Je me souviens de l’époque où je suis arrivé sur bdthèque, le site avait peut-être un an d’existence mais avait déjà son lot d’habitués dont la quasi-totalité ne juraient que par Spoogue. Chose curieuse, j’étais peut-être le seul (ou un des seuls, en tout cas) à ne pas succomber aux charmes et à l’humour particulier du ravissant fossoyeur. Après des années de silence, Milhiet revient avec une nouvelle série, et il sera peut-être ravi de savoir (ou s’en tamponnera complètement) que le seul dénigreur de Spoogue de bdthèque a apprécié le premier tome de Caravane. Première chose donc : oubliez Spoogue, cela n’a rien à voir.
J’avoue qu’au début de ma lecture, ce n’était pas gagné, je trouvais la réaction primaire des autochtones envers la caravane trop caricaturale, téléphonée et démesurée. Mais très vite j’ai saisi que c’était avant tout une affaire de « ton » et que la caricature faisait pleinement partie de ce que Milhiet voulait mettre en place. De plus, là n’était pas le centre d’intérêt, on saisit très vite que l’essentiel est ailleurs. Je m’explique : il est difficile de ne pas penser au fabuleux Freaks de Tod Browning en lisant cette bd. La proximité du sujet y est pour beaucoup, évidement, mais cela va au-delà, et sans jamais traverser la frontière qui sépare l’inspiration du plagiat. Le traitement visuel est résolument différent, la construction narrative également, mais ce qu’il reste c’est le « noyau humain » pourrait on dire. La force du magistral film de Browning était de montrer, avec toute l’ambiguïté que cela supposait, l’étrange « pacte » qui unissaient les monstres de cirque d’antan, pacte qui faisait qu’ils réagissaient de concert face à une agression d’un « normal » envers leurs dignité au point de devenir, comme par effet de contradiction/assimilation, les « monstres » que la société rejette. Car un être d’humain devient, par la force des choses et la violence des rapports sociaux, ce que la société lui donne comme rôle (ce que Sarkozy a magnifiquement illustré en traitant les jeunes de banlieues de racaille – Ah Sarko, ce grand professeur de sociologie !-). Du coup, les monstres de Milhiet ne sont pas que des gentilles victimes, mais répondent au coup pour coup avec une violence que la morale (incarnée par le Shérif) réprouve.
Là où Milhiet apporte un « plus » au schmilblick, c’est qu’il vient intégrer une petite fille normale au sein des monstres. Est-ce là une opportunité de ré-humanision des monstres ? Une possibilité de sortir du ghetto protecteur qu’ils se sont créé et d’établir des rapports plus seins avec le monde qui les entoure, de casser la spirale de la haine ? Les tomes suivants nous le diront… Pour l’instant ce premier tome se termine sur une énigme proprement insoutenable.
Dernière chose : mention très bien pour le dessin, que je trouve bien meilleur et mesuré dans ses effets que dans Spoogue. Milhiet a un dessin et un trait bien à lui que l’on pourrait reconnaître entre mille, il sait donner à son monde un petit côté « miniature détaillée » très plaisant. J’aime bien les couleurs aussi. Et sur le plan de la mise en page et de la narration, certaines solutions elliptiques et de suggestion de mouvement dans une seule case sont astucieuses.
Ce qui frappe en premier lieu est la ressemblance graphique avec l'oeuvre d'exception qu'est Persepolis de Marjane Satrapi. Avec ce style en noir et blanc si caractéristique, on s'y tromperait ! Doit-on crier au plagiat...? Je ne pense pas. D'autant qu'après lecture, il s'avère que l'auteur, Zeina Abirached, possède un style à l'esthétique particulière, où les figures géométriques sont légions. Ce qui augmente très fortement la beauté des planches lesquelles pour certaines firent de ma part, l'objet d'une étude minutieuse.
L'auteur nous livre un récit autobiographique (tiens encore comme Marjane !) au cours duquel elle relate une petite partie de sa vie de jeune Libanaise, à l'époque où elle et sa famille sont « prisonniers » d'une Beyrouth en guerre. Ils logent avec d'autres civils dans un vieil immeuble proche des zones de combats. Il s'en suit un ouvrage sous forme de huis clos, dans lequel les différents voisins de l'immeuble sont décrits les uns à la suite des autres, non sans un certain humour. Tentant ainsi de nous faire partager avec le recul son ressenti d'enfant sur ce monde en guerre. Malheureusement, même si l'ensemble est fort plaisant et si Zeina Abirached apparaît comme une dessinatrice pleine de promesses, le développement des différents personnages est distillé extrêmement rapidement... ce qui au final laisse un petit goût de frustration.
LA BD humoristique du siècle et peut-être ma préféré
Gotlib était un maitre non seulement dans l'humour, mais aussi dans le dessin. Ma forme d'humour en bande dessinée préféré et lorsqu'il a des gags partout et pas seulement lors de la chute final et cela tombe il y a des gags dans pratiquement chaque cases. Gotlib dessinait rarement des décors et pour compenser il mettait des petits gags, la plupart l'oeuvre de sa célèbre coccinelle.
Son dessin est totalement maîtrisé et j'adore comment il déforme le corps humain. Cela me fait penser aux vieux cartoons du genre ce que fait Tex Avery. Chaque fois que je relis un album je rigole comme lors de ma première lecture. J'aime bien aussi les rubriques un peu plus poétique.
Un incontournable.
Voilà un beau petit chef-d'œuvre avec un style bien à part !
Le point central de l'histoire est bien sûr basé sur les pérégrinations du fameux chat du kimono qui fait tout son possible pour retrouver l'habit duquel il s'est échappé au début. Nous pouvons ainsi suivre son fabuleux périple en mer, sur terre (pas dans les airs mais ça aurait pu avec la rencontre de personnages qui ne paraissent pas avoir de liens communs au départ et pourtant tout est lié. Les dessins japonisants sont sublimes et le fait que la BD soit en noir et blanc ajoute encore plus de charme.
Ce qui est génial dans cette histoire, c'est que tout paraît décousu au premier abord mais en fait les petites histoires indépendantes se recoupent finalement pour créer un savant mélange.
Un beau résultat en tout cas qui mérite d'être découvert ; je ne regrette pas ma traque acharnée pour l'acquérir... vivement la suite avec "Tea Party" et un grand merci à Nancy pour ces moments de bonheur qu'elle nous fait partager.
J’ai longtemps repoussé la lecture du Journal de mon Père, principalement de peur d’être déçu et de me retrouver devant un sous-Quartier Lointain, une oeuvre de qualité donc, mais pompé sur la pièce maîtresse du maître et inférieure en tout points. Et bien, force est de constater que je me suis pris une belle baffe dans la gueule, car malgré tout ce qu’elle pouvait laisser présager, cette oeuvre se démarque très nettement de l’autre avec brio.
En commençant ma lecture, j’ai certes été immédiatement emporté par ce récit si bien narré, l’envie de résoudre les mystères de l’intrigues étant les plus forts, mais j’ai aussi eu très peur : Je retrouvais exactement les mêmes sensations que dans Quartier Lointain (le mystère de la disparition de la mère du personnage faisant sensiblement penser à celui du père du personnage principal dans QL), avec moins d’envergure dans le récit c’est vrai. Dès lors, j’ai tout de suite pensé que mes craintes étaient fondées, ce qui ne m’a pas empêché de continuer à lire la suite, car l’ensemble restait en outre de qualité et diablement accrocheur.
Mais c’est en commençant la seconde partie de l’histoire que l’on comprend le vrai postulat du Journal de mon Père, excellant incroyablement dans un domaine différent de son petit frère : L’émotion (bien qu’elle soit présente dans les deux oeuvres). Ici, l’auteur raconte une histoire somme toute plus commune, plus réaliste, dans un récit emplis de pudeur et aux prétentions plus simples, mais néanmoins doté d’une complexité relationnelle fascinante. C’est peut-être en partie ce qui lui donne son charme, ce qui lui permet de toucher le lecteur avec plus d’aisance.
Le Journal de mon Père, si il n’a pas la portée existentielle d’un Quartier Lointain, qui renvoyait à quelques questionnements intérieurs, est émotionnellement plus riche, et au final tout aussi profond, pour des raisons différentes. J’avoue avoir été totalement conquis, et je serais bien incapable de dire quelle oeuvre je préfère entre les deux sus-cités, mes préférés du maître. Une chose est sûre, le thème des relations entre parents et enfants reste celui où Tanigushi nous expose le mieux son talent exubérant.
Une série dans un monde imaginaire délirant, au scénario original qui évolue au fur et à mesure des tomes... Une curiosité à part qui reste malheureusement peu connue.
Cette série représente une vraie curiosité artistique. Elle est difficile à résumer. Il s'agit en quelque sorte d'une grande improvisation sur le thème de l'imaginaire, où l'auteur invente peu à peu un univers et des personnages à qui il donne vie et qu'il regarde ensuite évoluer tout comme lui-même évolue. L'auteur lui-même finira d'ailleurs par s'intégrer au récit à partir du tome 5 ajoutant encore à l'effet de mise en abime du récit qui se sait être un récit, qui se sait exister en bande dessinée et qui se sait être lu par des lecteurs dont les personnages peuvent même entendre les chuchotements parfois.
De même que le récit et l'univers évoluent, c'est le dessin de Cabanes qui change de tomes en tomes. D'un noir et blanc beau mais un peu surchargé pour le premier tome, il gagne ensuite des couleurs, puis se modifie, s'améliore, change tout simplement. Ma préférence va à l'esthétique des planches du tome 5 même si le tome 7 représente le niveau encore au dessus, l'auteur épurant un peu son trait pour lui donner plus de dynamisme et de vie. C'est en tout cas très beau (sauf les premiers tomes auxquels je n'accroche que moyennement) et je suis régulièrement épaté par la maîtrise technique de Cabanes.
"Dans les villages" est une oeuvre qui mérite à être mieux connue mais qui ne plaira pas à tout le monde car c'est une oeuvre vraiment à part, une oeuvre qui se sait être une oeuvre et en joue et en improvise.
Fables est l'une des BD que je suis avec le plus d'intérêt actuellement. Chaque tome apporte quelque chose de nouveau à cet univers. Et l'on s'attache aux Fables, ces personnages exilés du monde des Fables, réfugiés à New York dans le quartier de Fableville, se protégeant des communs (les gens quoi) grâce à des sortilèges. Des personnages immortels, vivant grâce à l'imaginaire des conteurs d'histoires...
Le premier tome de cette série n'en est pas le meilleur, la mise en place d'un univers si riche étant hélas souvent aussi fastidieuse que nécessaire, l'intrigue se contente de relater une enquête policière classique. Cela permet néanmoins de présenter presque tous les protagonistes vivant à Fableville.
A partir du deuxième tome cela devient beaucoup plus original, beaucoup plus riche et foisonnant dans le traitement, la série sort d’un cadre classique et n’y reviendra plus. Ensuite chaque volume présente une histoire unique tout en apportant assez d'éléments à la trame de la série pour la rendre plus accrocheuse. Le plaisir de lecture va crescendo.
Les personnages de cette série sont d'une richesse peu commune, la communauté des Fables est vaste, les personnages sont difficile à cerner mais tous attachants : On adore Bigby et Blanche neige autant que le Prince Charmant ou Barbe Bleue... Tous ne sont pas dans le même camp, loin de là, mais l'intérêt des Fables étant commun contre un mystérieux ennemi nommé "l'Adversaire", les Fables doivent œuvrer ensemble. Les Fables se connaissent bien depuis des siècles, la méfiance est souvent de mise entre les membres de la communauté.
Fables est une série bien écrite et admirablement dessinée. Le monde que l'on voit prendre vie sous les pinceaux de Mark Buckingham est réellement empreint d'une imagerie fantastique sortie des contes et des légendes.
J'en suis à la lecture du cinquième tome, et je trouve toujours cette série aussi passionnante, à mes yeux c'est actuellement une des meilleures publications de chez Vertigo. Je conseille à tous la lecture de cette BD. Ainsi que la lecture de Fables - 1001 nuits de Neige , un épisode spécial se déroulant un siècle avant le premier tome et révélant des éléments sur certains des personnages. Un épisode nullement indispensable pour l'appréciation de la série mère, mais dont il serait dommage de se priver en regard de ses grandes qualités (et les dessins d'artistes comme Bolton ou Bolland ça ne se rate pas !).
Lisez Fables c'est un must.
JJJ
Ca faisait longtemps qu’une BD ne m’avait pas retourné l’estomac de cette façon. Allez, je l’avoue carrément : un passage m’a fait pleurer (oh moquez-vous, je suis peut-être une chochotte, mais mon cœur d’artichaut a souffert sur certaines pages). Mais le plus fort, c’est que je ne qualifierai même pas cette histoire de sombre ou déprimante. Non, en refermant la BD je me suis retrouvé le cœur rempli d’une envie pressante de vivre, de profiter de la vie, de maintenant, des gens autours de moi.
Une énième histoire sur le thème usé « profitez, la vie est trop courte » donc. Certes. Mais le ton est tellement juste, pas larmoyant pour un sou. Et surtout le fait que le personnage principal soit un comique, et que son talent et ses spectacles soient utilisés pour faire passer un tel message, moi je trouve ça super fort.
J’imagine que le dessin épuré en noir et blanc risque de décourager les lecteurs qui donnent beaucoup d’importance à cet aspect d’une BD. Mais franchement si ce genre de récit vous tente, ne passez pas à coté de ce petit bijou.
Nonobstant la profonde admiration que j’ai pour les autres ouvrages d’Alan Moore, j’ai pris dès l’ouverture de ce pavé le pli d’oublier l’identité de son génial scénariste. Le but étant de ne pas trop biaiser le présent avis ; que je vais tenter de faire bref mais bon, on n’avise pas cela comme on aviserait n’importe quelle autre série !
D’abord, et je rejoins les avis précédents, la qualité matérielle de la BD proposée est indéniable. L’éditeur a fait très fort, l’objet en tant que tel est magnifique, ce qui explique notamment le prix demandé.
L’histoire est déjà présentée dans les autres avis, je ne vais pas répéter le caractère pornographique de l’ouvrage, qui s’adresse dès lors à un public adulte. Ce dernier devra, sans nul doute, prendre le pari de remettre en question l’entièreté de ses mœurs. Là où c’est intéressant, selon moi, c’est que l’on est loin du porno abrutissant ; l’auteur nous livre ici une histoire terriblement subtile dans sa construction, dans les références littéraires développées et dans les bases psychanalytiques référencées (fantasmes, rêves, pulsions, et les deux topiques,...).
Les différents chapitres présentent aux lecteurs comment les héroïnes (Alice, Wendy et Dorothy) ont construit l’univers féerique dans lequel elles évoluent ; univers connus de tous les enfants : Le pays des merveilles, le pays imaginaire ou Oz… Innovant et intelligent !
Les dessins et les couleurs, qui se rapprochent de l’univers du conte, étayent le caractère envoûtant et érotique de l’histoire. Lors de la lecture, j’ai plusieurs fois eu l’impression d’un flou dans la coloration, d’un brouillard féerique, issu d’un rêve… Les décors sont également très intéressants : le style victorien pigmenté d’Art Nouveau est vraiment adapté à cette époque du début du siècle.
Enfin, c’est la mise en page très accomplie (je dirais parfaite), comparable au chef d’œuvre Watchmen, qui constitue véritablement l’atout principal de cet ouvrage ; de mémoire me vient directement certains passages extraordinaires (par ex. le chapitre des ombres avec Wendy, le chapitre des 7 péchés capitaux,…). Il est également nécessaire de relever que la mise en page est différente selon la narratrice du récit pornographique présenté… Magnifique !
En conclusion, cette BD se démarque véritablement de ce qui existe déjà et à la fermeture, l’identité de son génial créateur m’est revenue comme une grosse claque dans la figure…
P.S: considérant le prix et le fait que cette BD ne se lit pas toutes les semaines, l'achat est conseillé à ceux qui apprécient les autres ouvrages de Moore.
Une vie de quartier à la lisière d'une ville, aux multiples personnages tous différents et tous baignant dans la même fange, prostitution, drogue, crime, arnaque et mensonge. Le tout sur fond de musique rap, de peu d'amour et surtout beaucoup d'humour.
Du plus jeune au plus vieux tous sont attachants, avec en haut de l'affiche une Museline plantureuse, mère maquerelle et putain, sirène échouée sur son lit, attendant son lot de matelots de passage.
Et le singe ? Et la dame blanche ? Eux aussi font partie de l'histoire…
Encore du grand Dumontheuil, sans aucun doute.
Mille pardons, j'avais oublié Angéli au scénario.
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
Caravane
Je me souviens de l’époque où je suis arrivé sur bdthèque, le site avait peut-être un an d’existence mais avait déjà son lot d’habitués dont la quasi-totalité ne juraient que par Spoogue. Chose curieuse, j’étais peut-être le seul (ou un des seuls, en tout cas) à ne pas succomber aux charmes et à l’humour particulier du ravissant fossoyeur. Après des années de silence, Milhiet revient avec une nouvelle série, et il sera peut-être ravi de savoir (ou s’en tamponnera complètement) que le seul dénigreur de Spoogue de bdthèque a apprécié le premier tome de Caravane. Première chose donc : oubliez Spoogue, cela n’a rien à voir. J’avoue qu’au début de ma lecture, ce n’était pas gagné, je trouvais la réaction primaire des autochtones envers la caravane trop caricaturale, téléphonée et démesurée. Mais très vite j’ai saisi que c’était avant tout une affaire de « ton » et que la caricature faisait pleinement partie de ce que Milhiet voulait mettre en place. De plus, là n’était pas le centre d’intérêt, on saisit très vite que l’essentiel est ailleurs. Je m’explique : il est difficile de ne pas penser au fabuleux Freaks de Tod Browning en lisant cette bd. La proximité du sujet y est pour beaucoup, évidement, mais cela va au-delà, et sans jamais traverser la frontière qui sépare l’inspiration du plagiat. Le traitement visuel est résolument différent, la construction narrative également, mais ce qu’il reste c’est le « noyau humain » pourrait on dire. La force du magistral film de Browning était de montrer, avec toute l’ambiguïté que cela supposait, l’étrange « pacte » qui unissaient les monstres de cirque d’antan, pacte qui faisait qu’ils réagissaient de concert face à une agression d’un « normal » envers leurs dignité au point de devenir, comme par effet de contradiction/assimilation, les « monstres » que la société rejette. Car un être d’humain devient, par la force des choses et la violence des rapports sociaux, ce que la société lui donne comme rôle (ce que Sarkozy a magnifiquement illustré en traitant les jeunes de banlieues de racaille – Ah Sarko, ce grand professeur de sociologie !-). Du coup, les monstres de Milhiet ne sont pas que des gentilles victimes, mais répondent au coup pour coup avec une violence que la morale (incarnée par le Shérif) réprouve. Là où Milhiet apporte un « plus » au schmilblick, c’est qu’il vient intégrer une petite fille normale au sein des monstres. Est-ce là une opportunité de ré-humanision des monstres ? Une possibilité de sortir du ghetto protecteur qu’ils se sont créé et d’établir des rapports plus seins avec le monde qui les entoure, de casser la spirale de la haine ? Les tomes suivants nous le diront… Pour l’instant ce premier tome se termine sur une énigme proprement insoutenable. Dernière chose : mention très bien pour le dessin, que je trouve bien meilleur et mesuré dans ses effets que dans Spoogue. Milhiet a un dessin et un trait bien à lui que l’on pourrait reconnaître entre mille, il sait donner à son monde un petit côté « miniature détaillée » très plaisant. J’aime bien les couleurs aussi. Et sur le plan de la mise en page et de la narration, certaines solutions elliptiques et de suggestion de mouvement dans une seule case sont astucieuses.
Mourir Partir Revenir, le Jeu des Hirondelles
Ce qui frappe en premier lieu est la ressemblance graphique avec l'oeuvre d'exception qu'est Persepolis de Marjane Satrapi. Avec ce style en noir et blanc si caractéristique, on s'y tromperait ! Doit-on crier au plagiat...? Je ne pense pas. D'autant qu'après lecture, il s'avère que l'auteur, Zeina Abirached, possède un style à l'esthétique particulière, où les figures géométriques sont légions. Ce qui augmente très fortement la beauté des planches lesquelles pour certaines firent de ma part, l'objet d'une étude minutieuse. L'auteur nous livre un récit autobiographique (tiens encore comme Marjane !) au cours duquel elle relate une petite partie de sa vie de jeune Libanaise, à l'époque où elle et sa famille sont « prisonniers » d'une Beyrouth en guerre. Ils logent avec d'autres civils dans un vieil immeuble proche des zones de combats. Il s'en suit un ouvrage sous forme de huis clos, dans lequel les différents voisins de l'immeuble sont décrits les uns à la suite des autres, non sans un certain humour. Tentant ainsi de nous faire partager avec le recul son ressenti d'enfant sur ce monde en guerre. Malheureusement, même si l'ensemble est fort plaisant et si Zeina Abirached apparaît comme une dessinatrice pleine de promesses, le développement des différents personnages est distillé extrêmement rapidement... ce qui au final laisse un petit goût de frustration.
Rubrique-à-Brac
LA BD humoristique du siècle et peut-être ma préféré Gotlib était un maitre non seulement dans l'humour, mais aussi dans le dessin. Ma forme d'humour en bande dessinée préféré et lorsqu'il a des gags partout et pas seulement lors de la chute final et cela tombe il y a des gags dans pratiquement chaque cases. Gotlib dessinait rarement des décors et pour compenser il mettait des petits gags, la plupart l'oeuvre de sa célèbre coccinelle. Son dessin est totalement maîtrisé et j'adore comment il déforme le corps humain. Cela me fait penser aux vieux cartoons du genre ce que fait Tex Avery. Chaque fois que je relis un album je rigole comme lors de ma première lecture. J'aime bien aussi les rubriques un peu plus poétique. Un incontournable.
Le Chat du kimono
Voilà un beau petit chef-d'œuvre avec un style bien à part ! Le point central de l'histoire est bien sûr basé sur les pérégrinations du fameux chat du kimono qui fait tout son possible pour retrouver l'habit duquel il s'est échappé au début. Nous pouvons ainsi suivre son fabuleux périple en mer, sur terre (pas dans les airs mais ça aurait pu avec la rencontre de personnages qui ne paraissent pas avoir de liens communs au départ et pourtant tout est lié. Les dessins japonisants sont sublimes et le fait que la BD soit en noir et blanc ajoute encore plus de charme. Ce qui est génial dans cette histoire, c'est que tout paraît décousu au premier abord mais en fait les petites histoires indépendantes se recoupent finalement pour créer un savant mélange. Un beau résultat en tout cas qui mérite d'être découvert ; je ne regrette pas ma traque acharnée pour l'acquérir... vivement la suite avec "Tea Party" et un grand merci à Nancy pour ces moments de bonheur qu'elle nous fait partager.
Le Journal de mon père
J’ai longtemps repoussé la lecture du Journal de mon Père, principalement de peur d’être déçu et de me retrouver devant un sous-Quartier Lointain, une oeuvre de qualité donc, mais pompé sur la pièce maîtresse du maître et inférieure en tout points. Et bien, force est de constater que je me suis pris une belle baffe dans la gueule, car malgré tout ce qu’elle pouvait laisser présager, cette oeuvre se démarque très nettement de l’autre avec brio. En commençant ma lecture, j’ai certes été immédiatement emporté par ce récit si bien narré, l’envie de résoudre les mystères de l’intrigues étant les plus forts, mais j’ai aussi eu très peur : Je retrouvais exactement les mêmes sensations que dans Quartier Lointain (le mystère de la disparition de la mère du personnage faisant sensiblement penser à celui du père du personnage principal dans QL), avec moins d’envergure dans le récit c’est vrai. Dès lors, j’ai tout de suite pensé que mes craintes étaient fondées, ce qui ne m’a pas empêché de continuer à lire la suite, car l’ensemble restait en outre de qualité et diablement accrocheur. Mais c’est en commençant la seconde partie de l’histoire que l’on comprend le vrai postulat du Journal de mon Père, excellant incroyablement dans un domaine différent de son petit frère : L’émotion (bien qu’elle soit présente dans les deux oeuvres). Ici, l’auteur raconte une histoire somme toute plus commune, plus réaliste, dans un récit emplis de pudeur et aux prétentions plus simples, mais néanmoins doté d’une complexité relationnelle fascinante. C’est peut-être en partie ce qui lui donne son charme, ce qui lui permet de toucher le lecteur avec plus d’aisance. Le Journal de mon Père, si il n’a pas la portée existentielle d’un Quartier Lointain, qui renvoyait à quelques questionnements intérieurs, est émotionnellement plus riche, et au final tout aussi profond, pour des raisons différentes. J’avoue avoir été totalement conquis, et je serais bien incapable de dire quelle oeuvre je préfère entre les deux sus-cités, mes préférés du maître. Une chose est sûre, le thème des relations entre parents et enfants reste celui où Tanigushi nous expose le mieux son talent exubérant.
Dans les villages
Une série dans un monde imaginaire délirant, au scénario original qui évolue au fur et à mesure des tomes... Une curiosité à part qui reste malheureusement peu connue. Cette série représente une vraie curiosité artistique. Elle est difficile à résumer. Il s'agit en quelque sorte d'une grande improvisation sur le thème de l'imaginaire, où l'auteur invente peu à peu un univers et des personnages à qui il donne vie et qu'il regarde ensuite évoluer tout comme lui-même évolue. L'auteur lui-même finira d'ailleurs par s'intégrer au récit à partir du tome 5 ajoutant encore à l'effet de mise en abime du récit qui se sait être un récit, qui se sait exister en bande dessinée et qui se sait être lu par des lecteurs dont les personnages peuvent même entendre les chuchotements parfois. De même que le récit et l'univers évoluent, c'est le dessin de Cabanes qui change de tomes en tomes. D'un noir et blanc beau mais un peu surchargé pour le premier tome, il gagne ensuite des couleurs, puis se modifie, s'améliore, change tout simplement. Ma préférence va à l'esthétique des planches du tome 5 même si le tome 7 représente le niveau encore au dessus, l'auteur épurant un peu son trait pour lui donner plus de dynamisme et de vie. C'est en tout cas très beau (sauf les premiers tomes auxquels je n'accroche que moyennement) et je suis régulièrement épaté par la maîtrise technique de Cabanes. "Dans les villages" est une oeuvre qui mérite à être mieux connue mais qui ne plaira pas à tout le monde car c'est une oeuvre vraiment à part, une oeuvre qui se sait être une oeuvre et en joue et en improvise.
Fables
Fables est l'une des BD que je suis avec le plus d'intérêt actuellement. Chaque tome apporte quelque chose de nouveau à cet univers. Et l'on s'attache aux Fables, ces personnages exilés du monde des Fables, réfugiés à New York dans le quartier de Fableville, se protégeant des communs (les gens quoi) grâce à des sortilèges. Des personnages immortels, vivant grâce à l'imaginaire des conteurs d'histoires... Le premier tome de cette série n'en est pas le meilleur, la mise en place d'un univers si riche étant hélas souvent aussi fastidieuse que nécessaire, l'intrigue se contente de relater une enquête policière classique. Cela permet néanmoins de présenter presque tous les protagonistes vivant à Fableville. A partir du deuxième tome cela devient beaucoup plus original, beaucoup plus riche et foisonnant dans le traitement, la série sort d’un cadre classique et n’y reviendra plus. Ensuite chaque volume présente une histoire unique tout en apportant assez d'éléments à la trame de la série pour la rendre plus accrocheuse. Le plaisir de lecture va crescendo. Les personnages de cette série sont d'une richesse peu commune, la communauté des Fables est vaste, les personnages sont difficile à cerner mais tous attachants : On adore Bigby et Blanche neige autant que le Prince Charmant ou Barbe Bleue... Tous ne sont pas dans le même camp, loin de là, mais l'intérêt des Fables étant commun contre un mystérieux ennemi nommé "l'Adversaire", les Fables doivent œuvrer ensemble. Les Fables se connaissent bien depuis des siècles, la méfiance est souvent de mise entre les membres de la communauté. Fables est une série bien écrite et admirablement dessinée. Le monde que l'on voit prendre vie sous les pinceaux de Mark Buckingham est réellement empreint d'une imagerie fantastique sortie des contes et des légendes. J'en suis à la lecture du cinquième tome, et je trouve toujours cette série aussi passionnante, à mes yeux c'est actuellement une des meilleures publications de chez Vertigo. Je conseille à tous la lecture de cette BD. Ainsi que la lecture de Fables - 1001 nuits de Neige , un épisode spécial se déroulant un siècle avant le premier tome et révélant des éléments sur certains des personnages. Un épisode nullement indispensable pour l'appréciation de la série mère, mais dont il serait dommage de se priver en regard de ses grandes qualités (et les dessins d'artistes comme Bolton ou Bolland ça ne se rate pas !). Lisez Fables c'est un must. JJJ
L'Accablante apathie des dimanches à rosbif
Ca faisait longtemps qu’une BD ne m’avait pas retourné l’estomac de cette façon. Allez, je l’avoue carrément : un passage m’a fait pleurer (oh moquez-vous, je suis peut-être une chochotte, mais mon cœur d’artichaut a souffert sur certaines pages). Mais le plus fort, c’est que je ne qualifierai même pas cette histoire de sombre ou déprimante. Non, en refermant la BD je me suis retrouvé le cœur rempli d’une envie pressante de vivre, de profiter de la vie, de maintenant, des gens autours de moi. Une énième histoire sur le thème usé « profitez, la vie est trop courte » donc. Certes. Mais le ton est tellement juste, pas larmoyant pour un sou. Et surtout le fait que le personnage principal soit un comique, et que son talent et ses spectacles soient utilisés pour faire passer un tel message, moi je trouve ça super fort. J’imagine que le dessin épuré en noir et blanc risque de décourager les lecteurs qui donnent beaucoup d’importance à cet aspect d’une BD. Mais franchement si ce genre de récit vous tente, ne passez pas à coté de ce petit bijou.
Filles perdues
Nonobstant la profonde admiration que j’ai pour les autres ouvrages d’Alan Moore, j’ai pris dès l’ouverture de ce pavé le pli d’oublier l’identité de son génial scénariste. Le but étant de ne pas trop biaiser le présent avis ; que je vais tenter de faire bref mais bon, on n’avise pas cela comme on aviserait n’importe quelle autre série ! D’abord, et je rejoins les avis précédents, la qualité matérielle de la BD proposée est indéniable. L’éditeur a fait très fort, l’objet en tant que tel est magnifique, ce qui explique notamment le prix demandé. L’histoire est déjà présentée dans les autres avis, je ne vais pas répéter le caractère pornographique de l’ouvrage, qui s’adresse dès lors à un public adulte. Ce dernier devra, sans nul doute, prendre le pari de remettre en question l’entièreté de ses mœurs. Là où c’est intéressant, selon moi, c’est que l’on est loin du porno abrutissant ; l’auteur nous livre ici une histoire terriblement subtile dans sa construction, dans les références littéraires développées et dans les bases psychanalytiques référencées (fantasmes, rêves, pulsions, et les deux topiques,...). Les différents chapitres présentent aux lecteurs comment les héroïnes (Alice, Wendy et Dorothy) ont construit l’univers féerique dans lequel elles évoluent ; univers connus de tous les enfants : Le pays des merveilles, le pays imaginaire ou Oz… Innovant et intelligent ! Les dessins et les couleurs, qui se rapprochent de l’univers du conte, étayent le caractère envoûtant et érotique de l’histoire. Lors de la lecture, j’ai plusieurs fois eu l’impression d’un flou dans la coloration, d’un brouillard féerique, issu d’un rêve… Les décors sont également très intéressants : le style victorien pigmenté d’Art Nouveau est vraiment adapté à cette époque du début du siècle. Enfin, c’est la mise en page très accomplie (je dirais parfaite), comparable au chef d’œuvre Watchmen, qui constitue véritablement l’atout principal de cet ouvrage ; de mémoire me vient directement certains passages extraordinaires (par ex. le chapitre des ombres avec Wendy, le chapitre des 7 péchés capitaux,…). Il est également nécessaire de relever que la mise en page est différente selon la narratrice du récit pornographique présenté… Magnifique ! En conclusion, cette BD se démarque véritablement de ce qui existe déjà et à la fermeture, l’identité de son génial créateur m’est revenue comme une grosse claque dans la figure… P.S: considérant le prix et le fait que cette BD ne se lit pas toutes les semaines, l'achat est conseillé à ceux qui apprécient les autres ouvrages de Moore.
Le Singe et la Sirène
Une vie de quartier à la lisière d'une ville, aux multiples personnages tous différents et tous baignant dans la même fange, prostitution, drogue, crime, arnaque et mensonge. Le tout sur fond de musique rap, de peu d'amour et surtout beaucoup d'humour. Du plus jeune au plus vieux tous sont attachants, avec en haut de l'affiche une Museline plantureuse, mère maquerelle et putain, sirène échouée sur son lit, attendant son lot de matelots de passage. Et le singe ? Et la dame blanche ? Eux aussi font partie de l'histoire… Encore du grand Dumontheuil, sans aucun doute. Mille pardons, j'avais oublié Angéli au scénario.