qu'il fallut déjà l'abandonner ? Je comprends certes le désir d'Isabelle Dethan d'aller voir ailleurs, néanmoins nous voilà bien loin des Terres d'Horus, et j'eus de loin préféré que la restitution fictive de Kemet fut approfondie, et de nouvelles pistes ouvertes et explorées. Espérons que cela vienne pour de nouveaux tomes.
Les Ensembles contraires
Après la lecture du 1er tome : Je suis impressionné par la sincérité qui se dégage de cette BD. Si les auteurs mettent les formes, ils fournissent le fond sans fioritures !!! Tout m'a plu dans ce premier tome : - Le titre : impossible de trouver mieux pour résumer en si peu de mots les 2 personnages principaux (qui sont d'ailleurs les scénaristes puisqu'il s'agit d'une autobiographie croisée). - Le scénario : des petites tranches de vie qui apportent une vision du quotidien des protagonistes. Certaines joyeuses, d'autres crues et difficiles. Mais l'ensemble s'appuyant sur les souvenirs, est fluide et captivant malgré la banalité de certains faits et gestes. La relation entre les 2 personnages évolue avec les décors et les rencontres. Cette BD est vivante. - Le dessin : au service des scénaristes, il retranscrit simplement et fidèlement le récit. Il est même impressionnant dans son rendu pour les moments graves. Petit plus perso : les lieux qui me sont familiers et les auteurs qui ont plus ou moins le même âge. Ces facteurs m'ont certainement aidé à mieux entrer dans leur histoire et me rappellent beaucoup de souvenirs. Vivement le T2.
Château l'Attente
Coup de cœur pour cette petite (mais imposante) merveille ! Premièrement, la qualité d’édition tient toutes ses promesses. L’objet en tant que tel est magnifique ; un puissant « ouaw ! » précède l’ouverture impatiente de l’album. L’histoire ensuite m’a, pour ma part, complètement charmé, envouté et transporté dans cette sérénité gentille, dans cette paix communicative, dans cet humour à la fois léger et dosé, dans cette fantaisie si particulière, dans cet univers enfantin mais recherché à la fois… Les personnages sont attachants, et la magie du récit fait le reste ! Les dessins sont à l’image de la construction du récit : simples mais magiques ! Je peux cependant reconnaître que certaines planches et personnages semblent figés. Qu’à cela ne tienne, le charme de l’ensemble opère. En conclusion, je suis d’ores et déjà impatient de découvrir la suite. Cet album est un condensé (de 457 planches tout de même) de simplicité, de paix, de joie, d’aventure et de fantaisie. N’hésitez pas, plongez dans cet univers ; la lecture de cet album est simplement un moment de détente remarquable !
Maliki
J'ai découvert Maliki grâce à son site, et franchement je n'ai jamais été déçue. Il a une facilité à décrire les évènements de la vie quotidienne. J'imagine que les parisiens peuvent préférer cette bd, aux personnes de province, car il y a beaucoup de vécu autour de Paris. Mais je trouve vraiment qu'il gagne à être connu. Les dessins sont superbement bien faits... et je ne vais pas être originale pour ceux qui connaissent la bd... mais j'ai un petit faible pour... FEANOR... il est trop chou !!!
Undercurrent
La qualité première et principale de ce titre est son réalisme. C'est vraiment ce qui m'a frappé tout au long de ma lecture. Pas un instant je n'ai trouvé une situation illogique, saugrenue, étrange, décalée. On est dans du réalisme pur, un roman graphique d'excellente facture. Oh bien sûr, il y a quelques moments de comédie un peu burlesque, notamment avec le vieux milicien et le détective, mais cela permet seulement des moments de respiration dans l'atmosphère languide dans laquelle baigne l'histoire. On est dans un huis clos la plupart du temps, mais curieusement on ne se sent jamais à l'étroit dans ces bains, où cette jeune épouse traîne son malaise, la perte de l'être cher. Une perte inexpliquée, puisqu'il s'agit tout simplement d'une disparition. Les personnages sont bien écrits, bien exploités, et les situations, comme je l'ai déjà dit, sont bien amenées. Le seul reproche que je pourrais faire au dessin de Toyoda c'est que les trois personnages principaux (hommes et femme) se ressemblent un peu trop... Mais à part ça, c'est très maîtrisé, dans un style réaliste. Le récit ménage des moments de silence, de captation du temps qui passe, des moments où la douleur de Kanae est palpable, dans ses yeux, dans son attitude, dans les objets qu'elle regarde. Vraiment c'est une référence du genre, à lire bien évidemment. Le manga fait 300 pages, mais on les dévore sans peine.
La Licorne
Lue dans la foulée de Deus (après l’homme nouveau, l’homme primordial…), cette série part sur des bases plus réalistes mais paradoxalement, elle est plus audacieuse. En effet, Mathieu Gabella -dont je découvre le travail avec La Licorne- n’hésite pas à faire coexister l’histoire de la médecine au XVIième siècle, la célèbre série de tapisseries de la Dame à la Licorne et les chimères de la mythologie, dans un scénario gonflé mais plutôt cohérent et franchement séduisant. Cette démarche, l’auteur s’en explique en fin d’album dans un sympathique bonus qui nous permet aussi de connaître le point de vue du dessinateur. Bonus qui nous livre également quelques détails biographiques de certains des illustres personnages mis en scène. Heureuse initiative ! Venons-en à l’histoire : Ambroise Paré, chirurgien qui s’illustrera par ses conceptions novatrices se retrouve embarqué dans une aventure mouvementée et fertile en découvertes, au côté de Nostradamus, d’Andrea Vésale (que je ne connaissais pas) de Paracelse, et d’autres encore dans un combat les opposant –pour faire simple !- à l’Eglise . Le scénario est complexe, Gabella mettant à profit sa connaissance poussée de l’histoire de la médecine, et je trouve originale l’idée d’y introduire la Dame à la licorne, même si pour le moment son symbolisme n’est pas ou peu exploité. Il est complexe, mais reste néanmoins compréhensible, les dialogues (très vivants) amenant progressivement les divers éléments de l’intrigue. J’ai beaucoup aimé ce mélange de réalisme historique et de fantastique débridé. En outre, les personnages -Ambroise Paré en tête- sont rendus très vivants par le soin apporté aux dialogues, pleins d’humour, et au dessin de leur visage. Le dessin justement, je le trouve somptueux. Les paysages sont magnifiques, les décors urbains d’une grande finesse, les cadrages toujours judicieux, et la mise en couleurs est de grande classe. Chaque case où apparaît l’une des fameuses tapisseries est un régal pour les yeux. A cet égard, la planche dans laquelle Nostradamus explique à Paré le rôle de ces tapisseries est tellement belle, que pour un peu elle éclipserait le nom écorché (à plusieurs reprises !! :| ) de Frascator ! J’aime aussi beaucoup les expressions qu’Anthony Jean donne à certains visages, selon les circonstances ; l’exemple que j’ai en tête c’est lorsque Paracelse s’écrie « De quel droit ! Je ne faisais pas partie de votre organisation ! Je la conchiais ! », la mine de Paré disant en aparté « Vous n’êtes pas le seul. » est vraiment excellente ! Quant à l’atelier secret de Léonard de Vinci ! C’est du grand art ! O_ô Alors voilà, malgré quelques fautes d’accord ( :! ! ) et un nom écorché, 4 étoiles pas volées, vivement la suite !
Le Coup du lapin
Un petit lapin qui cherche à en finir par tous les moyens, inventant pour ce faire les stratagèmes les plus saugrenus... Vraiment une BD très originale, et surtout marrante (si on est fan d'humour grinçant bien entendu) donc à découvrir et faire découvrir !
Shutter Island
Me voilà assez satisfait de pouvoir donner le deuxième avis de ce one-shot qui, à en croire mon prédécesseur, vaudrait pleinement le détour… Si personnellement je ne vais pas attribuer la note ultime, je dois vraiment admettre que cet album est d’excellente qualité et mérite une bonne place dans la bibliothèque! Décidément, la collection Rivages/Casterman/Noir devient synonyme de qualité. L’histoire est l’atout principal ; normal me direz-vous, ce n’est jamais qu’une adaptation d’un roman qui a eu son succès. Certes, mais encore fallait-il sortir une adaptation de cette trempe ! La tension est présente, l’enquête en milieu hostile est prenante, l’intrigue chiffrée est séduisante. Le style graphique est réaliste, proche selon moi de la signature Ponzio (Le Complexe du chimpanzé, Genetiks). La coloration est bien adaptée à l’ambiance générale du récit. C’est donc très correct, sans être exceptionnel. Bref, pour le prix demandé (16 €), vous n’êtes absolument pas volés, ni en quantité, ni en qualité !
Après la nuit
Imaginez… quelques notes de « l’homme à l’harmonica » titillent vos oreilles, les vrillent bientôt. Le vent, le sable, la chaleur s’insinuent dans votre esprit. La musique enfle, gonfle ses notes et vous emmène là où les auteurs souhaitent vous rencontrer : dans « il était une (autre) fois dans l’ Ouest ». Le scénario ?… une ville de ce vieil Ouest sauvage, un shérif aux méthodes radicales qui en ont fait une sorte de légende, un rien de sexe, de la violence et –surtout- un inconnu qui y débarque en traînant deux cadavres. Seulement voilà : l’homme dit s’appeler Jedediah Cooper, comme le nom inscrit sur la tombe du dernier homme qui avait osé défier le shérif… alors : « résurrection » ?.. ou ?… Je m’attendais à quelque chose d’explosif. En réalité, il s’agit plutôt –et c’est ce qui en fait sa force- d’un western intimiste où l’image « parle » souvent plus qu’un texte. Cette ville d’ailleurs est une sorte de personnage à part entière. Elle respire et vit, tirant sa substance de ce que devait être l’Ouest de la fin des années 1800. Ce western tire aussi sa force visuelle par une colorisation aux tons « crépusculaires » qui préfigure elle aussi cette sorte de « fin du temps des cow-boys ». Au dessin ?… Guérineau (Le chant des Stryges) montre ici –et de quelle façon- une autre facette de son talent. Jouant des archétypes du genre, il distille la tension, joue sur les regards des intervenants, effectue des cadrages serrés… un peu comme ces « spaghetti westerns » qui me sont chers. A sa façon, Guérineau fait « sentir » ses pages, balance des silences qui sont d’autant efficaces. Un grand western ?.. sûrement. Un « autre » western ?… aussi. Un scénario ciselé, efficace, diabolique dans sa construction se marie avec un dessin somptueux par moments. Histoire, dessin, couleurs : une excellente alchimie des trois genres pour un tome vraiment captivant.
Sentaï School
Question manga, en France, on n’en fait pas des masses, mais ça se développe. Et les auteurs de sentaï school nous montrent très clairement ici que, quand même, faut pas déconner, on est capable de quelque chose en matière de manga. On a donc un scénario de base tout simple, sur lequel s'appuient tout un tas d'histoires, reliées ou non entre elles, à savoir, un groupe d'élèves hyper-motivés intègrent une école de héros avec l'intention ferme de devenir LES meilleurs. On trouve donc un humour tout simplement génial, le petit détail au fond de la case qui te fait éclater de rire, et des allusions à d'autres séries, anciennes ou récentes, allant de "pokémon" à "Hannibal lecter", en passant par "la petite maison dans la prairie" et "Saint Seya". D'accord, il faut un minimum de culture manga pour tout saisir, mais pas grand chose, et le dessin excellent fait tout pour nous faciliter la tâche. Pour tout amateur de parodies et curieux !